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[RP] Eglise St Jacques de Montauban

Alzin
[Quand vient le temps de "combattre le mal par le mal."]


L'ennui.

Quand l'étonnement ne fonctionne plus. Et le divertissement prend congé. Il ne reste plus que le fléau tyrannique de la morosité. Même la populace n'use plus ses chausses pour entamer la démarche de l'heur, à croire qu'il n'en est plus l'heure. Et les heurts s'abrutissent et s'évanouissent dans la mièvrerie la plus absconse. Un miroir pour un même reflet. Telle est la définition de ce marasme qui contrairement à l'argent brille non par sa valeur mais son insanité. Balourdise enfante toujours des mets orphelins de sauce au miel mais au goût particulier du fiel.

Les prunelles azurées scrutent la scène comme on se fait spectateur au théâtre. Et voici, le premier acte. Celui du bovin faisant preuve de toute la finesse, qu'on lui concède. Celle de mettre la confusion dans la raison. Et ceci dans tous les ordres, mais surtout les désordres, avec une création d'ires, peu de rires et quelques esquisses de désirs. Pauvre richesse. En clair, partout où notre homme sévit, la nature a du mal à repousser. Du moins, la modestie exige de modérer la prétention. Dirons-nous qu'il a la faculté d'avilir l'agneau venant de naître. Si nous devions prendre une allégorie, cela serait celle-ci. En plus, quoi de mieux qu'un symbole au sein d'une église. Surtout quand il fait référence aux moutons, le berger et tout son cheptel.

Pour revenir à notre comédien, lors du premier temps de la "valse" quand les amants s'approchent, se jaugent et s'observent. Cette légère latence prémisse d'un contact à la comparaison ardue. Il se pose en vrai artiste. Le belle est charmée, comme peut l'être en quelque sorte son public. Puis, on passe à la danse en elle-même, la maladresse créait quelques tensions entre nos tourtereaux du fugace, et alors c'est le moment tant attendu des remontrances. Parmi la foule, y a quelques individus qui en cultivent l'essence et s'en font une véritable science avec une inégalée aisance. Quand vient la séance du juron qui endosse le rôle de bienséance. Voici, le deuxième acte. Notre homme se montre généreux et sort son plus beau jeu afin de plaire à ses dames et les fins connaisseurs. Et vient alors la transition du tragique saupoudrée des sempiternelles larmes pour se faire drame. Les mécènes ne croient plus en lui et se détournent pour comploter dans leur haute tour. Les enfants s'inquiètent sous les réprimandes de leurs parents qui montrent du doigt, l'ignoble, le fou, le c...

Et là, las, faisons place au troisième acte. Celui où le dramaturge exprime ses derniers talents dans une tirade à des myriades de répliques, assertions acérées, le fil de la lame. La fin. Une loge pour un long repos, seul avec ses tourments, sa mélancolie. Et puis, un zeste d'acrimonie remontant en son gosier comme la bile. La langue du malin est habile, il jubile. Quand il observe son élève au bord du gouffre, pour ne pas dire dedans. Il se délecte de la suite. Il lui tarde que vienne au monde, la véritable violence. Celle qui coule dans les veines de ce mauvais acteur. Qu'il n'ait enfin plus aucune compassion et offre une place de choix à la destruction la plus absolue...

Pour lui, la messe est dite.

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[Avatar provisoire pour le RP "la folie des grandeurs"...]
Emilla
Elle n'y peut rien, le padré lui fait peur. Elle l'imagine comme dans les pires descriptions qu'on lui en a fait, adepte de la luxure et de l'alcool, trouble et inquiétant. Au point que depuis son arrivée, elle n'a pas encore osé passer le pas de l'Eglise, se figeant sans cesse sur le parvis à observer ce lieu étrange, plein de légendes urbaines et de mystères religieux. Elle a déjà assisté à des baptêmes réformés, croisé le légendaire Sancte qui fait tant parler de lui en peur ou respect dans Montauban.

