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Baptême d'Eilinn Melani, et une funeste annonce

Eoghan
Vous êtes venu, j'en suis ravie !

Le sourire timide s'élargit encore plus. Finalement, il avait fait le bon choix de venir.
Pendant un instant, il crut percevoir chez la jeune fille un dilemme dont il ne saisit pas la teneur. Mais cela n'étant qu'une impression, Eoghan n'y fit pas davantage attention.
De toute façon, la mini-révérence d'Eilinn le fit vite oublier tout ça, trop intrigué. Aurait-elle appris cela auprès de la Vicomtesse dont elle était la dame de la compagnie ? Fort possible. En tout cas s'il y avait un équivalent pour les hommes, il ne le connaissait pas.


Avez-vous fait bonne route depuis l'Alençon ?

Alors qu'il s'apprête à répondre, le jeune Dénéré-Dongenan, d'une nature très naïve malgré le fait qu'il soit plus âgé que la Melani d'un an environ, ne se gêne pas pour lui prendre la main. Lui ne voyait aucun problème à se prendre la main entre amis, car ça lui été naturel.

Oh oui. J'ai voyagé avec la Comtesse comme à chaque fois je viens ici. Et vous ? Le voyage a dû être autrement plus long et fastidieux depuis le Languedoc.

Le sourire moins timide à présent, persiste.

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Eilinn Melani
Donne moi ta main, et prends la mienne, la cloche a sonné, ça signifie que la rue est à nous, que la joie vienne, mais oui mais oui ! l'école est finie ! Hum pardon...
Bref, revenons-en à cette main frêle dans celle du breton/alençonnais. Difficile d'expliquer ce qui se passe dans la tête de la voleuse de gateaux, à part que ça lui fait quand même bizarre... En plus c'est une race étrange que les garçons, on comprend pas toujours comment ils fonctionnent. Ne pas bafouiller de réponse idiote, ne pas bafouiller.


C'est vrai, la route fut longue, mais nous avons pu nous reposer quelques jours à Boiscommun chez Rhân avant de venir ici, cela a adouci le voyage.
Oh d'ailleurs, il faut que vous rencontriez Jehanne Elissa, je vous l'avais promis dans ma dernière lettre !


Pas de bafouillage, la grande classe. Ne restait plus qu'à ne pas se prendre les pieds dans sa robe et elle aurait à peu près maitrisé toutes les difficultés de la journée. La tête d'Eilinn se tourna vers l'intérieur de la chapelle, faisant des grands signes à la vicomtesse de Cauvisson pour qu'elle les rejoigne.

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Eoghan
Alors que la main prise créée ambiance musicale et question existentielle dans la tête de la jeune Melani, Eoghan lui, ne s'en préoccupe déjà plus, trop occupé a bavardé avec cette amie dont en tout et pour tout, ce n'était que la deuxième fois qu'il la voyait.
D'ailleurs, il est à noter que le briseur d'armures n'est absolument pas troubler une seule fois, et ne remarque rien du trouble d'Eilinn. Naïveté, quand tu nous tiens.


Ah oui ! Boiscommun dont vous m'aviez parler dans une lettre, où sur le blason y'a l'arbre sous lequel Saint Louis rendait la justice...

Ca, c'est pour montrer qu'il avait bien lu et relu les missives de la fleur printanière.

À l'évocation de Vicomtesse languedocienne, le jeune Dénéré-Dongenan se contenta d'acquiescer rapidement. Maintenant, il avait décidé de se concentrer pour ne pas faire de bêtise à la rencontre de Jehanne Elissa dont Eilinn lui avait tant parlé, et dont elle lui avait dit qu'elle avait une chevelure flamboyante. Au fond c'était ça qui l'intéressait le plus, voir si cette femme avait une chevelure aussi rousse que celle de sa mère.
Les mirettes vertes se tournent vers l'intérieur de la chapelle, curieuses.

