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Info:
Clémence a 13 ou 14 ans, ce RP se passe donc antérieurement à tout ce que peut vivre actuellement le personnage ("vieux" rp sorti de sous les fagots)

Arrivée en terres meldoises

Clémence de l'Epine
Un convoi discret mais bien fourni, qui mélangeait les couleurs de Villorceau à celles de la famille de l'Epine, avait passé les portes de Meaux. On l’avait guidé vers le château et ce fut donc dans la cour que la jeune Clémence posa son pied gracile. Elle lança à la ronde un léger regard, alors que, malgré elle, un sobre sourire venait saluer la bâtisse qui l’avait déjà accueillie quelques temps plus tôt. Une éternité plus tôt. Une éternité qui l’avait changée.

Elle était alors venue pour Louis, pour ses noces, et voilà qu’elle y revenait une nouvelle fois, pour lui aussi, indirectement. Il aurait été heureux de savoir qu’elle se préoccupât ainsi de son père, le Vicomte de Meaux. Cet homme qu’elle ne connaissait qu’à peine, en fait, malgré les liens évidents qui le liaient à sa propre famille : Un passé commun, illustré par le souvenir d’un homme peu ordinaire, comme on le lui décrivait. Son grand-père. Une fille, qui était sa marraine mais également la filleule de la Marquise de Nemours, sa mère. Un fils, pratiquement élevé à l’Epine, qui fut écuyer du père et pupille de l’épouse de ce dernier… Ce fils, pour qui elle cultivait une affection particulière, une sorte d’amitié fraternelle, complice et rassurante.

Non : elle ne se sentait pas vraiment étrangère, en ces lieux. Et le fait d’avoir demandé un entretien avec le Seigneur de ce domaine lui avait paru naturel. Elle ne s’en trouvait pas même intimidée, alors qu’elle aurait pu. Il était bien plus âgé qu’elle, l’âge de son père, sans doute, ou si peu de différence. Il avait eu le temps d’accumuler un savoir que Clémence envierait toujours aux plus vieux. Il avait vécu, oui, mais elle n’était pas effrayée de devoir lui parler. Depuis quelques jours, elle avait cessé de se préoccuper de ses craintes secrètes, celles qui se traduisaient par une peur de ne pas se trouver à la hauteur de certaines attentes. Cette peur de décevoir… Elle l’avait enfouie pour un moment, se refusant à la laisser la détruire.

La demoiselle fit quelques pas en avant, le port fier et la démarche aérienne qui, néanmoins, ne parvenaient pas à estomper cette lueur amère au fond de ses yeux, ni cette impression d’égarement, d’absence, qu’inspirait ce même regard. Elle s’arrêta : il faudra que ce soit les gardes qui s’amènent à sa hauteur, désormais. Elle n’avait pas l’intention d’aller plus loin, ni même d’élever la voix.
Gabriel de Pierrefonds
*Clémence de l'Epine ? ... Clémence de l'Epine ? ... Clém ... ah oui ça me revient ... Pfff ! J'ai pas que ça à faire.*

Quelques jours auparavant, le vicomte avait prévenu Gabriel de la visite d'une jeune dame. Le capitaine s'en serait bien passé. Non que le présence de la ravissante demoiselle - il avait fini par remettre un visage sur son nom - le dérangea, au contraire ; mais cela signifiait aussi du travail en plus.

En l'absence de chambellan, quelques gardes triés sur le volet s'occupaient habituellement de l'accueil des personnalités ; mais comme par hasard ces cons-là avaient pris leur RTT mais une bonne partie de la garde était partie en manœuvre pour se dérouiller un peu, ne restait plus au château qu'un corps défensif réduit composé de rustres qu'il valait mieux éloigner. Gabriel devait donc accueillir la damoiselle lui-même.

Il se souvint aussi que les cadavres de quelques importuns croupissaient dans des cages suspendues près des portes de la ville. Il les avait fait enlever rapidement, ce n'était sûrement pas le genre de message que le vicomte souhaitait faire passer à sa délicate visiteuse.

Quand le convoi s'approcha du château, Gabriel fut prévenu par un garde à qui il rappela que lui et ses collègues devaient se faire discrets. Il gagna la cour et attendit. Le convoi entra dans l'enceinte, un gracieuse et altière jeune femme fit quelques pas en direction de l'hôtel puis s'arrêta, semblant attendre quelque chose.

