Eoghan au début, ne comprit pas ce qu'il se passait.
Tout d'abord, il reconnut le beau-père d'Eilinn, qu'il avait déjà rencontré plusieurs semaines plus tôt à l'occasion d'une poursuite dans le château après un enterrement. Il était vêtu d'une couleur étrange, qu'il n'avait jamais vu. Connaissant plus ou moins bien la situation familial de la jeune Melani, et donc que sa mère vivait avec son beau-père qui était son presque-père, le blondinet aux yeux verts profonds se pencha légèrement sur le côté, s'attendant à ce que la mère de son amie se montre elle aussi. Pourtant, les secondes passèrent, elle n'arrivait pas.
Alors le regard du Dénéré-Dongenan se tourne vers le visage de Rhân, blême et semblait-il, presque vide. Comme si à ce moment là, l'âme de l'homme n'était plus dans son corps. Etrange sensation de voir cela. Vaguement, cela lui rappela le visage de certaines personnes à l'enterrement d'il y a quelques semaines.
Sans comprendre pourquoi, ni comment, ni quand, Eilinn et le Baron de Boiscommun sont dans les bras l'un de l'autre, échangeant des larmes.
Le regard se tourne d'un côté. Il découvre une très jeune femme à la chevelure rousse flamboyante, sans doute la Vicomtesse. Elle semblait autant interdite et dépassée que lui. D'ailleurs, il était en proie à la même question. Devait-il aller soutenir Eilinn ou au contraire ne rien faire ? La question paraissait simple, mais la réponse elle, était loin de l'être. Une main se pose sur son épaule, Eoghan regarde sa propriétaire. Deedlitt, sa préceptrice.
Un sentiment d'apaisement l'envahit. Il sait maintenant qu'il ne doit pas bouger pour l'instant. Puis petit à petit, un autre sentiment, plus mauvais, bien plus insupportable s'immisce dans ses fibres. L'impuissance. Le fait de ne rien pouvoir faire pour Eilinn alors qu'il aimerait tant, alors que sa tristesse lui brise le coeur.
Des mots, un murmure, que le petit blond ne saisit pas.
La voix plus forte et claire d'Eilinn, la nouvelle s'imprègne dans son esprit. Sa mère est morte. Cette femme qu'il n'avait vu qu'une seule fois, qui l'avait à la fois impressionnée et intimidée, était morte. Comment cela se pouvait-il ? Elle n'avait pas l'air âgée, et cela ne faisait que quelques semaines entre les deux moments.
Sans savoir pourquoi, la tristesse de la fleur printanière lui parait moins intimidante, plus palpable. Son propre coeur semble s'alourdir et tomber au fond de sa poitrine.
Eilinn a perdu sa mère.
Quelle horrible réalité à concevoir et à comprendre.
À son tour et sans réellement comprendre pourquoi, peut-être seulement parce qu'il était d'une nature empathique ou alors bien plus attachée à la Melani qu'il ne pouvait le concevoir, les larmes coulèrent, lentement et distinctement, sur ses propres joues. Sa main encore pas très grande se pose sur celle de sa préceptrice, et la serre fort. Il sait que la défunte est également une proche amie de la Duchesse d'Alençon. Mais que faire ?
Le regard vert est perdu, paniqué, et triste à la fois. Il ne comprend plus rien, il y a trop d'émotions qui s'entrechoquent et se mêlent. Il observe juste Eilinn, incapable de savoir comment agir pour lui offrir un peu de réconfort.