Arwel
Agir... Il fallait agir... mais comment ? à qui pouvait-elle bien confier ce qui la rendait si peu efficace ?
A personne... Parce que plus personne n'avait la moindre confiance en elle... pas même elle...
Enfermée dans son bureau, une nouvelle fois, elle jetait un regard distrait sur tous les dossiers qui encombraient sa table de travail... Elle n'arrivait plus à avoir un regard objectif sur les affaires du Lyonnais Dauphiné et ce pour plusieurs raisons... Certaines plus personnelles que d'autres...
Depuis le premier jour de ce nouveau mandat de Gouverneur, elle avait pris véritablement conscience de la solitude du pouvoir... Bien plus que la première fois... Peut-être parce qu'elle ne se sentait pas vraiment le Gouverneur légitime du Duché... Elle avait accepté cette gouvernance, espérant cristalliser les haines sur sa propre personne, pensant que cette hostilité partagée rapprocherait les Conseillers Ducaux, voire le Peuple Dauphinois... Mais ça avait lamentablement échoué...
Un soupir lui échappa alors qu'elle tentait de se concentrer sur sa tâche... Cela ne pouvait pas continuer ainsi... Mais de quel droit aurait-elle pu demander à tous ces gens qu'elle s'était volontairement mis à dos de l'aider à présent... de l'aider à redevenir la Arwel qu'elle était vraiment... La Arwel aimante, la Arwel altruiste, la Arwel heureuse de vivre qu'elle avait réussi à devenir au sein de ce Duché si particulier... Un Lyonnais Dauphiné où elle croyait que les pires épreuves n'arriveraient pas à bout de l'union de ses habitants...
Elle avait espéré que ceux qui se disaient ses amis et même d'autres auraient compris ce qu'elle taisait depuis des semaines, sans qu'elle ait à parler... Vains espoirs... Elle n'avait entendu que reproches et critiques... Froide, indifférente, caractérielle... Voilà comment on la voyait... Voilà ce qu'elle montrait aux autres... Alors, elle s'était résignée à ne plus fréquenter les tavernes, ou seulement à des heures où elle les savait vides, parce qu'on lui reprochait son silence... Quand elle parlait, on lui reprochait de se sentir toujours agressée... Ne sachant plus quelle attitude adopter, elle avait décidé de rester enfermée, seule, dans son bureau... Mais même là, on venait continuellement la harceler... Lui montrant ce qu'elle n'avait pas fait, sans un mot pour le travail qu'elle avait abattu à côté... Un sentiment d'injustice l'avait alors envahie... Oui, elle n'était pas parfaite, mais personne ne l'était dans ce Duché, ni nulle part ailleurs... Elle avait envie de hurler... de leur dire à tous... Et vous ? Avez-vous fait tout ce qui vous incombait ??? Mais elle se refusait à faire subir aux autres ce qu'on lui faisait endurer... Alors, elle se repliait de plus en plus sur elle-même... Elle entrait si discrètement dans son bureau que personne ne la voyait et on la laissait tranquille...
Une tranquillité qui avait cependant ses revers... Son fiancé avait raison... Elle n'était pas encore suffisamment remise de son amnésie et de son agression pour s'acquitter convenablement du rôle de Gouverneur qui lui avait été confié... Par quels moyens aurait-elle pu expliquer à ceux qui la voyaient redevenir la sauvageonne de ses débuts qu'elle était à nouveau submergée par ses démons ?
Lors de son agression, tous ses souvenirs étaient revenus ensemble, comme une vague interminable qui flue mais jamais ne reflue... Tous ces sentiments qu'il lui avait fallu des années à combattre l'avaient à nouveau envahie... Si elle avait finalement réussi à surmonter à nouveau le chagrin de toutes les pertes qu'elle avait déjà subies, la culpabilité restait entière...
Elle se sentait coupable d'être toujours en vie... Elle se sentait fautive vis-à-vis de son père... Encore et toujours...
