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La halle d'Angoulême : [RP] Le refuge

--La_haine
...


Ça f’sait un bail qu’y surveillait c’te baraque. Les allées v’nues, les gens qui y habitent, ceux qui viennent en visite, yen a pas des masses d’ailleurs. Et y commençait à connaitre les habitudes de tout ce p’tit monde.
Le froid y s’en cogne. Y vit dehors toute l’année. Une bonne tanche d’picole chourée ici ou là, et on a chaud tout l’temps.
Y connaissait l’village d’puis sa naissance, et y savait bien que c’te tas d’pierre là, y’avait jamais personne d’dans. D’puis des années qu’il croit bien s’souv’nir. Donc c’est louche la pouffiasse et l’grand qu’a l’air d’être son jules qui vivent là. Sont pas chez eux. C’est pas chez lui non plus mais il s’en torche. C’qu’y voit c’est qu’ya ptête de la maille à s’faire et un peu d’bonheur à prendre dans la taule.
Y sait bien qu’au village on l’appelle l’taré, l’dépravé, l’tordu, l’pourri, le r’tardé mental, mais y s’en balance. Personne a jamais pu l’choper. Par contre lui, qu’est c’ qu’il a pu choper. Et ça l’fait ricaner rien qu’d’y r’penser.
Enfin bref, comme disait sa mère, la pauvre, qu’attend toujours, en morceaux, au fond du puits d’vant chez elle qu’on la r’trouve un jour, on n’est pas là pour s’souv’nir ou pour s’marrer, mais pour mater.
Sent bien qu’ya un coup à faire. Tentante c’te baraque isolée. Pouvait pas choisir mieux la mignonne, pour lui rendre service.
Y s’cale sur une branche en haut d’un arbre, pas loin d’la taule, et r’prend son guet.
L’grand brun est parti d’taleur. Avait l’air chargé son bourrin. Si ça s’trouve y va avoir l’champ libre vite fait. Pas une mignonne comme ça toute seule qui l’arrêt’ra s’il peut passer à l’action.
Plus fort que lui, rien qu’l’idée ça l’fait sourire d’ses chicots pourris. Avec un peu d’chance l’aura ptête même l’temps d’s’amuser avec la greluche.
L’en avait dessoudé bien d’aut’, c’est pas une que personne vient voir, qu’attirera la maréchaussée.
Pis t’façon y s’en fout. Quand y z’arriv’ront, y s’ra d’jà loin d’puis longtemps.
Qu’est c’qu’y s’marre. Sont trop cons.
Et l’traitent lui d’con.
N’empêche que d’puis si longtemps l’con, ben y s’est pas fait choper. Et ça aussi ça l’fait marrer tiens… bande d’abrutis.
Nattascha
La journée fut longue, très longue.
Les trois quarts de la journée furent passés à la taverne des dingues.
Les allées venues se suivaient mais se ressemblaient peu. Ce qui en soit était une bonne chose.
Puis vint la soirée, et les heures qui se trainent sans qu’on en voit la fin.
En début d’après midi, après son frugal repas, elle avait décidé de faire un peu de nettoyage dans le refuge.
Les vêtements entassés dans un coin seraient lavés au ruisseau un peu plus tard. Quelques effets à Lui reposaient sur ce qui fut leur lit, et atterrirent dans la pile à laver.
Les cadavres de bouteilles furent descendus dans un coin où des gravats reposaient là depuis déjà longtemps.
Une fois remontée, elle tassa la paille du lit dans un coin. Elle ne servirait plus. Les peaux au sol qu’Il avait ramenées, étaient bien plus confortables et chaudes.
Un vieux balai trouvé près de l’écurie lui permit de balayer devant la cheminée et d’oter du sol les poussières de bois et autres éclats de buches.
Le cœur n’y était pas vraiment. Pas envie de faire grand-chose en fait, mais il fallait se prendre en main et ne surtout pas se laisser aller, ne pas écouter cette boule dans le ventre qui de temps en temps remonte au milieu de la gorge.
Prendre l’air, voilà, prendre l’air… aller au bord du ruisseau et laver son linge. Voilà une occupation qui lui permettrait d’oublier un peu tout le reste.
Linge sous un bras, savon dans la main opposée, elle tenta un léger sifflotement sur le chemin du ruisseau.
Non, pas exagérer non plus, siffler n’était pas une chose dont elle avait envie. Prendre sur soi d’accord mais trop en faire frisait le ridicule.
L’eau glacée l’aida à reprendre un peu ses esprits après la cuite de la veille. Un mal de cheveux terrible lui vrillait le crâne jusqu’alors.
Une fois la lessive terminée, elle remonta le chemin, mit tout cela à sêcher devant la cheminée et s’assit sur les peaux.
Le parchemin non terminé de la veille, qu’elle avait ramassé et déposé sur le manteau de l’âtre attira son regard.
Ce soir, elle finirait ce soir.

Retour dans l’après midi à la taverne. Et ces heures là s’égrenèrent si lentement qu’elle avait l’impression que la journée ne se terminerait jamais.
Diab, Baile, Linon, Mal, Le Rouge, Kab, et bien d’autres encore étaient venus passer un moment. Elle fut souriante, lança quelques vannes bien senties, mais... rien de plus.
Pas dessaoulée encore de la veille, elle avait sommeil…
Pas la peine de trainer plus longtemps.
La jument fut enfourchée et, afin de braver le froid, talonnée suffisamment pour la faire avancer à un bon rythme.
Un petit bouchonnage en arrivant, et puis l’escalier monté sans grand enthousiasme. Pour trouver quoi ?
Seulement quelques braises qui éclairent encore la pièce.
Remettre quelques buches dans l’âtre, attraper le parchemin qui attend sur la cheminée et poursuivre son courrier.
Garder le lien… toujours.

