Afficher le menu
Information and comments (0)
<<   <   1, 2, 3   >   >>

Joutes maritales de Vergy - Von Frayner - Eliminatoires

Mariealice
Elle avait regardé, amusée, les deux enfants tourner autour de Maeve, prenant fort à coeur leur rôle d'écuyer. Mais elle examina néanmoins l'air de rien leur travail, hors de question de laisser partir sa fille si quelque chose ne lui paraissait pas en ordre. Baiser d'encouragement, sourire qui se voulait rassurant alors qu'elle avait désormais la peur au ventre et elle suivit la troupe jusqu'à la lice, les laissant alors qu'elle levait les yeux sur les tribunes pour essayer de trouver Aleanore.

Ses yeux parcouraient les rangs en quête de celle-ci et ils passèrent tout d'abord sans la voir. En effet, une silhouette aurait pu convenir seulement voilà, elle était toute de vert vêtue et Marie ne savait que fort bien que son ainée détestait le vert. Elle en avait d'ailleurs profité pour la faire changer de chambre une fois en guise de punition et l'avait alors installée dans une pièce tout à fait confortable même si quelque peu dénudée mais surtout au couleur des près. Comme quoi il fallait parfois peu de choses... Ceci dit, elle n'était guère certaine que tout ceci ait mené à quelque chose de bon vu l'état de sa fille lors de leur dernière rencontre.

Repassant à nouveau, puisqu'elle ne l'avait repérée au premier tour d'inspection, ce fut Clarisse qui lui indiqua par de grands signes que c'était bien la dame de Concèze qui portait du vert. Se demandant ce qu'il se passait encore pour que sa fille soit ainsi vêtue, elle monta donc les rejoindre et vint s'asseoir après avoir posé un baiser sur la joue pâle.


Bonjour Aleanore. Comment vas-tu?

Regard rapide sur la lice mais Maeve n'avait pas commencé pour revenir sur la demoiselle à ses côtés et un examen rapide, aussi discret que possible.
_________________
Arthurdayne
La missive avait été reçue quelques jours auparavant. Quelques jours... C'était bien là une preuve que le sceau était bien celui de Maeve. Quelques mots, à peine glissés sur le vélin, presque par négligence. "Ma première lice, Arthur!" "Sous les couleurs d'Aleanore!" "A Saint Antoine!" "Crois-tu pouvoir venir?" "Si tu ne peux pas, ce n'est pas si grave..." Arthur avait esquissé un sourire à la lecture de la missive. Après tout, ce n'était pas comme si organiser un voyage pour relier Moulins à Paris prenait des jours... Il avait fait le calcul, et avait compris qu'il aurait du partir la veille de la réception du message pour être sûr d'arriver en temps voulu. Maeve lui avait fait le même coup lorsqu'elle l'avait convié à son anoblissement. Alors il allait faire comme la dernière fois. Sceller Althaïr à la hâte et partir sur l'heure.

Ce qu'il avait fait. Les campements étaient en vue, désormais. Arthur sauta à bas d'Althaïr, dénicha un gamin à qui le confier en échange d'une poignée de piécettes, et partit à la recherche de la lice. Le tournoi avait déjà débuté, comme en témoignait les clameurs qui s'élevaient au loin. Arthur s'en servit pour se guider, louvoyant entre les tentes, reconnaissant ici ou là des couleurs et des blasons. Il y avait des Marigny, par ici. Le campement était la proie d'une ébullition qui pouvait paraître des plus étranges à qui n'avait jamais connu de lice. Il s'y croisait de jeunes écuyers les bras chargés d'armes en tous genres, de pièces d'armure à relustrer, des chevaliers qui rivalisaient de prestance, conscient que le combat commençait avant même d'avoir le pied à l'étrier, dans l'image qu'on renvoyait à l'adversaire, des gamins éparpillés, courant en tout sens, qui pour jouir de spectacle qui n'était pas donné tous les jours à telle marmaille, qui pour glaner ici ou là quelques piécettes en échange d'un service ou d'un message à colporter. Le campement était une sorte de village trépidant et éphémère, où couleurs et cris chatoyaient quelque soit l'endroit où l'on portait l'oeil ou l'oreille.

Après quelques flâneries, Arthur tomba enfin sur la lice. Maeve était annoncée pour bientôt. Il chercha donc un endroit d'où il aurait une vue à peu près correcte sans pour autant devoir aller se percher dans les tribunes qui, de toute façon, étaient selon toute vraisemblance réservées à la noblesse. Une fois qu'il eut déniché un bon emplacement, Arthur s'y installa le plus confortablement qu'il put et détailla les alentours. Il s'attarda un peu sur la tribune, cherchant à y découvrir quelques visages familiers. Il repéra très vite Marie Alice, assise dignement dans les tribunes, dans l'attente que sa fille entre en lice. Vue d'ici, elle n'avait pas beaucoup changé depuis leur dernière rencontre, à Eymoutiers, pour l'anoblissement des deux filles Alterac. Arthur dut plisser les yeux pour reconnaître à ses côtés Aleanore, justement, la soeur aînée de Maeve, à qui il avait servi d'escorte il y avait bien longtemps de cela, alors qu'elle était encore une fillette. Plus de fillette dans ce port altier, cette aisance à évoluer parmi la noblesse qui occupait la tribune, cette facilité, de façade tout au moins, à tenir son rang de dame de... de?

Bouarf... Il n'avait jamais retenu les titres, Arthur, malgré les cours de Marie Alice et d'Ewaele. A peine avait-il retenu la différence entre Grâce et Grandeur. Et les terres, alors là... Il se souvenait douloureusement d'une Vicomtesse d'Ambert, dame d'Orval et de Varennes sur Allier, pour l'avoir tant taquiné avec ses titres. Le nom des terres des autres, au vrai, n'avait pas d'importance à ses yeux. Tout juste avait-il retenu que Maeve était dame de Saint quelque chose, et que pour corser le tout, ce quelque chose était un nom composé. Maeve dont il attendait à présent qu'elle surgisse et joute pour la première fois. Le temps où lui même avait participé à quelques lices étaient une sorte de brume dans sa mémoire. Il se souvenait de douze lances brisées alors qu'il joutait contre un ami, si bien qu'on dut les déclarer à égalité. Et de ce même ami qui le battait, quelques mois plus tard, lors d'un tournoi dont il avait oublié le nom. Il n'avait plus jouté, depuis. Il y avait tellement d'années...

Sa conscience émergea au temps présent, dans cette vie dont il était sûr, au moins, de la réalité. La joute n'allait pas tarder à être lancée.
Aleanore
Comme on se sent fort et grand quand on est en hauteur, sensation qu’elle ne ressent guère d’ordinaire, l’ainée des Alterac du haut de ses cinq pieds, plus petite que sa petite sœur, alors quand elle voit sa servante commencer à faire des gestes désarticulés, l’envie de lui claquer le bras pour lui faire baisser la prend, si ce n’était à sa mère que les gestes s’adressaient, en lieu et place de la claque donc, c’est un sourire qui s’affiche quand elle lit l’étonnement sur le visage de la vicomtesse, oui, elle est en vert, choquant maman, n’est ce pas ? Mais elle retient le sourire amusé quand sa mère l’embrasse, quand on quitte l’enfance, on obtient en gage de reconnaissance de ce statut d’adulte, le droit de ne plus subir les baisers sur le front, distants mais tendres, en échange, on accède au stade au dessus, celui du baiser sur la joue, celui qui dit que l’égalité est là, mais comment pourrait-elle être en tout point égale à cette femme, alors même qu’elle a tant à prouver. Quelque soit l’âge, quelque soit le nombre de jours, de semaines ou de mois qui nous en séparent, un enfant reste toujours l’enfant de sa mère, et quand la main gantée vient se glisser dans celle de sa mère, Aléanore malgré ses seize ans, redevient l’enfant angoissée, lunatique, mutine qu’elle était alors, mais la femme prime, encore, toujours dans le sourire affiché, sereine, confiante et droite – mais à mon avis, cela tient plus de la position imposée par la tenue et le lieu que de la droiture d’esprit, car dans le cas d’Aléanore, il n’y en a guère, de droiture, hein, l’esprit, tout n’est pas perdu. – alors quand les noisettes maternelles se portent aussi discrètement que possible sur elle, le sourire se fait plus sincère, et enfin, elle répond, rassurante.

