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[RP] Une bouteille lancée à la mer...

Arwel
Au grand soulagement de la jeune femme, ce fut de la compassion et non de la réprobation qu'elle lut dans le regard de son amie...

Ma Wel'...
Dans quelle situation tu t'es mise...


Bonne question... Arwel se le demandait aussi... Mais bon, à sa décharge, elle ne l'avait pas vraiment fait exprès...

Aucune solution n'est inextricable ma Wel', oui aucune...
Elle peut te sembler ainsi en ce moment parce que tu es perdue, il faut juste, te retrouver.

Il y a plusieurs sortes d'amour et je pense que tu n'arrives pas à faire le point sur tout cela ou soit tu l'a fait mais ils te semblent identiques...
Et pourtant...
Ils ne le sont pas.
A t'entendre en tout les cas, il est évident que tu aimes toujours Mimi, comme, comme au début de votre histoire, c'est pour ptit Phel que les choses se compliquent.


Le jeune Gouverneur écoutait les paroles de son amie avec attention...

Elles se compliquent comme l'homme, objet de ses interrogations.
Phel ne porte pas l'épithète d'imprévisible pour rien, il est tel le vent insaisissable et t'échappant dès que tu essayes de l'attraper.
Si tu aimes de tout ton cœur Mirandor il faut que tu saches si tu aimes Phel comme tu aimes Mimi ou si cela correspond plus à un désir d'avoir une chose que tu ne peux avoir...
Mais, je pense qu'il reste encore une possibilité.
Celle que tu l'aimes comme, je dirais, un frère...

Si tu n'arrives vraiment pas à trouver la réponse, il te faudra te confronter à tout cela.


Les mains d'Arwel étaient glacées dans celles de Plume.

Il faut je pense que tu sois confrontée à l'idée de perdre l'un ou l'autre pour faire vraiment le point.
Si Mimi te laissait...comment te sentirais tu?
Et si c'était Phelim?
Et si tu perdais Mirandor sans pouvoir te rapprocher de Phel?
C'est dans la peur de perdre un être cher qu'on réalise à quel point on y est attaché, même si la perte ne se résume qu'à voir cette personne nous tourner le dos.

En tout les cas quoi que ton cœur te dise, quoi que tu choisisses pour moi cela ne changera rien, ma Wel', tu resteras une amie qui m'est chère et je comprendrais ta décision.
Je ne peux guère faire plus que d'être là et te soutenir, c'est ton combat, c'est à toi de comprendre ton cœur et de savoir ce que tu désires réellement.


Un bref instant de silence pour bien peser le poids des mots qui allaient sortir de sa bouche...

Je sais Plume que je me suis mise dans une situation plus qu'inconfortable...

Me retrouver, j'aimerais tant pouvoir me retrouver...


La douce Arwel jeta un regard désespéré à son amie...

Je souffre de cette situation... Pas pour moi... Pour eux... Tu me connais... Je ne pourrai garder le silence bien longtemps sur tout cela et inévitablement, je vais créer un chaos sans nom...

La petite Vicomtesse se mordit légèrement la lèvre avant de poursuivre :

Pour te répondre, oui, j'aime toujours Mirandor comme au premier jour, même bien plus... Si tel n'était pas le cas, les choses seraient bien plus simples... Et pour Phelim...

Arwel ferme légèrement les yeux, puis regarde Plume avec ferveur :

Imagine Plume... Ton coeur partagé en deux parts égales... L'une bondit dès qu'elle entend le son de la voix de l'un et l'autre fait de même au son de la voix de l'autre... Au final, les deux parties de ton coeur finissent par se déchirer parce qu'elles ne réagissent pas à la même voix... Et ton coeur est réduit à l'état de miettes...

Se tournant à nouveau légèrement vers la fenêtre pour tenter d'y voir plus clair, Arwel continua sur sa lancée :

L'aimer comme un grand frère... J'ai déjà éprouvé ce genre d'amour pour Krogar... Je sais que c'est différent, jamais je n'ai été ainsi partagée avec lui... Je savais que je l'aimais comme le grand frère que je n'avais jamais eu... Là, je sais que je n'aime pas Phelim comme un grand frère...

Arwel s'éloigna de la fenêtre pour aller s'adosser au mur, laissant voir à Plume la douleur qu'exprimait son beau visage :

Je me suis déjà confrontée à l'idée de perdre l'un ou l'autre... J'ai essayé d'imaginer ce que serait ma vie sans Mirandor, sans sa présence à mes côtés, sans son amour... Je n'ai rien vu... J'ai eu l'impression que mon coeur cessait de battre... J'ai également pensé à Phelim... Je me suis demandé comment je réagirais si l'enlèvement dont il a été victime se produisait maintenant et qu'il ne revenait pas... Que deviendrais-je sans ses "Rhooo Wel !" ? ... J'ai eu la même sensation que lorsque j'ai voulu imaginer ma vie sans Mirandor... Une impression de néant...

Il était peut-être temps de conclure...

Tu me demandes ce qui se passerait si je perdais Mirandor sans pouvoir me rapprocher de Phelim... Il me semble que je dois t'expliquer que je ne resterais pas avec Mirandor par crainte d'être rejetée par Phelim... Ils ne sont ni l'un ni l'autre un pis aller pour moi... J'espère que tu le comprends...

Un bref silence...

Ils sont ma vie... Deux aspects bien différents mais ma vie tout de même...

Un regard embué de larmes vers son amie...

Merci Plume... tu m'as écoutée, sans me juger... C'est pourtant un lourd fardeau que je viens de partager avec toi... Tu es prête à soutenir ma décision alors que je risque de provoquer une tempête indescriptible... Toi aussi, tu m'es une amie chère... Aristote fasse que je trouve une issue favorable à tout cela...
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Arwel
[Un autre temps, un autre lieu, un autre drame...]

"Aristote fasse que je trouve une issue favorable à tout cela..." Telles étaient les dernières paroles qu'elle avait dites à Plume... Et elle l'avait trouvée cette issue favorable, même si elle avait failli déclencher un cataclysme en la cherchant...

