Clémence de l'Epine
Le Vicomte prit grand soin de lui assurer quelle avait encore tout le temps pour apprendre davantage et bien quelle le sache, elle lui fut reconnaissante de lattention quil portait à ses inquiétudes. Elle navait pas lhabitude de sépancher ainsi auprès dun homme quelle ne connaissait quà peine, mais elle avait toujours eu plus de facilité à parler aux adultes quaux personnes de son âge. Et elle avait toujours un peu tendance à semballer lorsquelle se retrouvait en présence dun homme qui aurait pu être son père. Cest ainsi quelle avait voulu saccrocher à son parrain, Anthony de Massigny, pensant sans doute quil pouvait jouer ce rôle de paternel quelle regrettait tant. Puis il y avait eu le Prince di Juliani, envers qui elle éprouverait toujours une certaine gratitude puisquil sétait chargé de sa sauvegarde alors quelle ne marchait ni ne parlait encore. Elle avait manqué de figure masculine, mais plus que tout de figure paternelle dans son enfance, et cela lui avait toujours manqué. Voilà sans doute pourquoi elle avait voulu tisser un lien particulier avec Louis, même si bien entendu, il faisait davantage office de grand frère que de père. Parce quen plus, oui, le sort avait décidé de la priver du frère quelle aurait pu avoir. Tout aurait été plus simple, sans doute, si elle avait eu un frère
Mais depuis, elle avait appris à vivre sans « si », justement, et à ne compter que sur elle-même.
Et aujourdhui elle se retrouvait face au père de Louis, qui lui semblait si las sans lui paraître vieux. Elle ne trouvait personne trop vieux, elle les jugeait juste plus sages. Et elle se reprenait à éprouver un certain sentiment de sécurité auprès de lui, à vouloir croire tout ce quil lui disait sans se poser de questions, à se sentir enfant, dans son ombre, et simplement à se laisser porter par ce sentiment de sérénité.
Jespère, oui, faire une bonne épouse. Je ne souhaite quune chose : satisfaire mes parents. Et encore, le mot est bien faible. Je veux quils soient fiers de moi, je veux quils me jugent digne de porter leur nom, je veux faire honneur à leur sang. Je crois que ma mère le pense, je crois quelle est satisfaite de ce que je suis devenu, mais en ce qui concerne mon père je ne sais pas. Je ne le vois que rarement et jai limpression davoir encore tout à lui prouver. Il a perdu un fils et sa fille ne devra pas le décevoir.
Si elle croyait bien en une chose, cétait en ça. En ces mots, prononcés avec ferveur et conviction. Le but de sa vie, le chemin quelle sefforçait de suivre, guidée par Dieu et la parole dAristote. « Je crois en Dieu, le Très-Haut tout puissant, et en Aristote son prophète, je crois aussi en Christos, je crois en lAction Divine, en la Sainte Eglise Aristotelicienne Romaine, Une et Indivisible, en la communion des Saints, en la rémission des péchés, en la Vie Eternelle et en moi, en ma volonté de satisfaire mes parents et de les rendre fiers de leur progéniture, bien quil ne soit quorgueil de ma part de minclure à ce Credo Divin. Amen »
Vous ne radotez pas. Poursuivit-elle en appliquant sur son visage un sourire amusé. Vous ne faites que vous excuser depuis tout à lheure, de trop parler pour ne rien dire, mais permettez-moi de vous rassurer : vous ne mennuyez pas et votre conversation me distrait autant quelle mintéresse. Je ne suis pas venue ici pour parler toute seule mais bien pour avoir une conversation avec vous, un échange didées et de pensées. Vous accueillez les miennes, je peux bien accueillir les vôtres. Cela me fait plaisir, croyez moi, il mest devenu trop rare découter des paroles sensées.
Rien de transcendant. Et pourtant rien de plus vrai.
Et aujourdhui elle se retrouvait face au père de Louis, qui lui semblait si las sans lui paraître vieux. Elle ne trouvait personne trop vieux, elle les jugeait juste plus sages. Et elle se reprenait à éprouver un certain sentiment de sécurité auprès de lui, à vouloir croire tout ce quil lui disait sans se poser de questions, à se sentir enfant, dans son ombre, et simplement à se laisser porter par ce sentiment de sérénité.
Jespère, oui, faire une bonne épouse. Je ne souhaite quune chose : satisfaire mes parents. Et encore, le mot est bien faible. Je veux quils soient fiers de moi, je veux quils me jugent digne de porter leur nom, je veux faire honneur à leur sang. Je crois que ma mère le pense, je crois quelle est satisfaite de ce que je suis devenu, mais en ce qui concerne mon père je ne sais pas. Je ne le vois que rarement et jai limpression davoir encore tout à lui prouver. Il a perdu un fils et sa fille ne devra pas le décevoir.
Si elle croyait bien en une chose, cétait en ça. En ces mots, prononcés avec ferveur et conviction. Le but de sa vie, le chemin quelle sefforçait de suivre, guidée par Dieu et la parole dAristote. « Je crois en Dieu, le Très-Haut tout puissant, et en Aristote son prophète, je crois aussi en Christos, je crois en lAction Divine, en la Sainte Eglise Aristotelicienne Romaine, Une et Indivisible, en la communion des Saints, en la rémission des péchés, en la Vie Eternelle et en moi, en ma volonté de satisfaire mes parents et de les rendre fiers de leur progéniture, bien quil ne soit quorgueil de ma part de minclure à ce Credo Divin. Amen »
Vous ne radotez pas. Poursuivit-elle en appliquant sur son visage un sourire amusé. Vous ne faites que vous excuser depuis tout à lheure, de trop parler pour ne rien dire, mais permettez-moi de vous rassurer : vous ne mennuyez pas et votre conversation me distrait autant quelle mintéresse. Je ne suis pas venue ici pour parler toute seule mais bien pour avoir une conversation avec vous, un échange didées et de pensées. Vous accueillez les miennes, je peux bien accueillir les vôtres. Cela me fait plaisir, croyez moi, il mest devenu trop rare découter des paroles sensées.
Rien de transcendant. Et pourtant rien de plus vrai.