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[RP] Le lac de Sarlat

Pattricia
Il était tard, il était temps, marcher le long du chemin, traverser les roseaux, jouir du spectacle d'un rayon de lune sur tes eaux scintillantes. Se faire bousculer par une bête poilue et rire malgré les pattes boueuses sur ma jupe et la langue goulue se baladant sur mon visage... L'aimer infiniment, se savoir aimer, être son double et lui le mien, partager notre vie depuis le commencement... ou presque... être reliés par cette chose inexplicable, rien de magique, pas de sorcellerie, juste la certitude de ne pouvoir "être" l'un sans l'autre.

Le repousser en riant, le regarder courir, revenir, faire semblant de me ressauter dessus juste pour que je le chahute. Savoir au fond de moi qu'il ne fait ça que pour me distraire de mes tristes pensées, être toujours déstabilisée par cette faculté de toujours connaître mon humeur... même à distance... Sourire furtif pour une pensée furtive vers quelqu'un qui communique avec une meute et que je respecte infiniment... Penser à lui demander qu'il me raconte un jour... quand il sera prêt... Aller le voir... pas tout de suite...

Arriver à la crique aux saules et rester immobile... subjuguée par le spectacle qui s'offre à mes yeux... Voir encore, malgré la nuit, les migrateurs retardataires passer dans le ciel et se dessiner sur le disque lunaire.. Ecouter le bruissement des petits batraciens qui se meuvent et se fond la cour... Sourire à l'appelle de sa compagne, que je ne vois jamais et qui ne nous suivra pas... Est-il père ? Ai-je le droit de le laisser me suivre comme une ombre ? Aurais-je la force de le convaincre de rester et de me laisser partir seule... Non ! Honte à moi de peut-être laisser une famille se séparer, mais pas cette fois, au retour oui si je repars, il restera, il le faut ! Mais là je n'ai pas encore la force d'être généreuse et de l'empêcher de m'accompagner...

Apprendre à vivre sans lui... encore un pas que je ne suis pas prête à franchir pour le moment...

Aller jusqu'au noisetier et m'assoir contre son tronc, regarder le spectacle et le graver en moi comme si...

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Brygh_ailean
Elle avait trop attendu.
Certes elle était venue sur ce ponton chaque jour depuis son retour.
Certes elle avait consciencieusement détaché sa barque après y être montée.
Certes elle avait ramé jusqu'à ces trouées d'eau qu'elle savait poissonneuses.
Certes elle avait pris son content de truites, brochets et ombres.

Mais ce n'était pas assez.
Elle entendait sa voix l'appeler du tréfond de ses entrailles... La Dame était là, quelque part, dans ces abimes magiques, lumineuses et sacrées.
Pouvait-elle seulement l'ignorer ? Elle appartenait à ce monde, elle l'avait toujours su...

Il allait se passer quelquechose... Elle le sentait. La Dame ne l'aurait pas appeler sinon. Elle devait puiser sa force au coeur de cette immensité. Voulait-elle seulement répondre à la Dame ? N'avait-elle juste besoin d'un prétexte pour y retourner ? Non, c'était bien au-delà.

La nuit était tombée. Du haut de son perchoir, dans sa maison sur l'île...
Elle entendit le chant de la vie, tout autour... Elle entendit le murmure d'une plainte... Elle sut qu'elle était là, de l'autre côté... Et qu'elle aussi avait entendu l'appel, forcément.

Refermant le volet, elle revint à son écritoire... De sa plume mal assurée elle gratta le parchemin :

Brunhilde a écrit:

Ma douce, ma sauvageonne, mon amie,
Je sais que demain tu vas me quitter, tu vas le quitter, tu vas nous quitter... Je sais que comme moi, il est ta force, ta source, ton ultime refuge... toute ta vie.
Je l'entends qui m'appelle et tu dois l'entendre aussi. Si nous ne devions nous revoir je ne supporterais pas que nous ne l'ayons célébré ensemble une toute seule fois. Rejoins-moi chez moi, ce soir, je t'en prie. La lune pleine et ronde nous sourit.



