Sorane
[A l'encre de tes yeux et les larmes du coeur]
Une lettre, voilà tout ce que Sorane avait comme solution pour exiger des explications suite à l'annonce du nouveau parti, expression de la vengeance du Tri ! Se venger mais de quoi donc ? De m'avoir trahie... Quelle ironie !
Elle avait carrément failli s'étouffer avec la petite brioche qu'elle grignotait quand elle avait lu son annonce publique...
Que faire d'autre ? Il n'avait déjà pas daigné lui répondre au quartier général de Boum quand elle avait donné les explications de son départ ou plutôt les raisons qui l'empêchait de rester dans le parti fondé par le Tri.
Confortablement installée dans son boudoir au Château de Couches, elle avait pris sa plume, et après l'avoir mordillée encore et encore, elle avait enfin terminée sa lettre... Qu'elle confia aussitôt à un coursier, le pressant de partir au plus vite... Avant qu'elle ne change d'avis, avant que des sursauts d'amitié envers Erik ne l'encourage à déchirer les mots de son coeur, avant qu'elle ne se dise à quoi bon...
Cette lettre qui exprimait tant :
Une lettre, voilà tout ce que Sorane avait comme solution pour exiger des explications suite à l'annonce du nouveau parti, expression de la vengeance du Tri ! Se venger mais de quoi donc ? De m'avoir trahie... Quelle ironie !
Elle avait carrément failli s'étouffer avec la petite brioche qu'elle grignotait quand elle avait lu son annonce publique...
Que faire d'autre ? Il n'avait déjà pas daigné lui répondre au quartier général de Boum quand elle avait donné les explications de son départ ou plutôt les raisons qui l'empêchait de rester dans le parti fondé par le Tri.
Confortablement installée dans son boudoir au Château de Couches, elle avait pris sa plume, et après l'avoir mordillée encore et encore, elle avait enfin terminée sa lettre... Qu'elle confia aussitôt à un coursier, le pressant de partir au plus vite... Avant qu'elle ne change d'avis, avant que des sursauts d'amitié envers Erik ne l'encourage à déchirer les mots de son coeur, avant qu'elle ne se dise à quoi bon...
Cette lettre qui exprimait tant :
Citation:
Erik,
Aurais-je cru qu'un jour je débuterai une lettre à ton intention par un simple "Erik" sans mon éternel "cher parrain de coeur", au final si éphémère.
Un jour nos sentiments semblent enracinés et immuables et le lendemain, ils se sont transformés, totalement mués, et pourtant à nouveau ils semblent indéformables...
Comment commencer ? J'ai tant à te dire, tant sur le coeur...
En rimaille, bien sur ! C'est tellement plus mignon de se faire traiter de canaille en rimaille !
Et puis quand la moutarde monte au nez, il n'y a que rimaille qui taille... à vif !
Puisqu' on ne rira jamais plus tout deux
Puisqu'on est fou, puisque t'es mou
Pour faire des aveux
Et que tu oses jouer les martyrs
J' aimerais quand même te dire
Tout ce que je vais écrire
Je l' ai puisé à l' encre de tes yeux.
Je n' avais pas cru que tu m' jetais la pierre
A trop t'aimer et t'admirer
Confiance en toi j'avais
Je rêvais de justice et de liberté
J' aimerais quand même te dire
Qu'il n'y a pas de quoi être fier
De m'avoir forcée à m'en aller.
Puisqu'on n'a plus rien à vivre tout deux
Puisqu'un ami, toi mon mentor
Tu m'as trahie encore
Et de traitresse tu oses m'accuser
Sans regret je vais te renier
Et chercher à me venger,
Rêver de crever l'encre de tes yeux.
Et voilà, comme il est simple de déverser son fiel par une petite ballade...
Du coup je me sens plus légère.
Ces dernières semaines, chaque coup de poignard que tu as plantés dans mon dos est venu peser de tout son métal froid et tranchant sur mon coeur, qui est devenu si lourd, si meurtri !
Il ne te suffit pas de me désavouer en public, en osant insinuer que je manque de discernement, que mon jugement est hâtif et partial parce que j'ose dire que l'affameuse de peuple qui est de ta famille par alliance n'est qu'une vulgaire criminelle, de la pire espèce, qui n'a pas l'excuse de la pauvreté ou de l'ignorance pour minimiser ses méfaits !