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Rhân
Saint-Omer.
Le vicomte avait finit par y arriver. Comme dans un rêve, comme absent à lui-même, spectateur d'une vie qu'il ne reconnaissait plus comme la sienne depuis... Il n'osait même pas en parler, ni y penser. Il avait vu le chemin défiler sans y prêter d'intérêt, un regard vague et vide, sans expression, perdu dans des pensées auxquelles lui seul avait accès, pensées douloureuses qui ravivaient sa blessure. Oublier... pouvoir oublier un peu et faire le vide dans son esprit, ne penser plus à rien. Être inconscient comme n'importe quelle bête, comme tout les objets, insensibles à la peine et à la mort.
Il était venu parce qu'il le fallait bien. Il était venue pour Eilinn, sa fille à elle, sa fille à lui-même aussi.. surtout maintenant. Sans entrain, sans volonté, mû uniquement par un mécanisme plus ou moins inconscient. Il le fallait, il y allait donc, sans motivation supplémentaire. Où en aurait-il trouvé de toute façon?

Arrivée en Artois dans la comté de Saint-Omer, devant la chapelle, la voiture s'était arrêtée sans que personne n'en descende. Les quelques serviteurs du vicomte s'en était peut être étonné, mais il se disait dans son entourage que le baron n'était plus tout à fait comme avant depuis la mort de son épouse. Quelques minutes passèrent. Longues. Secondes après secondes s'écoulant lentement sans aucun sens, sans aucun espoir. Après un temps indéterminé le vicomte finit par sortir du vide dans lequel il s'était plongé, reprenant contact avec un monde auquel il n'avait plus goût. Pourquoi faire? Pourquoi était-il venu? Pourquoi sortir? Cela avait-il encore un sens? Lourdement, machinalement, lentement, sans passion ni vraiment d'énergie, il finit par sortir et faire quelques pas vers la chapelle. Était-ce le jour? A vrai dire, il ne le savait plus. Peut-être.. de toute façon elle serait bien là. Il semblait y avoir une cérémonie en tout cas dans cette chapelle.

S'il avait paru toujours encore assez jeune, ou plutôt dans la bonne force de l'âge, quiconque pouvait constater qu'il semblait avoir pris quelques années en une semaine. Le maréchal semblait affaissé, légèrement voûté comme sous le poids d'un lourd fardeau qu'il peinait à transporter. Il était las, sans sourire, d'un air neutre ou plutôt complètement vide comme si rien autour de lui, aucune des choses sur lesquels son regard se portait ne semblait digne d'intérêt. Enfin son pourpoint était d'une couleur très particulière qu'il n'avait encore jamais porté jusque là. A Boiscommun, il avait exigé qu'on lui taille un habit gingeolin. L'étoffe qu'il avait choisi était une teinte assez vive de cette couleur bien particulière. Le pourpoint en lui-même, vu les délais qu'avait laissé le vicomte, exigeant de l'avoir au plus tôt, était extrêmement simple, voir mal taillé par endroit, mais qu'importe. cela n'avait plus guère d'intérêt.

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Eilinn Melani
Agitée par ses considérations d'enfant, un regard vers la chapelle, un regard vers Eoghan, Eilinn ne remarqua pas tout de suite la voiture qui était arrêtée devant la chapelle.
Ce fut seulement quand son beau-père en descendit que son attention se reporta sur lui. Ce fut d'abord un sourire qui naquit sur le visage d'Eilinn, heureuse de le voir enfin venir à cette occasion qui était importante pour elle. Elle lâcha la main d'Eoghan, et fit quelques pas vers Rhân, avant de se rendre compte qu'il y avait quelque chose d'inattendu.

Cette couleur de pourpoint, inhabituelle pour son beau-père, et cette mine sombre, cela lui ressemblait peu. Voire pas du tout. Elle savait à quel point il aimait les choses dans les règles, et ce qu'elle prenait pour un manque d'originalité vis à vis des convenances, que sa mère en contrepartie défiait régulièrement.