Elle n'avait pas signé. Qu'importe. Elle ne savait plus trop bien quoi signer. Le nom qu'on lui avait imposé. Celui qu'elle avait choisi. Celui qu'il avait préféré pour être le seul à lui donner. C'était sans doute parce qu'il avait prononcé ce nom, celui d'un autre temps, d'un autre âge, d'une autre vie... que la Dame s'était souvenue qu'elle existait. Lui devait-elle, elle aussi, de se souvenir qu'elle existait ? Peut-être, sûrement... Ce soir elle en aurait la preuve. Et elle l'a partagerait. Avec celle qui savait qu'elle existait depuis le début de son histoire ici.
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Pattricia
L'après-midi en taverne avait été fantastique, retrouver les joutes oratoires, les sorties de qualité, les éclats de rire, un pur moment de magie. Le trio infernal était réuni et rien, n'y personne n'y pourrait jamais rien...

D'humeur enjouée, j'avais rejoint les enfants et Mélie, une bonne nouvelle sur les lèvres, le départ repoussé d'une journée, la joie de les voir encore et encore. Savoir qu'ils auraient grandi, que Mari et Mélie veilleraient, être sûre d'elles... Après le dîner, après les jeux et le coucher, la douce mélodie que Mélie leur chantait chaque soir, après ce moment d'intimité entre nous deux devant un petit verre... Après qu'elle soit montée se coucher de bonne heure comme tous les soirs, mon esprit tendu vers toi, je prépare ma besace, relis la missive reçue un peu plus tôt, je souris en ne voyant pas de signature... Je la range précieusement dans une pochette de cuir que je glisse dans mon fourre tout et je sors...

Le chemin ne serait pas le même ce soir, je me rends au port et marche sur le ponton, dépassant la barque coulée de l'Affreux et me dirigeant vers la mienne... Ne pas balancer la besace et son précieux contenu, la poser délicatement et sauter comme une gamine qui se prépare à quelque frasque... Le deviner intrigué de ne pas me voir venir à lui, lui envoyer un sourire par la pensèe et détacher la corde... Prendre les rames et manœuvrer avec adresse, comme si tout n'était que prolongement... Glisser avec douceur, ralentir parfois pour profiter d'une lumière, d'un parfum, d'un son...

A l'approche de la masse sombre, prendre la pose, profiter d'être seule au milieu de toi, te sentir me porter, impatient de m'accueillir, être tentée par ton appel, sentir mon corps se tendre, cligner des yeux, me reprendre, réagir et à nouveau ramer. Tendue par ma lutte intérieure, si tentant est ton appel, chant de sirènes, mélodie du bonheur, source inaltérable de jouvence, si tentateur, si charmeur... si doux... Ramant de plus en plus énergiquement, je contourne l'ile pour arriver au ponton. Après le choc de la barque contre le pilier, j'arrime la corde, prends ma besace et grimpe.

Je souris... Elle est là...

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Brygh_ailean
La sauvageonne est venue... Elle n'en a jamais douté.
L'appel était trop fort.

Descendant vers le ponton elle entend le clapotis de l'eau claquant sur les rames, le délicat froissement de la barque fendant le flot. Que ses plaintes sont belles, que ses déchirements la transcendent. Un héron fatigué, luttant contre l'hiver se découpe telle une lance dans la lumière falote de cette nuit de lune.

Son ventre se contracte lorsque la barque toque sur les planches verdies de son embarcadère. Elle a tout préparé... Une bouteille de Fine dont elles auront besoin après l'avoir rencontré. Deux timbales au métal dépoli qu'elle a retrouvé dans les décombres de la bâtisse.

Le vent se convie seul à la fête et Bryn sent avec lui, ses embruns... Il fera décidément tout pour la séduire ce soir... A-t-il jamais été plus beau ? A-t-il jamais été plus calme ? A-t-il jamais eu parfum plus enivrant ?

Elle tend la main vers Pat pour l'accueillir :

Il est magnifique n'est-ce pas ?

Sa gorge se noue... Ses yeux s'embuent.
Dire que j'ai failli l'oublier. Si longtemps que je ne l'ai pas regardé comme il le mérite !