Deux hommes deux facettes d'une religion qu'elle ne comprend pas, d'un dieu qui lui a joué tant de tours dans sa vie et de doutes qui l'assaillent sans cesse. Doutes amplifiés dans Montauban la rebelle qui chavire entre aristotélicisme et réforme. Quand on ne parvient déjà pas à comprendre son dieu, comment savoir comment agir alors que deux courants s'opposent ouvertement?

Emilla pourrait se laisser aller à la facilité, et suivre les penchants de ses amis, mais elle sent que le choix religieux est une chose bien trop sérieuse pour ne pas le faire par soi même et pour soi même. Alors elle veut aussi comprendre la vision de Rome. Ses pas hésitants la mènent le long de la nef jusqu'à l'autel et son regard observe les lieux.

Que faire maintenant? Comment trouver des réponses en ces lieux?

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Bender.b.rodriguez
Affairé à lire et à corriger des textes en grec dans la sacristie de St Jacques, le padré était simplement installé, sur un fauteuil confortable, les pieds sur la table, à la lueur d'une chandelle. Les grises journées se succédaient et la luminosité dans cette petite pièce ne transperçait que trop peu. Même au cœur du jour, en plein hiver, le religieux devait s'éclairer pour ne pas trop s'user les yeux. Seul le bruit du papier usé et les crépitement de la chandelle venaient perturber le lourd silence et sa concentration. Alors qu'il cherchait des erreurs dans la transcription d'un vieux texte il entendit le grincement de la porte de l'Eglise. il releva le menton et tendit l'oreille. Un bruit furtif de pas se déplaçant timidement au sol. Il déposa son parchemin sur la table, releva ses jambes pour poser ses pieds au sol et se mit debout. Il souffla la chandelle et prit la direction de la nef, curieux de connaitre celui ou celle qui s'aventurait en ces lieux. Bender pensait qu'en dehors des offices, peu de monde n'osait y venir hormis quelques fidèles. Il ouvrit la porte de la sacristie et pénétra dans l'église par la croisée de transept et vit une silhouette féminine au loin.

-"Bonjour" lança-t-il assez fort pour ne pas effrayer celle qui venait de pénétrer dans l'édifice.

Il s'avança lentement, les mains croisées dans le dos, l'air débonnaire habituel qu'il prenait dans ce lieu. Son visage respirait la sérénité, il semblait calme et même, plus concentré qu'à l'accoutumée. En s'approchant, il fut surpris de voir le visage d'Emilla qu'il avait croisé en tavernes à plusieurs reprises. Il lui sourit, presque incrédule de la voir en ces lieux. D'un ton aimable et doux, il ajouta :


-"Bienvenue ma chère, en quoi puis-je vous être utile ?"

Le prêtre se doutait bien que si la damoiselle s'était rendu jusqu'ici, bravant les doutes qu'émettait chez lui le padré, elle était là dans un but bien précis. Il voulait ainsi en savoir plus mais ne la questionna pas d'avantage.
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Emilla
-"Bienvenue ma chère, en quoi puis-je vous être utile ?"

Emilla, avec cette réserve qu'elle observe en tout lieu où elle ne se sent pas en sécurité, observe le padré qui s'approche. Il a l'air bien différent des fois où elle a pu le croiser en taverne, il semble plus calme, posé... normal? Peut être après tout, si elle laisse un prieur entre eux deux pourra t'elle discuter sans trop de craintes avec lui? En attendant, comment lui expliquer ce qui la même ici. C'est si compliqué et elle peut se révéler parfois tellement avare de mots... Pour se donner du courage, elle observe l'église. Elle les aime ainsi les églises, la petite. Vide des fidèles et du brouhaha des prières, dans un silence habité, en contact avec dieu pour pouvoir le prier ou l'admonester suivant les jours.

Hum... Padré, je... Pourquoi Dieu m'en veut il? Et pourquoi laisse t'il des gens s'entre déchirer en son nom, juste pour des détails?

