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[RP] La mauvaise graine.

Scath_la_grande
[A trop semer à tout vent, on risque de s’prendre une graine dans la gueule.]

Montauban, voilà un nom d’bled qu’il était bien…

Ce nom là, il inspirait…

…le trou perdu, balayé par des vents d’airains, peuplé par une plèbe austère, et sentant la sentine à plein nez… ‘fin c’était ainsi que l’inégalable rouquine d’Embrun se l’était imaginé lorsque son doigt indiqua sur la carte, le village où ils allaient devoir s’arrêter.

Oui, il n’y avait vraiment plus le choix. Les yeux fauves quittèrent la carte et se posèrent sur les objets à estimer comme un récapitulatif général.

Une mule. Vieille et prête à calancher malgré les nombreuses motivations qu’essayait de trouver la rousse. A savoir : un panais pourri en guise de gourmandise et la menace constante d’une branche de buis disposée à pataquer le postérieur de la bête.

Un brun. Épuisé, usé et abusé par sa délicieuse personne. D’ailleurs il commençait à délirer sur une attaque improbable d’arbres hurleurs accompagnés d’une meute de champignons masqués, s’en devenait inquiétant, il était plus que temps de faire une halte.

Sa besace. Le vide pour écho, nourriture en absence et écus qui se faisaient rares (comme toujours).

Et enfin elle-même. Gésier asséché à cause d’une réserve éthylique qui s’amenuisait de plus en plus et panards qui ne prenaient pas leurs pieds à force de marcher.



Ce fut aux derniers éclats de la nuit, à l’heure où les filets du jour commençaient à s’étirer lentement que les remparts montalbanais apparurent à l’équipée et arrivant enfin au pied du bourg, la foutue mule choisit cet instant pour se laisser choir dans le fossé et crever.

Grand silence suivit d’un long soupire que la belette laissa échapper de sa poitrine, la trahissant que son humeur à barométrie variable tournait doucement à l’orage. Et comme les tempêtes rousses s’avéraient dangereuses pour la santé, son compagnon préféra avec prudence s’éclipser, évitant soigneusement une crise tapageuse de cette dernière et revenir une fois l’accalmie rétablie, ce qui ne tardait guère après quelques verres. Rageusement, la Grande alla récupérer sur la mule, ses affaires qu’elle jeta sur son dos et entreprit la visite d’un débit de boisson en urgence afin d’étancher sa siccité grandissante qui ne faisait qu’accroître sa rogne en cette matinée.

La silhouette fluide de mustélidé glissait lestement dans les venelles, sans bruit aucun, à peine le bruissement de son pas sur le sol. Badigoinces serrées comme le cul d’un vicaire, prunelles de bistre, et poings fermés à s’en blêmir les phalanges, voilà comment la belle contenait son ire tant bien que mal avant que son œil s’accroche à une enseigne brinqueballée par le vent. La carcasse stoppa nette devant une taverne à l’appellation prédestinée à l’accueillir : « la Flamboyante ». Un lieu où les rousses et, d’après la pancarte, les alcooliques notoires y étaient la bienvenue ne pouvait qu’assagir sa colère.

Elle entra. Il n’y avait pas encore grand monde, quelques habitués oubliés dans un coin se raccrochant à une chopine, et un tavernier. Maintenant il fallait choisir lequel de ses messires pourrait se laisser influencer par ses atours et financer sa soif gargantuesque. Les fauves arpentèrent rapidement la salle et s’arrêtèrent sur l’homme qui avait sans conteste le plus d’attraits selon les critères inconstants de la belette frivole.

La Grande se mit alors en phase de séduction, lissage de tignasse, réajustement de pigeonnier pour augmenter le volume mammaire, démarche lascive et en avant toute ! Directement, elle se rendit au comptoir avec son sourire le plus avenant possible et planta son regard espiègle sans sourcilier dans celui du tavernier. Mouvement du bassin qui la fit pencher en avant, le museau se rapprochant du bonhomme et en offre promotionnelle-deux pour le prix d’un- un décolleté à la vue imprenable sur l’ébauche de sa poitrine diaphane.


Le bon jour…, sourire qui s’étale encore plus, j’viens d’arriver et j’ai plus un radis sur moi… il y aurait moyen de se faire rincer le gosier gratis ? Chuis prête à payer de ma personne, s’il le faut, ‘fin c’est à voir encore.

Fit une courte pause, reprenant à voix plus basse.

Dites ? ‘savez s’il y a une loi dans c’bled qui punisse les gens qui laissent des cadavres de mules dans les fossés ? Hum c’est qu’en faite ma bête a eu un accident de vieillesse pas loin des remparts… et c'est que je ne voudrais pas visiter les geôles à cause d'une bestiole, hein !

Esquisse d'un rictus carnassier et clin d'oeil mutin terminèrent la phrase.
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"Dieu seul est mon Juge !"
Sancte
[Assez de calme pour l'accumulation. Assurer son look, puis quitter le noyau.]