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--La__haine
Ça f’sait deux jours que l’grand brun s’était tiré. Pas d’signe de lui. La pétasse f’sait sa vie, et lui, il attendait juste l’bon moment pour lui sauter à la gueule. Ptête bien c’soir qu’il le f’rait si l’aut’ s’pointait pas. Y s’sentait prêt. Chaud bouillant. Assoiffé d’sang.
Y s’imaginait d’jà en train d’la prendre par la tignasse et d’la trainer par terre. L’imaginait en train d’gueuler et d’se débattre. S’imaginait en train d’lui filer des coups d’pompes et d’lui… raaaaaaaaaah… Ça l’excitait comme pas possib’. S’sentait tout chose.
Y l’avait vu taleur descendre au ruisseau. Elle avait lavé ses frusques. Ça l’avait fait ricaner. Elle s’doutait pas qu’elle f’sait ça pour rien. Qu’ses nippes elle les r’mettrait plus jamais. Ou alors dans son cercueil. Si on r’trouvait les morceaux.
Ça commençait à cailler, pis la nuit v’nait pu vite que prévu de c’temps là. Ça l’arrangeait.
L’en pouvait plus. Fallait qu’y bouge là. Fallait qu’y fasse c’qu’il avait à faire. Il ouvre son sac pourri et r’garde dedans si ya tout c’qui faut pour une bonne soirée. Des trucs qui coupent, d’autres qui pointent, d’autres qui défoncent.
Tout ça, rien que d’le toucher en pensant à c'qu'y va faire, ça l’fait surchauffer en d’dans.
Les grimaces ignobles qui se veulent des sourires, se suivent sur sa tronche de malade. Mais y s’en rend pas compte. Y vit comme ça d’puis toujours. Y’en a qu’une, une fois, qu’a tenté d’lui dire d’faire gaffe, qu’il était pas net. R’pose au fond d’un puits maint’ nant. L’avait qu’à fermer sa grande gueule la vieille.
Chaque fois qu’y sait qu’y doit s’mette à l’œuvre, s’rappelle du r’gard des autres. D’celles qu’il a écorchées avant. Y ferme les yeux et y r’voit les leurs, terrifiés, suppliants… c’qu’il aime en fin d’compte c’est ça. Qu’elles le supplient. Y sait bien qu’ça sert à rien, qu’ça les sauv’ra pas, mais il aime ça les voir crier et lui d’mander un peu d’pitié.
Y sait pas c’que c’est la pitié. L’en a jamais eu. Pas une qu’en a réchappé, d’ses pognes.

