Clémence de l'Epine
Le banquet de funérailles s'était terminé. Chacun allait rentrer chez soi. Ceux qui séjourneraient encore un peu à l'Épine regagneraient les appartements qu'on leur avait attribués. Ceux qui auraient accepté l'invitation de la demoiselle de l'Épine pour la nuit feraient de même.
Et déjà, Clémence devait se faire à l'idée de se retrouver seule, bientôt. Ou bien plus qu'elle ne l'avait été en ce jour de souvenirs, de prières, de mémoire. Il y avait, pourtant, bien des conversations qu'elle aurait voulu avoir et qu'elle n'avait pas encore pu amorcer. Des discussions plus personnelles, une avec chacun de ses hôtes du jour, qu'il n'est pas possible de mener entouré de toute part. Il faudrait se résoudre, pourtant, à tous les laisser partir, et préférer un autre jour, un autre moment, pour entamer une conversation plus... profonde.
Mais il en était une, qu'elle ne pouvait ainsi laisser échapper. Pas une nouvelle fois. Le Languedoc était bien loin de la Champagne, et c'était déjà une chance, que de voir ces deux têtes rousses ici même, à l'Épine. Elle l'avait manquée à Aix-la-Chapelle. Le feu follet ne lui filerait pas cette fois-ci entre les doigts.
Un à un, ils quittaient la salle de réception, et Clémence patientait sur le seuil de la porte, ayant un sourire pour chacun, un mot de remerciement et d'amitié avec. Et quand ce fut au tour de la jeune Vicomtesse de Cauvisson -qui l'était, oui, contre toutes attentes, contre les siennes, en tout cas- lorsque donc ce fut elle qui se porta à sa hauteur, la demoiselle de l'Épine se pencha un peu en avant pour obtenir de Jehanne-Elissa toute l'attention possible.
Damoiselle de Volpilhat, permettez que je vous dise quelques mots ... ?
Était-ce réellement une question, à laquelle elle attendait une réponse ? Si tel avait été le cas, Clémence aurait pu aussi prévoir un refus, et pourtant, dans sa manière d'agir, rien ne laissait pressentir qu'elle ait pu en avoir conscience. Parce-qu'elle passa autour des épaules de la jeune fille un bras qui ne l'effleurait qu'à peine et dont le mouvement possédait à la fois un élan protecteur et une volonté ferme de voir la petite Volpilhat obéir à sa pression. Délicatement mais résolument, Clémence guida l'héritière de Marguerite et Louis à l'écart des oreilles. Elle eut un regard pour Catalina, mais aussi pour ceux qui avaient accompagné les deux jeunes filles jusque l'Épine. Un regard indiquant qu'ils n'avaient pas à s'inquiéter. Un regard engageant.
Et puis, elle porta à nouveau son regard azur sur le visage encore enfantin de Jehanne. D'abord, elle tenta de deviner les sentiments qui pouvaient l'animer en ce moment même : peur ? colère ? curiosité ? Mais ensuite, elle s'attarda sur les traits de celle que l'on nommait "Volpilhat" mais qui était tout autant "Appérault". Qu'avait-elle hérité de son père, alors que tout ce qu'on voyait d'elle rappelait Margot, et avant tout, cette chevelure flamboyante qui caractérisait les Volpilhat ? Nouveau coup d'il vers Catalina. Et un soupir. Bref. Triste, mais également résigné.
Excusez mon attitude un peu brusque. Mais j'avais très envie de vous parler juste un instant. La blonde eut un sourire contrit pour la rousse, et un moment, on aurait dit que l'aînée prenait la place de la cadette alors qu'elle se confondait en excuses suite à un piètre comportement.
Damoiselle... Pourquoi êtes-vous ici aujourd'hui ? Pourquoi vous ai-je fait parvenir l'annonce des funérailles de ma chère mère ? Elle avait hésité à conclure la question par un "à votre avis", mais non : cela aurait pu lui laisser penser qu'il y avait une bonne réponse, comme une mauvaise, alors que Clémence voulait simplement que l'enfant réponde avec franchise. Sa réponse pourrait amorcer le sujet qu'elle souhaitait aborder avec elle.
