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[RP] D'une étrange correspondance...

Fitzounette
[Préambule]

Une rencontre toute à fait fortuite.
Un bourru pair de France Bourguignon, une sauvageonne Duchesse Angevine. Une discussion politique, de la plus haute importance, en compagnie de la Princesse.
Des regards qui se croisent, des voix qui se mêlent. Une correspondance qui nait de ce curieux hasard.
Des missives tout d’abord assez banales, puis qui se font de plus en plus douces, les mains tremblent, les cœurs se laissent attendrir et s’expriment.


[La prise de contact]

*Un Ducal coursier bourguignon se fit annoncer auprès de la Duchesse d'Anjou. Voici le message dont il était porteur :*

Votre Grace, Ainsi qu'il fut convenu, j'ai vertement semoncé notre suzeraine de Bourgogne. Par un message qu'elle m'a fait porter en vos terres, j'ai cru comprendre qu'elle avait enfin pris contact avec vous.
Je tenais par la présente vous remercier de votre patiente écoute de l'autre soir.
Bien cordialement.

Erik de Josseliniere, Duc de Corbigny, Pair de France.


*Lit la missive, sourit et retient le coursier*

Le grand merci Vostre Grace, sachez que tout est arrangé.
Nous vous remercions pour l'intérêt que vous avez porté à cette affaire.
Bien à vous.

Fitzounette de Dénéré Penthièvre, Duchesse d'Anjou.

*et fait joindre une bonne bouteille de Saumur, menaçant le coursier, qu'il la fasse parvenir à bon port et ne la boive pas en cachette*


*Retour du même coursier, lequel connait trop son maitre -et son léger penchant pour les choses de la bouche- pour oser contrevenir à la mise en garde de la duchesse*

Votre Grace, Un immense merci pour ce délicieux nectar. Il accompagnera, j'en suis convaincu, de fort belle manière, l'une ou l'autre des volailles dont je dinerai ce soir.
Quant à vos remerciements... Si je les accepte de bon cœur. Je dois tout de même vous dire qu'en cette affaire, je me trouvais navré, à un point que vous ne pouvez imaginer, de voir que le nom -et l'honneur- de votre duché fut engagé de telle manière, sans malice, j'en cuide, mais sans aucune espèce de réflexion sur la portée de cet acte...
Tout le monde ne peut avoir votre sagesse, Duchesse. Laquelle est grande, malgré votre bien jeune âge !

Avec mes plus vifs respects, E de J


*Toute flattée rosit de plaisir et se demande si elle doit répondre ou jouer l'indifférente*

*Espère vivement recevoir une réponse... Mais a appris à se méfier des femelles et de leurs attitudes à l'égard de la mâle engeance*

*Prend sa plume et finalement ose*

Tout flatteur vit aux dépends de celui qui l'écoute cher Duc. Sachez qu'en ce qui me concerne, j'ai l'Anjou au cœur, et sa souveraineté m'importe plus que ma vie.
La sagesse, je ne sais guère si j'en suis dotée. Et je ne suis pas si jeune que cela ! Vous êtes le bienvenu en Anjou, en mes terres, si le cœur vous en dit.

Respectueusement, F de DP


Duchesse, Que vous me voyez flatteur me peine et me ravi tout à la fois. Me peinent, car mes mots furent savamment pesés. Me ravient car je vous vois ce jourd'hui en meilleure disposition d'esprit à mon endroit que la dernière fois.
Quant à ce que vous ajoutez sur cette sorte de don que vous fîtes à votre Duché, je le comprends aisément, n'ayant pas eu autre conception de ma charge durant les 6 mois de mon "magistere". C'est là chose que la plupart des régnants oublient, songeant sans nul doute que le pouvoir qu’ils détiennent est une sorte de dû... Si vous saviez comme cela m'épuise et me met, souventefois, en colère !

Respectueusement


*Intriguée par la correspondance, reprends*

Duc, vous n'êtes pas sans ignorer mes origines. Mon nom seul se suffit à lui même. Des générations au service de l'Anjou. Les titres m'importent peu, je n'en ai besoin pour être reconnue et respectée.
Et je dirais même qu'ils sont parfois bien contraignants, et que cette couronne est bien lourde. Ma vie a changé pour toujours, mon insouciance et mon caractère baroudeur envolés.
J'ai même pensé à, comme mon géniteur, ne point demander fief de retraite. Mais l'on me gronde. Je me laisse donc du temps pour y penser.

Bien à vous.


* Se prend à attendre avec une certaine impatience une éventuelle réponse... Songe que c'est une Penthièvre mais ne peux s'empêcher de la trouver fort charmante... Lis la réponse avec une certaine délectation*

Votre Grace, Votre patronyme m'est évidemment bien connu.
Mon gout pour la franchise et l'honnêteté m'incline à vous avouer qu'il est accompagné, en mon esprit, de pas mal de préventions... Cependant, sans que vous puissiez vous en douter, je m'étais fait une tout autre opinion de vous en écoutant vos propos chez les feudataires.
Dois-je préciser que je trouvais que vos interventions étaient tout à la fois marquées du sceaux de l'intelligence tout autant qu'accompagnées d'une certaine forme de grâce et de mordant que j'apprécie fort chez les régnants, même s'il est toujours plus aisé de "contrôler" des mous ou des sots...
Pour en revenir ça ce que vous m'avouez, j'ai moi aussi songé à refuser mon fief de retraite, un temps. Je ne fais parti d'aucune famille et, tel que vous me découvrez, j'ose dire que je me suis fait mon nom absolument seul. Cependant, j'ai cédé à certains proches qui estimaient que la Bourgogne avait besoin de nobles dans mon genre. Je ne sais toujours pas bien ce que cela peut signifier mais, en vérité, j'ai donc accepté ce duché de retraite. Fus-je alors immodeste ? Aujourd'hui encore, je ne sais.
Ce que je sais, en revanche, et si cela vous agrée, c'est que je ne manquerai pas de vous inviter en mes terres très prochainement, devant avoir cérémonie officielle pour les fiefs que je m'en vais bientôt bailler à de fideles amis et presque vassaux.

Très cordialement


*Lit et soupire d'aise. Puis secoue violement la tête. Pauvre cruche que tu es, Fitzounette, crois tu qu'un pair de France s'intéresserait à toi ? Ce n'est que de la politesse... Inspire profondément et tente de reprendre*

Duc, il semblerait que malgré mon nom sulfureux, nous partagions certaines valeurs. Et je dois admettre que je suis ravie de tous ces compliments que vous m'adressez, et espère les mériter. J'espère pouvoir apprendre à vous connaitre plus avant et répondrais favorablement à une éventuelle invitation en vos terres, ne connaissant la bourgogne qu'à travers un épisode tragique qu'il serait temps d'oublier.

Bien à vous. Fitzounette.


*Prenant connaissance de la dernière réponse de Fitzounette, songe qu'il n'est décidément pas doué pour aborder les dames autrement que derrière des paroles très distantes*

*Se décide aller prendre l'air, un peu troublée par tout ces échanges et n'arrivant pas à se reconcentrer sur son travail*
_________________
Fitzounette
[Où l'on se découvre, bien que toujours habillé : coup de froid sur la buse abusée !]

*Une missive arrive par voie de coursier, son air aviné ne laisse aucun doute sur sa provenance*

*Tient... un coursier Bourguignon, songe aussitôt le Duc...*

Duc,
Voici bien des lunes que je n'ai plus de vos nouvelles. Et je dois dire que je me languis de savoir comment se passe votre voyage, et si vous vous portez bien.
Amicalement.
La Duchesse d'Anjou.


*Apres avoir compris son erreur... -Certes, aucun nectar ne valait celui de Bourgogne, mais les effets des jus de raisins d'ailleurs provoquaient visiblement les mêmes effets secondaires. Et puis, celui de la Duchesse ne lui avait point déplu, il devait l'admettre-, bref après avoir compris son erreur. Il ouvrit, un sourire aux lèvres, ayant reconnu le scel, le pli de l'angevine charmante. Aussitôt lu, presque aussitôt répondu. Voici donc ce que la Duchesse allait pouvoir lire... Enfin, non sans avoir permis au coursier de pouvoir faire un comparatif vinicole, lui confiant l'une des précieuses bouteilles de sa suite ducale*

Votre Grace,
Ce petit mot de vous est, puis-je vous l'avouer, un gentil baume sur les poumons de votre ami bourguignon fort mal en point depuis que nous avons quitté l'Anjou. Puis-je aussi vous dire que je m'ennuie quelque peu depuis ce départ... Malgré un accueil quelque peu mouvementé par votre peuple... Mais dois-je malgré tout préciser que cette chaleur certes peu royaliste me fâche finalement moins que cette langueur triste de ces Duchés du DR que je découvre en ce moment ?
Mais trêve de moi, Votre Grace. Comment vous portez vous vous même ? N'étiez vous point en pleine élections lorsque nous partîmes ? Je n'ose ajouter que j'attends quelques mots de vous avec impatience...
Votre,
Bien cordialement.


