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[RP] La danse des vélins

Clemence.de.lepine
Un vélin, de l’encre, une plume, une main, un scel et un messager : c’était tout ce que demandait une lettre. L’écriture oblique, fine, sèche et nerveuse traduisait la fébrilité de son auteur alors qu’elle s’était penchée sur cette missive, à la lueur d’une chandelle. Car de nouvelles inquiétudes taraudaient la demoiselle…

Et s'entame, alors, la valse des vélins.


Citation:
L’Epine, au jour des nones d’avril, an de grâce MCDLVIII

De Je, Clémence de l’Epine,
A vous, Valère d’Arezac, Comte d’Ossau, Vicomte d'Agde, de Villemur, de la Ferté-sur-Aube, et Baron de Lunel,


Salutations.

Votre Grandeur, cher Comte, cher exilé Champenois,

Etrange, n’est-ce pas, de recevoir missive de Champagne quand vous l’avez quittée voilà déjà bien longtemps, à mon souvenir ? Ma foi, sans doute avez-vous bien fait, ou du moins n’avez-vous pas mal fait. J’étais jeune, plus jeune en tous cas, mais ma mémoire est encore fraîche et intacte : je sais, j’ai su, en partie, combien l’on vous a blâmé, à l’époque où vous fûtes Duc de Champagne, combien l’on a craché sur votre mandat et ses déboires. Vous avez dû bien rire, alors, si des nouvelles de Champagne ont pu parvenir jusqu’à votre terre d’exil, votre terre d’adoption, ce Béarn, où vous semblez vous être bien accoutumé.

Car oui, l’on m’a un peu conté ce que vous étiez devenu. Récemment. Et voilà, donc, que je vous écris, non seulement par courtoisie – ne dérogeons pas à la coutume : j’espère que vous vous portez bien, tout comme votre épouse – mais surtout parce que les circonstances sont telles qu’on ne peut décemment pas toujours parler de coïncidences quand tout nous porte à y voir un signe du Très-Haut. Allons, allons… votre patience doit déjà être mise à rude épreuve, et vous vous demandez sûrement la raison de cette correspondance. Au fait.

Nous ne nous connaissons pas, ou si peu, nous ne nous sommes que trop peu de fois croisés lorsque vous séjourniez encore en Champagne, et voilà qu’aujourd’hui je nous trouve quelque chose en commun. Nous avons le souci du bien-être de la jeune Isaure de Morvilliers. La petite Wagner. La fille de feu mon oncle. Votre filleule. Je ne me suis découvert qu’il y a peu une certaine affection pour cette demoiselle – et la pudeur, pourtant, m’interdit de vous dévoiler davantage la portée réelle de mes sentiments – et j’espère que vous n’y verrez pas là une lubie de ma part, une volonté de m’approprier une cousine dont j’ignorais encore l’existence deux ans auparavant. Je dois vous avouer que l’image que je m’étais faite d’elle, alors que pour la première fois je la rencontrai à Limoges il y a un peu plus d’une année, n’était pas complètement conforme à la réalité. Certes, elle est impulsive. Certes, elle est tout aussi arrogante si ce n’est davantage. Elle respire l’orgueil et la suffisance, et en elle bout un tempérament féroce qu’elle réfrène parfois bien difficilement. Mais cette première impression, qu’elle dégage avant toute autre chose, n’est sans doute point celle que l’on doit se faire d’elle définitivement. J’ai découvert une autre facette de cette fougueuse bâtarde qui veut se croire princesse. Elle est venue à moi dans un moment où j’avais besoin que quelqu’un le fasse, et elle est restée.

Isaure n’est pas qu’orgueil et arrogance, elle est surtout d’une bonté et d’une ingénuité que je ne lui aurais pas devinées au prime abord. Elle n’est tout compte fait qu’une enfant, encore, qui s’efforce de se trouver une place dans un monde qui n’en accorde que si peu à ceux de sa condition. Et elle est fière de ce qu’elle est alors qu’elle pourrait en avoir honte, peut-être. Elle est fière de son nom, de son sang, et elle est prête à se donner corps et âme pour sa famille et ses proches – à m’en faire rougir de dépit, quand je me croyais être la plus loyale à mon sang. Vous avez donc là, cher Valère, une filleule qu’il faut aider à grandir et ne pas laisser seule, surtout. Car si son caractère emporté semble la protéger du moindre accroc que pourrait lui laisser la vie, je pense, moi, que tout cela n’est qu’illusion et qu’elle peut être bien plus fragile qu’on aurait tendance à le penser, à la voir si droite et si sûre d’elle où qu’elle se trouve.

Nous avons eu le loisir de discuter de nos avenirs respectifs, alors qu’elle se trouvait à mes côtés à l’Epine. Nous avons surtout parlé du sien, à vrai dire, et je me suis surprise à me soucier de ce qu’il serait. Elle a eu l’occasion de m’apprendre que vous lui laisseriez le choix de prendre qui elle souhaiterait pour époux. J’ose vous le dire tout net : cela ne me semble pas une bonne chose. Non que je désapprouve votre point de vue. Isaure est orpheline, a connu plus de malheurs que de véritables bonheurs, et peut-être voulez-vous la voir heureuse, peut-être pensez-vous que vous la rendrez heureuse en lui autorisant le mariage qu’il lui plaira. Je ne reviendrai pas davantage sur la vision que je me fais de l’hymen, sur celle que l’on m’a inculquée dès mon plus jeune âge, mais sachez que vous pourrez, en lui laissant une telle liberté, faire tout autant son malheur que son bonheur. Isaure aura besoin de conseils, d’appuis, d’un regard objectif sur ce qu’elle entreprendra. Croyez-moi, je ne sais que trop ce que l’on peut ressentir quand on se sent livrée à soi-même alors qu’on ne demanderait qu’un peu de soutien et d’attention. Et puis, au risque de vous paraître égoïste et intéressée, Isaure est ma cousine, elle fait partie de ma famille, nous sommes liées, si ce n’est par un nom, par le sang, et je ne pourrais concevoir un mariage jetant l’opprobre sur cette famille dont ma cousine représente une branche, tout comme je la représente également. Elle ne pourra épouser le premier venu, et j’espère que vous le comprenez. On m’a toujours répété, au rythme de ma croissance, que l’amour s’apprenait au cours du mariage. Et je le conçois ainsi. Sans doute votre propre expérience vous a-t-elle mené à un autre point de vue, mais au moins accordez-moi le fait qu’Isaure aura besoin de nos conseils, pour ne pas qu’elle fasse fausse route, pour ne pas qu’elle se retrouve plus malheureuse que nous le voulons. Ne la laissez pas choisir seule. Guidez-la. Et peut-être pourrions-nous la guider ensemble, si cela vous sied. Je ne demande qu’à rendre ma cousine toujours plus souriante et surtout, toujours plus Grande.

Réfléchissez-donc à ce que je viens de vous dire. Et ne jugez pas trop vite mes propos. Avant même que je ne naquisse, on conspirait déjà sur mon futur mariage avec le meilleur parti de France. Et voyez donc aujourd’hui : les espoirs de ma famille déchus, mes parents disparus – au sens propre ou au figuré – je me retrouve seule face à un avenir que je pensais déjà tout tracé, déboussolée, perdue et sans réel repère. Et si je n’avais cette grande et fidèle amie pour m’épauler dans ma solitude et mon désarroi, sans doute resterais-je à me lamenter de n’avoir personne sur qui compter pour m’aider dans certains de mes choix. Mais elle est là, et c’est un véritable soulagement.

