Phyneas
En plein cur de la ville, là où les rues se resserrent, et où le fait des bâtiments savancent en surplomb sur une partie de la chaussée, se rapprochant de ceux en vis-à-vis tendant presque à se toucher, se trouvait une taverne, plutôt glauque diront certains, austère ça on ne pourra pas le nier, et quelque peu vétuste, à limage de la ruelle sombre au sein de laquelle elle est établie.
Phynéas avait cette idée en tête depuis un moment déjà, lattirance de sa douce Constance pour les lieux de beuverie lui en avait donné lambition, celle douvrir sa propre taverne pour ly accueillir le plus souvent quelle eut voulu.
Seulement, au départ, il gardait ce projet enfoui dans son imaginaire, et ne laurait mis à exécution quune fois leur couple aménagé à Tournai. Sauf que les hasards de la vie en avaient décidé autrement, et Phynéas esseulé depuis sa rupture avec la belle, vit soudain tous leurs projets sécrouler tel un château de cartes.
Il avait tout quitté, ses postes à responsabilité, son rôle de capitaine de léquipe de soule, vendu ses champs, et navait pas repris de logement depuis la chute de son arbre
Mais il se retrouvait désormais le bec dans leau, disposant dun confortable magot, économisé sa vie durant, mais sans plus aucun projet à soutenir
Que faire, Constance ne reviendrait pas, faire le voyage à Tournai sans elle ne lui disait plus rien, se réinstaller en rachetant ses champs non plus, et dernièrement, il se contentait derrer dans les rues de Castres, sans but ni plaisir, en espérant vider son esprit de tout son désespoir, mais sans y parvenir un brin.
Cette taverne eu leffet dun déclencheur, il devait cesser ce laisser aller et se reprendre en main, certes elle navait pas lair luxueuse, et pour dire aux vues du quartier, devait même être mal fréquentée, mais quà cela ne tienne, entre ça et se laisser mourir, autant rester en vie Et qui sait, la belle franchirait elle peut être un jour le perron de son taudis ?
Il entra dans létablissement, et manda le propriétaire, un homme plus âgé que lui, quelque peu bedonnant, et la mine patibulaire, et entama avec lui une discussion pour envisager la cession. Dabord surpris puis finalement hilare, le patron nen revint pas de laubaine, trouver pareil nigaud pour lui reprendre son commerce branlant, ça narrivait pas tous les jours
Phynéas nen avait cure, et accepta même le premier prix quil lui offrit, sachant très bien quil était surévalué Mais quà cela ne tienne, il avait les moyens
Ils conclurent le marché, et une fois les formalités légales effectuées, voilà notre Phynéas nouveau patron de son auberge
Ce nétait pas grand-chose, mais daccomplir tout ça le rassura sur le fond, il navait plus rien que ses économies et son chien, mais désormais il aurait la fierté de la tenue de ce lieu de vie de la ville.
Se faisant aider, il remis lauberge en meilleur état, remplaçant les meubles cassés, réparant les fissures dans les murs, repositionnant la couverture de son toit, balayée par les années venteuses, en clair il refit sa devanture, afin dattirer le client.
Lauberge tenait sur plusieurs étages, ceux supérieurs comprenaient les chambres destinés aux voyageurs, tandis que le rez-de-chaussée était constitué de la grand salle, des cuisines et dune remise, enfin un sous-sol, creusé dans la roche abritait une cave sordide et froide qui, même si elle semblait adéquat à la conservation des boissons quil projetait de servir, lui laissait une mauvaise impression, elle senfonçait profondément sous la ville et outre létroit escalier qui y menait depuis les cuisines, nétait percée daucune autre ouverture sur lextérieur, et la lumière devait y être apportée avec ses visiteurs sans quoi, un noir absolu y régnait.
La grand salle elle, était plus accueillante, et les aménagements effectués pour le changement de propriétaire la rendait plus chaleureuse. Elle formait un grand "L" encadrant le bar et les cuisines sur deux pants assez vastes, lentrée se faisait côté salle, sur langle du "L", la partie gauche de la salle encombrée de nombreuses tables servaient habituellement au service des repas, tandis que la partie de droite servait plus à la dégustation liquide des spécialités de la maison.
La mise en place de ces aménagements lui prit un long mois, entrecoupé de voyages pour quérir des fournisseurs pour ses repas.
Enfin, lorsquil eut terminé ses travaux, il se décida à ouvrir, en renommant la maison.
Citation:
« On nest pas sortis de lAuberge ! »
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