Elle se penche et trempe la main dans l’eau. La brûlure du froid lui fait l’effet d’une caresse chaude et délicieuse. Elle porte ses doigts à sa bouche, comme pour sentir son baiser.

Puis, sans se retourner, les yeux tournés vers l'infini :


Tu es prête ?
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Pattricia
Prête ?
Elle l'était depuis ce premier matin d'hiver, un 13 décembre, une bicoque en forêt et un loup pour seul compagnon. Leur rencontre l'avait tétanisée, bouleversé, dévastée... et pour finir réchauffée. N'importe qui serait tombé malade... pas elle...

Ce moment qu'elles allaient partager était un moment précieux, un instant unique. Personne ne saurait qu'elles étaient là, personne ne venait jamais ici de tout manière, même pas moi... Cet endroit m'avait toujours paru comme interdit, réservé à quelque destinée dont je ne serai pas l'instigatrice. Maintenant je savais, rien n'est jamais arrivé par hasard avec toi mon lac, personne n'est jamais venu ici auparavant... enfin pas depuis la nuit des temps... Et c'est pour elle que tu réservais ce lieu, et c'est pour cela que je ne voulais pas y venir avant...

M'imprégnant une dernière fois du silence nocturne, faux silence rempli des bruits de la nuit, je ferme les yeux et te respire. Savoir que nous sommes comme seules au monde m'emplit d'une joie sauvage, égoïste, guerrière... Alors je me retourne...

Je regarde Bryn, montre ma besace et souris toujours prête ! J'ai apporté un petit quelque chose moi aussi...
Alors maîtresse des lieux, tu me guides ou je dois deviner toute seule où nous allons ?

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Brygh_ailean
Toujours prête ! J'ai apporté un petit quelque chose moi aussi...

Il n'en suffit pas plus... La grande a déjà quitté doucement ses vêts qu'elle a "presque" pliés à ses pieds.

Alors maîtresse des lieux, tu me guides ou je dois deviner toute seule où nous allons ?

Elle a déjà plongé. Pas besoin d'explication.
La morsure est immédiate, mais elle reste immergée... Elle s'engourdit déjà, son esprit a déja cessé de fonctionner. Elle ouvre les yeux dans le noir absolu... le reflet de la lune pleine ne suffit même pas... Elle s'enfonce encore...

Et tout à coup, elle la sent. Elle est là. Tout prêt. Plus encore... Elle s'insinue dans son sang, dans sa chair... La Dame est là. Elle EST la Dame.

Alors elle remonte doucement vers la surface. Il faut que Pat partage ça aussi. C'est pour cela qu'elles sont ici. Car si elles sont toutes deux la Dame, peu importe où qu'elles soient... Sur les routes de l'Artois, du Béarn ou de l'Helvétie... Elles seront à jamais réunies... Elles seront à jamais unies à lui.

Elle émerge enfin.


Allez ! Rejoins-moi !

Et dans un éclat de rire, de bonheur et de larmes.

Je suis en vie ! Oui ! Je suis en vie !

Etrange sensation soudain. Elle sent les yeux du loup de Pat, là-bas, au loin, de l'autre côté. Elle ne peut pas le voir mais elle sait qu'il les regarde...



et qu'il leur sourit.

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Pattricia
Pourquoi avais-je poser la question ? Un moment d'aberration sans doute, une absence, un oubli, on dira plus tard un black out... J'étais encore imprégnée de cette drôle d'ambiance mystique qu'elle avait déjà plongé...
Elle ne remontais pas, je n'étais pas inquiète, je communiais à ma manière, je le laissait m'appeler à lui, l'ignorant encore un peu, toute à ce moment délicieux de ma pseudo résistance... Ce qui fait que le souvenir en est encore plus unique... une sorte de préliminaire amoureux entre lui et moi...

Soudain la sirène jaillit de l'eau, moitié riant, moitié pleurant...

Citation:
Allez ! Rejoins-moi !
Je suis en vie ! Oui ! Je suis en vie !


Sereine, je pose ma besace et me débarrasse de ma tenue de chasse, ne gardant sur moi que ce petit tatouage invisible aux néophytes, mon troisième œil...