Y fait bien nuit maint’nant. Bizarre, il a pas vu la grognasse r’monter avec son ch’val. C’qui lui sert d’cœur commence à flipper. Manqu’rait pu qu’elle r’vienne pu. Alors y s’venge sur sa bonbonne d’eau d’vie, histoire de s’calmer les nerfs qui l’démangent.
Y s’rapproch’rait bien un peu histoire d’voir à quoi ça r’semble là d’dans.
Faut qu’y s’bouge. Y tient pu. S’est bouffé l’dedans d’la bouche tell’ment qu’il est énervé. Ya l’gout du sang qui parfume son haleine, et ça l’fait rentrer dans une rage pas possib’. Faut qu’ça saigne, qu’est c’qu’elle fout l’autre ?
Y descend d’son arbre en f’sant gaffe de pas s’tauler. S’rait dommage de s’pêter une canne alors qu’il a du gibier à portée d’mains.
Son p’tit matériel sur l’épaule, il avance dans la nuit, entre les arbres, sans faire craquer la moindre brindille. L’a l’habitude. S’surnomme lui-même l’furet.
Plus y s’approche d’la baraque plus l’palpitant s’emballe. Ya comme une furie qui prend possession d’lui.
Pas d’donzelle en vue…
Caché derrière un muret, l’en peut plus. Y saute d’vant la baraque et comme l’furet qu’il est, file droit s’planquer dans un coin sombre au milieu des pierres.
Ça bat dans la tête, c’est un d’ses bonheur à lui ça. L’bouillonn’ment qui précède l’carnage.
Toujours personne…
La lune est pas chiche c’soir. Lui facilite pas la tâche pour voir où qu’ il est rendu ni où qu’il peut aller.
Rien à carrer. Ya personne.
Alors y tâte les murs autour d’lui et trouve l’escalier qu’il avait vu d’loin, d’son perchoir. Tend l’oreille pour être sûr qu’personne vient et monte furtiv’ment jusque là haut voir à quoi ça r’semble.
Surtout toucher à rien. Faut pas qu’l’autre ait la puce à l’oreille quand elle va s’ram’ner.
L’avait fait la conn’rie une fois, et la donzelle en cible s’était tirée, sentant qu’ quelqu’chose tournait pas rond dans sa piaule.
C’est pas l’envie qui lui manque pourtant, d’vnir poser son pif sur les fringues qui sèchent, ou de s’rouler sur les peaux d’vant la ch’minée. Connait pas tout c’luxe là lui. Y pue, y sait qu’y pue, mais y s’en fout. Y sent plus. L’a l’habitude.
Elle va rev’nir, forcément. On s’tire pas en laissant toutes ses affaires comme ça.
Y continue à faire l’tour d’la pièce et trouve l’balcon dans un coin. L’balcon où il l’avait vue l’soir des fois, s’pencher et choper des pigeons.
Ya d’la mangeaille juste là, et d’la picole. Y choure une bouteille qu’y colle dans son sac. T’façon elle en aura pu b’soin une fois qu’elle aura croisé sa route.
Une décharge électrique lui r’monte le long du dos quand il entend les pas d’un ch’val un peu plus loin. Un seul canasson. C’est bon pour lui.
Y s’baisse. Faut pas qu’elle le voit. Et r’tourne en courant, sautillant d’joie, s’planquer dans l’coin sombre en bas.
Ça va être bientôt l’heure. Il a les yeux exorbités d’excitation quand y la voit descendre d’son canasson. Belle bestiole d’ailleurs, s’barrera ptête avec, histoire de s’faire du pognon sur un marché.
La choper maint’nant ? naaaan… dans sa tête on lui dit d’attendre. On lui dit qu’la traque s’ra plus drôle s’il s’fait pas voir tout d’suite. On lui dit qu’lui tomber d’sus pendant qu’elle dort s’ra bien plus marrant. On lui dit que d’toute façon maint’nant elle est à lui. Qu’il faut attendre, pour l’plaisir d’attendre. Il hoche la tête dans la nuit… un sourire à faire peur au coin d’la bouche. Ont raison les voix, ont toujours raison. L’ont jamais trahi elles...
La proie passe à quelques mètres de lui à peine… l’envie d’tendre le bras et d’choper c’te tignasse est forte, très forte, trop forte… mais les voix… attendre… encore un peu.
Elle monte. Elle disparait d’sa vue. Nan. C’est pas possible, y veut la voir, l’observer vivante.
Y laisse un peu d’temps passer. L’entend ragaler là haut pis pu rien. Doit s’être couchée, ou posée quelqu’part.
Y grimpe douc’ment les quelques marches, tapi au sol comme un serpent… pas s’faire voir, pas s’faire entendre, pas maint’nant.
Un p’tit jour sous la porte, les yeux fous cherchent, fouillent, et la trouvent. D’dos, en train d’écrire…
Y sait pas écrire lui. Pis s’en fout. L’en a pas b’soin pour c’qu’y fait.
Y frissonne, mais pas d’froid… d’excitation.
Mais qu’elle se magne de s’pieuter… qu’elle se magne…
Nattascha
Penchée sur le parchemin, n’arrivant pas à exprimer ce qu’elle voudrait lui dire, elle soupire.
Se lève pour ajouter une grosse buche dans la cheminée. L’air est frais, étrange. Un sentiment étrange se fait ressentir. L’absence certainement, son absence. Elle s’était habituée à sa présence près d’elle. Mais, pourquoi se sent-elle différente de la veille ? Elle ne saurait le dire. Mais un malaise certain l’envahit sans qu’elle en comprenne la raison.
C’est à ce moment qu’un pigeon choisit de venir se poser bruyamment sur la rambarde du balcon.
Le cœur s’est emballé au bruit fait par l’oiseau. Pas trouillarde pourtant mais… arf, son instinct lui joue des tours depuis le départ de son Andalou. Se sentait en sécurité avec lui. Alors se retrouver toute seule, forcément, ça crée des inquiétudes.
Elle attrape le message à la patte du pigeon, elle l’a reconnu, il est à Lui. Puis fait entrer l’animal dans sa tanière, au chaud. Tu ne repartiras pas ce soir toi, un camarade à toi prendra la relève.Elle pose près de l’oiseau une poignée de graines et retourne sur les peaux lire le message.
Et oublie tout. Tout ce qui l’entoure, ce sentiment bizarre qui la tient depuis un moment, le froid dehors, la solitude… pour se retrouver avec lui.
Elle s’enivre de ces mots qu’il a couchés pour elle, dans le froid.
Alors elle sait… elle sait ce qu’elle n’arrivait pas à lui écrire tout à l’heure. Reprend son parchemin et se met à l’ouvrage. Les mots glissent comme par enchantement. Se suivant les uns les autres sans qu’elle ait besoin de réfléchir.
Exprimer les choses devient si aisé lorsqu’on a le sentiment d’avoir l’autre près de soi. Il est là, au travers de ce parchemin, il est là, près d’elle.
Quelques minutes suffisent à emplir le parchemin de déliés et autres pliés, qui seront une partie d’elle qui s’envolera dans quelques minutes.
Elle relit, rapidement… se presser d’envoyer sa réponse. Peut être attend il…
Il faut envoyer le pigeon blanc à col bleu…
Elle se dirige vers la porte et, alors qu’elle allait l’ouvrir, se souvient de la noirceur de la nuit. Retour devant la cheminée, une branche est enflammée afin de pouvoir s’éclairer jusqu’à l’écurie où sont enfermés les quelques pigeons qu’elle a achetés.
La branche bien embrasée, elle retourne à la porte qu’elle ouvre doucement, pas pressée de retrouver le froid.
Mais elle fait un soudain bond en arrière. Le visage grimaçant. Une odeur pestilentielle envahit l’escalier. Pas une bête morte ou quelque chose du genre… une odeur humaine. Une odeur… effrayante.
La porte est refermée vivement. Quelle misère que de ne pas avoir de clé… c’est ça quand on choisit de vivre dans une ruine.
Elle retourne près de l’ancien lit, ou reposent ses maigres armes. Sa dague, l’épée de Sade. Le bouclier elle s’en fout.
Le cœur bat la chamade. Quelqu’un est venu, ou encore là. Il fait nuit, personne alentours. Va falloir se débrouiller toute seule.
Et puis elle tente de se raisonner… peut être un pauvre erre à la recherche de nourriture ou d’un peu de chaleur.
D’abord le pigeon. Mais descendre maintenant est hors de question.
Elle attrape sans ménagement celui venu lui apporter le message, attache le parchemin à sa patte et se précipite au balcon pour le laisser partir.
Au moins aura-t-il su qu’elle l’aimait si quelque chose devait lui arriver.
Prendre une grande inspiration. Faire cesser ce tremblement des mains. Etre sure de soi.
La crainte de voir cette porte s’ouvrir soudainement sur un inconnu la tenaille. Alors elle va l’ouvrir elle-même… du moins tente t’elle de s’en convaincre.
Surprendre avant d’être surpris..
Lentement, l’épée en garde, elle approche, baisse la poignée, et d’une voix qu’elle veut assurée demande..

