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Info:
Là où il est conté comment Corbeaunoir devint Vassal du Vicomte de Tournel.

Quand le phénix rencontre le corbeau sous le regard d'une blonde Toulousaine

Actarius d'Euphor
Bras croisés dans le dos, regard fixé sur les jardins, le Vicomte réfléchissait. Il avait retrouvé sa posture habituelle, la tranquillité idoine aux grandes décisions. Car le printemps souvent rappelait l'homme à sa vie, aux méandres empruntés et à ceux qu'il convenait de suivre désormais. La campagne de Provence lui avait ouvert de nouveaux horizons matérialisés en d'intéressantes propositions, de celles qui attiraient de nombreuses convoitises, qui caressaient l'orgueil et embrassaient lascivement l'ambition. Ses convictions avaient chancelé tandis que le temps accordé s'amenuisait. Désormais, le temps manquait, la décision devait tomber avant le soir.

Au-dehors, la verte saison étendait son emprise, les premiers pétales s'étaient déployés pour offrir la mirifique vision d'un Royaume renaissant. Mais les derniers souffles froids agitaient encore les branches. La vie reprenait, l'hiver expirait définitivement sous les yeux du Magnifique en proie au doute et à l'inquiétude. Car, outre cette importante décision, l'esprit de Tournel était assailli par la crainte, la crainte de perdre sa fille, son héritière, la crainte d'avoir définitivement perdu un frère.

Bras croisés dans le dos, regard fixé sur les jardins, le Vicomte attendait. Il attendait un signe et espérait secrètement chasser les sombres pensées.
saradhinatra
Tolosa était dans son office à la tour des 3 renards, siège de la hérauderie toulousaine, quand le message tant attendu arriva. Aussitôt qu'elle eut connaissance de la teneur du pli, le branle bas de combat fut lancé par un :

Arturoooooooooooooooooooo !
Je pars immédiatement pour le Languedoc !

Contrairement aux autres officines héraldiques calmes et sereines, celle de Toulouse avait toujours été animée et bruyante dûe au caractère exubérante de la maîtresse des lieues. Bousculade des chevaucheurs pour prendre les consignes, cavalcades des serviteurs, cris lancés dans tous les sens dans un brouhaha animé, telle fut l'ambiance qui précéda le départ précipité de Tolosa.

Cependant malgré un BCL* caractérisé, Tolosa fut prête en un rien de temps. Avec Amar et Kémar collés à ses basques, elle fila droit en direction du Languedoc.
La troupe fit peu de haltes, juste le temps nécessaire pour que leurs montures puissent se reposer, surtout quand elle dût traverser le Rouergue. Amar et Kémar étaient sur le qui vive. Ils avaient ostentatoirement exhibé leurs armes et mines patibulaires. Pour eux, mieux fallait dissuader que d'affronter du menu fretin quand tout risque de mauvais coups n'était pas écarté. Ce fut avec soulagement qu'ils atteignirent la bonne ville de Mende.
Sara ne fit pas la difficile durant tout le voyage. Elle savait quand il fallait mettre sa tête de mule au repos et avait totalement confiance en l'expérience de ses gardes du corps. C'est vrai qu'elle avait hâte d'arriver à destination. Depuis qu'elle était devenue héraut, elle n'avait cessé de travailler avec acharnement pour remplir ses devoirs avec responsabilité et compétence. Mais quand travail rimait avec plaisir, et c'était le cas pour cette mission, comment résister ?

Après des jours de voyage, la troupe arriva au Castel de Tournel.
Elle fit signe de la tête à Amar d'aller les annoncer. Sans un mot, son garde du corps fit avancer son cheval près du garde.

Bonjorn, mon bon. Pouvez annoncer au senhèr des lieues que Tolosa est arrivée ?

Pendant que son homme d'arme s'occupait des mondalités, la blonde parcourut de ses émeraudes l'architecture du castel.


Khânom, nous avons un petit ennui. lui annonça Amar en revenant vers elle. Regard interrogateur de Sara. Cet homme vient de m'annoncer que le Senhèr d'Euphor n'est point ici mais au château de Montpellier.

Pardon ? Ce n'est pas possible ! Voix qui monte dans les aigües tant elle était abasourdie par la nouvelle. Tu en es sure ? Tu lui as dit que j'étais le héraut de Toulouse et que j'étais attendue par son maître ? Hochement de tête du perse. Par les chopes vides de Sainte Boulasse ! lacha la blonde quand elle relut la missive d'Actarius. Elle était tellement pressée de rejoindre son ami qu'elle avait sauté ce petit détail. Quelle gourde je suis ! Pas possible d'être aussi empotée !
Face au regard interrogateur de ses hommes, elle leur répondit assez gênée : je vous expliquerais plus tard. Amar, peux-tu voir pour que nous puissions prendre une petite collation avant de reprendre la route ? Kémar, fais de même pour nos montures, veux-tu ? Un peu de repos nous ferait du bien, avant de reprendre la route. C'est qu'il y du chemin à faire pour aller à Montpellier.

Quelques heures plus tard, montures et cavaliers reposés, la troupe repartit pour atteindre quelques jours plus tard, le Castel de Montpellier.

Cette fois-ci, Sara ne laissa pas Amar l'annoncer. Elle connaissait le château. D'office elle se dirigea vers le factum et lui ordonna en découvrant un pan de sa cape pour qu'il puisse voir le lys royal brodé sur son tabard :


Je suis Tolosa, héraut de Toulouse. Je suis attendue par le Senhèr d'Euphor dans ses appartements. Qu'on me montre le chemin !