Et ce zinzolin de sa tunique, si particulier...
Cette couleur c'était sa mère, c'était celle de ses noces, la fillette s'en rappelant bien. Sa mère lui avait une fois expliqué son attachement à cette couleur, obtenue à partir des graines de sésame. C'était du rouge sans en être vraiment, et du violet sans en être vraiment non plus. Et cela la plongea dans une grande confusion, constatant de ce fait l'absence de Leah.
Quelque part au fond de son esprit, la conclusion évidente de cet évènement se trouva révélée. Le sourire disparut des lèvres d'Eilinn, comprenant trop bien, tout en refusant ce qui se présentait à elle en cet instant. Il n'y avait qu'une occasion pour que son beau-père fasse fi de son classicisme habituel...

Elle arriva à trois pas de Rhân, les yeux d'azur grand ouverts, son être tout entier plongé dans l'expectative de la réponse de son beau-père.


Ou est maman ?

Eilinn connaissait la réponse à cette question, mais il fallait qu'elle l'entende de la bouche de son beau-père, pour donner réalité à cette chimère formée par son esprit. Pourtant, quelque part elle ne voulait pas savoir, comme si l'ignorance avait pu repousser l'inéluctable. Les mains jointes, presque en position de prière alors qu'elle venait d'entrer dans la communauté aristotélicienne, le teint pâle rendu encore exsangue qu'à l'accoutumée, elle regardait Rhân.

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Rhân
Eilinn vint à lui, un peu hésitante avec un regard interrogateur et cette question à laquelle il ne pouvait pas répondre. Il tourna lentement son regard vers elle et esquissa un sourire en la voyant. C'était la première chose, la première personne à laquelle il semblait porter un quelconque intérêt depuis quelques temps. Il s'arrêta pour la regarder s'avancer vers lui, toute petite, toute fragile, pâle, innocente, ses grands yeux bleus interrogeant les siens mais pourtant si vivante.
Il franchit les trois pas qui le séparait de sa belle-fille et se baissa à sa hauteur, un genou à terre et la prit, happa son petit corps frêle dans ses bras pour la serrer très fort contre lui. Sans un mot, il se contenta de presser sa fille contre lui puis lentement se releva l'arrachant à la terre. Comme Eilinn pouvait serrer un doudou ou une poupée de chiffon après un cauchemar pour se rassurer, le vicomte serrait la jeune vicomtesse contre lui, fort, peut-être un peu trop mais il ne pouvait s'en détacher.

Elle était la fille de Leah... la fille de Léah, le souvenir le plus vivant d'elle, ce qui lui restait de plus concret d'elle. Certes il y avait aussi Renaud, mais celui-ci était avant tout son fils à lui, quand Eilinn était sa fille à elle. C'était extrêmement compliqué à expliquer. Elle était sa fille à lui, véritablement, complètement. Ils avaient eu deux enfants : l'ainée née au début de leur relation puis Renaud quelques années plus tard. Il avait toujours vu les choses ainsi, il les avait tout deux vu naître de son épouse. Et pourtant en même temps, elle était sa fille sans qu'il soit son père. Elle était la fille que Leah lui avait donné sans qu'il ne le demande vraiment, elle était à elle avant tout bien qu'il l'aimât comme un père. Comme Renaud avait un souhait de lui, il l'avait voulu, désiré, demandé, il était son fils avant tout même s'il n'avait jamais douté que Leah l'aime aussi comme son fils, ce qu'il était bien plus qu'Eilinn était la fille du vicomte. L'orléanais avait cette vision à la fois globale d'une famille de deux enfants autant à lui qu'à elle, que cette différentiation parallèle d'association d'Eilinn à Léah et de Renaud à lui-même.