Abandonnant l'espoir de pouvoir se concentrer sur ce qu'elle devait faire, Arwel ferma le dossier qu'elle examinait si étourdiment et s'enfonça dans son siège, laissant ses paupières se clore une fois que sa tête eut touché le dossier du fauteuil...
Jamais elle ne parviendrait à se départir de ce sentiment incroyablement fort qui s'emparait d'elle dès qu'elle pensait au jour de la mort de son père... On avait voulu épargner la petite fille qu'elle était mais on lui avait par la même occasion ôté la possibilité de dire à cet homme tout l'amour qu'elle éprouvait pour lui... Elle se souvenait... "Arwel, ton père est malade, mais ne t'inquiète pas, on s'occupe de lui..." Et elle ne s'était pas inquiétée, même lorsque sa mère et sa petite soeur s'étaient mises à souffrir du même mal que lui...
Son coeur s'étreignait douloureusement dès qu'elle pensait à l'instant où elle avait appris la disparition de son père... Ce jour-là, elle avait demandé la permission d'aller jouer avec les autres enfants du village... On la lui avait accordée et elle était partie sans même un baiser à son père, sans même lui dire... Alors qu'elle s'amusait, comme tous les enfants de son âge, pas très loin de chez elle, elle avait entendu la clochette dont se servait sa mère pour la faire rentrer sans avoir besoin de lui courir après... Etrangement, la petite fille avait tout de suite pressenti que quelque chose de grave venait de se produire... Elle se précipita chez elle et vit les visages ravagés des gens qui se trouvaient là... Un homme s'approcha d'elle et lui dit, sans prendre de précaution particulière :
Ton père est mort...
Tout enfant qu'elle était, ce sentiment de culpabilité l'emplit immédiatement et irrémédiablement... Elle se disait que si elle était restée près de lui, peut-être il aurait eu la force de rester un peu plus longtemps... Elle pensait qu'elle aurait dû voir à plusieurs signes que la fin arrivait... Parfois, alors qu'ils avaient passé de bons moments ensemble, le matin, l'après-midi, il lui reprochait de n'être pas encore venue le voir... La maladie avait pris le dessus sans qu'elle veuille l'accepter...
Après l'annonce de la nouvelle, Arwel aurait voulu pleurer, elle aurait voulu hurler son désespoir, mais rien n'y faisait, elle restait froide comme le marbre, incapable de montrer la peine immense qui l'avait conquise en un instant... Mais à cet instant, elle ne savait pas encore que le pire était encore à venir... On l'obligea à aller contempler le cadavre de son père... Jamais elle ne pourrait oublier cette image... Chaque soir, quand elle se couchait, dès qu'elle fermait les yeux, c'était la première chose que son esprit lui montrait... Même après toutes ces années... Peut-être était ce pour cette raison qu'elle repoussait toujours le sommeil...
Rapidement, il avait fallu brûler le corps de son père, comme celui de tous ceux qui étaient morts lors de cette épidémie... Comment oublier ce jour maudit où l'on mit le feu à la dépouille de celui qu'elle avait tant aimé mais à qui elle n'avait pas pu le dire juste avant sa mort ? L'odeur des chairs calcinées avait envahi les environs... Lors de l'embrasement, la petite fille était sortie de la torpeur dans laquelle l'avait plongée l'annonce de la mort de son père... Le fait de lui avoir montré le corps si paisible de son père l'avait confortée dans l'idée qu'en fait il dormait... Alors de déchirants hurlements étaient sortis de sa bouche restée muette pendant tout son temps... Il dormait et on était en train de l'assassiner...
NON ! NON ! Arrêtez !!! Vous... vous êtes en train de tuer mon papa...
Puis elle s'était écroulée, secouée de sanglots et de spasmes... On l'avait reconduite chez elle et le vent charriait l'odeur écoeurante comme s'il avait été décidé que rien ne serait épargné à son doux coeur d'enfant... Une fois chez elle, elle avait vomi si longtemps qu'on avait craint qu'elle aussi tombât malade... Mais elle était destinée à rester la seule vivante de tous les siens...
