Isaure.beaumont
[Paris, Collège Saint-Louis de France. Quelques heures plus tôt. Un dimanche.]
Laurore était à peine éclose quand des mouvements lents et silencieux éveillèrent Isaure. Discrètement, la Brune écarta lépais rideau de sa couche. Dans la chambrée encore endormie, trois de ses camarades se préparaient déjà. Elle attendit que la porte se referme derrière elles avant de quitter son lit. Et telle un ombre, seulement vêtue de sa chemise de nuit lui tombant jusquau pied, la fillette entrouvrit la porte afin de découvrir ce qui se tramait. Un peu plus loin, des personnes chuchotaient. Des consignes étaient données, le silence et la discrétion étaient imposés. Des mots résonnèrent à ses oreilles, distincts. Chasse, Vincennes. A croire que tous les élèves nétaient pas conviés. Le favoritisme existait bel et bien dans cet établissement. Et ce fut pour sa plus grande joie.
Prudemment, la jeune Wagner savança à quatre pattes vers les escaliers. Dici, elle put apercevoir les différents protagonistes. La Rectrice semblait de la partie, ainsi que deux autres magisters. La voie serait libre. Son vu allait être exaucé. Paris, Je suis à Toi !!!
Et toujours à quatre pattes, la damoiselle rejoignit le dortoir où elle shabilla dans le plus grand silence. Depuis son arrivée à Paris, la Capitale avait exercé sur elle une forte attraction. Quoique grise et nauséabonde, elle nen demeurait pas moins irrésistiblement attirante. Pour loccasion unique qui se présentait à elle, la jeune fille avait revêtu lun de ses plus beaux atours et avait attachée à sa taille sa bourse dans laquelle sonnaient quelques brillants écus au cas où elle serait prise dune petite envie.
Bientôt, elle se faufila hors de la chambre et sans un bruit, et quitta le Collège, sans un détour par les cuisines où la cuisinière devait déjà sactiver.
[ Paris, Dans les dédales parisiens. ]
Le temps était au beau fixe. Russo avait décidément bien choisi son jour pour emmener ses élèves chéris à la chasse et lui offrir ainsi cette balade opportune. Dabord assoupie, la ville se réveilla peu à peu et quand les églises environnantes sonnèrent le début du travail, lanimation sempara de Paris. Déambulant dans les rues, Isaure sarrêtait devant chaque échoppe, sémerveillait devant le travail minutieux des enlumineurs, sextasiait devant des bijoux étincelants, soupirait de bonheur en touchant les étoffes soyeuses. La jeune Wagner était étourdie par toutes ses nouvelles choses : la foule bousculant tout sur son passage, les cris, les odeurs. Et sans quelle ne sen rende compte, la matinée passa. De Cluny en passant par lIle de la Cité elle se retrouva aux halles. Là encore, des choses étonnantes, des merveilles éclatantes. Elle sarrêta un instant un à étal. Après quelques hésitations, elle se décida pour une broche en or enfin que le marchand au sourire suspect lui vendit comme étant de lor. Aux yeux de lenfant, la broche était finement travaillée, et sa forme de lionceau lui rappelait le blason de Morvilliers. Voilà qui lui porterait chance. Ravie de son achat qui lui coûta quelques cinquante écus, la jeune fille lattacha à gauche de sa poitrine. Ainsi, tous pourrait admirer son éclat.
Il est encore plus ravissant sur moi, nest-ce pas ?
Acquiescement de larnaqueur et voilà la naïve qui reprenait sa route, souriant au monde.
Et soudain, les porcs grognant et boueux remplacèrent les acheteurs négociant les prix. Les habits colorés laissèrent place aux guenilles. Les mendiants tendaient leur main noircie par la crasse vers sa bourse. Parfois, un tintement annonçait lapproche dun lépreux. Sur son passage, les têtes se tournaient, les regards se faisaient avides et les sourires mauvais. Le Paris de ses rêves sétait envolé et la jeune fille se retrouvait dans un milieu hostile. Trop tard pour faire demi-tour, déjà on la suivait. Ignorant dabord cette voix qui lui disait de fuir, elle continua à avancer dignement, le regard droit devant, la tête haute, mais bientôt il fallut se rendre à lévidence. Elle était prise au piège. Prise à son propre piège. Trop fière pour savouer perdue, elle tourna à chaque coin de rue espérant ainsi retrouver les halles. Mais rien à faire. Les rues étaient étroites et à ses yeux, se ressemblaient toutes. Tout autour delle, il lui semblait que la ronde des malingreux, piètres, prostituées et coquillards se resserrait tel un étau. Et à dire vrai, la peur semparait delle
_________________
Laurore était à peine éclose quand des mouvements lents et silencieux éveillèrent Isaure. Discrètement, la Brune écarta lépais rideau de sa couche. Dans la chambrée encore endormie, trois de ses camarades se préparaient déjà. Elle attendit que la porte se referme derrière elles avant de quitter son lit. Et telle un ombre, seulement vêtue de sa chemise de nuit lui tombant jusquau pied, la fillette entrouvrit la porte afin de découvrir ce qui se tramait. Un peu plus loin, des personnes chuchotaient. Des consignes étaient données, le silence et la discrétion étaient imposés. Des mots résonnèrent à ses oreilles, distincts. Chasse, Vincennes. A croire que tous les élèves nétaient pas conviés. Le favoritisme existait bel et bien dans cet établissement. Et ce fut pour sa plus grande joie.
