Minouche
RP écrit à quatre mains, merci d'avance à LJD Karyl
- Le Mans, un début de soirée comme les autres, quoique... -
Taverne quittée et porte qui se referme derrière eux. Le soleil commence à décliner. La nuit ne va plus tarder à tomber, il faut faire vite. L'onyx balaye les alentours, moue réflexive qui se peint sur la trogne du petit blond avant qu'il ne pose son regard sur son acolyte.
Moi je suis le plus grand alors il faut tu écoutes ce que je dis et tu apprends comment je fais. Il faut que en premier on va dans la marché pour acheter à manger pour Cerridween et après et ben il faudra que on la trouve. Faut pas tu me perds si on doit courir hein, tu es d'accord ?
Tout en joie l'enfant aux cheveux couleur corbeau... Une mission. Une vraie. Comme les grands. Et une récompense surtout, tout ces sous... Elle est riche l'adulte aux brins de blé qui marche à la canne ! D'ailleurs il a un peu oublié le nom... Trop obnubilé à compter écus. C'est qu'il n'a pas l'habitude le petit bout d'homme. D'ailleurs, il compte encore... Y a plein de cinq sous là dedans ! Déjà l'esprit s'envole vers les myriades de gourmandises qu'il pourrait s'offrir, comme un bon pain tout chaud... L'en salive... Puis sursaute quand le blondinet l'apostrophe doucement. Il l'écoute, grogne parfois aussi. Karyl, à peine plus âgé que lui mais avec qui il sent quelques similitudes... Remarque, il connaît mieux les rues d'ici que lui à coup sûr, et le gosse se rappelle les dangers des ruelles noires si l'on tarde trop dehors. Autant faire au plus vite. Tant pis que le nouveau copain soit le "chef" d'une soirée. Minouche hoche de la tête, non sans une petite grimace au nom du dict contact à rencontrer.
L'ainé sourit. Minus à trouvé plus petit que lui et outre l'envie de mettre en pratique les enseignements de Cassian, il doit admettre qu'il l'aime bien le petiot. Peut-être un futur bon copain, comme Louis laissé à Saumur. Il est heureux Karyl, il a enfin rencontré "la daronne", celle dont il avait tant entendu parlé... Oh bien sûr il l'avait imaginé un peu différemment, mais en y réfléchissant, peu lui importait du moment qu'elle sache compter les histoires et lui apprendre quelques petites choses. Apprendre, le petit vagabond ne rêvait que de ça, surement pour cela qu'il tannait autant les adultes avec toutes ses questions. Mais il doit bien admettre qu'il ne s'était pas attendu à se voir confier une mission et encore moins une qui, à coup sur, ferait plaisir à la rouquine, en plus de lui apporter quelques piécettes. Plan remit en tête et mot à retenir rabâché encore une fois... Le voilà prêt. Que la mission commence !
Moi je crois il faut aller par la pour aller au marché plus vite, je ai essayé et ca fait le raccourci et on arrivera avant tout soit fermé... Tu viens ?
Le minot lui rend le sourire, quoique léger, juste pour rassurer. Ça marche avec tout le monde il a remarqué. Je vais bien tout va bien !... Menteur. L'enfant a les jambes qui tremblent rien qu'en se souvenant des balafres de la rousse sur son visage... Ce toucher frais et bizarre... Pourtant, il a toujours vu les cicatrices comme des trophées à montrer avec fierté quand on le demande. Mais la femme chevalier lui avait montré un tout autre sentiment... Comme de la gêne, de la honte, de la... Tristesse. Le blondinet lui avait sorti le même refrain : elle est triste. Comment c'est possible... Quand on est aussi forte rien qu'en prestance ?... Qu'une autre femme chevalier soit plein de respect envers soi, et surtout avec un titre "de la mort qui tue". Capitaine... Il ne comprend pas le paradoxe. Pire, il n'a pas vraiment envie de recroiser le lourd regard vert. Mais ça il ne le dira pas à Karyl, oh non... Puis, y a des sous à gagner ! Alors ni une ni deux, il le tient aux chausses, habitué aux courses enfantines.