Il y a quelqu’un ? Vous avez besoin d’aide ? Montrez vous !!!

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--La__haine
Les yeux lui sortent quasiment de la tête… y jubile à voir sans être vu.
Bon c’est vrai qu’l’ouverture sous la porte est pas bien grande et qu’y peut pas tout voir, mais quand même, y profite bien d’la vue.
A r’marqué taleur sous la ch’mise d’la donzelle, pendant qu’elle s’penchait pour écrire, la forme d’la colonne vertébrale.
Il aime bien les colonnes vertébrales. C’est l’plus dur à découper. Ça d’mande du temps, d’la force. Incroyab’ c’qu’y peut yavoir comme nerfs qui partent d’la.

Ah, la v’la qui s’lèveva p’tête finir par lui laisser son moment d’gloire c’te conne. M.erde, où qu'elle est ? L’champ d’vision est trop rétréci. Qu’est c’qu’elle fout ? s’tient sur ces gardes. C’est qu’une garce comme ça, ça doit en avoir derrière la caboche.. s’rait bien foutue d’le surprendre..

Les yeux s’plissent pour voir c’qu’elle fout.
Et un rican’ment qu’il étouffe derrière sa grosse paluche assassine sort d’son gosier.
Un pigeon. Encore un. Ma parole, elle a rien d’autre à foutre d’ses nuits celle là ?
Elle s’rasseoit sur ses peaux d’bêtes. Mais pas d’bol elle y tourne le dos. Y peut pas voir à sa tronche, si c’est du bon ou du mauvais c’qu’elle vient de r’tirer d’la patte de la bestiole. Pis en même temps y s’en carre complèt’ment. C’qu’y veut c’est qu’elle s’pieute.
Ben non. Pas l’air décidée. Va ptête falloir agir sous l’coup d’l’impulsion qui lui démange les guiboles. Ras l’bol d’attendre.
S’fout d’sa gueule là… la v’la qui r’prend sa plume. On va pas y passer la nuit non pu. Tu t’couches tu meurs, j’m’éclate, tu morfles un peu quand même et pis j’me casse…

Y soupire. Y peut rien faire, si y bouge elle va l’entend’ c’est sûr.
‘reus’ment elle met pas des plombes à écrire..
Alors il l’encourage mental’ment… alleeeeeeeez vas yyyy… accroche ça à c’putain d’bestiau et on en finit.

Trouillomètre à zéro d’un coup. Qu’est c’qu’elle fout ? Elle approche ????? Nom de dieu…
Y file en courant vers l’coin sombre de taleur… il est pourtant sûr d’pas avoir bronché… se prend la tête entre les mains et s’file des gnons.
Les voix, les voix lui disent de s’taire, d’pas faire un geste… oui oui d’accord j’me calme qu’y leur répond en silence.

Qu’est c’qu’elle fout ? elle v’nait bien vers la porte..

bordel elle commence à l’courir celle là.
Y l’ attend, une minute, pis deux, s’dit qu’y va pouvoir r’tourner la surveiller. Pis, la porte s’ouvre, et s’referme illico en claquant.
Ça y est il est cramé. Elle a dû l’voir. Elle foutait quoi avec sa branche brulée dans les pognes ?
Ça sent l’soufre.

Y sait pas c’que ça veut dire mais l’a déjà entendu l’expression pour dire qu’ça collait pas.
Pas l’temps de s’laisser conseiller par les voix, ou d’décider tout seul de c’qu’y doit faire… la lourde s’ouvre d’nouveau.

Et elle parle.

Il y a quelqu’un ? Vous avez besoin d’aide ? Montrez vous !!!

L’aime bien l’son d’sa voix.. s’dit que quand elle gueule ça doit chanter aux esgourdes.
Et les voix… les voix qui s’précipitent dans sa caboche, s’bousculent pour lui dire c’qu’y doit faire..
Fait l’pauvre, fait l’gars qu’a b’soin d’aide… vas y magne toi l’cul..

Alors il s’avance, s’donne un air penaud, genre qu’ose pas r’garder les dames en face. Et y joue. Jouer ça fait partie d’la traque. Ça complique mais il aime ça.

« scusez moi m’dame, j’voulais point vous faire peur, j’cherche juste un abri pour la nuit m’dame. La neige ça m’réussit pas. Alors si vous voulez bien que j’dorme à côté d’vot cheval, ben vous s’rez bien aimab’ m’dame »

Y lève un peu les yeux, la r’garde en face pour la première fois. Et voit l’épée qu’elle tient d’vant elle. S’excite. Ça va pas être facile mais il aime ça…
Y prend un air piteux. Faut qu’il arrive à grimper dans sa turne. L’coup d’dormir à côté du ch’val faudra qu’y leur cause aux voix. C’est n’importe quoi.

« Pis si vous aviez un p’tit quelqu’chose à manger, ben j’veux bien aussi. Mais j’vous oblige pas m’dame, j’suis point mal él’vé. Juste pauv’ m’dame. »

Et y baisse les yeux… il est fort… très moche mais très fort. Y l’sait. Y l’aura celle là. Comme il a eu les autres.
Nattascha
Un léger mouvement en bas de l’escalier, le cœur qui fait un bond… elle ne s’attendait pas à voir quelqu’un, espérait son refuge vide de toute autre vie que la sienne et ses animaux… l’espérait vraiment.
La main serrée sur le pommeau de son épée, la dague à peine apparente bloquée dans sa ceinture, elle plisse les yeux pour mieux voir.