-« Je vais bien, Maman. »


Détachant chaque mot comme si elle espérait pouvoir la convaincre de la vérité même, car en lieu et place de ces quelques mots, elle aurait pu dire bien des choses « Oui, Maman, bien sur que ça va, j’ai pas bu, j’ai même pas fumé, pas d’opium, la forme, tout ça, j’ai pas du tout envie de tuer ma voisine de droite, ni d’égorger mon voisin d’au-dessus, je suis saine dans mon corps et dans ma tête » mais quand les mots traversent son esprit, alors, Aléanore se dit que si elle se prend à dire cela, sa mère ne la croira jamais – rapport au fait, qu’elle soit saine de corps et d’esprit, le fait qu’elle pourrait tuer ses voisins, aucun doute que sa mère la croira avant de la faire enfermer au couvent le plus proche – et de passer à autre chose quand son regard se porte sur le ventre de sa mère, la main libre vient tapoter le bras de Clarisse qui sans un mot sort une flasque de la besace posée à ses pieds, flasque qui vient atterrir dans la main de sa mère, tandis qu’un sourire amusé glisse sur les lèvres de la jeune fille.


-« Framboise ! La meilleure, celle de Concèze. »


Une pointe d’orgueil toute puérile, pas de cet orgueil dans lequel on se drape quand on est adulte, pas celui dans lequel, elle s’est drapée en quittant la Bourgogne en disant à peine au revoir à sa famille, pas celui non plus, qui l’a protégée suite aux évènements d’Eymoutiers, un orgueil enfantin, celui d’une enfant qui se tourne vers sa mère en quête de compliments, un « c’est moi qui l’a fait tout seul, c’est bien hein ? » Et pas le temps de s’appesantir sur ses qualités en matière de gastronomie, que déjà, les noisettes furètent de-ci, de-là, apercevant Fauconnier entrain de discuter avec Bourgogne, mais aussi, une silhouette et un profil connu. Signe de tête et sourire en guise de salut, avant de se pencher vers l’oreille de sa mère – qu’elle a merveilleuse d’ailleurs, comme tout ce qui compose la Merveilleuse Perce-Neige, j’ai envie de dire – et de lui murmurer quelques mots, puisque montrer du doigt, cela ne se fait pas.


-« Là-bas, Maman .. Arthur. »


Et d’indiquer la direction d’un signe de tête qu’elle espère discret, et de nouveau, les noisettes se portent sur la lice où Maeve se tient prête. Prête ? Non, la main fine s’élève révélant à sa sœur le ruban qui s’agite, porté par le vent, et déjà, la Flamme s’avance, frêle silhouette au milieu des hommes en armure, le cœur de l’Etincelle se serre, mais elle est incapable de déceler si c’est d’angoisse et de fierté alors que sa sœur lui tend la pointe de sa lance. On peut tout dire en un sourire, et on peut y mettre tout l’amour qu’on veut, alors le sourire d’Aléanore est un mélange d’amour, de tendresse fraternelle, bien plus, un élan de fierté, elle voudrait pouvoir crier à tous, que sa sœur cadette est la Flamme qui conduira le Royaume de France vers un jour meilleur et que.. Tu divagues Aléanore, le ruban, accroche-le.. Et les mains soudain fermes, d’attacher délicatement autour de la pointe, le ruban à ses couleurs, preuve de la confiance qui lie deux sœurs malgré les épreuves et la distance. Déjà, la Flamme s’en va portant ses couleurs, haut, portant leurs couleurs, le Rouge et quand la fierté a fini d’étreindre douloureusement son cœur, l’Etincelle de se tourner vers sa mère, confiante.


-« Elle gagnera. »


Comme si des couleurs peuvent suffire à cela..

_________________
Maeve.
Elle avait bien réfléchi depuis plusieurs jours. Lorsque sa mère avait commencé à lui enseigner comment jouter, elle s’était rendu compte d’un problème de taille, au sens littéral du terme. Maeve, du haut de ses quatorze ans et malgré la force et les muscles développés, a beaucoup de mal à soulever la lance… Elle a eu beau s’en faire tailler des plus légères, essayer différentes techniques, y’a rien à faire, elle ne peut pas la soulever…
Alors s’imaginer empêtrée dans une armure, certes forgée à sa taille précisément, mais tout de même inhabituelle pour elle… c’est dur. Du coup, le temps du trajet, et même pendant qu’on l’habillait, elle réfléchit la rouquine. Diantre, comment faire tenir cette satanée lance ? On a beau être plus mûre, plus réfléchie et bien trop responsable pour son âge, on n’en a pas pour autant les capacités physiques…

Elle a quitté sa tente, écuyers sur les talons, sa mère la quittant pour aller rejoindre les gradins et son aînée, peut-être le temps des réconciliations… Crapahutant difficilement dans la boue de printemps, Maeve, elle, réfléchit toujours à comment faire tenir cette satanée lance à son côté… Soudain, une ampoule imaginaire s’allume sur le casque roux… Mais oui ! Une corde !
Immédiatement elle demande à Karyl de lui dégoter. Le gamin des rues parisiennes, devenu son petit frère, n’aura aucun mal à lui trouver ça aux alentours de la lice. Quitte à faire attendre un peu son adversaire. Et quand le blondinet revient armé d’une corde de chanvre, s’ensuit une série de contorsions pour savoir et découvrir la meilleure façon de faire tenir une lance droite… Sachant que la rouquine va pouvoir appuyer de sa main sur la lance pour l’orienter… Quelques contorsions, une poulie plus tard pour la hisser sur Fernand, et elle tente de donner le change.

Juchée sur son petit cheval alezan, elle essaie de repérer dans les gradins sa sœur, sa mère… A travers la visière c’est difficile, surtout la lance pendue à bout de taille, de bras… D’un geste agacé, stressé, elle relève la visière de sa main gauche, sa main naturelle, et enfin trouve Aleanore et Marie. Alors, sans hésitation, elle s’avance dans la lice et place Fernand face à la tribune. D’un geste de la main, elle appuie sur l’arrière de la lance, elle la dresse jusqu’à ce qu’elle se place à portée de son Etincelle. C’est que si elle pourrait jouter pour St Sornin et en son nom, aujourd’hui la Flamme combat pour sa sœur et entend bien porter les couleurs de Concèze.
Après tout, Maeve a choisi Muad comme champion il y a quelques années et avait du poser à la pointe de la lance du vassal de sa mère ses couleurs, elle connait le rituel. Une fois qu’Aleanore, d’un sourire et un geste gracile, a entouré la pointe d’un ruban couleur framboise bordé d’hermine. Rouge flamboyant rappelant à la fois le blason de Maeve et le fruit de sa sœur, l’Alterac et tellement d’autres choses… Fière, la Flamme incline la tête, avant de retrouver sa place, le cœur battant la chamade, flippant comme jamais… Et si elle chutait ? et si elle blessait ou pire… tuait celui d’en face ? et si elle était blessée ? et si elle mourait, là, sous le regard de sa sœur, de sa mère et…. Les saphirs ont du mal à imprimer l’image qui pourtant s’accroche… Arthur ? il est venu ?
L’adolescente avait envoyé l’invitation, comme toujours, au dernier moment… Et alors qu’elle rabat la visière de son casque, elle sourit qu’il soit venu. Cet ami de loin, de rien, de tout, cet ami qui est là et répond présent à chaque évènement de sa vie, cet auvergnat sédentaire qui n’hésite pas à se déplacer quand elle lui demande…

Ce sourire, il habille encore ses lèvres quand elle s’apprête à s’élancer… Mais en plus crispé. Bien plus. Pourtant, et malgré l’armure, elle enfonce ses talons dans les flancs de Fernand, et tente de tenir sur son cheval alors qu’il avance, trois temps tenir… Ici, pas de mouvement de bassin, exit l’assiette, seule la selle spécialement conçue pour les joutes permet à la rouquine de tenir… Qu’importe… quelques secondes pour gagner le milieu de la lice, pour croiser son adversaire, à la vitesse de l’éclair… Rien.