Isaure crie peut-être qu’elle aime sa liberté et ne veut s’en défaire, et bien moi je pense qu’elle aimerait un peu moins d’autonomie et davantage de renfort. C’est ce qu’elle m’a laissé voir lors de son séjour à l’Epine.

Dans l’attente, cher Comte, d’une réponse de votre part, recevez mes salutations les plus sincères que vous ne manquerez pas également de transmettre à votre épouse.

Clémence de l’Epine

_________________
Clemence.de.lepine
Elle se morfond, l'héritière, dans l'expectative, dans l'embarras, dans l'inquiétude... A cause de sa cousine, en partie, qui s'est murée dans un silence dérangeant depuis qu'elles se sont quittées, qui s'est mise à l'ignorer alors qu'elle semblait si heureuse de retrouver son aînée. Elle se sent bien impuissante, la demoiselle de l'Epine, face à une situation qui la déstabilise quelque peu. Le manque d'habitude... Elle ne s'est que trop peu offerte de façon pleine et entière -l'a-t-elle seulement déjà fait, sa mère mise à part ? - et alors qu'elle se préparait doucement à s'ouvrir à cette môme de douze ans, la voilà qui la fuit sans crier gare...

Donc quelques jours après la première lettre partie en Béarn, la plume plonge à nouveau dans l'encrier et les mots s'étalent sur le vélin, à la recherche d'un écho, quel qu'il soit.


Citation:
L’Epine, IVè jour avant les ides d’avril, an de Grâce MCDLVIII


Ma chère cousine,

J’espère que cette missive vous trouvera en bonne santé et épanouie, malgré votre présence au Collège Saint-Louis que vous vous apprêtiez à rejoindre avec réticence lors de votre dernier séjour à l’Epine.

Je reste encore navrée de la façon dont nous nous sommes quittées à Brienne. La raison de votre froideur m’échappe encore un peu, bien que j’en devine aisément l’origine. Mais, Isaure, si je ne voulais pas que vous assistiez à cette conversation que nous eûmes, avec la veuve de votre frère, c’était bien pour nous éviter ce genre de mésentente ! A quoi vous avance la vérité, désormais, si elle ne fait que nous éloigner l’une de l’autre alors que nous venons de nous retrouver ? Et quelle vérité ! Tout ce que vous avez pu entendre n’était que vagues suppositions, de douteuses accusations prononcées par une femme meurtrie par le chagrin. Une femme en colère, parce que l’être aimé est mort et qu’elle cherche un coupable. Le coupable.

Mais vous avez entendu mes réponses, vous savez, j’espère réellement que vous le savez, que ni moi ni ma famille n’y sommes pour quelque chose. Nous ne nous connaissons que si peu, encore, et peut-être que les mots de la Duchesse de Brienne ont trouvé un sombre écho au sein de votre cœur et que vous voilà désormais suspicieuse à mon égard. Mais le peu que vous puissiez connaître à mon sujet devrait vous assurer de ma bonne foi, et du désarroi que je ressens face à votre mutisme et à votre indifférence.

Je ne vous supplierai pas de cesser vos simagrées et de daigner tourner vers moi un regard plus clément, parce que je ne suis pas de cette engeance et qu’après tout, si cela peut vous aider à finir votre deuil qui ne semble pour l’heure pas complètement achevé… Alors je vous dirai simplement de continuer à réfléchir. Je ne doute pas que vous pourrez rapidement parvenir à la conclusion que la comédie de la Duchesse Maltea était tout bonnement ridicule et que vous me placez, en m’ignorant ainsi, en position de victime tout comme le furent vos malheureux frères.

Alors, répondez à ma missive quand vous vous jugerez prête à le faire. Et apprenez-moi alors comment se sont passés vos premiers jours au Collège, les cours que vous avez suivis, les jeunes gens que vous avez rencontrés, et tous les détails qui vous paraitraient pour vous insignifiants, mais dont je me délecterai parce qu’ils vous concerneront et qu’ils me permettront de mieux savoir comment vous vivez cette nouvelle « aventure ». Soyez-sûre, chère cousine, que je m’intéresserai à tout ça de très près, si cela ne vous dérange pas. Et de plus loin, si vous vous en trouvez contrariée.

Pour ma part, j’aurais bien des choses à vous conter si vous me montriez un minimum d’intérêt…

J’attendrai votre réponse avec impatience et j’espère de tout cœur qu’elle me parviendra vite.

Que le Très-Haut veille sur vous, puisque je ne peux le faire pour Lui.

Avec toute mon affection,

Clémence

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Isaure.beaumont
[ Au Collège Saint-Louis de France, Paris. ]

Un heurt dans un couloir. Une légère altercation. Le calme. Enfin. Fébrilement, la jeune fille décachète le pli. Et puis ses yeux glissent sur le papier, se butent à des mots. Non, elle ne veut pas. Ce n’est pas ce qu’elle voulait. Elle avait juste besoin de réfléchir. Ces révélations avaient suscité des doutes, et c’est distante qu’elle avait quitté cousine et sœur. Le cœur se met à battre, la gorge se serre, les yeux brûlent, sans pour autant qu’une larme n’en franchisse le seuil. Comme toujours.

Plume hésitante à la main, page blanche. Rien ne vient. Ou plutôt, tout se bouscule. Que dire ? Comment le dire ? Et se suivent les uns après les autres les feuillets froissés et jetés rageusement sur le sol.

Lettre à Clémence, douce plainte d’un cœur meurtri.



Citation:
Paris, 18è jour avant les calendes de mai, an de Grâce MCDLVIII


Ma Chère Cousine, Mon Sang, Mon Etoile,

C’est avec tristesse que j’ai parcouru votre lettre. Ne croyez pas par là que vous lire m’afflige, bien au contraire, comme toujours depuis notre rencontre, vous restez mon rayon de soleil. Mais savoir que je vous ai blessée par mon éloignement soudain me ronge. Trop occupée de ma petite personne, j’en avais oublié que vous aviez besoin de moi. Je rougis, à présent, de mon égoïsme et vous supplie de m’accorder votre pardon.

Surtout, ma Cousine, ne pensez pas que je vous tienne pour responsable. Pas un instant je n’ai cru à votre culpabilité dans cette affaire. Vous, si droite. Vous, si loyale. Vous, si fière de votre sang. Assassiner vos propres cousins ? Voyons, il va de soit que ce n’est que calomnies. Il en va de même de ma pensée pour vos parents. Je les sais – je veux les savoir – incapable d’un tel forfait.

Cependant, la présence d’une voiture aux armes de l’Epine m’intrigue. Mauvaises langues ? Ignorance ? Usurpation ? Que croire ? Qui croire ? Clémence, comprenez. Mon sang crie vengeance. J’en ai connu des nuits d’insomnie à chercher en vain un mobile, à chercher désespérément un coupable. Depuis leurs morts, voilà bien plus d’un an maintenant, je ne cesse de penser à eux, à ce qui aurait pu être, aujourd’hui. L’on m’a enlevé un père, une mère, une marraine. Et voilà qu’à présent l’on me prive de mes frères.

C’est une longue quête qui m’attend, j’en suis consciente, mais mon deuil ne finira qu’avec le mort de l’infâme qui a abattu mes frères. Je n’aurai de cesse de le poursuivre, de le traquer. Et une fois la mort de Richard et Gabriel vengée, et alors seulement, je pourrai vivre en paix.

N’en voulez pas à Maltea. Perdre un être chéri nous révolte toujours, nous perd parfois. Alors je vous fais le serment, pour Elle, pour Vous, pour Rafaella, pour Moi, de retrouver l’assassin de mes frères. Je ne vois que cette issue à nos tourments. Et la Paix retrouvée, notre famille pourra de nouveau vivre sereinement.