Partial moi ? Qui l'est ? Celui qui en dépit de ses amitiés et de son affection persiste à dire la vérité ? Ou celui qui essaie de faire passer pour sotte celle qui ose dire la vérité sur un membre de sa belle(?) famille, pilleuse de château ?
Partial ! Il faut que tu revoies ta définition, mon Tripoteur de sens !
Après cela, alors que j'ai eu ton accord pour mener le parti que tu as fondé, que tu avais même prétendu avoir attendu avec impatience que je me lance, voilà que pendant les élections, tu fais tout pour favoriser une liste adverse et qu'un autre de tes amis soit élu Duc plutôt que moi. Allant jusqu'à menacer, cajoler, enquiquiner, gronder mes propres colistiers pour qu'ils ne me suivent plus.
Et comme par miracle, le détail des discussions que nous tenons au sein du parti parviennent aux oreilles de ton vassal qui est de la liste adverse. Ah qu'il est facile de nier l'évidence pourtant...
Par la suite, tu n'as eu de cesse de te railler de moi, de vouloir me faire passer pour folle et hystérique, pour éviter que je ne viennes dévoiler tes traitrises...
Je n'avais pourtant guère envie d'en faire étalage, tant tout cela m'avait blessée, tant je ne comprenais pas en quoi j'avais démérité.
Découragée, j'annonce mon départ de BOUM, car je ne saurais m'incruster dans un parti où son fondateur ne me soutient pas. Et là tu oses venir crier à la trahison ? Tu vas qualifier de traitresses, de traitres, ceux qui me suivent et partent, pas seulement par amitié, mais parce qu'eux aussi ont eu à souffrir de tes revirements d'humeur, de tes promesses non tenues, de tes retours impromptus juste pour fanfaronner et lacérer de tes critiques.
Ingeburge par exemple. Tu avais promis de l'aider, et d'ailleurs tu avais réclamé une place au conseil... pour finalement en être absent tout le mandat et l'obliger à pallier en assumant tes fonctions en plus de celle de Duchesse régnante, et d'accepter la défaillance d'autres conseillers de fait !
Tout autre membre de Boum qui se serait permis cela aurait eu droit à tes foudres...
D'ailleurs quels ducs régnants issus de Boum n'y a pas eu droit ?
De mémoire, pas un seul n'a trouvé grâce à tes yeux, pour tous tes critiques !
Et tu as parlé de bilan mitigé. Pour certain ce fut carrément la houspillade, voire l'éjection, sans prendre pourtant la peine d'aider ou de soutenir, sans vérifier qu'ils n'avaient pas démérité !
Pourquoi donc ai-je été si étonnée de ta trahison ? J'aurais dû m'y attendre... Et d'ailleurs si j'ai tant tardé à oser me proposer comme tête de liste, c'est que je craignais de devoir subir ce que tu avais infligé aux autres ! Je craignais de te décevoir... L'expérience tendait à me prouver que c'était inévitable... Et ainsi fut-il, futile Tri !
D'ailleurs, tu n'as pas daigné répondre à mon annonce de départ et à mon discours. Alors pourquoi me reprocher ensuite d'être partie ?
Par ailleurs, je ne saurais rester dans un parti où le fondateur ne partage plus mes valeurs... puisque son sens de la justice varie en fonction du degré de noblesse et des liens familiaux.
Et encore là, je croyais naïvement qu'une des valeurs pérennes de BOUM était de toujours agir d'abord dans l'intérêt du Duché. Quel bonne blague pour son fondateur !
Sinon comment expliquer que par désir de vengeance, tu lances une liste fantoche, juste pour le plaisir de nous faire un pied de nez à Ingeburge et moi... Espérons que tes colistiers sauront être plus actifs et présents que toi lors de ton dernier mandat au conseil.
Tu parles en plus de démissionner ? Pourtant n'étais-tu pas parmi ceux qui avait fustigé avec tant de véhémence les conseillers qui avaient osé démissionner du conseil ? Allons bon une nouvelle devise en vue ?
"Faites ce que je dis mais pas ce que je fais !" ou encore "A moi tout est permis, les autres n'ont qu'à (sup)plier !"
Un doute affreux m'étreint ! N'aurais-tu pas fait passer ton amour-propre avant celui de la Bourgogne ? Cela en donne bien l'impression en tout cas... De quoi m'ôter tout regret d'avoir quitté BOUM, pour le coup ! Je t'en remercie !