Rien.

Rien… Pas un choc, pas une rencontre… Rien que l’éclat d’un soleil rasant de printemps sur l’armure de l’autre. Rien d’autre… Déçue, la Flamme ? A peine… Rassurée, peut être… ce n’est pas si pire. Et sur elle, les regards de son Etincelle, de sa mère. Comme elle aimerait les rendre fières ! Comme elle aimerait voir dans les noisettes d’Aleanore la fierté… l’orgueil d’avoir une sœur jouteuse… Comme elle aimerait lire dans le regarde de Marie quelque chose comme « Tu seras Licorne et une des meilleures, je suis fière de toi ma Fille »… Elle aimerait, mais pour l’instant, c’est pas gagné quand même…
Arrivée au bout de la lice, déjà il faut faire demi tour. Et là… gros souci. C’est que sa lance, elle est attachée… Instant de panique pour la rouquine avant qu’elle ne rende compte que ça change rien… suffit de changer de côté. Serait pas un peu blonde elle des fois ? Tss...
Toujours est-il que la deuxième lance s’engage… De nouveau, elle élance Fernand… Trois temps, cadencé.. un cheval de voyage qui s’annonce très bon destrier de lice au final. Enfin, peut être trop rapide, les deux jouteurs s’évite encore. Maeve s’interroge… Peut être n’appuie-t-elle pas assez sur la lance, la corse n’est peut être pas assez serrée… D’un coup d’œil elle balaie l’assemblée, ne distinguant rien derrière le métal, espérant qu’ils ne lui en veulent pas. Et pour la troisième, se promet de briser sa lance.

Concentrée comme jamais, elle s’élance, moins vite, tachant de sentir son cheval, se gérer sa lance, d’apercevoir dans la visière l’adversaire, ne parvenant ni à l’un ni aux autres… Seule chose qu’elle sent, c’est ce coup de lance, métalliquement silencieux, pas d’éclat, rien… juste le coup qui soudain la bascule… elle ne voit plus rien que le ciel bleu d’un printemps prometteur, ne sent rien que sous elle le choc rude d’une terre battue par les sabots des chevaux, Fernand au loin, affolé par le bruit autour, un cri « AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH » échappé des tribunes… et elle reste là, la Flamme, vacillante, au sol, sonnée.
Faut dire que la lance est restée accrochée, qu’elle se retrouve sacrément empêtrée, un poil ahurie par le son du métal autour des esgourdes, et qu’elle met un temps, la rouquine, à récupérer ses esprits… Et encore plus à tâcher, vaille que vaille, de se relever. Déjà qu’elle galère dans son armure, mais alors se redresser quand une lance affalée vous maintient au sol, impossible…

Tortue. Elle repense au surnom de sa sœur qu’elle pourrait bien mériter à l’instant… Flamme coincée dans le métal qui lutte désespérément pour revenir dans une position acceptable.. du moins potable… Help ! que quelqu’un l’aide !

_________________

Au revoir, Fab.
Mariealice
Forcément, l'examen avait été noté et Aleanore le fit savoir à sa mère par ces simples mots, je vais bien. Marie aurait aimé la croire oui seulement il s'agissait de sa fille, de la chair de sa chair, de ce petit être qui était sorti de son ventre, née de l'amour entre deux êtres et à jamais aimé. Et cette dernière pouvait bien lui dire ce qu'elle voulait, la brune savait fort bien que tout n'allait pas. Seulement voilà, elle ne l'avait pas vu depuis un moment, l'entrevue qui devait être une fête puisqu'anoblissement de Maeve et elle, s'était terminé par une gifle retentissante et un départ précipité.

Non... Ne pas y repenser, ne pas commencer à renifler l'air de rien, ne pas envisager le pire et voir en elle son oncle et ce qu'il aurait pu advenir...

La main glissée dans la sienne la tira de cette spirale infernale et le regard se fixa à nouveau sur Aleanore. Légère pression de la sienne alors qu'elle aimerait tant la serrer à l'en broyer... Et sans s'en rendre compte, de fait les doigts s'entrelacèrent et elle les serra, fortement, comme si par ce simple contact elle pouvait faire passer tous les sentiments l'agitant à l'encontre de ce petit bout d'elle devenu si grand. Combien elle l'aimait, combien elle avait peur pour elle, à chaque instant, combien elle luttait souvent contre son envie de l'enfermer dans ce qui pourrait paraitre une prison alors que ce ne serait qu'un moyen par trop maternel de la sauver d'elle ne savait quel danger.

La framboise atterrit dans sa main libre et les souvenirs revinrent en masse, d'un autre temps, d'un autre Limousin, d'un avant bien des choses.

Oh.. La fameuse framboise je présume. Maleus m'en a parlée. Je vois que tu sais comment faire fructifier tes terres.

Oh.. Ce petit jeu de mot aurait plu au Gardon tiens... Léger soupir en pensant qu'elle aurait aimé qu'il l'accompagne. Seulement voilà, elle avait épouser un homme qui détestait toute forme de festivités ou presque. Elle avait appris à faire avec mais cela lui pesait toujours autant. Et puis s'il avait été là il l'aurait vu lui aussi, aurait pu être là si jamais cela se passait mal... Bref regard à la lice avant de se poser sur Arthur dont le nom venait de lui être murmuré à l'oreille. Arthur. Sourire en direction de celui-ci, signe de la tête, mains prises. Arthur et une promesse faite et jamais oubliée.

Et puis enfin Maeve s'avança, tendant sa lance pour que le ruban de sa soeur s'y accroche. Parce qu'Aleanore en avait elle, au lieu du bout de jupon tendu à un languedocien parti pour de bon lui aussi. Et désormais l'angoisse alors que la joute commençait. Première passe à vide, soupir de soulagement. Seconde de même, pour l'instant tout allait bien.

Puis le monde s'arrêta de tourner ou plutôt se mit à le faire au ralentit tandis que la rousse en armure se trouvait projetée au sol et que la mère se levait en hurlant sans même s'en rendre compte. Pendant quelques secondes qui lui parurent des heures, elle resta là, plantée debout à guetter le moindre geste. Si jamais elle avait été blessée... Si jamais.. Non, ne pas le penser parce que cela pourrait alors se révéler vrai.

Framboise toujours à la main, l'autre libre de s'être arrachée de son étreinte et venant retenir les jupons, une vicomtesse se mit à courir ou plutôt à dévaler les marches pour aller droit sur la lice, tellement terrorisée qu'elle n'avait même pas remarqué si Maeve bougeait ou non.

_________________
Aleanore
Et de battre, son cœur s’arrête quand les passes se succèdent, l’une après l’autre, aucun contact, un ballet rondement mené qu’elle voudrait voir perdurer, quitte à ce que sa sœur perde, tout pourvu qu’elle ne prenne pas un mauvais coup, car sans la Flamme, l’Etincelle n’a plus de raison d’être, alors tant pis, si elle perd, elle l’aimera toujours et sera fière d’avoir vu jouter sa sœur, sa petite sœur prodige en tout, parfaite sous tout rapport, quand bien même elle perdrait ces joutes, elle sera toujours sa fierté personnelle, et Aléanore de retrouve les prières du couvent des carmes, de supplier le Très-haut pour que les passes se finissent, tout mais pas cel..Le reste se termine dans un hurlement animal quand elle voit le corps de sa sœur voler et retomber lourdement à terre, ressort instinctif qui la pousse à se lever dans un mouvement similaire à celui de sa mère, noisettes qui regardent éperdues sans trop comprendre, le corps de sa plus jolie poupée au sol.