Derrière ses piles de livres et de parchemins en rouleaux, un travail de titan attendait le lecteur réformé. Avant qu'il ne se laisse gagner par la paralysie de la morale d'Aristote qui le bassinait à plein tubes de par ses postures arrogantes à la con et qu'il ne laisse tout en plan, il s'accorda un entracte. Depuis combien de temps déjà planchait-il sur les fondements de cette fameuse morale ? Au moins deux jours pleins. Soudain, une odeur oubliée fit frémir d'agacement sa narine hautaine. Il y avait une roukmoute dans la flamboyante. Un mécanisme de refus systématique de la solitude s'amorça en lui, rançonnant des démons divers et variés. Une colère sourde montait aveuglément en son corps depuis ses entrailles, tambourinant ses côtes épaisses. L'exécution de sa femme conservait encore les stigmates d'un évènement indéfendable. Il avait cru que le fait de commanditer le meurtre du coupable laverait tout. Il n'en avait rien été. Le sang n'a jamais réussi à purger les ombres du passé.

Bonjour mademoiselle. Ses lèvres se plièrent lentement en un léger souris qui jamais ne fut autant mensonger. Prête à payer de ta personne, hin ? Il la jaugea attentivement d'un regard froid. Si seulement tu étais vierge ou prude, la bagatelle aurait pu valoir l'oeuvre de charité. Mais pour une vulgaire putain, mon aumône ne pourrait s'exercer que sous les auspices de la tiédeur et de la mollesse. Elle n'aurait alors aucun mérite et ne vaudrait rien.

Il laissa ses paroles se diffuser dans son jeune esprit d'oiselle, avant de se remettre à son fastidieux travail qui aurait du lui faire aduler Aristote, plutôt que le mener au mépris de ce dernier. Il se l'imaginait médiocre, votant à tort et à travers et défendant ses positions à l'aide d'une voix nasillarde de contre-ténor. Sale tableau pour un prophète fondateur. A ce moment là, la voix de crécelle de la rousse se mit à retentir de nouveau. Il s'apprêtait à l'injurier en lui postillonnant à la gueule juste avant qu'il ne perçoive l'opportunité sous-jacente qu'il pouvait tirer de son propos stupidement féminin.

Ramène moi ton mulet crevé et tu auras ton cruchon. Il darda son sale faciès de sauvageonne de ses yeux pénétrants. Ses prunelles cerclées d'un bleu acier pétillaient d'un magnétisme autoritaire, qu'un demi-sourire à l'intelligence madrée vint paradoxalement renforcer. Tu peux ranger tes dents blanches, ma jolie. Ce n'est pas négociable.

Une injonction en guise d'accomplissement d'une idée folle, qui suscita chez lui le tremblement du rire. Pas plus frugivore qu'un œillard à meunier, l'Amiral était boucher de profession, et dégoter de la viande à bas prix pour ses ouailles suscitait chez lui une préoccupation constante. Sa conclusion lâchée, le silence de plomb qui s'ensuivit fit rapidement aborder à son interlocutrice tout le sérieux de son propos.
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"Aux hommes la droiture et le devoir, et à Dieu seul la Gloire !"
Sancte Iohannes - Humble mais néanmoins Mirifique Gouverneur de Montauban-la-Réformée.
Scath_la_grande
[A malin, malin et demi !]

Léger papillonnement de ses paupières sur ses prunelles insolentes, tout justes agitées par un frisson d’amusement, seule preuve que la belette prêtait une oreille magnanimement attentive à son discours. Une chose était sûre, le gus avait bien plus d’attraits à la vue qu’à l’écoute. Un grand sec, étiré d’austérité tout le long de sa carcasse, et pas tout neuf de qui plus est. Un de ceux qui néanmoins réussissait à susciter un minimum d’intérêt à la rousse par leurs regards marmoréens.

Plus le temps s’égrenait depuis qu’elle avait foutu les pieds dans ce bouge, plus un certain agacement n‘avait de cesse d’augmenter en son sein excité par le blabla du tavernier. Et malgré un masque impavide, ses doigts hyalins qu'entortillaient nerveusement le crin roux, la trahissait.

Pour qui se prenait-il à jaboter de la sorte ? Le maître incontesté d’une oligarchie ? Ne savait-il pas à qui il s’adressait ?
A la Grande, la seule, l’unique-fort heureusement- Belette d’Embrun. Connue et reconnue de tous les notables de sa ville, surtout à la taverne municipale où elle exerçait le métier de pilier d’établissement ou de videuse de fond de tonneau (c’était selon). D’ailleurs le bourgmestre avait même concédé un « budget Belette » prévu pour les considérables consommations éthyliques de la rouquine. Alors la tentative d’intimidation du précepteur froissé des braies passa directement à la trappe sans même effleurer un brin Scath. Ainsi la sommation glaviale d’escamoter sa denture n’eut pas le résultat escompté. Les nacres au lieu de se planquer, s’alignèrent les unes après les autres dans un sourire de prédateur, qualité innée chez la damoiselle.


Pas négociable ? Vraiment ?

La sentence cynique et inique annoncée, la jeune fille se redressa, cala le matos bien au fond du pigeonnier. Si le bonhomme était frelaté de l’entre-jambe cela n’était pas la peine d’attraire en longueur avec des arguments sur le sujet. Elle croisa ses bras contre sa poitrine, le museau relevé, dans une marque de mépris.


