Lacloche tournait en rond dans son logis minable. Que faire? Aller raconter sa découverte à son Maître? Cela le remettrait peut être un peu plus dans ses bonnes grâces. Il savait que son Seigneur était un homme de parole qui aimait la fidélité avant tout, mais les autres...
Les heures passaient et il penchait tantôt pour l'un tantôt pour l'autre des deux camps, se sentant pris entre les deux. Alors, comme une conclusion inévitable, presqu'écrite pour son tempérament hésitant et lâche, il finit par decider d'en parler... aux deux antagonistes. Ainsi, il gagnerait un sursis de part et d'autre.
Il se rendit d'abord auprès de son Seigneur qui l'écouta avec attention, ne lui laissant pas paraître qu'il connaissait déjà ce renseignement, l'assassin au chien se trouvant en train de manger dans la pièce à coté.
Puis il décida de faire un détour par le repère de son autre maître, cet homme sans âge dont le simple regard vous faisait sentir la mort, le Maître de Vallois.
Il avait attendu la nuit noire pour se mettre en route, empruntant un chemin puis faisant demi tour, se retournant tous les dix mètres, affolé à l'idée d'être suivi. Mais il avait tous les tours ce bon vieux Lacloche et nul ne pourrait jamais lui filer letrain, foi de renard!
Il se rendit vite compte que trois gardes de son seigneur l'épiaient et il s'employa bien deux heures durant à les semer, entrant finalement dans une taverne. Il se but là un ou deux verres puis fit mine de tituber vers les latrines qui se trouvaient dans la cour. Une fois dedans, il vit au dehors un de ses "anges gardiens qui surveillait le cabanon.
Tout beau mon mignon, je sens que tu vas m'attendre longtemps...
Il fit moult bruit, faisant semblant d'être malade pendant qu'il décèlait les planches du fond de la latrine et fuit par l'arrière, fort amusé du coup pendable qu'il leur avait joué là.
Et il chemina, malgré tout méfiant vers le repère de son autre maitre et se rassura...
Je les ai bien eus, héhé... on ne la fait pas à Lacloche! Tudieu, ils vont se faire tancer ces gaillards! de vrais pigeons...
Il ne remarqua pas la paire d'yeux ambrés qui le surveillaient dans le noir et il conduit le loup et son propriétaire tout droit dans la forêt.
Ils avancèrent ainsi pendant une bonne demi heure à travers des sentiers qui se perdaient au plus profond du bois quand tout à coup, le loup se figea. Une présence, autre que celle de Lacloche, environ trente mètres devant eux l'avait alerté.
Une flèche fut décochée dans l'osbcurité et on entendit hurler de terreur. Lacloche vanit de servir de cible à un veilleur. On entendit une lourde chute, celle de cet idiot qui se jettait à terre.
Hééé, vous êtes fous ou quoi! C'est moi! Lacloche! vous avez failli me tuer tas de marauds! je viens voir votre maître...
Et comment veux tu qu'on te reconnaisse, idiot! Dans ce noir, tu arrives en faisant le bruit d'une troupe entière et tu ne te signales pas! sois heureux que Gontrand aie quelques bières dans la panse, faute de quoi, il t'aurait pas loupé. Allez relève toi sac à vinasse! et dis nous ce que tu viens faire icelieu à une telle heure
Se relevant péniblement, Lacloche avança en expliquant la raison de sa venue
J'ai des renseignements pour votre maitre, un des votres à été assassiné... ou plutôt massacré par une bête féroce dans Nancy, mais j'ai pu recueillir ses derniers propos. Il faut que je le voie de toute urgence
Les deux hommes de gardes semblèrent pris d'effroi et se fixèrent...
Ta bête, ce serait pas un énorme chien comme tout droit sorti des enfers?
L'homme le regarda, terrorisé par avance de la réponse
Si fait, un chien énorme, comme je n'en avais encore jamais vu, d'un gris très sombre
Les gardes blémirent et, instinctivement, regardèrent tout autour d'eux , comme si le diable allait venir les prendre.
Alors c'est vrai! il arrive! Ce démon est à Nancy
Ils lui montrèrent la direction du campement dont on pouvait entrevoir au travers des taillis la lueur, une centaine de mètres plus loin.
Il faut que tu lui contes celà pressément, tu n'as pas été suivi au moins?
L'homme, à ces mots scruta à nouveau avec inquiétude les alentours obscurs comme conscient que s'il avait vu cet être maléfique, il n'aurait pas même eu le temps de crier.
Pour qui me prends tu, maroufle! lui répondit Lacloche , l'air suffisant et il se retourna pour se diriger vers le campement. Mais, à peine retourné, il fut pris d'un doute, et frissona de tout son corps sanstrop savoir pourquoi. Puis il entra dans le camp des gardiens du temple et se dirigea vers la grande tente sise en son centre...
A dix mètres des gardes, une silhouette tapie dans la nuit observait...
Je vous ai enfin trouvés...