Elle était en tout cas en ce moment, autant sa fille adorée que le souvenir de son épouse qu'il ne pouvait pas lâcher. Elle était la dernière trace vivante de Leah, son prolongement qui ravivait la douleur de sa perte autant qu'elle l'apaisait. Il avait besoin de la voir, de la serrer contre lui pour combler ce vide béant que la mort avait créé dans sa vie. Eilinn lui était indispensable, mais la voir, c'était se souvenir de Leah, et se rendre compte qu'il ne la verrait plus, qu'elle lui avait été prise.

Il continuait de la serrer fort contre lui, les pensées toutes à son épouse et à son chagrin qui revenait avec la présence d'Eilinn alors qu'il avait fait le vide depuis sa mort. Une larme finit par perler au coin de son œil puis par couler sur sa joue puis sur celle de la jeune fille.

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Eilinn Melani
Pourquoi ne répondait-il pas ? Pourquoi, pourquoi ? Il la prit dans ses bras, l'emporta, sans un mot. Il n'y avait plus de chapelle en cet instant, plus d'Eoghan, de vicomtesse de Cauvisson, de baptême. Il n'y avait plus qu'Eilinn et Rhân, une enfant et son presque-père, dans les bras l'un de l'autre, unis dans leur deuil.

Non, je veux pas...

Non je ne veux pas comprendre, je ne veux pas admettre cette terrible vérité. Je ne veux pas que ma mère ne soit plus là. C'était une supplique, une imploration, un cri du cœur comme pouvait l'avoir un enfant. Penser qu'un instant une volonté infinie pouvait inverser le cours des choses.
Mais Eilinn savait que cela était inéluctable. Tout comme son père était mort et n'était pas revenu, sa mère était morte et ne reviendrait pas.
Et déjà les yeux bleus s'embuaient de larmes, et celles-ci commençaient à couler, intarissables, salées et amères. Et elle répéta pour elle-même, alors que le deuil commençait à faire son chemin dans son cœur, la voix tremblante, la gorge nouée.


Je veux pas...

Et le chagrin explosa dans sa poitrine, la remplit toute entière, submergeant son esprit et son âme, et Eilinn se mit à pleurer à gros sanglots, gémissant presque, ne pouvant plus retenir les émotions qui l'étreignaient.

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Rhân
Qu'y avait-il à lui répondre? C'était bien la dernière chose qu'il aurait voulu.Tout le monde mais pas elle, c'était impossible. Même quelques jours après, il ne pouvait pas y croire que ce fut vrai.
Il continua de la serrer fort contre lui alors que son chagrin d'enfant qui explosait tout d'un coup réveillait, aggravait le sien. Les larmes coulaient régulièrement à présent sur son visage entre deux hoquets étouffés.
Pendant plusieurs longues minutes, il se laissa aller ainsi avec elle puis il se essaya de se remettre peu à peu pour réconforter Eilinn, sa fille, à lui seul maintenant puisqu'il était le seul parent qui lui restait.
Il regarda les larmes couler sur ses petites joues roses sans essayer de les essuyer, se contentant de caresser tendrement les cheveux et la nuque de la jeune fille et de la serrer plus fort contre lui pour calmer les soubresauts dont le chagrin animaient sa poitrine.


Moi non plus je ne veux pas

Il ne savait trop que lui dire de plus. Mais c'était la seule chose qui lui venait à l'esprit, avec laquelle, il était pleinement d'accord. Il ne le voulait pas et refusait cette vérité autant que la jeune fille.

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Jehanne Elissa
Il faut dire quelle s'était un peu perdue dans la contemplation de ses péchés. Puis aux péchés avaient suivi une certaine réflexion d'une profondeur dont nous ne révèleront pas les réels fonds de peur que la réflexion enfantine soit diminuée. Enfin, le baptême avait touché à sa fin, dong dong les cloches, et une atmosphère un peu plus détendue s'était emparée du lieu. mais elle, au lieu d'aller partager le pain et le vin était restée assise. La question n'était pas de savoir si elle allait être baptisée, ça, c'était parfaitement évident. la question était de savoir si Actarius allait pouvoir l'accompagner la guider sur la voie du Très-haut, si d'ici là il ne serait pas tombée en Provence ou quelconque bataille pour la Couronne ou il aimait tant aller. Après sa mauvaise farce, elle avait compris quelle ne pourrait l'en empêcher et elle l'aimait trop, ce Vicomte, pour le retenir. Elle aimait trop cet homme, entre père et parrain, entre preux chevalier et supérieur hiérarchique.