*Le coursier revient avec une bouteille précieuse à moitié sifflée*

Alcoolique inconséquent que tu es ! Hors de ma vue, ou tu gouteras du pilori, mais donne moi ce pli avant que je ne me fâche sérieusement...

*Elle le décachète, impatiente, puis prend sa plume de nouveau, et gratouille*


Très cher Duc...
Vous lire est toujours un tel plaisir... bien que votre mal être m'inquiète... et que j'aimerais être près de vous pour en discuter plus avant et vous redonner du courage.
Pour ma part j'ai été réélue sous les acclamations des miens, et je suis comblée, même si ce mandat s'annonce éminemment plus compliqué et que la paix ne tient qu'à un fil... Je suis inquiète... vraiment, pour l'avenir de ma contrée.
J'espère que vous vous ferez au charme ronflant du DR.
Bien à vous.

*Et elle confie cette fois le pli a une jolie buse*


*Une buse se pose sur le rebord de la fenêtre où le Dukaillon achève de récupérer tout à fait. Loncourié, son pigeon, inquiet de telle présence, s'affole et réveille le Corbigny ensommeillé. Repérage de pli, lecturage, reponsation, envoyure :*

Votre Grace,
je ne me suis abusé, la buse était bien votre. Je rougirais certainement de si prompte réponse ailée si j'étais de votre sexe, que vous représentez de mille feux. Bien heureux soient les angevins qui vous ont donc pour une seconde fois reconnue comme la première des leurs ! J'espère qu'ils connaissent leur chance d'avoir à la tête de leur gouvernement une dame alliant avec tant de grâce, joliesse et intelligence !
Quant à ma modeste personne et sa santé, ne vous faites point trop d'inquiétude, j'ai toujours sur moi un remède bien particulier qui me vient d'Autun... Une liqueur secrète...
Mais vous me parlez de paix et du danger dans laquelle elle serait. Voila bien pour inquiéter l'homme tout autant le pair qu'il me faut aussi bien être, pour vous servir, Ma dame.
Mes pensées fusent vers votre doux regard avec la célérité de votre rapace,
Bien à vous,
Erik de Josseliniere.

*Erik semblait tout à la fois amusé, charmé et secrètement attiré par la Duchesse Angevine... malgré appartenance à cette drôle de famille, malgré l'Anjou toujours prompt à se jouer du Royaume... Malgré ce cœur parfois distant du bourguignon pour les personnes du beau sexe... Cette correspondance achevait de le charmer et il se laissait aller, pour une fois depuis si longtemps, à se laisser attendrir*


*La buse revient, chargée d’un message. Elle lui caresse la tête du bout du doigt, et se presse de décacheter et de lire de nouveau. Les mots se font doux, et flatteurs, un petit frisson d'aise lui parcourt l'échine. Elle craint de se ridiculiser, elle n'a pas tant de verbe et de verve que lui, mais ne peut s'empêcher de répondre. Elle s'apprête à écrire, se ravise, réfléchit, le front barré par une ride de caprice, ne se trouvant pas assez douée pour exprimer les choses. Enfin, elle se décide*

*Malgré la rapidité du rapace... reconnait qu'il éprouve un début de commencement d'impatience de ne point recevoir réponse de la dame...*

Duc,
Vos paroles sonnent à mes oreilles comme de doux murmures. En vous lisant, j'ai parfois l'impression que vous êtes là, tout près. Vous n'êtes qu'à une poignée de lieues, mais que ne donnerais je pas pour pouvoir discuter avec vous de vive voix.
Je suis ravie de savoir que vous prenez soin de vous, et suis intriguée par votre remède miracle. Peut être devrais je m'en procurer ?
La Bretagne semble bien contrariée par la restitution de Cholet à l'Anjou, et je crains que face à cette décision irrévocable, ils n'expriment leur colère en cherchant à mettre à mal notre souveraineté. Je dois l'avouer, j'ai peur....
Bien à vous, et sincèrement...
Fitzounette


*La buse... Ahhhh ! Soupir de contentement ducal... Précipitation de même... lecture... Re-contentement... répondre, vite, vite... Trouver les mots... Sincères mais doux, honnêtes mais soyeux... Que dire sans passer ni pour un imbécile, ni pour un affreux flatteur...? Le Duc hésite... Entame... Hésite... Reprend*

Votre Grace, Vous signez votre dernier gentil mot de votre petit nom... Permettez que je vous offre le mien en échange et appelez moi donc Erik, ainsi qu'il est d'usage chez mes amis ! Vous... M'obligeriez et feriez du même coup le plus charmé des hommes ! Qu'il est cependant terrible d'espérer avoir une conversation tout simplement intime entre des personnes de nos rangs : Voyez, j'aimerais vous ouvrir un peu mon cœur, pouvoir penser, discuter avec femme de votre allure et de votre ambage aussi innocemment qu'entre un berger et sa bergère...
Las ! Le pouvoir nous prend tant ! Bien plus qu'il ne donne, en vérité et bien sot ceux qui pensent que nous n'en retirons que bénéfice. Aussi, bien que cette histoire de Cholet m'inquiète tout autant que vous même -puisqu'elle est cause de votre tourment-, je tacherai de vous en divertir un peu, si vous le voulez bien... Le voulez vous ?
Je vais donc vous conter l'histoire de cette fameuse liqueur. Elle fut totalement crée - son secret est malheureusement dans la tombe de son créateur- par un homme en tout point étonnant que vous ne connaissez sans doute même pas de nom mais que je vais vous dire, tant ce personnage là fut en tout point incroyable : Il se nommait Tititatoum et ce bourguignon là était de ceux capables de vrais miracles. L’un de ceux là fut cette liqueur de carotte -oui, Duchesse, vus lisez bien carotte !- mais dont les ingrédients véritables sont donc à jamais secrets. Je n'ose trop surcharger votre animal mais vous trouverez à sa patte une petite fiole de cet étrange quoique fascinant breuvage. Mais, je vous en conjure, suivez ce conseil : point trop en une fois. La liqueur est douce au palais mais ses effets secondaires, à forte dose, assez déroutants... J'en terminerai par ceci qui, je l'espère ne vous choquera point... je vous trouve encore bien plus délicieuse et surprenante que cette mienne liqueur...
Votre, Erik.


*Sursaute, la buse, enfin ! Elle se précipite, et décachète le message, puis lit. Elle se liquéfie en parcourant la dernière phrase et reste rêveuse, n'osant pas répondre. Elle semblerait surement trop empressée. Errant dans la pièce et n'en pouvant plus, elle se décide à reprendre la correspondance*

Cher Duc, Erik, je ne sais que dire, si ce n'est que je suis troublée. Vous lire me procure une telle satisfaction... Ils me permettent d'oublier l'espace d'un instant tous mes tourments, et de rêver à un temps futur, peut être, ou tout ceci sera derrière moi.
Et votre petit conte, même s'il traite de carotte, légume qui donne les joues roses, mais que je trouve bien insipide, m'a fait sourire et m'a permis d'enlever un peu de ce poids qui oppresse mon cœur.
Je n'ai osé gouter le remède pour l'instant. Je suis un peu méfiante des substances dont je ne connais l'effet. Aurais je l'audace de vous demander si un jour, je vous reverrais ?
Bien à vous.
Fitzounette...


*Buse express... message... Délicate odeur de parfum de damoiselle sur le vélin. Joie, bonheur... Lecture... Mêmes sentiments...*

Bien chère Duchesse Fitzounette,
Je puis vous assurer que cette liqueur prise à petite dose a le même effet "symbolique" sur un cœur fatigué, un esprit meurtri que cette racine que vous citez sur le teint des jeunes filles. Faites en bon usage et, peut-être, aurez-vous une pensée pour votre ami bourguignon lorsque vous vous y essaierez ?
Je ne suis point coutumier de tel correspondance, savez vous, et je me suis peu à peu habitué à cette solitude qui est ma compagne depuis si longtemps. Aussi, vous pardonnerez je l'espère, ces mots pleins d'un vrai respect pour votre noble personne mais qui pourront, par inadvertance, vous paraitre déplacés à votre endroit.
Je n'ai malheureusement plus d'autre travail d'écriture que celui des courriers administratifs, de ceux résultants de mes obligations politiques et de mes féaux sujets, je ne détiens donc, je le crains, ni l'aisance, ni les secrets des mots qu'un homme doit à une dame pour laquelle, oui, je le confesse, il éprouve une vraie joie à pouvoir lui écrire puis, avec la délicatesse des anges, lire ses réponses touchantes. Vous me parlez aussi d'un éventuel retour en Anjou... Je ne sais, Duchesse, je ne sais...