Vous me demandez de vous raconter ma rentrée. Voyez alors cela comme la preuve que je ne veux pas vous écarter de ma vie. Peu de temps après que nous nous soyons quittées, je suis repartie pour le Béarn afin d’y préparer mes malles pour presque aussitôt remonter sur la Capitale. Le voyage fut assez pénible. Nous ne faisions que peu de haltes. Juste le temps de changer de chevaux. Et surtout, voyager avec Aymeric et la vicomtesse Russo n’est pas un luxe. La vicomtesse est une femme qui, selon moi, aurait dû être un homme. Elle aime la chasse et la guerre. Et je ne sais pour quelle raison, dès notre rencontre, elle m’a méprisée. Enfin, cela ne me tourmente pas, nous avons de commun nos sentiments, et cela est déjà beaucoup.


Il pleuvait lorsque nous avons franchi la porte de Paris. A croire que le ciel pleurait pour moi. La Capitale est grise, sale, et mal odorante. Pourtant, elle a ce ‘je-ne-sais-quoi’ qui me plait. J’ai entendu dire que jamais elle ne dort. Quand les bonnes gens s’endorment, la canaille se réveille.

C’est donc sous la pluie que la rentrée s’est déroulée. J’avais revêtu une de mes plus belles robes alors que Russo voulait me voir passer un habit terne. Je suis presque sûre qu’elle a dressé son chien dans le but de m’humilier. Figurez-vous que son énorme molosse est venu s’ébrouer juste à mes côtés. Je vous laisse imaginer l’état de mes atours. Mais je suis restée digne. Un garçon est d’ailleurs venu me secourir, ce dont je me serai bien passée. Mais j’ai fait bonne figure, je vous le promets.

Nous avons ensuite été conduits dans une salle – une grande salle, tout est grand ici – où l’on nous a remis de petit ruban rouge pour signifier notre appartenance à Saint-Louis. Aymeric s’est amouraché d’un garçon, Cassian. Tous deux se sont ligués contre moi à grands renforts de pâtes de fruits. Mais je leur ferai regretter leur affront. Il y a aussi cette petite fille au visage constellé. Elle se nomme Elyaelle et c’est une champenoise. Comme nous ! Elle est la fille du baron de Chaumont, Ghost d’Izard. Peut-être le connaissez-vous ? Plus étrange encore, il se trouve que la future épouse de ce baron et tutrice d’Ely n’est autre qu’Ana.Lise, la cousine de Maltea. C’est comme si elle était un peu de ma famille, comme une sorte de cousine. Mais ne vous en faites-pas. Aucune cousine ne saura vous détrôner dans mon cœur.

Une fois la remise de l’insigne du collège terminée, nous sommes allés rejoindre le réfectoire. Certains élèves se sont isolés. D’autres, comme moi, se sont mêlés. Les repas sont maigres au Collège. Je suis certaine que même les gueux mangent plus que nous. Heureusement que certains ont dissimulé quelques pains d’épice et pots de miel dans leurs malles !

Et le repas fini, les magisters nous ont accordé un quartier libre jusqu’au soir. J’ai alors pu rejoindre ma chambre – je dis chambre, mais il s’agit en réalité d’un dortoir, ce qui est tout à fait scandaleux ! Ne trouvez-vous pas ? J’avais pourtant envoyé une lettre avec toutes mes instructions. Mais l’on m’avait signifié rapidement que mes attentes étaient vaines. J’ai été la première à m’installer dans le dortoir. J’ai donc choisi la meilleure place. Mon lit trône au milieu de la pièce. De part et d’autre de ma couche, il y a deux grandes fenêtres avec vue sur le parc. De ma place, je suis à égale distance des portes – l’une donnant sur le couloir, l’autre étant celle de la salle d’eau. Et j’ai une vue imprenable sur mes compagnes de chambre. Je peux ainsi surveiller tous leurs faits et gestes. Excepté quand leur rideau est tiré, mais les chuchotements me parviennent toujours un peu.

Des leçons ont déjà eu lieu. Rien de bien passionnant pour le moment. J’ai été prise d’un soudain malaise lors du tout premier cours. Un cours d’équitation. Enfin si l’on peut appeler cela de l’équitation. Tout le temps où j’étais consciente, il était question de l’alimentation des chevaux et de nos expériences équines. Pour le reste, évanouie et sortie de la salle – qui en fait était l’écurie – je n’en ai pas connaissance.

Enfin, il me semble avoir déjà beaucoup écrit. Mon poignet et mes doigts me le reprochent déjà. Quand à mon pot d’encre, le voilà qui agonise.

J’attends vite de vos nouvelles, contez moi donc ces choses auxquelles vous faites allusion ! Il me tarde déjà d’avoir de vos nouvelles, car oui, je m’intéresse à tout ce qui se rapporte à vous. De près ou de loin.

Que le Très-Haut vous garde, ma chère Cousine.

A vous pour toujours et avec toute mon affection.

Isaure

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Clemence.de.lepine
Oh mais… Est-ce vraiment bien Isaure qui lui écrit, ou bien son imagination lui joue-t-elle encore de sombres tours et voilà qu’à nouveau elle se prend à rêver ? Sont-ce réellement là, ces quelques premières lignes assassines, les mots de sa cousine, ou bien sont-ce des vestiges de son propre passé qui doucement, fatalement, et de façon tout à fait sordide, lui remontent à l’esprit ? Se peut-il que deux cousines soient à ce point vouées aux mêmes souffrances ? Se peut-il qu’elles vivent les mêmes expériences, celles qui forgent l’âme, en la détruisant tout autant, par le biais d’une paradoxale alchimie ? Oh Isaure… le souhait de vengeance ne mène à rien de bon…

Et c’est lasse qu’elle parcourt les lignes qui suivent cet aveu mordant. Elle ne parvient à sourire, ensuite, à ces phrases naïves qui font le charme de cette enfant. Et pourtant elle le voudrait, et tout au fond d’elle-même, sans doute est-elle captivée par ce qu’elle raconte, par ce qu’elle vit. Mais l’introduction de la missive est bien trop dure pour qu’ensuite des mots plus légers parviennent dissiper cette impression de déjà-vu absolument déconcertant.

Et c’est alerte, pourtant, qu’à nouveau sa plume sature le papier.



Citation:
A l’Epine, le XIè jour précédant les calendes de mai, an de Grâce MCDLVIII.

Ma très chère cousine,

Je suis heureuse de vous lire, heureuse d’avoir enfin de vos nouvelles, heureuse d’en apprendre davantage sur vous et sur tout ce qui fait votre vie.

Mais croyez-vous que je doive me réjouir de ce que vous m’annoncez là ? Croyez-vous que je doive vous féliciter de vouloir ainsi vous venger de la mort de vos frères ? La haine n’a jamais mené nulle part et moins encore tout souhait de vengeance. Tout cela pourrait vous mener loin, trop loin, bien plus loin que vous ne semblez le penser ores.

J’aimerais vous donner des preuves de ce que j’avance, car de ce que j’en sais, des recommandations abstraites sont bien vaines lorsque l’on a dans le cœur cette sourde colère qui ne demande qu’à guider nos actes. J’aimerais vous en apprendre plus sur ce qui me motive à prendre peur, lorsque vous me parlez de ce sentiment hérité du Sans-Nom, bien loin de toute pensée aristotélicienne que pourtant vous devriez vous efforcer de suivre. J’aimerais, donc, vous conter un peu ce qui m’advint il y a de cela quelques années, pour que vous sachiez que je ne parle pas seulement en tant qu’aînée qui cherche à protéger sa cadette, mais aussi en tant que femme qui à 16 ans a déjà vécu cette « chose » et qui n’en a rien retiré de très bon. Mais non. Car il est des choses qu'il est préférable de laisser au passé.