Mais quelle déception, j'ai du mal à m'en remettre... Je t'avais hissé tellement haut dans mon estime, que la chute dans le caniveau a été douloureuse.
La fin de Boum, c'est ton mérite ! Tu en as été l'architecte !
Allez, maintenant que j'ai retrouvé un peu plus de légèreté, cette insoutenable légèreté de l'être, je vais essayer de finir en beauté cet épître sur la fin d'une amitié, parce que tu le vaux bien. Rien de mieux que de dire les simples vérités pour perdre du poids !
Avec quelques rimes d'abord, pour que tu m'aimes encore !
Car j'ai compris tous tes maux !
Et oui, Pair Vert, poètesse ! Et tellement,
Qu'en rimaillant, j'ai pu - hop! - à l'improvisade
Tailler menu votre bravade.
Je te préviens, cher Trifélon,
Qu'à la fin de l'envoi, j'te mouche !
Que le très-haut te garde loin de moi.
Sorane de Voiturienvenir
Devenue orpheline de pair, de mentor, de parrain de coeur et d'illusions.
Mais qui garde raison.
Aurais-je cru qu'un jour je débuterai une lettre à ton intention par un simple "Erik" sans mon éternel "cher parrain de coeur", au final si éphémère.
Un jour nos sentiments semblent enracinés et immuables et le lendemain, ils se sont transformés, totalement mués, et pourtant à nouveau ils semblent indéformables...
Comment commencer ? J'ai tant à te dire, tant sur le coeur...
En rimaille, bien sur ! C'est tellement plus mignon de se faire traiter de canaille en rimaille !
Et puis quand la moutarde monte au nez, il n'y a que rimaille qui taille... à vif !
Puisqu' on ne rira jamais plus tout deux
Puisqu'on est fou, puisque t'es mou
Pour faire des aveux
Et que tu oses jouer les martyrs
J' aimerais quand même te dire
Tout ce que je vais écrire
Je l' ai puisé à l' encre de tes yeux.
Je n' avais pas cru que tu m' jetais la pierre
A trop t'aimer et t'admirer
Confiance en toi j'avais
Je rêvais de justice et de liberté
J' aimerais quand même te dire
Qu'il n'y a pas de quoi être fier
De m'avoir forcée à m'en aller.
Puisqu'on n'a plus rien à vivre tout deux
Puisqu'un ami, toi mon mentor
Tu m'as trahie encore
Et de traitresse tu oses m'accuser
Sans regret je vais te renier
Et chercher à me venger,
Rêver de crever l'encre de tes yeux.
Et voilà, comme il est simple de déverser son fiel par une petite ballade...
Du coup je me sens plus légère.
Ces dernières semaines, chaque coup de poignard que tu as plantés dans mon dos est venu peser de tout son métal froid et tranchant sur mon coeur, qui est devenu si lourd, si meurtri !
Il ne te suffit pas de me désavouer en public, en osant insinuer que je manque de discernement, que mon jugement est hâtif et partial parce que j'ose dire que l'affameuse de peuple qui est de ta famille par alliance n'est qu'une vulgaire criminelle, de la pire espèce, qui n'a pas l'excuse de la pauvreté ou de l'ignorance pour minimiser ses méfaits !
Partial moi ? Qui l'est ? Celui qui en dépit de ses amitiés et de son affection persiste à dire la vérité ? Ou celui qui essaie de faire passer pour sotte celle qui ose dire la vérité sur un membre de sa belle(?) famille, pilleuse de château ?
Partial ! Il faut que tu revoies ta définition, mon Tripoteur de sens !
Après cela, alors que j'ai eu ton accord pour mener le parti que tu as fondé, que tu avais même prétendu avoir attendu avec impatience que je me lance, voilà que pendant les élections, tu fais tout pour favoriser une liste adverse et qu'un autre de tes amis soit élu Duc plutôt que moi. Allant jusqu'à menacer, cajoler, enquiquiner, gronder mes propres colistiers pour qu'ils ne me suivent plus.
Et comme par miracle, le détail des discussions que nous tenons au sein du parti parviennent aux oreilles de ton vassal qui est de la liste adverse. Ah qu'il est facile de nier l'évidence pourtant...
Par la suite, tu n'as eu de cesse de te railler de moi, de vouloir me faire passer pour folle et hystérique, pour éviter que je ne viennes dévoiler tes traitrises...