Pourquoi n'éprouvait-elle pas la même culpabilité à l'encontre de sa mère et de sa petite soeur ? Tout simpleemnt parce qu'elle avait pris conscience qu'elle allait les perdre toutes les deux et qu'elle s'y était préparée... Elle les avait veillées nuit et jour, après le décès de son père et elle savait désormais comment tout se passerait... Alors, chaque jour, elle leur disait l'amour qu'elle éprouvait pour elles... et pour son père... et elle leur demandait de le lui dire si elles le rejoignaient...
Un discret coup frappé à la porte sortit le Gouverneur de sa rêverie...
Entrez...
Un jeune page pénétra dans son bureau, porteur de plusieurs missives... Après s'être légèrement incliné devant elle, il les lui tendit en lui adressant la parole ainsi :
Votre Grâce... L'on m'a mandé de vous faire parvenir votre courrier... L'on a aussi ajouté que votre présence était réclamée à plusieurs endroits...
Le jeune garçon était gêné de devoir transmettre un tel message au Gouverneur... Lui voyait bien qu'elle ne se sentait pas bien ces derniers temps... Il se demandait pourquoi les autres n'en avaient pas également conscience... Si la bienséance ne l'avait pas interdit, il aurait bien aimé être la main tendue que la jeune femme attendait mais ça n'était pas possible, il devait rester à sa place... Sans rien dire... Alors que leur Gouverneur s'enfonçait un peu plus chaque jour dans la mélancolie...
Je vous remercie... Faites mander à ceux qui vous envoient que je serai présente où l'on m'attend... Dès que je le pourrai...
D'un signe de la tête, elle indiqua au jeune homme qu'il pouvait disposer... A nouveau, elle sentit la douleur qui envahissait sa poitrine... Ces derniers temps, son coeur trop souvent éprouvé se faisait capricieux, il faisait parfois mine de vouloir s'arrêter pour repartir encore plus rapidement, lui causant des douleurs parfois intolérables... Elle ne put retenir ses larmes et se laissa aller contre le plateau de son bureau... Les bras repliés sous son visage, elle n'essaya même pas d'arrêter le flot salé qui sillonnait ses joues... Verrait-elle se tendre vers elle au moins une main ?
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A personne... Parce que plus personne n'avait la moindre confiance en elle... pas même elle...
Enfermée dans son bureau, une nouvelle fois, elle jetait un regard distrait sur tous les dossiers qui encombraient sa table de travail... Elle n'arrivait plus à avoir un regard objectif sur les affaires du Lyonnais Dauphiné et ce pour plusieurs raisons... Certaines plus personnelles que d'autres...
Depuis le premier jour de ce nouveau mandat de Gouverneur, elle avait pris véritablement conscience de la solitude du pouvoir... Bien plus que la première fois... Peut-être parce qu'elle ne se sentait pas vraiment le Gouverneur légitime du Duché... Elle avait accepté cette gouvernance, espérant cristalliser les haines sur sa propre personne, pensant que cette hostilité partagée rapprocherait les Conseillers Ducaux, voire le Peuple Dauphinois... Mais ça avait lamentablement échoué...
Un soupir lui échappa alors qu'elle tentait de se concentrer sur sa tâche... Cela ne pouvait pas continuer ainsi... Mais de quel droit aurait-elle pu demander à tous ces gens qu'elle s'était volontairement mis à dos de l'aider à présent... de l'aider à redevenir la Arwel qu'elle était vraiment... La Arwel aimante, la Arwel altruiste, la Arwel heureuse de vivre qu'elle avait réussi à devenir au sein de ce Duché si particulier... Un Lyonnais Dauphiné où elle croyait que les pires épreuves n'arriveraient pas à bout de l'union de ses habitants...
