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Secret de famille

Clodeweck
[Dans la voiture des prélats, quelque part entre Laval et Felger.]

Le cardinal de Montfort n’avait guère ouvert la bouche depuis un long moment, il était ailleurs, absorbé par l’observation du paysage.
Les courbes à peine marquées du relief descendaient lentement vers le fond des vallées. Le paysage semblait tout entier immobile, comme un tableau.
Au gré des hameaux traversés, il apercevait des jardins, encore blanchis par l’hiver, on voyait ça et là quelques choux, des fruitiers aussi, paillés pour passer la mauvaise saison.
Les terre tremblait sous les roues de la lourde litière. Ils avançaient… La campagne et les paysages étaient prétextes à la méditation, à la quiétude.
Parfois un coup de vent , faisait voler les rideau de leur char, le froid de se début de printemps venait alors leur rappeler que l’hiver n’avait pas dit son dernier mot. Comme si la saison morte s’accrochait encore à vouloir marquer la terre et les homme de son emprise.
Il frissonna, s’enfonça un peu plus dans les fourrures , pour y trouver la chaleur qu’il ne trouva pas. Il regarda Verty, qui lui faisait face, les lèvres bleuies par la froidure, elle ne disait rien non plus.
Il pensa qu’il lui tardait, comme à lui de retrouver la douceur du climat breton, dont l’humidité valait mieux que les morsures du gel de France.
Il reporta, alors, son regard sur la campagne.
Il se décida enfin à briser le silence. Ce silence qui devenait aussi oppressant que le froid.


- Ma sœur, il faut que je t’entretienne de mon inquiétude.

Sans laisser à SE Verty le temps de répondre il continua, comme si elle avait accepté la chose. Il se connaissaient depuis si longtemps, elle aurait dit oui de toute façon. Il gratifia sa belle sœur d’un sourire crispé et continua.

- Un courrier m’a fait porter cette missive, je suis très inquiet pour Azilliz.

Joignant le geste à la parole, il sorti de sa manche un vélin roulé dont il avait fait sauter le scel

Veut tu le lire ? Préfères tu que je te lise son contenu ?

Il la regarda, attendant la réponse. Cachant mal, très mal, son air inquiet, de toute façon, que pouvait-il lui cacher, a elle ? Elle l'aurait deviné.
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Verty
[Dans la voiture des prélats, quelque part entre Laval et Felger.]

Verty, bleuie par le froid, amaigrie par la guerre de pouvoir en Berry, regardait devant elle le regard dans le vide.

Le froid se faisait sentir de plus en plus, il lui tardait d’arriver.
Demain Fougère, ensuite la capitale afin de s’y installer définitivement.

Ahhhhh la Bretagne, sa terre, celle qui l’avait accueillie, celle ou elle avait pleuré, rit, que de souvenirs. Rennes elle y avait été Veuve épleurée, abbesse, tavernière et tant de choses…
Si sa charge la maintenait le plus souvent en France, à la curie Romaine, ou dans d’autres lieux et le plus souvent sur les chemins, son cœur, son âme, son esprit, demeurait attachée à la terre de Breal -Montfort.

Ses gens, l’avaient suivi ne voulant rester en Berry.

Elle sursauta en entendant son beau frère et acquiesça d’un signe de tête, elle avait trop froid et pas un mot pouvait sortir de sa bouche.

C’est en regardant son ami de toujours qu’elle vit son air inquiet et fit un effort afin de lui répondre.


Je préfère entendre ta voix que de lire moi-même.

En fait ses doigts étaient gelés, et elle ne voulait pas les sortir.

Elle glissa à nouveau sous les lourdes peaux rêvant à un semblant de chaleur.
.
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Clodeweck
Le printemps n’était qu’une date sur le calendrier. Les hommes se trompent toujours à vouloir codifier une nature qui est plus forte qu’eux.
Ils avaient décrété que c’était le printemps. La nature, elle, avait décidé que cette année ce serait l’hiver. C’était l’hiver! Quel froid!
Ils en est comme ça depuis longtemps. La nature rend grâce à Dieu, les hommes décident parfois que Dieu n’existe pas. Qui sont-ils pour décider de cela ?…Il ne sont pas Dieu…Non, ils sont loin d’être Dieu…
La voix de Verty tira, Clodeweck des pensées dans lesquelles il s’était replongé.