*Hésitation longue du Corbigny... peut il lui parler de cette haine qu'un des proches parents de la damoiselle éprouve à son égard ? Peut-il évoquer ce drame honteux qu'il a accompli, de ses propres mains, à l'encontre de chambellan angevin, il y avait presque un an... De lourds secrets qui, d'un trait, lui rappelle une certaine froide réalité.
Il reprend, non sans avoir fait une légère tache de sa plume laissée en suspens*


*Recommence a errer dans son bureau, impatiente de lire ces lettres tracées de la main de celui qui l'intrigue au plus haut point, de déchiffrer avec attention le contenu de la future missive*

Je ne puis rien vous promettre, douce amie. Je suis notre Roy -dois-je ajouter que c'est plus par devoir moral et un mien sens de l'honneur que par véritable conviction ?- et je ne sais point où nos pas nous mènent dans ces prochains temps. Tout ce que je sais c'est que je pense profiter de notre passage en Berry où je compte pas mal d'amis, parmi lesquels ce vieux Georges, pour m'éclipser.
Sans nul doute devrai-je retourner un temps en Bourgogne, mais âpres, qui sait de quoi l'avenir est fait ? Je dépose un délicat baiser sur votre main, Duchesse,
Votre,
Erik.


*Enfin, la buse, enfin… Qui sait quels secrets elle protège cette fois. Elle commence à lire et peu à peu, s'assombrit. Elle se concentre de nouveau. La déception se lit sur ses traits, elle se sent idiote de l'avoir sollicité de ce premier courrier... Il semblerait qu'il n'ait pas énormément de temps à lui consacrer, et pas particulièrement l'envie de la revoir…
Elle prend la pile de missives, et les range dans un tiroir bien dissimulé, pour ne pas avoir la tentation de les relire.
Puis s'installe lasse et pensive, dans un fauteuil, près de la cheminée, tentant d'apprécier le reste de vin si gentiment offert, même si persiste dans sa bouche le gout aigre doux de ce dernier échange*

_________________
Fitzounette
[Ou le doute à la Fitz est dû au Duc qu'est pourtant pas fat...]

*Est saisi par l'inquiétude... la fin de sa lettre n'était-elle point trop froide...? N'a-t-il pas été, une fois encore, maladroit ? La buse aurait-elle croisé plus faucon qu'elle ?
Le Duc ne cessait de faire les cent pas dans son cabinet de travail improvisé, parvenant à grand peine à cacher son impatience*


*Se laisse enivrer doucement par le vin, hypnotisée par les flammes, tentant d'oublier le poids de ses responsabilités... Est-ce trop demandé qu'une épaule sur laquelle parfois poser sa tête pour se reposer ?*

*Renvoie sèchement tous les importuns... Pourquoi ce silence...?
L'impatience du Pair est presque à son comble... Ecrire un autre courrier...? Arfff... Point bon, cela donnerait le sentiment que je m'excuse de quelque chose...
Duk en mode peiné et inquiet*


*Il lui semble pourtant que la correspondance est inachevée... Même s'il ne s'est pas montré aussi avenant lors du dernier courrier, il parait être un homme bon, elle se décide donc à un dernier message*

Duc, Erik,
Me voici fort peinée d'apprendre que nous ne nous reverrons de sitôt. Puisse votre voyage s'achever sous les meilleurs auspices, et vos sacrifices quotidiens pour le bien du Royaume vous apporter satisfaction.
Bien à vous, Fitzounette, "la petite Reyne"....


*Buse... Enfin... Et... Déception... Tant de distance d'un seul coup... Mais pour quel raison, par Zeus ? Décidément l'âme des femmes est un bien étrange mystère à l'esprit resté fort simple et un rien paysan du Duc bourguignon. Vite... Répondre !*

Duchesse Fitzounette, Gente damoiselle...
Je... Vous me voyez fort marri de votre ultime réponse...
Vous aurai-je un seul instant peiné ? Aurai-je abusé et de votre temps, et de votre fiance ?
Je ne suis pas bien doué, je vous l'ai avoué, dans les affaires privées que peuvent entretenir un homme et une damoiselle. Je suis, je le crains, resté un rien ce simple bourguignon qui se fit aimer jadis, j'ai l'audace de le croire, de mon bon peuple, mais je n'ai ni l'us ni la coutume pour m'adresser avec les agréments qui sied à une dame de votre rang.
Cependant, j'ai, je vous supplie de m'en accroire, un attachement véritable et sincère pour votre belle personne. Ne me demandez point comment est arrivée telle folie, je ne vous demande pas de m'en rendre pareille, or je tombais, moi, le bourru sous le charme de votre farouche jeunesse et la grâce de votre angevine sapience.
Or, là, votre courrier me fit l'effet d'une pluie verglacée d'Artois... Si vous ne m'en voulez point trop de ce que j'ai pu avoir l'indélicatesse de vous écrire, Dites moi, je vous en conjure ce qu'il en fut et, je vous en prie, pardonnez m'en...
Votre, Erik


*Voit la buse revenir mais ne lui prête pas attention. Un peu peinée, Mabuse sautille vers sa maitresse, elle semble chargée... Et de plus en plus contrariée saute sur le bras du fauteuil...
La duchesse lui jette un œil morne, embrumé par les vapeurs alcooliques quand elle aperçoit le message. Elle le décachète sans hâte ni espoir quant à son contenu, et lit tranquillement. Elle fronce les sourcils, soufflée, et lis une fois de plus… « Attachement », « sincère », « sous le charme ». Ses yeux s'arrondissent, elle a du mal a le croire. A quoi joue t’il ? Il souffle le chaud et le froid… Elle reprend sa plume, dubitative, et tente d'exprimer ses sentiments*


Duc, Erik,
Je pense que nous ne sommes pas compris... J'ai cru en lisant votre précédente missive... enfin... je l'ai trouvée froide et différentes des autres. Je dois dire également que la déception de savoir que je ne vous reverrais a peut être brouillé mon jugement...
Je dois avouer que vous m'avez fait forte impression lors de notre première et unique rencontre, sentiment qui n'a cessé de s'accroitre par la suite, au fil de nos différents courriers... Et c'est un crève cœur de ne pouvoir à nouveau vous parler de vive voix, vous regarder....

*Sent qu'elle s'égare et reprend*

Croyez bien en mon affection, mon cher ami bourguignon, et quelque soit la route vers laquelle la destinée vous portera, sachez que quelque part, en Anjou, une petite Reyne vous considère et ne vous oublie...
Bien à vous.


*Re buse, visiblement un peu fatiguée de tous ces allers et retours. Lecture d'abord anxieuse du Duc puis, tranquillement rassérénée. Un certain temps de réflexion.
Ne pas sembler trop empressé et permettre à l'animal voyageur de se remettre de ses émotions. Le duc lui fait mander quelques morceaux des meilleures pièces de viande : elle l'a bien mérité ! Réponse tout de même*


Bien magnanime Duchesse Fitzounette,
vous ne savez la joie et l'impression en lequel me laissait votre dernier courrier ! J'ai cru, un instant, que je vous avais définitivement *mot rayé et presque illisible : "perdue" remplacé par :* fâchée. Je m'en serais voulu à un point que vous ne sauriez imaginer.
Or, ma maladresse n'a d'égale que l'affection que je vous ai portée dès cette première entrevue pourtant fort difficultueuse, en raison même de l'affaire qui me faisait venir vers vous, en compagnie de son Altesse.
Je ne pourrai, vous l'avez fort bien compris, et cela m'est ce jourd'hui une réelle douleur, me rendre en votre si vivant duché avant longtemps. Je vous promets, cependant, m'entendez vous bien, je vous promets de venir vous voir aussi vite que mes affaires me le permettront. Ne voyez point là manque d'audace ni mauvaise volonté de ma part -si seulement je pouvais n'être rien d'autre qu'un simple paysan, aucune charge d'importance ne m'obligerait à ce point- seulement, j'ai quitté la Bourgogne depuis si longtemps qu'il me faudra vraiment y repasser avant même que d'avoir ce bonheur, cette joie immense de pouvoir enfin vous revoir.
Il me faut vous dire, Duchesse... ces sentiments qui m'étreignent tandis que je vous écris, je suis le dernier à savoir les exprimer mais je puis vous jurer sur le divin Aristote qu'ils sont aussi purs que sincères. Mieux... Le bougre que je suis s'enfonçait peu à peu dans une sorte de douce mélancolie... L'image seule de votre sourire m'en égaye et disloque ce sombre état de mon être ! Je reçois donc votre marque d'affection avec un bien grand plaisir et vous assure en retour, des miennes !
Votre, Erik.