La petite Vicomtesse fut tirée de ses craintes lorsque son regard se posa sur Eilinn qui lui faisait un signe. Surement voulait-elle la présenter au jeune homme avec qui elle s'entretenait. Alors un sourire vint fendre son visage et elle se leva, elle était là pour ça: découvrir le monde de son amie et Dame de Compagnie. A petits pas, elle approchait. A d'autres pas, plus grand car d'adultes un homme venait aussi vers Eilinn. la petite Goupil s'arrêta un instant, sourcils froncés. Qui était-ce? Pourquoi cette mine si triste, faisant honteusement tâche dans cette journée joyeuse? Cling. Illumination. Le beau-père d'Eilinn, le Maréchal d'Armes officiant au Languedoc en l'absence de tante Pol et l'homme adorateur de lapins. Rassurée, elle reprit sa marche. Et le reste se passa à la fois rapidement et lentement. la rapidité du temps que l'on ne maîtrise pas et la lancinante lenteur de la douleur. Eilinn contre son beau-père. les larmes sur ses joues. Les tremblements. Des pleurs.

Elle est près d'eux. Elle est aux côtés du jeune homme auquel elle lance un regard interdit. Elle ne sait pas ce qu'il se passe mis à pat que c'est un grand malheur. Un malheur familial au vu des larmes qui venaient strier les joues du baron. Un membre de la famille était-il mort? Et c'était donc pour ça que sa mère n'était présente? Ou alors... Sa mère? Elle panique la petit rousse. Son cœur bat un peu plus vite, un peu trop vite, ses yeux vont du beau-père à son amie, du jeune homme à Eilinn, d'Eilinn au beau-père... Que se passait-il?

Main pâle de la jeune Vicomtesse qui se tend pour sa poser sur l'épaule de son amie. Mais s'arrête en chemin. Que faire? Etait-ce bon de s'immiscer ainsi entre eux deux? Un gémissement perdu, entre celui d'une personne qui souffre, une qui est gênée, et l'autre qui est démunie. C'est la première fois que tu te sens incapable petite Volpilhat, c'est la première fois que tu es confrontée à l'immensité douloureuse de la mort. Et c'est la première fois que les mots sont dérisoires... Alors elle reste là, près d'eux. Si parler ne sert à rien, elle ne veut pas laisser Eilinn seule.
Deedlitt
Après le baptême alors qu'elle remerciait chaleureusement le père Nanuccio. Eilinn est Eoghan parlait pavoisaient, avec une innocence qui était propre à leur âge. Rhân arriva de blanc vêtu, elle se posa la question de qui pouvait bien avoir pu rejoindre le seigneur. Peut-être un vassal, peut-être un membre éloigné de la famille ou un mai proche. Elle s'interrogeait, mais retourna à sa conversation. Il fallait finir en règle.
C'est quand elle entendît les sanglots d'Eilinn dans les bras de Rhân qu'elle commença a être inquiète. Elle laissa la jeune fille et son beau-père ensemble, après tout il ne fallait pas se mêler de ce qui ne la regardait pas. Elle fît quelques pas vers Eoghan et posa une main sur son épaule. Signe qu'il devait surtout resté où il était. Elle savait que Rhân ferait signe pour lui expliquer la situation si toute fois elle était concernée.