Et la course commence à travers les ruelles du Mans. Les chausses, du moins ce qu'il en reste après des années à arpenter les chemins, claquent sur le pavé. Karyl est joyeux, bien loin des préoccupations de son jeune ami qu'il ne soupçonne même pas. Cerridween ? Lui il meurt d'envie de la retrouver comme chaque soir, chaque jour depuis bientôt un mois. Pourquoi cette attirance pour la fille aux yeux tristes, il ne sait pas vraiment. La solitude qu'elle dégage peut-être, la tristesse qu'elle porte sur le visage surement. Il a hâte le blondinet de voir son visage s'illuminer à la vue du cadeau qu'ils s'apprêtent à lui offrir, et naturellement il presse le pas comme pour accélérer le temps. Les maisons, tavernes, boutiques défilent à côté d'eux et l'enfant rit dans la douceur du soir naissant. Voilà bien l'aventure comme il l'aime et la récompense émeraude qu'il espère vaut bien tout les écus du monde. Bifurcation à gauche, puis à droite, il a tant arpenté le chemin en trois semaines qu'il pourrait retracer l'itinéraire les yeux fermés.
On est presque arrivé lança-t-il soudain..
Le marché est en vue... Reste plus qu'à savoir quoi acheter....
Vieux bonshommes qui râlent leur jalousie à ne plus pouvoir profiter de la jeunesse, femmes à la famille affamée qui crient envers les sales gosses qui ont failli lui faire tomber son panier plein de victuailles, calmes étrangers qui sourient de voir les petits insouciants fouler la pierre des ruelles, catins aux corsets trop serrés qui soupirent... Tant de monde croisé ou esquivé dans la course rieuse du petit blond joyeux. Le brun se pose mille questions sur la façon de réagir, dans son monde peureux, restant tout de même sérieux et motivé quand à la réussite de cette grande et première mission. Hors de question de la rater celle là ! D'ailleurs, à peine entré dans le quartier marchand que le garçon demande à l'ainé :
Mais euh... Ta chevalier elle mange de quoi ? Parce de que la viande faut faire cuire et moi je sais pas faire...
Grimace qui se décide sur la trogne du petit homme. Ce que "sa chevalier" mange ? Il en sait fichtre rien et sur les remparts on peut pas vraiment dire que se soit l'idéal pour faire à dîner. Doit-bien y avoir moyen de faire cuire quelque chose tout de même, non ? Mais le doute est là, palpable. De ses nombreuses excursions sur les murailles, il n'a encore jamais vu qui pourrait le satisfaire. Il ne va tout de même pas acheter un vulgaire pain à son amie... Oubliant alors les gens qui l'entourent et le bousculent, le mioche reste planté au milieu de l'allée.... Il réfléchit :
Ben moi je crois le mieux à faire c'est de aller lui acheter les gâteaux et le saucisson parce que tout le monde il aime les gâteaux et en plus ce est bon et je ai pas besoin de faire cuire alors je trouve il faut que on fait ca...
Petit regard qui détaille les alentours, méfiant. Pas le moment de se faire attaquer, voir dépouiller et la ville n'est pas très sur arrivé à cette heure.
Faut pas on traine trop et tu fais attention à les sous hein... Bon, a ton avis il est ou le monsieur des saucissons ?
Faut avouer que les blondinets ont des idées brillantes parfois. Comment ça je suis mauvaise langue ? Nenni. C'est exactement ce que pense le mioche, na ! Les oreilles sont attentives sur chaque marchand présent, criant le bon de ses produits, pour le peu qu'il y en ait. Les mains, elles, restent à sa ceinture fermée au maximum, histoire de vérifier que son magot est toujours en place. Aux derniers mots de Karyl, la fierté oblige Minouche à croiser des bras et de grommeler en bon sale môme :
Pour qui tu me le prend de abord, je sais faire de l'attention ! Et pis tu es nul, pour le sauciflard il faut de-man-der à un grand. Comme ça.