* BCL ou Bo.rdel Culturel Lescurien : situation chaotiquement indéfinissable mais qui permet à la lionne d'azur de se sortir d'affaire sans que personne puTisse expliquer comment elle s'y prend.
edit : [hrp]petit oubli de ma part sur le lieu où est censé se dérouler le rp. Bourde intégrée dans le rp de sara ... pauvre petite mère qui assume les gaffes de sa marionnettiste ^^[/hrp]

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"Par la Sainte Boulasse, la Blonde vaincra !" - Donà de L'Escura, héraut de Toulouse, dicte Tolosa
Actarius d'Euphor
Tandis que le garde de faction ouvrait la voie, le Vicomte n'avait pas quitté sa posture méditative. Il ne se retourna pas même lorsque le grincement du lourd battant se fit entendre trop profondément ancré dans cette autre réalité. Seul le "Monseigneur" lancé gravement par le piquet sortit Tournel de son apparente indolence. Parole imprudente que celle qui venait déranger le susceptible feudataire gévaudanais. Parole imprudente qui valut un regard foudroyant au plancton. Jamais le Magnifique n'avait apprécié pareil réveil, à vrai dire, toute forme de réveil le rendait grognon. Mais il était des visages qui possédaient l'infini avantage de chasser cette humeur maussade. Ainsi en allait-il de celui de la blonde dame de Lescure. La belle Sara aux frères si protecteurs. L'espace d'un instant, d'un sourire d'accueil, jaillit la souvenance d'un pépin adressé directement à l'arbitre qu'il avait été. Le bon vieux temps...

Sara ! Entre, je t'en prie, j'allais justement faire amener un peu d'hypocras.

Un signe de main à l'adresse du garde, un nouveau sourire à l'attention de l'héraldique toulousaine. La porte se referma condamnant les ronchonnements du piquet, qui goûtait fort peu de devoir officier en tant qu'échanson également, à se perdre en échos dans les couloirs du castel. Retour sur la pièce à vivre des appartements vicomtaux. Belle pièce* d'ailleurs ! Un tapis oriental finement ouvragé offrait une chaleur ambiante, chaleur que venait conforter les sièges rehaussés de dais de velours bordeaux. Un coffre à couvercle plat et disposé non loin des trois "fauteuils" servait de petite table cependant que les flammes d'un petit âtre délivraient un petit crépitement qui devait sans nul doute effrayer l'étagère d'en face emplie d'ouvrages. A noter qu'un étage entier était nécessaire pour contenir le codex de lois languedociennes. Telle était la résultante d'avoir réfléchi la loi qu'au travers de l'interdit et non pas comme un cadre de vie bénéfique au bien commun. Bref, la pièce était aménagée avec charme et sobriété. Un lieu où le Vicomte se sentait bien, si bien qu'il invita le héraut à s'asseoir.

Mon épouse et Corbeau ne devraient pas tarder à arriver... mais en attendant, j'ai hâte d'entendre de tes nouvelles et de celles de tes frères !

Le garde-échanson poussa la porte à ce moment-là et vint servir l'hypocras blanc. L'homme tombait à pic et marquait un bon point en ravissant son Seigneur d'une boisson qu'il appréciait tant.










Spoiler:
 
saradhinatra
Le factotum ne se fit pas dire deux fois. Il se fit prestement remplacer avant de conduire Sara et ses gardes du corps vers les appartements privés des Euphors.

La blonde toulousaine le suivit, le regard explorant chaque recoin de ces couloirs qu'elle avait tant arpenté du temps où elle travaillait ici. Rien n'avait changé mais l'ambiance était autre. Le château est resté le même sans vraiment l'être, une autre ambiance, une autre odeur, et pourtant à bien des aspects, il y avait toujours ce petit quelque chose de si familier.
Au détour d'un couloir, en haut de quelques marches, dans une aile du château, le factotum poussa une lourde porte. Quand elle l'entendit prononcer "
Monseigneur", Sara sut qu'elle était arrivée. Sans attendre de se faire annoncer, elle s'engouffra à la suite du garde, impulsive qu'elle était de retrouver visage familier.

Il était là, le Tournel, se tenant au milieu de la pièce. Encouragée par le sourire d'accueil que lui adressait Actarius, l'exubérante blonde se précipita sans réfléchir pour une accolade amicale quand un "
Sara ! Entre, je t'en prie, j'allais justement faire amener un peu d'hypocras." la stoppa net.
Il fallait bien que les leçons de bonne conduites, les sempiternels sermons fraternels sur la manière de bien se comporter en société, imprégnèrent un jour cette tête blonde car la jeune femme se fendit d'une élégante révérence à l'attention du Vescoms.

Quand elle releva la tête, la Blonde vit l'invitation de Tournel de prendre place dans un des 3 fauteuils. Elle le remercia d'une inclinaison de la tête. Avant de prendre place, elle retira sa cape en dégrafant la fibule qui la maintenait, dévoilant le tabard d'azur à la fleur de lys qu'elle portait pour cette mission. Elle se tourna vers Amar qui l'avait suivit pour lui tendre le vêtement et lui fit signe de l'attendre dehors. Sans mot dire, le perse obtempéra et sortit laissant sa khânom seule avec cet inconnu. Ce n'était pas un problème pour le garde du corps, lui et Kémar se postèrent dans le couloir, prêt à intervenir au moindre signe de danger.


Mon épouse et Corbeau ne devraient pas tarder à arriver... mais en attendant, j'ai hâte d'entendre de tes nouvelles et de celles de tes frères !


Adissiatz Actarius salua-t-elle. Pause le temps de laisser le serviteur les servir. Avec le verre d'hypocras à la main, Sara répondit à son ami.
Ma foi, cet hypocras nous permettra de converser en attendant leur arrivée. Sourire. Mes frères ? Ethan depuis qu'il est capitaine de l'ordre royal de la Licorne est par mont et vaux, défendant les intérêts du roy. Tandis que Castelreng se partage entre ses terres de Cordas, Toulouse et Narbonne, goutant une vie paisible auprès de sa femme adorée et de ses innombrables enfants.
Etonnant, non ? Qui aurait cru que mes deux frères me laisseront libre de faire ce que je veux ? Pourtant, comme tu as pu le remarquer, je continue toujours d'être suivie par deux hommes, deux gardes du corps. Certaines habitudes ont la vie dure. Je dois reconnaître que leur présence à mes côté m'aident beaucoup dans mes déplacements héraldiques. Tu ne le répéteras pas, n'est ce pas ? Ce n'est pas tous les jours que j'avoue n'être qu'une femme qui a besoin de protection.

Ne parlons plus de moi, mais de toi. Dis moi qui est le bienheureux qui va avoir le privilège de devenir ton vassal.