Plonger...

Le laisser m'envelopper, m'attirer, me chahuter... Ne pas lutter, au contraire, aller à sa rencontre et me laisser prendre... Me délivrer de tout, me laver de rien, m'habiller de son voile sombre et glacé et me sentir bouillante, frémissante...
pour elle c'est Elle, pour moi c'est Lui...
Nous n'en avons jamais parlé... Nous ne voyons pas les mêmes choses, nous ne ressentons pas les mêmes sensations et pourtant nous ne sommes qu'une...

Le lien... indéfectible... mystérieux... silencieux...

Une fois redevenue l'origine, je remonte... rapide... je jaillis et me glisse sur le dos, regardant à travers les perles d'eau qui couvrent mon visage, la lune... Il hurle... il sait...

Et je hurle avec lui...

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Brygh_ailean
Elle s'amuse, elle rit... Elle regarde ses pieds fouetter la surface tandis qu'elle fait des moulinets avec les mains... Plonge la tête, la ressort.

Mais toute les bonnes choses ont une fin.
Lorsqu'elle voit que ses doigts bleuissent légèrement, elle sait qu'il est temps de sortir de son élément.

Elle remonte alors à contre-coeur vers le ponton, s'enroule dans son plaid et se sert un gorgeon qu'elle boit rapidement.

Après un dernier signe à Pat pour qu'elle la rejoigne — et lui montrant surtout le subtil breuvage —, elle s'écroule sur le ponton, alanguie... mirant la voute celeste comme le plus beau des joyaux du royaume.

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Pattricia
Pendant que Bryn jouait au triton farceur, je me laissais glisser au gré de l'onde, le regard toujours planté vers la lune... Après notre communion sonore, il était reparti en forêt, notre lien était plus diffus, mais toujours là.
La lune semblait me réchauffer, une absurdité en soi.

Des frissons me parcourent, pas vraiment de plaisir, il est temps de sortir... Mon impression se confirme quand j'entends le clapotis distinctifs d'un corps qui émerge de l'eau et monte sur le ponton. Une dernière immersion, juste pour ne pas partir trop vite, juste encore quelques instants enveloppée de toi...

Une fois la tête hors de l'eau, je vois Bryn qui me fait des signes, je me propulse, sirène à mon tour, te laissant me caresser sans fin et avec faim. Je grimpe dans ma barque et y attrape une couverture rangée dans un coffre, dégoulinante je saute sur le ponton et viens m'assoir près de Bryn, les yeux perdus dans les étoiles.

Saisir le flacon, se servir deux godets, frissonner de la chaleur qui s'empare de mon corps, en prendre un troisième, juste pour être sûre... Le cerveau légèrement embrouillé, je laisse mes jambes pendre au-dessus de toi et légèrement penchée en arrière, je regarde les lumières de Sarlat...

une en particulier, la lanterne accrochée au-dessus de l'entrée des Mures...

J'espère que j'ai fait le bon choix... ça va être dure de vous quitter...

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Brygh_ailean
Patbis2007 a écrit:
J'espère que j'ai fait le bon choix... ça va être dure de vous quitter...


C'est le genre de réflexion qui vous sort de n'importe quel torpeur, mais là, elles sont trop bien même pour y penser.

Au lieu de dire des âneries, sert-moi donc un gobelet de ce merveilleux breuvage.

Pourtant les mêmes angoisses se sont déjà infiltrées dans son esprit. Il est parti, elle part. Ils ont pris doucement tellement d'importance dans sa vie. Que va-t-elle faire seule hormis vivre au rythme des flots, terrée chaque soir dans la solitude de sa masure ? Le lac sera toujours là, lui... C'est déjà ça. Le héron aussi. Il n'a pas bougé. Malgré toutes les fantaisies qu'elles ont faites dans l'eau, le ramier est resté impassible.

Oups, j'ai déjà fini. Un autre ne serait pas de refus...

Voilà ce qui lui reste à faire. Rester impassible face au tumulte, et attendre... qu'elle revienne, qu'il revienne. Bryn sourit. Cela peut être si simple, quand on veut bien se laisser porter.
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Pattricia
Citation:
Au lieu de dire des âneries, sert-moi donc un gobelet de ce merveilleux breuvage.