Par contre, tu fais erreur « mon bon seigneur ». Ce que tu prends pour du professionnalisme n’est que frivolité. Je ne suis malheureusement pas assez docile pour pratiquer mon hérédité. Les fauves se plantèrent dans les iris dépourvus de chaleur, elle le toisa sans sourciller. Je croyais que les hommes d’un âge avancé, riches en expérience, aimaient à prouver aux jeunes filles qu’ils en ont dans les braies. Haussa une épaule laiteuse. Mais j’comprends… si t’es ramolli du bulbe, il est dangereux d’exposer ta virilité ainsi.

Le rictus malsain reprit ses droits sur ses lèvres.

T’inquiète pas pour mon gosier pentu, il y a d’autres tavernes dans le coin et d’autres hommes en meilleure disponibilité. Salut à toi !

Bruissement d’étoffe lorsque l’enfant impatiente se tourna brusquement pour prendre la direction de la sortie. Non, non la Grande Scath n’avait plus rien à fichtre dans l’coin, pis il y avait un foutu brun dans la nature qu’elle se devait de retrouver au plus vite.

Le froufroutement carmin de ses jupons stoppa après quelques pas et la rousse virevolta à nouveau, s’approchant inconsciemment du tavernier, sa morgue en bannière. Elle avait commis un petit oubli.


Au fait ! Sa langue claqua contre son palais dans un petit bruit sec. Pour la mule, t’as qu’à la chercher toi-même ! Cette satanée bestiole n’est pas loin des remparts… mais j’te conseille de ne pas la bouffer. Si je ne l’ai moi-même pas dépecée, c’est qu’il y a bien une raison…
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"Dieu seul est mon Juge !"
Sancte
[A gros manche, niaise trois-quart.]


Pendant que la rouquine faisait son intéressante, le Sicaire surveillait attentivement son œuf à la coque, semblant se contrefoutre des opalines qu'elle lui offrait en dépit de ses avertissements. La Flamboyante était un lieu-dit où l'on thésaurisait rarement sa colère, moins encore ses menaces, et pour être parfaitement honnête, les pimbèches en mal d'amour qui se prenaient pour les cadors oscarisés de la galipette le faisaient débander quelque chose de sévère. A la fin de son blabla totalement hors sujet, il se contenta de lui adresser un souris de mépris destructeur. Par politesse vis-à-vis de son insignifiance, dira-t-on.

Je me répète jamais et l'Amiral n'a aucun conseil à recevoir d'une gamine, super jouasse de ses premiers poils de fouffe.

Il effaça dans la foulée la brutalité de ses traits, se déplaçant un peu plus loin avec sa casserole, exposant le côté droit de son corps à l'espèce de belette. Ses narines reniflèrent l'eau frémissante, avant qu'il ne la renverse sur la marbrure où il avait coutume de dépecer les quartiers de viande qui méritaient son respect, récupérant l'œuf au passage.

J'en ai rien à branler de ta vie, Marjolaine.Et encore moins de choses à prouver à une décérébrée à la con, toute fière de sa petite rhétorique de pute. Si t'as rien de plus intéressant à m'dire, va faire ta sale chaude ailleurs. Ou comment voir la vie en couleur, façon fauviste de l'Antiquité. Il s'arracha pronto de son attention et dota de nouveau ses traits de leur dureté coutumière, les considérant sans doute prompts à faire sursauter les enquiquineurs de toute sorte. Impassible, il se redressa, ôta la languette d'un laitage, décapita son oeuf, et se rendit compte qu'il en avait minoré la cuisson. Se mettant à rire d'agacement, il fronça les sourcils et épousseta ses épaulettes blanches. Sa lippe saine s'écroula, tandis que la môme continuait de l'aduler au travers de ses merveilleuses attentions mesquines à partir desquelles pensait-elle sans doute se rendre intéressante, voire originale.

Calmement, il laissa son bon manger refroidir, et profita de ce sursis pour décommettre une corde à partir de torons de chanvre, afin d'entourer son enclos qui pour le moment, loin des joyeuses parties de ça-va ça-vient dans la cave, constituait sa seule préoccupation profonde. A moins que ce ne soit pour décorer le gibet avec de la sale race de roukmoute qu'il avait jusqu'à présent épargnée malgré l'énergie qu'elle déployait pour réchauffer sa baraque au bas mât. Mais le puissant Sicaire n'était pas homme à se laisser croquer et moins encore que l'on vienne troubler le calme de son établissement par des familiarités par trop sonores pour son ouïe raffinée et délicate.

Bienvenue à Montauban, my lady.

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Scath_la_grande
[Souquez ferme moussaillons… on largue les amarres ! ‘ y a l’Amiral qu’a un grain]

Un sourcil roux se dressa, circonflexe hautain à l’encontre de la bavasse de l’Amiral. Tous ce ramassis de foutaiseries périmaient peu à peu sa patience et commençaient sérieusement à lui polluer les esgourdes. Alors oui, pour sa santé mentale, avant que l’acrimonie n’asphyxie totalement sa raison et ne lui fasse dire quelques belettises qui assurément lui garantiraient une jolie balade au bout d’une corde, il fallait qu’elle prenne la tangente au plus vite du vieux moisi du bulbe.