Et si le temps ralentit dans l’esprit de la mère, dans celui de la sœur, il s’accélère en sens inverse, retraçant les semaines précédant les joutes, quand elle a vu sur le panneau des joutes que celles-ci auraient lieu bientôt, la lettre envoyée à sa sœur, la fierté de savoir que sa sœur porterait ses couleurs, la joie de les revoir toutes deux, et maintenant.. Maintenant, le temps revient et ralentit pour ne laisser place qu’à ce petit corps sur le sable de la lice, à cette lance plantée vers le ciel, obscène, au bout de laquelle s’agite fébrilement le ruban rouge qu’elle voudrait n’avoir jamais brodé puisqu’il a causé la perte de sa sœur. C’est donc cela l’amour, sentir son cœur se resserrer, souffrir milles morts alors même qu’on n’est même pas blessé, et sans écouter son cœur, Aléanore court à la suite de sa mère, elle court comme jamais elle ne l’avait fait même enfant, comme Maeve n’avait su le faire des années auparavant quand sa vie était en danger, et elle court, dépassant sa mère, sans souci des convenances, jusqu’à sentir son cœur exploser dans sa poitrine en regardant le corps étendu sur le sable de la lice, mais trop rapidement à son goût alors même qu’elle n’a couru que sur quelques dizaines de mètres, l’impression que son corps va imploser la prend, et Aléanore de se maudire de tous ces excès qui l’ont affaibli, le corps frêle de l’Etincelle se jette de plein fouet contre la barrière entourant la lice. Quand son corps entre en contact avec la rambarde, la seule douleur que l’Etincelle ressent, c’est celle de ne plus savoir faire sortir ce trop plein de larmes qui l’étouffe, l’assaille, lui ronge le cœur, le corps et l’esprit, elle voudrait pouvoir pleurer alors qu’elle ne sait que haleter, et les ongles s’enfoncent dans le bois tandis que les mots sont murmurés, appel désespéré, la main se tend vers la lice, ridicule, maudissant ce corps que même sa volonté n’arrive plus à forcer à avancer.


-« Maeve.. »


La Flamme ne peut pas s’éteindre, elle doit renaître, la mine défaite et le souffle court, l’Etincelle se maudit de l’avoir quittée et ne pouvoir la sauver. Le cœur au bord des lèvres quand elle se tourne vers leur mère qui arrive à son tour, supplique désemparée, parce que trop occupée par ses états d’âme, elle n’a même pas vu que sa sœur tente de se relever. La main vient se porter à ses lèvres, pour empêcher les gémissements d’en sortir, pas sa sœur, pas elle, cela ne peut être, et les noisettes apeurées de rencontrer celles de sa mère, gémissement qui dépasse le barrage des doigts.


-« Maman.. »


Oui, elle pourrait pleurer, si seulement, elle se souvenait de comment on fait, alors les noisettes se portent sur celui qui a mis à terre sa sœur, qui a mis à terre une Alterac, et les noisettes se font meurtrières, assassines, promettant milles morts à cet homme dont elle maudit le jour de la naissance, le jour même où sa mère a écarté les cuisses pour permettre à son père de s’y faufiler, alors pour la première fois de sa vie, la bienséance quitte la bouche d’Aléanore, remplacée par des mots orduriers, murmure inaudible de tous, si ce n’est sa mère.


-« Si elle est morte, enfant de putain, je te crèverai.. »

_________________
Ingeburge
[Dans les tribunes]


Après avoir quitté sa tente, Ingeburge s'était directement dirigée vers le panneau faisant état des affrontements du tour préliminaire, solidement escortée par des Lombards et des Morvandiaux qui ne pouvaient se souffrir, les premiers trouvant les seconds rustres et mal dégrossis, les seconds imaginant davantage leurs homologues transalpins dans un salon que sur un champ de bataille. La Prinzessin elle, n'entendait rien de leur persiflage mettant en lutte dialetto milanese contre patois du Morvan. Non, elle était trop occupée à prendre connaissance du programme et ce qu'elle voyait n'était pas sans lui déplaire : tous ceux qu'elle avait pressés de venir jouter entreraient en lice dès les éliminatoires et si certains duels semblaient tout à fait ouverts, d'autres en revanche portaient déjà en eux les graines de la défaite. C'est donc mi-figue, mi-raisin, qu'elle alla ensuite prendre place dans les tribunes, laissant au pied des gradins sa garde hétéroclite. Elle avait néanmoins hâte de voir les concurrents faire leur entrée.


Citation:
Tour préliminaire, opposant Sebbe de Valrose à Asdrubael de la Louveterie

Il avait fallu que les joutes commencent ainsi. Le Pair de France était réputé pour son habileté dans le domaine et elle savait que le Duc d'Amboise quant à lui manquait de pratique suite à son retrait du monde. L'affrontement était donc déséquilibré, d'entrée, malgré les grandes qualités de deux ducs. Et ces passes à venir qui lui faisaient battre le cœur revêtait une importance toute particulière pour elle, son « ennami » lui ayant courtoisement demandé quelques jours plus tôt de lui accorder de jouter sous ses couleurs. Tout d'abord quelque peu hésitante, elle s'était finalement laissée convaincre et avait fait réponse positive à la requête. C'est que la question était délicate, le seul homme à avoir jouté pour elle par le passé ayant été celui qui était ensuite devenu son époux. Cet octroi de couleurs était peut-être au final plus douloureux qu'elle ne l'aurait cru car là où elle voyait déjà les mauvaises langues se mettre à marcher, elle percevait en sus l'ombre étouffante de son défunt mari.
Elle assista donc à la passe dans un état mitigé, oscillant entre réminiscences et présent et ce fut l'éclat des lames soudainement apportées aux ducs qui l'extirpèrent de son malaise. Passer à l'épée était l'usage, les deux jouteurs ayant chu mais la vue de ces lames porteuses de mort la rendirent anxieuses. Un à un, elle compta les coups, soupirant de soulagement quand ceux portés ne causaient pas de blessure. C'est pourquoi elle eut du mal à retenir un mouvement quand le pair érafla de son arme le genou d'Asdrubael. Le combat était remporté par Sebbe et Ingeburge inquiète, fit signe à l'un de ses hommes pour qu'il aille aux nouvelles.



Citation:
Tour préliminaire, opposant Argael Devirieux à Natale Adriano Dario d'Ibelin

L'affrontement suivant lui permit de reprendre ses esprits, elle connaissait les deux vicomtes et les regarda évoluer avec un œil dénué d'anxiété, elle n'avait pas avec eux les mêmes liens qu'avec le Duc d'Amboise. Et puis, il fallait le signaler, Ingeburge avait pu se requinquer avec un gobelet de vin d'Auxerre que l'un de ses gens était venu lui apporter et elle dégustait présentement du maïs merveilleusement soufflé au sucre, plongeant avec délices une main dégantée dans le sachet empli de merveilles. Quand elle n'aurait plus rien à grignoter, elle irait embêter le Devirieux afin qu'il lui offrît ce nougat qu'il lui avait fait connaître lors d'une séance du Conseil des Grands Feudataires. Et elle irait plutôt deux fois qu'une car le Dauphinois venait d'emporter la victoire sur chute de son adversaire, il lui faudrait donc aller le féliciter. Ensuite, elle irait saluer son ami Vicomte de Rabat et le réconforterait, lui indiquant qu'il valait mieux être défait sur la lice Saint-Antoine que dans le cloaque provençal.


Citation:
Tour préliminaire, opposant Lady Antlia Kennedy à Mallory, Dame de St Martin des Champs

Nouvel instant d'angoisse car l'aimable Mallory entrait en piste. Ingeburge avait été positivement ravie de ce que la Dame de Saint-Martin-des-Champs informât le Collège de la Noblesse de Bourgogne de sa participation aux joutes nuptiales pour lesquelles la Duchesse d'Auxerre avait effectué une solide propagande.
C'est donc l'œil inquiet mais encourageant qu'Ingeburge suivit la partie mettant aux prises son amie mâconnaise à une autre Dauphinoise. Et elle ne se départit pas de son anxiété rapidement car il était dit que les deux adversaires ne parviendraient pas à se départager! Après s'être manquées pas moins de trois fois, elles avaient en effet touché et chu toutes deux, nouveau duel à l'épée donc et qui vit hélas Mallory perdre. La Bourguignonne se retira d'ailleurs assez dépitée de sa prestation et Ingeburge se promit d'aller la réconforter à l'issue du premier tour.



