Celenia
Célénia arriva en Sarlat par un froid matin...Combien de temps qu'elle avait quitté cette terre, elle aurait été bien incapable de le dire. Elle revint là où tout semblait toujours commencer, là où son père et sa mère disaient que le Bonheur naissait.
Malgré la neige et le gel, elle s'assit parterre, face au lac. Sa longue cape bleu nuit la protégeant de tout.
Elle regarda devant elle. A chaque respiration la vapeur qui émanait de sa bouche formait une légère buée. Son visage d'habitude si pâle était légèrement rougi par la chute de température que son corps subissait entre l'Italie et ici.
Elle se repassait dans la tête chaque mot au goût de miel qu'elle avait appris par coeur à force de les lire et les relire.
Elle soupira soudain...
"Un an déjà..."
Elle resta là longuement, attendant on ne sait quoi, peut-être un signe, quelque chose mais certainement pas quelqu'un. Il est des miracles auxquels on ne peut croire.
Elle n'avait plus que le silence pour respirer, recommencer là où le monde a commencé.
Elle se mit à chantonner, doucement, de façon inaudible:
"Je m'en irai dormir dans le paradis blanc
Où les nuits sont si longues qu'on en oublie le temps
Tout seul avec le vent
Comme dans mes rêves d'enfant
Je m'en irai courir dans le paradis blanc
Loin des regards de haine
Et des combats de sang..."
Elle se demanda soudain
"où vont les canards quand il fait trop froid...?"
(Merci à M.Berger et Cali pour m'avoir, malgré eux, prêté leurs mots...)