Luaine
[Sur la route entre le Limousin et le PA]
La route fut courte du Limousin au Périgord-Angoumois. A peine quelques lieues et on changeait de comté, de décor, d'ambiance.
Traversant les forêts, les sous-bois et les plaines, les trio avait galopé à bides abattues vers leur nouvelle vie.
Première halte en terre angoumoise et un pied à terre pour la brune. Profitant d'un rare moment de calme loin des villes et de l'agitation, Luaine en profita pour s'isoler du reste du groupe. Elle prit son épée et la planta dans le sol fertile. Devant elle se dévoilait une croix. Une croix formée par la garde, la fusée et la lame de l'épée.
Un genou posé à terre et les mains jointes, alors que son visage tourné vers le sol restait les yeux clos.
Mamm, j'ai trouvé un endroit à moi. Enfin. Une terre noire et riche pour cultiver et une escorte d'hommes valeureux qui me protègent. Mamm, merci de la bonne étoile qui dirige mes pas. Ne te fais pas de soucis pour moi, mon destin est dans le creux de ma main.
karout a ran ac'hanout mamm.
Christos, Dieu tout puissant, veille sur ma mère à tes côtés.
La jeune bretonne tira son épée du sol et la remit dans son fourreau puis après s'être désaltérée, remonta sur son frison noir.
Plus que quelques lieux amis limousins.
Combien de temps s'était il déroulé depuis son départ du Dauphiné et la mort de sa mère ?
Des dizaines d'années et pourtant...Cela ne faisait qu'une paire d'années tout au plus.
Les souvenirs remontèrent à la surface pendant que le paysage Angoumois défilait.
La mort de sa mère, la dague enfoncée dans la main du seigneur de ses terres, son départ précipité pour éviter la corde, son passage en limousin et la connaissance de son "escorte" ou plutôt sa famille de coeur, son voyage en Bretagne à la recherche de son père....Tant de déceptions et de rencontres. Tant de lieues parcourues et pourtant aucune terre en vue. Tels des marins solitaires, ils erraient ensemble à la recherche d'une terre d'accueil.
Aucun comté ne semblait leur plaire.
Ses amis Dionis et Khadgar, ses fidèles amis, dépérissaient en Armorique alors comment les laisser partir sans elle?
Impossible.
Luaine avait suivi ses comparses quand ils arrivèrent en P.A.
Unanimement en accord, ils déposèrent enfin leur bagage dans ce Comté.
Il fallait encore que Dionis prenne ses affaires en Limousin pendant que Khadgar les attendait.
Khadgar qui l'inquiétait. L'homme discret et secret, était devenu l'ombre de lui même. Nostalgique et morose, son pays natal lui manquait. L'Eire, ses embruns, ses tourbières et ses lacs.
Dionis et Luaine l'avait laissé pour retrouver Mick à Bourganeuf. Ancien escorteur de la brune qui pensait peut être venir les rejoindre aussi. Luaine aimait fédérer en mère louve, même si son jeune âge la mettait plus au rang de petite soeur. Ses amis étaient anciens conseillers comtaux, ancien maistre d'armes, une vraie escorte, digne d'une jeune fille de lignage noble.
Enfin la flèche de l'église se dessinait dans la brume matinale. Ils arrivaient chez eux.
Elle arrivait dans son Comté, sa ville.
Comme ces noms étaient étranges et peu familiers, elle, la sauvageonne apatride, avait maintenant une appartenance.
Pour combien de temps?
Elle espérait pour longtemps mais le temps le dira vraiment.
Bacchus fut rudoyer pour aller plus vite à coups de talons dans les flancs. La fraîcheur matinale enflammait pourtant les joues rougit de la brune.
Un sous bois, une forêt et les images de celle de Brocéliande refirent surface.
Aucune autre forêt n'avait cet aspect. Aucun coin pour se dissimuler. Il semblait que la forêt, elle même avait des yeux. Aucun bruit mais du monde partout.
Les légendes ancestrales du peuple d'Armorique avaient peuplé l'enfance de Luaine.
Farfadets et druides, lutins et fées....Personnages oniriques mais si présents et palpables.
Luaine était pieuse et croyante mais dans son coeur deux religions y avaient leur place. Celle d'Aristote et Christos mais aussi la vieille religion païenne, celle des druides et de leur philtre, la fête de samain et les feux de beltane .
Un pays où les immortelles dames du lac côtoyaient les chevaliers. Aucune dualité dans son coeur de croyante.
Ici les forêts étaient "saines" et sereines. Dangereuses sans doute comme toutes mais aucune pleuplade magique n'y avait surement élu domicile.
Ici la terre promise avait la couleur d'Angoulême. Le sang et l'or. Luaine, la plus bretonne des françoyse ou la plus françoyse des bretonnes planta enfin un drapeau d'arrivée dans ce qui allait être sa terre.
Guerrière dans l'âme, elle donnerait son bras au Comté en guise de remerciement pour l'hospitalité et son intégration, elle serait soldat. Celle qui ne s'était jamais sentie chez elle nulle part, peut être que?
La nobliaude bretonne ferait peut être sa vie ici, y élèverait ses enfants dans l'amour des deux religions et jamais au grand jamais, elle ne cracherait sur ses origines et sur l'ancienne religion enfouie dans les recoins de son coeur.
Luaine la lunaire avait un toit.
Ar dimezell ar nevez-amzer ou.....la damoiselle du printemps était arrivée à bon port.