Joignant les paroles à l'action, le minot hèle de son mètre de bas un paysan qui tient un étalage de légumes :
Hé ! Héééé m'sieur ! Ce est où que on a du sauciflard ? Ce est trèèèèèèès n'important pour la chevalier sur les murs.
Et le sec homme à la barbe dure de répondre au petit au sourire aussi large que sa crasse :
Si tard p'tit ? Tente don' voir de c'côté. Richard est 'tete encore là.
L'enfant fait un tour sur lui-même, trop heureux d'avoir donné une leçon à son ainé.
Tu le vois ? Ce est que comme ça que faut faire.
Sourcil qui se hausse, poings qui viennent rejoindre les hanches, léger soupir de contrariété. Ouais bon ben ça il aurait pût le faire aussi hein... Enfin s'il y avait pensé ; Et voir Minouche prendre les devants n'est pas vraiment à son goût. Désireux de reprendre l'avantage sur la demi-portion - après tout c'est lui le grand - le voilà qui annonce, sûr de lui :
Ben évidement que je sais ce est qui Richard hein.... Aller arrête un peu de trainer tu fais du ralentissage et je ai pas que ça à faire hein.
De mauvaise foi Karyl ? Pas du tout.... Mais voilà un problème se pose : à dire vrai il n'a pas la moindre idée d'où trouver le dit Richard... Pas écouté... Oups. Par chance, le m'sieur aux légumes semble capter son désarroi soudain et leur indique la direction, clin d'il en prime. Du saucisson, ca doit bien se trouver chez un boucher... Reste plus alors qu'à prendre la direction indiquée, marcher d'un part vif et assuré et surtout garder l'il ouvert sur les bouchers du coin... Pourvu que Minouche n'ait rien remarqué. Et au blondinet d'en rajouter encore :
Aller faut tu me suis !
Vu ? Non. Trop attentif à éviter le peuple encore présent, qui n'a apparemment pas pris conscience que les nains peuvent exister dans la jeunesse. Grognements et railleries digne d'un gamin passés, le petit brun soupire de soulagement lorsque celui qui le dépasse presque d'une tête lui demande de le suivre. Et en course évidemment... Tellement d'énergie à dépenser à cet âge... Quelques minutes passent avant d'enfin trouver le dict boucher au nom purement français. Le mioche salive devant toutes ces senteurs qui lui rappelle la si rare dernière viande juteuse dévorée de ses petites quenottes jaunes. Croyez quoi ? Que les pauvres connaissent l'hygiène ?
Mmm... Tu es de certain que un seul sauciflard ça est bien ? Parce de que un chevalier ça mange de beaucoup non ?
Le ventre traitre gargouille et laisse à découvert la demande secrète d'avoir du rab... Raté ?
Sourire victorieux peint sur la trogne, simple satisfaction de ne pas avoir perdu la face devant son cadet, c'est avec une moue joyeuse que Karyl accueille la nouvelle vue. Ils sont bien au bon endroit et de surcroit, l'homme possède encore en magasin quelques mets qui ne manqueront pas d'intéresser les deux gosses. Tout occupé à observer le boucher c'est d'une oreille discrète que le blondinet perçoit la question de son acolyte.
Du rab ?... Euh ben...
Et voilà le gamin qui se dit que peut-être le petit n'a pas tort et puis, c'est vrai que lui aussi se mettrait bien une petite douceur sous la dent ; Et avec tout l'argent qu'ils ont eu, il restera surement assez pour quelques gâteaux, sinon au pire il iront fouiner à Léard. Décision prise, Karyl se tourne vers Minouche d'un air très sérieux.
Ce est moi le grand alors il faut tu me laisse parler et faire de la négociation et toi tu regardes comment je fais et si tu écoutes bien et ben tu ferras pour les gâteaux d'accord ?
Et sans attendre la moindre réponse, au môme de "crier" au boucher de leur mettre deux saucissons... Puis de regarder ce dernier avec des yeux de merlan frit, jouant de ses chausses trouées avant d'ajouter :
Mais on a pas beaucoup les sous et on est dans la mission pour aider les soldats à défendre le ville alors toi il faut aussi tu aides les soldats alors il faut tu fais pas le prix dans le trop cher... Moi je veux bien te donner huit sous pour le tout d'accord ?
