Linon
Un Titi au bord de la mélancolie, une Linon toujours débordée qui s'inquiète et arrête net tout ce qu'elle faisait. Car elle la connait bien cette insidieuse maladie qui naît de l'ennui et d'une trop longue immobilité. L'aimé est vagabond dans l'âme, blessé à répétition... il est resté là aussi pour elle, qui est au conseil et le néglige.
Mais elle lâchera tout si il faut. Et déjà ce soir, le conseil peut aller se rhabiller, elle n'est là que pour Titi et personne d'autre.
Il lui attrape la main et l'entraîne, elle se précipite derrière lui, un peu soulagée de voir ses yeux briller, déjà impatiente de ce qu'il va lui faire vivre.
Des trucs? pas des trucs qui cassent tout hein? hein?
Linon
Ça décoiffe? Sans cesser de courir, la brunette un brin inquiète porte sa main libre à son éternelle tresse. C'est qu'elle y tient à ses cheveux !
Mais euh... j'ai pas amené de peigne...
Faible protestation pas très fière... bon, il n'a sûrement pas entendu.
Arrivée tranquille à Chasteau-en-Anjou où elle n'est venue qu'une fois, petit sourire aux gardes qui semblent trouver normal que le philosophe officiel du duché déboule en pleine nuit en courant, une juge au bout du bras.
Les voilà dans le fameux laboratoire qu'elle n'a jamais vu. Linon ouvre de grands yeux en détaillant tout ça pendant que Titi s'active.
Fais attention ou tu mets les mains.
Elle retire brusquement ses mains avec lesquelles elle s'appuyait à une table et les regarde en se mordant la lèvre. Elles sont mouillées...
Dans un réflexe enfantin, elle les cache derrière son dos.
Oui, oui... d'accord.
C'est quoi? ça va brûler?
Linon
Arg, il la connaît déjà trop bien. Linon relâche sa lèvre rougie de sa morsure et lui sourit innocemment.
Non non, tout va bien... j'te suis !
Il tend la main, spontanément et sans réfléchir elle tend la sienne... et se souvient juste à temps. Le bras rejoint vivement la jupe sur laquelle elle frotte rapidement sa main et se dépêche de la placer dans celle de l'homme.
Alors, on va où?
Linon
Nouveau petit sourire naturel aux gardes. Et Linon entraînée par Titi se retrouve au bord de la belle Loire.
Oh Titou... quelle excellente idée ! On n'y vient jamais et c'est bien dommage. Enfin moi j'y viens jamais, je la longe seulement, pour rentrer à la maison.
La jeune femme parcourt des yeux le fleuve aux eaux noires et au mille reflets d'étoiles. Le regard ravi revient vers l'homme, puis se pose sur la besace au sol.
T'as amené quoi? un pique-nique?
C'est qu'elle connaît le fameux appétit de Titi ! un véritable épicurien...
Linon
Elle suit du regard les préparatifs, très intriguée par les bouts de bois plantés au bord de la couverture.
A la proposition de Titi, elle s'assied en tailleur sur la couverture, s'emmitoufle dans son col et resserre les pans de sa cape. Pas tellement qu'il fait vraiment froid en ce presque-printemps, mais c'est un peu humide en bords de Loire.
Ses yeux d'un bleu profond comme les nuits d'Orient suivent chaque geste du magici. Attentive et toujours intriguée, elle lui lance un regard complice et interrogateur.
Vas-y...
Linon
Bien sûr, il a pensé à tout. Et à peine s'est-elle emmitouflée qu'une couverture chaude est déposée sur ses épaules. Linon ferme les yeux et penche la tête sur le côté pour caresser la main de la joue. Moment fugace, Titi est déjà occupé avec ses bidules. Une petite flamme surgit, allume une boule qui disparaît dans un bâton creux.
Et tout de suite l'explosion. Pas très forte mais qui arrache un petit cri à la jeune femme. Elle oublie de refermer la bouche devant l'incroyable spectacle. Titi a allumé la lune qui retombe en mille feu-follets au-dessus de l'eau.
Bouche bée la Linon qui n'a jamais vu ça et ne comprend pas comment il a fait...
Bouche bée d'admiration tellement c'est beau.
Elle tourne enfin un visage illuminé d'émerveillement vers Titi qui la regarde avec ce sourire des génies qui montrent enfin au monde ce dont ils sont capables.
Titi... C'est... c'est vraiment... c'est magnifique !! Comment t'as fait? T'en as d'autres? C'est magique... J'ai jamais rien vu d'aussi beau...
Linon
Maje? Elle était Maje... Il l'avait coiffée de son précieux chapeau. Et Dieu sait à quel point il y tenait à ce chapeau. Elle avait essayé de le vendre en taverne quelques jours plus tôt. Pour qu'il gagne des sous ! c'était qu'un chapeau. Mais elle l'avait vu si désemparé et angoissé à l'idée de perdre le chapeau qu'elle le lui avait vite rendu, un peu honteuse.
Alors ce chapeau devait être précieux et très spécial pour qu'il refuse le prix de 2000 écus. Et voilà qu'il l'en coiffait spontanément... Brusquement très émue, Linon chercha les mots sans les trouver, et pour masquer son trouble, se concentra sur la petite boule déposée dans sa main. Elle hocha la tête pour montrer qu'elle avait compris.
D'accord, j'ai compris... Vas-y Titou, fabrique-moi des milliers d'étoiles.
Il n'y a que toi pour savoir faire ça... Tu es le plus grand Majicien du monde, ajouta-telle en pensée