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La route fut courte du Limousin au Périgord-Angoumois. A peine quelques lieues et on changeait de comté, de décor, d'ambiance.
Traversant les forêts, les sous-bois et les plaines, les trio avait galopé à bides abattues vers leur nouvelle vie.
Première halte en terre angoumoise et un pied à terre pour la brune. Profitant d'un rare moment de calme loin des villes et de l'agitation, Luaine en profita pour s'isoler du reste du groupe. Elle prit son épée et la planta dans le sol fertile. Devant elle se dévoilait une croix. Une croix formée par la garde, la fusée et la lame de l'épée.
Un genou posé à terre et les mains jointes, alors que son visage tourné vers le sol restait les yeux clos.
Mamm, j'ai trouvé un endroit à moi. Enfin. Une terre noire et riche pour cultiver et une escorte d'hommes valeureux qui me protègent. Mamm, merci de la bonne étoile qui dirige mes pas. Ne te fais pas de soucis pour moi, mon destin est dans le creux de ma main.
karout a ran ac'hanout mamm.
Christos, Dieu tout puissant, veille sur ma mère à tes côtés.
La jeune bretonne tira son épée du sol et la remit dans son fourreau puis après s'être désaltérée, remonta sur son frison noir.
Plus que quelques lieux amis limousins.
Combien de temps s'était il déroulé depuis son départ du Dauphiné et la mort de sa mère ?
Des dizaines d'années et pourtant...Cela ne faisait qu'une paire d'années tout au plus.
Les souvenirs remontèrent à la surface pendant que le paysage Angoumois défilait.
La mort de sa mère, la dague enfoncée dans la main du seigneur de ses terres, son départ précipité pour éviter la corde, son passage en limousin et la connaissance de son "escorte" ou plutôt sa famille de coeur, son voyage en Bretagne à la recherche de son père....Tant de déceptions et de rencontres. Tant de lieues parcourues et pourtant aucune terre en vue. Tels des marins solitaires, ils erraient ensemble à la recherche d'une terre d'accueil.
Aucun comté ne semblait leur plaire.
Ses amis Dionis et Khadgar, ses fidèles amis, dépérissaient en Armorique alors comment les laisser partir sans elle?
Impossible.
Luaine avait suivi ses comparses quand ils arrivèrent en P.A.
Unanimement en accord, ils déposèrent enfin leur bagage dans ce Comté.
Il fallait encore que Dionis prenne ses affaires en Limousin pendant que Khadgar les attendait.
Khadgar qui l'inquiétait. L'homme discret et secret, était devenu l'ombre de lui même. Nostalgique et morose, son pays natal lui manquait. L'Eire, ses embruns, ses tourbières et ses lacs.
Dionis et Luaine l'avait laissé pour retrouver Mick à Bourganeuf. Ancien escorteur de la brune qui pensait peut être venir les rejoindre aussi. Luaine aimait fédérer en mère louve, même si son jeune âge la mettait plus au rang de petite soeur. Ses amis étaient anciens conseillers comtaux, ancien maistre d'armes, une vraie escorte, digne d'une jeune fille de lignage noble.
Enfin la flèche de l'église se dessinait dans la brume matinale. Ils arrivaient chez eux.
Elle arrivait dans son Comté, sa ville.
Comme ces noms étaient étranges et peu familiers, elle, la sauvageonne apatride, avait maintenant une appartenance.
Pour combien de temps?
Elle espérait pour longtemps mais le temps le dira vraiment.
Bacchus fut rudoyer pour aller plus vite à coups de talons dans les flancs. La fraîcheur matinale enflammait pourtant les joues rougit de la brune.
Un sous bois, une forêt et les images de celle de Brocéliande refirent surface.
Aucune autre forêt n'avait cet aspect. Aucun coin pour se dissimuler. Il semblait que la forêt, elle même avait des yeux. Aucun bruit mais du monde partout.
Les légendes ancestrales du peuple d'Armorique avaient peuplé l'enfance de Luaine.
Farfadets et druides, lutins et fées....Personnages oniriques mais si présents et palpables.
Luaine était pieuse et croyante mais dans son coeur deux religions y avaient leur place. Celle d'Aristote et Christos mais aussi la vieille religion païenne, celle des druides et de leur philtre, la fête de samain et les feux de beltane .
Un pays où les immortelles dames du lac côtoyaient les chevaliers. Aucune dualité dans son coeur de croyante.
Ici les forêts étaient "saines" et sereines. Dangereuses sans doute comme toutes mais aucune pleuplade magique n'y avait surement élu domicile.
Ici la terre promise avait la couleur d'Angoulême. Le sang et l'or. Luaine, la plus bretonne des françoyse ou la plus françoyse des bretonnes planta enfin un drapeau d'arrivée dans ce qui allait être sa terre.
Guerrière dans l'âme, elle donnerait son bras au Comté en guise de remerciement pour l'hospitalité et son intégration, elle serait soldat. Celle qui ne s'était jamais sentie chez elle nulle part, peut être que?
La nobliaude bretonne ferait peut être sa vie ici, y élèverait ses enfants dans l'amour des deux religions et jamais au grand jamais, elle ne cracherait sur ses origines et sur l'ancienne religion enfouie dans les recoins de son coeur.
Luaine la lunaire avait un toit.
Ar dimezell ar nevez-amzer ou.....la damoiselle du printemps était arrivée à bon port.
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