D’ailleurs pourquoi perdre son temps, et ses précieux talents de l’embobinage de pigeon avec un récalcitrant. Pis le bonhomme lui rappelait amèrement quelqu’un, lui laissant un goût de cendre au fond de la bouche. Le souvenir de cette vieille crevure d’anglois qui l’avait éduqué comme on dresse un clebs vint s’agiter devant sa mémoire tel un spectre sorti d’un tiroir. Et comme Scath avait une propension excessive à la désobéissance juste par pur esprit de contrariété, on pouvait dire qu’elle avait reçu son quotta de pieds au cul et de claques dans la gueule pendant qu’elle l’avait côtoyé.

De son regard crépusculaire, elle étudia ses gestes avec soin et méfiante, la rousse entama un retrait de sa personne, marchant à reculons, reniflant la nuisance du tavernier à plein museau.


C’est bon, j’me casse… t’affole pas mon pépère !

Une fois passée hors de portée de l’Amiral, l’embrunaise virevolta brusquement et prit la direction de la sortie, ne s’arrêtant que sur le pas de la porte. Lui affligea son plus beau profil-celui de coté bien entendu- et laissa choir froidement son nom.

Moi, c’est Scath ! …pas Marjolaine. Messire Ducon !

La rouquine disparut de la taverne dans son bruissement de jupons habituel, espérant secrètement ne plus jamais avoir à faire à l’Amiral. Mais l’vieux barbu là haut, assis sur son nuage ne voyait pas l’avenir ainsi et magouillait déjà à faire capoter les désirs de la belle.
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Sancte
[Un chef à la masse.]


Parce qu'il avait ptet' la gueule d'un type qui avait coutume d'attacher son chien avec des saucisses ? Il darda sur la demoiselle ses soupiraux nocturnes, examina ses gesticulations avec la naïveté du brave type qui croyait encore à son abandon sans qu'elle ne vienne encore essayer de faire sa belle pour sauver la face. Ce ne fut pas le cas, et il s'en eut fallu de peu avant qu'il ne la cogne. Il finit son oeuf, ce qui était en adhésion avec ses principes de ne jamais interrompre un repas, surtout devant tout le monde. Il arrêta seulement sa mastication lorsqu'elle s'adressa à lui sur un ton familier, répugnant à exercer sur la jeune femme ses avantages naturels de bistrotier dans ce réduit dont la bonne odeur de Guyenne lui chatouillait les narines.

J'suis loin d'être ton pépère, la béguineuse.
T'enregistres ?


Pas de quoi se consoler sur la nature humaine, surtout lorsque la demoiselle vous offrait son portrait déjeté en pâture, aussi émouvant qu'une section administrative. Face à l'ignorante qui semblait pas connaître les justes limites de la provocation, il se leva calmement en laissant chuter son tabouret derrière lui, tout disposé à faire honneur à sa généreuse notoriété.

J'te conseille de pas remettre les pieds ici.

L'actuel Tribun au torse glabre n'osait pourtant prier ni le ciel ni les nues pour que cela arrive, et préféra aller se coucher en courant pour s'aveugler de doux rêves, à l'instar de son ami Izaac qui traficotait dorénavant en Helvétie. Sombrant bientôt dans le sommeil, il laissa à Khaz -le majordome à la gueule suscitant l'effroi auprès de toutes ses bien-aimées- le soin de décapoter sa voiture de voyage.
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Sancte Iohannes - Humble mais néanmoins Mirifique Gouverneur de Montauban-la-Réformée.
Scath_la_grande
[Des semaines et des semaines plus tard… si ce n’est pas plus…]


Une voix lui parvint, nébuleuse et didactique. Étrangement, elle commentait une scène de deux bestioles au crin roux qui copulaient joyeusement dans de petits cris aigus. Le tout était agrémenté d’une musique légère, de fond où l’on pouvait y reconnaître une viole. Ce qui donnait un aspect totalement surréaliste à la chose, il va s’en dire.

« La Belette, ou Mustela Nivalis est un des plus petits mammifères carnassiers de l’Europe. Habitante des prairies, des terres arables et des régions boisées, elle affectionne tout particulièrement les petits rongeurs et les petits oiseaux dont elle aime à briser leurs cous dans un bruit sec et à dévorer leurs entrailles encore fumantes sans aucun remord. Ce petit animal a un rythme de vie frénétique et totalement déraisonné. Pour preuve, l’accouplement des belettes dure longtemps, les petites veinardes s’ébattent follement en moyenne pendant trois heures durant leur période de chaleur qui se situe entre le printemps et l’été… » Une courte pause vint s’intercaler à cet instant, où le narrateur invisible laissa place à un morceau de viole ennuyeux. « Néanmoins, il existe une espèce très rare de Belette. La Mustela Nivalis Foldingus appelée plus couramment « Belette d’Embrun » qui vit la plupart de son temps sur les chemins, et dont la période des chaleurs est exceptionnelle. Et oui celle-là excède les douze mois de l’année que nous a refourgués notre Très-Haut-et-Très-Barbu-Père qui vit… »