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Eilinn Melani
Que restait-il dans cette poitrine déjà bien affaiblie par la maladie, si ce n'était le trou béant laissé en cet instant ?
Dans les bras de Rhân, la fillette pas encore tout à fait jeune fille, épuisait son énergie à pleurer sans retenue, car elle n'était encore qu'une enfant, et qu'en cet instant, elle n'avait que faire des convenances.
Au bout d'un moment, elle finit par se calmer, apaisée par les bras protecteurs de son beau-père. Non, aucun des deux ne voulait ce qui venait d'arriver, et peut-être ainsi, partager ce deuil et ce chagrin, tous les deux, les aiderait...
Les soubresauts agitant son corps frêle se firent plus rare, et Eilinn renifla gauchement, avant d'essuyer les larmes qui roulaient encore et encore sur ses joues.

Ce fut à Jehanne Elissa, ayant approché sans bruit, semblant tout aussi démunie qu'elle, qu'elle annonça d'abord la nouvelle.
La première fois ne fut qu'un murmure.


Maman est morte.

Maman est morte et mon monde s'écroule. Elle est morte et je suis désormais orpheline, à porter le poids trop lourd d'un tel héritage, celui d'une Dragonne et d'un Sanguinaire. Elle est morte et je dois désormais grandir pour porter son nom.

Et parce que tous ceux qui étaient là devaient savoir, devaient comprendre la terrible vérité qui terrassait son cœur d'enfant, elle le répéta plus fort.


Maman est morte.

Que les étoiles se retirent, qu'on les balaye
Démontez la lune et le soleil
Videz l'océan, arrachez les forêts
Car rien de bon ne peut advenir désormais.*



*Poême de W.H.Auden

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Eoghan
Eoghan au début, ne comprit pas ce qu'il se passait.

Tout d'abord, il reconnut le beau-père d'Eilinn, qu'il avait déjà rencontré plusieurs semaines plus tôt à l'occasion d'une poursuite dans le château après un enterrement. Il était vêtu d'une couleur étrange, qu'il n'avait jamais vu. Connaissant plus ou moins bien la situation familial de la jeune Melani, et donc que sa mère vivait avec son beau-père qui était son presque-père, le blondinet aux yeux verts profonds se pencha légèrement sur le côté, s'attendant à ce que la mère de son amie se montre elle aussi. Pourtant, les secondes passèrent, elle n'arrivait pas.
Alors le regard du Dénéré-Dongenan se tourne vers le visage de Rhân, blême et semblait-il, presque vide. Comme si à ce moment là, l'âme de l'homme n'était plus dans son corps. Etrange sensation de voir cela. Vaguement, cela lui rappela le visage de certaines personnes à l'enterrement d'il y a quelques semaines.

Sans comprendre pourquoi, ni comment, ni quand, Eilinn et le Baron de Boiscommun sont dans les bras l'un de l'autre, échangeant des larmes.

Le regard se tourne d'un côté. Il découvre une très jeune femme à la chevelure rousse flamboyante, sans doute la Vicomtesse. Elle semblait autant interdite et dépassée que lui. D'ailleurs, il était en proie à la même question. Devait-il aller soutenir Eilinn ou au contraire ne rien faire ? La question paraissait simple, mais la réponse elle, était loin de l'être. Une main se pose sur son épaule, Eoghan regarde sa propriétaire. Deedlitt, sa préceptrice.
Un sentiment d'apaisement l'envahit. Il sait maintenant qu'il ne doit pas bouger pour l'instant. Puis petit à petit, un autre sentiment, plus mauvais, bien plus insupportable s'immisce dans ses fibres. L'impuissance. Le fait de ne rien pouvoir faire pour Eilinn alors qu'il aimerait tant, alors que sa tristesse lui brise le coeur.

Des mots, un murmure, que le petit blond ne saisit pas.

La voix plus forte et claire d'Eilinn, la nouvelle s'imprègne dans son esprit. Sa mère est morte. Cette femme qu'il n'avait vu qu'une seule fois, qui l'avait à la fois impressionnée et intimidée, était morte. Comment cela se pouvait-il ? Elle n'avait pas l'air âgée, et cela ne faisait que quelques semaines entre les deux moments.