Qui est là ? Approchez vous que je vous vois !!!

Et une silhouette s’en vient au niveau de la première marche. Il est crasseux, porte sur lui un vieux sac tout tâché, de couleurs douteuses… en un mot il fait presque pitié. La voix se fait maintenant bien posée. Elle sait qui elle a en face d’elle… du moins le pense t’elle.

Qu’est ce que vous voulez ?

Un son presque sympathique, une voix particulièrement agréable sort d’une bouche qu’elle ne peut encore apercevoir

« scusez moi m’dame, j’voulais point vous faire peur, j’cherche juste un abri pour la nuit m’dame. La neige ça m’réussit pas. Alors si vous voulez bien que j’dorme à côté d’vot cheval, ben vous s’rez bien aimab’ m’dame »

Le temps d’une réflexion, à peine quelques secondes… lui dire que non, pas question, personne ne s’approche de sa jument… mais pas le temps… il lève la tête et ajoute

« Pis si vous aviez un p’tit quelqu’chose à manger, ben j’veux bien aussi. Mais j’vous oblige pas m’dame, j’suis point mal él’vé. Juste pauv’ m’dame. »

Son visage est effrayant. Ses yeux énormes… l’instinct lui dit de se méfier. Pauvre homme peut être, mais n’inspirant pas la confiance, certainement.
Sans pour autant le dédaigner, elle laisse tomber sur lui un regard empreint d’une forme de dégout.

Vous ne dormirez pas dans mon écurie. Hors de question. Je vais vous donner une miche de pain. Mais c’est tout. Après vous repartirez.

Le tout accompagné d’un léger mouvement de bras faisant se mouvoir l’épée dans le vide devant elle. Juste histoire de se donner un peu plus d’assurance. Cet homme là ne lui inspire rien de bon. Il faut qu’il parte, ou qu’elle le chasse à tout prix.

Attendez là, ne bougez pas, je vais vous chercher du pain.

Elle referme la porte et s’en va vers sa réserve près du balcon lui chercher une miche de pain. Se disant que plus que jamais, elle regrette l’absence de son Andalou.
Un regard par-dessus le balcon, vers l’extérieur. Pourvu que le pigeon soit assez costaud pour faire le retour jusqu’à lui dans ce froid.
Il lui manque. Terriblement.

Alors qu’elle se redresse pour retourner donner la miche de pain à son mendiant, une sensation de froid se fait sentir dans sa nuque.
Un froid métallique, à peine une pointe de métal.
Son corps se fige, son cœur s’emballe, ses yeux cherchent l’extérieur…
Dans un souffle elle murmure

Vous voulez quoi ?

Un coup de pied derrière ses genoux vient la faire tomber au sol. Pas de réponse. Juste un souffle nauséabond dans sa nuque.
L’épée toujours en main, celle-ci s’accrochant au pommeau de toutes ses forces, elle envisage de se retourner et de couper en deux le clochard, mais la voix maintenant totalement différente de son agresseur lui glisse à l’oreille

Lâche ça ou j’te découpe du haut vers le bas, d’une traite.

Un frisson de dégout lui parcourt le corps, puis un haut le cœur lorsque l’haleine fétide arrive jusqu’à ses narines. Elle répète, d’une voix plus assurée

Qu’est ce que vous voulez ?

La pointe dans sa nuque se fait plus insistante lorsqu’il empoigne ses cheveux et lui tire la tête en arrière.

Lâche ça !!!!

Le cerveau est en ébullition, ne pas se laisser abattre comme une bête, tenter au moins de sauver sa vie… Penser à sa moitié deux fois plus grand qu’elle, et puiser dans cette image un sourire, et la force de lancer son épée vers l’arrière afin de découper les pattes de ce fumier.
Mais la position est instable, à genoux, tête tirée vers l’arrière…. Et puis ces yeux fous qui la fixent. Elle pense à sa dague quasiment invisible sous sa chemise, et dépose l’épée à terre.
Gagner du temps, attendre le moment propice…