Citation:
Tour préliminaire, opposant Estienne Morkar à Snell du Quai Baudon, Infâme Borgne de Bourgogne

Décidément... un autre Bourguignon et opposé au Maître de la Ligue qui plus est! Le tirage était décidément peu favorable à la délégation burgonde et notamment à ceux qui comme Snell joutaient pour la première fois. Ce fut un nouvel échec pour les vilains du Grand Duché d'Occident et la Duchesse d'Auxerre espéra que cette première tentative qui s'était révélée malheureuse ne découragerait pas l'Infâme Borgne de Bourgogne pour les prochains tournois à venir.


Citation:
Tour préliminaire, Theudbald de Malhuys affronte Adrian Fauconnier de Riddermark

Que d'émotions. La Duchesse d'Auxerre, toujours froide en apparence malgré les quelques gestes de dépit ou d'inquiétude qui lui échappaient, bouillonnait littéralement à l'intérieur. Après avoir vu des amis quitter la lice en perdants, c'était au Seigneur d'Irancy de faire son entrée. C'était là le jour des premières : premières joutes de Theudbald, premières joutes pour un vassal d'Auxerre, première fois qu'elle voyait l'un de ses vassaux jouter. Il ne faudrait donc pas beaucoup d'efforts pour Ingeburge pour se focaliser sur l'affrontement qui s'annonçait prometteur, elle était tous sens attentive : yeux fixés sur son vassal, oreilles grandes ouvertes.
La première passe se révéla malheureuse pour Theudbald et elle refusa de voir en cette lance brisée contre son écu un mauvais augure tout comme elle ne préféra pas s'arrêter sur l'étrange comportement de la monture du héraut. Las, cette passe fut en fait annonciatrice de la défaite à venir car les deux suivantes ne donnèrent rien.
Dépitée, la Duchesse d'Auxerre plongea à nouveau sa main dégantée dans le sachet aux merveilles et constata avec humeur que celui-ci était vide, elle ne pourrait même pas se consoler avec des sucreries.



Citation:
Tour préliminaire, opposant Maeve Alterac à Hâkon von Ahlefeldt-Oldenbourg

Le moral de la Duchesse d'Auxerre n'était pas au beau fixe, sur tous les concurrents qu'elle avait soutenus jusque lors, aucun n'avait passé le premier tour. Elle était portée à croire, morose, qu'elle portait la guigne à tous ses favoris et c'est donc d'un regard morne qu'elle assista à l'apparition de son neveu à l'une des extrémités de la lice. D'ailleurs, hormis tous ces résultats défavorables, elle douta des chances d'Håkon, celui-ci n'avait--il pas récemment changé de choix de carrière? Depuis des années, il s'était consacré à l'étude, à la prière, aux jeûnes et aux retraites, projetant jusqu'à embrasser la voie de la prêtrise. Le changement de plans n'était apparu que récemment et Ingeburge n'était pas convaincue que ses nouvelles habitudes aient modifié significativement son expérience dans le combat et sa constitution physique. Le fait qu'il fut confronté à une jeune fille ne la décida d'ailleurs pas à tempérer son opinion. Il s'agissait de Maeve Alterac, rousse cadette de la Pairesse Marie Alice. Elle l'avait rencontrée à Paris, en la Chapelle Saint-Antoine, où elle s'était rendue en compagnie de son aînée, Aleanore toujours pourvue de l'espèce de choses à poils si irritante qu'elle traînait partout.

La Dame de Concèze se trouvait d'ailleurs dans les tribunes, elle était arrivée après elle et se trouvait en compagnie de sa mère. Ingeburge n'avait pas encore eu l'occasion d'aller les saluer ne souhaitant pas les déranger en venant troubler la réunion de famille. Mal lui en prit, elle aurait peut-être dû faire fi de ses craintes d'être discourtoise et se lever pour aller présenter son bonjour aux deux brunes. Oui, assurément, elle aurait-elle dû car les circonstances auraient été plus favorables, nettement plus favorables que celles actuelles : après deux premières lances qui n'avaient strictement rien donné — les deux jeunes gens profanes dans le domaine ne s'étaient pas touchés — Håkon avait envoyé sans ménagement Maeve au sol.

La Prinzessin fit la moue, tout ceci se révélait des plus fâcheux car après des hurlements jaillis de la poitrine d'une mère légitimement angoissée, elle avait eu le droit à la cavalcade de la même mère jusqu'à la barrière séparant les tribunes de la lice, sa fille plus âgée sur les talons. C'était le jeu, c'était la joute, c'était même ce qui était attendu : faire chuter son adversaire et s'arroger ainsi une victoire éclatante. Néanmoins, elle croisa les bras, résignée, se prenant à tout de même penser qu'à une mère angoissée et à une sœur en colère, elle préférait de loin se trouver face à un brigand, surtout que Aleanore lui paraissait un brin exaltée. Elle jeta donc en conséquence un coup d'œil vers l'adolescente coincée dans son armure, tentant d'apercevoir un quelconque mouvement de ce côté-là, si Maeve bougeait rapidement, l'orage s'éloignerait assez vite de la jolie petite tête ducale.

Petit signe pour qu'on lui emplisse à nouveau son gobelet de vin, après tout, Håkon avait remporté l'affrontement et il convenait de le fêter, en toute élégance mais avec retenue eu égard au contexte et au voisinage et avec un de ses crus d'Auxerre bien sûr.


EDIT = Relecture
_________________
Karyl
[Campement Alterac]

Les deux petits écuyers avaient fini d’équiper Maeve sous l’œil scrutateur de Marie-Alice qui, surement inquiète pour sa progéniture, avait vérifié minutieusement leur travail avant de partir rejoindre Aléanore dans les tribunes. Maeve, fin prête, était quant à elle partie rejoindre la lice ses deux petits écuyers sur les talons. Petits écuyers qui n’étaient pas peu fiers du rôle qui leur avait été confié à l’instar de Karyl qui arborait un sourire éclatant alors qu’il tachait tant bien que mal de porter la lourde lance sur le chemin qui devait mener sa championne jusqu’en lice.


[Dans la Lice]

L’opération la plus délicate de la journée arriva alors: Monter maeve sur Fernand et faire tenir la lance. La jeune championne y avait visiblement déjà réfléchit puisqu’à peine étaient-ils arrivés qu’elle se retourna vers karyl pour lui demander de trouver une corde. Ravi de se voir confier cette mission, le mioche posa la lance -ou plutôt la laissa tomber lourdement à ses pieds- avant de détaler en vitesse chercher la dite corde pour Maeve. Devant se dépêcher, il regarda tout d’abord ce qui l’entourait… bof pas très concluant. Il s’éloigna alors un peu plus et arriva bientôt aux abords du premier campement qui jouxtait le lieu des affrontements. Là, Il trouverait bien une corde, non ? Il s’approcha alors, contourna le campement, évita les quelques adultes présents, fouilla et finit enfin par dégoter son bonheur… Une corde en chanvre, parfait ! Il tira vivement dessus pour la dégager et provoqua alors un bruit sourd qui dut s’entendre jusqu'à duché voisin.


Oups…
fit le minot en réprimant une grimace. De toute évidence, la corde en question avait une utilité plus grande qu’il ne l’avait pensé à regarder les nombreux tonneaux de vins à présent éventrés gisant sur le sol… Une grimace d'effroi s'invitant cette fois sur ses traits juvénile, le petit prit ses jambes à son cou sans demander son reste, corde en main, direction : Maeve.