*Qu'est-ce que je dois faire ? Je suis militaire, pas diplomate.*

Gabriel ne connaissait rien au protocole, il voulait éviter de faire une erreur. Ses yeux croisèrent alors le regard avenant de la jeune fille, cela le rassura.

*Allez mon gars, c'est qu'une gamine, tu vas pas te laisser impressionner.*

Gabriel s'approcha de Clémence d'une démarche légèrement rigide :


Damoiselle, bienvenue à Meaux. Je suis Gabriel de Pierrefonds, capitaine de la garde. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, faites le moi savoir.

Avant de l'inviter à le suivre, il attendit une réponse de la jeune femme qui avait peut-être quelques exigences à soumettre avant de rencontrer le vicomte.
Clémence de l'Epine
Capitaine de la Garde ? Le fait qu’on ait pris cette peine pour l’accueillir lui arracha un sourire satisfait. On aurait très bien pu lui envoyer un garde rustaud et elle n’aurait sans doute pas aimé la façon dont il lui aurait parlé. Mais bon, elle était tout de même chez un grand Seigneur Champenois. Peut-être celui-ci choisissait-il mieux sa garde que les autres… Qu’importe, le Capitaine de la Garde était là en personne, et cela comblait toutes ses attentes.

Le bonjour, Capitaine. Vous devez le savoir, j’ai été gracieusement invitée par le Vicomte. Serait-il disponible dès maintenant pour me recevoir ? Je ne sais s’il sied à quelqu’un de votre fonction de me conduire jusqu’à lui mais…
Rapidement, Clémence s’était souvenue de la tragédie qui s’était abattue sur Meaux. Y restait-il quelque femme, d’ailleurs, qui soit capable d’égayer les jours du Vicomte ? Son épouse était passée, puis celle qui avait été son Chambellan, à cause de cette guerre stupide. Sevria de Marbeuil. Elle se souvenait de son nom. Elle en avait parlé à Louis, justement. Qui lui avait révélé que cette Dame avait su se faire apprécier de son père. Il devait se sentir bien seul, désormais.

… mais s’il n’y a personne pour se charger de cela à votre place, alors je vous suivrais avec plaisir.

Elle fronça les sourcils, réfléchissant, et reprit, avant qu’il ne se mette à son tour à parler :

Je n’ai besoin de rien, je vous remercie, mais vous plairait-il de m’apprendre dans quelle humeur se trouve actuellement notre Vicomte ? Y’a-t-il des choses dont il vaudrait mieux éviter de lui parler ? Je ne le connais pas vraiment et je ne voudrais lui déplaire, comprenez-vous. Même si je ne pense pas qu’il puisse m’arriver grand mal. Je suis ici pour lui parler de son fils.

C’était incroyable, la voilà qui se mettait à parler sans retenue, elle qui pendant des jours avait fermé la bouche pour se terrer dans un mutisme qui mettait les gens de l’Epine mal à l’aise. A vrai dire, elle était presque heureuse de se trouver ici. Pourtant, elle s’était promis d’attendre, avant de ressentir colère, joie ou tristesse. Il semblerait qu’en ce moment tout était fait pour la pousser à revivre. Etait-ce un mal ?

Clémence eut un petit sourire en direction de Gabriel, l’encourageant à lui répondre, s’excusant silencieusement, dans un même temps, de ses questions peut-être un peu indiscrètes.
Gabriel de Pierrefonds
Le bonjour, Capitaine. Vous devez le savoir, j’ai été gracieusement invitée par le Vicomte. Serait-il disponible dès maintenant pour me recevoir ? Je ne sais s’il sied à quelqu’un de votre fonction de me conduire jusqu’à lui mais…

Une légère hésitation ponctua les salutations de la damoiselle. Même si le rôle habituel de Gabriel se bornait à vérifier que les visiteurs ne représentaient aucune menace, cela ne le dérangeait pas d’accueillir les hôtes de marque. Mais il lui revenait parfois à l’esprit qu’il ne faisait que combler partiellement un cruel vide.