Les mirettes vertes fixent l'ainé avec insistance tout le long de sa réflexion, l'espoir palpable, avant de hocher le crane vivement à sa négociation. Que ne ferais-t-on pas pour faire plaisir à sa faim... Puis les gâteaux ça ne doit pas être compliqué pour en avoir. Sortant de ses pensées, il écoute finalement avec attention comment le blondinet se débrouille avec le commerce des adultes, ouvrant même la bouche au prix. Huit sous ce est plus que cinq, il est fou ! Bien entendu, ce n'est pas Minouche qui connait le véritable prix de ce genre de mets... Alors c'est presque s'il hallucine à l'annonce du gros gaillard :
Huit t'dis gamin ? T'crois quoi, que j'vis sans famille à nourrir ? M'fiche que c'soit pour les soldats... Et m'étonnerais pas que tu me mentes là-d'ssus. Comme s'ils envoyaient d'mômes pour l'repas du soir... C'vingt écus l'deux saucissons gamin, t'as la monnaie ?
Et au mioche de ronchonner... Vingt écus non mais il est toc-toc lui !
Tu es fou toi, moi je ai de la viande pour dix-sept écus hein ce est mon copain Gaspard qui me a dit alors le saucisson et ben ce est moins cher alors moi je veux bien te donner quinze mais si tu fais plus et ben ce est dans le vol et en plus je suis pas un menteur et Cerridween elle va venir te le dire demain et tu auras les gros ennuis. Alors tu me donnes ?
Petit regard au mioche genre... T'as vu comme je maitrise... Apprends ! Et retour au boucher :
Et moi je me appelle Karyl ce est quoi ton nom, tu as beaucoup les enfants ? Tu crois que ils sont content tes enfants si tu nous aide pas et que on meurt de faim dans la rue à cause que tu veux trop les sous ? Moi je serai pas très fier de toi hein. alors je crois quinze sous c'est bien... Tu veux ?
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- Le Mans, un début de soirée comme les autres, quoique... -
Taverne quittée et porte qui se referme derrière eux. Le soleil commence à décliner. La nuit ne va plus tarder à tomber, il faut faire vite. L'onyx balaye les alentours, moue réflexive qui se peint sur la trogne du petit blond avant qu'il ne pose son regard sur son acolyte.
Moi je suis le plus grand alors il faut tu écoutes ce que je dis et tu apprends comment je fais. Il faut que en premier on va dans la marché pour acheter à manger pour Cerridween et après et ben il faudra que on la trouve. Faut pas tu me perds si on doit courir hein, tu es d'accord ?
Tout en joie l'enfant aux cheveux couleur corbeau... Une mission. Une vraie. Comme les grands. Et une récompense surtout, tout ces sous... Elle est riche l'adulte aux brins de blé qui marche à la canne ! D'ailleurs il a un peu oublié le nom... Trop obnubilé à compter écus. C'est qu'il n'a pas l'habitude le petit bout d'homme. D'ailleurs, il compte encore... Y a plein de cinq sous là dedans ! Déjà l'esprit s'envole vers les myriades de gourmandises qu'il pourrait s'offrir, comme un bon pain tout chaud... L'en salive... Puis sursaute quand le blondinet l'apostrophe doucement. Il l'écoute, grogne parfois aussi. Karyl, à peine plus âgé que lui mais avec qui il sent quelques similitudes... Remarque, il connaît mieux les rues d'ici que lui à coup sûr, et le gosse se rappelle les dangers des ruelles noires si l'on tarde trop dehors. Autant faire au plus vite. Tant pis que le nouveau copain soit le "chef" d'une soirée. Minouche hoche de la tête, non sans une petite grimace au nom du dict contact à rencontrer.