Elle avait espéré que ceux qui se disaient ses amis et même d'autres auraient compris ce qu'elle taisait depuis des semaines, sans qu'elle ait à parler... Vains espoirs... Elle n'avait entendu que reproches et critiques... Froide, indifférente, caractérielle... Voilà comment on la voyait... Voilà ce qu'elle montrait aux autres... Alors, elle s'était résignée à ne plus fréquenter les tavernes, ou seulement à des heures où elle les savait vides, parce qu'on lui reprochait son silence... Quand elle parlait, on lui reprochait de se sentir toujours agressée... Ne sachant plus quelle attitude adopter, elle avait décidé de rester enfermée, seule, dans son bureau... Mais même là, on venait continuellement la harceler... Lui montrant ce qu'elle n'avait pas fait, sans un mot pour le travail qu'elle avait abattu à côté... Un sentiment d'injustice l'avait alors envahie... Oui, elle n'était pas parfaite, mais personne ne l'était dans ce Duché, ni nulle part ailleurs... Elle avait envie de hurler... de leur dire à tous... Et vous ? Avez-vous fait tout ce qui vous incombait ??? Mais elle se refusait à faire subir aux autres ce qu'on lui faisait endurer... Alors, elle se repliait de plus en plus sur elle-même... Elle entrait si discrètement dans son bureau que personne ne la voyait et on la laissait tranquille...
Une tranquillité qui avait cependant ses revers... Son fiancé avait raison... Elle n'était pas encore suffisamment remise de son amnésie et de son agression pour s'acquitter convenablement du rôle de Gouverneur qui lui avait été confié... Par quels moyens aurait-elle pu expliquer à ceux qui la voyaient redevenir la sauvageonne de ses débuts qu'elle était à nouveau submergée par ses démons ?
Lors de son agression, tous ses souvenirs étaient revenus ensemble, comme une vague interminable qui flue mais jamais ne reflue... Tous ces sentiments qu'il lui avait fallu des années à combattre l'avaient à nouveau envahie... Si elle avait finalement réussi à surmonter à nouveau le chagrin de toutes les pertes qu'elle avait déjà subies, la culpabilité restait entière...
Elle se sentait coupable d'être toujours en vie... Elle se sentait fautive vis-à-vis de son père... Encore et toujours...
Abandonnant l'espoir de pouvoir se concentrer sur ce qu'elle devait faire, Arwel ferma le dossier qu'elle examinait si étourdiment et s'enfonça dans son siège, laissant ses paupières se clore une fois que sa tête eut touché le dossier du fauteuil...
Jamais elle ne parviendrait à se départir de ce sentiment incroyablement fort qui s'emparait d'elle dès qu'elle pensait au jour de la mort de son père... On avait voulu épargner la petite fille qu'elle était mais on lui avait par la même occasion ôté la possibilité de dire à cet homme tout l'amour qu'elle éprouvait pour lui... Elle se souvenait... "Arwel, ton père est malade, mais ne t'inquiète pas, on s'occupe de lui..." Et elle ne s'était pas inquiétée, même lorsque sa mère et sa petite soeur s'étaient mises à souffrir du même mal que lui...
Son coeur s'étreignait douloureusement dès qu'elle pensait à l'instant où elle avait appris la disparition de son père... Ce jour-là, elle avait demandé la permission d'aller jouer avec les autres enfants du village... On la lui avait accordée et elle était partie sans même un baiser à son père, sans même lui dire... Alors qu'elle s'amusait, comme tous les enfants de son âge, pas très loin de chez elle, elle avait entendu la clochette dont se servait sa mère pour la faire rentrer sans avoir besoin de lui courir après... Etrangement, la petite fille avait tout de suite pressenti que quelque chose de grave venait de se produire... Elle se précipita chez elle et vit les visages ravagés des gens qui se trouvaient là... Un homme s'approcha d'elle et lui dit, sans prendre de précaution particulière :
Ton père est mort...
Tout enfant qu'elle était, ce sentiment de culpabilité l'emplit immédiatement et irrémédiablement... Elle se disait que si elle était restée près de lui, peut-être il aurait eu la force de rester un peu plus longtemps... Elle pensait qu'elle aurait dû voir à plusieurs signes que la fin arrivait... Parfois, alors qu'ils avaient passé de bons moments ensemble, le matin, l'après-midi, il lui reprochait de n'être pas encore venue le voir... La maladie avait pris le dessus sans qu'elle veuille l'accepter...