… mais s’il n’y a personne pour se charger de cela à votre place, alors je vous suivrais avec plaisir.


Clémence semblait être une jeune femme perspicace. Elle avait du apprendre la triste nouvelle qui touchait Meaux et avait compris que le capitaine et sa garde faisaient ce qu’ils pouvaient pour palier le manque de chambellan. Gabriel s’apprêta à lui montrer la voie quand elle reprit la parole :


Je n’ai besoin de rien, je vous remercie, mais vous plairait-il de m’apprendre dans quelle humeur se trouve actuellement notre Vicomte ? Y’a-t-il des choses dont il vaudrait mieux éviter de lui parler ? Je ne le connais pas vraiment et je ne voudrais lui déplaire, comprenez-vous. Même si je ne pense pas qu’il puisse m’arriver grand mal. Je suis ici pour lui parler de son fils.


Gabriel rendit son sourire à Clémence. Il manquait un peu de fraîcheur en ces murs, aussi il ne s’offusqua pas de la spontanéité et de la curiosité de la jeune femme. Ses questions trahissaient sa légère inquiétude à l’idée de s’entretenir avec le Vicomte, Gabriel se voulut rassurant :


Le vicomte est d’humeur maussade. Il quitte rarement ses appartements où il passe son temps à étudier de vieux manuscrits. Mais ne vous inquiétez pas, cela se passera bien. Vous l’avez dit vous-même, il vous à inviter ; je crois que votre visite lui changera les idées.

Gabriel se souvint qu’il avait croisé Clémence en gargote pendant la dernière campagne électorale, s’intéressait-elle déjà à la politique à son âge ? Peu importe, mieux valait la mettre en garde.

Je vous conseille simplement d’éviter de parler politique, je crois qu'il est las de ce qui se passe actuellement à Reims et à Paris. Sauf si c’est lui qui met le sujet sur la table. Dans ce cas, parlez franchement ; il n’aime pas les lèche-b … les hypocrites et les courtisans. Devant une personne de votre éducation, il saura se montrer courtois même si vos opinions divergent. Concernant son fils, je ne le connais que de nom. Je suis incapable de vous dire s’il y a des sujets à éviter.

Voilà tout ce qu’il pouvait recommander, il était de toute façon persuader que tout se passerait bien, pas la peine de l’étouffer de conseils qui ne la rendraient que plus anxieuse. Gabriel se porta alors au côté de Clémence et fit un geste en direction du château :

Vous siérait-il de me suivre ? Le vicomte peut vous recevoir immédiatement, à moins que vous ne préfériez vous reposer après votre voyage ?

Il attendit la réponse qui déterminerait leur prochaine destination.
Clémence de l'Epine
Ses yeux clairs s’animèrent un peu, une petite lueur amusée y vit le jour.

Je ne suis pas inquiète à l’idée de le rencontrer, j’aimerais juste éviter de lui causer davantage de soucis en évoquant des sujets qu’il ne souhaiterait pas aborder. Je sais qu’il a dû supporter la perte de deux femmes de son entourage proche –le Très-Haut veille sur elles-, cela doit déjà être assez difficile à vivre, ce n’est pas pour qu’en plus je vienne à l’ennuyer davantage par ma conversation.


Elle eut un léger rire teinté de mépris qui introduisait la suite de ses paroles :


Quant à la politique, je ne risque pas de m’égarer sur ce terrain. Je n’y entends goutte, ou plutôt, je ne prends pas la peine de m’y intéresser. J’aime juste à rire de ces quelques pantins qui gesticulent, tentant de crier plus fort que les autres pour attirer sur eux l’attention. Car mieux vaut en rire, je suppose. Ne vous en déplaise, j’espère. J’entretiens tout de même le doux espoir que certains d’entre eux soient habités par autre chose que l’ambition et l’orgueil. Mais ma mère m’a toujours gardée de trop m’approcher de ça. De ce qui l’a détruit, il y a déjà quelques années. La politique…


Son corps s’était tendu, en prononçant ces derniers mots. Elle, qui était tant attachée à ses racines, avait bien du mal à admettre que sa mère ait pu souffrir du comportement égoïste de certaines personnes. La politique était un jeu bien dangereux, oui. Et mieux valait s’en tenir éloigné.