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"Par la Sainte Boulasse, la Blonde vaincra !" - Donà de L'Escura, héraut de Toulouse, dicte Tolosa
Actarius d'Euphor
Les iris de terre brûlée suivaient avec attention le contour du visage de la blonde Tolosa tandis qu'elle parlait. L'âge ne semblait pas avoir de prises sur ces nobles traits. A l'évidence, le héraut était une de ces beautés rares, une de ces fleurs que l'on osait cueillir tant elle apparaissait fragile. Apparence bien trompeuse. Un volcan semblait habiter ce coeur volontaire. Le Vicomte écoutait toujours, quoiqu'un peu distraitement, car des souvenirs étaient réapparus. La jeune et dévouée blondinette au service du Languedoc. L'assurance, l'expérience dans le domaine de la défense. Ses précieux conseils. Un parcours en tout point impeccable et brillant, un parcours qui suivait désormais les méandres royaux.

Tu ne le répéteras pas, n'est ce pas ? Ce n'est pas tous les jours que j'avoue n'être qu'une femme qui a besoin de protection.

Ne parlons plus de moi, mais de toi. Dis moi qui est le bienheureux qui va avoir le privilège de devenir ton vassal.


Une question inopportune se présenta soudainement. Comment se faisait-il qu'il ne connaissait point de mari à pareille femme ? Le sourire grandit sur le visage du Vicomte alors qu'il dégustait de cet hypocras finement épicé. Sans ne laissait rien paraître de l'interrogation qui caressait son for intérieur, il reprit la parole avec la ferme intention d'en savoir plus. Et pour ce faire, il avait un plan diabolique.

Privilège dis-tu... C'est une corvée de supporter mon caractère et de m'avoir comme suzerain. L'histoire de cet anoblissement est assez drolatique d'ailleurs. Puisque nous avons un peu de temps, je vais satisfaire ta curiosité.


La voix était grave et douce et s'estompa sur les derniers mots, comme si le secret était de mise, comme si un terrible mystère entourait ce choix. Le vicomte était habile conteur parfois, la force d'un père peut-être. Il savait ménager ses effets. Aussi prit-il le temps de savourer une gorgée d'hypocras avant de poursuivre et de tisser la toile de sa curiosité.


Tout part d'un mariage. Ou plutôt d'un projet de mariage.

Les mots avaient été légèrement accentués sans que cela fût grossier tandis que le regard cherchait un signe d'une émotion particulière. L'amorce était lancée, les épées tirées. Le Vicomte jaugeait son "adversaire". Inutile de s'appesantir, il fallait poursuivre, faire comme si de rien n'était, ne pas trahir sa volonté d'en deviner plus.


Un jour ma filleule Liloïe... tu dois la connaître je pense, est venue me voir avec un homme, son promis. Ils s'aimaient profondément et avaient le projet de se marier. Le problème de la différence de condition est vite apparu. Une baronne épousant un roturier, cela me semblait tout à fait inapproprié. J'ai donc proposé à ce jeune homme de l'anoblir sous plusieurs conditions.

Un léger sourire, un regard un peu rêveur, mais toujours attentif aux réactions de la blonde de Lescure.


Les mariages d'amour sont trop rares pour les brimer et je tiens trop à ma filleule pour la rendre malheureuse. J'ai donc chercher un compromis sans faire de promesse et décidé de mettre à l'épreuve son promis celui qui se fait appeler Corbeaunoir. Une petite gorgée d'hypocras et... Le projet de mariage a capoté une première fois. Adrien avait choisi un autre promis pour sa fille. Mais entretemps, Corbeau et moi sommes devenus proches et l'heure de l'ultime test approchait. Celui de la Croisade. Le Vicomte marqua une légère pause avant de poursuivre. Corbeau s'est montré brillant, il a rempli durant la Croisade, puis la campagne de Provence tous les devoirs d'un vassal sans l'être et sans que je l'y oblige. Il s'est montré si investi qu'il a même été nommé vice-amiral de France. Il m'a convaincu qu'il serait un excellent vassal et mérite largement de devenir noble. Une nouvelle gorgée d'hypocras. Le plus intéressant est arrivé par la suite. Le mariage entre le Liloïe et l'élu de son père est tombé à l'eau. Et, sans vouloir trop m'avancer, je crois que les promis de la première heure sont à nouveau réunis. Tournel se laissa aller à un petit rire. Je crois cependant qu'Adrien n'est pas encore au courant !

Voilà comment s'est déroulé ce projet. Qu'on le veuille ou non, les mariages, l'amour, la raison, ces questions finissent toujours par arriver au parrain plutôt qu'au père. Et dire que mes filles sont en âge de se marier. Grogne bleu ! Je n'en ai pas fini avec ces romances !

Toujours à l'affût d'une attitude spécifique, Tournel se décida à porter l'estocade. Le terrain était prêt, le sujet se prêter à ce glissement impromptu.

Sara... tu es charmante, tu es brillante, tu es titrée. Les prétendants doivent se presser autour de toi. Quand connaîtrons-nous celui qui va rendre jaloux tous les jeunes hommes du Royaume ?
saradhinatra
Cela avait commencé par une question anodine, lancée sans réfléchir. Mais la réponse tournelienne, une pause qui semblait durée des siècles et cette attitude mystérieuse qui précède une confidence ne furent pas ce qu'attendait la blonde.

Tout part d'un mariage. Ou plutôt d'un projet de mariage.
La main qui amena le verre d'hypocras aux lèvres carmins s'arrêta, suspendue dans le vide. L'instinct de Sara venait de sonner le toscin. Son nez de fouine se mit à frémir. Elle retient son souffle.

Un jour ma filleule Liloïe... Le coup final. Elle en était sure ! En prononçant ses mots, Actarius venait d'hypnotiser Sara. Elle n'avait jamais su résister aux contes, aux récits et histoires. Il suffisait de commencer la phrase par "il était une fois" pour que l'attention entière de la blonde fut captivée. Buste penché vers l'avant, coudes posées sagement sur ses genoux, mains serrant le gobelet, les émeraudes brillant, elle buvait littéralement les paroles de son interlocuteur.

