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[RP] A malins, sadique et demie

Cerridween
[ Un petit matin qui déchante ]


Le soleil s’étire à peine à l’horizon.
Il fera beau aujourd’hui, en ce début de mois de mai qui commence à répandre des odeurs d’été sur les champs. Le silence n’est plus de rigueur. Nature, elle, étend ses droits alors que Perséphone se goinfre non loin. Les gens dorment encore ou papillonnent des paupières alors que les rayons viennent lécher les volets des chaumières.

Elle, elle est debout.
Depuis longtemps.
Campée dans ses bottes cloutées, elle distille l’automne de sa vie et givre les pierres de la cour de Léard du regard.
Énervée…
Peut-être…
En colère…
Sûrement…

Des chiffonniers. Ils se sont battus comme des chiffonniers en pleine taverne dans un duel de coq à savoir qui avait les plus gros ergots. Ils n’ont même pas été frappés par les gifles qui ont retenties. Elles n’étaient pas des semonces.
Elle lève rarement la main. Surtout celle qui lui reste. Elle ne l’a jamais levée que sur son neveu. Ou sur ses ennemis. Elle ne la lève jamais. Et ils ont continué faisant fie de la tempête. L’un continuant à toiser de sa verve, l’autre en claquant la porte sous son nez.
Pas un mot de plus qu’une convocation.

Même si le Faucon était venu se frotter aux murailles froides… elle ne cherchera pas à savoir qui a commencé. Elle ne cherchera pas à connaître le coupable. Elle ne jugera que ce qui s’est déroulé sous ses yeux. Et elle en a bien trop vu.

Les doigts de la main gauche jouent sur la corde qu’ils tiennent comme une prière silencieuse sur un chapelet.

La leçon est déjà écrite… elle est déjà créée dans sa tête… elle sait maintenant enseigner, même contraindre, d’une façon ou d’une autre. Elle est la Dame Noire sur l’échiquier, il n’y a qu’un Fou pour pouvoir la contrer en prenant la tangente. Elle sait prévoir maintenant du bout des pensées, les coups, les réactions, les revers… et eux n’ont pas la taille pour faire face à la puissance d’un tyran, même miniature.

Elle attend, imperturbable statue de marbre, qu'ils se présentent.

Les écuyers eux doivent être en train de prier… et s’ils ne le font pas… et bien ils devraient…

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Gaspard.
[une rencontre plutôt inattendue et pour le moins houleuse]


Une soirée comme les autres, une taverne parmi d'autres, des discutions de fins de journées, tout semblait commencer normalement. Mais c'était avant de comprendre. Au milieu de toute cette normalité surgit un petit gars hautain et le débat s'envenime avant même de pouvoir laisser a Gaspard le temps de réfléchir. Et une chose en entrainant une autre le ton monte, les arguments stupides fusent et la raison laisse sa place a la jalousie puérile d'un jeune écuyer qui cherche encore sa place dans un monde qu'il découvre.

Les paroles échangées sont dures et stupides, injustes et inappropriées dans la bouche des deux jeunes protagonistes. Deux écuyers pour un chevalier; il ne manque plus que la musique lancinante d'Enio Morricone et un saloon sous le soleil de midi. Le duel semble inévitable.
Mais tout cela c'est avant l'arrivée du sherrif Cerridween bien sur...

Le ton ne change pas, une série de gifles s'abat sur l'un comme sur l'autre. Seulement le résultat n'est pas celui voulu. Loin de la même... les deux jeunes écuyers continuent a se chamailler comme deux vulgaires chiffonniers sur un marché.

Avec un peu de jugeote l'un des deux aurait sans doute comprit qu'il était temps d'arrêter mais cela ne semblait pas être le cas... Stupides jeunes qu'ils étaient. Leur fierté leur avait valu une convocation matinale par leur chevalier. Nul doute que la leçon allait être sévère si il fallait en croire les avertissements de Alethea.

Peu importait, après une sale nuit a ruminer sur les accusations de mensongères du Faucon qui voyait en Gaspard un menteur, l'affaire allait être réglée... Dans la sueur et les larmes sans aucun doute. Telle était la promesse faite par la Pivoine. C'est donc les sourcils froncés et les yeux rougis par une sale nuit que le jeune brun s'était présenté au lieu convenu. Attendant celui qui allait sans doute devenir un frère mais qui n'était pour le moment qu'un adversaire.


Bonjour Chevalier. Je me présente comme vous le souhaitiez...

Une corde a la main?... Oups... elle comptait les pendre ou quoi? Ca commençait a sentir le roussi la... Cerridween pouvait être gentille mais son imagination sadique et retors leur vaudrait sans aucun doute un châtiment dont tout deux se souviendraient longtemps. Essayerait elle de les lier par des épreuves communes qui les rendrait tout deux plus humble et surtout plus docile?
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Fauconnier
Attention, lecteur : le RP qui va suivre risque d'être crétin. Très-très crétin. Âmes sérieuses s'abstenir. (ndla)

" Je suis en r'tard, en r'tard, oh oui, je suis en r'tard ! " (Le lapin blanc de "Alice au Pays des Merveilles", sur fond musical de "Bad", de Michael Jackson).

Le réveil matinal avait été rude et abrupt, alors que le Chevalier les avait réveillés de sa botte pour qu'ils répondent bien à leur convocation. Les deux adolescents ébouriffés, perclus de sommeil et les yeux encore embués de leurs rêves et cauchemars personnels s'étaient alors préparés comme chaque matin pour les activités du jour. Activités qui consisteraient pour Adrian, comme à l'accoutumée, à s'assurer que Léard tournait bien ; aujourd'hui, ce serait de s'assurer que le meunier de Beaumont n'appliquait pas des taux trop malhonnêtes pour chaque sac de blé, tout en faisant en sorte que les huit têtes de moutons malades du petit cheptel du village ne l'étaient pas par quelque chose de contagieux qui aurait pu se transmettre à l'ensemble des troupeaux ; l'équilibre économique de Léard étant déjà précaire, Adrian priait instamment pour ne pas avoir à faire en sus à combattre pour tout le cheptel du village la cause d'un mal qui ferait perdre de l'argent au domaine, et des têtes de bétail. L'après-midi, il irait négocier avec l'un des fils du vieux Rodolphe le prix de rachat de son terrain, contre l'abolition de corvées seigneuriales ; ainsi, il en ferait un métayer au lieu d'un serf. Cela se faisait alors beaucoup à l'époque, pour faire en sorte que les paysans restent sur les terres de leur seigneur plutôt qu'aillent ailleurs où les loyers seraient plus bas, ou les corvées moins dures. Et cela permettait aux seigneurs d'avoir de l'argent sonnant et trébuchant de façon rythmée plutôt que des marchandises en nature.
Ces dernières étant importantes, attention ; mais de l'argent valait mieux, à l'époque, que des greniers pleins. Surtout avec les pillards.

Peut-être Karyl l'accompagnerait-il ; il espérait que le jeune garçon prendrait peu à peu plaisir à sa compagnie ; Adrian n'ayant pas eu de compagnon de jeu depuis longtemps.