Après l'annonce de la nouvelle, Arwel aurait voulu pleurer, elle aurait voulu hurler son désespoir, mais rien n'y faisait, elle restait froide comme le marbre, incapable de montrer la peine immense qui l'avait conquise en un instant... Mais à cet instant, elle ne savait pas encore que le pire était encore à venir... On l'obligea à aller contempler le cadavre de son père... Jamais elle ne pourrait oublier cette image... Chaque soir, quand elle se couchait, dès qu'elle fermait les yeux, c'était la première chose que son esprit lui montrait... Même après toutes ces années... Peut-être était ce pour cette raison qu'elle repoussait toujours le sommeil...
Rapidement, il avait fallu brûler le corps de son père, comme celui de tous ceux qui étaient morts lors de cette épidémie... Comment oublier ce jour maudit où l'on mit le feu à la dépouille de celui qu'elle avait tant aimé mais à qui elle n'avait pas pu le dire juste avant sa mort ? L'odeur des chairs calcinées avait envahi les environs... Lors de l'embrasement, la petite fille était sortie de la torpeur dans laquelle l'avait plongée l'annonce de la mort de son père... Le fait de lui avoir montré le corps si paisible de son père l'avait confortée dans l'idée qu'en fait il dormait... Alors de déchirants hurlements étaient sortis de sa bouche restée muette pendant tout son temps... Il dormait et on était en train de l'assassiner...
NON ! NON ! Arrêtez !!! Vous... vous êtes en train de tuer mon papa...
Puis elle s'était écroulée, secouée de sanglots et de spasmes... On l'avait reconduite chez elle et le vent charriait l'odeur écoeurante comme s'il avait été décidé que rien ne serait épargné à son doux coeur d'enfant... Une fois chez elle, elle avait vomi si longtemps qu'on avait craint qu'elle aussi tombât malade... Mais elle était destinée à rester la seule vivante de tous les siens...
Pourquoi n'éprouvait-elle pas la même culpabilité à l'encontre de sa mère et de sa petite soeur ? Tout simpleemnt parce qu'elle avait pris conscience qu'elle allait les perdre toutes les deux et qu'elle s'y était préparée... Elle les avait veillées nuit et jour, après le décès de son père et elle savait désormais comment tout se passerait... Alors, chaque jour, elle leur disait l'amour qu'elle éprouvait pour elles... et pour son père... et elle leur demandait de le lui dire si elles le rejoignaient...
Un discret coup frappé à la porte sortit le Gouverneur de sa rêverie...
Entrez...
Un jeune page pénétra dans son bureau, porteur de plusieurs missives... Après s'être légèrement incliné devant elle, il les lui tendit en lui adressant la parole ainsi :
Votre Grâce... L'on m'a mandé de vous faire parvenir votre courrier... L'on a aussi ajouté que votre présence était réclamée à plusieurs endroits...
Le jeune garçon était gêné de devoir transmettre un tel message au Gouverneur... Lui voyait bien qu'elle ne se sentait pas bien ces derniers temps... Il se demandait pourquoi les autres n'en avaient pas également conscience... Si la bienséance ne l'avait pas interdit, il aurait bien aimé être la main tendue que la jeune femme attendait mais ça n'était pas possible, il devait rester à sa place... Sans rien dire... Alors que leur Gouverneur s'enfonçait un peu plus chaque jour dans la mélancolie...
Je vous remercie... Faites mander à ceux qui vous envoient que je serai présente où l'on m'attend... Dès que je le pourrai...
D'un signe de la tête, elle indiqua au jeune homme qu'il pouvait disposer... A nouveau, elle sentit la douleur qui envahissait sa poitrine... Ces derniers temps, son coeur trop souvent éprouvé se faisait capricieux, il faisait parfois mine de vouloir s'arrêter pour repartir encore plus rapidement, lui causant des douleurs parfois intolérables... Elle ne put retenir ses larmes et se laissa aller contre le plateau de son bureau... Les bras repliés sous son visage, elle n'essaya même pas d'arrêter le flot salé qui sillonnait ses joues... Verrait-elle se tendre vers elle au moins une main ?
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