Grogne bleu ! Je n'en ai pas fini avec ces romances ! Sourire spontané de Sara pour son ami soumis aux éternels tracas paternels. Sara... Sourcil levé, regard interrogateur. tu es charmante, tu es brillante, tu es titrée. Sourcils froncés. Protestations véhémentes au bout des lèvres. Les prétendants doivent se presser autour de toi. Quand connaîtrons-nous celui qui va rendre jaloux tous les jeunes hommes du Royaume ? Yeux écarquillés quand elle entendit la question. Celle-là, elle ne l'avait pas vu venir. Que dire ?

Avouer qu'elle aime son catalan au delà de la raison jusqu'à vouloir mettre fin à sa vie quand elle avait cru le perdre ? Révéler qu'elle a sacrifié cet amour pour protéger Roger et leur fille en les éloignant à jamais d'elle de peur de les voir tomber aux mains de l'ordre.


Hé bien ... Le souvenir de Roger et d'Eliza lui serra le coeur. Elle porta le gobelet à sa bouche, essayant de contrôler le tremblement de ses mains, pour cacher son trouble. Le liquide capiteux coula lentement dans sa gorge. Son gout épicé lui permit de se ressaisir. Lente respiration. Qui voudrait me supporter ? Même mes frères ont baissé les bras et ont renoncé à l'idée de me marier. Sourire masquant la triste vérité. Voyons, il faut se faire une raison, je ne suis pas un parti acceptable. Attitude superficielle pour cacher sa douleur. Je suis trop spontanée, fantasque, têtue et bornée, mes manières laissent à désirer, je suis trop franche et directe ... dis moi, qui voudrait d'un garçon manqué ?
Non ...
Elle secoua la tête, faisant voler ses boucles blondes. Je me suis faite à l'idée de terminer en vieille fille. Pause. Mais dis moi, quelle est la raison de cet intérêt pour ma vie sentimentale ? Aurais-tu un prétendant à me présenter ? Sourire espiègle, regard attentif. La meilleure des défense est l'attaque. Actarius avait donné le premier coup d'estoc. A elle de répondre par une feinte.

Spoiler:
 


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"Par la Sainte Boulasse, la Blonde vaincra !" - Donà de L'Escura, héraut de Toulouse, dicte Tolosa
Actarius d'Euphor
Il avait espéré un oeil pétillant, un enthousiasme contenu, une chaleureuse nouvelle à partager, il avait récolté les symptômes d'un malaise profond. Geste hésitant, léger éclair de mélancolie puis sourire qu'il avait ressenti peut-être à tort moins spontané. Tournel avait frappé fort, avait frappé en traître. Sa curiosité avait soulevé quelque chose de sombre. Un sage avait dit un jour qu'elle était un bien vilain défaut. Ce jour-là plus que jamais les regrets éprouvés par le Vicomte donnaient raison à ce philosophe inconnu. Il fallait tomber les armes, s'incliner. Le Chef de cabinet avait perdu. Reprendre contenance, quitter le jeu, entrer dans la sincérité sans remuer le couteau dans ce qu'il imaginait être une plaie. Qui savait ? Une mort, une disparition et tant d'autres événements malheureux avaient pu éprouver le coeur de sa blonde interlocutrice.

Il but une gorgée d'hypocras cherchant ses mots sans parvenir à dissimuler parfaitement le malaise qui était sien. Le visage qui s'était fermé au fil des symptômes remarqués s'éclaira à nouveau d'un sourire.


Des prétendants... J'ignore si je pourrais en trouver qui serait à la hauteur. Non, non... Léger haussement d'épaule. Non, si je te posais cette question, c'était par affection. Nous nous connaissons depuis longtemps, mais nos rapports sont presque toujours demeurés professionnels. Nous savons finalement peu l'un de l'autre et je voyais cette attente comme l'occasion d'aborder des sujets que nous n'évoquerions pas dans le cadre de nos discussions habituelles. Une éphémère hésitation vint ébranler l'assurance habituelle du Vicomte. L'armure se fissurait. Je vais te faire une confidence. Tu es, avec Russo, Zak, Guilhelm, Phelipe notamment, une des personnes qui me rappèlent un Languedoc souriant, moins bercé par les querelles. Une époque bénie que je regrette. Une étincelle de mélancolie apparut dans la terre brûlée de son regard. J'ai un immense respect et une profonde affection pour vous, pour toi. Chaque fois que je vous revois, j'ai l'impression d'inspirer un air qui me manque, de profiter d'un instant perdu.

Tournel reprit une gorgée, puis poursuivit dans son élan de sincérité. J'ai passé l'âge de jouer les séducteurs et j'aime trop mon épouse pour le faire. Néanmoins, je te le dis sans rougir. J'aurai donné beaucoup si la vie ne m'avait pas déjà comblé pour m'attacher le coeur d'un tel garçon manqué. Mais tu n'y aurais pas gagné grand chose ! Je suis aussi râleur que le vent d'automne est agaçant, aussi susceptible qu'un chat. Et ce sont là mes deux principales qualités. Le sourire revint. Si un bougre comme moi a pu trouver une si merveilleuse épouse, je ne doute pas que tu puisses trouver ton bonheur dans la fine fleur de France. Le nectar emplit à nouveau la gorge vicomtale. Mais... tu connais mon goût pour les animations. Peut-être pourrions-nous organiser un défilé de beaux jeunes nobles en ton honneur ?
saradhinatra
Sara poussa un soupire mental. Tournel semblait prendre chemin moins périlleux.

Cependant les confidences suivantes la surprirent tout autant. Il dit vrai le phénix. Leurs rencontres se sont toujours faites pour raisons professionnelles. Elle n'avait jamais échangé avec lui des propos sur le plan personnel. Pourquoi donc ? Volonté délibérée ? Non, pas vraiment. Tout en l'écoutant, elle essaya de trouver réponse à ce mystère pour arriver à la conclusion que l'occasion ne s'est jamais présentée, tout simplement.

Soudain le tocsin retentit à nouveau dans sa tête blonde. La révélation lui fit piquer un fard. Malgré ses dehors de femme libérée, Sara était encore fleur bleue. La carapace de blonde superficielle et de peste toute catégorie avait des failles par endroit. Elle cacha vite sa gêne en portant verre à ses lèvres. Le gout entêtant de l'hypocras fit tilt dans sa tête. Ce serait-ce lui le coupable, le délieur de langue, l'effaceur de complexes et interdits, le destructeur des plus solides carapaces ? Le parfait traitre ...