La voix douce et posée du blablateur omniscient s’arrêta dans un bruit de disque rayé, bruit que bien sûr Scath ne sut interpréter -car pour la rousse un disque rayé, était un rond avec des rayures et point un engin futuriste usité pour écouter de la musique- et un visage ulcéré apparut en lieu des carnassiers. Celui de l’Amiral qu’elle aimait tant à détester… ou inversement, allez savoir. L’vieux pointait un index accusateur et sur un ton de l’admonestation lui tint un étrange discours « Toi, la roukmoute, prends tes tiques et tes tac, si tu ne veux pas que je te claque ton sale museau de grognasse. Tu n’as point honte de forniquer en terre réformée, tu ne sais donc point que cela est interdit… » La voix du narrateur derrière, un brin offusquée par l’impromptu du propos protesta faiblement, il geignit bassement« Veuillez excusez l’interruption de notre documentaire sur les belettes, l’émission sera rediffusée après Sicrette Stauri à 20 heu…. »



Les yeux de Scath s’ouvrirent avec violence, deux fenêtres de couleur fauve qui avidement tentaient de déchiffrer le vert lumineux qui inondait ses lucarnes béantes. Pupilles qui se rétractèrent, firent le point alors que sa poitrine s’agitait de spasmes angoissés. La respiration dans un fatras d’essoufflements, palpitant farceur qui tambourinait à en rompre la fine membrane diaphane de sa chair.

Avec précaution, l’esprit s’extirpa lentement des limbes sommeilleuses, tenta une analyse consciencieuse des informations qui lui parvenaient laborieusement des abords de sa personne.
Des feuilles baignées de soleil, voilà ce qu’était ce fabuleux tapis d’émeraudes scintillantes. Péniblement elle se releva à demi, porta une main moite à son front halitueux qui semblait plier sous un étau douloureux.



P’tain de rêve à la con !


Le souffle était encore un peu court malgré la réhabilitation de ses signes vitaux. Il lui restait les sens en désordres, plongée dans un état d’intense perplexité. Les membres engourdis semblait sourd à l’appelle de sa conscience et rendait ses gestes indolents. Insidieusement une chaleur allait en augmentant, jusqu’à devenir brûlure et lui picotait déjà la peau.

Les mirettes jetèrent un regard circulaire autour d’elle, s’assurant de par la même du sis où elle se trouvait.
Assise au pied d’un arbre, au beau milieu de l’après-midi, le Tarn se traînait non loin de ses pieds. Un vieux bissac épuisé de vieillesse, monstre à la gueule béante qui semblait vomir son contenu sur l’herbe avec cette impudence de montrer l’intimité d’une personne par ses objets.


Quelques babioles, sans importances, se faisaient une course éperdue et immobile entre trois brins verts. Une petite bouteille saignait à moitié son encre noire dans la terre, une plume sur-usée gisait non loin d’une dague âgée et un codex écartelé, les entrailles de ses pages à la merci du vent qui agitait en vain les cohortes de mots sans les détacher de la feuille. Le précieux ouvrage était paré par l’écriture de la rouquine, une sorte de journal intime des plus spéciaux. Dont chaque épisode de sa vie contée, débutait par un « cher Tad ». Lettres futiles et absurdes, oscillantes entre la prière, la réflexion et le questionnement sur le monde qu’elle adressait en vain à Dieu.

Pour qui aurait pris un peu de temps à jeter un œil, aurait pu percevoir les prémices du griffonnage de l’enfant dans les premiers feuillets, maladresse des courbes, constellation de fautes et consternation de taches d’encre… au fil des pages, s’égrenaient les phrases mieux construites, à l’écriture rétrécie et dont le trait était durci par la pratique et l’apprentissage austère dans un couvent.


A présent, La Grande pouvait se mouvoir avec un peu plus d’aise, tandis qu’elle eut l’impression que son corps se consumait sous la chaux vive durant une poignée de seconde. Douces résultantes du mélange de vin qu’elle liait habilement avec une ou deux herbes de sa connaissance aux effets dévastateurs sur son âme de dévoyée.
La carcasse chancelante, elle se releva, tenant de justesse sur ses guibolles s’en se foutre par terre. Quelques gestes tremblants de sa main et Scath se libéra de l’étoffe carmin qui lui bardait l’ivoirine.

L’eau froide, lui apporta réconfort au tumulte de l’incendie interne et après l’accalmie de ses sens désorientés, la rouquine prit un certain plaisir à jouer les aloses de rivière, plongeant de-ci delà en montrant sa luisarde pâle au rayon solaire. Ayant épuisé toutes les nages que la rouquine connaissait-même celle du caillou dormant- elle revint en quelques brasses près du bord. Et une idée incongrue lui traversa sa cabèche de belette « Merdouille de carabistouille, j’espère que ce n’est pas sur le terrain du vieux que j’ai échouée, avec l’pot que j’tiens, ça serait du domaine du possible. » Elle scruta les alentours, pas de moutons, c’était bon signe.

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Sancte
[Un semainier, deux semainiers ... Incessamment sous peu.]


Un fond de bonne poire, l'Amiral. A demi inspiré, il avait emporté avec lui une toile histoire de se détendre sur les rives du Tarn en jouant au peintre. Il s'était mis dans l'idée de commencer son premier chef-d'œuvre en représentant une créature quelconque qui se serait arrêtée devant lui.

Avec toutes les pas farouche d'la fouffe en la saison, j'va bien tomber sur une naïade qui supportera mon coup d'pinceau.