Mais elle avait déjà trop parlé, elle ne devait pas non plus se perdre en pensées, maintenant.


Je peux vous suivre, Capitaine, il me tarde d’avoir cet entretien avec le Vicomte et sans doute attend-il également avec impatience des nouvelles de son fils. J’ai connu voyage plus rude, je saurais m’en remettre vite. Je vous en prie, allons-y.
Conclut-elle avec un sourire poli.
Gabriel de Pierrefonds
Ce n’est pas parce qu’une personne est décédée qu’il ne faut plus en parler. Je ne doute pas que vous aurez la délicatesse nécessaire pour aborder ce sujet. Présentez-lui vos condoléances et observez sa réaction, vous saurez si vous pouvez l'entretenir de nos disparues.

A l’évocation du monde politique, la damoiselle fut prise d’un rire dédaigneux avant de se crisper.

De ce qui l’a détruit, il y a déjà quelques années. La politique…

Vous me voyez désolé pour votre mère … mais dans son malheur elle vous aura au moins donné de quoi méditer. Vous faîtes preuve de beaucoup de sagesse pour votre âge. J’étais arrivé aux mêmes conclusions que vous, mais il m’a fallu un mandat de conseiller ducal pour m’en convaincre définitivement. A une différence près peut-être : condamnez les orgueilleux et les envieux si vous le voulez, mais ne soyez pas si prompte à juger les ambitions ; l’ambition est une vertu quand elle conduit à exceller. C’est bien là le souci d’ailleurs, l’ambition rend la plupart de nos notables impatients et jaloux, et ils ne s’embarrassent pas avec l’excellence. En fin de compte, je garde un goût amer de cette expérience politique, je suis déçu de ce que j’ai fait – ou plutôt de ce que je n’ai pas fait - mais j’ai appris beaucoup sur les Champenois en général … eux aussi m’ont déçu.

La capitaine se rendit compte qu’il assommait la pauvre Clémence avec ses états d’âme, qui plus est sur un thème qui ne l’intéressait pas.

Veuillez excuser mon verbiage, nous recevons peu de visite alors je deviens vite bavard quand je vois un visage nouveau.

Gabriel s’apprêtait à accompagner Clémence à l’intérieur de l’hôtel, mais il se ravisa et l’invita d’un sourire satisfait à prendre une autre direction :

Il me vient une idée. Si cela vous agrée, le vicomte pourrait vous recevoir dans le parc du château. Le ciel est plutôt clément et il a besoin de prendre l’air … Prenez donc un peu d’avance, le parc est par là ... Je fais mander le vicomte puis je reviens vous tenir compagnie.
Clémence de l'Epine
Clémence n’eut pas même le temps de répondre au Capitaine que déjà il s’en était allé vers la demeure vicomtale. Un instant interloquée, elle laissa son regard courir dans la direction que lui avait indiquée Gabriel. Bien, elle irait donc, puisqu’on ne lui laissait pas d’autre alternative.

Pas à pas, hésitante, comme si elle ne voulait rien entreprendre de trop audacieux, comme si le seul fait de devoir se rendre d’elle-même dans un endroit qu’elle ne connaissait pas lui demandait du courage, elle se rapprocha du jardin.
Clémence de l'Epine
D'un retour



Clémence a écrit:
Conflans-lès-Sens, le XVIIè jour des Calendes de septembre de l'an MCDLVI,


Vicomte,

Après réflexion de ma part et approbation muette de mes parents j'ai décidé de me rendre à Meaux dès que vous m'en donnerez l'autorisation.

Les évènements se sont trop précipité, il m'est arrivé quantité de choses que je ne peux vous narrer ici, et je ne sais même si je pourrais vous en faire part sans m'humilier davantage.

Je ne puis rester à l'Epine sans y voir le lieu d'un désastre et si je souhaite également fuir quelque peu le regard de mes parents je vous demande, s'il vous plaît, de n'y porter aucun jugement désapprobateur. Je ne veux pas échapper à leur autorité, j'y serai toujours soumise, de ma propre volonté, mais il est des fois où un changement provisoire peut être bénéfique pour sa sauvegarde.