Et déjà, Clémence devait se faire à l'idée de se retrouver seule, bientôt. Ou bien plus qu'elle ne l'avait été en ce jour de souvenirs, de prières, de mémoire. Il y avait, pourtant, bien des conversations qu'elle aurait voulu avoir et qu'elle n'avait pas encore pu amorcer. Des discussions plus personnelles, une avec chacun de ses hôtes du jour, qu'il n'est pas possible de mener entouré de toute part. Il faudrait se résoudre, pourtant, à tous les laisser partir, et préférer un autre jour, un autre moment, pour entamer une conversation plus... profonde.
Mais il en était une, qu'elle ne pouvait ainsi laisser échapper. Pas une nouvelle fois. Le Languedoc était bien loin de la Champagne, et c'était déjà une chance, que de voir ces deux têtes rousses ici même, à l'Épine. Elle l'avait manquée à Aix-la-Chapelle. Le feu follet ne lui filerait pas cette fois-ci entre les doigts.
Un à un, ils quittaient la salle de réception, et Clémence patientait sur le seuil de la porte, ayant un sourire pour chacun, un mot de remerciement et d'amitié avec. Et quand ce fut au tour de la jeune Vicomtesse de Cauvisson -qui l'était, oui, contre toutes attentes, contre les siennes, en tout cas- lorsque donc ce fut elle qui se porta à sa hauteur, la demoiselle de l'Épine se pencha un peu en avant pour obtenir de Jehanne-Elissa toute l'attention possible.
Damoiselle de Volpilhat, permettez que je vous dise quelques mots ... ?
Était-ce réellement une question, à laquelle elle attendait une réponse ? Si tel avait été le cas, Clémence aurait pu aussi prévoir un refus, et pourtant, dans sa manière d'agir, rien ne laissait pressentir qu'elle ait pu en avoir conscience. Parce-qu'elle passa autour des épaules de la jeune fille un bras qui ne l'effleurait qu'à peine et dont le mouvement possédait à la fois un élan protecteur et une volonté ferme de voir la petite Volpilhat obéir à sa pression. Délicatement mais résolument, Clémence guida l'héritière de Marguerite et Louis à l'écart des oreilles. Elle eut un regard pour Catalina, mais aussi pour ceux qui avaient accompagné les deux jeunes filles jusque l'Épine. Un regard indiquant qu'ils n'avaient pas à s'inquiéter. Un regard engageant.
Et puis, elle porta à nouveau son regard azur sur le visage encore enfantin de Jehanne. D'abord, elle tenta de deviner les sentiments qui pouvaient l'animer en ce moment même : peur ? colère ? curiosité ? Mais ensuite, elle s'attarda sur les traits de celle que l'on nommait "Volpilhat" mais qui était tout autant "Appérault". Qu'avait-elle hérité de son père, alors que tout ce qu'on voyait d'elle rappelait Margot, et avant tout, cette chevelure flamboyante qui caractérisait les Volpilhat ? Nouveau coup d'il vers Catalina. Et un soupir. Bref. Triste, mais également résigné.
Excusez mon attitude un peu brusque. Mais j'avais très envie de vous parler juste un instant. La blonde eut un sourire contrit pour la rousse, et un moment, on aurait dit que l'aînée prenait la place de la cadette alors qu'elle se confondait en excuses suite à un piètre comportement.
Damoiselle... Pourquoi êtes-vous ici aujourd'hui ? Pourquoi vous ai-je fait parvenir l'annonce des funérailles de ma chère mère ? Elle avait hésité à conclure la question par un "à votre avis", mais non : cela aurait pu lui laisser penser qu'il y avait une bonne réponse, comme une mauvaise, alors que Clémence voulait simplement que l'enfant réponde avec franchise. Sa réponse pourrait amorcer le sujet qu'elle souhaitait aborder avec elle.