Vonafred
[Segonzac, Cabinet de travail le lendemain]
-Missives urgentes service du Baron
Le Garde se faufila entre les pattes de l'Intendant et porta lui même les plis adressés au Baron...espérait il récompense ? Il en fut pour sa pomme.
Tout à sa nouvelle passion pour la pêche du brochet, faisant moult gestes et moulinets forts maladroits, le Baron lisait à voix haute
-En étang, le brochet aime se poster dans la végétation , bancs de roseaux et nénuphars. Dans les lacs les brochets sont souvent en plein milieu par 10 mètres et plus...
Brusquement interrompu il se saisit des plis qu'on lui présenta en renvoyant le drôle surveiller la poterne à coups de poulaines dans l'arrière train.
-Qu'avons nous là......Messire Baron
.je fais acte de candidature
je suis lex Garde pêche
Dame Patbis.
Un leger sourire jubilatoire vint ponctuer sa lecture.
-Que dit la deuxième
vous rencontrer
accord commercial
Bryn Mac F
A
Mordiou ces Escots et leurs écritures de barbares convertis
Il sempressa de répondre séance tenante, remettant aux calendes sa formation de pécheur...
Il semblerai après lecture,ô grand soulagement, quil nait pas à sy astreindre
Citation:
A Dame Patbis.
De Louis Vonafred de Dublith.
Dame,
jaccuse réception de votre missive et vous convie céans en nostre castel pour en discuter le détail.
Nos gens sont prévenus, je vous y attends avec impatience.
Nos amicales salutations.
Faict ce jour à Segonzac.
Louis Vonafred de Dublith.
Pécheur à ses heures.
Citation:
A Dame Brunhilde.
De Louis Vonafred de Dublith.
Dame,
Je suis fort aise et satisfait du contenu de votre missive.
Souscrivant bien volontiers à votre demande, je vous invite céans pour en voir avec vous les modalités pratiques.
Nos amicales salutations.
Faict ce jour à Segonzac.
Louis Vonafred de Dublith.
Négociant par intérim.
Pas de valet cette fois, Louis Vonafred se saisit des buses réservées aux cas urgents et les expédia de sa fenêtre._________________
Brunhilde
[De bon matin, à travers bois]
- On est bientôt arrivées Ma'me Bryn ?
- ...
- J'ai mal au pied, vous savez ?
- Vous êtes monté sur Beau-Dais ! Comment pouvez vous avoir mal aux pieds ?
- ...
- Hein, Pat ! Comment elle peut avoir mal aux pieds ?
- C'est que mes mules me serrent !
- Vos mules vous serrent quand le mulet vous sert ! Vous vous fichez de moi où quoi ?
- ...
- Je préfère.
- Et pourquoi on est passé par la forêt de Barade ? C'est plein de brigands c'te bois ?
- Nan mais, je vous ai demandé ce matin ! Hein, Pat que je vous ai demandé à toutes les deux si vous vouliez couper ou passer par les grandes voies ? Et vous m'avez répondu quoi ?
- Vous avez pas dit les grandes voies vous avez dit 'Par Mussidan ou Périgueux ?' !
- Et vous avez répondu quoi ?
- J'ai dit... euh...
- Vous avez répondu "Oh non Madame Bryn, pas Mussidan, avec son bandeau, y m'fait l'effet d'un brigand !'
- Euh...
- Et Pat a répondu quoi à propos de Périgueux ?
- Euh...
- 'Ben la vieille à Périgueux c'est tous des brigands !'
- ...
- Alors, c'est pourquoi nous passons par la forêt de Barade et que...
Soudain, le frison se cabre...
- Saleté de lièvre nom de ... Pat devant toi à ta gauche... Tu es plus rapide que moi pour tirer !
Et la grande de descendre de sa monture aussi vive que l'éclair pour attraper son bourguignon. Du gibier, du vrai, du bon... Elle n'était pas encore à Segonzac.
- Gageon, restez-là si vous avez mal aux pieds...
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Tu n'es pas responsable de la tronche que tu as, juste de la gueule que tu fais...
Brunhilde
Dire que le printemps travaille les donzelles n'est qu'une semi-vraie fausse vérité. Mais il y a donzelle et donzelle. Et le travail n'est donc pas nécessairement le même. Transposons donc cette hypothèse fondamentale (oui oui, je sais, c'est magnifiquement dit) à nos deux tourterelles et leur vieille chouette :
Quand on dit au printemps, le soleil brille, les deux brunes comprennent meilleure visibilité pour tirer. Quand on dit au printemps, les oiseaux chantent, elles comprennent "dîner" que la vieille traduit en "pigeon aux petits pois".
C'est donc dans cette disposition champêtre que la Grande se lance à la suite de sa compagne de presque toujours, à la recherche des jolies bestioles de tout poil et de toute plume, non pas pour leur faire un câlin, mais pour satisfaire sa "sauvagerie" naturelle et assurer son festin.