La vengeance vous tordra l’esprit, de telle sorte que votre vision de la vie en sera déformée, et le pire sera que vous ne pourrez le percevoir ainsi. La colère, le doute, l’angoisse, la haine, ne vous donneront pas de répit et vous en perdrez votre souffle, vous n’en dormirez plus, vous irez jusqu’à avoir peur, peur des autres et de vous-même, car vous vous engagerez dans une voie qui ne sera pas faite pour vous et dont vous ignorerez tout.

Vous pouvez réclamer la justice, vous pouvez vouloir savoir, mais vous ne pourrez faire justice vous-même. Ou cela vous tuera également. Cela vous tuera jusqu’aux tréfonds de votre âme. Écoutez-moi, Isaure : n’agissez pas de manière inconsidérée. Ne laissez pas trop votre cœur dicter votre conduite. Tout cela ne vous mènera qu’aux portes de la folie, ces portes si légères et si faciles à pousser.

Le reste me semble bien futile, comparé à tout ce que vous me dîtes au commencement de votre lettre. Mes idées soudain me semblent confuses : ne devrais-je point me sentir gaie, à vous lire, à me rendre compte que je faisais fausse route et que vous ne m’en vouliez pas, finalement ? Oui, je le devrais, je le voudrais, mais toutes mes pensées me ramènent à cette vengeance qui vous obsède… Pourquoi n’y ai-je pas songé plus tôt ? J’aurais dû savoir, nous sommes du même sang, et s’il fallait que nous ayons quelque chose en commun, c’était bien cela : le désir de réparer une faute de soi-même, une humiliation, une blessure… Le désir, que dis-je, la volonté, la nécessité, d’absoudre le mal par les actes, puisque qui d’autre à part nous, à part celui qui a vécu l’outrage, peut comprendre et réparer l’erreur ? Qui d’autre ? Alors, Isaure, j’aurais dû le deviner, que vous chercheriez à réparer cette erreur là… Mais je crains que désormais, il soit trop tard –et plus que tout je souhaiterais que vous me disiez que non, il est encore temps. Chère cousine, prenez grand soin de vous. Ce n’est pas de la mort que j’ai peur : je crains que vous ne causiez votre perte, je crains que vous ne vous oubliez, comme je me suis oubliée un temps.

Que dire, après, qui pourrait venir alléger cette tirade ? Rien, sans doute, car je n’en ai pas le cœur alors que je me réjouissais de décacheter votre pli. Vous dire que peu importent les conditions dans lesquelles vous vivez au collège, car elles vous apprendront l’humilité dont vous manquez parfois ? Vous dire que peu importent les mauvaises plaisanteries de vos camarades si elles vous amènent tout de même le sourire ? Vous dire que tout ce qui importe, au fond, c’est que vous ressortiez de cet établissement la tête pleine de connaissances et de savoirs pour ensuite en faire le meilleur usage possible… Ma chère Isaure, j’admire la candeur dont vous faites si souvent preuve, et je regrette le temps où je pouvais l’afficher comme vous dans mes lettres. Entretenez-la encore un peu, elle vous sera plus précieuse que toute autre chose.

Sur ce, chère enfant, et après vous avoir dit que ces choses auxquelles je faisais allusion dans ma lettre précédente concernent un mariage –et vous n’en saurez pas davantage tant que je n’en saurais pas plus moi-même – je vais vous laisser méditer sur ce que j’ai dit et ce que je n’ai pas dit.

Que le Très-Haut vous protège,

Clémence



Edit orthographe...
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Isaure.beaumont
Ses mains tremblèrent quand la jeune Wagner plia le pli. Elle n’avait toujours pas reçu de réponse de sa cousine. Peut-être n’en recevrait-elle jamais ?

Alors que cette lettre exceptionnelle partait, la réponse à sa première lettre n’allait pas tarder à arriver. L’histoire de quelques jours.

Lettre à un Ange.

Citation:

Paris, Xè jour avant les calendes de mai, an de Grâce MCDLVIII

Ma Cousine, Ma Clémence, Ma Force,

C’est aujourd’hui que vous recevrez ma dernière lettre. Dernière lettre de la courte vie qu’aura été la mienne. Je vais mourir Clémence. Et rien, ni personne, n’y pourra quelque chose. Peu à peu la maladie s’empare de moi. Je subis le même sort que ma mère. Vous ai-je déjà raconté sa mort ?

Je n’étais qu’une toute petite fille quand elle quitta notre monde pour s’en aller rejoindre le Paradis Solaire. Je n’ai que très peu de souvenirs de cette époque, je ne sais que ce qu’a bien voulu me raconter Catheolia quelques temps avant qu’elle ne meure aussi. Donc je devais avoir un ou deux ans, j’étais alors très jeune et ma mère gérait ses terres comme elle pouvait. Nous n’étions pas très riches, mais elle avait un petit patrimoine qui nous permettait de vivre confortablement. Elle cavalait sans cesse, s’assurant que ses ordres étaient respectés, que sa boutique tournait bien et que ses champs soient bien tenus. Quand la maladie se déclara, elle l’ignora d’abord, pensant qu’il passerait comme passe un rhume. Elle se trompait pourtant. Jour après jour il empirait, mais pour ne pas inquiéter mon oncle Jay et Catheolia, elle cacha son état. Tant et si bien que lorsque la douleur se fit trop forte il était déjà trop tard. Ma Marraine qui connaissait le pouvoir des simples essaya bien de lui trouver un remède, mais le mieux qu’elle put faire fut de calmer ses douleurs lancinantes. Le mal qui rongeait ma mère était horrible : son ventre était aussi dur que la plus dure des roches. Catheolia m’a raconté que sous l’effet de la douleur elle se pliait.

Il se trouve, Clémence, que le même mal m’habite. Mon ventre n’est pas aussi dur, mais la maladie s’est propagée plus rapidement. Voilà trois jours que les douleurs ont commencé, me jetant parfois à terre. Je sens ma fin proche et je n’ai personne ici à qui me confier, à qui dire mes craintes.

Mes nuits sont courtes. Les démons viennent peupler mes rêves. Souvent, ils m’assaillent et me trainent jusqu’aux Enfers Lunaires. J’ai peur Clémence. Peur que ma place ne soit pas auprès d’Eux, là-haut. Au paradis Solaire. Quand je me réveille, je suis en eau, et la fièvre ne me quitte plus jusqu’au petit matin tout comme mes yeux qui refusent de se fermer de nouveau.

Priez pour mon âme, ma Cousine, priez pour ma jeune âme.

Mon mal, comme je vous l’écrivais plus haut, a commencé il y a quelques jours. Tout a commencé par des vertiges. Je revenais du clos après une journée chargée en leçons. Je n’avais pas fait trois pas qu’il me semblait que tout tournait autour de moi. L’impression de ne plus sentir le sol sous ses pieds est réellement désagréable. Voilà le premier signe que la Faucheuse m’a donné. Funeste présage.

Je vous lègue tout ce que j’ai, Clémence ! Prenez mes robes – peut-être vous iront-elles ! Je vous confie mes croquis de grenouilles et mes herbiers – le champenois est mon préféré ! Je vous offre mes livres et les quelques écus que je possède. Il est certain que ma fortune n’est pas comparable à la vôtre, mais elle est conséquente pour la naturelle que je suis.