C'était en tout cas en tenue d'entrainement, avec ses vieilles frusques usitées jusqu'à la toile par les heures de combat à Ryes, que le jeune homme se présenta devant son Chevalier, y retrouvant...

Gas-pard.

Tout avait été dit sur leur rencontre dans le post précédent ; néanmoins, il était bon de rappeler que malgré une ressemblance en terme de vécus très visible, les deux jeunes garçons étaient de parfaits opposés en termes de physiques : le Nerra étant alors construit en hauteur et en largeur, là où le jeune Faucon était lui plus petit de dix à quinze bons centimètres, avec la carrure d'un spaghetti vendu à prix discount. Les psychologies de même : le Nerra étant un temple bouillonnant de susceptibilité et de morgue, alors que le Faucon faisait preuve d'un flegme et d'une tempérance inaltérables face aux évènements. Le feu et la glace se retrouvaient ainsi opposés, et Adrian, ayant l'habitude de ces entrainements matinaux, se présenta face à son Maitre l'attitude neutre. Il savait bien que la vantardise, face à la Pivoine, se payait souvent le prix fort ; et la peur de même.


- " Chevalier. Abruti. "

Nooooooooon, ceci n'était pas du tout de la provocation pure et gratuite d'entrée de jeu. Non...

Mais il ne fallait pas compter sur un enterrement de hache de guerre. Aussi le Faucon salua-t-il de la tête en arrivant la Pivoine et le Nerra, et, ajustant ses gants, annonça-t-il directement la couleur de l'entrainement en annonçant à Gaspard :


- " Alors, motivé, "tête de cul" ? "

Histoire de bien mettre l'accent sur le concept : le muscle et l'esprit sont incompatibles dans une même personne.

Oui ; on a beau en avoir bavé pendant six ans avec la Pivoine, on sait toujours qu'on va en baver, on aime toujours jouer au petit malin.

Qu'ils sont cons, ces gosses.

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Gaspard.
[m'enfin comment il est lui?!]

Douche froide des les premières paroles échangées. Un poing qui se serre alors qu'un sourcil se hausse. "Nan mais il est pas fou lui? Il veut se faire couper la langue ou quoi?" Remarquez ca serait peut être une bonne chose. Pour sur que si le Faucon se faisait limer le bec Gaspard récupèrerait la place d'honneur aux cotés de Cerrid. Mais c'était sans compter sur le petit démon qui trônait toujours sur l'épaule du grand brun et qui lui soufflait toute ses bonnes idées. "saute lui dessus et étripe le!" répétait il sans cesse depuis que le ptit piaf s'était pointé, et les provocations ne faisaient que donner d'autres raisons a Gaspard d'exécuter les conseils qui résonnaient sous sa caboche.

Seulement un coup d'oeil discret vers Cerrid lui fit changer d'avis. Il se souvenait de ses premières leçons et il se força a respirer bien fort pour ne pas faire une énième ânerie qui le conduirait sans aucun doute a un châtiment mémorable. Déjà que l'affaire semblait mal engagée... Mais pourquoi fallait il que la demie portion en rajoute sans cesse?!


Tes problèmes de confiance et d'amour propre tu te les gardes pour toi triple buse. Va donc te faire les griffes ailleurs tu veux bien? Rien que ta voix m'irrite de bon matin... et je ne parle pas de ton odeur.

Gaspard sourit, fier de lui, non pas pour la piètre qualité de sa reparti mais justement pour la mesure dont il avait fait preuve. Il était prêt a en découdre avec beaucoup de monde et a provoquer les gens mais la présence de Cerrid etait une des seules choses qui l'incitait a la prudence. La dérapage de la veille au soir était bien la preuve qu'il y avait des limites a ne pas dépasser en sa présence.

A cause de tes gamineries de hier soir elle va nous pendre a un arbre j'espère que t'es content de toi au moins. Tu es peut être avec Cerrid depuis des années mais c'est a croire que t'as vraiment rien comprit. Tu as peut être un nez de faucon mais t'as une cervelle de moineau et on va se prendre une belle dérouillé a cause de toi.
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Fauconnier
L'humeur équanime, le Faucon ne cilla pas à aucun moment face aux paroles du Nerra.

Il était un peu comme un roc breton placé face à l'océan, par rapport aux critiques faciles et bas de plafond que les enfants peuvent s'échanger entre eux. Adrian avait quitté l'enfance très tôt, obligé de faire de la représentation dans les évènements mondains auxquels sa mère et son beau-père participaient ; il n'avait pas connu les compagnons de jeu ; et de même, les petites piques que les enfants s'échangent à loisir. Il était devenu Vicomte à un âge où la plupart des enfants sont encore peu sûrs de leur avenir, et pire encore, s'était retrouvé largué dans le vaste monde avec la nécessité de s'occuper de lui et de sa soeur. Celle-ci saurait-elle jamais que le vieux Fain, celui qui l'avait opprimée, avait été convoqué par Adrian ? Peut-être bien, ou peut-être pas.
Adrian était ainsi imperturbable face à Gaspard. Et ne lui répondit qu'avec un rictus qui équivalait autant pour un sourire que pour un possible ricanement.

Une petite précision paraissait néanmoins utile à faire : Adrian n'avait rien d'un imbécile. Il savait pertinemment que dans certaines situations, notamment face à Cerridween, clôre sa foutue beuglante peut être une bonne idée certaine. Il savait aussi qu'il risquait de se prendre le retour de bâton de ce pique à glace planté dans l'oreille du Nerra.

Mais... Il en avait besoin pour contrôler cette foutue situation. Il avait vécu dans la boue et le sang sa première rencontre avec le Chevalier, et avait vu son orgueil ravalé de beaucoup par les années qui avaient suivies. Son orgueil se résumait désormais à de l'Honneur, ce qui était très différent : car là où l'orgueil est mal placé, l'Honneur ressemble fort à de l'Ethique ou à de la Conscience de ses actes. Avoir été gestionnaire de domaines, avoir dû faire avec la misère des hommes peut certes vous grandir dans votre suffisance ; mais elle vous montre aussi ce qui pourrait vous arriver si vous ne faisiez pas attention. Et la pique vissée dans l'orgueil du Nerra était surtout parce qu'Adrian se trouvait dans une situation nouvelle, qu'il ne contrôlait pas : la concurrence. Pour la première fois de sa vie, il se retrouvait dans une situation nouvelle de concurrence folle, où il devait à tout prix surpasser le Nerra pour avoir l'amour de son Chevalier, et être son écuyer. Alors le Faucon avait-il choisi, dans son pragmatisme habituel, d'utiliser tous les moyens à sa disposition pour parvenir à ses fins.

Ainsi la première pique avait-elle eu pile l'effet escompté : le Nerra s'était roulé en boule en lui répliquant une argumentation aussi virulente qu'insipide, qui aurait pu effleurer une tenture de soie précieuse comme par un souffle de vent. Dans le second temps, il l'avait aussi rendu tendu, le Nerra s'attendant maintenant à prendre cher pour chaque parole déplacée proférée à ce moment.