Oui, deux questions sans rapport et totalement hallucinées mais dans la tête du petit caméléon, ce sont deux préoccupations des plus importantes. Car elle est lasse des épreuves, elle est lasse de sa vie, elle est lasse des combats entre les gens. Parfois, elle aimerait se faire tellement fine qu'elle disparaisse totalement, et au grand drame de son ami Mouha, elle en prend doucement le chemin, s'affinant un peu plus chaque jour, l'air de rien. Elle qui quelques mois avant se faisait plus ronde, parachevant sa métamorphose de gamine des rues en princesse des boudoirs. La rouge l'avait bien jaugée avec ses cheveux auburns clairs, son visage opalescent et ses jambes interminables qui supportaient un corps tout en courbes naissantes cerclées dans un corset au décolleté prometteur. Mais depuis elle avait fui la Rose Noire, mordu la douleur de la réalité et du affronter son destin. Elle avait certes toujours cette délicate innocence dans les traits de son visage mais ses vêtements se resserraient sur son corps menu, petite brindille discrète au sourire cachant le gouffre de son âme.
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Bender.b.rodriguez
{Emilla}-"Hum... Padré, je... Pourquoi Dieu m'en veut il? Et pourquoi laisse t'il des gens s'entre déchirer en son nom, juste pour des détails?"

Une question surprenante et une tout à fait pertinente. Le padré regarda Emilla avec circonspection puis son visage s'éclaira d'une légère surprise. Comment pouvait-on croire que Dieu était si mesquin qu'il pouvait en vouloir à quelqu'un. il tenta de mettre les formes pour répondre aux interrogations de la jeune fille.

-"Ma chère, deux question pour le prix d'une. J'avoue que vous me surprenez. Vous faites montre à la fois d'une pertinence clairvoyante et d'une grande naïveté. Ne le prenez pas mal..."

Il joignit ses mains devant lui et les porta devant sa bouche. Là, il prit le temps de réfléchir à comment il allait lui dire les choses.

-"Comment pouvez-vous penser que Dieu vous en veut ? Enfin, ça n'est pas sérieux. Dieu n'interfère pas dans nos vies, il a bien d'autres choses à faire. Et même s'il le peut, il nous a laissé le libre arbitre, ce choix de pouvoir prendre la route que nous souhaitons en tout instant. Vertu ou vice, péché ou amitié, cela ne dépend que de nous, de nos proches, de nos rencontres et de rien d'autre. Ce qui nous arrive n'est pas le fait de Dieu, même si nous l'interprétons comme des épreuves qu'il nous envoie, ce sont en fait, les réalités de la vie humaine. La créature sans nom ou les Saints peuvent jouer en notre faveur ou défaveur, mais certainement pas Dieu. Vous pouvez en vouloir à tous et même à Dieu, mais il n'est en rien responsable de nos malheurs, ni de nos bonheurs d'ailleurs... c'est avant tout, une histoire de Foi, de foi intérieure..."

Ensuite, le padré regarda Emilia droit dans les yeux. Il sourit et écarta ses mains comme pour dire qu'il était scié. Il continua ainsi :

-"Quand à savoir pourquoi il laisse les gens s'entredéchirer pour des broutilles, cela ressort du même principe. Certes, les Hommes se font la guerre pour des choses parfois futiles, il suffit de prendre les confessions aristotéliciennes et réformées, qui s'invectivent sans cesse pour des questions que la plupart des autres ne comprennent pas ou qui n'en ont cure. C'est justement pour que nous fassions les bons choix par nous-mêmes qu'il n'intervient pas. parce que s'il nous forçait à l'aimer d'une certaine manière, nous n'aurions plus le choix et l'Amour que nous lui rendrions ne serait pas éclairé par la Foi. Seule, la Foi nous permet de l'Aimer. Un homme dénué de toute foi ne révèrera pas le Très Haut, quelle que soit l'Eglise dans laquelle il entrera. Notre liberté est notre richesse, celle de reconnaitre la Grandeur du Très haut, que nous soyons d'un bord ou d'un autre d'ailleurs..."

Bender continuait à l'observer dans le détail et attendit une réaction de sa part, qu'elle soit une fuite ou une réponse...
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Emilla
Comment peut il si nous aime laisser faire quand on nous frappe à mort, nous jette à la rue à 9 ans à peine, sans ressource sans espoir, jusqu'à nous charrier à travers la faim et les coups jusqu'au pied d'un bordel? Comment peut il estimer que nous avons notre libre arbitre quand nos choix sont une vie de douleur ou la mort? Surtout si jeune? Et quand on croit enfin sortir du cauchemar, tout nous reprendre pour nous laisser vide et froide de l'intérieur, ne supportant plus le regard des autres au point de vouloir disparaitre?

