Moi, Francesca-Amalya dAvencourt, dite Freyelda,
vicomtesse de Guillestre (
ennoblie le 6 février 1456 par sa Grâce Jean Zwyrowsky, XIII gouverneur du Lyonnais-Dauphiné), baronne de Saint-Firmin (
ennoblie le par sa Grâce Argael de Saint-Giraud, XIV gouverneur du Lyonnais-Dauphiné, le 17 mai 1456), et dame de Jaillans
saine de corps et desprit,
souhaite que soient prises les dispositions suivantes sitôt que mon décès sera constaté et déclaré par un physicien et un homme déglise dûment assermentés et que soit lu en place publique le présent document.
En labsence de toute décision ducale ou ecclésiastique qui prévaudrait alors, je demande à ce que messe soit conjointement donnée par Son Eminence Méléagant et par Monseigneur Ingresstar 1er, archvêque de Vienne, en léglise consacrée Saint-Bonaventure sise en les terres du vicomté de Maubec et je demande à ce que ma dépouille repose dans la crypte familiale aux côtés de celle de mon défunt époux.
A mes enfants nés de mon union légitime avec Aymon dAvencourt, dit Alynerion (
mariage célébré le 14 décembre 1454 à Maubec en léglise Saint-Bonaventure par Son Eminence Méléagant) je lègue ce qui suit :
- à ma fille aînée,
Aliénor, née le 23 avril 1455 au château des Roches de Maubec,
baptisée le 26 juin 1455 en la sus-dite église par Son Eminence Méléagant, je lègue mes titres, fiefs, droits et dépendances attenants au vicomté de Guillestre et à la baronnie de Saint-Firmin. Elle en aura pleine jouissance, en usera selon ses désirs dans le respect des dispositions royales. Je lui demanderai cependant de bien vouloir garder auprès delle et tant que tel tous ceux de mes vassaux qui seront encore en vie. Je lui cède également lintégralité de ma garde-robe (vêtements, linge, bijoux).
- à mon fils cadet,
Enguerrand,
né le 9 décembre 1455 à Lyon, je lègue mon douaire sur le vicomté de Maubec afin quil puisse avoir en pleine jouissance les terres que lui a laissé en héritage son défunt père. Je lui cède également lintégralité de mes biens mobiliers et immobiliers se trouvant à Vienne.
Je leur confie à tous deux lensemble de ma bibliothèque. Puissent-ils en faire bon usage. Je leur laisse également le soin de se partager entre eux le reste de mes biens mobilers.
Je lègue lintégralité de mes biens numéraires au duché du Lyonnais-Dauphiné.
Je fais de mon suzerain,
Charles de Macquart, dit Carnil, duc dHostun, baron de Rochechinard et seigneur dArtas, de mon vassal
Walan, seigneur de Meyrieu et de mon vassal
Guidel, seigneur de Mont-Dauphin, mes exécuteurs testamentaires.
A Aliénor et Enguerrand, mes enfants, ma chair, mon sang. Vous êtes assurément ce que jai fait de mieux en ce bas monde. Portez fièrement notre nom, faites honneur à notre maison. Ne vous laissez jamais abattre et ne prêtez pas loreille aux mesquineries et aux railleries : vous êtes issus dune noble lignée et vous avez été aimés et chéris par vos parents. Gardez toujours cela à lesprit, mes tendres petits. Ne chargez pas vos coeurs du poids de la haine et pardonnez. Cela vaut surtout pour Aliénor : souviens-toi que c'est la guerre et uniquement elle qui vous a pris votre père. Ainsi était la volonté du Très-Haut. Il en va de même pour ma dispatition. Je vous demande de me pardonner pour la peine que mon trépas ne manquera pas de vous infliger.
A Charles, mon suzerain, mon plus que très cher ami et bien d'avantage encore. Si ma disparition te cause autant de chagrin que ton décès le ferait pour moi, alors sache que je suis mortifiée. Te peiner est, je te lassure, la dernière de mes intentions mais je pense que tu le sais. Ce que jéprouve à ton égard, tu sais, toi plus que quiconque, que cela ne peut se dire avec de simples mots. Rien ne peut décrire à leur juste valeur les liens qui nous unissent. Là où tu seras, je serai toujours avec toi, dans cette vie ou dans une autre.
A Walan, mon ami, mon frère. Si je venais à disparaître avant toi et ainsi à accabler encore une fois ton cur du poids du deuil, pardonne-moi, je ten conjure. Notre rencontre reste lun des instants les plus importants et les plus marquants de mon existence. Je sais maintenant que les liens du cur sont aussi forts que ceux du sang. Je te remercie davoir toujours été à mes côtés, en temps de joies, en temps de peine et dans tous les autres. Prends bien soin de ma fille. Ne donne pas sa main à nimporte qui. Et arme toi de patience : cest une enfant vive qui ressemble beaucoup à son père.