- Ha oui…Bien sûr je vais te lire cela.

Lentement il déroula le vélin et en lu le contenu.

- « Mon Oncle, mon cher oncle,
Rentre vite j’ai besoin de te parler de toute urgence, c’est grave, très grave. Le très Haut puisse me venir en aide.
Ta nièce. Azilliz etc.. »
- Voilà ma mye, c’est tout. Pas la moindre explication, rien !
J’en suis très inquiet. Il n’est pas dans ses habitudes de m’appeler mon cher oncle. Elle a toujours été d’une irrévérence affirmée. De plus, depuis quand a-t-elle besoin de qui que se soit pour gérer une situation ?


Le père de Montfort cessa de parler quelques secondes comme s’il cherchait encore une réponse dans le silence.

- Je suis très inquiet. Ne serait-ce la lettre scellée d’elle-même, j’aurais cru que quelque un d’autre l’avait écrite. Qu’en penses tu ?
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Verty
Verty, changea de couleur passant du bleu au violet au rouge pour finir au vert.

Qu’est ce que sa petite fille avait bien pu encore faire !

- Etait elle souffrante, pire mourante ?
- Etait elle dans le besoin, avait elle perdu son diadème aux pierreries si précieuses ?
- Une tache à une de ses robes ?

Elle énuméra mentalement toute la liste de problèmes graves qu’elle pensait pouvoir toucher sa petite fille.

Amour… Non, amour ce n’était pas possible ! Azilliz étant plus prédisposée à devenir vieille fille qu’à faire tourner les têtes ça ne pouvait pas être un problème de cœur.
De plus le seul dans la noblesse bretonne qui lui trouvât quelques attraits était à la fois vieux marié et aveugle.

Argent… Elle ne pouvait pas avoir de problème d’argent non plus ! Les Montfort étaient virtuellement à l’aise. Virtuellement car leurs actifs étaient placé à la banque Bretonne et servaient à la Bretagne. C’était la seule famille dont les écus servaient à Breizh les autres familles s’étant empressé de récupérer les leurs pour servir la Bretagne.

Si Azi avait eu des problèmes d’argent, elle aurait fait comme d’autres Ducs, se servir.

Travail… Ce n’est pas le travail qui lui manque elle en a trop !

Santé… C’est peut être bien de ça qu’il s’agit ! Peut être est elle malade. A force de fréquenter n’importe qui, il y a des gens pas propres au duché de Bretagne. Ça doit être ça elle doit être malade !

Le visage de la cardinale se ferma et elle ne dit plus un mot, tourna et retourna ses pensées avant de sombrer dans un semi sommeil.

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Clodeweck
[en voyage, entre Fougères et Rennes]

Il avait regardé sa voisine essayer toutes les couleurs de l’arc-en-ciel avant de s’assombrir, puis de s’assoupir. Il ne doutait pas des questions qui devaient l’assaillir. Sans doute les mêmes qui l’assaillaient lui-même. Toute à ses réflexions, il n’avait pas vu la nuit prendre la place du jour, il ne s’en rendit vraiment compte qu’en voyant le disque lunaire briller de toute sa lumière entre deux arbres. C’était toujours une image impressionnante de beauté. Penser qu’il fait nuit noire, alors que la lune
donnait aux arbres aux rochers et autres reliefs des reflets bleutés, voir violacés.
La litière soudain ralentit…
Sans doute une cote.
La litière s’arrêta…
Il entendit des voix…


- Qui va là ?
- Messeigneurs, messeigneurs…
- Laissez approcher, cria le père de Montfort, passant là tête à l’extérieur, je crois le reconnaître.
La lune était assez claire. L’homme s’approcha de la litière, Clodeweck le reconnu sans problème. Il avait croisé cet homme à plusieurs reprises à Fougères. Bouchebée….c'était le dénommé Bouchebée

Comme il s’apprêtait à lui donner la bénédiction et lui demander ce qu’il désirait, l’homme se rua sur la bourse du cardinal et tenta de s’en emparer.