Face aux muscles et à la taille, le Faucon insécurisait et excitait pour pousser à la faute.

Le Nerra avait en plus répondu favorablement à ses piques : il prendrait donc autant que lui. Bien... Très très bien...

Le Faucon répliqua néanmoins du tac au tac :


- " Ca sent l'artillerie des grands jours ; ça fuse sec ! Tu m'autorises à pleurer ? Môôssieur la prima donna qui s'estime agressé dans sa suffisance pour tout et rien ? "
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Karyl
Un manoir dans le Maine…
Une nuit qui touche bientôt à sa fin…

La lune brille accrochée à la voute céleste. Léard dort. Derniers instants de silence avant le réveil des hommes. Dernières secondes avant que ne papillonnent les paupières d’un petit blond. Son réveil est difficile, l’impatience de la veille à laissé place à la douceur des rêves. L’œil s’ouvre pourtant, à demi puis se referme, les mains se portent au visage, les membres s’étirent péniblement… quelques minutes encore…. Soupir.
La lutte des astres commence et la blafarde recule laissant peu à peu la campagne se gorger de lumière. Dans la chambre, les premiers rayons solaires viennent caresser le mobilier. La bougie est soufflée. Le jour est là. Il est temps de partir.
Dernier regard à la chambre qui ressemble d’avantage à un champ de bataille. Les draps sont éparpillés en multiples boules au pied du lit tandis qu’oreillers, traversins, vêtements et autres jouets jonchent allégrement le sol. Le matériel de pêche traine négligemment dans un coin pendant que le lit, nu de toute couverture, se fait porteur de divers livres, parchemins et autres objets.
Le regard enfantin glisse jusqu’au miroir. L’onyx contemple satisfait la silhouette qui s’y dessine. Karyl s’est paré de ses haillons parisiens fraichement lavés et raccommodés, laissant pour plus tard les beaux habits achetés par Gaspard. Sa dague à rejoint son flan tandis qu’épée et bouclier de bois sont posés sur le lit. Il est fin prêt…

A quoi ? Ça, Il ne le sait pas vraiment en faite mais le mioche a compris la veille en les voyant revenir au manoir que cette journée ne serait pas ordinaire. Il a vu leurs mines sans vraiment comprendre, a bien essayé d’en savoir plus à l’occasion de sa tournée nocturne dans les diverses chambres du manoir mais sans succès. Curiosité piquée au vif, Il n’apprit qu’une chose, les écuyers étaient convoqués… Ce matin donc, pas de partie de pêche en compagnie de nats, de visite du domaine avec Adrian ou de nettoyage d’écuries, ce matin le petit homme de Léard allait se faire espion.

Or, pour mener à bien une mission aussi importante que celle qui l’attend, le garnement se doit d’avoir le ventre plein. Il serait vraiment bête de se faire surprendre à cause d’un gargouillis intempestif ! Manger quelques gâteaux est donc impératif, il en va du succès de l’opération. Et c’est donc sans le moindre remord qu’une fois à la cuisine, les petites mains s’emparent de tout ce qui traine à leur portée. Pâté et pattes de fruits sont ainsi enfournés les uns à la suite des autres à une vitesse impressionnante tandis que Gâteaux et saucisson atterrissent directement dans les poches du môme… Ben oui hein, faut bien penser à faire quelques réserves. C’est ainsi qu’une bonne partie des gourmandises pouvant se trouver à la cuisine du manoir finit directement dans les poches du minot.

Ne reste plus maintenant qu’à prévenir Laïs et trouver le lieu de la convocation. Course folle est alors engagée dans les couloirs du manoir jusqu’à la chambre de la jeune fille. Coups portés à la porte et petite voix qui murmure : «Laïs ? Laïs ! ce est moi Karyl ! faut tu viens on va jouer à l’espionnage !» Parchemin explicatif glissé sous la porte après quelques instants et voilà le gamin qui file déjà à la recherche d’Adrian qu’il manque de peu de percuter à l’angle d’un couloir… Oups… Petit air innocent sur la trogne et un mensonge plus tard, voilà notre espion en herbe qui, après avoir feinté un départ vers une quelconque aventure, revient sur ses pas, sourire malicieux aux lèvres. « Faut je fais de la discrétion pour pas il me voit et après je me cache et … bon elle fait quoi Laïs… c’est nul les filles faut toujours que on les attend » Petite moue boudeuse alors qu’il regarde derrière lui le couloir par lequel il était arrivé. « Bon moi je ai pas envie de faire de l’attente toute la journée hein ». Haussement d’épaules et voilà le petit blond qui emboite le pas à Adrian avec sa discrétion naturelle, s'arrêtant à la porte d’entrée du manoir que l’écuyer vient de franchir.


- " Chevalier. Abruti. "
- " Alors, motivé, "tête de cul" ? "


Voilà bien tout ce que l’enfant a le temps d’entendre avant que la joute verbale entre les deux garçons ne lui parvienne trop diffuse aux oreilles pour être comprise. Qu’à cela ne tienne, notre petit espion à déjà une idée et se met à traverser en courant le manoir jusqu’à atteindre la porte arrière qu’il ouvre aussi grande qu’il peut pour pouvoir passer. Petit regard à droite, petit regard à gauche… rien. La voie dégagée ne reste plus au môme qu’à courir jusqu’aux écuries, semant au passage nombre de victuailles qu’il s’empresse de ramasser avec grande « discrétion » vous l’aurez bien compris se disant en bon tacticien qu’il est que : « s’il ne les regarde pas, il les voit pas et s’il ne les vois pas alors ils me voient pas non plus... » logique non ? Butin récupérée et chemin dangereux passé avec brio du point de vue de l’espion junior persuadé d’être aussi génial qu’invisible, le voilà qui longe les murs Nord, puis Est du bâtiment qu’il a rejoint à coup de grandes enjambées « silencieuses ».

Et c’est une tête blonde qui dépasse alors quelques instant plus tard du mur Est de l’écurie - très discrètement évidement– pour observer ce qui se passe. La maître d’armes est sur le point d’intervenir, le petit sourit tout en enfournant dans sa bouche un premier morceau de saucisson. Poste d’observation atteint avec «talent» ne reste plus qu’à s’avancer un peu… juste un peu…

La matinée promet d’être des plus intéressantes…

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Un simple gamin des rues.
Gaspard.
[Mais il se tait jamais lui?]

Même le plus solide des rochers se poli a force de subir les assauts de la mer, mais ce jeune petit faucon malgré les tempêtes que Cerrid avait du lui faire essuyer était tout en arrêtes anguleuses et en provocation. Le jeune brun n'était pas écuyer de Cerrid depuis longtemps mais il avait au moins comprit l'importance du silence et il était évident que le Faucon avait aussi eu droit a ces leçons... Alors pourquoi s'enfoncer comme ca? Pure sadisme que d'emmener le Nerra avec lui dans sa chute auprès de Cerrid? Ca ne pouvait pas se passer comme ca. Gaspard avait trop attendu, trop travailler pour laisser un lutin lui voler la vedette.