*Allait-il trop loin ? Pas assez ? Aurait-il du enfourcher dans l'heure son cheval, tandis qu'il était tout juste remis de son influenza ? Quel nigaud ce Duc... Nigaud et bien malheureux de ne savoir quelle décision prendre...*


*Et Mabuse est de retour prête à appeler la SPVEPECCPRF (Société Protectrice des Volatiles Epuisés par les Elans du Cœur de ces Chers Puissants du Royaume de France).
Fitzounette lui tend le bras et sent ses petites serres embrasser sa chair, prenant soin de la réconforter avec un peu d'attention et quelques caresses. Elle reprend le lecture…
Il semble lui déclarer sa flamme, elle est déstabilisée, elle a peur, elle ne sait comment le prendre… Elle doit se protéger. Elle répond*


Duc, Erik,
Je vous lis et mon cœur tremble de toute l'affection que vous semblez me porter. Et pourtant vous êtes si loin... Si loin...
Et vous viendrez dès que vous le pourrez... Mais grand Dieu quand ? Et si vous ne veniez jamais ? Et si ces sentiments s'envolaient, et que la braise mourrait comme elle s'est enflammée ?.... Et si...

*Trop de doutes, elle se masse les tempes, et respire lentement pour ne point se laisser submerger*

Je ne puis vous promettre quoi que ce soit. Je puis juste vous jurer que ce délicieux état dans lequel vous m'avez plongée n'est pas feint. Mais je ne sais de quoi demain sera fait.
Ainsi je prierai, pour que le Très-Haut nous accorde le bonheur de nous revoir prochainement, et peut être, de concrétiser l'élan du cœur qui semble tout deux nous animer.
Affectueusement.


*Dernière buse... Pour un peu, il inventerait l'introduction de la 5è de Beethoven avec quelques siècles d'avance. Brève réponse, mais pleine de tous les possibles *

Duchesse Fitzounette,
Avec la bénédiction d'Aristote, je vous jure que rien de ce que j'ai pu vous écrire n'était mensonge. Mon cœur comme mes pensées nocturnes sont tout à vous en cette nuit bénite.
Je n'ai plus d'autre espoir que de vous revoir au plus vite,
Votre, avec toute la tendresse dont un Bourru bourguignon dispose et met à vos pieds, Erik.


*Elle réceptionne la dernière missive sourire aux lèvres, la lit, et la pose sur son cœur, marmonnant*

Ce bourru bourguignon oublie que je fréquente la salle des feudataires... mais nous verrons bien

*Fait préparer ses plus belles tenues pour les prochains jours, sait on jamais... Après avoir bien vérifié que la grosse Bertille a fait disposer ses robes préférées, elle fonce se coucher. Cela ne serait pas malin d'avoir le teint brouillé... Enfin, au pire elle dispose de l'étrange élixir.
Et se glissant dans ses draps, elle laisse échapper un drôle de soupir d'aise, et se détend pour une fois, le sommeil la gagnant rapidement*


*Apres avoir eu des hauts et des bas le cœur tout au long de cet échange bien compliqué pour un célibataire devenu endurci avec le temps, Erik lâche un long soupir de bonheur simple... Il a bien conscience d'un certain nombre de faits plus terre à terre et qui pourraient les séparer -politiquement- là où le cœur ne semble rien vouloir entendre d'autre que cette impression charmante d'avoir fait une rencontre rare... Mais le pair a surestimées ses forces encore mal récupérée et, la fatigue plus que l'envie de dormir le surprenant, c'est avec la belle image de cette Duchesse croisée pourtant si peu de temps qu'il confie ses rêves à Morphée*
_________________
Fitzounette
[Où l'on comprend que la rageuse enragée enrage d'avoir été ringardisée par un Pair massacreur de sa tante : Olé !]

Une lettre pleine de rage, pleine de larmes, parvient au Duc.

Citation:
A vous qui vous disiez épris de moi, à vous dont le bras vengeur n’a pourtant hésité à s’abattre sur celle qui pour moi est une mère.

Je sais tout. Tout.

Vous en êtes l’incarnation, de cette Bourgogne puante, qui pour se croire puissante, frappe une femme diplomate, seule, désarmée, la menant presque dans la tombe.
Une femme qui n’a jamais comploté contre les intérêts de la Bourgogne. Une innocente.
Vous êtes un pleutre. Mener une armée contre une femme seule… Comment avez vous pu ? Est ce cela que votre honneur ?

Vous me dégoutez, je vous vomis.




Erikdejosseliniere a écrit:
/SPAN>
Citation:
Votre Grace,
Damoiselle,
que je comprends ne plus être en droit de qualifier de "chère"...

Que vous dire, sinon que je vous demande seulement de me croire si je vous affirme que je n'ai, de l'affaire dont vous me parlez, nulle souvenance !

Ceci n'a nullement valoir d'excuse, me direz-vous, et vous en auriez parfaitement raison.

Que la Bourgogne etait alors sous le coup de tellement d'alertes graves aux brigands -parmi lesquels, la fameuse Marion du Faouet, dont la seule évocation me fait à la fois perdre sens et raison- en même temps, pas plus, j'en conviens.

Que notre liste dite "rouge" était alors, j'en ai pris conscience bien trop tardivement et pour une toute autre affaire que celle qui provoque votre ire je le crains, bien trop indélicate et monstrueusement gonflée au fil du temps par des responsables de la sécurité successifs ne peut être un élément d'aucune utilité pour plaider cette cause perdue d'avance.

Que je subissais des pressions auxquelles j'ai répondu, tres certainement, de la pire des manieres, ne sera pas plus convaincant.

Que vous évoquiez le nom de votre presque mère, tandis que je ne sais même pas quel il est, pas mieux, pire, peut etre...

De tout ceci, si vous affirmez que cela fut, je l'admets pour seule unique et entiere vérité, puisqu'il émane de votre plume. J'en prends l'entiere responsabilité, j'en assume la faute, et, à défaut de le faire aupres des hommes, j'en demanderai pardon aupres d'Aristote, puisse-t-il seulement m'entendre.

Mais, et c'est avec les larmes au bord des yeux que je vous le dis, tout autant qu'avec la serenité de qui ne saurait vous mentir, aucune de mes paroles, aucun de ces sentiments que je n'ai pu réprimer depuis ce jour divin où je croisais votre route, rien ne fut feint, ni vil, ni entaché de cette honte qui aujourd'hui m'assaille.

Que jamais vous ne puissiez me pardonner pour ce drame lamentable dont je suis cause, de cela, contre cela, je ne puis rien vous dire d'autre que de pouvoir vous en donner raison. Et si vous estimez de votre devoir de m'envoyer votre champion afin de laver cet honneur souillé, sachez que je me tiens à sa disposition.

Mais que vous ayez doute sur la sincérité et l'innocence de mes sentiments, voila, belle et farouche Damoiselle, qui me peine jusqu'au plus profond de mon coeur. Même si je crains que de cela, vous n'ayez désormais plus cure.

Juste que vous sachiez que je ne joue pas avec ce genre de sentiment. Que vous sachiez qu'à l'instant même où j'ai achevé la lecture de votre lettre, quelque chose en moi s'est brisé. Que votre sourire me manque déjà, que votre joliesse m'était devenu un baume à tous mes tracas, ayant pour seule suffisance d'avoir l'image de votre beau visage à l'esprit pour que tout cesse d'exister au dehors. Que votre vivacité et votre fraicheur me redonnait un souffle que je croyais perdu. Qu'Eros avait trouvé le chemin de mon coeur tout aussi certainement que votre voix avait su trouver celui de mes sens.

Las... Vous me haïrez désormais pour toujours -sans nul doute est-ce mérité-. Demeurerons à jamais les minutes ineffables de ces courriers intensément, désespérément attendus, comme si ma vie en dépendait désormais. Le souvenir de votre beauté sauvageonne et subtile. Le charme incroyable de votre jeune personne. Ce peu de vous que vous m'aviez confié...

Votre,
Totalement abattu et désespéré,
Erik de Josseliniere,
Duc de Corbigny.


_________________
Fitzounette
Citation:
Votre Grace,

Je trouve vraiment fâcheux que vous n’ayez souvenance des personnes contre qui vous levez vostre épée. Pour ma part, j’ai connu la guerre très tôt. Et le visage de mes victimes me hante encore aujourd’hui… Et celui de mes frères tombés aussi. Je vous conseille votre fameux remède magique, espérant qu’il aura des effets positifs sur vostre mémoire…

Trêve de bavardage. Cette « affaire », dont je ne connais le numéro de dossier ni le nom de code, la froideur de l’institution, m’importe peu.

Je vous parle de souffrance humaine. Je vous parle d’injustice.

Je vous parle de l’infamie des « listes rouges », ramassis d’informations honteusement erronées, que les Duchés brandissent pour justifier leurs ingérences.

Oui vostre cause est perdue d’avance.

Car ma Chambellan et Tante possédait un laissez-passer en règle dispensé par les services de votre Prévôté.
Car ma Tante voyageait désarmée et selon un itinéraire connu.
Car face à ce qui fût qualifié « d’erreur », « d’armée folle », dont vous, l’homme qui aviez perdu la raison, étiez le meneur, vostre gouvernement désigna cet ignominie « d’accident de charrette à purin ». Des crachats après l’horreur, voilà ce que l’Anjou récolta. Forgeant ainsi nostre intime conviction que ceci était une tentative d’assassinat contre une noble Dame, dont le seul crime était d’être Angevine.