Elle se souviendrait toujours de la joie qu'avait éprouvée Mirandor lorsqu'elle lui avait annoncé qu'elle portait son enfant. Elle n'avait alors pas osé lui avouer immédiatement la confusion de ses sentiments, refusant de ternir son bonheur. Mais il lui avait bien fallu passer aux aveux... Elle se rappellerait toujours du chagrin qu'elle lui infligé quand elle lui avait confié le trouble qui régnait en son coeur... Comment avait-elle pu être assez cruelle pour ainsi torturer un être aussi charmant ? Jamais elle n'aurait la réponse certainement. Cependant les jours s'égrenaient et son fiancé laissait s'installer une froide distance entre eux... Il était toujours présent à ses côtés parce qu'il craignait pour la santé de l'enfant... Du fait d'une fin de mandat de gouverneur difficile et de la confusion de ses sentiments, la jeune femme éprouvait de continuelles douleurs qui lui faisaient craindre de perdre le fruit de leur amour... Comme elle pensait avoir perdu l'amour du père de son futur bébé. Elle se disait souvent que si elle n'avait porté leur enfant à cette époque, il l'aurait certainement abandonnée... Et peut-être même l'avait-il envisagé malgré l'existence du petit être qui grandissait en elle... Il avait disparu suffisamment longtemps pour faire entrevoir à Arwel ce que serait la vie sans lui... Un désespoir indescriptible avait alors fait pencher son coeur en sa faveur...

Toutefois, Phelim avait lui aussi le droit de savoir ce que renfermait le coeur de la jeune femme... Avec sa manière bien à elle, elle avait essayé de faire comprendre à cet homme que ses sentiments pour lui étaient différents mais il n'avait pas compris ou avait feint de ne pas comprendre et Wel n'avait pas osé être plus explicite... Jusqu'au jour où elle était entrée dans son bureau telle une furie, lui déclarant son amour d'une traite, pour ensuite tourner les talons et s'en aller en claquant la porte, laissant le Vicomte, une fois n'était pas coutume, muet de stupéfaction... Et lui aussi avait laissé une froide distance s'installer entre eux... La jeune fille avait alors regretté son accès de franchise... Mais ainsi était-elle, incapable de dissimulation... Puis, une nuit, ils avaient eu une longue conversation au sujet des sentiments de Wel... Jamais elle ne saurait si lui aussi partageait ces sentiments et peut-être était-ce mieux... Ensuite, leurs relations s'étaient détendues mais elle avait cependant l'impression que plus jamais rien ne serait pareil qu'avant son aveu entre eux... Ils n'évoquèrent plus jamais son inclination pour lui mais elle avait la sensation qu'une barrière invisible s'était dressée entre eux...

Ainsi, elle avait pris sa décision, elle voulait épouser Mirandor, non parce qu'il était le père de son futur enfant, mais parce qu'elle l'aimait et qu'elle ne pouvait imaginer la vie sans lui. Par son indécision, elle savait qu'elle avait écorné la confiance et la complicité qui existaient entre eux depuis le premier jour... Elle craignait qu'ils ne retrouvent jamais ce qu'elle avait saccagé et elle imaginait les doutes qui ne devaient pas manquer d'assaillir son compagnon. La croyait-il seulement lorsqu'elle lui murmurait son amour et son désir de devenir son épouse ? Elle hésitait quant à la réponse à apporter à cette interrogation... Or, la vie reprenait lentement son cours habituel...

Mais Aristote ne pouvait récompenser un coeur qui s'était montré si capricieux... Un événement affreux avait alors atteint la jeune Vicomtesse dans sa chair... L'enfant qu'elle couvait comme une chose précieuse avait quitté son sein avant le moment prévu et avait rejoint la liste déjà longue de ceux qui l'avaient laissée seule sur cette terre... Pourquoi avait-il fallu que le destin remette sur sa route cet homme immonde qui avait déjà tenté de l'agresser une première fois ? Sans aucun doute était-ce le prix à payer pour avoir fait souffrir l'homme qui partageait sa vie, le tribut à payer pour avoir trahi la foi qu'elle lui avait accordée...

Elle avait été amenée au monastère dans un état pitoyable, à un fil de la mort... Les nonnes l'avaient soignée physiquement mais moralement... Arwel avait passé de longues semaines avec elles, et les religieuses avaient hésité à la laisser repartir chez elle dans l'état où elle se trouvait encore... Lorsqu'on la voyait, plus rien ne tranparaissait de ce qui lui était arrivé, cependant, elle n'admettait pas la perte de l'enfant... Pour elle, elle le portait toujours...

Les soeurs avaient eu un long débat à ce sujet : pouvaient-elles prendre le risque de laisser partir la Vicomtesse avec une telle idée en tête ? L'une d'elle avait alors eu ces mots :


Si la jeune Vicomtesse refuse la perte de son enfant, nous ne devons pas la brusquer, cette vérité pourrait bien la tuer... Si Aristote a voulu qu'elle survive à ce qu'elle a enduré, ce n'est pas pour qu'elle meurre de douleur... Lorsqu'elle sera capable de faire face à cet événement, elle admettra enfin la triste réalité... Elle n'est pas folle, elle se protège... Enfin, je crois... Nous avons eu nombre de jeunes mères dans son état qui sont venues se réfugier chez nous après une telle épreuve et qui n'y ont pas survécu parce que nous avons voulu les confronter trop tôt à la sombre évidence... Le temps fera son oeuvre avec elle et Aristote la protègera...

Les nonnes avaient prévenu Mirandor de l'épreuve qu'il allait devoir affronter, décidément, rien ne lui serait épargné...

Il est peut-être temps de revenir sur cet événement affreux qui a brisé le cours de la vie de la Bienveillante...

Par un beau jour de mai, alors qu'elle se promenait seule dans la campagne environnant Dié, la douce Arwel s'était arrêtée pour se reposer un instant, caressant légèrement son petit ventre qui commençait seulement à s'arrondir...

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--Supul
[Les alentours de Dié, début Mai]



Plus blanc que la culotte du Roy, et dégoulinant de sueur.
Enfin blanc, au niveau du visage... les endroits ou les loups l'avait mordu eux été passés par les différent stade de la putréfaction, et cela avait fini par sécher, et noircir. Chaque jour plus noire, chaque jour plus étendue, la gangrène gagnait du terrain... Il avait déjà perdu deux orteils, sa jambe droite était totalement raide, tout comme son bras gauche.
La puanteur nauséabonde qui se dégageait de ses membres pourris faisait qu'il ne pouvait même plus imaginer chasser un animal.
Il était donc là, tapis dans les fourrés à la recherche d'une proie humaine, à détrousser sans vergogne.