Il n'aurait pas recours a la force, l'écuyer bis étant sans aucun doute rapide et affuté par des années d'entrainement; il avait semble t-il la langue bien pendue et ce n'était en aucun cas le meilleure des solutions de poursuivre le combat sur ce front. Alors que restait il? Mettre sa fierté dans sa poche et se cacher derrière Cerrid comme un gosse effrayé? Ah ca non... Hors de question de faire preuve d'autant de faiblesse devant son nouvel adversaire/cohequipier.

Il restait l'indifférence. Gaspard n'etait pas comme ca... Il avait une grande gueule et bien souvent les informations passaient par sa langue sans faire un tour par le cerveau quand il parlait... mais en se forçant un peu il y avait moyen de retourner la situation...


Sire Fauconnier je crois que vous vous emportez... Pensez vous vraiment que vous faites honneur a notre chevalier a vous exprimer ainsi? J'en ai assez de ce petit jeu. Je vous concède le titre d'écuyer le plus impoli et le plus provocateur. Quelle belle victoire. J'espère que vous en profiterez bien car l'arrière gout risque d'être amer.
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Cerridween
Les claques viennent de résonner.

Mais sur la joue du Faucon...
Les yeux annoncent cette fois plus qu'une tempête. Un typhon. Les émeraudes taillées à vif sont en train de disséquer le visage de l'écuyer. La canne vient de passer entre les deux adolescent pour lui laisser la place de se caler entre les deux et de toiser Adrian.

Il n'y aura pas d'explication. Les deux sentences sont tombées. Il a provoqué. Il paie. Surtout que le jeune Nerra a eu l'intelligence de ne répondre que des vérités sur le fond. Même si sur la forme il n'a pas encore bien tout assimilé malgré la leçon devant un poison qui faisait le fier du haut de ses insultes qu'il s'est retrouvé gentiment retourné contre lui pour lui clore le bec. Encore du parcours à mener, les efforts paient peu à peu, signifiant qu'il a bien mit le pied à l'étriller. Cependant la tension est palpable, pour la guerrière qui a apprit à sentir les muscles se tendre, qui sait lire les silhouettes, les sourires et les gestes anodins.


Les yeux toujours plantés dans les prunelles du Faucon distillent tout ce qu'elle veut lui dire. Sa colère... mais surtout, dissimulé à Gaspard, qui ne peut les regarder, ils distillent la déception. Là au fond, derrière la fureur glaciale qui la caractérise.

Le silence a assez duré.


Le premier qui ouvre la bouche mange de la soupe pendant deux semaines... vous avez ma parole... si vous vous avisez de bouger ne serait-ce que le petit doigt, sachez que vous ne pourrez vous lever qu'en gémissant de votre couche pour aller curer les latrines et cela jusqu'à ce que ma colère soit dissipée...

La silhouette noire recule lentement sans les perdre des yeux et se baisse pour saisir la corde qu'elle a lâché pour administrer la correction qui convenait. Les doigts raclent la poussière et s'emparent du chanvre, alors que la main droite a gardé la canne...

Nouveaux pas vers les écuyers.
Elle met un bout de la corde dans la main d'Adrian.


Tiens ça.

Le ton sec n'admet pas de rebuffade.

Adrian lève le bras droit... Gaspard le gauche.

Puis elle entame un tour, autour des deux chieurs nés.

Vous voulez être Licornes....


Elle passe dans leur dos... lentement... la voix sifflante...


Vous voulez que je vous respecte et que je vous fasse confiance...


Elle fait le tour de Gaspard et repasse devant eux...

Vous êtes de jeunes cons sans aucune jugeote et avec un peu trop de sang et pas assez d'esprit.

Nouveau tour.


Vous voulez être Licorne et vous ne vous respectez même pas...

Encore un... entrecoupé de silence. Puis elle s'arrête près de Gaspard et tire d'un coup sec sur la corde. Les deux écuyers se retrouvent collés sous la secousse et elle vient reprendre le bout de corde tenu par Adrian. Elle essaie de ne pas grimacer quand sa main droite aide la gauche à faire un triple nœud serré.

Et bien je vais vous traiter comme des gamins puisque vous vous conduisez comme tels... Si je vous aperçois détaché, vous ne pourrez plus jamais prétendre un jour arborer un mantel licorne. Que ce soit clair. Aujourd'hui vous allez faire ce que fait un écuyer pour moi... il va falloir récurer l'écurie, faire les cuirs, se charger des courriers courants, faire l'entretien de mes armes... l'entrainement sera pour quand vous aurez fini tout cela quelle que soit l'heure.

Elle se recule un instant et les toise de nouveau avant de se retourner.

Je ne vous souhaite pas la bonne journée...

La silhouette noire disparaît vers la porte du Manoir.
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Alethea
Rituel de fin de garde qui s’installe. Depuis maintenant quelques semaines Alethea a établi sa modique, récente mais si plaisante coutume. Elle rentre à Leard ! Avec un mélange de culpabilité et d’impatience. Elle laisse les autres Licorneux à leurs tentes et fait le chemin jusqu’au Manoir. Pour se reposer, pour y voir son Capitaine, pour y lire et y répondre aux courriers d’un Écuyer, pour apprendre à en connaître couloirs et alentours, pour y être tout simplement.

Mais ce matin, avant de partir, elle a fait un détour. Elle est passée par la ville, elle a réveillé une brunette et l’a traînée, encore un peu engourdie jusqu’à Rixende, juchée dessus avec un grand sourire en lui promettant qu’on viendrait chercher toutes ses affaires puis, devant son inquiétude, l’a redescendue pour la poser dans une chariote conduite par un paysan. C’est comme ça qu’elles ont vu s’effacer les dernières grisailles de la nuit, en bavardant, l’une sur son Trakehner, l’autre sur son tas de paille, au son des commentaires de la Tourangelle et des réponses maladroites de la Licorneuse, qui, à chaque fois, espérait vainement que la fille de son ami n’y trouverait plus matière à rebondir sur une nouvelle demande.

A leur arrivée aux portes de la propriété les ombres ont presque finit de se dissiper mais les brumes persistent encore. C’est au milieu de ces vapeurs blanches que l’Errante remarque la fine silhouette de la rousse qui fait face à celles de ses deux jeunes écuyers. Ils ont beau être déjà plus grand qu’elle, elle les tient en respect. Les corps raides des deux garçons qui se font face, en écho à la dispute de la veille, semblent sous la froide emprise de la colère du chevalier. Ce courroux Alethea l’a déjà éprouvé. Le souvenir d’une cérémonie d’intronisation placée sous son joug revient à la brune qui tente de le dissiper d’un battement de paupière plus appuyé.


Le premier qui ouvre la bouche… … sachez que vous ne pourrez vous lever qu'en gémissant de votre couche pour aller curer les latrines et cela jusqu'à ce que ma colère soit dissipée...

D’un geste de la main elle demande l’arrêt de l’attelage et le silence de ses occupants puis saute rapidement au bas de sa jument pour se rapprocher des éclats de voix et de l’étrange danse que le Chevalier de Vergy entreprend autour du couple d’ergoteurs. Adrian Fauconnier, qu’elle commence à connaître un peu, superficiellement malgré tout. Et Gaspard de Nerra. Rien de moins que le fils de sa marraine et pourtant un total inconnu.