Ma Tante, le Duchesse de Chasteau en Anjou, Kilia de Chandos Penthièvre, dû se remettre de sa terrible blessure dans d’affreuses conditions, une auberge pouilleuse, puante, endroit où je la trouvais après des semaines de recherches, s’adonnant à l’opium, seul remède à son infinie souffrance physique, et morale. C’est une ombre que j’ai recueillie, et si je n’avais été point là, cette Dame de haut rang serait morte ainsi.

Cette responsabilité n’est pas entièrement vostre, mais oui, vous êtes un des maillons de ce funeste mécanisme qui bouleversa un destin. Puisse Aristote vous pardonner.

Sachez que mon attachement pour vostre personne ne fut non plus feint… Je crois que je suis maudite. Le Très-Haut m’impose bien des épreuves… Et il ne met sur ma route que des hommes qui ne sont pas faits pour moi…

Le pardon ?… Ce n’est pas à moi que vous devez le demander, mais bien implorer celui de ma Tante.

Oui l’honneur doit être lavé, mais je ne puis vous envoyer de champion, car cet affront je le laverai moi-même, si ma Tante y consent.



Elle voudrait continuer, lui dire combien ses missives furent une lumière dans l’obscurité de ces horribles journées, lui dire combien la vie l’avait meurtrie ces derniers temps, et lui dire combien cette correspondance, l’encre embrassant le velin, la mélodie de ces phrases, avait été un ravissement pour son âme tourmentée. La destinée semblait prendre un malin plaisir à lui oter tout ce à quoi elle avait tenu. Le regard voilé, brouillé de larmes de peine et d’amertume, elle finit par signer.


Citation:
Fitzounette de Dénéré Penthièvre,
Protectrice de l’Anjou et des Angevins.

_________________
Erik, incarné par Fitzounette


Erikdejosseliniere a écrit:
Après la gaité et le bonheur d'avoir confié vassalité à son ami Snell, après le ravissement pur provoqué par ces quelques échanges mésangés et frénétiques avec la duchesse angevine, était venu le temps de la tristesse et du déshonneur... Toute à son ire, laquelle était fort compréhensible-, la belle, la farouche, la furieuse Fitzounette ne pouvait comprendre à quel point le vieux duc souffrait d'avoir perdu, par quelques mots échangés sans doute, et l'affection d'icelle et le sens profondemment ancré de l'honneur et de la justice que le bourguignon avait toujours taché de préserver. Des mois entiers, ils n'avait regardé derriere lui, estimant que le passé devait rester au passé, que l'action qu'il avait eu six mois durant à la tête de sa chère Bourgogne, bien que certainement point parfaite, n'avait aucunement à le faire rougir en aucune manière.
Hélas ! Ce même passé le rattrapait aujourd'hui de la plus cynique et cruelle des manières, éteignant d'un même geste les flammèches d'un amour naissant tout autant que le feu de sa dignité. Lui répondre... Lui répondre tout de même, ne serait-ce que pour garder un fil ténu avec elle, un contact, fut-il affreux, sentir encore le parfum de la belle sur le vélin rageur, savoir qu'une douce main jadis aimée a frolé la finesse du parchemin, retenir, malgré elle, le souffle de ses songes tumultueux et violents... Savoir, même si de haine, qu'elle a l'esprit tourné vers lui... Souffrance sublime.



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Citation:
Votre Grace,
quelle, puis-je avoir désormais à vos, yeux ?

Vous tachez de faire de mon geste l'instrument d'une malédiction céleste. Je le refuse : je fus cet instrument, j'étais duc, non un simple général. Coupable de cette infamie, je le suis, entièrement, pleinement, définitivement, sans la moindre circonstance atténuante, sans vouloir refuser mes torts, sans mettre la tête dans le sol et d'ajouter ensuite, cyniquement : "circulez, il n'y a rien à voir!"

La Bourgogne, déjà, avait besoin d'un Duc rassembleur, d'un Duc qui prend à bras le corps les soucis de ses contemporains, qui montre que, lui aussi, sait mettre les mains dans le fumier, même si c'est malodorant, même si c'est ingrat, même si c'est pénible et sale. La même Bourgogne demandait des actions concrètes, du visible, du flamboyant, du fort. Ce Duc là n'a point hésité, pas un seul instant, pour agir en ce sens. De toutes mes forces, de toute mon âme, je tachais d'être ce duc-là...
Aujourd'hui, je prends, cruellement, conscience que cela se fit pour partie au détriment de la raison, de la justice et du bon sens, au détriment de la vie et de ma croyance en Aristote, au détriment de votre tante...

Vos courriers sont, même si je me doute que cela ne vous est d'aucun secours, une vraie claque ainsi qu'une ombre pleine d'opprobre sur mon action durant ces six mois. J'ai tué, massacré, meurtri les chairs et l'âme de vifs qui ne faisaient rien d'autre que de passer sur nos terres. Et si je ne puis vous laisser accroire que l'atteinte à la santé de votre tante fut un assassinat -en ce sens que ce n'était point chose sciemment voulue, ni recherchée, ni préméditée-, ce fut bel et bien un meurtre, gratuit, inutile, absolument stupide et injuste.

Je plaide coupable, votre Grâce, définitivement, entièrement, totalement coupable. Mon coeur saigne ce jourd'hui d'avoir fait saigner celui de votre proche parente, tout autant que celui d'autres martyrs éventrés sur le billot honteux d'une soi-disante cause supérieure. Je suis coupable, tout autant à vos yeux qu'aux miens, même si cela ne vous sera désormais d'aucun secours. Je suis coupable presqu'autant que cette folle qui tombait, il y a peu, armes au poing et rage au ventre, sur la lance de notre bon Roy pour la seule insignifiante et dérisoire raison qu'elle a votre parent en détestation. Ce jour là, j'eusse pu connaitre le même sort que je fis à votre presque mère puisque j'étais de cette escorte. Ce jour là, quoi que la dame ait pu faire ou dire par le passé, ce jour là, une infâme injustice fut commise, mais guère plus que l'injustice que je commis moi-même envers votre tante.

Je ne trouverai désormais le repos que le jour où votre champion aura fait couler ce sang honteux qui coule dans mes veines.

Je ne sais plus qu'une chose, désormais :
Je vous aime, autant que vous me haïssez.
Faites de moi ce que vous jugerez bon.
Je découvre que je ne suis plus rien à mes yeux, puisque je ne suis plus rien aux votres.

Votre débiteur pour l'éternité,
Erik de Josseliniere,
Duc de Corbigny.


File, Loncourié, file... Signe de tes ailes la marque de mon destin...

Tandis qu'il accrochait à l'une des pattes de son vieux et courageux pigeon -d'aucuns se souviennent peut-être des antiques facétie du volatile- le parchemin, une larme s'échappa de l'oeil de Corbigny. Une larme rouge de sang...




Fitzounette
[Où l'angevine, ange divin, vint boire un vin doux sur les genoux de son dur...]

Très cher lecteur, souviens toi que ton personnage ne peut être au courant de ces faits… A moins d’être Mabuse, ou Loncourié…
De même, la rencontre qui suit se déroule dans des appartements privés, et à moins d’être le domestique alcoolique, ou des fidèles de la Garde d’Erik, ton personnage n’est pas au courant de la visite de la Duchesse, et ne peut se douter de ce qui dans cette pièce s’est tramé.
Bonne lecture à toi.


*Se fait annoncer. A chevauché bien des heures au mépris des convenances*

*Un valet, un peu affolé -et visiblement passablement éméché- accourt vers la chambre ducale où, comme toutes les nuits depuis si longtemps, il dort seul dans son grand lit à baldaquin*

Vot' Grâââââce...Humpf... Hips... une dame qui vous d'mande... Ca semble urg-burps-ent !

*Réveil ducal quelque peu contrarié d'être dérangé à une telle heure. De toute manière, le Duc n'a jamais été bien frais au réveil. Réaction immédiate :

Satané sacripant ! Qu'est-ce que tu me racontes là ! Et tu es fin saoul qui plus est !

*Valet extrêmement gêné et penaud mais il insiste : *

Si fait, Messire Duc, Si fait ! Une dame... Comment... Broeuuu... Fritouzette, que j'croye què m'a dit !


*Patiente dans l'antichambre, pas vraiment fière de son attitude*

*Pour le coup, le Duc se met brusquement sur son séant, sort de son lit de même et ordonne :*

Fitzounette ! Sa grâce en personne, jusqu'ici ! Allez maraud ! Mes frusques et en vitesse !