Mais... tu connais mon goût pour les animations. Emeraudes revenant se poser sur le brun languedocien. Peut-être pourrions-nous organiser un défilé de beaux jeunes nobles en ton honneur ? Cette proposition la fit éclater de rire. Elle reposa son verre.

Je voudrais bien voir cela. Je les imagine bien alignés tel des soldats pour la première épreuve. Ceux d'entre eux qui ne tourneront pas de l'oeil à la vision d'une de mes petite expérimentations favorites passeront le 2ème tour. La blonde venait de se draper à nouveau dans la superficialité pour cacher son vrai moi. Elle était à nouveau sur son terrain de prédilection : la provocation. Mais je doute fort que tu puisses trouver candidat pour cette animation, mon ami. La Peste de Lescure n'a qu'une petite réputation régionale.

Cependant sérieux reprit commande.
Tu sais ... je ne me fais guère d'illusion. Un homme à caractère difficile trouve toujours femme douce et aimante. Mais femme à caractère difficile, à moins de venir d'une famille illustre ou posséder fortune, ne trouvera guère compagnon supportant sa forte personnalité. Ce qui est admis comme qualité chez l'un est considéré comme défaut chez l'autre.

Pause avant de poursuivre.
De plus, les hommes que je rencontre ne s'arrêtent que sur ma blondittude agaçante et ne cherchent pas plus loin. Tu comprends mieux pourquoi tu ne me vois pas en charmante compagnie. Et pour rien au monde, je ne changerais ce que je suis.

Sourire de circonstance. Désolée mon ami, je ne puis te dire que le jour où j'ai pris la décision de m'éloigner de Roger et d'Eliza pour leur bien, j'ai enfermé mon coeur à double tour et jeté la clef. Regard vers le verre vide. Non, c'est sur et certain. Le traitre au nectar épicé a frappé dur. En si peu de temps, elle venait de se dévoiler plus que nécessaire.

Il fallait retourner sur un terrain moins glissant.
Pour en revenir à ce que tu m'as dit, Actarius. Moi aussi, j'ai la nostalgie des jours où tout n'était que rires et camaderies. Mais peut-on réellement revenir à cette période bénie ?
Je me rappelle un marin perse que j'ai rencontré à Narbonne. Ill m'avait un jour conté une fable sur la nature humaine en remerciement d'une bière que je lui avais offerte.

Pause pour se souvenir de cette histoire*.
A l'aube du monde, la terre n'était peuplée que d'enfants joueurs et rieurs. Ils passaient leur temps à s'amuser, vivaient le jour le jour, n'étaient point habités par des sentiments négatifs. Tout n'était que joie et bonheur dans une communion de coeur et d'esprit.
Cependant vint un jour où l'un d'entre eux découvrit un objet qu'il n'avait jamais vu. Il ne sut pas pourquoi, il décida de le garder pour lui. Les autres enfants, quand ils découvrirent cela, furent pris à leur tour de sentiments qu'ils n'avaient jamais eu. D'unis, ils se séparèrent. D'amitié, ils se jalousèrent. Le plus étonnant, c'est qu'ils ne se rendaient pas compte qu'ils avaient changé, qu'ils avaient changé le monde sur lequel ils vivaient. A partir de ce jour, tout n'était plus que dualité.

Pause. Le vieux marin a conclu cette fable en disant que l'objet que l'un des enfants a trouvé n'est autre que la maturité, l'adulte qui était en lui.

Dérangeant comme histoire, n'est-ce pas ? Je n'ai cessé d'harceler cet homme pour en savoir plus, sur cette idée philosophique.

Je ne sais s'il a raison. Je me pose toujours la question. Comme toi, je voudrais tant revoir le temps de cette insouciance. Mais est-ce réalisable ? L'adulte que nous sommes devenus, peut-il retrouver l'insouciance de sa jeunesse ?


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"Par la Sainte Boulasse, la Blonde vaincra !" - Donà de L'Escura, héraut de Toulouse, dicte Tolosa
Actarius d'Euphor
La conversation prenait un tour surprenant. A la première passe d'arme de curiosité avaient succédé un ton plus direct, chancelant parfois sous le poids des petites plaisanteries. L'échange était intéressant et ne laissait pas le Vicomte indifférent. Il découvrait une personne, pouvait regarder au-delà de l'or de cette chevelure. L'oeil n'était certes pas indiscret, il était attentif, il scintillait de cet instant précieux. Tantôt retrouvait-il un temps perdu, tantôt entrevoyait-il un présent délicat, un futur différent.

Mais peut-on réellement revenir à cette période bénie ? Cette question s'ancra fermement dans l'esprit du Magnifique, cependant qu'il achevait de boire son hypocras. Elle était pertinente, vraie, mais laisser planer un doute salvateur. Doute qui s'amplifia au fil d'une intéressante fable pleine de bon sens, mais dont Tournel ne partageait peut-être pas tout à fait la morale. La question se reposa au terme de l'histoire sous une forme différente qui ne manqua pas de piquer l'esprit du Mendois. Comme toi, je voudrais tant revoir le temps de cette insouciance. Mais est-ce réalisable ? L'adulte que nous sommes devenus, peut-il retrouver l'insouciance de sa jeunesse ?

Est-il vraiment question de courir après un passé révolu, de le sanctifier ? Le Vicomte réfléchit un instant avant d'oser une réponse. Peut-être, peut-être bien. Mais je ne l'entendais pas tout à fait ainsi pour dire vrai. Ce temps me manque, je le regrette, mais il est passé. C'était le bon temps, mais les querelles existaient déjà, pas au point de brimer l'envie d'avancer ensemble, mais elles étaient bien présentes. Un sourire éclaira son visage aux traits déjà tiraillés par les années. Non pas que le Vicomte fût vieux, néanmoins il laissait petit à petit la force de l'âge derrière lui. Les temps changent, c'est une évidence. Et nous ? Changeons-nous vraiment ? Les événements façonnent notre maîtrise sur les émotions, notre attitude. Mais qu'en est-il de ce qui nous définit, nous particularise ? Qu'en est-il des émotions, des sentiments ? Car ce sont bien eux qui forment notre essence individuelle à mon avis. Je ne vois plus les choses de la même manière, mais mes émotions sont toujours les mêmes. L'expérience, le vécu m'a appris à les combattre, les enfermer, les cacher, les feindre même. Mais fondamentalement le temps ne m'a pas changé.