Ce mois de Mai était plutôt pluvieux, les conditions était vraiment difficiles, et les passants ne s'aventuraient guère sur les chemins par ce temps. Cela faisait donc trois jours qu'il n'avait rien à se mettre sous la dents.
Trois jours à attendre dans le froid et la boue pour rien...
Trois jours durant lesquels, il repensait à elle. Il avait perdu sa trace à Dié.
Elle, elle l'obsédait!
Il la voulait! il devait la posséder!
Il en rêve la nuit et y pense le jour.
Un jour elle serait sienne.
Il lui ferait tellement de mal, et tellement de bien!
Il devait l'oublier, se la sortir de l'esprit.
Et une seule solution s'offrait à lui.

Mais il devrait la retrouver. Et pour ça il lui faudrait de la force, et donc de la nourriture.
Heureusement, aujourd'hui le temps semblait plus clément.
D'ailleurs quelqu'un arrivait...
Était-ce ses yeux? ca folie leur dictait elle ce qu'il voulait voir?
Non, au loin, la personne qui approchait lui ressemblé.
Il se saisit de l'arme qu'il avait piquer il y a peu à un pauvre Italien...


Aller ma Berta
C'est à nous de jouer!


Il attendit que la femme s'approche sans la quitter des yeux.
Arwel
[Les alentours de Dié, début mai]

Ces quelques instants de repos l'avaient remise sur pied... La jeune Arwel, future mère épanouie, ne se doutant pas que l'enfer l'attendait dans les fourrés, se releva, prête à reprendre la route vers Dié, lorsqu'un chatoiement métallique attira son attention, un peu plus loin, à l'orée du bois... La curiosité l'emportant sur toute forme de prudence, la douce Arwel s'avança lentement vers l'éclat... Qu'est-ce que cela pouvait être ?

Son instinct lui criait pourtant de faire demi-tour et de se diriger prestement vers Dié... Mais l'inconsciente se dirigeait inexorablement vers... la mort ?

Arrivée à quelques pieds de l'endroit où elle avait aperçu la lueur, une légère brise amena vers elle une odeur pestilentielle qui lui souleva le coeur... La voix de la raison lui souffla de se sauver mais...

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--Supul


Ses yeux la fixait, elle était là juste devant lui, sa proie...sa soumise...elle ne se rendait pas compte à quel point, son insouciance allait la perdre...
Une marche boiteuse pour sortir des fourrés, dégageant à chaque déplacement d'air, une odeur de pourriture, chacun de ses membres, dégoulinaient d'un liquide ocre et visqueux, entachant ses haillons qu'il trainait depuis maintenant des mois, il s'en foutait...elle était là, son offrande, rien d'autre ne pouvait lui faire autant plaisir.
Il n'allait pas la laisser partir cette fois et rien n'y personne ne viendrait les déranger....

Arrivé dans son dos, haletant de désir, elle pouvait sentir sa respiration a l'arrière de son cou . Sa lame bien tenue dans sa main droite, pointée dans ses reins pour remonter le long de son dos et enfin terminer a la lisère de son cou...


Je te tient...ma belle


Il la retourna face à lui ...
Sans attendre, il l'empoigna des deux bras, la jeta sur la terre battue... Les yeux vitreux et pétillants montrant le désir lorsque qu'il parcourait du regard son corps qu'il allait posséder...
Elle sera sienne dans quelques minutes...


Tenant fermement ses poignets par une main, il s'agenouilla près d'elle,et d'un coup de lame bien aiguisée. Il lui arracha violemment sa robe de bas en haut.. Découvrant son ventre légèrement arrondi qui faisait supposer qu'une vie s'était installée en son intérieur...
Il ne pût que s'esclaffer contre elle, les lèvres pincées , il accompagna ses insultes pas des rafales de gifles....La tête de la donzelle heurtait le sol a chaque coup donné, l'amenant à une perte de conscience petit à petit...
Arwel
[Les alentours de Dié, début mai]

Incapable de bouger alors qu'elle sentait le danger, Arwel entendit le crissement de l'herbe dans les fourrés... Partir, protéger l'enfant qu'elle portait... Elle n'eut pas le temps de mettre à exécution ce qu'elle avait décidé... Tout allait trop vite... Beaucoup trop vite... Un souffle dans son cou, une lame qui remonte le long de son dos... Et cette odeur ! La terreur s'empara de la jeune femme... Mon enfant, faites qu'il n'arrive rien à mon enfant...

Je te tient...ma belle

Arwel tressaillit en entendant cette voix... C'était lui, pas de doutes possibles... Celui qui quelques mois plus tôt avait voulu profiter de son corps contre son gré, alors qu'elle était à bout de force, n'ayant plus aucun souvenir de sa vie passée... Elle serra les dents... Endurer le calvaire, pourvu qu'il n'arrivât rien au bébé qu'elle portait...

Retournée, jetée à terre, la future mère entrevit l'horreur du corps de l'immonde personnage qui s'attaquait à elle... un nouveau haut-le-coeur la prit... Par Aristote, faites que je meurre à l'instant... Mon enfant... Ma chair... Fermer les yeux, souffrir qu'il la touche, pourvu que le petit être qu'elle chérissait déjà ne soit pas malmené... Elle entendait les paroles ordurières dont il accompagnait les coups alors qu' il la battait... Elle sentait la terre durcie heurter sa tête à chaque volée reçue... Elle ne voulait pas perdre conscience, elle luttait afin de pouvoir protéger son amour, son trésor...

Malgré elle, tandis qu'elle continuait ses invocations au Très-Haut, le suppliant d'épargner la vie du petit, elle perçut que son esprit quittait son corps... Les coups étaient trop nombreux, trop forts, la frêle demoiselle ne pouvait plus s'en défendre... Elle glissa lentement dans l'inconscience pendant que son agresseur poursuivait son oeuvre...

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Phelim
[Le même jour, à la Mie Gourmande]


A la taverne de Nopus, la tavernière, fiancée au propriétaire, était une mégère, sainte si on l'écoutait de surcroît, qui quand elle ne demandait pas à ses clients s'ils savaient où son amant avait planqué la clé de sa culotte de chasteté, exigeait qu'ils retirent bottes et bas pour avoir le droit d'entrer et de boire un verre ...
Et qui n'avait rien voulu entendre quand le Seigneur de Tassin la Demi Lune lui avait indiqué qu'il était homme de renom qui attirerait à tous les coups de la clientèle et que pour cela, il ne devait pas se plier à ses exigences.