« J’ai la corde » « j’ai la corde » fit-il fièrement agitant cette dernière pour bien montrer qu’il l’avait trouvé. Il en oublia bien vite sa mésaventure et, espérant que personne ne viendrait le choper pour lui passer un savon, il entreprit d’aider à nouveau sa sœur à installer la lance et montrer l'équidé… l'heure était venue.

[Quand le duel commence...]

Debout aux premières loges, le petit bonhomme regarda un instant les tribunes espérant voir Marie-Alice mais la foule était bien trop dense aussi, il reporta son attention sur la championne, une petite pointe d’appréhension venant se mêler à l’excitation qui ne l’avait pas quitté depuis son arrivée. "Courage Maeve" Pensa-il alors que les deux adversaires se mettaient en position. Et le môme vibra comme jamais. Les yeux rivées sur sa sœur, ses poings et sa mâchoires se serrèrent à chaque rencontre des jouteurs avant de soupirer soulagé de les voir se manquer. Prenant un air expert qui répétait à qui voulait l’entendre que celle-ci était la plus forte et ne pouvait que gagner.

Hélas, le troisième passage vint lui donner tord et le petit garçon, partagé entre angoisse et fierté ne put qu’assister impuissant à la chute de son héroïne du Jour.
MAEVE !!! Hurla-t-il alors aussi effrayé qu’incrédule. Non, non, non elle ne pouvait pas tomber… Et la peur vînt le submerger, serrer son cœur alors qu’il se précipitait déjà vers son ainée se moquant bien des règles ou de tout ce qui pourrait le retenir loin d'elle.

Il arriva bien vite à ses côtés aussitôt rejoint par les autres s’étant eux aussi lancé aux secours de la jeune rouquine. La mine de Karyl ne cachait rien de son émoi. Aussi apeuré que quelques semaines plus tôt dans une taverne sémuroise, il approcha fébrilement sa main de l’épaule de son ainée. Le reste tu monde n’existait plus, peur et espoir se mélangeaient en un tourbillon infernal… "Si tu vas bien, je vais bien…" Cette fois, c’est elle qui devait aller bien.


Par chance, il sembla qu’il n’y ait eu plus de peur que de mal, Maeve était vivante, sonnée certes mais bien vivante au plus grand bonheur de son petit frère qui retrouva d'emblée son sourire. Et il en oublia tout le reste, la défaite et le lieu ou ils étaient, il était soulagé. Restait pourtant un problème épineux pour la demoiselle… comment allait-elle se relever ?

_________________
Un simple gamin des rues.
Mariealice
Plus rien.. Elle ne voyait plus rien que ce corps allongé au sol, enfermé dans une boite de fer, même la position invraisemblable ne lui effleurait pas l'esprit. Juste savoir si elle allait bien.

Un tourbillon vert la dépassa sans qu'elle comprenne comment, criant également mais elle ne prêta garde à aucun des mots. Tant mieux pour Aleanore vu que sinon elle aurait risqué une bouffée de colère maternelle et vu l'état de la dite mère, elle aurait pris des proportions magistrales.

Si la barrière stoppa son ainée, elle n'en fit aucun cas, passant en-dessous, jupons tenus dans ses mains pour ne pas s'empêtrer dedans, se redressa de l'autre côté et finit sa course à genoux près de Karyl et Maeve.

Calme-toi Karyl.

Facile à dire alors que ses mains tremblaient en ouvrant la visière du casque pour être enfin rassurée. Un signe à celle restait en dehors pour lui faire comprendre que tout allait bien.

Maeve? Tout va bien? Tu n'as mal nul part?

Quelques mots tandis qu'enfin des valets arrivaient et aidaient la jeune rousse à se relever, lentement. Pas une mince affaire de relever un tel poids au sol. Et encore moins avec une lance attachée. Haussement de sourcils maternels.

Mais qu'est-ce que c'est que cela? Bon il nous faut quitter la lice pour que les joutes continuent, allons là-bas.

Elle montra l'endroit où se trouvait l'infirmerie, une petite place devant les tentes qui leur permettrait d'avoir l'espace suffisant pour y parvenir.

Tu as très bien jouté ma fille.

Fierté une fois rassurée.
_________________
Alycianne
Après derniers encouragements dont il n'y avait pas réel besoin puisque Maeve allait gagner, c'était certain, la fillette avait quitté la future chevalier et son écuyer pour aller se trouver l'endroit d'où elle pourrait le mieux voir le combat. L'on a beau dire que les meilleures places sont réservées à la haute noblesse, Alycianne a réussi à se faufiler dans les tribunes jusqu'à l'emplacement le plus charmant, avec ces banderoles colorées, sans que personne ne l'arrête. Une gamine peut se faufiler partout, mais surtout quand, comme celle en question, elle porte une cotte écarlate et de la fourrure. Ainsi peu de chance qu'on la prenne pour une simple gosse des rues, et, qui plus est, personne ne lui pose de questions : à coup sûr, on la prend pour de la famille de ceux à qui est réservée cette jolie tribune. S'assied donc sans remords bien au centre, entre deux houppelandes à l'étoffe satinée, et attend l'entrée en lice de son amie.

Voilà qu'elle arrive ! Sourire qui s'inscrit sur la trogne de la fillette, qui observe les moindres faits et gestes des deux jouteurs, en regrettant tout de même de se trouver si loin d'eux.
Et puis ils chargent. Et chargent encore. A coup sûr, c'est une astuce de Maeve pour déstabiliser l'adversaire. Enfin, la troisième charge fait chuter un des deux combattants. Le mauvais, au vu des mèches rousses qui s'échappent du heaume de celui à terre.
Soyons clairs : l'Alycianne est un instant dépassée par les évènements, entre la prise de conscience que la future chevalière qu'elle championne a perdu, le cri sorti de nulle part, Karyl puis Marie qui déboulent à la rescousse sur le champ.

Puis, lentement, elle se reprend, se lève, et après un regard entendu à ses deux voisines inconnues :

- Pas d'inquiétation, Maeve elle va bien, je pense. Elle est très forte, et bientôt presque chevalier ! Et moi je crois que je trouve qu'elle a fait de la belle joute.

Hochement de tête, minois qui transmet clairement le message : "Et si vous me disez que Maeve elle est nulle et qu'elle a perdu, je vous coupe les jambes !".
- Et moi, je m'appelle Alycianne. Elle avait failli oublier.

Sur ces derniers mots, elle saute sur ses jambes, et file rejoindre les autres. Après avoir parcouru des miles et des miles, esquivé les jupes, sauté par dessus les bancs, s'être recoiffée, et être rentrée dans un sieur au gros ventre rebondissant, la Future dame-chevalier en personne finit par atteindre la barrière, pour apercevoir Maeve déjà entourée qui arrivait un peu plus loin, s'écartant du centre de la lice. Même pas l'ombre d'un soulagement dans les yeux clairs d'Alycianne, puisque Maeve ne pouvait pas être blessée, c'était inconcevable. Et de s'écrier en les rejoignant :


- J'ai bien aimé ta technique très chevalerique, Maeve, mais je crois que l'autre que tu joutais il a pas aimé. C'est juste qu'il a pas l'esprit chevalier, je trouve.
N'essayez pas de comprendre quelque chose à ce charabia, même moi, je n'y arrive pas. En tout cas, l'Alycianne est sure d'elle, et appuie très sérieusement ses paroles en hochant la tête.
Avant de sourire, toujours.
Arthurdayne
La voilà qui apparut, relativement fière sur son destrier. Relativement, parce qu'elle n'avait pas l'air tout à fait à l'aise non plus, Maeve, perchée sur le cheval, engoncée dans son armure, et peinant manifestement à faire obéir la lance qui, proportionnellement au gabarit de la jeune fille, et malgré le fait que sa silhouette se soit indéniablement étirée, la faisait irrémédiablement ressembler à une fourmi maniant un cure dent. Arthur esquissa un sourire. Parce que malgré sa gaucherie manifeste, Maeve gardait une élégance indéniable, toute Alterac. Et surtout, une détermination à tout rompre. Arthur savait que mille questions, mille doutes traversaient en ce moment la caboche de la jeune fille, mais qu'elle irait, quoiqu'il arrive, jusqu'au bout de la joute.