Au premier de mai, la chasse devra s'arrêter pour répondre à l'appel des champs, de la flore, du renouveau. En attendant il leur reste peu de temps pour satisfaire leur penchant pour la traque, le défi entre les instincts, la course. Très féminin, me direz-vous ? En effet, ça l'est. C'est l'instinct des mères et des rescapées, ce que toute femme en ce monde est, fut ou deviendra. La louve et la lionne, pour résumé.
Du bord du chemin, on entend les brindilles craquées, les charmilles se coucher sous la foulée pressée et tout à coup
Tzioup
Le bruit immanquable de la flèche tirée
suivi au choix d'un "merdeuh
" ou d'un "ouéh
". Je laisse au lecteur (et oui, je reste humble, un seul suffirait à mon bonheur) d'apprécier les circonstances de ces deux expressions, toujours jetées avec la nuance qui caractérise Bryn tout le gibier à deux lieues à la ronde est alerté de sa présence.
Quoi qu'il en soit, et parce qu'elle est tout de même plus douée pour la chasse à l'arc que pour le silence, son retour auprès de la Gageon ne se fait pas bredouille : deux marcassins, une hase et un perdreau.
- Vindiou
M'ame Bryn, vous êtes tombée sul' capiot !
- Hein ?! Toute fière d'elle, elle apprécie peu la remarque.
- C'te bois il est bien à un seigneur ? Rabolioude* que vous êtes !
- Euh
- Si rabolioude
C'est comme ça qu'on dit, cheu moi, dans l'Berry.
La grande a oublié ce détail. La chasse ici est extrêmement gardée. Elle réfléchit et entendant les cloches de St Astier portées par le vent.
- Qu'à cela ne tienne, nous offrirons nos prises au baron en signe de bonne volonté
'fin surtout que c'est certainement lui, le maître de ces bois et que si vous préparez quelque chose de bon avec les pièces que voilà, il nous en voudra peut-être moins
Sous ces airs faussement contrits, la grande ourdit déjà un plan machiavélique à l'encontre de la Gageon
Mais c'est tout de même la meilleure cuisinière qu'elle ait jamais rencontrée
Ne pas oublier ce détail.
* Raboliot = braconnier
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Tu n'es pas responsable de la tronche que tu as, juste de la gueule que tu fais...
Brunhilde
La casse-crôute bord de route, ce n'était pas son idée première, non. Elle aurait préféré filer tout droit très vite, au départ. Sauf que maintenant, elle était étreinte par le doute. Le prélèvement qu'elles venaient de faire sur la réserve seigneuriale aurait pu passer totalement inaperçu si justement elles n'avaient pas rendez-vous chez ce même seigneur.
Sincèrement, c'était aussi du dernier bon goût de bénéficier d'une audience en apportant son repas, aux frais de son hôte. Même pour une sauvageonne habituée aux razzias et vols de chevaux en tout genre, sport national écossais, la circonspection était de mise... En clair, elle s'attendait à se prendre une avoinée sévère et elle pétochait.
Donc le casse-croûte finalement, elle n'était plus contre. Elle s'assit calmement et commença à mastiquer le pain et le saucisson extraits de la besace de Pat. Mastiquage très lent, très très précis... Pas vraiment envie de remonter en selle. Surtout que la Gageon, elle ne peut pas parler quand elle mange, rapport au fait qu'elle a plus de dents et que ça lui demande davantage d'efforts de concentration et de temps. Et que bizarrement, elle n'a plus mal aux pieds non plus quand elle mange. Donc goûtant ces derniers instants de candeur printanière, de silence bienvenu, elle sort de sa torpeur pour finalement lancer :
Allez ! Faut y aller ! Nous sommes attendues.
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Tu n'es pas responsable de la tronche que tu as, juste de la gueule que tu fais...
Azura_xiloscient
Azura errait dans les rues de Sarlat. Après avoir tourné quelques heures dans cette ville, elle n'avait toujours pas réussi à trouver sa destination. Elle prie une missive qu'elle avait glisser dans sa besace et la lu une énième fois, comme si elle avait encore besoin de vérifier sa destination.
Citation:A Dame Azura
De Louis Vonafred de Dublith.
Dame,
Je souhaite vous voir afin de vous entertenir d'affaires de famille.
Vous voudrez bien vous rendre en nostre Castel de Segonzac à votre convenance sans trop tarder toutefois.
Mes amitiés respéctueuses.
Le XIV avril de l'année de grâce 1458.
Louis Vonafred de Dublith.
Dame... Elle trouvait que cette appellation la vieillissait plus que nécessaire. Demoiselle, encore, ça irait. Enfin, au moins, ce n'était pas "mère"... Même si c'était là normalement le titre qu'on devait lui donner, elle détestait quand on l'appelait comme cela. Elle avait l'impression de prendre dix ans d'un coup. Enfin... Elle lui ferait peut-être remarquer qu'elle n'était pas mariée, au dernière nouvelle, quand même, quand elle le verrait.
