[RP] Déclaration du Conseil légitime de Bourgogne

Ma bien chere Clothylde
Et néammoins Dame de Couches,

Je m'en reviens une fois de plus vers toi matinalement afin de connaitre le sens de vos profondes réflexions concernant cette histoire de dentelles au point d'Alençon. Je ne sais si vous êtes parfaitement au point sur ces problemes-là en Bourgogne et je ne vous en voudrais évidemment point de préférer y mettre un point final.

Ceci dit, une vaste idée m'est venue comme une sorte de coup de poing tandis qu'ici poind un beau soleil hivernal :

Vous m'avez rapporté, l'autre fois, que vous vous inquiétiez de savoir s'il fallait taxer les poissons au prorata de leurs arrêtes, si les fruits devaient connaitre même sort en comparaison de leurs vertus confiturières, si l'écorce de bouleau devait connaitre une dîme plus ou moins forte que celle du chêne, si la miche morvandelle devait être répartie à parts égales entre les membres d'une même famille, otée de la part dite du pauvre, selon un coefficient multiplicateur en raison de la blancheur de la farine utilisée ?

Toutes ces graves questions économiques, toutes ces interrogations producto-financières ont fait leur cheminement dans mon esprit -vous savez mon goût pour les lois de la Finance et leurs développements sur nos vies quotidiennes- et je crois bien avoir pu créer une nouvelle règle économique qui, je le crois, fera date dans l'histoire. Et pas seulement en matière de trésorerie ni d'échanges numéraires mais, je le pense, comme postulat de base à toute action de politique ayant désir de contenter un peuple. Voici :

Toute action (économique, juridique, politique) est, -ceteris paribus, "toute chose égale par ailleurs"-, l'inverse exact de l'importance des ouvertures de débats qu'il provoque en gargote, non-obstant la quantité logorrhique de ses défenseurs multiplié par le quotien moyen des villageois tamagochique, divisé par l'âge du Duc auquel j'ajoute le coefficient directeur St Bynarr, à sa racine carrée.

Loi que -si tu permets et pour une meilleurs réception par le public- l'on pourrait ainsi résumer :

Le plus on blablate, le moins on agit.

Et dont l'intitulé pourrait être :

La ferme : y en a qui bossent vraiment, ici !

Un seul exemple pour illustrer mon propos.

D'un coté, un marchand de bois venu d'ailleurs tout en se prétendant d'ici. De l'autre, l'un de nos bons maires bourguignons, lequel ne se prend pas pour plus futé que la moyenne, mais certainement pas plus bête qu'un autre. Au milieu, des stères de sapin, bouleau, hêtre, chênes, vendues par le premier au second.
Observons : Le marchand est du genre hâbleur, il ne connait rien au qualités intinsèques des diverses essences mais en rajoute tant et tant que, au commencement, notre bon maire est absolument fasciné par une telle sapience sylvestre.
Cependant, notre camelot -dont je fais le pari qu'il aura réussi à captiver quelques parasites n'ayant rien d'autre à faire qu'à l'écouter déboiser- papote à baton rompu, se laisse de plus en plus emporter par sa propre verve, coupe les stères en quatre, végète pour ne rien dire, prend racine, fait feu de tout bois, bave sa sève, fini par être véreux, sent le sapin, etc.
Tu penses bien qu'à force, notre bon maire, qui a franchement autre chose à faire que de se laisser envahir par ce cloporte xylophage, perd peu à peu patience ! Ce qui devait finir par arriver arrive donc enfin et, se laissant embraser par sa colère, perdant sa sagesse de vieux chêne, n'en pouvant plus d'avoir des larmes de saule-pleureur à tacher de se faire entendre de l'autre, sans succès, se saisit de la première rame venue, et assomme l'assommant ! Tout le monde se sépare faché, mais au moins, on peut retourner au bouleau !

CQFD.

Voila, ma bien chère filleule, et tout autant amie, le principus economicae qui m'est venu à l'esprit ces jours derniers. J'eusse véritablement apprécié que tu y réfléchissâsses et me donne ton avis.

Amicalement,
Erik de Josseliniere,
Duc de Corbigny,
Pair de France.

PS : n'oublie pas mon probleme de point d'Alençon... Je dois rejoindre la Bourgogne sous peu et je serai navré de n'avoir pu faire les acquisitions ad hoc. Par avance, je t'en remercie.