Vous aviez été généreux avec moi et m'aviez promis, il y a quelques petites semaines, de m'enseigner ce que vous saviez -n'importe quelles choses seraient les bienvenues- et je vous avais dit en retour que vous pourriez compter sur mon aide concernant vos recherches du passé.

Si l'échange vous intéresse toujours, je puis rapidement gagner Meaux et y séjourner quelques temps, recevoir ce que vous me donneriez et vous donner le peu que je pourrais vous offrir.

En attendant votre réponse, recevez mon plus profond respect.

Clémence



[Post copié ici parce que je ne voyais pas l'utilité d'en rouvrir un nouveau. Après, il peut être déplacé selon le bon vouloir de l'admin ^^ La durée irl du RP précédent s'étant déroulé sur un long moment, on peut considérer qu'entre le départ de Clémence et la réception de cette lettre, il s'est écoulé deux ou trois semaines. Ah et la lettre est datée d'hier pour coller avec un RP en cours actuellement à Conflans.]
SanAntonio d'Appérault
Citation:
Meaux, le XIIIème jour des Calendes de Septembre, l'an de Grâce MCDLVI,

Damoiselle Clémence,

C'est avec un peu de surprise et beaucoup de joie que je reçois de vos nouvelles, même si votre lettre par moment me donne des inquiétudes. Nous pourrons en parler lorsque nous nous reverrons. Pour l'heure, et j'espère que mon messager saura vous retrouver, mon invitation tient toujours, d'autant plus si vos parents n'y voient rien à redire. Aussi je vous attend dès à présent en mon domaine, en espérant qu'il ne vous arrive rien de fâcheux d'ici là. Vous verrez aussi beaucoup de changements à Meaux, sans doute. Les choses ont changé depuis votre dernière visite, et en bien je crois. J'ai l'impression que la maison revit, enfin, après trop de mois où je la laissais mourir. J'espère que cela conviendra mieux à une personne de votre rang.

En attendant de vous accueillir. Que le Très Haut vous ait en sa sainte garde et vous protège des absurdités de ce monde.

V. SanAntonio d'Appérault


- Va cours vole et apporte cette lettre à la damoiselle de l'Epine. Ne revient pas avant et ne revient pas si tu échoue.

Un cavalier escorté, un homme de confiance, parti sur l'heure vers la ville de Sens, porter la lettre. Il faudrait qu'il trouve le destinataire ou bien devrait s'exiler loin de sa terre natale.
Clémence de l'Epine
Le convoi entra à vive allure dans la cour basse, comme s'il était poursuivi par les sept Princes des Enfers eux mêmes, et s'arrêta directement devant les marches conduisant à l'entrée du donjon. L'escorte était lourde, bien plus que la première fois en tout cas, et Clémence avait préféré sa jument au coche qui l'avait amenée à Meaux quelques semaines plus tôt. Pour la rapidité, sans doute, bien que sa monte en amazone ait largement compromis leur vitesse : Clémence montait correctement mais pas de façon parfaite. Elle aimait cela mais il lui manquait l'entraînement et la force pour mener convenablement sa monture, qui avait grandi plus vite qu'elle.

Elle glissa seule le long du flanc ruisselant de l'animal, refusant la main qu'on lui tendait déjà, et entreprit, sans même jeter un coup d'œil ni adresser un seul mot aux quelques gardes et hommes de Meaux postés non loin, de gravir les quelques marches qui la mèneraient aux appartements du Vicomte. La bienséance aurait voulu qu'elle se fasse annoncer, elle le savait, mais elle n'y songea même pas. Son corps tout entier était tendu, son visage crispé par quelque sentiment indéchiffrable dont nul n'aurait pu deviner la teneur, à moins de pouvoir sonder ses pensées -ce qui était de toute façon impossible.