Mais... Le terme "des affaires familiales" l'intriguait plus que tout. Ses hypothèses, plutôt folles, il fallait l'avouer, se serait-elle finalement révélées exactes ? Elle n'avait pu s'empêcher de pousser un petit cri de surprise quand elle avait lu pour la première la lettre. L'étonnement était maintenant passé, mais le questionnement sur le but exact de cette missive se faisait de plus en plus pressant. C'était en grande partie ce qui avait motivé ce voyage. Mais voilà maintenant qu'elle se perdait dans les rues de cette ville qu'elle ne connaissait pas le moins du monde.
Elle se résolu finalement à demander son chemin à un passant. On lui indiqua rapidement la chemin à prendre pour s'y rendre. Elle remercia chaleureusement la personne, bien que celle-ci n'ait pas été plus aimable que cela... Elle emprunta donc la voie indiquée et arriva finalement devant le Castel de Segonzac... Elle aurait pu chercher longtemps dans la ville étant donné que celui-ci se trouvait en dehors, à quelques heures de marches (si on empruntait pas les routes principales, qui plus est).
La bâtisse était... imposante, oui c'était le mot. La jeune prêtresse resta un moment bouche bée devant celle-ci, avant de reprendre ses esprits. Elle devait rencontrer le seigneur de ce lieu. En y songeant rapidement, on ne devait pas pourvoir rencontrer un tel homme si facilement. Bon, d'accord, elle l'avait déjà vu par le passé, mais c'était plutôt par quelques circonstances fortuites qu'un réel souhait de le voir, comme maintenant... D'un pas timide, elle se dirigea vers un des gardes de la porte et demanda :
"Euh... Bonjour... Je... Je voudrais rencontrer monseigneur Vonafred Louis de Dublith."
Elle resta quelques instants silencieuses, puis elle se rappela de quelque chose :
"Ah, fit-elle en plongeant une main dans sa besace et en en sortant la lettre. Il m'a écrit cette missive."
Brunhilde
Nous sommes arrivées Mesdames, je crois quil est temps de prendre notre courage à deux mains et de décider quelle sera notre attitude par rapport aux gibiers dans nos fontes
Ce n'était pas le courage qu'il fallait prendre à deux mains, mais les huit bêtes... et s'arranger pour que la Gageon promette au baron une recette pas piquée des vers pour espérer vaguement autre chose qu'une belle belle engu... Elle savait ce qu'elle risquait la grande, elle avait déjà vu le capitaine faché... moultes fois... et bref ! Elle savait.
Il fallait juste attendre que ça tombe. Manquait plus que ça... La chtiote qu'elle avait croisé déjà à... était-ce Augoulême ou Périgueux ?... Pas vraiment de souvenir... Un étrange air de famille avec... Euh... non quand même pas, si...
Bonjour damoiselle. Bryn McF...
Ouais enfin Bryn suffirait.
Vous attendez qu'on vous ouvre ? N'ayez pas peur surtout hein : On fait plus peur que mal !
OHE de la garde !!!
Pis vous Gageon, dès qu'on nous ouvre, vous prenez le gibier et vous filez par l'entrée des communs... Vous trouverez bien quelqu'un pour vous expliquer...
Une grande agacée, une moyenne narquoise, une gamine et une vieille... Il était gâté le baron, ce matin là.
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Tu n'es pas responsable de la tronche que tu as, juste de la gueule que tu fais...
Azura_xiloscient
A peine Azura avait-elle montré la lettre au garde qu'une femme arriva au grand galop près de a porte. Surprise, la jeune fille se retourna alors que l'arrivante stoppé la course de sa monture.
"Bonjour Dame, je me présente Pat de Sarlat."
Dame, dame... Mais q'est-ce qu'ils avaient tous à la fin ? Elle n'avait que quinze ans ! Elle faisait déjà si vieille ou quoi ? Bon, certes, elle passait plus de temps à étudier qu'à aller se promener, mais... pour autant, est-ce qu'elle avait l'air d'une vieille femme ? Dans ses souvenirs, non... Il faudrait qu'elle mette ça au clair un jour.
Cependant, ce n'était pas le moment de manquer de respect à ses interlocuteurs. Ils étaient à peu près tous d'un rang bien plus élevé que le sien... Alors autant ne pas se les mettre à dos. D'une voix qui se voulait polie, bien qu'en fait elle était un peu brusque, elle répondit :
"Enchantée, je suis..."
Elle n'eût pas le temps de finir sa phrase que déjà une autre femme arrivait, elle aussi sur un cheval. elle s'arrêta au côté de l'autre femme. Son visage disait quelque chose à la jeune prêtresse, sans qu'elle puisse dire où elle l'avait vu... A son tour, elle se présenta :
"Bonjour damoiselle. Bryn McF... "
Elle s'arrêta au milieu de son nom. Azura se demanda pourquoi, mais elle n'osait pas poser la question. Poliment, elle s'inclina devant la femme, recommençant sa phrase :
"Enchantée, je suis Azura Xiloscient, curé d'Angoulême. Mais, dame... Bryn, c'est cela ? Ne nous serions-nous pas déjà rencontré quelque part ?"