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--La__haine
Les voix ricanent dans sa tête, lui font partager cette première victoire, alors qu’elle referme la porte derrière elle pour aller lui chercher du pain dont il n’a rien à foutre, ça ricane..
Et puis y s’fait engueuler.
Tu fous quoi ? t’attends quoi ? vas y !! fonce
Et ça le presse, ça l’chahute dans la tête, y s’colle encore des beignes, y l’en peut plus d’ces voix des fois. Il aime pas qu’on lui parle comme à une m.erde, il aime pas qu’on s’foute de lui… mais les voix elles font ça tout l’temps. Alors y fait comme elles disent, parc’que y veut pu les entendre l’charrier à tout bout d’champ.
Alors y monte vite fait les marches, y fait comme y sait faire, comme l’furet qui fait pas d’bruit. Il ouvre la porte et s’faufile le long du mur d’en face, jusqu’à arriver derrière elle.
Elle a rien entendu, rien senti, rien capté la grognasse. L’a pas un mauvais fond pisqu’elle allait lui donner du pain hein… mais y s’en cogne d’ça. Pu elles sont braves pu il aime les saquer.
Faut pas attendre d’trop. Sinon y va s’faire épingler… dans la main il a d’jà une dague… une dague qu’il a affutée au point d’en faire une simple tige d’fer pointue du bout. Parait qu’ça a un nom mais ça aussi y s’en fout. Y s’en fout d’tout. Surtout dans l’instant.
Quand elle bouge pour faire d’mi tour, son sang vient battre à ses tempes… les voix lui disent « maint’nant, maint’nant, la laisse pas filer »
Alors y lui colle son pic sur la nuque. Et ya une première toute ptite goutte de sang frais qu’apparait. Poserait bien sa gueule dessus pour v’nir le lècher mais elle a toujours c’te putain d’épée dans la main.
Rien qu’la vue de c’te ptit brin d’sang ça l’réveille pour d’bon, l’met en état d’nuire.
Y lui d’mande de lâcher son épée, elle lui d’mande c’qu’y veut.
L’a pas à lui répondre, la chope par les tifs et lui file un grand coup d’tatane derrière les guiboles. La v’la à g’noux.
Y lui dit encore d’lâcher… y voit bien qu’elle hésite mais y sait bien qu’elle est pas en position d’faire la maline. Alors elle la pose.
Les voix… « à toi d’jouer maint’nant.. vas y fais lui sa fête, fais la saigner, bute la !!!! »
Alors y gueule, foutez moi la paix bordel !!!
Mais y les écoute, et l’entraine par la tignasse jusque d’vant la ch’minée. A g’noux qu’elle le suit, elle peut pas s’vautrer y lui tient la tête. Ça l’fait marrer, y la r’garde, les yeux pleins d’haine, essayer de l’suivre sans s’pêter la gueule.
Arrivés sur les peaux, y la balance par terre et y file un grand coup d’pompes dans les côtes, pis un autre, pis un dans la tête tiens, histoire d’voir sa tronche voler.
Il est heureux, y sourit comme quand il était gosse. C’est l’bonheur…
Y voit un filet d’sang au coin d’sa bouche qui s’taille un ch’min. y dépose un doigt d’sus et l’porte à sa bouche pour s’délecter d’ce ptit gout d’métal qui l’fait vibrer.
Y vient s’met’ accroupi d’vant elle… lui dégage les ch’veux qui cachent une bonne partie de c’qu’y va prendre plaisir à taillader sans tarder. Elle bronche pas, bouge pas un œil, que dalle. A d’jà dû l’assommer. Ouais mais nan, lui y veut qu’elle soit consciente quand y va commencer à la découper. C’est pas drôle là.

Ben quoi mèmère, c’est pas l’heure d’pioncer et il y colle des baffes pour l’aider à r’venir à la réalité.

Rien, elle bouge plus… m.erde il l’a quand même pas déjà dégommée ?
R’tourne vers le balcon où il avait piqué une tanche de gnôle et s’en débouche une autre.
R’garde la donzelle sur l’sol et s’dit qu’s’il l’a tuée il a foiré son coup.
Y va pas pouvoir l’entendre gueuler. Y s’rend pas compte de sa force non pu… des fois y charrie.
S’rapproche d’elle et y colle un coup d’grolle dans les mollets.
Hey bouge toi !!!
Rien. Pas d’réaction.
Alors y s’approche, y s’baisse, pour voir si elle respire…
Pose la main au d’sus d’son nez après lui avoir collé deux trois baffes supplémentaires.
Rien, pas d’souffle..
Et y s’relève et s’met à gueuler
M.erde M.erde M.erde !!!!!
Nattascha
A peine l’épée est elle posée au sol qu’elle se sent emportée vers ce qui certainement ne sera qu’un tourbillon de violence.
Ne pas lui laisser voir qu’elle a mal surtout.
Déjà elle le hait. De toucher, d’agripper ses cheveux. Un seul être a le droit de poser la main sur elle.

Elle est trimbalée, les mains cherchent un appui sur le sol pour ne pas souffrir de cette main qui l’empoigne. Elle trébuche, forcément, se retrouve presque allongée au sol, et tirée par les cheveux vers la cheminée.
Ce rire... cette voix qui hurle dans le vide de le laisser tranquille, elle y entend le mal, la démence, la cruauté, l’horreur à venir si elle ne trouve pas un moyen de se défendre rapidement.
Les combats à la loyale ne sont imprégnés aucunement de ce sentiment de mal, de crasse, qu’elle prend en pleine face. Se battre pour ses idées est défendable, d’un côté comme de l’autre. Le respect de l’adversaire toujours présent.
Mais là, le combat est presque perdu d’avance. Elle sait que si elle ne feinte pas, elle sera morte sous peu. Pas de respect possible face à la lâcheté d’un être immonde.

La douceur de la laine sous son visage lorsqu’il la lâche et la jette au sol, le parfum de son aimé encore présent entre les fibres… Yeux qui se ferment, images qui remontent, sourire qui s’étire. Elle s’en fout. Elle a aimé, elle a connu des moments merveilleux avec lui.