Son pas ralenti et elle cesse d’avancer maintenant qu’elle peu distinguer quelques expressions sur les visages. La veille, lorsqu’ils se sont croisés pour la première fois, elle a bien remarqué qu’Adrian supportait mal l’ingérence de Gaspard dans ce qu’il devait considérer comme ses responsabilités. Elle a vu aussi le nouvel arrivant, qui avait besoin de s’affirmer dans son nouvel environnement, lui tenir tête.


Et bien je vais vous traiter comme des gamins puisque vous vous conduisez comme tels... (…) l'entraînement sera pour quand vous aurez fini tout cela quelle que soit l'heure.

La menace a résonné dans la cour et les deux garçons ont vu leur morgue fondre avec la distance qui les séparait. Cerridween qui lui tournait le dos s’éloigne et Alethea pose un regard inquiet sur eux avant de se racler la gorge pour leur signaler sa présence. Elle a déjà goûté à ce genre méthodes et le souvenir en est encore cuisant alors son regard n’a ni compassion ni pitié parce qu’elle sait que rien ne leur serait plus insupportable en cet instant.

Un conseil… Exécutez-vous vite. Prouvez-lui juste que vous pouvez passer sur vos querelles, pour elle ou pour l’Ordre, pour ce que vous voulez mais montrez-le lui.

Sans attendre de réponse elle se tourne pour chercher Natsuki du regard puis, après une hésitation, elle revient vers les deux garçons…

Adrian ? Pourquoi est-ce que vous êtes encore Écuyer personnel ?

La question a fusée. Pas comme un reproche mais plutôt comme un réel étonnement. Il a l’age et, surtout, les derniers mois de mission ont prouvé qu’il pouvait largement prétendre au statut d’Écuyer, membre de plein droit de l’Ordre. Alethea qui l’a toujours connu au service de Cerridween ne s’était jamais arrêtée dessus mais à présent que la présence de Gaspard crée un conflit elle se demande pourquoi il ne les a pas vraiment rejoints.
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Natsuki.
Le surlendemain du jour où elle créa Théobald, Alethéa -qui était ce que l’on pourrait nommer pour Natsuki, une sorte de tutrice bien que pas tout à fait- vint la voir à l’auberge où elle logeait pour la transbahuter dans une charrette au confort pas très bien défini, direction Leard. Son esprit embrumé ne put totalement discerner les intentions de l’errante : il était question d’une visite, puis par la suite d’une installation, car bon, l’auberge c’était bien mais elle préférait la savoir dans la demeure de la pivoine. Soit. Par ailleurs ceci n’était guère pour déplaire à la tourangelle : les représentations nocturne des rongeurs ayant élu domiciles dans sa chambrette commençaient lentement mais sûrement à la fatiguer, d’où son inconfort matinal.

Durant la courte durée du voyage, Natsuki s’occupa à se remémorer ces fichus rats et leur courses poursuites près de son lit. Elle se réjouissait de l’au revoir imposé par la licorneuse, même si cette dernière n’était au courant des soucis de logement de sa protégée : Natsuki n’ayant eu le loisir de lui en référer. Adieu rats des villes, non rat des champs elle n’ira pas te dire bon jour. Son père rat des bibliothèques, de ceux-ci elle en avait déjà suffisamment côtoyé. Puis à Leard, nul doute qu’il y aurait un ou deux bons matous, miaulant feulant griffant et chassant toute proie se présentant sous leurs yeux. Ils allaient voir ce qu’ils allaient voir. Elle conversa aussi avec Alethéa, sur des sujets divers mais oubliés sitôt discourus.

Puis la charrette s’arrêta, fin du voyage, descendez s’il vous plait. La fille resta néanmoins assise encore un peu dans la charrette : l’inconfort de l’escapade l’avait quelque peu chamboulée, la route cahotante et cailloutée l’ayant pas mal secoué. Mais bon : elle allait quitter ses amis rongeurs et être mieux logée, cela valait bien quelques sacrifices, aussi incommodants soient ils. Il paraissait même qu’il y avait à Leard une salle d’arme. Puis au bout de quelques secondes elle descendit du véhicule, fit quelques mouvements histoire d’être certaine d’avoir retrouvée ses jambes et se rendit près d’Alethéa qui venait tout juste de terminer d’admonester les deux écuyers. Mais de ceci, Natsuki n’était au courant, ayant juste vu la pivoine s’énerver. Peut être qu’ils avaient fait quelque chose de pas bien, ou peut être que quelque chose n’avait pas été bien faite.

Peut être y avait il des rats…

Il fallait s’en assurer.


Il y a des rats à Leard ? Adressé à quiconque voudra répondre.
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Fauconnier
- " Noooonnn... Nooooonnnn... Nooooonn... Naoooooooon ! ... Me laissez pas attaché avec ce c************ ! "

Dépit. Lassitude.

Bon... Il allait donc falloir apprendre à cohabiter. Ben mon vieux, on était pas dans la marde. Il y eut un instant de flottement. Un instant où les deux gamins se regardèrent sans dire un mot, l'un et l'autre hésitant entre se jeter à la gorge comme de jeunes chiens pouilleux avides d'en découdre, et coexister pacifiquement comme on le leur demanderait. Le vent soufflait lentement sur Léard, agitant leurs mèches éparses au gré du zéphyr qui poussait de façon aléatoire et nébuleuse les cumulonimbus placides qui paissaient peinards dans les hauteurs méphitiques du ciel de cette fin de printemps. Le gris des nuages se mêlait au bleu du ciel ; ce serait une douce journée ; sans chaleur excessive, sans pluie, et sans trop de vent ; une journée parfaite pour un entrainement. Les obsidiennes du rapace se posèrent sur les saphirs du jeune ours blanc. La terre noire rencontrât la mer. Et les flammes s'apaisèrent un instant, avant de repartir de plus belle. S'apaisèrent, avant de repartir. S'apaisèrent...
C'était une situation nouvelle pour Adrian ; car il n'avait plus partagé le quotidien d'un garçon de son âge depuis bientôt six à huit ans, depuis qu'il avait vu Luthi' depuis la dernière fois. Jeune homme de douze ans qui n'avait plus que Ryes comme structure de vie, il s'était donné corps et âme à l'Ordre de la Licorne car il n'avait personne d'autre. C'était l'époque où le deuxième Prince de Condé, Almaric de Margny, était mort ; celle où sa mère, qui aurait pu être sa douairière, avait basculé dans la folie ; celle où Sirius et ses deux fils, les héritiers du Prince, étaient morts coup sur coup. Une période sombre pour les Margny-Riddermarks, qui ne s'en étaient relevés que récemment. Avec l'avènement d'Uruk comme Prince de Condé ; un obscur hobereau de Franche-Comté, qui s'était d'un coup retrouvé à la tête d'un nom, de terres, d'une fortune, et d'un prestige colossal. Un poids qui paraissait toujours, à l'heure actuel, bien trop lourd pour le Baronnet du Comté-Franc.
Adrian s'était ainsi retrouvé au beau milieu d'une forteresse immense et gargantuesque, nimbée d'un prestige certain et retentissant. Il s'était présenté comme on lui avait appris à le faire : la tête haute et le port altier. Il s'était comporté en seigneur, et, face à son Maitre... Il avait compris qu'il n'était rien.
Cela aurait pu en rendre certains haineux ; leur donner des envies de revanche, vis à vis de cette femme qui avait dominé. Cette bâtarde qui lui avait imposé dans la chair les principes même du respect dû aux hommes. Mais paradoxalement, cela l'avait libéré. Adrian s'était ainsi retrouvé dans un endroit où il avait tout à prouver, et où il n'avait aucune responsabilité ; il n'avait pas le poids de sa soeur à supporter ; celui des terres familiales à gérer ; celui de sa riche famille, et des besoins des cours de plusieurs duchés. Il avait été dans une maison riche, où hommes et femmes ont réellement vécus sans artifices et sans malices, et où on le voyait pour ce qu'il était, et pas pour ce qu'il devait être : c'est à dire un jeune homme perdu, qui avait encore besoin de beaucoup apprendre. On lui avait juste demandé de faire ce que l'on lui demandait, et d'apprendre. Même pas d'être Comte ; ou d'être sage, poli. Juste d'Être ; et d'apprendre. Alors il avait appris ; mais au milieu d'hommes et de femmes beaucoup plus âgés que lui ; marqués par la vie ; marqués par les combats et les querelles. L'aigreur et la beauté de ces Chevaliers lui avait en quelque sorte montré la voie. Et c'était en cotoyant la nouvelle génération que formaient Alethea et Bess Saincte-Merveille qu'il souhaitait parvenir au niveau de son maître. Mais là encore, il n'était qu'un jeune homme, au milieu d'hommes plus vieux.