*Renifle, pense à faire marche arrière, trop tard, bougresse impatiente que tu es, vile Fitzounette*

*Habillage au triple galop... Un peu en tous sens, mais il n'est point l'heure de faire le beau. Un pan de sa chemise néglige de rentrer dans les braies de l'homme point trop à son affaire. Profonde interrogation... Inquiétudes, même. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, Erik l'attend dans son cabinet de travail et, après avoir donné un bon coup de pied dans le fondement du soulard lui ordonne de nouveau :*

Allez ! Fait la donc entrer et va lui chercher une collation ainsi qu'une bouteille de mon meilleur vin ! Presse-toi !

*Le Valet :*

Ma Dame, mon maitre vous attend ! Burp...


*On lui fait dire que le Duc attend. Elle toussote. Folie d'un instant qui l'a fait seller son cheval et prendre telle initiative. Crénom d'une pipe ! Quel divin caprice, mais digne de la Duchesse. Elle entre timidement et lui adresse une profonde révérence*

Vostre grâce...


*Se lève... Épouvantablement intimidé par la beauté farouche et insoumise de la jeune femme. Commence à parler... Enfin, n'est guère capable de lui rétorquer autre chose que les mêmes mots qu'elle...*

Votre Grace...

*Se précipite vers elle et lui prend la main qu'il embrasse comme un fou *

Relevez-vous, allons... Je vous en conjure, relevez vous... c'est à moi à baisser la tête devant vous... Moi qui vous ai fait tant de mal


*Entend sa voix, frémit, avait presque oublié les vibrations de son timbre masculin puis sent ses lèvres effleurer sa main et sursaute, osant enfin plonger ses prunelles azurées dans les siennes*

Je vous prie, je suis venue en paix. Paix l'ami...

*Baisse de nouveau les yeux, rougissante, cherchant un fauteuil où poser son ducal séant*


*N'en revient pas... N'en revient pas un seul instant, ni des mots, ni de l'attitude de celle qui, quelques jours auparavant lui crachait toute la haine possible qu'elle pouvait avoir à la seul évocation de son nom. Tremble lui aussi, comme feuillage d'automne. Et se surprend à son tour à rougir, tel un jouvencel découvrant les délices enflammés de l'amour*

Votre Grace... Fitzounette... farouche cavalière angevine... Vous avez fait toute cette route seule ? Prenez place, je vous en prie, prenez place

*Lui indique son propre fauteuil*

Vous êtes adorablement folle ! J'ai fait chercher de quoi vous restaurer... Vous devez être rompue de fatigue, ma Dame. Vous...

*Hésite. Les mots se perdent, s'entrechoquent, se bousculent, explosent dans son esprit. Que dire, que LUI dire, tandis qu'elle se trouve juste devant lui*

Vous... Avez... Fait... Toute cette route rien que pour me voir...?


*Détourne le regard, se prend de passion pour la décoration des lieux, essaie de ne pas penser, essaie de rationaliser... Bon dieu, que fait elle là ?*

Je... suis... Enfin, oui....

*De nouveau se prend de passion, cette fois pour ses chausses*

Je suis venue vous saluer...

*Le saluer en Bourgogne ? Drôle d'idée ! M'enfin, la busette est digne de bien pires caprices. Se racle la gorge*

Me restaurer ? Hum, à vrai dire, j'ai soif...


*Sur ces entrefaites, entre le valet soulographe, accompagné d'une bonne bouteille de Mercurey -très légèrement entamée : la part des anges, sans nul doute- de deux verres et d'un plateau TV [NdlR : plateau Toutes Viandes]*

V’là mon maitre, V’là !

*Bien que fort peu intéressé par les faits et gestes de son serviteur, le Duc suit chacun de ses mouvements comme si sa vie même en dépendait. Une fois le service terminé :*

Laisse-nous maintenant !

*A Fitz : *

Permettez que je vous offre un verre de ce délice absolu qu'est le vin de mon ami Mellecey. Il a, je vous l'assure, la grâce de votre étonnante personne, et de votre élégance, il en a les attributs

*Tend le verre que le bougre n'a pu s'empêcher de remplir à ras bord*


*Tend ses doigts juvéniles et potelés et ne peut s'empêcher d'effleurer sa main, saisissant le verre*

Grand merci vostre grâce, vous êtes un hôte bien attentif... Je... Me pardonnerez vous visite si tardive et inopportune ?


*Rétorque sans attendre*

Me pardonnerez-vous tout simplement...?


*Trempe rapidement ses lèvres dans le breuvage, histoire de se donner une contenance*

Je... Duc...

*Baisse les yeux de nouveau, déstabilisée par sa franchise et son empressement*


* Dans ce moment un peu fou, le duc a un geste qui ne l'est pas moins : délicatement, sans aucune sorte de malséance, il porte sa main droite vers le menton de la Penthièvre afin de lui faire relever le visage et de pouvoir y plonger son regard dans le sien*

Duchesse...


*Les lèvres entrouvertes, le souffle lui manquant, les prunelles arrondies, complètement dépassée par l'instant, elle murmure*

Duc... si seulement... promettez moi...


*Sans l'ombre d'une hésitation :*

Tout... tout ce que vous voudrez, fière angevine !


*Sentant toujours sa main effleurer son menton-héritage maternel, dieu garde cette ville folle- elle murmure*

Promettez-moi que l'honneur sera lavé... Je... Vous... Duc... Je... vous... considère...


*De sa main toujours effleurant son visage, le bourguignon pose un doigt sur cette bouche joliment dessinée*

Ne dites rien... Je vous considère aussi.... *long silence*... Tant !

*Gravement et les mots choisis avec patience :*

Quant à votre honneur... Mon sang est votre. Je ne reviendrai point sur ce serment que je vous fis dans ces dernières terribles lettres...


Duc...

Votre Grâce ?

*Elle sent le doigt sur sa bouche et instinctivement, pose ses lèvres sur les siennes*


*Long et délicieux frisson lui parcourant tout le corps*

*Ouvre de grands yeux étonnés, consciente de son impudeur et quitte ces lèvres délicieuses à regret*

*La retient encore un instant... Moment d'éternité*

*Le repousse doucement, les joues en feu et murmure*

Hum... Votre... voyage se passe bien ?

*Trempe ses lèvres dans la liqueur, pour faire passer le gout de sa bouche tellement désirée*


*Interloqué par la question de Fitz, tâche de retrouver ses esprits afin de lui répondre *

Mon Voyage... Oui, oui, fort bien... Enfin, le voyage en lui même... Pour le reste, depuis cette missive pleine de rage -que je mérite sans nul doute-, je ne dors presque plus, mange encore moins... il n'y a guère que l'esprit du vin qui me fasse oublier que...

*Boit son verre en deux ou trois lampées*


Je...

*Regarde par le fenêtre*

La famille....


Mais quelle folie vous a pris de parcourir si long chemin... Vous eussiez pu être tuée par quelque maraudeur... Vous perdre... avoir quelque accident fâcheux... Vous...

*Reprend sa respiration et, comme dans un souffle : *

Vous m'aimez donc... Un peu...?


*Ne peut s'empêcher de rire*

Je suis Penthièvre, je ne crains pas les chemins, les chemins me craignent....

*Puis tentant d'éluder la question, tout en lui donnant satisfaction*

Je voulais vous voir en face, entendre ce que vous aviez à me dire...


*Est amusé par ce coté tout à la fois revêche et un brin orgueilleux *

*Finit sa coupe d'une traite*

* De nouveau intimidé *

Ma réponse vous agrée-t-elle, Duchesse ?


*Elle pose sa coupe vide, et ose de nouveau le regarder en face, son cœur bondit, malgré l'apparent calme qui empreint ses traits Elle se lève, et lui murmure a l'oreille*

Cela me convient entièrement... Mais cet affreux souvenir n'est pas mien, il hante ma très chère Tante...


* De sa main libre, prend le visage si proche de Fitzounette et la laisse couler sur sa joue enflammée. Dans un murmure identique : *

Sans doute, farouche jeune femme. Mais bon sang ne saurait mentir, et c'est un peu du votre que je fis alors jaillir d'une poitrine innocente. Le souvenir n'est point votre, assurément. L'indignité...

*Voix encore plus basse, encore plus grave, presque tragique*

L'indignité : Si !
Je suis, puisqu'il le faut, pour vous, pour votre tante... pour moi aussi... je suis votre. Et s'il faut que vous preniez ma vie, alors c'est qu'Aristote en aura ainsi décidé...


*Sentant de nouveau ses mains sur sa peau, elle se consume, elle oublie tout, et prend une fois de plus sa bouche, avide. Et elle goute à ce péché intensément, divinement, éhontément...*

*N'est pas en reste et embrasse la bouche, les lèvres, le nez, les joues, le menton, les paupières, le front, le commencement de la nuque, la naissance du cou de la jeune femme, comme prit par un accès d'irrépressible démence. Parvient tout juste à exprimer :

Je... Vous... je deviens comme un simple pantin entre vos mains... Je... j'aimerai que ce moment s'immobilise pour jamais !


*Sentant le feu qui s'empare de son ventre et de ses sens, a un mouvement de recul... Elle se dirige vers la fenêtre... Elle frissonne...*

Je... tiens tellement à vous... Duc... Écrirez-vous à ma tante ? Je ne sais... Je suis perdue...