Enfin bon, du coup, ne souhaitant pas rejoindre un autre lieu de beuverie désert, celui-ci étant ce soir là le seul éclairé et accueillant, il avait cédé et obtempéré.

La conversation, autour d'une choppe, portait sur le seul sujet qui comptait pour Somica, donc en gros sur le machin en ferraille qui assurait que personne ne la pénétrerait avant l'élu de son cœur. Bref, sujet pas passionnant, dont la seul question qui importait à Phelim, c'était pourquoi le futur mari n'en avait pas profité pour la bâillonner aussi par la même occasion.

Soudain, des insultes s'élevèrent venant de l'extérieur. Au début le Vicomte se contenta de sourciller, mais alors que les cris injurieux gagnaient en force et en intensité, l'inquiétude s'imprima sur son visage et il finit par se lever de son tabouret.

Allons voir.

Sans regarder si la promise suivrait, il s'élança à l'extérieur pieds nus. Plusieurs fois, son corps manqua de se retrouver à terre quand il glissait sur la caillasse. Bien sur, le Guerrero aurait moins galéré s'il avait pris le temps de mettre ses bottes, mais c'était un coup à arriver après la bataille le temps de les enfiler.

Enfin, l'équipée pénétra dans une ruelle sinistre qui débouchait à l'orée des bois et découvrit à la lueur du pâle clair de lune un homme immonde en train d'essayer de violer une jeune femme.
La stupeur le paralysa quelques instants quand il reconnut Arwel et il resta là, immobile, le cœur serré de douleur, regardant la brute lui frapper la tête contre le sol.

Le réflexe de la Dioise fut salutaire quand elle planta ses ongles dans son avant bras pour le faire réagir. Aussi, une dague jaillit dans la dextre du Lyonnais qui tout en courant, visa l'agresseur.
Il ne devrait avoir aucun mal à atteindre son dos qui couvrait le corps de sa victime et éviter ainsi un dommage collatéral malheureux. ...

Le couteau s'envola hors des doigts du Lyonnais alors qu'il poussait un grognement de rage ... et de douleur car son pied venait de se poser sur un bris de verre qui avait entaillé sérieusement sa chair d'où s'échappait déjà un peu de sang. A ce bruit, la brute se recula brusquement et la lame ne parvint qu'à s'enfoncer jusqu'à la garde dans la paluche du Supul qui était resté posée sur le ventre de la duchesse, blessant ainsi ce dernier et sa victime.

Peut-être avait-il fini son oeuvre ou bien la vue du Guerrero s'élançant dans sa direction l'impressionna .. quoiqu'il en soit, les ténèbres de la nuit se refermèrent sur le brigand et on n'entendit bientôt plus que les pas de sa fuite et le bruit métallique de l'arme jetée violemment au sol.

Le Seigneur de Stigny n'adressa qu'un seul regard vers la Bienveillante qui gisait inconsciente et nue si on ne comptait pas les lambeaux de sa robe, avant de détourner pudiquement ses azurs.
Une hésitation le retint un instant alors que ses yeux interrogatifs se posaient sur Somica, partagé entre l'envie de la secourir et de se venger. Il avait vu le liquide pourpre s'échappait en abondance de l'abdomen de Clérieu ...

Pourtant, une poignée de secondes plus tard, il avait lui aussi disparu dans le noir à la suite du couard. Il ne lui avait pas fallu longtemps pour trancher ... on n'effacerait pas sa nature vindicative ... puis la chaste s'y connaissait surement mieux que lui en médecine, elle saurait agir.


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Somica
[Ce jours là , à la Mie Gourmande]


Les soirées étaient très calmes depuis quelques temps, à croire que les villageois n'osaient sortir de chez eux, de peur d'attraper froid alors que les premières chaleurs s'étaient déjà bien installées.

Elle qui adorait papoter de tout et de rien avec les villageois, se retrouva avec seule compagnie le seigneur de Tassin la demi lune, peu bavard et assez rapiat sur les bords, elle n’était pas débordée pour servir les choppes ce soir là, lui faire sortir quelques écus de sa bourse était la croix et la bannière.

Pour ce faire, fallait bien trouver un sujet de conversation et combler les silences qui régnaient dans la pièce.

Le sachant très intéressé par le sujet de la sexualité, elle commença à lui parler de la sienne en lui demandant si par hasard son ami Nopus ne lui aurait pas remit la clé de sa culotte. Elle avait bien vue son petit sourire en coin, ça le dérangeait ce sujet.

Forcement concevoir qu'une femme puisse attendre pour l'élu de son cœur devait lui sembler invraisemblable aux vues des nombreuses conquêtes qu'il avait pu jusque maintenant consommer et remercier après avoir joué l'étalon.

Savait-il au moins ce qu'était l'amour...Enfin peu importait, mais quand elle vît que celui-ci était entré avec ses bottes crottées dans la taverne, alors qu'elle avait passée la journée à récurer toute la *Mie*, son sang ne fît qu'un tour, elle n'allait pas recommencer, elle avait assez de travail comme cela, et une mairie à s'occuper aussi. Elle exigea qu'il ôte ses bottes, il eût du mal à obtempérer mais à force, il ne pût que se plier à la volonté de la petite So'. D'un sourire satisfait, elle lui avait même offert une choppe de clairette...il restait son ami tout de même.

D'un coup, des bruits, des cris à l'extérieur et deux mots


«Allons voir.»

Surprise par l'empressement du Vicomte se dirigeant vers la sortie, nus pieds, elle le suivit avec une certaine crainte qui la tenaillait dans le bas du ventre. Se gardant bien de se moquer en le voyant faire la danse de st Guy sur les cailloux.


Que se passait-il à l'extérieur?


Puis ce fût très rapide, une ombre, une odeur de pourriture, des coups... Phel qui sortît sa dague...La fuite du brigand...
Le regard de Phelim puis son départ...

Elle courût auprès du corps allongé, Wel...inconsciente et son ventre qui se vidait d'un liquide visqueux...non....