Sa rencontre avec Karyl avait bousculé des codes ; bousculé des habitudes. Adrian avait d'un coup dégringolé dix bonnes années de sa vie, pour se retrouver face à un tout-jeune adolescent, un petit bonhomme haut comme trois pommes sans une once de malice et de bravache, qui ne demandait qu'à apprendre et à jouer. Le compagnon de jeu idéal pour l'enfant qu'il n'avait jamais été. Il lui avait alors promis de lui enseigner le combat, et comment diriger une terre. Karyl lui avait promis de lui raconter des histoires et de l'aider. Le marché avait été conclu. Et leur rencontre s'était achevé sur la méfiance vis à vis de Gaspard... La méfiance face à un personnage redoutable.

Alors leurs yeux se détournèrent. Oui, ils collaboreraient. Oui, ils feraient ce que l'on leur avait demandé. Et ils le feraient bel et bien par la force des choses. D'un seul pas, ils allèrent alors traverser la cour de Léard pour commencer leurs tâches là où elles seraient les plus simples : l'écurie, pour faire les cuirs. C'était proche, c'était chauffé, et baste.

C'est alors qu'ils virent Alethea s'approcher d'eux, le regard aussi neutre qu'il convenait en pareille circonstance : on ne se moque pas, et surtout, on n'esquisse pas la moindre pitié.


- " Un conseil… Exécutez-vous vite. Prouvez-lui juste que vous pouvez passer sur vos querelles, pour elle ou pour l’Ordre, pour ce que vous voulez mais montrez-le lui. "

Il n'y eut aucune réponse des deux gamins.

- " Adrian ? Pourquoi est-ce que vous êtes encore Écuyer personnel ?

- Parce qu'elle est mon Maître. Autre question ? "

Et c'est ainsi que répondit Adrian, sur une réponse à la fois évasive et évidente ; Cerridween était un Maître de première qualité ; pourquoi s'en séparer ? Les bons maîtres sont trop rares pour que l'on s'en sépare facilement.

Et une fois la conversation avec Alethea finie, ils avancèrent ainsi à deux de front, leurs jambes tentant d'adapter leur rythme, les deux bras attachés comme des saucissons. Les personnes dans la cour de Léard les regardaient goguenards, ayant probablement l'habitude de voir des gamins punis pour des bêtises. Les paysans baissaient les yeux en souriant sous cape. Les hommes d'armes, de Léard ou de la Licorne, gardaient les yeux levés en souriant à pleine bouche, exposant des chicots parfois monstrueux ressemblant à des langues de chat saupoudrées de sucre émergeant d'un pot de gelée de framboise. Des clercs, les bras chargés de documents, passaient à côté d'eux sans les voir. Des chariots et des chevaux les frôlaient, ajoutant à l'animation de la cour qui, sans ressembler à une cité, était tout de même bruissante d'activité. On entendait au loin le choc des armes d'entrainement, celui des coups de marteaux sur le métal, avec le hennissement des chevaux. Une odeur de paille fraiche, de fumier, d'herbe mouillée et d'air pur était à leurs narines.

Ils parvinrent ainsi en quelques instants à l'écurie, dont ils ouvrirent la porte du côté qui permettait aux hommes d'écurie d'entrer, tout en évitant d'ouvrir grand les portes qui ne l'étaient que pour la sortie des bêtes. Puis, pénétrant de front, ils...

* BLARF ! *


- " Ayeuh ! C'est ta faute, imbécile ! " Regard peu amène l'un vers l'autre des deux jeunes gens qui venaient de se manger les linteaux de la porte en tentant de passer tous les deux de front. Ou comment ne pas vouloir céder un pouce de terrain. L'un comme l'autre têtus comme des mules, ils étaient allés... Littéralement droit dans le mur.

- " Raaaah, mais quel c** ! Tu pouvais pas te pousser, nom d'un chien ? "

Et l'engueulade de se poursuivre encore quelques instants alors que les deux gamins rentrent dans l'écurie, et se partagent les tâches. Il y avait ainsi plusieurs jeunes gens dans les écuries, affairés à faire tourner les montures de bât et de monte qui circulaient entre Léard et le Mans, en direction du camp des Ordres Royaux. Trois palefreniers de Léard s'occupaient de l'étrillage des montures appartenant au domaine, qui s'occupaient des labours des terres. Deux balayaient la paille des allées pendant qu'un autre s'occupait de changer la paille des bêtes. Un homme d'arme s'occupait d'une portée de chiens, dans un coin. C'était une écurie pleine d'activité.
Ils allèrent ainsi jusqu'au boxe où se trouvait la monture du Chevalier de Vergy, un gigantesque Shire bien plus haut que sa propriétaire. C'était le boxe le plus près du mur Est, en l'occurrence. Et le travail débuta, chacun s'occupant des cuirs et de l'écurie, Adrian s'occupant de la selle et des étriers, Gaspard prenant en charge le mors, les rennes et les sangles. Puis ils changèrent la paille, nettoyèrent les stalles attenantes avec celle du Shire, et s'occupèrent des mangeoirs, de l'eau et de tout ce dont avait besoin la bête. Ils balayèrent ; ils nettoyèrent ; ils récurèrent. Bref : en presque deux heures, ils firent tout ce que l'on attendait d'un écuyer en terme d'entretien d'animal.
Ils parlaient peu ; leurs mots restaient cantonnés au strict nécessaire pratique ; ils ne parlaient presque pas d'eux. L'objectif était que le tout soit bien fait.