* D'un rapide mouvement de la tête, acquiesce*

Je le suis tout autant... je crois... Je... C'est plus que de tenir à vous... C'est... Vous êtes de toutes mes pensées depuis que je vous ai rencontré, il n'y a pas un instant où je ne me demande ce que vous faites, quels hôtes ont ce pur bonheur d'être de votre compagnie, si vous songer un peu à votre lointain bourguignon...

*Une pause... Il comprend, tout à ses émois, qu'il n'a en rien répondu à la question de la visiteuse nocturne...*

Votre tante... Une lettre... Bien sûr... Mais croyez vous que cela sera un onguent suffisant à toute la souffrance que j'ai du lui imposer ?


*Soupire, toute seule a la fenêtre, son corps quémandant un nouvelle étreinte, orphelin du sien*

Je ne sais... Mais... La famille...Vous comprenez.... Elle m'a élevée... Je suis sienne. Suppliez-la... Je...

*Perd les mots et commence à trembler malgré elle*


*Se précipite à nouveau vers elle, lui prenant cette fois les deux menottes entre ses mains d'homme aguerri et d'âge mur *

Je ferai cela. Estimez, à partir de cet instant, que je suis à disposition de votre presque mère...

*Sent un doux frisson qui monte le long de sa colonne... Prends ses mains rudes et viriles et les embrasse à pleine bouche*

Mon Duc... mon Duc...


Ma Grâce... Ma Grâce...

*Lève ses prunelles vers les siennes, de nouveau, se perd en lui*

Je dois... Il faut... que je parte


*Craignait que cet instant n'arrive, tôt ou tard... Le duc sait qu'il ne peut en être autrement. Que c'est raison que de la laisser partir presque aussi vite qu'elle est arrivée. Mais a bien du mal à s'y résoudre...*

Fitzounette... Oui... Je... Laissez-moi... Laissez-moi-vous embrasser une dernière fois... Après, je donnerai des ordres pour que l'on vous accompagne... Vous êtes venue seule, mais je m'en voudrais jusqu'à la fin des âges s'il vous arrivait quoique ce soit en repartant de chez moi...

*Le regard totalement hypnotisé par la sauvageonne, espère en cet ultime baiser*


*Se laisse enivrer par l'instant et murmure*

J'y consens... Mais n'omettez pas vos engagements...


*Tandis qu'il approche sa bouche des lèvres angevines, lui murmure :

Vous avez ma parole de noble de Bourgogne... Et d'amant...


*S'abandonne, pressant son juvénile corps contre celui plus mûr de son Bourguignon*


*Se laisse totalement sombrer dans l'extraordinaire de cet instant qu'il croyait pourtant devenu improbable*

*Goute, encore et toujours au délice de la bourgogne... Prune ? Non... Myrtille... Peut être raisin ?... Ne cherche plus... Se délecte avant de le repousser doucement et de se fendre d'une nouvelle profonde révérence*

Votre grâce... La Bonne nuit...


*Étant bien obligé de relâcher son étreinte :*

Votre Grâce... Fitzounette... Je vous fais mander mes plus fidèles et courageux gardes... Ils seront discrets, soyez en assurée. Le bon retour et, bien que courte, désormais, la bonne nuitée.


*Rit toujours malgré elle*

Voulez vous ma perte ? Me coller des gardes, pour le coup je serais une cible mouvante

*Quitte la pièce, toujours riant, un peu hystérique, son âme vibrant selon une drôle de résonance, inattendue, mais fort plaisante...*


* Demeure un long instant interdit. Un peu comme s'il venait de rêver tout éveillé. Et comme un zombie, se dirige vers sa chambre, songeant qu'il sera plus dispos demain pour rédiger cette fameuse lettre par lui promise *

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Vadikura
Parchemin à la main, propulsage de valet voulant s’interposer, l’un saisi au cou par une main de fer, servant de bélier pour ouvrir son chemin et les portes, se mit à piailler

Place, place, ouvrer les portes, le duc de Charney visite la duchesse

La dernière porte s’ouvrit sans délicatesse, le duc jeta au loin son crieur.
Coup d’œil sur la tenue de sa fillotte, regard sur un lit non défait, parchemin se froissant dans sa main se crispant de colère contenue, Vadikura apostropha la duchesse.


Nom de diouuuuuuuuuuuuu, mille milliard de ….

Qu’est ce que ceci………

Regarde moi ça, j’ai la facture de Buse express, t’as dépassée ton forfait…On me surfacture tous les allers retours supplémentaires et non compris dans le contrat de base !
Pourquoi, tu n’utilises pas les lignes de buses du duché…. Je fais comment moi pour boucler mon mois ? Tu ne vois pas tes amis tous les jours, faut encore que tu……..


Une chandelle s’alluma soudain dans son cerveau et il regarde attentivement le détail des opérations du mois.

C’est qui cet Erik de machin en bourgogne ? Et puis t’étais ou cette nuit, t’as découchée ?

Trouvant fauteuil, il s’effondra et geste machinal se bourra une pipe de son herbe favorite totalement dépassé par les événements. Qui avait osé dire qu’être père était tache facile !

Tin, je ne comprends rien aux adolescentes pré-pubères !
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Duc de Charney
Ficus 1er
Fitzounette
Ca hurle dans le couloir, vague de terreur, les valets s'envolent comme une nuée de pigeons affolés. La môme sursaute. Ciel mon Papou !
La porte explose et déjà il est là, éructant des jurons, inspectant sa tenue et ses appartements. Elle reste penaude, ne dit rien, respire à peine.
Il lui agite la facture de Buse-express sous le nez, elle rougit et regarde ses chausses, renifle, cherche une excuse valable, mais rien ne vient.
Elle parvient tout de même à dire :


Je vais payer avec mon argent de poche !

Assez ironique quand on sait qui le lui donne... Le doux nom d'Erik est lâché, elle tremble, essaie de dire quelque chose de sensé :

C'est un ami... Juste un... bon ami ! Tu sais, comme Thomas, l'ancien Duc du Berry !
Et puis je n'ai pas découché, je me suis juste levée tôt, la domestique a eu le temps de faire mon lit ! Et j'ai fait tout mes devoirs !


Sourit, mielleuse, et vient s'assoire sur les genoux de son Ficus.

M'enfin, je suis devenue une grande fille, mon Papou d'amour que j'aime si tant !
Et bientôt, si le Très-Haut le veut, tu me marieras, et tu n'auras plus à t'en faire pour moi...


En rajoute des dizaines de couches, le flatte, le caresse dans le sens des feuilles.
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Vadikura
L’avis de tempête vient de passer et l’arbre a plié sous le coup de vent mais n’a pas rompu.

Le poids de la môme sur ses genoux lui fait prendre conscience que ce n’est plus la petite morveuse mais une femme qui trône sur lui. Le temps passe et repasse et les rides de son visage sont de plus en plus marquées.


Bah, ce n’est pas grave pour la facture, les buses express, 24/24, devis sous la demi -heure et intervention sous l’heure appartiennent à la famille !

Tu sais, je crois que tout mot est inutile mais je fredonne parfois chanson me mettant vague à l’âme, je ne sais si tu te souviens des paroles…


Le duc lui fait un énorme poutou (non, non, vous n’avez pas rêvés, je suis tombé dans les filets des terribles forces roses, ce que l’on appelle les bisounours !) et la repousse doucement de ses genoux.

A plus tard, Morveuse

dit il sur un ton taquin et c’est en fredonnant qu’il quitta la pièce !


Je sais qu'un jour viendra,
Car la vie le commande,
Ce jour que j'appréhende,
Ou tu nous quitteras,
Je sais qu'un jour viendra
Ou triste et solitaire,
En soutenant ta mère,
Et en traînant mes pas,
Je rentrerai chez nous,
Dans un chez nous désert,
Je rentrerai chez nous,
Ou tu ne seras pas.
Toi tu ne verras rien,
Des choses de mon cœur,
(je tente l'effet de l'éloignement en passant du gras au normal )
Tes yeux seront crevés de joie,
Et de bonheur,
Et j'aurais un rictus,
Que tu ne connais pas,
Qui semble être un sourire,
Emu, mais ne l'est pas,
En taisant ma douleur,
A ton bras fièrement,
Je guiderais tes pas,
Quoi que j'en pense ou dise,
Dans le recueillement d'une paisible église,
Pour aller te donner à l'homme de ton choix,
Qui te dévêtira du nom qui est le notre,
Pour t'en donner un autre que tu ne connais pas,
Je sais qu'un jour viendra,
Tu atteindras cet âge,
Ou l'on force les cages,
Ayant trouvé sa voie,
Je sais qu'un jour viendra, (je tente à nouveau l'effet de l'éloignement en passant du normal à l'italique )
L'âge t'auras fleurie,
Et l'aube de ta vie,
Ailleurs, se lèvera.
Et seul, avec ta mère,
Le jour comme la nuit,
L'été comme l'hiver,
Nous aurons un peu froid.
Et lui qui ne sait rien du mal qu'on s'est donné,
Lui, qui n'aura rien fait pour murir tes années,
Lui qui viendra voler,
Ce dont j'ai le plus peur,
Notre part de passé,
Notre part de bonheur.
Cet étranger sans nom, sans visage,
Oh combien je le hais,
Et pourtant,
S'il doit de rendre heureuse,
Je n'aurais envers lui nulle pensée haineuse,
Mais je lui offrirais mon cœur avec ta main,
Je ferais tout cela, en sachant que tu l'aimes,
Simplement car je t'aime le jour,
Ou il viendra.