Le soir, une fois mes vertiges estompés, je me sentais un peu mieux. Mais c’était une accalmie de bien courte durée. Alors que je m’apprêtais à aller rejoindre mon lit, une migraine violente se déclara. Il me semblait que ma tête allait éclater. Un étau enserrait ma pauvre cervelle ! Et un malheur n’arrivant jamais seul, je fus prise de haut-le-cœur. Nauséeuse, je ne pouvais fermer l’œil. Cette nui-là, j’ai beaucoup prié pour que le mal cesse. Plusieurs fois, je me suis précipitée hors du dortoir pour me pencher sur un seau. Chaque fois, c’était une fausse alerte, mais je me suis vue dans un miroir.

Ce que j’ai vu, Clémence, m’a bouleversée. J’étais jolie, mon teint était frais. Mais le reflet que me renvoyait le miroir était tout l’inverse. Des mèches étaient collées à mon front moite. J’étais pâle, si pâle qu’on aurait pu croire voir Aymeric ! Et encore, il me semble que sa pâleur n’est rien comparée à la mienne.

Quand je serai morte, ce qui ne saurait tarder, je souhaiterai que l’on me passe ma robe bleue et or, celle qui rappelle mes terres. Morvilliers… Je veux que vous deveniez la prochaine damoiselle de Morvilliers, Clémence ! Je veux que vous soyez celle qui fera vivre ce domaine. Faites la paix avec Maltea pour moi. La vie est trop courte pour que nous nous fâchions avec les nôtres. Je sais qu’elle acceptera ma dernière volonté, et que les terres des petits lions d’or vous reviendront.

Clémence, je veux que ce soit vous qui me prépariez avant mon Grand Voyage. Je veux que vous me laviez à l’eau de rose, qu’ensuite vous m’enfiliez ma jolie robe. Et le plus important, si je devais mourir dans d’atroces souffrances, ce qui est très certains, modelez mon visage pour qu’ils retrouvent ses exquis traits. Faites-moi sourire !



Pardonnez-moi pour cette tâche d’encre que j’ai faite sur le papier, mais cette douleur fut fulgurante.

Je cache mon démon. Je quitte peu le lit. Je ne veux pas voir des regards de pitié se poser sur moi, des regards qui diraient « si jeune et déjà mourante ». Et tout ce sang ! Il coule, coule et recoule. Parfois je crois que la source tarit mais ce n’est que pour reprendre de plus belle.

Je vous prie, ma Cousine, de venir à mon chevet. Je suis lâche et ne pourrai affronter la mort seule. Elle est là, elle arrive et je tremble. Je veux tenir votre main une dernière fois. Mes instants de lucidité sont de plus en plus rares. Entendre votre voix apaisera mon âme, et alors je quitterai cette Terre en paix.

Que le Très-Haut vous garde,

A vous pour toujours, et de tout mon cœur.

Isaure, futur exquis cadavre !

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Varden
Varden n'aimait pas beaucoup danser. Alors, certes, pour son mariage il n'avait pas été question de se dédouaner ... Il lui était arrivé de danser avec Vanyel en d'autres occasions.

Mais la danse proposée était bien plus épineuse. Une valse des plus délicates, plume en main, mots à coucher sur le vélin. Epineux, le mot convenait. Lisant et relisant sans cesse le nom couché en bas de la missive, Varden était perdu dans ses plus sombres pensées.

Reposant la lettre reçu quelques jours plus tôt, il but une gorgée d'armagnac. L'alcool lui brûla la gorge et il sentit le liquide traverser son corps, enflammant ses joues. Il haïssait cette sensation de chaleur quand il buvait, mais les souvenirs que ressassaient cette lettre l'avaient ébranlé et l'Armagnac était un sulfureux des plus efficaces pour lutter contre toute forme de désespoir.

Clémence de l'Épine ...

Une brise légère pénétra dans la pièce, faisant vaciller la lueur des bougies. Varden contempla le jeu d'ombres que cela provoqua, se perdant à nouveau dans des songes noirs. Il fallait pourtant répondre, quand bien même les sentiments nés de cette lettre étaient ambigus, partagé qu'il était entre bienveillance et orgueil blessé. Se saisissant d'une plume, il gratta les premiers mots sur le parchemin.


Citation:
Domaine d'Arezac, au Dixième Jour avant les Calendes de Mai, An de Grâce MCDLVIII

De Nous, Valère d'Arezac,

A Vous, Clémence de l'Epine,

Saludi e Patz !

Demoiselle, Jeune fille,

Je ne saurais dire si c'est le mot étrange qui fut le premier à venir à mes lèvres quand mes yeux ont parcouru pour la première fois votre missive. A dire vrai, vos mots sont choisis avec soin et ont su toucher au plus profond de mon être le Champenois que je suis toujours.
Gardez vous pourtant de croire en l'histoire telle qu'elle est aujourd'hui contée. Je ne saurais rire des malheurs de la Champagne, quand bien même ils sont la conséquence directe des faits de ceux qui avaient, par le passé, le verbe si haut et l'éloquence de ceux qui ne connaissent rien des douleurs quotidiennes qu'inflige le pouvoir.
Quoiqu'il en soit, je me porte très bien, et mon épouse tout autant, en Béarn, terre de foi éternelle et de paix fragile.

J'ai eu curiosité à ne pas voir figurer de scel sur une missive de quelqu'un tel que vous. Par hasard, j'ai appris que l'on vous avait repris les terres de mérite octroyées à votre famille en des temps si lointains que nul ne saurait pourtant en reprocher l'acquisition à la famille de l'Epine. Je regrette que cette destitution, ô combien injuste, fut mêlée à la disparition de votre mère. Je ne la connaissais pas, je ne la regretterai donc pas autant que tous ceux qui louèrent ses qualités de son vivant.
Recevez cependant, par la présente, mes plus sincères condoléances.
J'espère réellement que vous surmontez avec force et courage les épreuves qui se dressent devant vous et qu'ainsi vous prouvez à tous ceux qui le pensaient que la lignée de l'Epine n'est pas éteinte et qu'elle a, en vous, une héritière affirmée.

J'en viens désormais au fait de notre correspondance. Vous tirez un portrait fort réaliste de ma filleule et cela prouve à quel point vous l'avez bien cernée. Je vous avouerai que son ascendance Wagner ne m'a jamais été très agréable à vivre, et je n'avais, dès lors, pas fait de suite le rapprochement avec votre famille. Je n'ai que rarement parlé épousailles avec ma bien-aimée Isaure mais si elle vous a laissé comprendre que je serais laxiste sur le choix de son futur époux, elle s'est méprise autant que vous pouvez l'être aujourd'hui également. Je m'accorde le droit de refuser une alliance que je jugerais aussi mauvaise pour elle qu'elle serait néfaste à mes propres filles. J'accorde donc une attention très ... paternelle au choix de celui qui pourra être son époux.
Il reste une évidence, que vous semblez omettre pourtant, quand vous parlez de mariage ou de promesses à venir pour votre cousine, ma filleule. Isaure n'est pas née dans l'ordre naturel des choses, elle est sujette à un statut de bâtardise qui lui interdit, sans doute à tort, les plus beaux partis du Royaume. Il vous faudra l'accepter si vous vous mettez en quête d'un homme pour partager sa vie.
Au demeurant, sachez que votre proposition est légitime et que je ne saurais y voir autre chose qu'une aide envers laquelle Isaure ne saurait aller contre tant elle vous tient en haute estime. Ainsi, je ne m'y opposerai pas moi même. Pourtant, n'oubliez jamais que vous ne pourrez concevoir son bonheur que par la franchise et la confiance. Agir en voulant faire le bien ne signifie pas faire le bien réellement et chacun de vos actes, chacun de vos mots devra être mûrement réfléchi, tout comme ceux qui ont parsemé la lettre que vous m'avez envoyé il y a peu.
Je m'offre donc le droit de m'opposer à l'un de vos choix aussi fermement que vous jugerez bon de vouloir l'imposer et j'aspire à une volonté conjointe d'œuvrer pour le bonheur d'Isaure autant que pour son avenir.

