Ozomatli
La ruelle sombre à nouveau dans le silence, tandis que le vent soulève mollement des tourbillons de terre séchée. Les corps affalés respirent avec langueur. La sueur sèche sur les peaux, balayée par l'air sec de la plaine.
Ozomatli peut enfin se relever. Il penche la tête pour soulager son cou qui émet un craquement habituel. Puis avec la paume de la main, il essuie la goutte rouge qui dévale sur sa paupière, la frotte pensivement, le regard perdu sur le corps désarticulé de la sauvage.
En attendant que l'esprit de cette dernière se soit complètement dissolu dans le rêve et les visions, et qu'elle n'aie plus aucune force dans les doigts pour tenter de l'étranger, il médite pour décider d'une marche à suivre.
Les dieux ont voulu qu'au lieu d'un gibier, il en prenne deux. L'un est petit et faible, facile à transporter mais de peu de valeur marchande. L'autre est une combattante souple et robuste, en âge d'enfanter, qui risque de lui causer un tas d'ennuis, mais dont la vente pourrait lui rapporter de quoi s'emplir la panse pour des semaines à venir.
Ce qui est sûr, c'est qu'il doit faire un choix. Il ne pourra pas transporter les deux sur son dos, et surveiller une esclave tout le long de la route qui mène au marché de Mazapa, c'est déjà une charge considérable d'efforts, mais alors deux...
Le mexicatl, un poing sur la hanche, se gratte pensivement le pagne tout en pesant le pour et le contre.
La douleur qui cavale dans son crâne lui fait prendre une décision. La Teyolloquani s'est permise de lui fracasser le crâne, elle mérite un châtiment dont elle se souviendra. Il aura plaisir à réduire cette mauvaise bête à l'état d'animal dont elle ne semble pas s'être détachée !
Avec un sourire vengeur, il s'approche.
Au petit matin, la jeune Luyana se réveillera adossée contre une façade, les poignets libres et l'esprit embrumé comme après une terrible cuite au pulque.
Au même moment, un jeune esclavagiste aux cheveux noués mène un lama par la bride sur le chemin du nord.
Une femelle échevelée est ficelée sur la bête, les poignets noués autour de son cou, et les chevilles sous son poitrail. Quant à sa bouche et son menton, ils sont cachés par une muselière de cuir tressé qui ne laisserait passer que le bout d'un index. Tout juste de quoi respirer sans encombre, et articuler quelques paroles.
Le jeune homme avance d'un pas triomphant, clamant un air de chanson ponctué de claquements de langue joyeux.
Il marche vers sa fortune.
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Ozomatli peut enfin se relever. Il penche la tête pour soulager son cou qui émet un craquement habituel. Puis avec la paume de la main, il essuie la goutte rouge qui dévale sur sa paupière, la frotte pensivement, le regard perdu sur le corps désarticulé de la sauvage.
En attendant que l'esprit de cette dernière se soit complètement dissolu dans le rêve et les visions, et qu'elle n'aie plus aucune force dans les doigts pour tenter de l'étranger, il médite pour décider d'une marche à suivre.
Les dieux ont voulu qu'au lieu d'un gibier, il en prenne deux. L'un est petit et faible, facile à transporter mais de peu de valeur marchande. L'autre est une combattante souple et robuste, en âge d'enfanter, qui risque de lui causer un tas d'ennuis, mais dont la vente pourrait lui rapporter de quoi s'emplir la panse pour des semaines à venir.
Ce qui est sûr, c'est qu'il doit faire un choix. Il ne pourra pas transporter les deux sur son dos, et surveiller une esclave tout le long de la route qui mène au marché de Mazapa, c'est déjà une charge considérable d'efforts, mais alors deux...
Le mexicatl, un poing sur la hanche, se gratte pensivement le pagne tout en pesant le pour et le contre.
La douleur qui cavale dans son crâne lui fait prendre une décision. La Teyolloquani s'est permise de lui fracasser le crâne, elle mérite un châtiment dont elle se souviendra. Il aura plaisir à réduire cette mauvaise bête à l'état d'animal dont elle ne semble pas s'être détachée !
Avec un sourire vengeur, il s'approche.
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Au petit matin, la jeune Luyana se réveillera adossée contre une façade, les poignets libres et l'esprit embrumé comme après une terrible cuite au pulque.
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Au même moment, un jeune esclavagiste aux cheveux noués mène un lama par la bride sur le chemin du nord.
Une femelle échevelée est ficelée sur la bête, les poignets noués autour de son cou, et les chevilles sous son poitrail. Quant à sa bouche et son menton, ils sont cachés par une muselière de cuir tressé qui ne laisserait passer que le bout d'un index. Tout juste de quoi respirer sans encombre, et articuler quelques paroles.
Le jeune homme avance d'un pas triomphant, clamant un air de chanson ponctué de claquements de langue joyeux.
Il marche vers sa fortune.
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