Le premier passage ne donna rien. Souffles retenus dans les tribunes. Et un détail qu'il ne sut tout d'abord épingler gêna Arthur. Quelque chose dans la posture de Maeve n'allait pas. Il n'avait jamais été un excellent cavalier, mais gardait suffisamment de bribes de souvenirs des joutes auxquelles il avait participé pour savoir qu'il y avait une anomalie quelque part. Alors que Maeve arrivait au bout de la lice et s'apprêtait à repartir en sens inverse, Arthur passa une main dans ses cheveux en bataille. Oui, quelque que chose dans le maintien le chiffonnait. Et il avait un mauvais pressentiment. Alors que les deux adversaires se manquaient pour la seconde fois, Arthur sut. Et sua. Il avait enfin repéré le détail qui l'intriguait. Autour du bras tenant la lance. Lance qui n'avait pas une tenue normale au vu du gabarit de Maeve.

Quelle idée saugrenue... Il en comprenait la logique, bien sûr. Du moins... la logique tordue. Parce que pour le coup, Maeve avait signé sa défaite avant même d'entrer en lice. Attacher la lance à l'aide d'une corde... Certes, c'était un bon moyen de s'en assurer la prise et, d'une certaine manière la manoeuvre. Oui, mais c'était s'interdire toute liberté. S'empêcher de faire quoique ce soit si la lance était brisée. Pire, si la lance se brisait, le bras pourrait bien suivre...

Visage tendu, mâchoire serrée, Arthur suivit avec la plus grande attention la troisième passe d'armes. Sentit le tremblement du galop dans ses propres genoux. Tenta de faire jouer son propre poignet pour orienter la lance. Diable de diable, si jamais elle frappait mal, le coude serait tout simplement broyé. L'idéal serait presque que...

Et l'idéal vint. Si brusquement qu'Arthur en eut le souffle coupé, comme si la lance avait frappé de plein fouet son propre plastron. Il manqua d'ailleurs de tomber au sol lui aussi, perché en haut de... ses pieds. Il parvint néanmoins à se rétablir et suivit du regard la chute de Maeve. Et respira un grand coup. Elle avait été frappée dignement, son adversaire n'avait pas cherché de faille dans l'armure. Le choc avait été net, et le cheval avait bien joué son rôle, la chute de Maeve ayant été propre. Si les écuyers avaient bien fait leur travail et que l'armure avait été correctement préparée, Maeve ne s'en tirerait qu'avec de jolis bleus, au pire une ou deux fractures qui ne feraient que l'endurcir, et surtout la tête qui bourdonnerait pendant deux bonnes heures.

Sourire rassuré au coin des lèvres, Arthur s'épongea le front d'un revers de manche, et passa par dessus la barrière de bois qui le séparait de la lice. Marie Alice s'était précipité à la rescousse de la petite Alterac, ainsi qu'un garçonnet dont Arthur ignorait l'identité. Une fillette accourait également, du côté opposé à celui par lequel arrivait Arthur. Marie était en train de relever Maeve et de l'orienter vers l'infirmerie lorsqu'il arriva à leur hauteur. Il avait sorti de sa ceinture la dague qui ne le quittait jamais. Il nota bien quelques regards intrigués, voire hostiles, mais il adressa un sourire à Marie.

Permettez, Marie Alice... Vous aurez plus de facilités à la déplacer ainsi...

Et d'un coup de dague, il trancha la corde et libéra le bras de Maeve.

Puis il approcha son visage de celui de la rouquine, qui semblait se demander où elle venait d'atterrir, sous le casque toujours bien ancré sur sa tête.

Belle joute, demoiselle... Reste juste à prendre quelques cours de tactique...
Maeve.
[Au sol]

Ouh la... ça tourne, ça tourne, et ça crie ! Masquée sous sa visière métallique, la rouquine ne voit rien. Tout ce qu'elle sait, c'est qu'elle ressent assourdis les pas qui se rapprochent, et qu'empêtrée comme elle l'est, elle n'a aucune chance de se relever seule...
Cherchant à tourner la tête, elle ne rencontre que le noir de son casque... Grommelant de plus en plus alors qu'elle retrouve ses esprits, borborygmes vexés de la demoiselle qui a chuté, quand elle reconnait l'intonation d'un blondinet près d'elle. Alors seulement elle se souvient de tous ceux qui comptaient sur elle, des cris perçus des tribunes, de la déception qu'elle a du occasionner à sa famille, à ses écuyers, à Arthur qui lui aussi a fait le déplacement...

Alors profitant soudain de ce métal qui la cache des regards extérieurs, Maeve laisse couler des larmes susceptibles, des larmes d'échec, dépitées, qui s'en vont se noyer dans les lacs poussiéreux de sa balafre, au pli de ses lèvres, perles salées qu'elle doit avaler pour ne pas étouffer, digérer sa déception et sa colère de n'avoir pas pu faire la fierté des siens...
Et c'est alors qu'elle tente à grand mal de réprimer ses sanglots tout droit sortis d'une enfance qu'elle n'a pu vivre pleinement que la visière se soulève, le visage maternel penché sur la rouquine qui ajoute à son dépit la honte d'être ramassée de la sorte, les joues baignées de larmes...

Pïre que tout... Arthur a lui aussi accouru... Sa mère la voyant comme la fillette qu'elle était il n'y a pas si longtemps, passe encore, mais alors Arthur qu'elle pensait pouvoir épater, au moins un peu... Les pommettes prennent une teinte rouge cerise, elle n'ose même pas le regarder. Etce bras qui se fait moins lourd... La corde ! Mortifiée, la Flamme... à en vouloir retourner dans ses braises... Etincelle, va falloir ranimer la soeurette, elle disparait dans les profondeurs d'une rivière de honte !


Maeve ? Tout va bien ? Tu n'as mal nulle part ?

A part à l'orgueil vous voulez dire, Maman ? Dénégation de la rouquine, incapable de prononcer un mot, la gorge nouée. Rhooo la vilaine boudeuse... Elle se morigène, l'adolescente, alors qu'elle se fait relever par des valets de lice et qu'on l'entraine à côté pour l'extraire de sa gangue de fer. Son adversaire oublié, elle reprend peu à peu contenance tandis que les pièces d'armure lui sont ôtées.

Belle joute, demoiselle... Reste juste à prendre quelques cours de tactique...


Alors seulement elle parvient à forcer un sourire sur ses lèvres vers Arthur, vers Marie qui tente comme elle peut de réconforter sa cadette vexée. Le problème avec Maeve, c'est qu'elle reste persuadée qu'elle ne peut qu'être douée, avec ceux qui l'entourent, leurs conseils, leur soutien, et que perdre, c'est les décevoir, prouver qu'elle ne les a pas écoutés, et ça, c'est franchement rageant, avouez...

Tu as très bien jouté ma fille.

Merci... je ferai mieux la prochaine fois, je vous le promets.

Et de sécher les larmes pour montrer un minois presque amène au blondinet et ... à sa championne qui débarque, arrachant un large et vrai sourire à Maeve -(et un fou rire à sa joueuse qui devrait arrêter de la lire avec du thé dans la bouche, définitivement)- qui leur fait signe d'approcher.

Merci, vous avez été de parfaits écuyers. D'ailleurs, je vais encore avoir besoin de vous...

[Quelques temps plus tard...]

Remise des bourdonnements prédits par Arthur, Maeve a entrepris une toilette sommaire avant d'enfiler sa tenue de tous les jours... Faudra qu'elle pense à en parler à sa mère d'ailleurs. Laissant Nore, Arthur et Marie Alice se retrouver, elle a quant à elle une mission à remplir. Et de retourner au campement, chargée autant que Karyl et 'Cianne de son armure et de sa lance, les posant dans sa tente avant de se pencher vers eux.