A Monseigneur Ingresstar et à Son Eminence Méléagant, mes très chers amis, mes pères. Vous avoir cotoyé tous deux a marqué mon existence à jamais. Vous avez renforcé ma foi, tant religieuse que politique. Cest à toi, Ingress, que je dois lentière réalisation de toute ma carrière municipale comme ducale. Mel, cest toi qui mas donné confiance en moi, en ce que jéprouvais et en ce que je pensais, cest toi qui mas poussé, et à mon plus grand plaisir, à sortir, dune certaine façon de ma réserve. Vous avez été mes maîtres à penser, deux de mes mentors ; le troisième, je lai épousé. Je sais que ce que je vous en demande sans doute beaucoup mais je souhaite que vous veilliez sur mes enfants. Je vous les confie. Puissiez-vous assurer au mieux leur éducation.
A Guidel et Brehamont. Sachez que lorsque je vous ai pris pour vassaux, lhonneur était aussi grand pour moi quil a été je lespère- pour vous. Je suis heureuse davoir pu vous rencontrer, de vous avoir eu à mes côtés.
A Espoire, mon amie, ma confidente, pardon. Pardon de ne point avoir eu le temps de reconnaître tes mérites comme il se devait avant que le Duché ne le fasse.Ton amitié fidèle fut lune des choses les plus précieuses à mes yeux. Si cela nest pas encore fait à lheure où ces mots te seront lus, alors sois heureuse. Je te sais assez belle et assez intelligente pour trouver un bon mari. Tu feras, jen suis convaincue une épouse et une mère formidable.
A DeDe, Max et au Kaltpiten. Si de nous quatre je pars la première alors jen suis navrée. Jaurais ainsi perdu mon titre de Survivante. Mais je sais que vous nabandonnerez pas la noble mission de notre confrérie pour autant. Gardez-vous des roux et des démons mendiants !
A Zwyrowsky, mon renard préféré. Garde intacte cette verve et cette prose délicieuses, en souvenir de ma propre pédance lexicale.
A tous les habitants actuels ou anciens de Vienne que je cite pêle-mêle : Zoe, Starlion, Misericus, Vive, Ayerin, Voya, Myao, Franceline, Bandit, Elyz, Ilidan, Golden, Gostan, Perceval, Pénéloppe, Vanack, Titilemagnifik, Naltea, Pasal, Memelspirit. Je suis heureuse de vous avoir rencontrés. Vienne est ma seconde famille et vous en êtes pour moi, des membres à part entière. Prenez bien soin de notre belle cité.
A Estalabou et Valérianne, je regrette que l'histoire se soit si mal terminée. Sachez que je vous ai toujours été reconnaissant pour tout ce que vous avez fait pour moi. Je vous dois beaucoup et vous en remercie même si la vie nous a tant éloignés.
A tous les autres, avec qui jai pris grand plaisir à travailler et/ou à converser : tous mes camarades de lAPD, Demons, Umiko, Wulfen, Numalane, Volverine (si si), Ulan, Altéa, Argael, Régimon, Strakastre.
Je demande pardon à toutes celles et ceux que joublie dans ces lignes et qui en prendraient ombrage. Je ne suis quune simple femme, dans toute limperfection et la faillibilité de lêtre humain. Ma mémoire nest plus ce quelle était jadis. Et jajouterai pour ma défense quil nest guère aisé de rédiger pareil document car de biens tristes pensées en accompagnent lécriture.
A toutes celles et ceux que jai offensée, dont jai pu penser de mauvaises choses, que jai détesté, je demande humblement pardon, du fond mon âme. A toutes celles et ceux qui mont offensée, raillée, dénigrée, détestée, je leur pardonne, de manière totale et absolue. Aliénor, Enguerrand, pardonnez-leur également dautant plus car ils savaient parfaitement ce quils faisaient.
Que le Très Haut puisse veiller sur les autres comme il a veillé sur moi.
Donné à Guillestre, le vingt-cinquième jour du mois de mai de lan de grâce mil quatre cent cinquante six.
Et remis entre les mains de Guidel de Mont-Dauphin, héraut du Lyonnais-Dauphiné.
Pour servir et valoir ce que de droit
Francesca-Amalya dAvencourt, vicomtesse de Guillestre, baronne de Saint-Firmin, dame de Jaillans