Prudemment, la jeune Wagner savança à quatre pattes vers les escaliers. Dici, elle put apercevoir les différents protagonistes. La Rectrice semblait de la partie, ainsi que deux autres magisters. La voie serait libre. Son vu allait être exaucé. Paris, Je suis à Toi !!!
Et toujours à quatre pattes, la damoiselle rejoignit le dortoir où elle shabilla dans le plus grand silence. Depuis son arrivée à Paris, la Capitale avait exercé sur elle une forte attraction. Quoique grise et nauséabonde, elle nen demeurait pas moins irrésistiblement attirante. Pour loccasion unique qui se présentait à elle, la jeune fille avait revêtu lun de ses plus beaux atours et avait attachée à sa taille sa bourse dans laquelle sonnaient quelques brillants écus au cas où elle serait prise dune petite envie.
Bientôt, elle se faufila hors de la chambre et sans un bruit, et quitta le Collège, sans un détour par les cuisines où la cuisinière devait déjà sactiver.
[ Paris, Dans les dédales parisiens. ]
Le temps était au beau fixe. Russo avait décidément bien choisi son jour pour emmener ses élèves chéris à la chasse et lui offrir ainsi cette balade opportune. Dabord assoupie, la ville se réveilla peu à peu et quand les églises environnantes sonnèrent le début du travail, lanimation sempara de Paris. Déambulant dans les rues, Isaure sarrêtait devant chaque échoppe, sémerveillait devant le travail minutieux des enlumineurs, sextasiait devant des bijoux étincelants, soupirait de bonheur en touchant les étoffes soyeuses. La jeune Wagner était étourdie par toutes ses nouvelles choses : la foule bousculant tout sur son passage, les cris, les odeurs. Et sans quelle ne sen rende compte, la matinée passa. De Cluny en passant par lIle de la Cité elle se retrouva aux halles. Là encore, des choses étonnantes, des merveilles éclatantes. Elle sarrêta un instant un à étal. Après quelques hésitations, elle se décida pour une broche en or enfin que le marchand au sourire suspect lui vendit comme étant de lor. Aux yeux de lenfant, la broche était finement travaillée, et sa forme de lionceau lui rappelait le blason de Morvilliers. Voilà qui lui porterait chance. Ravie de son achat qui lui coûta quelques cinquante écus, la jeune fille lattacha à gauche de sa poitrine. Ainsi, tous pourrait admirer son éclat.
Il est encore plus ravissant sur moi, nest-ce pas ?
Acquiescement de larnaqueur et voilà la naïve qui reprenait sa route, souriant au monde.
Et soudain, les porcs grognant et boueux remplacèrent les acheteurs négociant les prix. Les habits colorés laissèrent place aux guenilles. Les mendiants tendaient leur main noircie par la crasse vers sa bourse. Parfois, un tintement annonçait lapproche dun lépreux. Sur son passage, les têtes se tournaient, les regards se faisaient avides et les sourires mauvais. Le Paris de ses rêves sétait envolé et la jeune fille se retrouvait dans un milieu hostile. Trop tard pour faire demi-tour, déjà on la suivait. Ignorant dabord cette voix qui lui disait de fuir, elle continua à avancer dignement, le regard droit devant, la tête haute, mais bientôt il fallut se rendre à lévidence. Elle était prise au piège. Prise à son propre piège. Trop fière pour savouer perdue, elle tourna à chaque coin de rue espérant ainsi retrouver les halles. Mais rien à faire. Les rues étaient étroites et à ses yeux, se ressemblaient toutes. Tout autour delle, il lui semblait que la ronde des malingreux, piètres, prostituées et coquillards se resserrait tel un étau. Et à dire vrai, la peur semparait delle
Edit correction étourderies
_________________