Emilla ne réalise pas qu'elle a fini par s'asseoir sur un des bans, une larme au coin de l'oeil. Peut être est ce la sérénité des lieux? Où le fait que le démon dont on lui a parlé n'est en fait qu'un homme un peu bizarre guère différent de ce qu'elle a pu voir défiler dans les bordels de Paris. En attendant, la petite se laisse aller à vider un sac qu'elle retient bien fermé depuis si longtemps et se surprend à ressentir une colère immense envers ce Dieu qu'elle ne comprend pas.

Pourquoi créer des êtres et les appeler ses Enfants si c'est pour les précipiter dans un monde si dur? Le Très Haut se conduit comme un parent sans coeur. Il y a une marge entre forcer à aimer et ignorer ses Enfants! N'a t'il donc aucun coeur? Il suffirait d'un geste de lui pour apaiser des hostilités ancestrales. Je ne sais si j'ai Foi en lui et sous quelle forme il devrait être prier entre Rome et Réforme mais une chose est sure, je me sens en colère, très en colère!

Emilla sert ses poings pour tenter de se calmer, un peu honteuse de son envolée devant le padré. Elle qui est toujours si réservée quand il s'agit d'elle a l'impression d'avoir ouvert les vannes....
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Bender.b.rodriguez
Le padré ne s'attendait pas à ce déferlement d'intime confinant presque à une confession. Il en fut le premier surpris, peut-être moins que Emilla elle-même qui semblait presque décontenancée d'en lâcher autant. Ses mots ainsi que son histoire frappèrent le coeur du padré et se firent l'écho d'un douloureux souvenir, presque comme jaillissant d'outre tombe. Son visage se para d'un aura plus terne et son air vira quasiment au sinistre, au lugubre. La voyant s'emporter, il ne pu se résoudre à l'en empêcher et ne contint pas cette colère qu'elle semblait porter. Il était certaines colères salvatrices pensait-il, et quelle puisse ainsi faire descendre cette pression qui paraissait la ronger lui parut sain. Lorsqu'elle se tût, visiblement autant gêné que lui, il prit le temps de faire silence. Il avait remarqué la frayeur qu'il semblait inspirer à cette jeune damoiselle et notait que ces paroles qu'elle venait de déverser étaient sincères et venaient des tréfonds de son âme. Il la regarda, ne sachant trop quoi lui répondre, puis, se décida à ouvrir la bouche :

-"Emilla... je sais que cela parait totalement aberrant. Votre perplexité est naturelle, déverser votre colère à l'encontre du Très Haut vous aide certainement à mieux supporter cette injustice dont vous avez été si souvent la victime. Hélas, comme je vous l'ai dit, Dieu n'intervient plus dans notre monde, il le fera, sans doute un jour, pour l’anéantir parce que nous, ses enfants, l'auront totalement abandonné."

Le padré respira profondément, ferma les yeux quelques fractions de seconde puis enchaina :

-"Dieu a chargé des Hommes et de Femmes de rendre ce monde meilleur, à Sa place. Il leur a donné devoir de guider chacun vers la vertu afin que tous, nous vivions dans l'amitié et le bonheur. Si tant d'injustices arrivent et surviennent, c'est parce que ces hommes et femmes ont raté cette mission. Et ce ne sont autre que des hommes et femmes d'église tels que moi. Notre institution mère a abandonné ses fidèles, s'est perdue dans les méandres de la soif de pouvoir. Elle arpente la montagne du vice dans sa trop grande majorité, s'évertuant à enfreindre les propres lois qu'elle a créée. Oui, cette Eglise qui s'est fondée sur des valeurs vraies, inspirées et qui, aujourd'hui, se dévoie chaque jour un peu plus, s'enfermant dans des règles toujours plus absurdes, s'éloignant toujours un peu plus de ses fidèles... du peuple. Cela ne vous aidera surement en rien à supporter l'injustice que vous avez du supporter, mais Dieu n'en est pas la cause. Ce sont ses enfants qui en sont les responsables, et le pire dans tout ça, c'est que ceux qu'il a chargé de porter son amour auprès de tous, s'en sont largement détournés."

