Mathias_
Dans une taverne interlope comme tant d'autre, notre bambin attendait. Quoi ? Qui ? Rien de précis. Peut être la prochaine personne avec qui il pourrait lever le coude de conserve. Fallait bien ça pour se remettre! Il y a quelques jours, Angelique avait appris au Mathias qu'il avait un petit frère. Ce n'est pas tous les jours qu'on s'imagine un autre soi -car c'est comme cela qu'il voyait déjà l'Aaron- encore plus petit que lui -était-ce même possible?. Il se prenait à rêver de leur encontre, prochaine ou pas, et mettait prou d'attentes dans ce petit être encore évanescent. Il s'était déjà promis de lui apprendre et à lire et à écrire comme lui, ne se rendant pas compte qu'il ne savait pas parler. Tâche qui se révèlerait d'ailleurs difficile étant donné que la demi portion commençait elle même à perdre les enseignements des moines, faute de pratique.
"Et pis je lui apprendrai à se battre... enfin dès que je saurai. Et pis à boire ! Surtout à boire ! Tiens à ce propos, tavernier une autre chope s'il te plait !"
Alors que la binouze glissait sur le comptoir pour venir finir et sa course et sa vie dans la main du minot, l'huis de la taverne se mit à grincer et à tourner dans ses gonds. Tiens tiens...
Minidingue
Des semaines maintenant que la gueuse parcourait les chemins. Battant la campagne, vissée sur le dos de son canasson, la vagabonde cherchait... Elle avait fait une promesse, et s'est forte de cette dernière que l'on pouvait voir ses guiboles traîner un peu partout dans le royaume.
Partout où elle passait, elle posait la même question.
"Z'avez pas vu une pestouille de 7 ans environ, des mirettes de fripouille, une langue bien pendue et surtout mutilé de la gorge en pente ?"
La description étais parfaite au point que la donzelle n avais pas besoin de préciser son prénom.
On lui demandait souvent pourquoi elle le cherchait.
Et la brunette de leur répondre :
"Bah j'lui ai promis une friction de fessiers aux orties" sourire aux lèvres.
À voir la tête de tous, elle se marrait la Mini !
La vérité était que le gamin lui manquait terriblement depuis qu'elle l'avait trouvé dans une taverne au milieu de nulle part. Elle avait aussi promis de lui ramener un cadeau après sa bourlingue.
La gorge desséchée, la Mini poussa la porte d'une taverne.
Pas besoin alors de le voir.. elle reconnut sa voix aussitôt poussée la porte . Les azurs de la brunette rivés sur c'te petite chose , qu'elle rêvait de serrer dans ses bras depuis des semaines, perchée sur un tabouret .
Cet alambic de 7 ans, haut comme trois pommes à genoux distillait déjà...
Elle ne pu s'empêcher de lui tendre les bras...
Mathias_
Il est peu de choses au monde qui puissent détourner l'attention d'un Mathias de sa chopine. Néanmoins certaines personnes avaient cet émerveillable pouvoir sur lui, et c'est donc incontinent qu'il vint se jeter dans les bras de cette Mini qu'il affectionnait de revoir vivante après son expédition mainoise. Il est vrai qu'elle lui avait promis de revenir vive et sauve de cette épopée qu'il avait hâte qu'elle lui conte. Néanmoins la façon dont leur au revoir, ressemblant plus à un adieu, avait provoqué une certaine émotion, voire une émotion certaine chez la vagabonde l'avait interloqué. Et partant, il n'avait cessé d'être tourmenté par les doutes les plus saisissants.
Vous imaginez donc le soulagement dans le cur de notre petit garnement qui s'échoue contre la poitrine de Mini.
"Je suis très content de te revoir! Je manquais beaucoup de toua! Alors comment ça c'est passé ton voyage? Tu sais j'ai regretté dans le beaucoup de pas être viendu avec toua!"
Et la volubile langue du minot se mit en activité et déversa des flots de questions. Tant et tant que Mini avait un peu de mal à donner de la répartie à cette presque mise à la question, son récit épique était quasiment haché à chaque instant, fouillant le moindre détail frivole. Au milieu de cet acharnement, le blondinet donna sans le savoir à son interlocutrice, la clef de sa sauvegarde:
"Au fait tu as rapporté un cadeau du Maine comme que tu avais dit? C'est quoi? Un sceptre? Un autre animal? Un livre enluminé? Un tonneau de bière? Quoi quoi quoi! Dis moi!"