L'ainé sourit. Minus à trouvé plus petit que lui et outre l'envie de mettre en pratique les enseignements de Cassian, il doit admettre qu'il l'aime bien le petiot. Peut-être un futur bon copain, comme Louis laissé à Saumur. Il est heureux Karyl, il a enfin rencontré "la daronne", celle dont il avait tant entendu parlé... Oh bien sûr il l'avait imaginé un peu différemment, mais en y réfléchissant, peu lui importait du moment qu'elle sache compter les histoires et lui apprendre quelques petites choses. Apprendre, le petit vagabond ne rêvait que de ça, surement pour cela qu'il tannait autant les adultes avec toutes ses questions. Mais il doit bien admettre qu'il ne s'était pas attendu à se voir confier une mission et encore moins une qui, à coup sur, ferait plaisir à la rouquine, en plus de lui apporter quelques piécettes. Plan remit en tête et mot à retenir rabâché encore une fois... Le voilà prêt. Que la mission commence !
Moi je crois il faut aller par la pour aller au marché plus vite, je ai essayé et ca fait le raccourci et on arrivera avant tout soit fermé... Tu viens ?
Le minot lui rend le sourire, quoique léger, juste pour rassurer. Ça marche avec tout le monde il a remarqué. Je vais bien tout va bien !... Menteur. L'enfant a les jambes qui tremblent rien qu'en se souvenant des balafres de la rousse sur son visage... Ce toucher frais et bizarre... Pourtant, il a toujours vu les cicatrices comme des trophées à montrer avec fierté quand on le demande. Mais la femme chevalier lui avait montré un tout autre sentiment... Comme de la gêne, de la honte, de la... Tristesse. Le blondinet lui avait sorti le même refrain : elle est triste. Comment c'est possible... Quand on est aussi forte rien qu'en prestance ?... Qu'une autre femme chevalier soit plein de respect envers soi, et surtout avec un titre "de la mort qui tue". Capitaine... Il ne comprend pas le paradoxe. Pire, il n'a pas vraiment envie de recroiser le lourd regard vert. Mais ça il ne le dira pas à Karyl, oh non... Puis, y a des sous à gagner ! Alors ni une ni deux, il le tient aux chausses, habitué aux courses enfantines.
Et la course commence à travers les ruelles du Mans. Les chausses, du moins ce qu'il en reste après des années à arpenter les chemins, claquent sur le pavé. Karyl est joyeux, bien loin des préoccupations de son jeune ami qu'il ne soupçonne même pas. Cerridween ? Lui il meurt d'envie de la retrouver comme chaque soir, chaque jour depuis bientôt un mois. Pourquoi cette attirance pour la fille aux yeux tristes, il ne sait pas vraiment. La solitude qu'elle dégage peut-être, la tristesse qu'elle porte sur le visage surement. Il a hâte le blondinet de voir son visage s'illuminer à la vue du cadeau qu'ils s'apprêtent à lui offrir, et naturellement il presse le pas comme pour accélérer le temps. Les maisons, tavernes, boutiques défilent à côté d'eux et l'enfant rit dans la douceur du soir naissant. Voilà bien l'aventure comme il l'aime et la récompense émeraude qu'il espère vaut bien tout les écus du monde. Bifurcation à gauche, puis à droite, il a tant arpenté le chemin en trois semaines qu'il pourrait retracer l'itinéraire les yeux fermés.
On est presque arrivé lança-t-il soudain..
Le marché est en vue... Reste plus qu'à savoir quoi acheter....
Vieux bonshommes qui râlent leur jalousie à ne plus pouvoir profiter de la jeunesse, femmes à la famille affamée qui crient envers les sales gosses qui ont failli lui faire tomber son panier plein de victuailles, calmes étrangers qui sourient de voir les petits insouciants fouler la pierre des ruelles, catins aux corsets trop serrés qui soupirent... Tant de monde croisé ou esquivé dans la course rieuse du petit blond joyeux. Le brun se pose mille questions sur la façon de réagir, dans son monde peureux, restant tout de même sérieux et motivé quand à la réussite de cette grande et première mission. Hors de question de la rater celle là ! D'ailleurs, à peine entré dans le quartier marchand que le garçon demande à l'ainé :
Mais euh... Ta chevalier elle mange de quoi ? Parce de que la viande faut faire cuire et moi je sais pas faire...