Je vous ai connu telle une rose peinant à éclore, Clémence, et je vous retrouve pleine de piquants. Vous portez trop bien votre nom désormais.

J'ignore si une réponse viendra. Je ne vous dirai donc pas être dans l'attente de celle-ci.

Qu'Aristote vous garde, vous et votre famille.




[Mode modo on] taille des images à modifier avant suppression. Go règles d'or des arpenteurs. S [Mode modo off]

EDIT: pas de modification au 28 Mai, suppression des images.

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Isaure.beaumont
Ce n’était plus l’enfant blême qui scellait le pli, mais une jeune fille pimpante. Elle avait hâte d’avoir des nouvelles de sa cousine. Un instant, la brune hésita à envoyer cette lettre, ainsi Clémence la rejoindrait. Mais quelle ne serait pas sa colère si elle trouvait sa cadette en pleine forme ? Non, il valait mieux l’informer de sa guérison, et qui sait ? Peut-être verrait-elle Clémence la visiter !
Lettre d’une Miraculée.



Citation:
Paris, VIIè jour avant les calendes de mai, an de Grâce MCDLVIII

Ma douce Cousine, Ma Lumière, Mon Espoir

Je ne sais si ma précédente lettre – celle qui devait être la dernière – vous est parvenue. Aussi, j’espère que vous n’êtes pas encore en route pour venir à mon chevet. Non pas que je ne désire pas vous voir, bien au contraire ! Mais il se trouve, Clémence, que vos – nos – prières ont été entendues et que le Très-Haut a décidé de reporter mon arrivée auprès de lui.

Je suis vivante Clémence ! Je suis de celle que l’on peut appeler Miraculée ! Je dirais même que je suis un Miracle à part entière! Mes vertiges et nausées se sont atténuées jusqu’à disparaître complètement juste après que je vous ai écrit la lettre. Mes maux de ventre se sont évanouis le lendemain et la plaie interne s’est refermée, le sang a cessé de couler.

Pensez-vous qu’un jour on me priera, moi, l’enfant miraculée ? Celle qui a survécu quand sa mère a succombé ? Sainte Isaure, sainte patronne des miraculés ! Voilà celle que je serai ! Enfin dans la logique des choses. Un modèle, un espoir. Comme vous, vous êtes pour moi.

Enfin, ne nous épanchons pas trop sur qui je pourrais être, mais réjouissons nous plutôt de la Grâce de Dieu ! De sa bonté. En une nuit, j’étais guérie !

Apprenez, ma Cousine, que j’ai bien reçu votre lettre et je vous ai entendue et comprise. Ne vous inquiétez pas, je me montrerai raisonnable et me souviendrai de vos conseils avisés. Et même si taire définitivement ce besoin de justice, ce désir de savoir s’avérera difficile, je me contenterai de prier pour le repos de leurs âmes. Peut-être cette torture mentale cesserait si vous me racontiez ce qui vous est arrivé. Votre expérience, Clémence, sera mon expérience.

Contez-moi donc cette histoire de mariage, je vous dirai ensuite, si j’ai encore de la place sur le papier, le départ de deux élèves, dont l’un plus que l’autre me semble si étrange. Seriez-vous, ma Clémence, en train de conclure une union prestigieuse pour vous-même ? Votre père se serait-il manifesté pour qu’enfin se profile un avenir glorieux ? Qui sera-t-il ? Est-il jeune ? Beau ? Le connaissez-vous ? Avez-vous de l’amitié pour lui ? De la tendresse ? Oh Clémence, dites-moi tout ! Me voilà si excitée par cette merveilleuse nouvelle ! Vous, mariée ! Bientôt !

La place me manque, et l’impatience est trop grande pour que je reporte l’envoi de cette missive. Je vous en prie Clémence, rassasiez-moi de vos histoires !

Votre adorable cousine,
Isaure.

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Beatritz
La Souveraine de Bolchen, Duchesse de Nevers, Comtesse du Lauragais, Vicomtesse de Chastellux et de Baudricourt, Baronne de Chablis et de Laignes, Maréchale d'Armes Impériale, jeune épouse d'un vieux malade, et bienveillante amie de Clémence de l'Epine, prit ce jour la plume, pesant chacun de ses mots.

Citation:
De moi, Béatrice de Castelmaure-Frayner, votre amie,

A vous, Clémence de l'Epine,

Salut & amitié.

Pardonnez, mon amie, le temps que j'ai mis à vous donner de mes nouvelles. Dans ma retraite de parturiente, puis de jeune mère relevant de couches, & enfin l'effervescence de ma charge impériale, de toutes, la plus prenante, & le soin enfin de mon époux las de la vis qui l'entoure, si ce n'est de moi, l'on pourrait aisément croire que je vous avais oublié.

Vous constaterez néanmoins que je n'ai pas négligé vos affaires, & me voilà en mesure de vous annoncer, non sans émotion, que vous avez désormais toutes les clefs en main pour épouser le Prince de Condé. Je lui ai proposé votre main, & il approuve ce projet ; j'ai à cet effet rédigé un contrat de mariage de sorte à ne léser aucun de vous & à favoriser la perpétuation de votre nom. Le Prince de Condé doit encore l'approuver, ce que nous attendons avec impatience. S'il lui agrée & ne vous déplaît pas, il pourra être signé en présence de tous les témoins requis, au cours d'une cérémonie où vous pourrez le rencontrer, & recevrez le fief dotal que je vous ai promis, mon amie, Decize, aux armes de Marguerite de Bourgogne.

Je vous joins ce contrat ainsi que la réponse du Prince à notre proposition, & le retour de courrier que je lui ai fait. Si tout se passe au mieux & si le Prince ne fait pas trop de difficultés avec le contrat, sa signature & l'octroi de Decize pourraient avoir lieu au cours du mois d'août, & le mariage, dans les semaines qui suivront - à Notre-Dame, cela semble le mieux, & avec un Prince de l'Eglise, si cela se peut.

Enfin, mon amie, sachez que l'enfant que nous portions, né le 10 juin, est en bonne & ferme santé, de sorte qu'il est désormais permis de croire qu'il donnera un grand & fort héritier ; son nom est Charlemagne.

Je suis impatiente de laisser de côté les tourments du monde pour retrouver votre aimable compagnie.

Qu'Aristote vous garde,

B.d.C.



Citation:
A vous, Béatrice de Castelmaure, Souveraine de Bolchen, Duchesse du Nivernais, Comtesse du Laragais, Vicomtesse de Chastellux et Baudricourt, Baronne de Chablis et Laignes,

Salutations.

Nous accusons réception de votre missive, et sommes avant tout désolé du délais de réponse qui, nous l'espérons, ne vous aura pas offensé, ou laissé croire que nous ne traitions pas votre demande avec l'importance et le sérieux qu'elle mérite.

Comme vous pouvez le constater, le peu de temps libre qui nous est offert ne nous permet pas d'être présent comme il le faudrait pour de telles questions, et ce serait une décision impensable pour nous que d'envoyer des intermédiaires afin de régler ce genre d'affaires.

Nous aimerions néanmoins pouvoir vous rencontrer afin d'étudier ce mariage probable, et si possible en présence de la jeune femme dont il est question. Nous ferons le nécessaire pour pouvoir nous libérer de nos obligations lors de cette cérémonie d'anoblissement dont vous nous faites part dans votre lettre, et nous vous serions gré de nous informer de la date de celle ci après réception de notre réponse, afin que toutes les dispositions soient prises pour la réalisation de cette rencontre.