- Morbleu !


La crosse du cardinal qui devait servir à la bénédiction fini sa course sur le ladre aussi rapidement qu’un coup de pied la fini généralement dans le fondement d’un ivrogne pour le sortir d’une taverne.

L’homme ouvrit la bouche, lâcha la bourse, et se mit à chialer comme une lavette devant un soudard. Ce n’est pas la vision de cette lâcheté qui souleva le cœur du prélat, mais l’odeur…Ce brigand à la petite semaine s’était fait dessus tellement il avait de peur et il montait de ses braies une odeur nauséabonde ! Infecte.
Le chef de la garde du cardinal s’approcha l’épée à la main pour , sans doute, pourfendre le maraud.


- Laisse le aller, une bénédiction et il chiale comme une pucelle effarouchée il n’a sans doute que ses trippes dans les braies. Cette engeance ne vaut pas que tu salisse ton épée.

- Vos désir sont des ordres, Eminence, je marque donc sur mon rapport:

Citation:
un malfaiteur nommé Bouchebee (coefficient de combat 5) a tenté de vous détrousser. Vous lui avez infligé une bonne correction, et il est parti en boitant, après s'être excusé à genoux.


C'est à ce moment que SE Verty se réveilla
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Verty
Verty, sursauta en entendant parler Clodeweck.

Mais que se passe t’il et quel est c’est odeur nauséabonde ?

Passant la tête par la portière, La baronne eut juste le temps d’apercevoir un homme qui s’enfuyait en boitant tenant ses braies des deux mains.

Elle regarda son beau frère et attendit quelques explications sur les événements qui avaient troublé son sommeil.

Avec ce dur réveil, les questions sur sa petite fille revenaient en masse.

Elle sortit de sa manche un cordial et en bu une bonne rasade avant d’en tendre au primat.

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Clodeweck
Rien de grave, juste un brigand. Je l'ai reconnu parce que je l'avais déjà croisé à Fougères...D'un autre côté quoi de plus logique que de reconnaitre les gens que l'on a déjà croisés ?
Il a essayé de nous voler, plutôt que de gagner sa vie honnêtement...
Que veux tu que je dise de plus.
Certains trouvent que les brigands sont un mal nécessaire...
N'en parlons plus
Cela n'en vaut pas la peine.

Nous arrivons à Rennes, dans quelques heures nous pourrons , nous reposer de ce long voyage.

Je suis pressé, la fin du voyage va me paraitre longue.


Le père Clodeweck remonta les fourrures sourit à sa compagne de voyage et essaya de passer le reste du voyage sans trop penser.
Quelle nouvelle pouvait donc les attendre à Rennes ?

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Verty
Verty, fut rassurée par les explications du primat.

Ne pouvant se rendormir, elle profitait de l’aube naissante et dès les premières lueurs de celle ci regardait le paysage, contente de pouvoir enfin arriver.

Elle reconnu les odeurs, l’atmosphère, les effluves de la Vilaine, ça y était ils étaient enfin arrivé ; au loin on apercevait les remparts de Rennes.

Doucement elle murmura à son ami.

Nous y sommes, je vois la capitale !

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Clodeweck
Rennes enfin !

Le voyage fut long, plus long cette fois qu’à l’accoutumé, mais le retour n’en était que plus doux.
Le soleil, pale mais présent, était déjà très haut dans le ciel quand ils arrivèrent à Rennes, la nuit avait été longue.
Le père Clodeweck secoua doucement sa belle sœur, qui avait fini par s’endormir de nouveau entre le moment où elle avait aperçu les remparts et leur arrivée et attendit qu’elle se réveille.


- Demat !

Cela faisait bien longtemps qu’il n’avait entendu un mot de Breton, certes le latin est encore la langue la plus parlée dans le monde, même si le "vulgum" use de dialecte, mais cela fait tant de bien d’entendre la langue du Pays.