Cependant, la demoiselle, retint enfin ses pas devant la grande porte, un instant saisie de doute. Depuis la dernière fois, elle avait fait du chemin, au sens figuré. Elle avait traversé des épreuves bouleversantes qui l'avaient choquée, perturbée, mais dont elle avait tiré des leçons. Et finalement, elle en ressortait plus forte, sans doute. Différente, en tout cas. Avec l'aide de Dieu, elle avait réussi à se reconstruire et le processus continuait toujours, d'ailleurs. Et là, elle avait hâte d'entrer, de se sentir en sécurité, rassurée par la présence robuste du maître des lieux. C'est d'abord ce qui l'avait incitée à se précipiter ainsi vers le donjon. Mais maintenant, elle se rendait compte de son impolitesse et tout naturellement elle se retourna, plaqua un sourire penaud sur ses lèvres et lança à la ronde :


« Et bien ? Personne pour m'accueillir et m'amener jusqu'au Seigneur des lieux ? Quelqu'un sait où se trouve Gabriel ? »
La brutalité de la dernière question pouvait surprendre : sans doute Clémence avait-elle besoin de repères, d'une connaissance dont elle n'aurait pas à se méfier. Et le capitaine de la garde -il l'était encore quand la jeune fille était venue la première fois- lui avait inspiré une certaine confiance.
Gautier
Gautier était dans la salle commune, il prenait, temporairement, un instant de repos, en croquant une pomme. Il entendit bientôt de l'agitation dans la cour alors il alla voir. Quelques personnes firent de même, par curiosité. Lui, il agissait au cas où il fasse sa présence. Une escorte armée, qu'avait laissé passer la garde. Mais il reconnu les couleurs -il avait apprit les couleurs des nobles champenois. Celles qu'il voyait, il le savait, étaient des couleurs bienvenues au château. Il vit une demoiselle à cheval qui en descendit rapidement et se dirigea vers le logis. Au moins on savait qu'elle voulait parler au maître. Alors il donna la pomme à un page qui regardait les chevaux et leur cavalier, et se rendit vers l'entrée du logis pour accueillir la demoiselle. Il l'entendit parler de Gabriel, chose étrange. Il s'approcha d'elle, la salua avec moult respect, il avait oublié son nom, mais il savait qu'elle était la fille d'un puissant. Et prit la parole.

- Bien le bonjour, gente damoiselle. Et bienvenue au château de Meaux en la demeure de monseigneur le vicomte. Je suis Gautier, le sénéchal de monseigneur. J'imagine que vous souhaitez rencontrer mon maître ? Je puis vous mener à lui, si cela vous convient.

Et, toujours le regard baissé -il voyait plus souvent les pieds des gens de bonne condition que leur tête- il attendit la réponse de la demoiselle.

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Clémence de l'Epine
Celui qui s'avançait n'était pas Gabriel et elle ne le connaissait pas. Elle eut un bref froncement de sourcils et une légère moue désapprobatrice. Ses mots firent écho à ses pensées, sans qu'elle eut réellement l'intention de les trahir :

"Je ne vous connais pas."
Ses mains s'agrippèrent machinalement à un pan de sa robe jusqu'à la froisser. Le geste était un indice manifeste de la méfiance qu'elle ressentait bien malgré elle. Elle le toisa de haut en bas, sans aucune impression de peur ou de quelque autre sentiment similaire, mais avec une attitude réservée de profonde défiance.

Et lorsqu'elle fut satisfaite de ce qu'elle avait pu observer du sénéchal et qu'elle eut tiré elle même ses conclusions muettes elle s'effaça pour laisser passer ledit Gautier, non sans le lâcher du regard, cependant. Mieux valait qu'il se trouve devant elle que derrière et de toute façon c'était à lui de la guider et non l'inverse.


Merci oui. Reprit-elle alors. Menez-moi à lui, cela me convient. Elle avait répété presque mot à mot la formule du Sénéchal tant son attention n'était rivée qu'à la gestuelle de ce dernier, prenant bien soin de n'omettre aucun détail. Et il lui était donc impossible de se concentrer sur une réponse correcte.

La nuque raide, elle n'attendit plus que le bon vouloir de son guide pour emboîter son pas.

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Gautier
Gautier laissa parler la demoiselle. Il remarqua qu'elle n'était pas bavarde. Il l'aurait volontiers menée de suite au vicomte, mais il lui manquait une chose importante : le prénom. Il aurait put annoncer "la fille l'Epine", mais cela ne faisait guère sérieux. Alors, il demanda :

- Bien, je vous mènerai à lui dès maintenant, si cela vous va. En revanche, puis-je me permettre de vous demandez votre nom, afin de savoir qui annoncer ? Monseigneur serait sans doute fâché que je n'ai pas prit la peine de m'acquitter de cette petite formalité.