Elle s'agenouilla et prit sa tête sur ses genoux, voyant l'horreur que venait de subir son amie, les larmes se mêlèrent à ses yeux, un brin de panique la prit, qu'allait-elle pouvoir faire? Il fallait agir vite, très vite... Elle se sentait incompétente, et sans aucune notion de médecine, elle ne savait comment stopper cette hémorragie abdominale...Elle mit en boule son chaperon et l'appliqua sur le ventre de son amie mais serait-ce suffisant ?


Quelques tapotements sur ses joues pour essayer de la réveiller


Wel? WEL? WEEEEELLLLL


Mais en vain, Arwel ne répondait plus...Était-elle morte ?... Elle ne pouvait restée sans agir, Pipelette elle était, mais pas en vain, au moins elle avait de la voix. Ni une ni deux, elle mit ses mains en porte voix et se mit à hurler tel Kendra un soir de pleine lune.



AU SECOURS !!!! IL ME FAUT UN MEDICASTRE !!!!!
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Mirandor
[Ce jour là, Rue du Sans Soucis]

Comme tous les débuts de mois, Mirandor faisait ses comptes... Alors qu'il comptait ses pièces, retraçait l'historique de ses dépenses et recettes, puis calculait ses dettes, Arwel lui annonça qu'elle allait se balader hors des remparts de Dié... Il lui demanda de ne pas trop s'éloigner car la jeune femme était capable de se perdre ! Et dans son état, il était imprudent de s'aventurer trop loin... Il la regarda s'éloigner à travers la fenêtre, guère rassuré de la voir partir seule... Mais ils avaient convenu de se retrouver Au Bon Sens plus tard dans la soirée, pour le souper...

Alors que sa fiancée sortait de son champ de vision, il repensa aux derniers événements qui ont bouleversé sa vie... Tout d'abord, l'annonce de sa future paternité... Il était alors le plus heureux des hommes, rêvant de cet instant depuis plusieurs mois déjà... Il regrettait seulement de ne pas déjà être marié à Arwel en cet instant... Mais son bonheur fut de courte durée... La mère de son futur enfant avait un aveu à lui faire, des plus déplaisants... A l'évocation de ce souvenir, le ventre de Mirandor se serra...

Il fit tomber un écu par terre, ce qui le tira de cette triste pensée... Mais le malaise s'était de nouveau installé, alors qu'il s'était efforcé de ne plus trop en souffrir... Il continua péniblement ses comptes, la nausée s'estompant lentement... Après tout, c'était fini... Elle avait éprouvé son désir de l'épouser malgré tout, et il la savait sincère... Puis, il l'aimait profondément... Il ne pouvait pas envisager de l'abandonner, tant qu'elle avait encore besoin de lui à ses côtés... Le bonheur d'Arwel passait avant tout... Ainsi que la santé de l'enfant...

Près d'une heure plus tard, il allait mieux... Le bilan financier satisfaisant, il rangea ses affaires et cacha l'argent à sa place habituelle... C'est alors qu'on tambourina à sa porte :


Messire Mirandor, Messire Mirandor ! On a besoin de vous ! Messire Mirandor !

Il avait ouvert la porte, intrigué, et tomba nez à nez avec un jeune homme essoufflé... Sans doute avait-il couru pour chercher du secours chez Mirandor... Comme il avait appris la médecine, il n'était pas rare que l'on vienne le chercher pour porter secours... Alors que l'autre reprenait son souffle, le médecin l'interrogea :

Parles donc, que se passe-t-il ?

Pffffou, une jeune femme a été agressée... Shhh, besoin d'aide... Elle saigne !

Sans plus attendre, Mirandor partit chercher ses affaires... Il s'était préparé une petite sacoche dans laquelle il avait de quoi soigner les maux les plus courants... L'autre lui faisait déjà signe de le suivre, et ils partirent donc tous deux en courant... Le médecin ne se sentait pas bien, une angoisse qui n'avait rien à voir avec les souvenirs douloureux évoqués précédemment...

Ils arrivaient maintenant près de la scène, un peu à l'extérieur de la ville... Quelques personnes, intriguées par l'agitation, s'étaient rapprochées... Deux étaient agenouillées auprès de la victime, dont Somica... A son regard empli de détresse, Mirandor comprit... Etourdi par la vue du corps de sa fiancée, inerte, il se jeta à ses côtés, la suppliant de revenir à elle... Elle respirait à peine, mais la vie ne l'avait pas quittée... Du moins pas encore... Elle était allongée sur sa robe en lambeaux et recouverte d'une couverture... Instinctivement, Mirandor posa sa main sur le ventre d'Arwel, tout en la fixant du regard... Comme si elle allait revenir à elle... Mais il retira sa main, humide, et regarda le sang qui la recouvrait... Ses yeux se posèrent alors sur le ventre de la jeune femme qui tâchait la couverture...

Mirandor se releva brusquement, s'effondra contre un mur, puis vomi le maigre contenu de son estomac... Cette réaction n'était pas due à la vue du sang, mais plutôt à ce que cela signifiait... La bile lui brûlait la gorge, mais cette douleur n'était rien en comparaison à la peine qu'il ressentait en cet instant... Son enfant venait de lui être volé, et la vie de sa fiancée ne tenait plus qu'à un fil...

Sans doute n'était-il pas le meilleur médecin pour ce cas là, il était trop affecté pour traiter l'urgence convenablement... Il se demandait si Aristote lui en voulait... Qu'avait-il fait pour subir tant d'épreuves en si peu de temps ? Sans doute que concevoir l'enfant hors mariage n'était guère dans les mœurs...

La vue troublée, il n'entendait plus rien... Il sentit seulement une main sur son épaule... Il ne pouvait dire de qui il s'agissait et peu lui importait... Cela suffit toutefois à lui faire reprendre conscience de la gravité de la situation, et de l'urgence dans laquelle il se trouvait... Il se secoua, et revint en titubant auprès de la femme qu'il aimait par dessus tout... On lui apporta sa sacoche, ainsi qu'une bassine d'eau... D'autres tenaient quelques torches pour l'éclairer... Fort heureusement, il était assisté, car seul il n'aurait pas pu maîtriser la situation...