Je ris et la sers... A nous deux on fait une belle brochette de dissimulatrices... Peut-être est-ce mieux, peut-être que nous sommes plus fortes ainsi... naaannn ! Nous ne sommes pas fortes, nous sommes fragiles, sensibles et terrifiées, et pour l'une des deux... si seule...
Alors nous mettons notre masque, nous jouons les bravaches, laissons certains nous détester parce que c'est plus facile... plus simple...
Si tu n'étais pas là... Si je ne pouvais pas me laver de la souillure chaque jour... Si tu ne me donnais pas ta force...

Le froid intense m'a reprise et je fulmine contre mes pensées négatives... Pourquoi faut-il toujours que je les laisse m'envahir ?

Citation:
Oups, j'ai déjà fini. Un autre ne serait pas de refus...


Sursaut, comme une bouffée d'air frais par une chaleur torride d'un après-midi en Toscane, un clignement des yeux, une larme invisible... et l'assurance qu'en fait je n'étais pas seule... pas vraiment... que je n'avais pas le droit de dire cela... j'avais tellement de chance d'avoir les amis que j'avais... Tellement de joies...

Je remplis son godet et le miens, un sourire un peu timide sur le visage, ne pas laisser les angoisses prendre le dessus, ne pas laisser les nuisibles s'immiscer, la regarder, pas plus fière que moi et éclater de rire...
Trinquer... juste murmurer...

Merci...

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Pattricia
Le lendemain...

La veille avait été magnifique, mais cette journée avait été un enfer... Décidément, certains avaient le jugement hâtif, exigeaient, pensaient que les autres ne devaient pas avoir de vie, d'obligations, bref intolérance...

Je suis fatiguée de tout cela, j'en ai assez de porter tout le monde à bout de bras et de m'en prendre plein la tête... Qu'ils fassent tous ce qu'ils veulent, ils avaient réussi à gâcher mes derniers jours et moi j'étais épuisée...

Mois après mois j'en avais oublié l'essentiel... Moi ! Après tout que chacun fasse ce qu'il veut, que chacun assume ses choix, je ne veux plus rien entendre, je dois me concentrer sur mes enfants, ma maison, mon moulin, les amis qui me restent...

Une chose est sûre en tout cas, parmi ceux que j'ai soutenus dans les différentes crises qu'ils ont traversé, certains continuent à se regarder le nombril, et se foutent royalement de ce que je traverse moi... Et dire que certains osent parler d'amitié... Ils n'ont vraiment aucune idée de ce que c'est... vraiment aucune...

J'en étais là de mes pensée quand j'arrivais sur le ponton. Étonnée, je regarde l'ile, sourit et fait demi tour. Il y a des choses qui devaient rester en l'état...

Je marche en direction de mon refuge et je le retrouve, toujours fidèle, mais bien calme... Après une bonne brassée de poutouilles en tout genre, nous marchons jusqu'à la crique, je te regarde... Il y a des moments pour tout, mais là c'était le moment d'une autre activité...

Viens, nous avons quelques lièvres à débusqués, quelques faisans à oxyder et quelques grenouilles à noyer. Commençons par le lièvre, après tout cela reste mon plat préféré !

Mon sourire carnassier était de rigueur aujourd'hui et tant pis pour celui ou celle qui me chercherait, il ou elle me trouverait...
Prenant la direction de la forêt, arc en main et carquois à l'épaule, le regard des mauvais jours, je me prépare à exterminer tout bouquin qui oserait croiser mon chemin... Truffe reconnaissant les prémisses d'une bonne partie de chasse, file à toute vitesse déjà sur le coup.
Et oui mon beau, il est temps de reprendre les bonnes habitudes, on va en avoir pour des semaines...

Ce soir garenne en broche avec une sauce au miel, voilà quel était mon programme. Il n'y avait plus qu'à...

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Brygh_ailean
[Le même jour, c'est à dire le lendemain... Vous n'avez qu'à suivre !]