Un éclair de peinture diffus alla gicler sur la toile. Il n'était guère coutumier de ce genre d'activités. A dire le vrai, il avait d'ailleurs conscience d'être totalement ridicule mais son amour-propre en ce jour délicieusement ensoleillé n'avait su trouver les ressources pour s'interposer à son désir de raffinement auquel il souhaitait se consacrer à perpétuité. Faut dire, avec le peu de temps qu'il lui restait ... Un raconteur en aurait eu des choses à dire sur son compte s'il l'avait vu en pareille posture. D'autant plus que sur la berge où il se trouvait, il était bien visible. Toutefois, en panne d'inspiration, il se leva et se rendit sur la placette du marché qu'il fréquentait tout le temps au rythme enveloppant des joueurs de viole de gambe.

Ahhh, Montauban. Ton soleil, ton Tarn, tes falaises, tes femmes, ta musique, ton parfum, créée tu as été pour devenir la véritable demeure des rois, en toute heure et en toute saison !

La présence de l'actuel Bourgmestre à la paresse bohème se dessinait dans la ville en pointillés sous l'approbation du populaire qui aimait plus que tout que l'on soit proche de lui pour mieux s'en faire l'avocat face aux nombreux coups du sort et aux pressions extérieures. Depuis qu'il s'était lancé en politique, il avait changé de tonalité -du moins en était-il persuadé- et lâchait plus volontiers les compliments qu'il conservait habituellement en réserve. Au cours de sa balade, il tomba sur de vieilles fréquentations huguenotes à qui il écrivait encore de temps en temps à l'improvisade, dans le seul but de maintenir contact.

- Bonjorn Annibal, comment va ? Et votre femme ? Et le pitchoune ?
- Fort bien Senher Iohann, que Dieu vous garde !
- Adishatz, Dona Diane, toujours plus ravissante de jour en jour !
- Adiou, moussu Sancte ! Totjorn aussi flatteur !


De bons pécheurs réformés qu'il reconnaissait comme étant fatalement au-dessus de la masse. Ces gens-là avaient bon fond et surtout bon vote, comme l'affirmaient tous les relateurs politiques. Un constat qui ne pouvait que lui plaire, maintenant qu'il feignait formidablement bien de se soucier du qu'en-dira-t-on. Quelle horreur, que de prêter oreille attentive à des gens qui passaient leur temps à gémir dignement.

Salutations compain. Sers-moi donc trois livres de tes navarins. Des beaux. J'ai ragoût de la race des savoureux à préparer ce soir.

Couvert de son armure noire, le Chevalier du Lion était aisément reconnaissable et faisait renverser sur leur siège toutes les commères qu'il croisait. En ces moments là, il se contentait d'inspirer à fond, et passait au plus vite son chemin, remportant avec lui sa sulfureuse réputation. C'est alors que revenant à sa toile, il croisa une jeune demoiselle aussi trempée que nue par temps sec, et qui semblait avoir besoin qu'on lui prête main-forte sur le cul. Et sans doute pas que la main d'ailleurs. Tant mieux. Pour une fois qu'un évènement s'offrait à lui pour une entracte agréable. Alors le Sicaire au physique ramassé se redressa, déployant ses larges épaules, et lâcha son cageot de navet sur le sol, pour mieux étreindre la taille de la jouvencelle épanouie de la largeur de son bras. Tout simplement parce qu'il l'avait reconnue.

Qu'est-cela la gourgandine ? Cesse-donc d'haloter en tous sens et mets vivement ta grossièreté au placard sans délayer ! Sont-ce là manières respectables d'une religionnaire de Montauban ?

Il sonda sa situation et s'imagina qu'elle avait subi quelque outrage de la part de papistes par trop zélés, de roumes, ou encore d'un caïman borgne qui lui avaient fait pâtir de leur approche pour le moins virile. Sans doute saurait-il les retrouver à l'aide de l'un de ses nombreux mouchards, mais chaque chose en son temps. Il y avait plus urgent et malheureusement, le sicaire conservait encore quelques stigmates de responsabilité. Il déposa une petite bourse dans la paume de la demoiselle.

Prends-donc et sers-t-en pour acquérir nouvelle vêture. Mieux vaut tenir que quérir, et mieux vaut toujours deux sous ici que quatre ailleurs !

A Embrun, par exemple ...
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Scath_la_grande
[Piégée…]


Comment en était-elle arrivée là ? Bonne question ! Parfois le vin amenait son lot d’oublis et quand le vin était constant l’oubli se trouvait fréquent.

A trop chercher les moutons, la rousse n’avait même pas aperçu leur « berger » qui venait s’enquérir d’une de ses brebis égarées. Ce fut seulement lorsqu’une ombre massive s’étendit sur elle, que Scath releva ses billes élargies de surprise. La belette qui se prétendait bien maline, sur ce coup là, ne le fut pas. Et l’ivoirine se trouva sous le joug des gréements du Sicaire.
Malgré elle mais point contre son gré.
Car sans mentir, l’vieux avait encore de l’argument à donzelles planqué sous la cuirasse et un regard mordant, qui, s’il ne touchait pas tout le monde, détraquait les sens de la damoiselle.