Il examina le corps dénudé d'Arwel, contrôlant sa nausée... La plaie était profonde, mais peu étendue et bien nette... C'était une arme légère, un couteau probablement qui avait provoqué la blessure au ventre... S'il n'y avait pas d'infection, elle survivrai... Mais il était sûrement trop tard pour le bébé... Il nettoyait la plaie, tandis que Somica s'occupait de l'entaille sur le derrière de la tête... Mirandor sutura l'abdomen, obligé de plonger profondément ses doigts dans les chairs de la Vicomtesse pour stopper l'hémorragie... Il ne pouvait faire plus, et il demanda à ce qu'on accompagne la jeune femme au couvent, où les soeurs pourraient prendre soin d'elle et où un autre médecin pourrait finir le travail dans de meilleures conditions...

Quelques hommes installèrent Arwel sur un charriot, et Mirandor s'installa près d'elle, abattu, pour contrôler à chaque instant les faibles battements de son cœur...


Ne me laisse pas seul Arwel, ne me laisse pas...
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Somica
Un appel au secours qui faisait écho sur chaque pan de mur des maisons des villageois et une prière pour qu'il arrive vers quelqu'un de compétent qui pourrait sauver Arwel. Quelques minutes mais qui semblaient une éternité, tenant toujours la tête de Wel entre ses mains, elle observait la moindre venue, puis une ombre...un visage familier....MIMI !!!...Un sourire s'afficha sur son visage...La petite wel était sauvée, son aimé, le meilleur médicastre du village que rêver de mieux...c'était certain, Arwel ne pouvait que survivre a cette agression.

Puis tout se mît en place, s'improvisant infirmière, elle s'appliqua a réparer le cuir chevelu de la duchesse, même si la vue du sang lui jouait quelques tours, elle donnait son maximum pour aider Mirandor. Appliqué il l'était lui en tout cas, il faisait de son mieux pour stopper l'hémorragie, n'hésitant pas entrer ses mains dans l'abdomen d'Arwel, puis demanda a ce qu'elle soit conduite au couvent...

So' les regardait attendrit par l'amour qu'il déposait sur sa fiancée comme un filtre de protection. Puis s'adressa a Mirandor pensant qu'il aimerait savoir ce qui s'était passé, du moins ce qu'elle avait vue.


Tu sais je n'es pas vue grand chose...on était en taverne avec Phel et tout s'est passé très vite. On a entendu des cris, très vite sur place...Phel a sortit sa dague pour éloigner le scélérat qui était allongé sur Arwel et la lame a ripé...le méchant a fuit et Phel l'a poursuivit....

Elle apposa son chaperon en dessous de la tête d'Arwel, puis s'installa a côté et ajouta tristement.


Ce n'est pas de sa faute pour le bébé, Phelim a seulement voulu faire fuir le tas de pourriture qui agressait Arwel...

Elle le regardait et compatissait a la tristesse qui marquait son visage.

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Mirandor
Après les quelques mots murmurés à Arwel, l'homme resta silencieux... Perdu dans ses pensées, il regardait tristement le visage de sa fiancée, tuméfié par les coups de l'agresseur... Il essuya doucement le sang qui perlait de sa lèvre ouverte, alors que Somica s'approchait du charriot... Mirandor leva la tête vers elle, mais son visage conserva l'expression désemparée qu'il affichait avant... La dioise s'adressa à lui, compatissante, pour lui donner quelques explications sur les événements :

Tu sais je n'es pas vue grand chose...on était en taverne avec Phel et tout s'est passé très vite. On a entendu des cris, très vite sur place...Phel a sortit sa dague pour éloigner le scélérat qui était allongé sur Arwel et la lame a ripé...le méchant a fuit et Phel l'a poursuivit....

Puis après s'être installée auprès d'Arwel, Somica continua tristement :

Ce n'est pas de sa faute pour le bébé, Phelim a seulement voulu faire fuir le tas de pourriture qui agressait Arwel...

Mirandor l'avait écouté distraitement, ne comprenant pas tout... Ce qu'il retint, c'est que Phelim eut un rôle à jouer, en bien et en mal... Mais l'heure n'était pas aux reproches, le médecin n'en avait pas la force... Le fait était qu'Arwel restait aux frontières de la mort... S'il l'avait pu, Mirandor aurait échangé sa vie pour éviter tant de souffrances à la jeune Vicomtesse, et épargner leur bébé... Et il redoutait le moment où il aurait à annoncer la terrible nouvelle à sa compagne...

Il remercia Somica, d'un léger signe de tête... Il espérait qu'elle comprendrait que malgré son manque de réaction, il lui était reconnaissant de ce qu'elle avait fait pour Arwel... Près d'une demi-heure plus tard, ils arrivèrent enfin aux portes du couvent, où des sœurs les attendaient... Ces dernières s'affairaient autours du charriot, apportant du linge chaud et quelques torches supplémentaires, puis Arwel fut évacuée... C'est à ce moment que Mirandor remarqua que la jeune femme avait définitivement perdu le bébé, par les voies naturelles, au cours du transport... Son cœur se serra un peu plus, comme s'il venait de s'arrêter de battre...

Celui d'Arwel ne s'était pas éteint, et c'est sans doute ce qui donna à Mirandor la force de contenir sa peine et de rester à ses côtés... Il l'accompagna dans l'enceinte du couvent, où il fut toléré... Il avait froid, il tremblait... Il s'assura qu'Arwel était bien couverte, et priait Aristote pour qu'elle survive à cette mésaventure...

Enfin on l'installa dans une salle plus chaude... La responsable du couvent, Sœur Gertrude, se présenta, mais Mirandor ne fit pas attention à son nom... Elle prit les choses en main, et posa toutes sortes de questions sur l'état de la Vicomtesse auxquelles le médecin répondit machinalement... Abattu, on le conduisit dans un autre endroit : désormais, le sort d'Arwel était entre les mains du Très-Haut...

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--Soeur_gertrude
Soeur Gertrude vaquait à ses occupations habituelles lorsqu'une des autres soeurs vint l'avertir d'un drame terrible :

SOEUR GERTRUDE !!!! SOEUR GERTRUDE !!!!!!! Venez vite... Vite... Un homme vient d'arriver... Il amène... Il amène... Vous savez... La Bienveillante !!! Vite... Son état est critique !!!!