Grimace qui se décide sur la trogne du petit homme. Ce que "sa chevalier" mange ? Il en sait fichtre rien et sur les remparts on peut pas vraiment dire que se soit l'idéal pour faire à dîner. Doit-bien y avoir moyen de faire cuire quelque chose tout de même, non ? Mais le doute est là, palpable. De ses nombreuses excursions sur les murailles, il n'a encore jamais vu qui pourrait le satisfaire. Il ne va tout de même pas acheter un vulgaire pain à son amie... Oubliant alors les gens qui l'entourent et le bousculent, le mioche reste planté au milieu de l'allée.... Il réfléchit :
Ben moi je crois le mieux à faire c'est de aller lui acheter les gâteaux et le saucisson parce que tout le monde il aime les gâteaux et en plus ce est bon et je ai pas besoin de faire cuire alors je trouve il faut que on fait ca...
Petit regard qui détaille les alentours, méfiant. Pas le moment de se faire attaquer, voir dépouiller et la ville n'est pas très sur arrivé à cette heure.
Faut pas on traine trop et tu fais attention à les sous hein... Bon, a ton avis il est ou le monsieur des saucissons ?
Faut avouer que les blondinets ont des idées brillantes parfois. Comment ça je suis mauvaise langue ? Nenni. C'est exactement ce que pense le mioche, na ! Les oreilles sont attentives sur chaque marchand présent, criant le bon de ses produits, pour le peu qu'il y en ait. Les mains, elles, restent à sa ceinture fermée au maximum, histoire de vérifier que son magot est toujours en place. Aux derniers mots de Karyl, la fierté oblige Minouche à croiser des bras et de grommeler en bon sale môme :
Pour qui tu me le prend de abord, je sais faire de l'attention ! Et pis tu es nul, pour le sauciflard il faut de-man-der à un grand. Comme ça.
Joignant les paroles à l'action, le minot hèle de son mètre de bas un paysan qui tient un étalage de légumes :
Hé ! Héééé m'sieur ! Ce est où que on a du sauciflard ? Ce est trèèèèèèès n'important pour la chevalier sur les murs.
Et le sec homme à la barbe dure de répondre au petit au sourire aussi large que sa crasse :
Si tard p'tit ? Tente don' voir de c'côté. Richard est 'tete encore là.
L'enfant fait un tour sur lui-même, trop heureux d'avoir donné une leçon à son ainé.
Tu le vois ? Ce est que comme ça que faut faire.
Sourcil qui se hausse, poings qui viennent rejoindre les hanches, léger soupir de contrariété. Ouais bon ben ça il aurait pût le faire aussi hein... Enfin s'il y avait pensé ; Et voir Minouche prendre les devants n'est pas vraiment à son goût. Désireux de reprendre l'avantage sur la demi-portion - après tout c'est lui le grand - le voilà qui annonce, sûr de lui :
Ben évidement que je sais ce est qui Richard hein.... Aller arrête un peu de trainer tu fais du ralentissage et je ai pas que ça à faire hein.
De mauvaise foi Karyl ? Pas du tout.... Mais voilà un problème se pose : à dire vrai il n'a pas la moindre idée d'où trouver le dit Richard... Pas écouté... Oups. Par chance, le m'sieur aux légumes semble capter son désarroi soudain et leur indique la direction, clin d'il en prime. Du saucisson, ca doit bien se trouver chez un boucher... Reste plus alors qu'à prendre la direction indiquée, marcher d'un part vif et assuré et surtout garder l'il ouvert sur les bouchers du coin... Pourvu que Minouche n'ait rien remarqué. Et au blondinet d'en rajouter encore :
Aller faut tu me suis !