Le Vicomte s'interrompit un instant, puis reprit. La première fois que j'ai perdu un être cher à mon coeur, j'ai ressenti une terrible douleur, une douleur oppressante, incessante. Récemment, mon parrain le Comte du Gévaudan est mort. La douleur était là, oppressante, incessante encore. Je suis parvenu à la canaliser, mais pas à la changer. Il déposa la coupe vide sur le coffre. Mon caractère est le même, mes défauts n'ont pas changé et ne changeront pas. Si notre insouciance a disparu avec les printemps, nous demeurons pourtant les mêmes.

Débarrassés de leur fardeau cuivré, les doigts vicomtaux se mêlèrent. Notre enfance est passée, elle est pourtant toujours là. Il en va de même pour cette époque bénie. Le fait que nous en parlions l'atteste. Nous ne revivrons une époque bénie similaire, mais nous en vivrons d'autres. Il ne s'agit pas de refaire, revivre, mais de faire, de vivre d'une manière différente. Les troubles sont partout désormais, les querelles ont pris le pas sur le bien commun. Un nouveau sourire se dessina sur le visage décontracté d'Actarius. Mais ils ne viennent pas de ce que nous sommes, ils viennent d'attitudes tronquées par les événements. Le sentiment de devoir toujours être sur la défensive, de devoir enfoncer l'autre pour s'élever ou encore d'avoir ce besoin d'être puissant pour exister. Nous pouvons intervenir là-dessus, car les attitudes peuvent changer. Et c'est à ce prix que nous vivrons d'autres époques bénies. Voilà ce que je crois profondément.

Le regard du Vicomte s'illumina d'une pointe de malice. Nous ne sommes plus insouciants Sara, mais nous serons toujours les enfants que nous avons été. La philosophie n'était pas le fort du Languedocien, à l'évidence. Mais malgré sa maladresse en la matière, il avait le mérite de croire en cette forme d'idéalisme primitif. Car oui, pour arriver à une telle vision, il fallait bien partir du principe que l'homme était bon par essence et non un querelleur patenté dès son premier cri. Etrange d'ailleurs que la première manifestation d'une vie fût un cri... un cri de râleur, un cri de plaisir, un cri d'orgueil, un cri de rage ? Les interprétations ne manquaient pas et c'était bien là tout le drame de cette société. Car avant de considérer le cri comme un cri, on cherchait déjà à le catégoriser. Avant de considérer un homme pour un homme, on cherchait à le classer dans un parti, une idée, un défaut, une qualité, un jugement. De là, naissaient les rumeurs, des rumeurs venaient la propension à se tenir sur la défensive et de cette propension coulait les réactions excessives à l'origine des querelles. Enfin, si le narrateur était philosophe émérite, cela se saurait.

Le garde échanson apparut. Dans le couloir, où il était de piquet, il avait calculé un certain temps, puis avait décidé de venir refaire un service. Là encore, il marqua des points auprès de son maître.
saradhinatra
Sara écouta attentivement les propos d'Actarius. Elle avait toujours trouvé étrange les effets du divin nectar qu'affectionne Sainte Boulasse. De la liesse bruyante au mutisme totale, en passant par les échanges utopiquement idéalistes, ce qui était le cas en ce moment, l'offrande à la Divine avait toujours des conséquences. Mais tous avait un point commun : levée des inhibitions, tabous ou conventions sociales qui brident la spontanéité des relations.

Elle n'avait jamais connu cet aspect profond de son interlocuteur. Ses émeraudes l'observèrent plus attentivement. Certes ses traits étaient plus marqués, des rides étaient apparues sur son visage. Mais le jeune homme qu'elle avait rencontré lors de festivité inter-villages avec ses frères, demeurait visible. Oui, le regard était plus grave mais ce sourire, par exemple, n'avait pas changé.

Elle hocha la tête.
Oui, je comprend ce que tu veux m'expliquer, mon ami, lui dit-elle après le départ du serviteur. Tu viens peut-être de m'apporter, sans le savoir, un début de la réponse que je cherche depuis un certains temps. Elle se saisit de son gobelet. Mais au lieu de le porter à ses lèvres, elle contempla les reflets rubis du vin. Oui, sa quête sur les émotions humains, tel est son sacerdoce pour comprendre ce mécanisme si subtile qui pouvait apporter joie et douleur en même temps et surtout, pour savoir qui elle est réellement. Peu de monde avait pu lui répondre. Les propos du phénix venaient peut-être de lui indiquer une piste à suivre. Intéressant. Elle but une gorgée et reprit sentant le regard de son interlocuteur sur elle : Si je t'ai compris, les vicissitudes de la vie, le poids que chacun de nous doit porter au cours de sa vie nous affecte mais ne nous ne change pas tant que cela. Je n'avais jamais songé à ce point de vue. Lève les yeux et sourit. Deux mots me viennent à l'esprit : Tabula Rasa. Est-ce la solution? Est-ce à porter de mains ? Peut-être c'est sous nos yeux mais nous n'en avons pas conscience.
Je te dis ça en songeant à cette génération qui a le même âge que nous lorsque nous avons des idéaux plein le regard. Peut-être devrions nous nous mêler à eux. Si ce n'est pas pour nous, faisons le pour eux pour qu'ils puissent vivre ce que nous avons vécu. A nous de transmettre les idéaux qui nous ont habités, et qui sont toujours en nous malgré tout.


Pause pour contempler son verre.
Je dois dire des bêtises, toutes plus énormes les unes que les autres. Sourire. Ton hypocras est une merveille, Actarius, mais sur un ventre vide, il a des effets indésirables. Si je veux garder tous mes esprits pour le rituel à venir, je vais devoir m'arrêter là. Ne m'en veux pas de ne pas faire honneur à ton hospitalité, mon ami. Mais cela va faire désordre s'il venait aux oreilles de la Hérauderie Royale que Tolosa était pompette lors d'un échange vassalique.