Le visage de Bender portait en lui un dépit réel. Son âme semblait torturée, comme déchirée et cela se lisait sur son visage à et instant. Il reprit :


-"Sachez que j'ai vécu moi-même des horreurs. J'ai vu mes parents assassinés sous mes yeux lorsque j'étais jeune enfant, j'ai été recueilli par une troupe de saltimbanques, qui eux aussi, furent tous massacrés. C'est une vieille sans coeur qui m'a élevé en Bourgogne... et sachez qu'à aucun moment, lorsque j'ai ressenti la chaleur de Dieu, je n'ai plus douté de lui. Je lui en ait voulu longtemps avant de comprendre que ce n'était que la basse oeuvre des hommes qui avait eu lieu et l'incompétence de celles et ceux qui devaient guider l'humanité. C'est pourquoi j'ai décidé de me dévouer à lui, pour redresser ce tort... et je tente de le faire, en toute modestie... ne vous accablez pas, ne l'accablez pas, accablez-moi, accablez ceux qui vous ont fait subir ces épreuves."

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Emilla
Emilla écoutait le padré, les joues rougies d'avoir tant révélé d'elle même. Elle ne songeait pas en venant sur place s'ouvrir à cet homme dont elle avait peur confusément. Cependant elle l'écoutait et au fur et à mesure, un sourcil s'éleva, interloqué par ses propos. Bender expliquait que c'était les hommes qui rendaient la vie si dure, que l'Eglise n'assurait plus son rôle comme elle le devrait à bien des égards... Elle voyait en cet homme de Foi, le dépit mais aussi la volonté de changer les choses et d'être un Guide pour les siens. Sans savoir pour quoi, elle s'en sentit plus touchée que par tout discours de propagande religieuse, expliquant qu'il serait mieux que les autres.

La suite du discours lui laissa échapper un cri presque inaudible. Si elle avait peur de la réputation de l'homme, elle avait cette empathie particulière pour les écorchés de la vie et sa main instinctivement vint se poser sur celle du père, en signe de compassion. Geste étrange venant d'une gamine ayant plus longtemps oeuvré comme serveuse dans des bordels que franchi les portes des églises.


Je ne sais pas accabler les autres, j'ai plutôt tendance à me flageller moi même. Vous avez de la chance d'avoir pu calmer votre colère et trouver un but. Je ne sais pas si je serais capable d'être si forte. Je ne sais même pas si je suis capable de ne pas m'en vouloir à moi même...
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Bender.b.rodriguez


Office dominical du 5 février 1460


Le neige, le froid vigoureux de l'hiver battait son plein et le sud ensoleillé n'était pas épargné par cette rude saison. Bender, toujours arnaché de son épaisse cape de laine, avait préparé la nef de St Jacques avec minutie, ouvrant le vin, déposant le pain, allumant cierges et braséros. Il espérait que quelques fidèles se donneraient la peine de venir suivre l'office, au pire, il le ferait seul ou avec une ou deux ouailles. Après s'être rigoureusement préparé, après avoir choisi le texte sur lequel il appuierait son sermon, le padré se rendit au clocher pour actionner le mécanisme des cloches et faire sonner l'appel. Suspendu tel un gamin espiègle aux larges cordes de chanvre, il tirait de toutes ses forces. Le tintement du marteau sur la fonte, assourdissant, fut entrainé par la force imprimée par le prêtre.



Le padré redescendit de la petite pièce située à mi-hauteur du clocher par l'étroit escalier en colimaçon. Il atterrit dans l'arrière couloir, donnant dans la sacristie qu'il traversa avant d'entrer dans la nef. Une fois à l'intérieur de l'édifice, il passa entre les rangée de bancs pour passer sous le narthex et ouvrir les grandes portes. Là, pour éviter les brûlures du vent frigorifiant de cette matinée hivernale, il se calfeutra sous l'encablure des massives portes de bois. Il attendait ainsi les fidèles et les ouailles montalbannaises...