Descendant le premier de la litière le cardinal n’eut guère le temps de se retourner qu’une voix familière l’interpellait.


- Demat éminence.

Il n’eut pas le temps de lui tendre sa bague tellement la surprise fût grande.

- Ana ? Que fais tu donc là ? Ne vas pas me dire que tu nous attendais
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Anastriana
Il y a bien des choses pour lesquelles Ana peut laisser ses occupations séances tenantes pour galoper a bride abattue sur les routes bretonnes de toute urgence.
Mais la première d'entre elle, est sans nul doute la famille Montfort. Depuis des années qu'elle les côtoit, le hasard lui a finalement fait découvrir que ces personnes qu'elle considérait pratiquement comme sa famille pour la plupart... L'étaient vraiment.

Malheureusement, elle est parfois appelée pour ses talens de médecin plus particulièrement. Comme c'est le cas aujourd'hui.
Azilliz est une jeune fille très chère en son coeur. D'abord, sa soeur Niss, qu'elle veilla pendant ses derniers jours de souffrance, fut l'une de ses meilleures amies. Et puis elle se trouve être la fille de Naoned, qui avant certains évènements, se trouvait être également un ami sincère.

Le message avait été relativement court. "Ana, besoin de tes services de médecin de famille, peux-tu venir à Rennes?".
Le problème quand on est médecin sait qu'on ne sait jamais pourquoi on est appelé. ça peut être un ongle incarné ou le coeur qui déraille. De mal en pis. Du bobo à la tragédie. Il faut s'y faire, c'est ainsi.

Descendue de sa voiture, elle donne quelques ordres aux laquais, tandis qu'un autre attelage, entre dans la coure. Elle sourit, reconnaissant la livrée Monforz, se peut-il...

Elle s'avance, observe le cardinal descendre, et sourit largement.


"Demat Eminence!"

Il semble tout étonne le cardinal, forcément, Rohan, Rennes, ça demande un bout de chemin. Elle sourit plus encore à ses paroles et rit légèrement.

"Mon oncle je suis heureuse de te voir!"

Oui Ana ne vouvoie pas sa famille, elle les a considérés trop longtemps comme des connaissances ou des amis, c'est ainsi.

"Et non au risque de te de décevoir, je ne t'attendais pas! Je suis venue voir Azilliz, qui..."

Petit instant de réflexion, évitons de faire paniquer l'ancien, manquerait plus qu'il ait un coup au coeur!

"Qui a bien besoin de petites visites amicales en ces temps de politique troublée. Toutefois la joie est grande de te revoir!"

Puis sa fraichement Eminence Verty descend également, Ana la connait de vue mais là pour le coup ça vouvoie sec. Et elle comprend mieux. Clodeweck a dû aller la chercher dans son Berry, il l'avait prévenue, que Verty venait s'installer ici à Rennes.

"Demat Votre Eminence, mes félicitations pour votre récente promotion au sein de l'église.
Nous allons pouvoir entrer tous ensemble, voici qui fera grand plaisir à notre jeune duchesse!"


Elle embrasse sa bague, s'incline respectueusement, et les accompagne sur le chemin, parlant de tout et de rien, mais quand même un peu de son fils né il y a peu, comme elle l'avait annoncé à Clodeweck dans une récente missive. Et puis un peu du Berry, Ana étant désormais ambassadrice bretonne dans ce duché.
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Azilliz
[Grande salle du château de Montfort]

Azilliz fait les cent pas. La nervosité l'oppressant quelle s'agita ou reste immobile dans les fauteuils de la pièce, elle avait opté pour la première solution et parcourrait la pièce de long en large cherchant une solution introuvable.
Levant la tête, elle regarda Lemerco qui semblait rester impassible et le maudit intérieurement pour pouvoir être si calme.
Forcément, c'est sur elle que se jettera tout le discrédit et l'opprobre.

Le silence assourdissant de la pièce ne dissimula pas aux oreilles des présents les bruits d'une arrivée dans la Cour. La Montfort couru à la fenêtre et se pencha pour apercevoir si c'était "eux".
Hélas, c'était eux. Elle aperçut Clodeweck descendre de voiture, suivit de Verty, puis Anastriana qui devait les avoir précédés de peu, venir à leur rencontre


-Hannnn...