Nous tenons en outre a vous remercier pour le soin que vous semblez prendre afin que cette union soit possible, et cela malgré la grossesse dont nous avons entendu parler et pour laquelle nous tenons a vous feliciter.

Que le Très-Haut vous garde,

Faict a Bourbon-Lancy, le seizieme jour du moi de Juin de l'an de grâce MCDLVIII

Uruk de Margny-Riddermark,
Prince de Condé,
Comte du Hainaut,
Vicomte de Bourbon-Lancy,
Baron de Jussey, Beaune et Antigny.


Citation:
De nous, Béatrice de Castelmaure-Frayner, Souveraine de Bolchen, Duchesse de Nevers, Comtesse du Lauragais, Vicomtesse de Chastellux & Baudricourt, Baronne de Chablis & de Laignes, Maréchale d'Armes Impérial,

À vous, Uruk de Margny-Riddermark, Prince de Condé, Comte de Hainaut, Vicomte de Bourbon-Lancy, Baron de Jussey, Beaune & Antigny,

Salut & Respect.

Nos propres affaires ne permettent pas de procéder, pour l'affaire qui nous intéresse, selon les modalités que vous aviez émises ; au lieu de quoi, nous joignons à cette lettre la base du contrat de mariage entre votre personne & la Demoiselle de l'Epine, tel qu'il pourrait être signé si vous l'agréiez, au cours de la cérémonie d'octroi du fief dotal de Decize, dont il est question dans le contrat ; la cérémonie vous donnera le loisir de rencontrer la Demoiselle de l'Epine & d'apprécier son aimable figure & sa délicate éducation, après quoi serez-vous, nous n'en doutons pas, tout à fait convaincu du bien-fondé de contracter union avec Clémence de l'Epine, ce que nous scellerons ensemble.

Si des éléments du contrat ne vous agréaient point, nous vous remercions de nous les indiquer dans les meilleurs délais, de sorte que la cérémonie d'octroi de Decize & de signature du contrat puisse se faire avant septembre, & l'union, si le Très Haut le veut, avant l'automne. Ainsi aurez-vous douce & chaleureuse épouse pour les nuits d'hiver.

Dans l'attente de votre réponse, demeurez assuré des profonds respect & intérêt que nous vous portons, & que vous serez promptement informé des lieux & dates de la cérémonie auguste.

Daté en l'enceinte du château de Bolchen, le 14 juillet MCDLVIII.

B.d.C.



Citation:
Au nom de Dieu, que tous, présents et à venir, sachent qu'en l'an mil quatre cent cinquante huit, ixième jour du mois d'août, après midi, sous le règne souverain de Lévan III de Normandie, par la grâce de Dieu roi de France, en la ville de ... et par devant nous, ..., Juge de Bourgogne, en présence de Béatrice de Castelmaure, suzeraine de Clémence de l'Epine, et des témoins ci-après nommés,

Au plaisir de Dieu et à l'augmentation de l'humain et noble lignage, mariage a été tracté par parole, et s'accomplira s'il leur plaît, d'entre Son Altesse Uruk de Margny-Riddermark, Prince de Condé, Comte de Hainaut, Vicomte de Bourbon-Lancy, Baron de Beaune, Antigny et Jussey, fils légitime et naturel de feus Almaric de Margny-Riddermark, Prince de Condé, Comte de Hainaut, Vicomte de Bourbon-Lancy, Baron d'Antigny, qui fut Duc de Bourgogne, qui fut Seigneur de Margny, et Julia Von Kohlpflanzen, quand ils vivaient, mariés, ses père et mère, et Damoiselle Clémence de l'Epine, Dame de Decize, terre mouvant du Duché du Nivernais, héritière présomptive du Marquisat de Nemours, fille légitime et naturelle d'Albert de L'Epine, Marquis de Nemours, Pair de France, qui fut aussi Vicomte de Châlons, et de feue Matthilde de la Francesca, dite Matthilde de Beaugency, qui fut Duchesse de Champagne, qui fut Duchesse de Sainte-Marie-du-Lac et Baronne de Beaugency, mariés, ses père et mère ;
Lesquels futurs mariés, procédant, ledit Prince de Condé, Comte de Hainaut, Vicomte de Bourbon-Lancy, Baron de Beaune, Antigny et Jussey, de soi-même et de son bon vouloir, en la présence de ses vassaux, parents et amis ; ladite Dame de Decize et héritière présomptive du Marquisat de Nemours, procédant autant des licence, vouloir, autorité et consentement de ladite Béatrice de Castelmaure, sa suzeraine, que de soi-même et de son bon vouloir, en la présence de ses parents et amis, à cela consentant ;
Lesdits futurs mariés ont promis l'un à l'autre de se prendre pour loyaux époux en mariage, célébré et solennisé en l'Église Aristotélicienne, comme faisant profession d'icelle, et ce à la première réquisition et volonté de l'une desdites parties, au préalable les annonces faites et publiées en la dite Église suivant le dogme ; et ils ont dit vouloir faire officier ladite cérémonie en la Cathédrale Notre-Dame de Paris ;


Et pour supporter les charges du mariage, il a été gardé et observé, comme il se garde et observe encore, que la dot doit parvenir et coûter aux femmes, pour supporter plus honorablement lesdites charges. A cette cause a été présente en sa personne la dite Demoiselle de Castelmaure, laquelle de son bon gré, pour elle et les siens à venir, a constitué et assigné en dot à ladite Damoiselle de l'Epine le fief de Decize, mouvant de son Duché du Nivernais ;


Item que ladite dot est augmentée pour les temps à venir, sur la foi de l'héritage présomptif au bénéfice de ladite Demoiselle de l'Epine, et survivant ladite demoiselle de l'Epine à son père Sa Seigneurie Albert de l'Epine, Marquis de Nemours, du Marquisat de Nemours sis en Duché de France, de l'Hostel de l'Epine sis à Paris au quartier de l'Université, et du domaine terrien de l'Epine sis en Duché de Champagne ;


Item que ladite dot est augmentée pour les temps à venir de tout héritage ou correction juridique au bénéfice de ladite Demoiselle de l'Epine ; qu'en sont exclus les domaines, possessions et titres qu'elle aura obtenus de son propre chef ;


Survivant ladite Demoiselle de l'Epine audit Prince de Condé, son dit futur époux, en ce cas, il lui donne tous droits et autorité sur les Principauté de Condé, Comté de Hainaut, Vicomté de Bourbon-Lancy, Baronnie de Beaune, Antigny, Jussey ; ladite Demoiselle de l'Epine conserverait ces droits à vie, dans le cas où nul enfant ne serait né de ce mariage ; au cas contraire, ladite Demoiselle de l'Epine ne conserverait ces droits que tant qu'elle ne contracte point union licite hors du lignage de Margny-Riddermark, auquel cas elle n'en conserverait, en vertu des édits héraldiques, que le douaire, et ainsi seraient-ils répartis : tous les titres, terres et droits à l'enfant, au cas où un seul enfant serait issu de la présente union ; la Principauté de Condé et la Baronnie de Jussey à l'aîné et le Comté de Hainaut, la Vicomté de Bourbon-Lancy et les Baronnies de Beaune et Antigny au cadet, au cas où deux enfants seraient issus de la présente union ; la Principauté de Condé à l'aîné, le Comté de Hainaut et la Baronnie de Jussey au cadet, la Vicomté de Bourbon-Lancy et les Baronnies de Beaune et Antigny au puîné, au cas où trois enfants seraient issus de la présente union et voués à la vie du monde ; au cas où davantage d'enfants naîtraient de cette union, ladite Demoiselle de l'Epine se devrait de répartir l'héritage selon la préséance établie au cas où trois enfants seraient issus de l'union, réduisant les héritages des second et troisième enfant des fiefs de moindre importance au profit de leurs benjamins ; au cas où l'un ou plusieurs des enfants seraient voués à la vie religieuse, l'héritage procéderait comme s'il n'était pas dans la fratrie, diminué pour le dernier bénéficiaire d'un fief de moindre importance, au cas où cela lui en laisse encore un pour lui ; de même les titres dudit Prince de Condé, sadite future épouse lui survivant, seraient-ils répartis si lesdits héritiers sont ou viennent à entrer dans leur majorité durant le veuvage de leur mère, celle-ci n'ayant point contracté ou manifesté sa volonté de contracter une nouvelle union au lignage Margny-Riddermark ;