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Bender.b.rodriguez
Alors qu'il s'épanchait à son tour, pas tant par nécessité mais plutôt en guise d'exemple, le padré fut stupéfait du geste auquel se livre Emilia. La main de cette dernière se posa sur la sienne comme dans une forme d'intimité à laquelle il n'était pas préparé. Une seule personne était autorisée à faire ce geste et, maladroitement, il retira vivement sa main, signifiant par son regard l'interdit qu'Emilia venait de transgresser. Son air surpris et légèrement tendu achevèrent de symboliser une certaine désapprobation. La gêne put se lire sur sa figure, sans toutefois qu'on puisse penser qu'il était choqué ou fâché. Il tenta d'esquisser un sourire pour ne pas froisser Emilia. Puis, il la regarda dans les yeux et lui lança :

-"Emilia, la force est en chacun de nous. Elle est dans notre cœur, dans notre âme, il suffit juste de la dévoiler au monde. Mais, pour cela, il faut la dévoiler à soi-même avant tout, prendre conscience que l'on peut surmonter chaque épreuve, qu'on peut gravir n'importe quel mont."

Le padré, pour remettre un peu de distance, se releva et fit un tour sur lui-même. Ensuite, il se tourna à nouveau vers Emilia et ajouta :

-"Je pourrais vous dire d'embrasser la Foi aristotélicienne, que tout cela changera votre perception du monde, mais il n'en est rien. Rien ne vous aidera à oublier vos souffrances, à atténuer ces brûlures qui ont marqué votre chair en profondeur. Il n'y a qu'un seul et unique moyen, accepter votre passé pour ce qu'il est, pour ce qu'il a été. Personne ne peut revenir en arrière, pas plus vous que moi."

Le prêtre se rassit aux côtés d'Emilia, il la fixa et enchaina :

-"Emilia, vous êtes entré dans cet édifice en quête de réponse, enfin, je le suppose. Vous vous accablez plus que vous ne le devriez. Cessez de vous tenir pour responsable de tous vos maux, recherchez la sérénité, la paix intérieure, il n'y a que cela qui vous apaisera. Je ne sais exactement ce que vous cherchiez en pénétrant ici, ni même si je serais en mesure de vous aider, mais si je le peux, je le ferais. Sachez que jamais, je ne vous obligerais à quoi que ce soit, c'est à vous de choisir votre chemin, je ne peux que vous en indiquer un, si besoin."
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Childesinthe
Un temps à ne se promener dehors que dans une extrême nécessité, surtout dans son état ! Si elle évitait de travailler dehors par ce froid glaciale, l'office, pour rien au monde elle ne le manquerait.

Couverte de trois épaisses couches, munies de nouveaux bas en grosse laine qui grattait les jambes, elle sortit, méconnaissable, pour arpenter les rues de Montauban auxquelles elle s'était doucement faite. Le bout de son nez gela en un rien de temps, ses yeux commencèrent à couler également. Pas très classe... mais le Très Haut pardonnerait ce manque de beauté. Sa bouche émit une buée semblable à celle des cheminées, et cela l'amusa temporairement.

Bientôt, elle ne sentit plus ses orteils. C'était embêtant ! Cela la mènerait moins vite encore à l'église !

Arrivée devant l'édifice, elle soupira de soulagement. Elle était arrivée première, encore ! Les rares cas contraires étaient néanmoins vexant.

Elle s'approcha du Padré, toute tremblante.