Et puis les coups tombent. Les côtes absorbent les premiers coups de pied. Pas grave, elle a survécu à pire… elle ne bronche pas. Pourtant la douleur est intense, mais elle n’émet pas le moindre son.
Elle a lu dans ses yeux le besoin, l’envie de faire mal. Elle y a lu la folie. Jamais rencontrée encore, mais tellement criante dans les pupilles de cet homme.
Et puis elle voit approcher de son visage la botte sale et humide de neige fondue. A peine le temps de réagir, non, pas le temps de réagir qu’un monumental coup de pied vient lui matraquer la tête.
la conscience semble vouloir s’échapper, mais la volonté est plus forte. Des souvenirs l’assaillent, des visages, des voix, des rires, venus de toutes parts… et puis Son rire, Son visage, Sa voix, leurs rêves, autant de choses dans lesquelles elle puise pour ne pas sombrer. L’idée de la torture est peu de chose à côté de la certitude de la mort en cet instant. Se laisser emporter vers l'inconscience serait se condamner.
Un doigt qui se pose au coin de sa bouche, l’envie de lui sauter à la gorge, mais quelques étoiles sont encore en instance derrière les paupières fermées. Attendre, encore, supporter les coups jusqu’à ce qu’il soit à portée de dague.
Les mains la touchent à nouveau, retenir son souffle, le laisser déplacer ses cheveux, profiter de ces instants où il la giffle pour reprendre un peu d’air, ne pas sentir les coups, juste se remplir de haine, la laisser monter en elle.
L’entendre lui demander de se réveiller. Sentir dans la voix haïe une pointe d’inquiétude. Son jouet semble cassé. Sourire intérieurement, oublier la douleur, espérer à nouveau voir ces jours où elle sera près de Lui.
L’entendre se déplacer, reconnaitre le bruit d’une bouteille qu’on ouvre… il va falloir faire vite, un homme ivre décuple ses forces. Un homme fou doit pouvoir l’être davantage sous l’effet de l’alcool. Profiter de ce qu’il est à l’écart pour respirer, reprendre définitivement conscience.
Puis il s’approche à nouveau d’elle. Un ènième coup de pied vient la secouer. Elle est insensible maintenant aux coups, l’esprit se noie dans les images du bonheur pour supporter. Elle attend simplement l’instant où elle pourra le saigner comme un porc.
Une main qu’elle imagine infecte vient se poser au dessus de son visage, elle le sent, elle l’imprime dans sa mémoire.
Oublier de respirer. Simuler. Se donner une chance.
Il se relève soudain, et gueule son dépit.
Le sourire à l’intérieur se fait plus étiré. La main droite glisse lentement le long de son corps pour atteindre sa taille. Elle sent sous sa paume la chaleur du bois, qui, prolongé par le métal, viendra lui sauver la vie si elle s’y prend bien. La main se resserre sur le manche de sa dague, les doigts enserrent et s’impatientent.
Les coups de pieds pleuvent à nouveau, dans son dos, sur ses côtes. Elle fait la morte, supporte, encaisse, laisse son corps s’amollir, et respire en douce alors que les bottes la cognent. Elle aura le temps plus tard de s’attarder sur la douleur. Pour l’instant il faut survivre.
Elle attend…
Peu de temps.
Il revient et lui attrape les cheveux à nouveau.

Et ses yeux s’ouvrent. Soudainement, le visage s’éclaire d’un sourire méchant, grimaçant parce que le corps souffre, mais un sourire s’étire là où il pensait voir la mort quelques secondes plus tôt.
Et la main cachée se lève à une vitesse fulgurante et vient lui taillader le visage, provoquant chez lui un recul de surprise.
Une main criminelle se pose sur la blessure.

Tu aimes le sang ? Tu vas gouter le tien… balancé dans un râle de colère

Elle se lève alors que lui, assis sur son cul, reste déconcerté par ce revirement de situation.
Ne pas lui laisser le temps de réagir à nouveau. S'approcher tant bien que mal aussi vite que possible, lui foncer dessus et poignarder, taillader avec toute la fureur contenue jusqu'alors, cette face, ce corps, cet individu qu’elle maudit pour avoir voulu lui enlever le droit de vivre.

Elle le regarde gémir au sol. Il semble résistant le fumier. Mais plus guère en état de nuire. Elle se traine jusqu’à son épée et revient se mettre juste au dessus de lui qui geint, cherchant peut être à l’amadouer.
Elle fixe les yeux suppliants, la haine au fond des yeux et sur chacun de ses traits.

Dis Adieu à Natt crevard. Dis bien lorsque tu arriveras près de ton frère Satan, que c’est Natt qui t’a fini, charogne.

Et de ses deux mains elle empoigne son épée, la lève au plus haut qu’elle peut et la laisse retomber de toutes ses forces à l’endroit du cœur de la bête au sol. Il a bien tenté une esquive mais peine perdue, les coups de dague l’ont affaibli et il est paralysé au sol par le sang déjà perdu.

La lame traverse le corps, vient se ficher dans le bois du plancher, et y reste plantée.

Elle se laisse tomber au sol quelques pas à l’écart, le regarde se vider du peu de vie qu’il lui reste.
Elle ne retirera pas l’épée.
La crainte de le voir se relever est puissante. Lui laisser l’épée dans le ventre est sa seule sécurité.

Alors la douleur dans son corps se réveille, l’esprit réalise qu’elle vient de tuer un homme hors combat légitime.
Il faudra vivre avec.

La nuit est maintenant bien avancée… une seule échappatoire, la taverne.
Y descendre et y rester jusqu’au retour de son Andalou.
Laisser le cadavre geler, et s’en foutre.

Un dernier regard au corps entouré d’une flaque rouge, à son épée arrimée au sol, et, se tenant les côtes, retrouver sa jument et descendre au plus vite vers le village.

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Fablitos
Il chevauche d’puis la veille, toute la journée il galope en direction d’Angoulême, le vent glacial lui arrachant quelques larmes au coin des mirettes. Les phrases, lues la veille au soir au fond d’une étable, tournent et retournent dans sa tête. Quand l’andalou avait détaché le billet accroché à la patte de l’emplumé au col bleuté, son palpitant s’était mis a battre un peu plus vite à l’idée d’partager un moment avec Elle. A la lecture, il avait manqué un ou deux batt’ments, ses joues s’était creusées sur son visage livide, ses émeraudes avaient perdu leur éclat. Les mots tracés de sa plume n’étaient pas aussi passionnés qu’à l’habitude. Les phrases griffonnées à la hâte, inach’vées, laissaient transparaître, la peur, la précipitation et l’danger. Que s’était il passé pour qu’elle lui écrive n’plus vouloir rev’nir au refuge qu’elle avait quitté pour la taverne ? Quelle menace avait elle du affronter en son absence ? Comment allait elle ?