Et les émeraudes de s'agrandir telles des billes alors que les petits poings fermés tambourinaient gentiment sur les épaules de sa teneuse, dans l'impatience qui sied à un âge où l'on voudrait tout avoir, tout de suite.
Minidingue
Pas du genre à s attacher la Mini, elle trainait à travers le royaume et pas toujours en bonne compagnie d ailleurs, mais c était là sa vie... Une bouille, des grands yeux et une gouaille de crapule, Mathias en un seul mot... ce môme avait conquis le coeur de la brunette, allez savoir pourquoi...
Plusieurs semaines les avaient séparés tous les deux. La donzelle avait une réception au Mans... jeux de combats, ripailles et douceurs lexicales, installée au fond d un fauteuil bien rembourré. Elle aurais voulu emmener l'minot mais la Mini avait des jeux brusques...
Avec ses yeux d enfants Mathias l avait regardée partir et elle ne s était pas retournée. Ne jamais se retourner... surtout quand on a la larme à l oeil mouarf !!!
L Anjou, le Poitou puis le Périgord, une bourlingue de quelques semaines pour la donzelle avec un cadeau dans son paquetage. Et oui, elle avait promis...
C est au vol qu elle rattrapa la fripouille qui faisais chavirer son coeur. Une envie de lui dévorer les joues dodues, elle le serre fort contre sa poitrine, l embrasse, le câline. Et s imprègne de son essence enfantine.
Milles questions en cascade... imaginez la tête de la brigande, une vrai ruche où bourdonnait les innombrables mots de l enfant.
Ouvrir la bouche pour le faire taire et répondre?!?! Euh Mini était parfois cinglée mais l ouvrir à ce moment là, c était la noyade assurée. Elle le laissa donc parler et blablater et riait de bon coeur en le voyant si impatient.
Oui oui OUI! J ai ton cadeau, tsss *sifflement strident, commencerait presque à être gonflée la vagabonde* Je t avais promis nan? Mais dis moi, as-tu été sage? Combien de litres de houblons as-tu ingurgités?
Elle le regardait en attendant sa réponse et s'fendait la bobine toute seule. Elle savait qu il allait pester et elle adorait ça.
L était pas sure de pouvoir lui raconter son aventure mainoise tellement il était impatient de savoir en quoi consistait son cadeau.
Le soulevant en le décollant de ses bras, la brunette posa la pestouille sur le comptoir.
Bon dis moi, qu est ce qui te ferait le plus plaisir ? Parce que tu sais les Mainois ont étés plus que généreux...
Vissant son regard dans celui du gamin, elle attendit sa réponse et faisais durer le supplice, bourrique qu elle était...
Mathias_
Comment osait-elle, l'effrontée! Jouer avec les nerfs du pitchoune n'était pas jeu sans conséquence, que cela se sache! Notre Mathis dû cependant faire montre de grande retenue et d'un grand sang froid pour ne pas se mettre à se fâcher tout rouge. C'est qu'il savait bien qu'il ne fallait brusquer Mini, au risque de la voir conserver son trésor. De reste cela ne faisait qu'une demie-heure à peine qu'il l'avait encontrée de nouveau sur le fil de sa vie et il n'avait pas envie de la s'en voir aller tout de gob.
Alors après une grimace, qui en disant long sur la façon dont il se torturait les mérangeoises afin que de trouver le meilleur moyen de la faire accéder à son unique désir, il lui souffla d'une voix douce:
Pourquoi tu me embêtes, dis? Je croyais tu m'aimais bien comme moua je te aime. Si tu m'aimes, pourquoi tu me dis pas ce que c'est le cadeau? Hein?
Pour faire tomber définitivement les dernières défenses de son interlocutrice, il ajouta à cette quasi supplique une moue tristounette qui ne laissait pas de désarmer les plus abrupts des personnes qu'il avait côtoyées au cours de sa vie, courte mais pourtant remplie assez. Son assaut allait-il enfin aboutir ou devrait-il encore faire le pié de grue devant les murailles honnies de la sournoiserie railleuse minouillesque?