Sa plainte étouffée traduisit toute son inquiétude. Bon sang, Mamie est là aussi...A eux deux, les cardinaux vont me maudire jusqu'à la treizième génération...Son coeur bondissait tant dans sa poitrine qu'elle crût qu'il voulait en sortir, sa gorge s'assécha subitement, et dans un sursaut nerveux violent, elle se mit à hoqueter.

-Sa Grasce le Cardinal de Montfort, la Baronne de Breal-Montfort et la Dame de Coetlogon !

Azilliz se retourna fébrilement vers la porte, pâle comme la mort pendant que les annoncés faisaient leur entrée.
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Lemerco
[Grande salle du château de Montfort]

Lemerco se tenait droit comme un piquet. Le jour n’était pas à la fête, le temps non plus d’ailleurs. Un ciel désespérément maussade et grisâtre stimulait les crispations et l’ambiance déjà lourde régnant entre la duchesse et Lem. Le voyage pour se rendre ici ne fut guère agréable. En effet, une chamaillerie avait éclaté entre les deux sur le sujet qui allait être mené au cours de cette journée qui s'annonçait très difficile. Le trajet s'acheva tel qu'il avait commencé... c'est-à-dire de façon tendue. Rejoignant la grande salle du château Montfort, chacun avait pris position. Loin de la bonne humeur et la jovialité habituelle de la jeune vicomtesse, Lemerco tenait compagnie à une Azilliz songeuse et angoissée. L’atmosphère tendue traduisait donc un mal-être que malheureusement la légèreté, les facéties et l’humour décalé de l’homme n’arriveraient pas à dissiper. Un silence de plomb s’était déjà installé entre les deux protagonistes, et malgré la volonté de Lem de le briser, il s’est finalement résolu à attendre comme elle sans mot dire... Ce silence était oppressant… un silence témoignant du caractère relativement insoutenable des tensions et des anxiétés tiraillant des esprits d’accoutumée joyeux.

La duchesse ne tenait pas en place. Il aurait voulu placer une boutade du genre "Diantre, vous oubliez votre noblesse là... vous avez déjà dépassé votre quota de marche hebdomadaire!", mais finalement s'abstint. Finalement, un bruit au-dehors témoigna de l'arrivée des personnes conviées à la petite réunion. Comment en étaient-ils arrivés là... qu'allait-il advenir maintenant... que de questions qui allaient être soulevées au grand damne d'Azillz, et de Lem. Il entendit la complainte de la duchesse, ce qui laissait deviner sa détresse. Lâchant un soupire discret, il essaya de se changer les idées, afin de paraitre calme et détendu.


-Sa Grasce le Cardinal de Montfort, la Baronne de Breal-Montfort et la Dame de Coetlogon !

Lemerco porta son attention sur la grande porte par laquelle s’apprêtaient à entrer les membres conviés. Anxieux et tiraillé par le remord, il s'essaya à penser à la tête que son ami Momo fera quand il apprendra tout ceci... ce qui eut pour effet de générer un sourire timide, un rictus qui pouvait laisser deviner, à tort, un certain calme, une certaine sérénité.
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Verty
[Arrivée au château]

A peine descendue de la litière, elle n’eut pas le temps de saluer qui que ce soit que déjà il fallait qu’elle y remonte, direction le château Montfort.

Elle remercia Anastriana, la félicita de sa nomination au Berry et fit une bénédiction rapide remontant de mauvaise grâce dans la voiture.

Elle dut user de toute la diplomatie dont elle était capable pour obtenir le droit d’aller dans ses appartements se débarrasser de la fatigue et de la crasse du voyage.


Vous m’avez attendue assez de temps pour pouvoir patienter encore un moment et me laisser apprêter correctement.