Bonjour, dit-elle dans un sourire malicieux et radieux à la fois. Puis, comme pour s'assurer qu'il la reconnaisse sous ses innombrables couches, et qu'il ne la confonde pas avec la vieille mémère enrobée de Montauban, elle ajouta : Euh... c'est moi, Childe ! J'espère que tu n'as pas oublié les braséros aujourd'hui... Il fait un froid de canard... et même eux ne sont pas de sortie !
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Emilla
Emilla sent la réticence du padré quand elle se laisse aller à montrer de la compassion à son égard. Elle se sent embarrassée et retire sa main rapidement. Elle n'ose s'excuser en le voyant se lever pour reprendre contenance et lui lance un regard d'excuses embarrassées. Elle le laisse se recentrer et écoute tout ce qu'il a à lui dire. Le padré dans son discours appuie sans le savoir là où ça fait mal, derrière la carapace que la petite s'est créée. Depuis quelques mois, elle se terre loin des gens dans sa bulle et elle se fait du mal pour se punir. Elle doit apprendre à laisser le passé derrière, les années de souffrance et d'abandon. Sa vie n'est toujours pas idyllique mais au moins elle a un chez elle, des gens qui s'inquiètent pour elle. Elle doit changer, se trouver un but, avancer. Elle fixe le prêtre à coté d'elle.

Merci, Padré. Je ne sais pas si je suis très douée pour la paix intérieure mais je promets de faire mon possible. J'avoue que quand je suis rentrée ici, je ne cherchais pas de réponses. Je viens généralement dans les églises quand elles sont vides pour me retrouver, loin du bruit du monde. C'est si calme, si reposant. Je crois que j'ai besoin de réfléchir sans pression et ici je peux. Je pourrai venir vous voir quand j'aurai des questions?
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Bender.b.rodriguez
L'évêque, toujours assit à côté de la jeune damoiselle se sentait épié, reluqué dans les moindres détails. Il n'avait guère l'habitude de ces démonstrations car, généralement, ce type de confessions se faisaient dans un confessionnal, séparé par une grille qui ne laissait paraitre que des traits diffus et des échanges de regards. La voir à ses côtés, soutenir ses yeux bleus, lui toucher la main, le regarder avec tant d'insistance le mettait bien mal à l'aise. Le padré écouta ce qu'elle lui disait, simplement gêné, les joues légèrement rougies par la situation. Lorsqu'il le pouvait, il détournait le regard l'espace d'un court instant pour éviter d'avoir à soutenir tout ce que contenait les yeux d'Emilla.

-"Emilla, vous n'avez pas à me remercier. Si parfois, je parais totalement déplorable, si mon comportement déplait ou ne table pas dans la liste des attitudes qu'un prêtre se doit d'avoir, j'en suis un néanmoins. J'essaye de faire en toute honnêteté ce pourquoi je suis fait : prêcher, officier, baptiser, marier, enterrer, aimer. Alors, vous n'avez aucun remerciement à me faire, l'Amour du Très Haut, mon amitié, tout cela est gratuit et n'attend aucune reconnaissance."


Il sourit timidement, puis détourna à nouveau le regard avant de la regarder fixement, d'un regard à la fois lourd et intense. D'une voix faible, presque chuchotant, il ajouta en guise de conclusion :


-"Vous pouvez venir me voir quand vous le voulez, je suis toujours disponible. Et quelles que soient les questions, je tenterais d'y répondre en toute franchise. Prenez soin de vous Emilla, prenez soin de vous avant tout. Aimez-vous et peut-être verrez-vous les choses sous un autre angle."

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Bender.b.rodriguez
L'évêque se transformait petit petit en glaçon à attendre dans le courant d'air gelé qui soufflait entre les grandes portes. Toute calfeutré qu'il était dans sa cape, le froid lui gelait les parties et les extrémités. Il se voyait déjà mourir là, attendant le fidèle, imaginait son enterrement, son éloge funèbre, son épouse dévastée. Soudain, il ressentit un peu de chaleur, Childesinthe se pointa totalement recouverte dans une tenue digne d'un chasseur des grandes plaines. Il sourit à la vue de ce si joli brin de fille habillé comme une vulgaire marchande de poisson. Lorsqu'elle lui glissa un bonjour et lui indiqua qui elle était, il ne put contenir un rire franc.

-"Je t'avais reconnu Childe... et pour ta gouverne, les braséros sont allumés et il fait bien meilleur dedans. Rentre donc, je vais t'emboiter le pas..."