Je n'avais pourtant guère envie d'en faire étalage, tant tout cela m'avait blessée, tant je ne comprenais pas en quoi j'avais démérité.
Découragée, j'annonce mon départ de BOUM, car je ne saurais m'incruster dans un parti où son fondateur ne me soutient pas. Et là tu oses venir crier à la trahison ? Tu vas qualifier de traitresses, de traitres, ceux qui me suivent et partent, pas seulement par amitié, mais parce qu'eux aussi ont eu à souffrir de tes revirements d'humeur, de tes promesses non tenues, de tes retours impromptus juste pour fanfaronner et lacérer de tes critiques.
Ingeburge par exemple. Tu avais promis de l'aider, et d'ailleurs tu avais réclamé une place au conseil... pour finalement en être absent tout le mandat et l'obliger à pallier en assumant tes fonctions en plus de celle de Duchesse régnante, et d'accepter la défaillance d'autres conseillers de fait !
Tout autre membre de Boum qui se serait permis cela aurait eu droit à tes foudres...
D'ailleurs quels ducs régnants issus de Boum n'y a pas eu droit ?
De mémoire, pas un seul n'a trouvé grâce à tes yeux, pour tous tes critiques !
Et tu as parlé de bilan mitigé. Pour certain ce fut carrément la houspillade, voire l'éjection, sans prendre pourtant la peine d'aider ou de soutenir, sans vérifier qu'ils n'avaient pas démérité !
Pourquoi donc ai-je été si étonnée de ta trahison ? J'aurais dû m'y attendre... Et d'ailleurs si j'ai tant tardé à oser me proposer comme tête de liste, c'est que je craignais de devoir subir ce que tu avais infligé aux autres ! Je craignais de te décevoir... L'expérience tendait à me prouver que c'était inévitable... Et ainsi fut-il, futile Tri !
D'ailleurs, tu n'as pas daigné répondre à mon annonce de départ et à mon discours. Alors pourquoi me reprocher ensuite d'être partie ?
Par ailleurs, je ne saurais rester dans un parti où le fondateur ne partage plus mes valeurs... puisque son sens de la justice varie en fonction du degré de noblesse et des liens familiaux.
Et encore là, je croyais naïvement qu'une des valeurs pérennes de BOUM était de toujours agir d'abord dans l'intérêt du Duché. Quel bonne blague pour son fondateur !
Sinon comment expliquer que par désir de vengeance, tu lances une liste fantoche, juste pour le plaisir de nous faire un pied de nez à Ingeburge et moi... Espérons que tes colistiers sauront être plus actifs et présents que toi lors de ton dernier mandat au conseil.
Tu parles en plus de démissionner ? Pourtant n'étais-tu pas parmi ceux qui avait fustigé avec tant de véhémence les conseillers qui avaient osé démissionner du conseil ? Allons bon une nouvelle devise en vue ?
"Faites ce que je dis mais pas ce que je fais !" ou encore "A moi tout est permis, les autres n'ont qu'à (sup)plier !"
Un doute affreux m'étreint ! N'aurais-tu pas fait passer ton amour-propre avant celui de la Bourgogne ? Cela en donne bien l'impression en tout cas... De quoi m'ôter tout regret d'avoir quitté BOUM, pour le coup ! Je t'en remercie !
Mais quelle déception, j'ai du mal à m'en remettre... Je t'avais hissé tellement haut dans mon estime, que la chute dans le caniveau a été douloureuse.
La fin de Boum, c'est ton mérite ! Tu en as été l'architecte !
Allez, maintenant que j'ai retrouvé un peu plus de légèreté, cette insoutenable légèreté de l'être, je vais essayer de finir en beauté cet épître sur la fin d'une amitié, parce que tu le vaux bien. Rien de mieux que de dire les simples vérités pour perdre du poids !
Avec quelques rimes d'abord, pour que tu m'aimes encore !
Car j'ai compris tous tes maux !
Et oui, Pair Vert, poètesse ! Et tellement,
Qu'en rimaillant, j'ai pu - hop! - à l'improvisade
Tailler menu votre bravade.
Je te préviens, cher Trifélon,
Qu'à la fin de l'envoi, j'te mouche !
Que le très-haut te garde loin de moi.
Sorane de Voiturienvenir
Devenue orpheline de pair, de mentor, de parrain de coeur et d'illusions.
Mais qui garde raison.
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