Après avoir prit le temps de se rafraichir et de s’apprêter, la cardinal rejoignit son beau frère et c’est ensemble qu’il pénétrèrent dans la grande salle au moment ou il était annoncé :


Citation:
-Sa Grasce le Cardinal de Montfort, la Baronne de Breal-Montfort et la Dame de Coetlogon !

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Clodeweck
Clodeweck serra les points, derrière son dos, puis après avoir laissé le comité d’accueil baiser l’améthyste il finit par mettre ses mains dans ses manches, tenue habituelle des ecclésiastiques qui cachent ainsi leurs mains les protégeant du froid en même temps qu’ils se permettent
de serrer les poings sans être vus.
Je suis calme, un cardinal, cela reste calme, cela ne jure pas non plus, cela sourit poliment aux gens qui l’emmièlent même et surtout s’ils sont de la famille. Mais vont-ils me fiche la paix Non de D….lui de Non de Lui !
Se ravisant tant bien que mal c’est un cardinal de Montfort à deux doigts de l’explosion qui remonta dans la voiture jusqu’au domaine de Montfort.
Tiraillé entre l’inquiétude des mauvaise nouvelles, des graves nouvelles, même, annoncées, et l’agacement que d’être obligé de faire acte de présence protocolaire alors qu’il n’aspirait qu’au repos il entra chez lui avec une ire contenue mais violente.
Cela empira encore quand « madame la Baronne » et néanmoins cardinal de Montfort elle aussi, fit un caprice pour aller faire ses ablutions.
L’attente fut désagréable, longue, tendue…
Lorsqu’elle descendit enfin et ce décida à entrer dans la salle c’est avec une mauvaise humeur comme il n’en avait point connue depuis longtemps qu’il entra accompagnant ainsi ses dames Verty et Anastriana.
Son humeur était telle qu’il s’adressa sèchement à l’huissier de service.


- Mon fils lorsque l’on fait des annonces ont les fait complètement et correctement, ou bien l’on change de travail. Si tu préfères le travail des champs continue comme cela et tu regretteras vite ta place au chaud quand tu rejoindras les autres à herser par temps de frimas !

C’est donc un Clodeweck froid comme un marbre de Carrare qui entra dans la salle.
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Azilliz
Les trois entrèrent comme entre un jury du jugement dernier pour Azilliz, elle fit quelques pas vers eux et plongea en révérence, tremblante comme une feuille, blême et secouée par ce maudit hoquet.

-Mon Suzerain, ma chère aïeul, ma douce cousine...hic

Elle se releva, hésitante et maladroite.

-Je
Sa gorge se noua et il lui fallu une seconde pour reprendre la parole
-Je vous ai demandé votre aide pour un hic problème grave.

Mais comment vous dire çaaaa ! Azilliz hésite, bredouille, baragouine, flatte sa grand mère pour son odeur, sa cousine pour sa toilette, son grand oncle pour les vingt ans de moins qu'il parait...Mais quand il faut y aller...

-En fait...hic A vrai dire...Pour ainsi parler...Si l'on hic veut...Dans un sens...Pour être claire...hic

Les secondes meurtières s'enchainent pendant lesquelles la Duchesse de Bretagne s'embourbe dans des commencements de phrases inachevées qui alourdissent l'ambiance et coupent tout son courage de leur annoncer clairement ses soupçons. Et l'autre empoté dans le coin qui ne dit mot...
Oh et puis non, qu'il se taise, c'est bien mieux. Un mouvement de tête de Clodeweck fait tressaillir Azi en ce qu'elle y voit le reflet de son agacement d'avoir fait tout ce chemin pour l'entendre balbutier. A corps perdu, foutue pour foutue, elle se lance.


-Voilà, hic je...suis...souffrante. Ouais bien ça !
Je...perd hic connaissance et il m'est impossible de tolérer la cuisine hic de quiconque.
La duchesse se garde de préciser que cet effet ne l'inquiète nullement lorsqu'il s'agit d'avaler des plats préparés par Lemerco.

Honteuse d'en dire plus, elle croisa les mains dans son dos, baissa la tête et murmura dans un étranglement.
-Par ailleurs, j'ai besoin d'un confesseur parce que ça ne va pas du tout !
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