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"Par la Sainte Boulasse, la Blonde vaincra !" - Donà de L'Escura, héraut de Toulouse, dicte Tolosa
Nanelle d'Euphor
Depuis son retour de Provence il y a quelques semaines, la Vicomtesse passait la majeure partie de son temps entre le castel du Tournel et le couvent de Sainte-Enimie au chevet de sa plus jeune fille Enimie qui était souffrante. Cette mère aimante qui n'avait pas encore fait le deuil de son dernier né était à nouveau confrontée à la douleur de perdre un enfant. En temps que médecin, elle se sentait impuissante, plongée dans ses ouvrages de médecine elle espérait trouver le remède miracle.

Lorsque son époux lui avait demandé de le rejoindre quelques jours plus tard à Montpellier pour l'anoblissement de Corbeau, celle-çi avait tout d'abord refusé de laisser sa fille à Tournel. Mais sous l'insistance de son époux, elle comprit qu'il était de son devoir d'être à ses cotés pour un tel évènement. Deux jours plus tard, elle prit donc la route pour la capitale en compagnie de Constance. Le trajet qui les séparait de Montpellier avait été épuisant.

Arrivée dans ses appartements quelques temps avant l'arrivée du héraut, la Mendoise demanda que l'on remplisse d'eau chaude le grand bac qui trônait au centre de la salle d'eau. La Dame se devait d'être présentable pour la cérémonie. Vêtu d'une robe parme surmontée d'un surcôt d'une couleur plus soutenue, Nanelle se rendit dans la pièce à vivre où devait l'attendre son époux. En effet ce dernier se trouvait là en galante compagnie. Le silence avait succédé aux paroles lorsqu'elle pénétra dans la pièce. L'arrivée était impromptue et ne manqua de porter un peu de rouge à ses joues. Elle détailla rapidement l'interlocutrice et remarqua ce beau tabar d'azur à la fleur de lys que portait la Dame. La Vicomtesse comprit qu'il s'agissait du Hérault. En l'absence d'un tel officier en Languedoc, Actarius avait dû faire appel à celui de Toulouse, mais il avait omis de lui préciser qu'il s'agissait d'une charmante femme. Malgré la fatigue et l'épuisement la Mendoise ne put retenir une pointe de jalousie. Ce n'était pas qu'elle n'avait pas confiance en son époux, ce dernier lui avait montré maintes fois l'amour qu'il avait pour elle, mais elle le connaissait bien et savait qu'il ne pouvait s'empêcher d'être charmeur en présence d'une belle dame.

Voyant le visage de son mari tourné vers elle et qui l'accueillait d'un léger sourire, elle approcha un tissu dans les bras.


Bonjour Dame, bienvenue en nos appartements.
Son regard se porta sur son aimé. Permettez-vous que je me joigne à vous ?

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Actarius d'Euphor
Le Vicomte tendit l'oreille à son interlocutrice alors que la conversation se poursuivait avec des munitions supplémentaires.

Si je t'ai compris, les vicissitudes de la vie, le poids que chacun de nous doit porter au cours de sa vie nous affecte mais ne nous ne change pas tant que cela. Je n'avais jamais songé à ce point de vue.

La phrase arracha un petit rictus indescriptible au Mendois. Le genre de petits tics qui le prenaient parfois lorsqu'il n'était pas parvenu à transmettre le fond de sa pensée dans une conversation passionnante.

Mmmmh, ce n'est pas tout à fait cela pour être franc. Les événements de l'existence peuvent changer les attitudes, les approches, mais elles ne changent pas ce que nous sommes essentiellement. Trop vague, il lui fallait encore préciser. A savoir des êtres possédant des caractères et des émotions particulières. L'être est à mon avis essentiellement bon, ce sont les vicissitudes qui peuvent corrompre ses attitudes, ses gestes... Mais foncièrement, quoiqu'il fasse, l'être demeure bon. Le Très-Haut ne nous a pas créé mauvais, cela me semble une évidence. Si les pièges du Sans Nom peuvent pervertir en apparence cet état originel, cette perversion n'est pas irréversible. Le Vicomte dégusta une gorgée du nectar épicé avant de poursuivre. Car si tel était le cas, la notion de pardon ne nous aurait pas été insufflé par Notre Seigneur. Or, foncièrement le pardon est l'acte de laver une faute, d'admettre une erreur, d'admettre que cette erreur n'est qu'un errement passager et non une perversion définitive.

La logique suivait son cours dans l'esprit de Tournel, mais il ignorait s'il parvenait à partager totalement sa vision. Il continua son petit exposé après une nouvelle gorgée.

Partant de là, il nous faut bien admettre que l'égocentrisme profond et les attitudes perverties par lui qui sont à l'origine du merdier dans lequel nous nous trouvons un peu partout ne sont qu'un errement. Le Vicomte marqua un léger temps d'arrêt. Il présentait là des idées auxquelles il croyait sincèrement, mais son parcours correspondait-il vraiment à elles ? Il s'était lui aussi souvent égaré. Ces idées n'étaient peut-être qu'une manière de se rassurer... La pensée légèrement grisée par l'hypocras traversa furtivement son esprit tandis qu'il reprenait. Un errement que nous pouvons pardonner, un errement qui peut être corrigé. Voilà pourquoi je pense que le malaise profond qui gangrène notre Royaume peut être éradiqué.

Il n'est pas question de Tabula Rasa pour vaincre ce mal, mais au contraire de puiser dans le passé l'enseignement de ce qui a amené à cet égocentrisme exacerbé et d'utiliser celui-ci pour lui porter un coup fatal et amener une nouvelle période dorée. Et cette expérience, c'est toi, c'est moi et bien d'autres qui l'avons. C'est celle de tous les anciens.
Un grand sourire illumina le visage du Vicomte. Et c'est de notre devoir je crois de tirer cet enseignement et de le transmettre...

