Le mois de janvier s'achevait doucement, mais le temps semblait comme suspendu par l'hiver rigoureux qui sévissait, emprisonnant la nature dans son gel.
Sandreen s'était emmitoufflée et tirait sa nouvelle barque près du lac, dès l'aube venue. Aidée par le sol, rendu glissant du givre qui le recouvrait, laissait filer l'embarcation mais elle, dérapait à chaque pas.
Elle arriva finalement devant l'étendue d'eau passant devant son ancienne épave à laquelle elle lança un regard noir pour l'avoir surpris en pleine peche et l'avoir asperger d'eau glacée.
La brune inspectait les lieux méthodiquement, on apercevait de-ci, de-la, des trous et des fissures dans la glace, qui tapissait le lac, qui s'etendait par endroit, sans faille, tel un miroir.
Elle contourna le lac à pied, trainant la barque derrière elle, pour trouver un coin où la plonger. Elle y etait, là, à force des pics des pêcheurs la glace n'avait su résister et des vaguelettes venaient lui lecher les chausses.
Poussée à l'eau, l'embarcation oscillait lentement et sa propriétaire, plongeant sa ligne, attendait en revassant, les yeux fixés sur le bouchon de liège qui dansait gentiment.
Réputé poissonneux, le lac ne mit pas longtemps à délivrer ses trésors et Sandreen satisfaite, regagna la berge.
Le pale soleil qui perçait la brume ne suffisait pas à rechauffer l'atmosphère et encore moins la douce et frigorifiée, par l'attente du poisson, jeune femme. S'emparant d'un sac de toile jeté la veille dans sa nouvelle acquisition, elle en sortit une paire de patins confectionnée par ses soins d'une vieille paire de poulaine et d'un os solidement fixé à la semelle.
Elle se déchaussa et fourra un pied dans le nouvel accessoire, le laçant solidement à sa cheville puis se leva, pliant la jambe au pied nu pour constater de la solidité de cette nouvelle confection.
Elle trouva l'équilibre sans mal et enfila le deuxième patin dans la foulée.
Jetant de nouveau un oeil avisé vers le lac, elle s'avança vers l'endroit lui paraissant le plus solidifié et elle posa un pied précautionneusement sur la glace, puis le deuxième vint rejoindre le premier. A découvert de tout arbre, le vent s'engouffrait, ici, glacial, la frigorifiait et lui imposa de quitter le lieu.
Témérairement, elle se lança à l'assaut de la banquise. Après quelques minutes hasardeuses, elle patinait maintenant capuche baissée, cheveux au vent, serpentait sur le lac dessinant des chemins imaginaires.
La glisse lente lui donnait un air gracieux tandis que le patinage plus rapide qu'elle tentait parfois, renvoyait l'image d'une femme plus determinée.
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