Sans savoir pourquoi, la tristesse de la fleur printanière lui parait moins intimidante, plus palpable. Son propre coeur semble s'alourdir et tomber au fond de sa poitrine.
Eilinn a perdu sa mère.
Quelle horrible réalité à concevoir et à comprendre.

À son tour et sans réellement comprendre pourquoi, peut-être seulement parce qu'il était d'une nature empathique ou alors bien plus attachée à la Melani qu'il ne pouvait le concevoir, les larmes coulèrent, lentement et distinctement, sur ses propres joues. Sa main encore pas très grande se pose sur celle de sa préceptrice, et la serre fort. Il sait que la défunte est également une proche amie de la Duchesse d'Alençon. Mais que faire ?

Le regard vert est perdu, paniqué, et triste à la fois. Il ne comprend plus rien, il y a trop d'émotions qui s'entrechoquent et se mêlent. Il observe juste Eilinn, incapable de savoir comment agir pour lui offrir un peu de réconfort.

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Rhân
Voilà.. elle les avait dit, ces mots qu'il n'avait pas osé prononcé.
Maman est morte... Leah est morte.
Son épouse. Celle qu'il avait choisi entre toutes, enlevé de la Champagne et de la demeure de son premier mari. Il l'avait chéri à la folie, bien plus qu'on ne pouvait l'imaginer et ne l'avait jamais abandonné, jamais trahi jusqu'à ce qu'on vienne la lui prendre, l'enlever pour toujours sous ses yeux sans qu'il ne puisse rien y faire.
Fatum est.
Elle l'avait dit assez fort pour qu'il n'ait pas besoin de le répéter. Il ne le voulait pas, il ne savait pas comment dire ceci alors qu'il avait déjà assez de mal pour le concevoir pour comprendre ce que cela signifierait pour lui, dans sa vie, maintenant vidée de sa présence. Eilinn était jeune encore, elle avait sa vie devant elle pour trouver comment la combler. Lui non, son épouse était tellement. Elle avait occupé depuis tant d'années sa vie qu'il ne voyait pas comment il pouvait s'en passer à présent et reconstruire quelque chose sans elle.

Eilinn semblait se calmer un peu. Il décida de la reposer à terre, qu'elle puisse aller vers son amie si elle le voulait, même s'il aurait préféré la tenir encore dans ses bras, tenir encore ce reste de Leah que celle-ci lui laissait.

Il ne désirait pas rester ici de toute façon. Il prendrait la jeune fille et la ramènerait à Boiscommun sans s'attarder à Saint-Omer. Il ne voulait pas en parler, ni voir des gens qui lui parleraient, lui présenteraient des condoléances, lui poseraient des questions... Il voulait être seul pour le moment. Il avait pensé presque enlever Eilinn, mais maintenant qu'il y avait quelques personnes autour d'eux, il devait bien faire avec.
En laissant glisser à terre la fillette, il lui dit doucement dans une voix encore étouffé par le chagrin :


Nous partons.

Le ton n'était pas autoritaire. Plutôt pour lui dire qu'il désirait qu'ils s'en aillent, pas à l'instant, mais qu'elle pouvait encore dire un mot à ses camarades avant.
Deedlitt avait dû entendre les paroles de Eilinn et il craignait qu'elle ne vienne poser des questions auxquelles il ne voulait pas encore répondre. Il savait bien que c'était la meilleure amie de son épouse, mais elle ne l'avait pas vue mourir sous ses yeux et n'avait pas ces images qui faisaient trembler le vicomte. Plus tard...

En attendant, il se perdit à nouveau dans ses pensées.

Non qu’il ne me soit grief que la tombe possède
Ce qui me fut si cher ;
Mais en un accident qui n’a point de remède
Il n’en faut point chercher.

La Mort a des rigueurs à nulle autre pareilles :
On a beau la prier,
La cruelle qu’elle est se bouche les oreilles
Et nous laisse crier.

Le pauvre en sa cabane, où le chaume le couvre
Est sujet à ses lois,
Et la garde qui veille aux barrières du Louvre
N’en défend point nos rois.