Item ledit Prince de Condé ensemble dès à présent a donné et donne à ladite Demoiselle de l'Epine toutes et chacune les robes, bagues et joyaux que lui aura donné durant leur dit mariage ;


Et par même donation que dessus et survivant ledit Prince de Condé à ladite Demoiselle de l'Epine, en ce cas, professant au nom et avec la bénédiction, licence et approbation de Damoiselle de Castelmaure sadite suzeraine, ou de sa descendance, elle lui donne tous droits et autorités sur la Seigneurie de Decize et ses revenus, dans le cas qu'aucun enfant ne sera né dudit mariage ; et dans le cas qu'un enfant serait né dudit mariage, il appartiendrait à ladite Demoiselle de l'Epine, ladite future mariée, de décider par disposition testamentaire validée et consignée comme il se fait en la Hérauderie de France, et contresigné par ladite Demoiselle de Castelmaure sa suzeraine, ou sa descendance, qui y paraîtra comme ayant autorité pour en décider et faire appliquer, le devenir de ladite dot, étant tenue de la réserver audit enfant ou à celui de son choix s'il en était né plusieurs dudit mariage, ou à son dit époux s'il lui paraissait bon et honnête d'ainsi en décider ; ce à quoi s'engage ladite Demoiselle de Castelmaure et engage aussi les siens à venir et héritiers, si ladite Demoiselle de l'Epine se trouvait survivre à ladite Demoiselle de Castelmaure, pour que soit ferme le lien qui unit par l'hommage les Seigneurs de Decize aux Ducs du Nivernais, et ne puisse être refusé ou rompu par lesdits héritiers de ladite Demoiselle de Castelmaure à leur seul vouloir ;

Item survivant ledit Prince de Condé à ladite Demoiselle de l'Epine, et ayant auparavant survécu ladite Demoiselle de l'Epine à sondit père Albert de l'Epine, Marquis de Nemours, et ayant joui par droite ligne de son héritage présomptif, en ce cas, elle donne à son époux tous droits et autorité sur le Marquisat de Nemours ; ledit Prince de Condé conserverait ces droits à vie, dans le cas où nul enfant ne serait né de ce mariage ; au cas contraire, ledit Prince de Condé n'en conserverait, en vertu des édits héraldiques, que le douaire, et le titre, la terre et les droits attachés iraient à l'enfant, au cas où un seul enfant serait issu de la présente union ; au cas où plus d'un enfant serait issu de ladite union, l'aîné étant appelé à devenir Prince de Condé, le Marquisat de Nemours irait au second né, à sa majorité ; au cas où ladite Demoiselle de l'Epine ait obtenu, par quelque moyen, davantage de terres, titres et droits, ledit Prince de Condé lui survivant se devrait de répartir l'héritage selon la raison ;
Lesdits futurs époux régleront chacun par testament accepté par l'autre ce qu'il adviendrait de ses titres dans les autres cas non précisés dans le présent contrat, à savoir, si aucun héritier n'était issu de cette union et si sondit époux ou sadite épouse n'était pas en mesure de bénéficier de ce legs, étant décédé auparavant ou simultanément, et si d'une éventuelle nouvelle union licite, aucun héritier n'était issu ;


Et considérant le prestige des deux lignages de l'Epine et de la Francesca, dont est issu ladite future mariée, item considérant qu'elle en est à ce jour la seule dépositaire, il a été décidé et établi pour l'avenir que ladite future mariée persisterait à être appelée Clémence de l'Epine, en quoi elle ne prendra pas le nom du lignage qu'elle épouse ; item a été décidé que le second fils au moins, et autant d'autres enfants qu'il plaira aux époux, portera le nom de sa mère ; et ce fils aura parmi ses prénoms Albert, Raphael et Matthieu.


En cas de rupture de l'union, la faute en revenant à l'époux, ledit Prince de Condé consentirait à ladite Demoiselle de l'Epine la Baronnie de Jussey ; et dans le cas où les enfants demeureraient légitimes en regard de l'Eglise Aristotélicienne, lesdits époux ne pourraient engager leurs héritages dans de tiers contrats ; en cas que l'épouse aurait commis le péché de chair hors de la présente union, ledit Prince de Condé sondit époux pourra choisir de la cloîtrer dans une chambre pour le restant de ses jours ; en l'absence d'enfant né de ladite union, le Marquisat de Nemours reviendrait audit Prince de Condé à la mort de ladite épouse fautive, ayant survécu audit Marquis de Nemours son père, item la Seigneurie de Decize, ce à quoi la Demoiselle de Castelmaure s'y engage pour elle et ses héritiers ; ledit Prince de Condé pourra autrement convenir d'une sanction moindre ;


Ledit Prince de Condé s'engage à ne reconnaître aucun bâtard passé la date du mariage ; il appartiendra à ladite Demoiselle de l'Epine d'accepter ou non de prendre en charge l'éducation desdits possibles bâtards déclarés avant cette date et de les élever à la résidence desdits époux ;

Veulent et entendent les dits futurs mariés avoir fait et passer le présent pacte de mariage suivant les us, coutumes et privilèges du Royaume de France, et parce que le Roy, par les ordonnances de sa Hérauderie, veut et ordonne que tous legs, octrois et donations nobiliaires entre vifs soient consignés et registrés par devant les Hérauts royaux, et que tous legs et donations d'autres natures entre vifs soient consignés et registrés par devant un Juge, aux fins que nul ne puisse les contredire pour le présent et l'avenir, autrement seraient-ils déclarés nuls et de nul effet et valeur, voulant lesdites parties le présent pacte de mariage l'assortir d'un plein et entier effet, à cette cause, ont constitué leurs exécutant en la cour de Sa Grâce Ingeburge von Alhefeldt-Oldenbourg, Duchesse de Bourgogne, c'est à savoir Messire …, Juge de Bourgogne, et Messire Theudbald Malhuys, Seigneur d'Irancy, Héraut de Bourgogne, et chacun d'eux pour et au nom des parties contractantes, requérir et consentir à l'autorisation, insignation et enregistrement du présent contrat, jurer et assurer en l'âme desdits constituants aucune fraude n'y être intervenue, et par cet effet, en faire exercer tous actes de justice et d'héraldique requis et nécessaires, promettant les relever indemne de toute charge de procuration et ce sur les obligations et renonciations en tel cas requis ci-dessous écrits ;

Lesquels pactes matrimoniaux, constitution de dot, augment et toutes les choses susdites, lesdites parties contractantes l'une envers l'autre comme les concerne, ont promis tenir, garder, observer et n'y contrevenur, et ce sous l'obligation et hypothèque respective de tous et chacuns de leurs biens meubles, immeubles, titres et usufruits féodaux, présents et à venir, et ainsi l'ont promis et juré, levant la main à Dieu, sous lequel jurement ont renoncé et renoncent à tous leurs droits et lois à ce contraire ;
Date, lieu, signataires, etc.

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