Elle a eu la bétise de vouloir se lever pour descendre en ville... Et maintenant, le calvaire du retour est bientôt achevé. Monter l'escalier est un supplice... Ces membres lui font défaut. Son corps la brûle de toutes parts, ses poumons aussi... Quelle idée a-t-elle eu se demande-t-elle soudain...

Elle regarde pas la fenêtre lui si paisible, si patient, reflet de gris et d'argent :


Mon beau salaud ! Tu ne m'a pas raté !

Cette pensée exprimée lui arrache un toussotement puis un sourire presque amoureux. Mais le sentiment lui échappe déjà en regardant de l'autre côté, vers la ville, ses lumières... ses petites infamies ordinaires, ses dérapages quotidiens.

Sarlat la lumineuse, que de trésors de vilennie décèles-tu en ton sein... Que ne sommes-nous pas capables nous, si riches de toi, de faire taire nos individualités démesurées, pour ne jouir que de vivre, ici, au coeur de la plus grande des beautés.

Alors, elle retourne se terrer sur sa couche pour calmer la douleur qui l'anéantit. Encore deux jours avant le départ. Il faut tenir, se soigner, profiter des instants de bonheur... même s'ils vous mènent à la pneumonie... et ne pas se soucier du reste.

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Pattricia
Dernier jour...


j'avais laissé les enfants, n'avais pas revu Méli, préparé ma monture, rempli les fontes et j'avais passé la poterne, décidée à attendre à l'extérieur des remparts, loin des rumeurs du villages, les jacasseries des villageois qui rentraient chez eux, des chants des ivrognes, j'en avais reconnu quelques un d'ailleurs...

Il était là et nous te regardions... Lui assis calmement à mes pieds et moi appuyée contre mon hongre, le flattant à l'encolure... Le temps était clément, la lune encore pleine brillait de tout son éclat. Sous sa lumière étincelante, tu brilles de mille feux.

Tu es là, paré de tous tes charmes et tu me tentes, m'invites, me charmes. Tu me fais ce petit clin d'œil irrésistible, mais ma décision est prise et Mat attend ses soldats et... franchement... qui voudrait faire attendre Mat...

Alors je me hisse à cheval, saisis les rênes, te contemple, frémis de te sentir si proche, talonne ma monture et file le long des remparts vers la route de mon trépas ou de ma renaissance...

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Fobia02
Il était arriver dans la matinée, foulant la terre de cette ville nommée Sarlat, il connaissait pas mal de gens ici, la plupart il les aimaient plutôt bien, certains qu'il aimaient beaucoup moins et d'autres .... que dire d'eux ... rien, il ne méritent même pas qu'on parle d'eux justement.
Le pas léger, il savait exactement ce qu'il venait faire ici, lui si loin de Bergerac ... enfin pas si loin hein, c'est juste à coter en fait, fallait pas exagérer non plus.
Il était venue déjà il y'as de cela quelques semaines, pour "aider", enfin il se persuadait de cela, sans trop y croire, il aimait aider ceux qu'ils aimaient, prendre soin des autres, une des choses qu'il savait faire.
Elle avait besoin d'aide, il était venu, répondre présent, sans trop en faire, juste lui montrer qu'elle pouvait avoir une épaules sur laquelle se reposer..... ou baver le cas échéant !

Il se dirigea donc en direction du lac, tranquillement, il espérais qu'elle serait la et si ce n'était pas le cas, ben, il pécherait pardi !
Une chose qu'il aimait faire seul ou accompagné de son frangin, les deux bourrins comme on pouvait les appeler.

A son arriver au lac, il s'assit quelques instants, profiter du moment, paisible, respirer l'air pur qu'il pouvait nous offrir, ne pas parler, écouter les gazouillis des oiseaux, les feuilles qui tombent au sol ou dans l'eau, le froid aidant, les clapotis de l'eau sur le bord, les batraciens qui se faisaient la conversation et le vent glacial, qui le surprenait à lui fouetter le visage de temps en temps, en somme juste .... "prendre le temps de prendre le temps !"

Assis au bord de l'eau, il patientait, un léger sourire au coin des lèvres.
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