Un instant, elle resta figée sur place... La Bienveillante ? L'ancien Gouverneur ? Mais... Que pouvait-il s'être passé... Elle courut à la suite de la religieuse. Elle s'arrêta sur le seuil de la porte, contemplative devant le triste spectacle qui s'offrait à son regard. Malgré l'urgence de la situation, la seule pensée qui lui vint à l'esprit fut "Quel bel homme ! Le chagrin le rend magnifique..." Un soupir et elle se secoua... C'était ça d'avoir renoncé à l'amour. Le premier homme qui passait, elle avait des petits coeurs qui lui dansaient dans les yeux.

Il fallait sauver la jeune femme pourtant, même si il semblait y être très attaché. Elle se présenta à lui, le questionna plus longuement que nécessaire. Il fallait le séparer momentanément d'Arwel, il devait se remettre de tout ce qu'il avait vu. Elle le fit conduire dans une autre salle où elle demanda qu'on fasse un feu, afin qu'il pût se réchauffer.

Soeur Gertrude quant à elle resta auprès de la jeune damoiselle. Elle devait survivre, sinon, cet homme si charmant en mourrait, elle l'avait lu dans son regard et jamais elle ne pourrait supporter cela, elle dont le coeur n'avait jamais battu. Elle pria toute la nuit au chevet d'Arwel qui ne semblait ni vouloir revenir ni vouloir mourir...


[Le lendemain matin...]

Dès le lever du jour, elle se fit remplacer au chevet de la Bienveillante. Elle alla droit aux cuisines afin de préparer un repas pour le gentil messire. Fébrilement, elle s'activait, les cuisines du couvent n'étaient guère garnies. Un peu de pain, un peu de lait, voilà tout ce qu'elle put trouver. Elle se dirigea vers la salle où on avait enfermé l'homme. Il eut été plutôt inconvenant qu'il eût pu se promener à sa guise parmi toutes ces religieuses. Elle ouvrit la porte, il dormait encore. La femme habituellement aigrie qu'elle était resta un instant contemplative, ses lèvres esquissant un sourire qui laissait paraître ses dents légèrement gâtées. Elle n'était plus toute jeune la Gertrude. Les yeux brillants, elle s'approcha enfin de lui pour le réveiller...

Messire... Messire... Réveillez-vous... Je vous ai apporté un peu de pain et de lait...

Elle déposa les maigres victuailles sur la table puis entreprit de donner des nouvelles de la Vicomtesse à son fiancé, non sans oublier de lui faire remarquer qu'elle avait veillé toute la nuit près d'elle...

J'ai veillé votre fiancée la nuit dernière... Son état... Il n'a pas changé... Malheureusement... Mais n'ayez crainte... C'est plutôt bon signe... Elle se bat pour survivre...

Elle lui jeta un regard compatissant et tenta un sourire rassurant.

Si vous le désirez, je vous conduirai près d'elle ensuite, je suis certaine que votre présence sera bénéfique. Et puis, il vaudrait mieux que quelqu'un qu'elle connaît soit avec elle, au moment où il faudra lui annoncer... pour l'enfant...

Ce qu'elle pouvait avoir du mal à maîtriser le trouble que lui procurait cet homme ! Pourvu qu'il ne se rendit compte de rien, il eut certainement trouvé son attitude déplacée. Pourtant, elle aurait aimé lui dire qu'elle désirait autant que lui la survie de la jeune femme qui gisait dans son lit un peu plus loin...
Mirandor
Le lendemain, au réveil, Mirandor était complètement déboussolé... Il ne se souvenait pas de comment il était arrivé dans cette chambre, sa dernière vision étant l'horrible visage d'Arwel, gonflé par les coups... Il se sentait fiévreux, et bien qu'il ne fît pas très chaud dans la chambre, il était en sueur... Il se redressa péniblement, afin de faire face à la sœur qui l'avait réveillé... Celle-ci déposa de quoi manger sur la table près de lui, puis lui donna des nouvelles de sa fiancée :

J'ai veillé votre fiancée la nuit dernière... Son état... Il n'a pas changé... Malheureusement... Mais n'ayez crainte... C'est plutôt bon signe... Elle se bat pour survivre...

Mirandor soupira, et se frotta les yeux lentement... Puis il regarda Gertrude, qui tentait de le réconforter d'un sourire, et il hocha la tête... Il n'était pas très étonné à vrai dire... La blessure au ventre ne poserait pas de problème si elle ne s'infecte pas... En revanche, les coups portés à la tête avaient dû être particulièrement violents, à en juger les contusions observées la veille... Elle pouvait alors rester inconsciente plusieurs jours durant avant de se réveiller... Si toutefois elle se réveillait... L'attente de connaître le sort de la jeune Vicomtesse commençait... Une attente insupportable, où il pouvait perdre tout ce qu'il avait en ce monde...

Il n'avait toujours pas parlé, regardant vaguement la sœur d'un air abattu... Il ne savait pas que répondre, et heureusement que Gertrude faisait la conversation à elle seule... Le silence aurait été bien pensant... D'ailleurs, elle reprenait :


Si vous le désirez, je vous conduirai près d'elle ensuite, je suis certaine que votre présence sera bénéfique. Et puis, il vaudrait mieux que quelqu'un qu'elle connaît soit avec elle, au moment où il faudra lui annoncer... pour l'enfant...

Oui, l'enfant... Fallait-il encore qu'il se fasse lui-même à l'idée... Il ne se souvenait même plus de la façon dont c'était arrivé... Il préfèrerait ne pas avoir à le lui dire... Après tout, elle le sentirait sûrement... Aussi, un simple regard suffirait et ils affronteraient ensemble cette terrible vérité sans avoir besoin d'en parler...

Mirandor hocha de nouveau la tête, puis se pencha pour toucher le bras de Sœur Gertrude... D'un air las mais reconnaissant, il murmura :


Merci ma Sœur, merci...
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--Soeur_gertrude
C'était désolation pour la pauvre soeur Gertrude de voir cet homme si désemparé.

Aussi, lorsqu'il se pencha vers elle et toucha son bras, elle crut que son coeur allait sortir de sa poitrine, tellement il battait vite et ses joues virèrent au rouge écarlate... Elle ne put que balbutier quelques mots en réponse à ses remerciements...


Mais messire... pas besoin de me remercier... c'est mon rôle de m'occuper des gens qui en ont besoin...