Néanmoins, un éclair de panique zébra furtivement la fauve hautaine de ses iris.
Quelle bévue avait-elle bien pu commettre ?
S’était-elle installée-à l’insu de son plein gré- sur la propriété du bourgmestre et polluait de par là-même son air.
Ou pire…
La Grande se remémora, avec effroi, la fois où au lieu de faire son habituelle décoction d’la noire avec des feuilles, elle y avait foutu les racines. Bien mal lui avait pris. Résultat, la rouquine s’était éveillée, museau dans le vomi, les jupons roussis. Et gratis, tout un tas de pécores, fourche en main, qui venait s’inquiéter de sa santé. Pour sûr que si l’inquisition avait été dans les parages, la belle se serait fait occire comme les quelques chaumes du village, noircies dans la nuit par une furie. Inutile de vous dire que La Grande n’était pas restée jouer à la touriste et avait déguerpi fissa.


La voix calme et posée de l’Amiral atténua son angoisse, non ce n’était pas pour la réprimander qu’il était là. Et la rousse crut même déceler une once de clémence dans son intonation. Hé bé la picole avait dû être sévère pour la gamine dans le début de journée pour que de pareilles idées s’insinuent dans sa cabèche. Le sourire fut armé, toutes nacres dehors, fièrement alignées comme pour le passage en revue des troupes par un général. La carcasse à moitié comprimée par le bras du fauve, Scath put lui souffler sans trop s’esquinter la respiration :


Votre mirifique Splendeur… vous ici ? …Notez au passage le vouvoiement rétroactif qu’employa sa rousseur, l’Amiral ayant réussi-on ne sait trop comment- à grappiller le parcimonieux respect scathien. La main en même temps, passé le délai de surprise, se referma sur la petite bourse –celle en cuire contenant de la grenaille, voyons ! -, Je ne vous connaissais pas l’humeur à dégancer.

L’étreinte se fit moins rustre et l’embrunaise put prendre une large goulée d’air en cas où le carcan d’airain ne se referme sur elle.

Pour ce qui est de me vêtir, mon habit est par là, sous l’arbre.

Mais je crains que si vous ne me lâchiez en cet instant, mes jambes risquent de se dérober tant je suis à l’étonnement dont la manière que vous m’avez cueilli… qui est loin de me déplaire soi-dit en passant.


L’œil se fit malice et le sourire alla de paire.

Laissez-moi un instant pour me « recontenancer » et je poserai les oripeaux d’orgueil sur ma calcédoine afin de ne plus vous accabler la vue de ma nudité. Bien que je ne fais que revêtir l’habit de mon Créateur.

A moins que vous ayez besoin de moi dans pareille tenue… pour une leçon de natation p’têtre ?


Il allait de soi pour la créature aux traits d’enfant, à la courbe peu vertueuse qu’elle ne pourrait faire louvoyer le cap de l’Amiral sur une route dévoyée… mais les hommes sont sempiternellement d’humeur changeante…
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"Dieu seul est mon Juge !"
Sancte
[La traque]


Ou comment mener à sa façon une chasse aux sorcières cul nu, dans un décor fauviste. L'infâme Sicaire desserra à demi son bras de la chair de la demoiselle pour la préserver de l'étouffement, elle qui aimait tant se ruer dans les brancards. Peine pour cette dernière, les nuits du bourgmestre étant fort bien remplies, il se trouvait dans la nette impossibilité de se faire allumer par une jeune oiselle, s'exterminant déjà l'impérieux besoin concupiscence à chaque nuit tombante avec la meilleure des compagnies.

Oui, moi ici. A Montauban. Surprenant pas vrai ? Il pensait prêter main-forte, mais ce fut une déception, car devant lui se fermaient les portes opportunistes d'une resplendissante charité. Finalement, il se dit qu'il aurait mieux fait de rester alternativement dans sa demeure et dans la Mairie, où dans la fraîche profondeur de sa cave, il avait coutume de palper la cagnotte des impôts qui débordait des coffres et à éplucher les livres de compte en boyaux de daim dans l'optique de mettre du plomb dans l'aile aux mauvais desseins des fraudeurs. D'ailleurs, constatant que la demoiselle ne venait pas de se faire outrager, il récupéra fissa son argent en la griffant de ses grosses pattes au passage, avant de lui réciter l'adage suivant:

Si une jolie femme vient te demander justice, ferme les yeux à ses larmes et l'oreille à ses soupirs ; considère calmement sa requête, si tu ne veux pas qu'elle te fasse perdre la raison par ses pleurs et ta vertu par ses gémissements. Aussi, vous avez raison, je ne ressens plus aucun besoin de "dégancer", puisque vous n'avez aucune raison de me réclamer justice. Allez donc vous rhabillez avant qu'un sergo ne vous voit en cette tenue. Pour ma part, je sais déjà nager comme canard et ne ressent nul besoin de m'encanailler avec vous en cette heure et en ce lieu.

C'est qu'il commençait à se familiariser avec les roublardises de l'Embrunaise, plus civile qu'on ne le pensait dans l'impouvoir qui avait jusque là guidé sa morne existence. Il la quitta donc long moment pour s'envoyer dans le gosier de belles lampées de Bordeaux, vidant sa flasque sans même disposer du temps nécessaire pour s'en apercevoir, en admettant que cela soit dans ses capacités. Il profita même de cette fraîche liberté pour aller se couler un bronze aux alentours, tandis que la rouquine se rabattait la vêture. Il ne tarda pas à revenir, rebouclant son lourd ceinturon.