Il se redressa un peu, prêt à mener la demoiselle à l'étage du logis, dès qu'il saurait son nom. Qu'il puisse au moins le dire au seigneur, et que celui ci décide s'il la recevait en privé ou non.

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Clémence de l'Epine
Un éclair de surprise passa dans ses yeux bleu : il ne connaissait pas son nom ? Et les couleurs que sa garde arborait ? Passaient-elles donc tellement inaperçues pour qu'on ne les identifie pas directement à l'Epine ? Impossible. Simplement, il fallait bien que le Sénéchal la présente correctement à son Seigneur et cela impliquait qu'il connaisse son nom entier.

Clémence de l'Epine.
Répondit-elle laconiquement. C'est ainsi qu'il faut m'annoncer.

Et elle s'autorisa finalement un petit sourire pour le Sénéchal, qui voyait davantage le jour pour conclure l'échange et l'inviter à se presser que dans un souci de politesse ou d'amabilité

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Gautier
Clémence, voilà ce qu'il cherchait. Et il avait vu juste, il s'agissait bien de la famille Epine.

- Et bien damoiselle Clémence, je vous invite à me suivre, si vous le voulez bien.

Et il s'engagea dans l'escalier. Sa phrase était purement rhétorique : bien sûr qu'elle allait le suivre. Elle voulait rencontrer le châtelain, lui devait l'y conduire, elle devait donc forcément le suivre. Aussi, d'un bon pas, sans trop abuser, il gravit les marches et arriva dans la grande salle. Seuls quelques gardes, les doléances n'étaient pas au programme de la journée. Suivit de la demoiselle il traversa la pièce. Arrivé à quelques pas devant la porte des appartements, il s'arrêta, et se retourna :

- Si vous voulez bien m'attendre ici, je vais voir si monseigneur est prêt à vous recevoir. Je ne serai pas long.

Alors il inclina la tête, tourna les talons et alla frapper à la porte. Lorsqu'il entendit l'invitation à entrer, il poussa la porte et entra dans les appartements du châtelain. Celui ci l'interrogea du regard, pour connaître le motif de la visite, et le dialogue commença.

- Monseigneur, l'on demande audience. Damoiselle Clémence de l'Epine est arrivée avec forte escorte et demande à vous voir. Dois-je la faire entrer ou bien préférez-vous la recevoir dans la grande salle ?


- Clémence ? Elle est ici ? Fort bien, fais la entrer, nous serons plus à notre aise ici. Et qu'on ne nous dérange pas pour l'heure. A part pour ramener de quoi l'accueillir comme il se doit : vin et quelques petits gâteaux au miel, je me souviens qu'elle les aime. Ah, et la dernière lettre qu'elle m'avait envoyé, elle signalait qu'elle passerait plusieurs jours ici, pour se changer les idées. Je ne sais pas ce qu'elle a vécut récemment mais ça me semble assez ennuyeux pour elle. Fais lui préparer des appartements, et qu'ils soient dignes d'elle : elle est issu de bon lignage. De très bon lignage. Et elle s'en montre digne, de ce que j'ai vu d'elle. Et fais savoir aux cuisines que ce soir nous serons 4. Je ne sais où se trouve Cristol, mais je doute pouvoir lui consacrer du temps de suite. S'il le souhaite, il peut néanmoins venir nous retrouver ici, nous converserons. Va mon bon Gautier.

- Il sera fait selon vos désirs, monseigneur.

Gautier se retira alors, et retourna auprès de Clémence, laissant la porte ouverte. Prévenir Blanche, prévenir Cristol, prévenir les cuisines, prévenir Aurore ou Margot pour les appartements, envoyer les chevaux aux écuries -Gauvin serait ravi-, s'occuper de l'escorte. Pour l'heure, Clémence. De nouveau, marquant beaucoup de respect, il reprit la parole.

- Monseigneur souhaite vous recevoir en ses appartements, où vous serez mieux installés pour parler. Je puis donc prendre congé de vous et vous laisser en sa compagnie. Puis-je me rendre utile auprès de vous ? Et avez-vous des souhaits particuliers quant à votre garde rapprochée ?

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