On a un cadeau à faire.

HRP : le reste au campement...
_________________

Au revoir, Fab.
Aleanore
Il y a une barrière entre ceux qu’elle aime et elle-même, et ce n’est pas le fruit de son imagination, c’est la réalité bel et bien tangible, puisqu’il y a cette barrière contre laquelle elle est venue s’écraser, essoufflée, épuisée par quelques mètres, par l’angoisse, et quand tous se pressent autour de sa sœur, faisant fi de la barrière, il lui semble que cette barrière grandit. Quand sa mère se tourne vers elle et lui fait signe, alors enfin, la barrière si grande se rabaisse, et l’Etincelle faisant fi des convenances, se retrouvent à crapahuter comme sa mère auparavant sous ladite barrière pour rejoindre une Maeve à la mine déconfite et déjà entrainée vers l’infirmerie par un Arthur qui s’improvise en chevalier servant – à noter le coup de la dague – et une Alycianne qui tente d’expliquer ce qu’elle a pensé de la joute – chose que ni nos marionnettes, ni nous, joueurs ne saurons jamais qu’on se le dise – suivant de près la petite troupe, mais néanmoins en recul, Aléanore sourit, rassurée, tout simplement à qui veut le voir ce sourire, sa sœur a perdu, oui, mais sa sœur a 14 ans, et fait la moitié du poids et de la taille d’un homme normal, alors Aléanore se rassure, se dit que c’est normal, que l’aventure s’est bien terminée, et sourit, à Karyl, à Alycianne, à sa mère enfin, à Arthur, aux duchesses dans les tribunes – les Duchesses Bourguignonnes sont nos amies, il faut les aimer aussi – et surtout à sa sœur.

Patiemment, elle attend que les pièces d’armures soient retirées, en retrait dans un coin à suivre du coin de l’œil, la suite, et finalement, elle se rapproche de l’héroïne du jour. Légère, la main de l’ainée vient caresser la joue mutilée et crasseuse de la poussière mêlée aux larmes, et les noisettes rieuses de se poser sur la moue encore un poil boudeuse de sa cadette, et enfin, Aléanore se met à rire, d’un rire irrépressible nait de l’angoisse, du soulagement et tout simplement de l’idée qui lui vient.


-« On dirait un mélange entre Fléance et un chaton pris en faute. Tu as perdu ma Flamme, oui. Mais tu as très bien jouté, et tu feras mieux la prochaine fois, pense plutôt à ton adversaire qui dira .. Quoi ? Qu’il a battu une jouvencelle ? La belle affaire que voilà, et il se ridiculisera. Oui, tu feras mieux la prochaine fois, et les fois encore d’après, et je serai là pour te voir gagner. »

Propos légers, babillage d’adolescente, mais promesse de sœur ainée qui pour une fois, tente d’assumer son rôle, rassurer, et être présente quand elle perd mais aussi pour ses prochaines victoires, car il faudra bien qu’elle gagne un jour sa Flamme. Et un baiser plus tard, l’Etincelle quitte l’infirmerie laissant sa sœur à sa toilette pour rejoindre les tribunes d’où elle pourra suivre le reste des joutes et surtout assister à la défaite qu’elle espère cuisante de celui qui a jeté sa sœur au sol. Rancunière ? Si peu.
_________________
Asdrubaelvect
Une nouvelle journée pleine de contradictions s'annonçait alors que le Duc se préparait en silence dans sa tente. Mais les contradictions il vivait avec depuis quelques temps et avait -presque- appris à les apprivoiser.

L'un de ses valets lui avait annoncé qu'il jouterait en premier, il ne savait pas trop bien comment le prendre, il y avait avantages et inconvénients là dedans. Un pair de France ? il en faisait son affaire... il en avait déjà désarçonnés quelques uns... mais... c'était il y a bien longtemps ! Cela faisait plus d'une année qu'il n'avait pas jouté et presque autant qu'il n'avait plu tenu une épée. Son fils n'étant pas encore en âge d'en tenir une, le Duc n'avait donc logiquement pas encore commencé son éducation martiale.

Première lance, les sensations étaient étranges : il n'avait plus l'habitude de l'équilibre que devaient réaliser le jouteur, son destrier et sa longue lance. Mais il n'y aurait hélas pas de manche d'échauffement... Le choc fut d'autant plus retentissant que le Duc essayait de compenser son manque d'entraînement par la force qu'il réussissait toujours à déployer. Soudain, il se sentit soulevé de son cheval, la lance adverse semblait avoir fait mouche tout autant que la sienne.
Le Duc se releva bien vite malgré les kilos de fonte qui lui plombaient la silhouette, il voulait savoir si sa chute lui avait été fatale.
Son adversaire semblait plus coriace qu'il n'avait voulu l'admettre, un pair pouvait-il être doué sur un champ de bataille ? Le bourguignon ne le reconnaîtrait pas -question d'ego et de conviction- mais cela semblait bien être le cas.

Le duel à la lame ne se passa guère comme il l'aurait souhaité et son manque d'entraînement fut flagrant malgré la volonté qu'il avait de remporter cette victoire pour celle qui lui avait confié ses couleurs.
La défaite n'en fut que plus cuisante car il se retrouvait obligé de sortir de la lice en boitant, un genou touché.
Il n'osa porter un regard vers les tribunes, non pas que le regard des spectateurs le gênait, mais le regard d'une spectatrice, surtout.

Lorsqu'un homme de la Duchesse d'Auxerre vint le voir, il lui répondit simplement qu'elle pouvait venir le voir si elle le souhaitait et -évidemment- que lui allait bien. Qu'aurait-il pu dire mis à part cela ? Que son genou le faisait atrocement souffrir mais que cette douleur était incomparable à sa honte ?
Morkar
Citation:
Joute maritales de Elianor de Vergy et de Chlodwig Von Frayner d'Azayes
Tour préliminaire, opposant Estienne Morkar à Snell du Quai Baudon, Infâme Borgne de Bourgogne


-
Le maître de la Ligue va donc affronter pour ces éliminatoires le garde le plus féroce de la Princesse Armoria.

Première Lance :
Morkar n'a vraissemblablement pas l'intention de s'arrêter au tour éliminatoire de ce tournoi. Il fonce droit sur son adversaire et brise seul sa lance, faisant tomber le borgne dans la foulée.
Il semblerait que le Bourguignon se relève indemne



Etienne Morkar, Duc d'Evreux est déclaré vainqueur par chute de son adversaire!



Evreux avait pris l'habitude, depuis un certain temps, de marcher sans réel but, afin de réfléchir et de se détendre. Chaque participation à une joute faisait naitre en lui une tension assez inhabituelle. Loin était le temps d'une certaine insouciance... Il avait une responsabilité neuve, des projets et la réelle volonté de ne pas les laisser s'enfuir.

Fréquentant déjà peu les campements et les festivités, Estienne Morkar appréciant de fait le calme, les derniers temps, le Duc vivait presque en dehors du cercle réservé, faisant fi des bienfaits offerts aux jouteurs. Il s'était installé dans une taverne de sa connaissance, qui n'avait guère changé ces dernières années.

Il était revenu largement à temps pour assister, armuré et monté, aux passes précédentes. Il avait vu donc les quelques victoires, des fois arrachées avec difficulté, des premiers jouteurs. Et venait alors son tour... Opposé à un Bourguignon... Terre de sa future épouse... Un signe peut être...

Lorsque le signal fut donné, Estienne donna un coup à sa monture. Le galop tonitruant et la lance pointée avec précision eurent raison de son adversaire, qui chuta. Arrêtant alors son cheval, le Duc regarda l'état de sa malheureuse victime. Indemne, parfait ! Minerve retourna alors son cheval et remonta vers Snell. Ôtant alors son heaume, il le salua chaleureusement.


- Soyez assuré de ma reconnaissance. Vous vous êtes bien battu, je vous félicite. Au plaisir de partager à nouveau un tel plaisir sur une Lice.
_________________
See the RP information <<   <   1, 2, 3   >   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)