Lorsque j'aurais enfin posé ma praline, avec la certitude que l'on ne me serrera plus jamais au pré, je me ferais construire une belle villa ici. Très select, vous verrez.

Il embrassa le panorama d'un regard conquérant, où se reflétaient les moulins faisant travailler leurs oeillards. Il fut mordu d'une légère irritation en apercevant au loin celui d'Arbalett, qui était encore le seul à se montrer réfractaire au décret municipal sur le prix plancher du vin. Celui là, foi d'huguenot, il allait se le farcir. Une idée indélicate qui lui arracha un léger souris, coudoyant un plissement de paupières féroce. Le papiste allait devoir s'expliquer à la Maréchaussée pour ne pas s'être plié aux injonctions du démiurge qui avait réussi la performance d'unir derrière lui tout à la fois les Montalbanais et les étrangers. Son approche politique prodigieusement directe et vicieuse avait le don de remonter le vent, et laissait de facto ses détracteurs à l'état d'impuissance, échoués sur la crique de leur inaptitude d'hommes simples, trop tendres pour incarner la poigne de véritables chefs ou d'Hommes d'État, que même une gamine amatrice de rubans bleus savait adopter.

A travers la Mairie de Montauban, le Chevalier du Lion avait racheté son âme à la Guyenne. Ne jamais prendre les vieillards de toujours à l'humour grinçant pour plus conservateurs qu'ils ne le sont.
C'était bien plus sage ainsi ...

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"Aux hommes la droiture et le devoir, et à Dieu seul la Gloire !"
Sancte Iohannes - Humble mais néanmoins Mirifique Gouverneur de Montauban-la-Réformée.
Scath_la_grande
[Cheminant entre ciel et terre…]


Le souffle amer de l’Amiral s’était confondu avec le vent, déjà elle n’écoutait plus, l’esprit bien occupé à jauger sévèrement sa main devenue orpheline d’écus. L’homme dans sa générosité s’était montré bien pingre, la maigre bourse lui aurait tout juste suffit pour s’acheter des bas, et encore, de mauvaise facture.

Le museau se fronça, les yeux plissèrent sous le dédain tandis que le lait de sa carcasse au flan maigre de maraudeuse en cavale prenait congé cyniquement de l’ombre. Et même si l’offense se trouvait au bord des lèvres près à réclamer d’une voix aiguë et agaçante, Scath s’en absout, l’éthylique qui s’était mêlé à son sang lui procurait un peu de raison non négligeable face au Sancte. « Ma p’tite si tu veux pas qu’il ne te latte l’oignon, garde tes revendications et ton clapet à merdier bien clos ». De toute manière, elle ne se froissait guère à long terme, bien vite son humeur de futile reprenait le dessus surtout si ribote se profilait en un avenir proche.

L’vieux s’absenta, on ne savait où, on ne savait pourquoi, on ne sut comment. La rousse crût tout bonnement qu’il avait levé l’ancre pour d’autres rivages, emporté par un courant municipal. Peut-être le sicaire avait d’autres naïades à sauver d’une hypothétique noyade, pour endosser l’habit du héros, en plus de toutes les autres panoplies qui traînaient dans son armoire.

Un carmin retrouva sa vocation propre en glissant sur le satin hyalin, parcourant les jambes, les hanche, recouvrant à présent les épaules une après l’autre. La nudité ainsi escamotée, la jeune demoiselle s’accroupie pour réunir ses affaires éparses.
L’avait-on fouillée durant son absence comateuse ? Le regard hagard reluquait sa plume pliée, à moitié cassée qu’elle avait prise entre ses doigts comme pour retrouver quelques bribes de mémoire et dont le cadavre fut vite englouti par la gueule béante de son bissac, comme quelques autres affaires qu’elle enfourna sans ménagement.
Avait-elle sombré encore une fois dans quelques folies inspirées par la jusquiame ? Aucune réponse ne trouva écho dans sa cabèche. Des breloques que l’embrunaise n’avait pu revendre disparurent avec un fatras de lettres de douanes chiffonnées, rapatriées de manière désordonnée sous ses fauves vides par le questionnement.

Nonchalamment, la main se porta sur une médaille, unique legs maternel, si on ne comptait pas sa rousseur et un talent pour les routes dévoyées du sybarite.
« Tiens, je croyais l’avoir paumée », haussement d’épaules.
Les doigts se refermèrent instinctivement sur l’objet quand la voix bourrue de son bourreau à la moleste vint l’interrompre à son rangement. Sursaut de surprise. Elle se releva bien vite et se positionna à son flan en coulant son regard dans la même direction. Le Sicaire semblait voir l’avenir, elle ne voyait que de vieux moulins fatigués.


Hmmm Praline ?

Si la belle belette avait eu un don de visionnaire, elle aurait rétorqué au Mirifique Gouverneur de Montauban-la-Réformée, que la praline n’existait pas, ou pas encore ! Mais comme la demoiselle était persuadée de l’omniscience de Sancte, et lui octroyant aussi de nombreux autres dons pas tous vérifiables, elle ne lui adressa qu’une œillade de ses yeux sauvages, un brin interrogateur.
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"Dieu seul est mon Juge !"
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