Jusqu'à ce que...


- " Karyl ? Didju, mais que fais-tu là ? "
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Gaspard.
"Achevez moi! Tout mais pas CA!"

Visage dépité, mâchoire tombante et regard voilé. Voila donc ce que c'était d'être un prisonnier accroché a un boulet, relié a une entrave que rien ne pouvait briser. Cerrid avait tôt fait de tourner les talons en laissant les deux jeunes écuyers sur place comme les sales gosses qu'ils étaient, la fureur toujours profondément ancrée en eux. Jetant des regards a la dérobé a son "boulet" Gaspard commença a se demander comment ils avaient réussi a en arriver la en seulement deux brèves rencontres. A son entré au service de la Pivoine il n'aurait jamais imaginé se trouver dans cette situation humiliante autant que déplaisante. Lâchant un profond soupire de désespoir il se rendit a l'évidence, il allait falloir travailler de concert avec le nain saucissonné a son bras sans quoi ils passeraient leur vie attaché ainsi... Et sans doute que ca n'aurait pas fait d'avantage plaisir a Maeve qu'a Gaspard.
Et après tout pourquoi tant de jalousie? Adrian ne pouvait il pas être une aide? Deux écuyers ça veut dire, en théorie, deux fois de taches pour chacun. C'était une pensé a méditer... et du temps il en aurait pour ça étant donné que les taches de la journée allaient user plutôt leurs mains que leurs cervelles.

Se laissant entrainer malgré la taille plutôt réduite de son comparse ils entreprirent donc la traversé de Leard, entendant de ci de la quelques ricanements que l'ours préférait ne pas mettre sur le compte de sa pathétique situation. Marcher la tête basse n'était pas une habitude mais cela avait le mérite de ne pas confirmer les doutes qui le tiraillaient quant a la raison des rires. Que penserait Maeve si elle voyait son promis en ce moment? Nul doute que le rouge lui monterait aux joues et qu'elle aurait honte de son écuyer de fiancé. Elle qui était si loin et depuis si longtemps... si elle avait été la elle aurait calmé Gaspard la veille au soir et éviter que tout ca ne dérape mais son absence avait tendance a le mettre sur le nerfs. Nouveau soupire de dépit alors qu'il jette un regard en coin au Faucon.
Puis une phrase le sort de sa torpeur, sans même s'en être rendu compte il se trouvait au niveau de Alethea dans une charrette. Petit sursaut malgré la voix relativement douce.

« Un conseil… Exécutez-vous vite. Prouvez-lui juste que vous pouvez passer sur vos querelles, pour elle ou pour l’Ordre, pour ce que vous voulez mais montrez-le lui. »

Acquiescement silencieux avant de retomber en semi léthargie. Que faire d'autre? Ils avaient fauté et il fallait maintenant assumer... La conversation ne se portait plus sur lui aussi il attendit sagement que son comparse se remette en route, ce qui arriva relativement vite.
Plus il pensait a l'incident de la veille plus il avait honte de lui. Mais hors de question de lâcher le morceau en premier. L'écuyer bis avait réouvert les hostilités des le matin au lieu de se montrer désolé, refermant la porte que Gaspard aurait pu laisser ouverte pour une réconciliation a l'amiable. D'ailleurs maintenant que Cerrid n'était plus c'était peut être le moment d'une attaque vengeresse... « Stupide Écuyer! Tu recommences a ne pas réfléchir! ». Il se serait bien frapper le front mais bien vite il s'aperçoit que son bras droit est comme qui dirait « inutilisable ».
Il recommençait a se comporter comme un sale gosse voulant résoudre le problème avec ses poings. Il fallait bien le reconnaître c'était une option que le jeune brun avait toujours trouvé bonne, une bonne raclé valait souvent mieux qu'une longue et stérile explication. Avec quelques pouces de moins il penserait sans doute différemment mais sa taille l'encourageait a se montrer quelque peu belliqueux depuis qu'il avait prit conscience de sa force. Taper sur la viande la rendait plus tendre les bouchers le savaient bien alors sans doute était ce pareil pour les écuyers rebelles et les malotrus...

Mais zut... Adrian était écuyer comme lui... Ils avaient le même maitre et le même avenir s'offrait a eux au seins de la Licorne. Alors qu'il ruminait silencieusement en grommelant la porte de l'écurie n'était plus qu'a quelques pas. Relevant la tête, bombant le torse, il entreprit d'accélérer un peu. On allonge les pas, on torche le boulot et on rentre! Compagnie en avant!


BLARF!

Haaaan! Mais c'pas possible d'être aussi stupides! Comme un marin avec des chaussures en pierre qui tombe a l'eau Gaspard a chuté a cause de son boulet préféré. Regard meurtrié

Ayeuh ! C'est ta faute, imbécile !

« Raaaah, mais quel c** ! Tu pouvais pas te pousser, nom d'un chien ? »

Et re- belote, c'est reparti pour une joyeuse partie d'engueulade digne des plus grands charretiers du Maine. Invectives, menaces, la tension est palpable mais s'estompe presque aussi vite qu'elle est arrivée. La priorité étant de préserver le peu de dignité qu'il leur reste... Pour peu qu'il en reste bien sur. Première mesure commune! Première victoire ou premier signe de faiblesse? Hum... La chose a deux têtes et trois bras se relève tant bien que mal et entre, doucement mais surement, sous le regard amusé des quelques palefreniers à l'œuvre.
Direction le box du cheval géant de Cerrid, le sublime Shire devant lequel Gaspard rêve a chaque fois. Nul doute qu'il donnerait n'importe quoi pour la même monture. Une puissance et pourtant un tel calme émanent de l'animal. Cette alliance étrange ne peut qu'impressionner; et sur le jeune ours cela tourne à une véritable fascination, presque hypnotique. Il pourrait rester des heures à admirer le sublime animal. Mais l'heure n'est pas aux rêveries et au papillonnage.
Se glissant sans un mot dans le box ils s'attaquent ensemble aux tâches. Deux bras pour deux... Le seul moyen d'y arriver est de s'entraider, les deux jeunes connaissent les tâches et peu de mots sont échangés; ils savent ce qu'ils ont a faire et ils ne trainent pas. Le travail n'est pas parfait, loin de là, autant par le manque de coordination que par le manque d'entrain. Mais on ne pourra pas dire que ce n'est pas fait, l'odeur de la graisse envahit peu a peu l'air ambiant. Cette odeur apaise le jeune vicomte d'Ambert; il a appris à aimer les petites choses simples qui rythment la vie d'un écuyer, le son d'une pierre sur la lame d'une épée, l'odeur d'un parchemin qu'on ouvre, la poussière fine qui recouvre ses bras en étrillant un cheval. Ce sont ces petits détails, pour beaucoup insignifiants, qui apportent un certain réconfort à l'écuyer. C'est le bruit du travail, les douces sensations qui font qu'on se sent utile. Imperceptiblement un mince sourire commence à s'étirer sur le visage du Nerra. Au début il avait pensé ne jamais s'y faire, son corps perclus d'ampoules à des endroits divers, les courbatures qui gâchaient ses nuits, la crasse qui s'incrustait dans le moindre recoin de sa peau et de ses atours et qui l'irritait... Tout cela semblait surhumain. Mais une fois que les ampoules sont crevées alors la peau durcit, les cals se forment et tout rentre petit à petit dans l'ordre. Il en était de même pour tout. Et pour la première fois il commençait à ressentir un vague sentiment pour le nain: de la fraternité?...
Après tout ils étaient passés par les mêmes épreuves tout les deux... Et ils les avaient surmontés seuls... mais aujourd'hui le destin, par le biais d'une pivoine sadique, les faisait se rencontrer et ils n'étaient plus seuls. Était ce là ce que Cerrid essayait de leur faire comprendre?...
Puis une voix brise le silence et oblige le Nerra à lever les yeux sur... Karyl!