Elle se détourna rapidement, espérant que son trouble n'aurait pu être perçu par l'homme. C'était totalement inconvenant, surtout que sa fiancée luttait pour survivre non loin de là. Et c'était tellement risible qu'une religieuse de son âge s'amourache du premier venu. Les autres soeurs n'auraient pas fini d'en faire des gorges chaudes derrière son dos. Que le Très-Haut m'épargne cela, se disait-elle... Légèrement gênée, ne sachant comment masquer un trouble qu'elle connaissait pour la première fois, elle cherchait un prétexte pour s'éloigner de lui.

Vous voudrez bien m'excuser messire, je dois retourner à...

A quoi devait-elle retourner ? Elle n'en savait plus rien. Ayez pitié de moi, aidez-moi, Aristote ! Une grande inspiration...

A mes affaires...

Ah ! Bien Gertrude... Tes affaires... Bon, vaut mieux filer avant de finir de te ridiculiser...

Vous pouvez rester sous notre toit le temps qu'il faudra à... à La Bienveillante... pour se remettre... A plus tard messire...

La Bienveillante... Elle avait été incapable de dire votre fiancée... Dans sa hâte de sortir pour s'éloigner de l'horrible tentation que représentait cet homme pour elle, elle faillit rater la porte... Gertrude, reprends-toi ma fille... Elle se mit à courir jusqu'à son bureau...

[Le temps passe... Comment éviter la tentation incarnée pour une pauvre religieuse ?]

Les jours semblaient être des semaines pour la pauvre Gertrude qui ne savait plus qu'inventer comme prétexte pour éviter de rencontrer Mirandor. Dès qu'elle l'apercevait au détour d'un couloir, elle s'empressait d'avoir une excuse pour prendre la direction opposée. Les soeurs se demandaient ce qui la faisait courir ainsi à travers tout le couvent à longueur de temps. Elles ne l'avaient jamais vu déployer une telle activité.

Pendant ce temps, Soeur Gertrude se lamentait de ne pas voir la Vicomtesse de Clérieux revenir une bonne fois pour toute parmi les vivants... Les traces de contusion sur son visage commençaient à s'estomper, ça ne serait bientôt plus que mauvais souvenir, la blessure de son ventre cicatrisait normalement, mais elle ne se réveillait pas... A peine si on l'avait entendue gémir ça ou là. Elle était persuadée que le Très-Haut faisait cela pour la mettre à l'épreuve, à cause des sentiments coupables qu'elle nourrissait à l'égard du fiancé de la jeune femme... cela ne pouvait plus durer... D'un pas ferme et décidé, elle se dirigea vers la chambre de la jeune Arwel, si elle n'était pas réveillée, elle était bien décidée à tout mettre en oeuvre pour la faire sortir de son sommeil, la belle aux bois dormant... ça faisait assez longtemps qu'elle se reposait que diable !
Arwel
[Le jour où Soeur Gertrude est bien décidée à faire sortir Wel de sa torpeur...]

La douce Arwel oscillait entre conscience et inconscience depuis des semaines... Dès qu'elle commençait à refaire surface, les images horribles de son agression et la douleur qu'elle ressentait lui faisaient préférer retourner à la douce léthargie de l'inconscience, jetant toutefois de temps en temps un soupir qui laissait à penser qu'elle n'était pas bien loin...

Comment revenir et supporter la douleur de ce qui s'était produit ? Comment vivre après avoir été ainsi molestée ? Et cette brûlure qu'elle sentait dans son ventre bien plus vive et plus cuisante que celle qu'elle ressentait avant son agression, quand Mirandor et elle croyaient qu'elle ne parviendrait pas à porter leur enfant jusqu'au terme...

Leur bébé, l'objet de toutes leurs attentions depuis le jour où elle s'était rendu compte qu'elle était enfin enceinte... Dans un des rares moments de semi-conscience qu'elle avait, elle avait posé la main sur son ventre, comme pour s'assurer qu'il abritait encore ce petit être qu'elle désirait tant... ça serait un garçon, le portrait de son père, ainsi en avait-elle décidé. Alors qu'elle se laissait envahir par la langueur de son sommeil maladif, elle voyait déjà de quoi serait fait leur avenir... Leur enfant, choyé, grandissant auprès d'eux à Clérieux... Il devait avoir survécu à cette horreur, sinon, pourquoi vivre encore ?

Mais pour qu'il puisse naître, il fallait que sa mère ait encore l'envie de vivre. Cependant, elle ne parvenait pas à se raccrocher aux forces qui lui restaient pour revenir complètement, même si elle sentait que l'envie de vivre prenait le pas sur celle de s'éteindre pour tout oublier...

Un jour, toutefois, elle commença à ressentir sa présence à ses côtés, une main chaude qui prenait la sienne... Une chaleur qui montait de sa main pour envahir son corps... Il était là, près d'elle, celui qu'elle aimait plus que tout, plus que sa propre vie... Elle devait revenir pour lui... Chaque jour, elle sentait un peu plus cette chaleur qui s'emparait d'elle... La vie qui reprenait ses droits... L'envie de le voir, l'envie de lui parler, l'envie de le toucher, l'envie de l'aimer...

Elle doit ouvrir les yeux, elle le sait... mais c'est tellement difficile après les avoir gardés clos si longtemps... Le bruit d'une porte qui s'ouvre... C'est lui qui revient... Son amour... Elle veut le voir... Et soudain...


Aïe !!!

Premier mot qui sort de ses lèvres après tant de temps... Un pincement, oui, elle a senti un pincement... Quelqu'un l'a pincée... Ce n'est pas lui, jamais il ne ferait une telle chose... Elle ouvre les yeux et entrevoit une femme... Une religieuse... Une supplique passe alors ses lèvres, faible murmure :

Non... ne ... ne me faites pas mal... je... je vous en prie...

Arwel constate avec surprise que la soeur semble aussi déconcertée qu'elle, certainement qu'elle ne s'attendait pas à provoquer un tel effet... Après un instant de saisissement, la nonne s'enfuit en courant, hurlant à qui veut l'entendre :

ELLE S'EST REVEILLEE !!! VIITTTEEEE !!! UN MEDICASTRE !!!

Comme étonnée par tant d'agitation, la Vicomtesse reste un instant sans oser bouger, puis pose une main tranquille sur son ventre, persuadée que s'y niche toujours son futur enfant...
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