De murmurer contre elle, et perdre patience,
Il est mal à propos ;
Vouloir ce que Dieu veut est la seule science
qui nous met en repos.

Malherbe


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Deedlitt
Aux mots de la jeune fille la main se crispa sur l'épaule d'Eoghan. Peut-être lui faisait-elle mal, si c'était le cas elle ne s'en rendait pas compte, du moins pas encore. Son coeur battait la chamade, elle fit un pas en direction de Rhân... Qui déjà donnait directive de partir. Elle ne comprenait pas qu'on ne lui explique pas ce que c'était que cette mascarade.
Oui cela ne pouvait être qu'une mascarade de toute façon.

Yla mourir? Comme si c'était possible? Non mais franchement qui avait fait cette farce de très mauvais goût. Pourtant la jeune fille avait l'air bien mal en point... Elle avait du mal à distinguer le vrai du faux.

Ca ne se passera pas comme ça, foie de Deedlitt! Elle allait tirer cela au clair.

La cérémonie s'achevait ainsi, elle se fichait bien de son rôle d'hôtesse, sur le coup elle ne fit pas attention à la douce Jéhanne qui se trouvait là. Elle reprit sa marche d'un pas décidé, le visage fermé et le regard sombre. Pour l'instant partager entre la rage et l'hypothétique tristesse.

Elle passa à côté de Rhân et d'Eilinn sans un mot, l'heure n'était pas à leur parler Rhân n'était pas disposé pour, mais il fallait tirer cette affaire au claire.

Avant de passé le pas de la chapelle, sans se retourner. Elle somma Eoghan de la suivre.


Eoghan presses le pas, nous avons à faire, tu es mon élève il est temps que tu apprennes. Nous allons à Paris.


Elle passa le pas de la chapelle avant de se fondre dans la lumière blanche de l'extérieur. Elle ne pensa pas à sa filleule, pas plus qu'elle ne croyait à cela.

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Eoghan
Encore une fois, tout sembla se flouter, s'embrouiller dans son esprit, comme si ses facultés de compréhension avaient été touché.

Eoghan ne sentit pas la douleur qui émanait de son épaule, il sentit juste la rage et la pression de la main de la Comtesse. Drôle de sensation qu'être là sans l'être vraiment, que ressentir sans vraiment sentir, que de comprendre tout en restant dans l'incompréhension.

Rapidement, la situation évolua.

Dans ce qui semblait être un flot de rage et de tristesse, l'hôtesse des lieux enchaîna les pas sans même porter une parole aux deux endeuillés, probablement trop endeuillée elle-même. Et la phrase qu'elle asséna à Eoghan le surprit sans qu'il ne comprenne réellement. Pourquoi aller à Paris maintenant ? Que voulait-elle lui apprendre ? Un brin de doute et de peur s'installa dans son coeur, même si la confiance qu'il avait en la Cassel était inébranlable.

Alors, sans une parole d'accord ou de contestation, il la suivit, mais s'arrêta auprès d'Eilinn quelques secondes. Le blondinet de treize années ne savait pas réellement quoi faire, et de toute façon, il savait que rien de ce qu'il dirait ou ferait n'aiderait son amie orpheline.


Nous partons pour Paris... On s'écrira.

Pas d'inutile désolé, pas de compassion trop mise en avant. La ramener dans la réalité, le concret, autre chose que la mort, même l'espace d'une seconde. De toute façon, le regard triste et brillant du jeune garçon parlait pour lui de ce qu'il ressentait à cet instant.
Du reste, il défit la cordelette argentée qui ceignait sa tunique, et la déposa dans une des mains de la Melani, symbole maladroit du lien et de leur amitié qu'il voulait faire perdurer. Puis toujours sans un mot, il déposa un baiser léger et innocent sur la joue encore humide de la jeune fille, et partit à la suite de sa préceptrice, totalement perdu sur ce qui venait et allait se produire.

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