"Et te reluquer le fessier" pensa-t-il. Ainsi, il prit la suite de la dame, matant son déhanché et les formes qui s'offraient à sa vue sous la tonne de frusques. Il continua d'avancer jusqu'à ce qu'elle prenne place et l'observa s'installer, un sourire un peu niais scotché sur la face. Au bout d'un petit moment, prenant conscience qu'il la regardait avec insistance, debout, en plein milieu de l'allée centrale, il atterrit et reprit sa route vers l'autel central. Là, il prit une profonde inspiration, souffla fortement puis s'inclina légèrement en guise de révérence à un Très Haut en qui il croyait plus que tout. Même si peu de fidèles avaient bravé le froid pour se joindre eux, il gardait au fond de lui cette petite touche de bonheur qui transparaissait dans son attitude. Il se retourna subitement, regarda Childe et espéra que d'autre allaient arriver. Il ouvrit les bras et déclara :

-"Bien... entrons tout de suite dans le vif du sujet... demandons pardon pour nos fautes..."

Son regard se détourna de Childe lorsqu'il prononça le mot "fautes". Comme s'il cherchait à échapper à la désapprobation qui le tenaillait et à la culpabilité qui le rongeait parfois. La loi des Hommes n'avait beau être que celle de simple mortels, il savait ce qu'il risquait et ne supporterait pas de le perdre. Son regard se teinta soudainement d'une grande tristesse qu'il effaça d'un soupir léger. Il se mit ainsi à réciter la prière...



Une fois cette courte prière dite, il se tut. Ses yeux se fermèrent et sa respiration s'interrompit l'espace de quelques secondes. Son air réfléchi, pensif, laissait présager qu'il se mettait en règle avec le Tout Puissant. Lorsque ses pupilles réapparurent, son visage était plus serein, plus apaisé. Il leva les mains et ouvrit les paumes vers le haut. Il inspira et expira profondément à plusieurs reprises, se donnant l'air d'un homme qui cherche sa concentration, fervent mais dissipé. Puis, il reprit la parole et proposa :


-"Maintenant, il est temps de réciter notre crédo, symbole s'il en est de notre attachement à Dieu, ses prophètes, les Saints et son Eglise."


Sans ajouter un mot, fixant Childesinthe, les mains toujours ouvertes vers le plafond. IL se mit à réciter la prière presque machinalement. Au fur et à mesure des vers, sa voix se faisait plus convaincue et plus enthousiasme. On sentait sa ferveur prendre le dessus sur une récitation sans saveur et son ton changeait en même temps.


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--Dwinwen
Dwinwen venait d'arriver en ville avec son pere, un ecusson Bourguignon cousu sur la manche à hauteur du haut du bras gauche,elle rentra dans cette grande eglise, qu'elle ne connaissait pas et comme à son habitude, rentra avec le moins de bruit possible pour bien respecter le calme et le silence de ce lieu.
Elle s'installa dans les premiers rangs, s'agenouilla et baissa la tete, puis, elle commenca à prier silencieusement en murmurant ces mots :


Pater noster, qui es in coelis,
Sanctificetur no­men tuum,
Adveniat regnum tuum,
Fiat vo­luntas tua, sicut in cae­lo et in terra.

Panem nostrum quotidianum da nobis hodie.
Et dimit­te nobis debita nostra,
sicut et nos dimittimus debitoribus nostris.
Et ne nos inducas in tentatio­nem.
Sed libera nos a malo.

Amen !


Puis un moment de silence et recita ensuite :

Credo in Deum,
Altissimum Omnipotentem,
Creatorem caeli et terrae,
Inferos et Paradisi,
Ultima hora animae judicem nostrae

Et in Aristotelem, prophetam,
Nicomaqui Phaetique filium,
Missum ut sapientiam et universi
Divas leges errantibus hominibus erudiret

Credo etiam in Christum,
Natum ex Maria et Ioseph,
Vitam dedit ut nobis paradisi viam monstraret
Sic, postquam sub Pontio passus est
Propter salutem
Nostram martyr perivit
Consecutus est Solem
Ubi Aristoteles ad Altissimi dexteram eum expectabat

Credo in Divinam Actionem,
Sanctam Ecclesiam aristotelicianam, romanam, unam et indivisibilem
Sanctorum communionem,
Peccatorum remissionem,
Vitam aeternam.

In nominae patris es fili es spiritus sancti

AMEN





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