Une des portes latérales s'ouvrit à cet instant-là et vint interrompre Actarius qui se tourna naturellement vers l'ouverture béante où apparut bientôt la désirable silhouette de son épouse. La mise de celle-ci mettait en valeur sa longue chevelure ondulée aux teintes châtain clair et l'émeraude irrésistible de son regard. Elle approcha, tenant un tissu dans ses bras. A l'évidence, la Vicomtesse avait usé de ces dons à la broderie pour créer un bel oriflamme à l'intention du futur Seigneur du Chambonnet comme elle l'avait fait autrefois pour Insanius et Elloras.

Les regards des époux se croisèrent.
Permettez-vous que je me joigne à vous ? A ces douces paroles fit écho une réponse plus grave quoique tout à fait détendue et souriante. Bien entendu. Prends place je te prie. Je ne crois pas que vous vous soyiez déjà rencontrée, si ce n'est brièvement peut-être. Sara, je te présente Nanelle. Chérie, voici Saradhinatra, le héraut de Toulouse, et une amie de longue date. Le Vicomte se laissa aller à rire un instant. Nous refaisions le monde en vous attendant. Puis, prenant un air plus sérieux, il se leva. Vous m'excuserez de vous laisser un moment, je vais m'assurer que tout est prêt, car le futur Seigneur ne devrait plus tarder. Tu peux finir ma coupe, proposa-t-il à son épouse avant de s'engouffrer au-delà d'une porte qu'il avait pris soin d'ouvrir au préalable évidemment et qu'il referma derrière lui.
Corbeaunoir
Sitôt qu'il eut apprit que le Sehner Actarius l'avait fait mander au Château de Montpellier, Corbeaunoir prit son plus rapide destrier et galopa jusqu'à la capitale Languedocienne. Pourquoi le Vicomte l'avait-il fait demander sans lui en dire la raison ? Y avait-il un problème majeur, de ceux dont on ne peut parler par écrit ?
C'est à la fois inquiet et impatient de découvrir la raison de sa venue que Corbeaunoir franchit le pont-levis du Château. Il savait où se trouvait les appartements du Vicomte, mais n'avait jamais eu l'autorisation d'y entrer.

Arrivé dans le couloir, il vit que trois gardes se trouvaient devant une seule et même porte. Des gardes qu'il ne connaissait pas. Il se présenta devant eux, puis poussa la porte vers un lieu inconnu, peu confiant en ce qu'il allait y découvrir.

Il vit alors Dame Nanelle assise dans un fauteuil, et sise non loin d'elle, une femme qu'il ne connaissait point. Apercevant la fleur de Lys qu'elle portait, il comprit immédiatement de qui il s'agissait. Sans plus attendre, il s'inclina longuement et respectueusement. Mais ce qu'il avait aussi et surtout remarqué, c'était l'absence du Vicomte. Était-ce la raison de la présence d'un héraut ? Le Vicomte était-il mal en point et avait-il demander la présence de Corbeau afin que celui-ci s'assure que l'héritage revienne à la Vicomtesse en cas d'instants funestes ? Ou, au contraire, devait-il s'attendre à une bonne nouvelle ?
Ne sachant trop à quoi s'attendre, il se présenta tout d'abord au héraut.


Bonjorn Dame, je suis Carles d'Oktharloc de Carguignan, dict Corbeaunoir. Le Vicomte m'a demandé de me présenter icelieu.

Il tourna ensuite son regard interrogateur vers Dame Nanelle, et inclina la tête.

Bonjorn Vicomtesse.

Puis il attendit que l'une d'elle prenne la parole, et peut-être, l'éclaire un peu plus.

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Nanelle d'Euphor
La Vicomtesse fit sa petite moue, signe indubitable qu'elle fouillait dans sa mémoire. Saradhinatra... Le nom ne lui était pas inconnu, mais ce visage, elle avait bien l'impression de ne l'avoir jamais aperçu.

Je n'ai pas souvenir d'une rencontre, dit-elle alors que son regard se posait sur l'invitée. Puis, elle poursuivit tout en prenant place. Je suis enchantée de vous rencontrer. Nou avions presque laissé nos appartements du Castel à l'abandon depuis notre départ en croisade, c'est une vraie joie que d'y réunir plusieurs personnes pour lui redonner un peu de vie.

Elle accompagnait ses paroles d'une voix douce et posée ainsi que d'un sourire cordial. Elle ne laissa rien paraître de sa gêne lorsque son époux l'abandonna au héraut. La faute à la timidité sans aucun doute. Elle était l'exact opposé de son social de mari et nouait plus difficilement des francs liens d'amitié. Toujours en retrait, dans l'ombre, elle ne goûtait qu'avec beaucoup d'appréhension les moments comme celui-ci. Mais elle fit face et contint ses émotions. Une gorgée du nectar délaissé par son mari l'y aida peut-être. Enfin, elle n'eut pas de gros efforts à fournir puisque la porte s'ouvrit bientôt sur le héros du jour, le futur Seigneur du Chambonnet.

Une salutation, un regard interrogateur. A n'en pas douter, son mari avait encore ménagé le suspense.

Bonjour Corbeau, mon époux ne devrait pas tarder à revenir. Tu connais peut-être notre invitée, Saradhinatra ?

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Corbeaunoir
En entendant la réponse de la Vicomtesse, le regard d'inquiétude de Corbeaunoir disparut de son visage pour laisser place à un doux sourire. Et ce principalement lorsqu'elle lui apprit que le Vicomte n'allait probablement pas tarder à arriver. Il n'y avait donc apparemment aucune inquiétude à avoir.

- Tu connais peut-être notre invitée, Saradhinatra ?

Saradhinatra... ce nom ne lui était pas inconnu. Peut-être avait-il déjà lu ou entendu ce nom. Il réfléchit un petit instant, mais ne parvint point à se rappeler où celui-ci lui était déjà apparut.

Dame Saradhinatra... Non je ne crois pas que nous nous soyons déjà rencontrés.

Son regard quitta les yeux de la Vicomtesse pour allé se poser sur le Héraut.

Enchanté de vous rencontrer Dame Saradhinatra. Comment allez-vous ? Venez-vous de loin ?

Puis il attendit la réponse du Héraut en lui adressant un sourire chaleureux.

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