Alors qu’il arrive en vue du refuge, l’fils du vent constate de suite qu’aucune lumière, aussi faible soit elle, ne vient iriser la fenêtre donnant sur le balcon, qu’aucune fumée ne s’échappe de la cheminée, qu’aucune odeur de feu de bois n’emplit l’air environnant. Désireux d’se la jouer discrète, il met pied à terre assez loin de c’qui était il y a peu encore leur tanière. Il attache la longe de Viento de Abril autour d’un tronc d’arbre, défouraille sa lame et avance prudemment vers la bâtisse nichée au creux d’la roche, marquant un arrêt de temps à autres pour observer et écouter aux alentours. Seul le clapotis de l’eau qui coule dans l’ruisseau jouxtant la masure vient perturber l’calme plat d’un crépuscule naissant.

L’andalou semble rivé au sol, raide comme du bois, seules les ailes d’son nez palpitent à chaque inspiration. Il tente de s’libérer d’une lourdeur de plomb. Que doit il faire ? Faire le tour de la bâtisse ? Manifester sa présence ? Certainement pas. C’eût été alerter prématurément la méfiance de l’ennemi si ennemi à alerter il y avait. La raison lui conseille donc de s’borner à un examen attentif d’chaque recoin puis d’rejoindre la pièce s’trouvant en haut de l’escalier de pierre qu’une fois tout danger extérieur repéré et éliminé. Il résiste donc à son impérieuse envie d’se ruer à l’étage, avalant les marches deux à deux et commence par vérifier qu’rien ne viendra l’menacer une fois qu’il aura investit l’niveau supérieur.

Nada…

Il lève la tête et s’remet en marche. A pas feutrés, l’andalou s’avance alors en direction de l’escalier, prenant garde de n’pas faire claquer ses bottes sur la dalle de pierre. Il retient son souffle et progresse lentement, longeant les murs, ombre noyée dans l’obscurité. Une fois l’palier atteint, il prête une esgourde attentive au silence ambiant, cherchant à percevoir le moindre bruit trahissant une présence d’l’autre côté d’la lourde. Il pousse la porte, pogne crispée sur le pommeau d’sa rapière, lame pointée vers l’intérieur. Il maudit le gémiss’ment des gonds gravés dans la rouille et d’un pas glissant sur le plancher pénètre dans la pièce avant de s’immobiliser sur le seuil tout les sens en alerte.

Nada…

Nada…sauf cette odeur pestilentielle qui lui saute à la trogne à peine entré. Graduellement, ses yeux apprennent à mieux déchiffrer l’obscurité. L’éclat bleuté d’une lame qui n’est pas la sienne attire son attention, elle semble maintenue en position horizontale l’pommeau vers le haut par une masse sombre étendue sur le sol. Deux pas d’plus à l’intérieur de la pièce le conduisent auprès de c’qu’il est convenu d’appeler un cadavre. L’épée qui l’cloue au plancher est rapidement identifier comme étant celle dont sa brune avait hérité d’un proche peu avant son départ. L’cœur au bord des lèvres, il cherche en vain a identifier l’irregardable paquet d’tissus tuméfiés qui lui barre la route.

Pour s’donner l’temps d’réfléchir à cette situation hors du commun, peu à peu, l’andalou, s’recompose une trogne qui r’ssemble à peu près à quelqu’chose. Il est livide, mais il agit avec calme. Il renfouraille son épée pour venir refermer sa pogne sur le pommeau de celle de Natt, avec une grimace étirant l’coin d’ses lèvres et d’un geste vif il la dégage du corps qu’elle a transpercé de part en part, la pointe encore fichée dans une des lames du plancher.

Les escaliers sont redescendu rapidement, nafoute de l’identité d’celui qui sèche là haut. Si sa moitié avait jugé bon d’lui liquéfier sa race c’est qu’il l’avait cherché. Sacré p’tit bout d’belette quand même ! L’cœur tambourinant, l’visage d’sa brune en trogne, l’andalou s’affaire rapidement. La lame souillée est plongée dans l’ruisseau, frottée avec une poignée d’herbe brûlée par le gel et va rejoindre ses affaires sur le dos d’Viento de Abril. Il retourne ensuite à grandes enjambées dans la masure, remonte le maximum de paille et d’planche dans la pièce principale, en recouvre le cadavre gisant sur le plancher d’puis une durée indéterminée et termine par recouvrir le sol avec les tiges blondes qui composaient leur couche. Par miracle, il découvre encore quelques boutanches de désinfectant local restées sur le balcon. Les bouchons sautent, une rasade vient enflammer sa gorge puis l’reste du contenu vient asperger le parquet. L’fils du vent tire alors de sa poche un briquet à amadou dont la flamme vient allumer un des cierges chapardés dans l’église du coin. Un dernier coup d’œil circulaire lancé d’puis l’pas d’la porte et il balance le bâton d’cire enflammé au milieu de la pièce.

Lui qui a pour habitude d’jamais s’retourner lorsqu’il quitte un endroit dans lequel il n’a aucune intention de rev’nir, ne peut s’empêcher d’faire effectuer un d’mi-tour à sa monture. Il étouffe mal un soupire, sorte d’ricochet de l’âme, et r’garde avec consternation leur tanière s’embraser dans la nuit tandis qu’une ribambelle de points lumineux s’échappent du toit d’la masure, percent la nue en sortant d’chaque interstices, tire-bouchonnant dans le ciel sous formes d’escarbilles, qui vont s’éteindrent plus loin sur l’sol gelé. Il observe encore un moment les volutes noires d’un gigantesque nuage de suie, un monstre sans cesse alimenté, roulant et combustible, une force aux moustaches féroces, aux énergies vulcaniennes, dont les formes rebondies s’épanouissent au-d’ssus d’la bâtisse en s’étiolant en panaches et fumées diverses.
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