M'enfin... mais Karyl qu'est ce que tu fais là?!

Comment ca la question est deja posé? mais noooon! Quand c'est Gaspard ca n'a rien a voir voyons...
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Karyl
- " Karyl ? Didju, mais que fais-tu là ? "

Pour répondre à cette question, un petit retour sur les activités du petit blond durant deux dernières heures semble s’imposer. Revenons alors au moment ou Cerridween de Vergy, plantée devant Adrian et Gaspard, décida que la joute verbale entre ses deux apprentis avait assez durée et mit alors sa sentence à exécution…

C’est avec un plaisir non feint et la bouche pleine que, caché derrière l’écurie, le petit espion avait observé la maître d’armes donner leçon à ses écuyers. Le blondinet n’était pas sans savoir tout l’amour que ces deux là se portaient aussi, tel tableau l’avait franchement fait rire, avec discrétion évidement. Les voir ainsi attachés lui avait d’ailleurs donné l’idée à de nombreuses bêtises et notamment l’envie d’aller pavaner librement devant eux et pourquoi pas les inciter à lui courir après par l’emploi de quelques piques bien choisies. Nul doute que la scène eut été des plus drôle, le mioche en avait rit d’avance. Hélas, les arrivées successives de Théa et de Nats avaient mis à mal son projet le faisant râler une fois de plus contre la gente féminine vous vous en doutez bien.

Occupé à ronchonner, c’est de justesse que Karyl s’était rendu compte que les deux écuyers avaient délaissé les filles pour se mettre au travail se dirigeant dangereusement vers sa position. Oups. Pas le temps alors de se mettre un petit saucisson sous la dent pour se réconforter, il avait fallut faire vite pour se cacher. Adrian et Gaspard auraient d'ailleurs surement pu apercevoir une tête blonde dès plus familières disparaitre à l’angle Est du bâtiment s’ils avaient été plus attentifs à leur environnement. Chance pour le petit homme, il n’en fut rien. Soupir de soulagement, saucisson bien mérité finalement croqué, ne restait plus au blondinet qu’à écouter. Faut dire que les deux loustics n’étaient pas dès discret et c’est sans surprise qu’un « BLARF ! » suivit d’une nouvelle dispute était arrivé aux oreilles de l’espion junior sans tarder.

Sourire sur la trogne, le gosse s’était relevé. Coup d’œil à droite, coup d’œil à gauche… désert. Petits pas, petits pas, petits pas*… Arrivée en vue des portes de l’écurie… personne. Petits pas, petits pas, petits pas… Ouverture de la porte destinée au personnel, faufilage discret à l’intérieur des lieux, espion dans la place. Index sur la bouche, le gamin avait alors incité les palefreniers à oublier sa présence tandis qu’il prenait direction du box du shire. Il avait poussé le vice jusqu’à rester un bon moment à observer ses deux ainés travailler, gloussant et luttant contre l’envie de les taquiner. Trop occupés qu’ils étaient à travailler autant qu’à se chamailler, aucun des deux n’avaient vraiment fait attention à sa présence et ce son plus grand plaisir.

A coup de grandes enjambées « silencieuses » le môme était finalement passé devant le box, comme au ralenti, avant de grimper à l’échelle posée contre le mur Est qui donnait accès à l’étage supérieur ou était entreposé le foin pour les animaux. Il avait trouvé là un poste d’observation parfait. Confortablement installé dans la paille, il pouvait observer sans être vu les deux autres travailler durement tandis que lui mangeait sans aucun remord ses pâtes de fruits et autres gourmandises. Le diablotin était si confortablement installé qu’il avait fini par s’endormir une fois ses poches vides… le repos du juste…

Un juste qui fut cependant réveillé au bout d’une bonne heure de sieste par un gargouillis… Et tout le monde sait qu’on ne peut résister à l’appel du ventre. Petit coup d’œil à travers les fentes du plancher… non non, rien à craindre, les deux forçats d’un jour étaient toujours au travail. Nouveau ricanement du petit espion, pour sur qu’il aurait là de quoi les embêter pour quelques semaines. Mais pour l’heure, outre les cuisines de Léard à dévaliser pour la seconde voir de la journée, notre petit aventurier devait trouver quelque chose à faire au risque de s’ennuyer… chose impensable aux vues de la situation. Une idée de génie lui était alors venue... Ne manquait plus que quelques munitions à chiper dans la cours extérieure et il aurait alors tout loisir de bombarder les deux écuyers de ses petits cailloux avec l’espoir sadique que ses deux ainés en viendraient à s’accuser l’un l’autre et qu’ainsi démarre une bagarre dont il serait le spectateur privilégier…. Il ne restait plus au mioche qu’à mettre son plan à exécution !


[Retour au présent]

- " Karyl ? Didju, mais que fais-tu là ? "

Vous l’avez maintenant compris, le petit homme de Léard a une très bonne raison de se trouver devant le box du shire alors que les deux écuyers viennent de l’intercepter tandis qu’il s’apprêtait à remontrer à l’échelle prêt à mettre en application ses sombres desseins. Pris en flagrant délit, les poches pleines à raz bord de petits cailloux et mains occupées par ses victuailles, c’est avec une grimace qu’il les regarde en retour. De la triche qu’ils l’ont vu c’était la pause dans le jeu de l’espion hein ! Nouvelle ronchonnade du petit monstre. En plus maintenant il doit trouver une excuse s’il veut poursuivre son plan... Cerveau qui carbure alors à 100 à l’heure… Se carapater ? Proposer son aide ? Non… L’onyx caresse alors amoureusement les victuailles et la solution - terrible et déchirante solution - s'impose comme une évidence. Et au karyl de répondre d’une petite voix «
Ben euh… moi je crois vous travaillez dure alors euh… je vous ai apporté de quoi manger ! » crève cœur pour le mioche qui se sent contraint de proposer le partage de ses friandises pour échapper à ses futurs « bourreaux mangeur de gourmandises ».

Tel est prit qui croyait prendre !

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Un simple gamin des rues.
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