Vu ? Non. Trop attentif à éviter le peuple encore présent, qui n'a apparemment pas pris conscience que les nains peuvent exister dans la jeunesse. Grognements et railleries digne d'un gamin passés, le petit brun soupire de soulagement lorsque celui qui le dépasse presque d'une tête lui demande de le suivre. Et en course évidemment... Tellement d'énergie à dépenser à cet âge... Quelques minutes passent avant d'enfin trouver le dict boucher au nom purement français. Le mioche salive devant toutes ces senteurs qui lui rappelle la si rare dernière viande juteuse dévorée de ses petites quenottes jaunes. Croyez quoi ? Que les pauvres connaissent l'hygiène ?
Mmm... Tu es de certain que un seul sauciflard ça est bien ? Parce de que un chevalier ça mange de beaucoup non ?
Le ventre traitre gargouille et laisse à découvert la demande secrète d'avoir du rab... Raté ?
Sourire victorieux peint sur la trogne, simple satisfaction de ne pas avoir perdu la face devant son cadet, c'est avec une moue joyeuse que Karyl accueille la nouvelle vue. Ils sont bien au bon endroit et de surcroit, l'homme possède encore en magasin quelques mets qui ne manqueront pas d'intéresser les deux gosses. Tout occupé à observer le boucher c'est d'une oreille discrète que le blondinet perçoit la question de son acolyte.
Du rab ?... Euh ben...
Et voilà le gamin qui se dit que peut-être le petit n'a pas tort et puis, c'est vrai que lui aussi se mettrait bien une petite douceur sous la dent ; Et avec tout l'argent qu'ils ont eu, il restera surement assez pour quelques gâteaux, sinon au pire il iront fouiner à Léard. Décision prise, Karyl se tourne vers Minouche d'un air très sérieux.
Ce est moi le grand alors il faut tu me laisse parler et faire de la négociation et toi tu regardes comment je fais et si tu écoutes bien et ben tu ferras pour les gâteaux d'accord ?
Et sans attendre la moindre réponse, au môme de "crier" au boucher de leur mettre deux saucissons... Puis de regarder ce dernier avec des yeux de merlan frit, jouant de ses chausses trouées avant d'ajouter :
Mais on a pas beaucoup les sous et on est dans la mission pour aider les soldats à défendre le ville alors toi il faut aussi tu aides les soldats alors il faut tu fais pas le prix dans le trop cher... Moi je veux bien te donner huit sous pour le tout d'accord ?
Les mirettes vertes fixent l'ainé avec insistance tout le long de sa réflexion, l'espoir palpable, avant de hocher le crane vivement à sa négociation. Que ne ferais-t-on pas pour faire plaisir à sa faim... Puis les gâteaux ça ne doit pas être compliqué pour en avoir. Sortant de ses pensées, il écoute finalement avec attention comment le blondinet se débrouille avec le commerce des adultes, ouvrant même la bouche au prix. Huit sous ce est plus que cinq, il est fou ! Bien entendu, ce n'est pas Minouche qui connait le véritable prix de ce genre de mets... Alors c'est presque s'il hallucine à l'annonce du gros gaillard :
Huit t'dis gamin ? T'crois quoi, que j'vis sans famille à nourrir ? M'fiche que c'soit pour les soldats... Et m'étonnerais pas que tu me mentes là-d'ssus. Comme s'ils envoyaient d'mômes pour l'repas du soir... C'vingt écus l'deux saucissons gamin, t'as la monnaie ?
Et au mioche de ronchonner... Vingt écus non mais il est toc-toc lui !
Tu es fou toi, moi je ai de la viande pour dix-sept écus hein ce est mon copain Gaspard qui me a dit alors le saucisson et ben ce est moins cher alors moi je veux bien te donner quinze mais si tu fais plus et ben ce est dans le vol et en plus je suis pas un menteur et Cerridween elle va venir te le dire demain et tu auras les gros ennuis. Alors tu me donnes ?
Petit regard au mioche genre... T'as vu comme je maitrise... Apprends ! Et retour au boucher :
Et moi je me appelle Karyl ce est quoi ton nom, tu as beaucoup les enfants ? Tu crois que ils sont content tes enfants si tu nous aide pas et que on meurt de faim dans la rue à cause que tu veux trop les sous ? Moi je serai pas très fier de toi hein. alors je crois quinze sous c'est bien... Tu veux ?
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