Et comme un vieux briscard solitaire, il disparu peu a peu ne devenant plus qu'un point dans l'horizon
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Duc de Charney
Ficus 1er
Fitzounette
Et celui qui l'avait élevé comme sa propre fille, s'en alla fredonnant cet air mélancolique, qu'il aimait à chanter, à elle et ses presque-soeurs, depuis qu'elle étaient minotes. Une larme de gratitude coula sur la joue de la blonde infante, et elle remercia le ciel, et son géniteur, Meroot, de l'avoir confiée à cet être exceptionnel.

[Où la Fitz, elle, est fine car sans un Pair, elle l'invite !]

*Petit mot griffonné à la hâte sur un vélin*

Je suis invitée à un mariage. Certes la date est lointaine... Mais cela vous intéresserait il de m'y accompagner ?


*La nuit avait été délicieusement brève, le Duc n'ayant pu fermer les yeux un seul instant après cette folle entrevue. Décidément, cette jeune femme était en tous points surprenante et pleine de ressources. Cela ne cessait d'inquiéter le vieux duc - enfin, pas si vieux que cela, mais d'un âge tout de même plus avancé que celui de la farouche angevine-. Ne s'ennuierait-elle point avec lui ?
Accepterait-elle de vivre avec un homme encore vert par bien des aspects mais aux habitudes de vie légèrement plan-plan, dans le privé... C'est tout à ces réflexions, et la matinée ayant point son bout de nez qu'il reçu le bref courrier de la jeune furie. Un immense sourire, une belle surprise, une invite : vite, répondre :*


Votre Grâce,
Ma si étonnante Fitzounette,

Je n'ai cessé de penser à notre entrevue d'hier et, le moins que je puisse vous écrire, c'est que je suis encore sous le charme ébouriffant de votre visite et de nos baisers !
Je ne pense qu'à vous, je vous respire partout, je vous vois alors même que vous n'êtes point là, tous mes sens sont à la recherche de votre corps, mes oreilles n'entendent rien d'autre que le son cristallin de votre voix. Vous êtes partout autour de moi et... C'est un ravissement que je ne parviens ni ne veux faire disparaitre.
Je ne tiens pas à vous détourner des pesanteurs de votre charge et passerais donc un peu abruptement à la raison de cette réponse : Merci de cette invitation !
Merci ! Merci ! Merci ! Merci !
Considérez que je serais donc à vos cotés... Si vous songez que je ne serais point une compagnie malséante là où vous souhaitez m'emmener et auprès de vos amis...

Votre,
Avec Délice,
Erik.

Allez ! File Loncourié ! C'est de prime urgence !

*Et le bon vieux, fidèle et ronchon pigeon ducal de faire le chemin vers l'Anjou.*


*Un pigeon assez gras et déplumé se pose sur le rebord de la fenêtre des appartements de la petite Duchesse. Elle sourit et se dirige à sa rencontre. Elle lui caresse doucement la tête, avant de prendre le courrier dont il est chargé. Elle lit et s'empourpre dangereusement*

Vostre Grâce, mon très cher et tendre ami

Vostre prompte réponse nous a ravie. Et le souvenir de la rencontre d'hier reste ancré en nous aussi certainement que le moment fut déroutant.

*Se demande si elle doit être démonstrative... Elle se doit de rester digne et sobre, mais le souvenir brulant des baiser échangés avec gourmandise la hante. Elle reprend toutefois gentiment*

Nous ferons donc savoir à nostre très chère cousine que nous serons accompagnée de vostre noble personne à l'occasion de ses épousailles, ce qui devrait l'enchanter.

Vostre, magnifique Angevine, Fitzounette....

*Puis elle renvoie le beau, magnifique et svelte emplumé vers son propriétaire*


[Où le P.T.C*. va finir par faire un R.A.B** si les deux zoziaux continuent leurs E.D.F*** , N.A.N.M.E.H.O.**** !!!]

*Un mot, bref, sans aucune espèce de fioriture, mais comme quelque chose que le duc lointain veut absolument que l'angevine sache : *

Vous me manquez... A un point que je pense en devenir fou...

Erik

*Quelque soit le poids du parchemin, ce que Loncourié ne parvenait à faire comprendre à son maitre, c'était le temps de travail. Un jour, un jour, oui, il ferait grève de la plume!*


*Le pigeon dont elle connait la roucoulade par cœur, et qui semble s'être pris d'affection pour elle, arrive. Même Mabuse ne cherche plus à le dévorer, ils ont presque fait ami-ami... Et une missive... espérée, et enfin là... Elle lit, et croit mourir... Délicieuse torture que celle ci. Elle renvoie le volatile à son maistre avec le simple mot*

Un simple baiser de vous, juste un baiser, mon royaume pour goûter de nouveau à vos lèvres...

Fitz’


*Il sera dit que les volatiles auront presque d'aussi belles envies que leur maitres… D'un coté, un pigeon ronchon, pas facile, point si bête qu'il semble. De l'autre, une buse forcement carnivore mais qui sait aussi faire serres douces, œil fin, faroucherie moins violente...Un mot d'elle, un mot à tire d'aile... Le Duc est prêt de défaillir. Tant pis pour le pigeon : qu'il vole !*

Tout de vous! Tout de vous ! Tout de vous ! Rien que je n'aime...

*Loncourié admet... Jusqu'à un certain point...*


*Le revoici le pigeon, elle a envie de l'étreindre tant elle exulte. Sa joie est disproportionnée, ses sentiments puissants, ses sens exacerbés. Elle décachète la missive presque rageusement, lit, et se laisse tomber dans un fauteuil, riant, tout à son bonheur*

Je suis vostre, je ne veux que vous... que vous... Je vous espère et vous désire...

*Pauvre pigeon, le revoilà parti*


*Flap, flap, flap... N'a marre, n'a marre, n'a mare : voila ce que les roucoulements pas vraiment amoureux que le pigeon ducal roucoulait. Même pas le temps de croiser de la colombine... Une honte ! Pire que de L'abus de bien roucoulesque !
Sans imaginer une seule seconde que son plumitif coursier se posait de telles questions, un Duc en nage lu, avidement, le mot de la farouche. Réponse immédiate :*


Fitzounette... Vous, toi, tes lèvres, ta gorge, envie de te serrer contre moi, de vous brutaliser avec douceur, lire ces mots de feu dans votre regard, te manger de mes mains... Je ne suis plus moi-même tandis que je pense à toi... A vous... Je ne sais plus...

Erik

*Oui, oui, flap, flap... Tu vas comprendre, espèce d'humain, si je lance une grève lacée avec la buse de l'autre...*


*Le pigeon se laisse choir sur le bord de la fenêtre, pauvre bête.... Il halète. Elle le prend tout doucement, lui caresse le haut de la tête, et le pose gentiment sur son bureau, lui faisant quérir quelques graines et de l'eau... Peut être aime t'il le vin ? Rhoooo, on s'en fiche, vite la missive ! Vite ! Vite ! Et... bouffée de chaleur.
Elle s'évente furieusement, lit, et relit, écarlate... La lune de miel, déjà ? Elle se signe, mais ne peut chasser l'ivresse qui s'est emparée de son esprit et la tourmente. Elle prend sa plume, et la passe sur sa joue, pensive... Que répondre... L'ardeur, il ne faut pas... Le feu... Ahhh, que tout ceci est bon.*


Mon Duc, mon Duc... Prendre vos mains et les embrasser délicatement et respectueusement, me blottir contre vous et telle une biche affolée, humer l'air et y percevoir vostre parfum... Ma peau s'échauffant au contact de la votre, mon souffle de mêlant au votre, mon cœur battant au rythme du vostre... Mon duc...

*Et hop, out Loncourié, en espérant qu'il survivra*


*Comme épuisée, elle s'affale sur le tapis face à la cheminée. Mais profondément apaisée... il pense à elle... il pense si fort à elle...*

*Pauvre pauvre Loncourié... Lui, si fidèle depuis si longtemps... Quelques graines achevèrent de rapprocher le pigeon grognon de son maitre, lequel, se saisissant de la mince page de vélin, en respirait jusqu'à la moindre parcelle de parfum. Erik n'était pas encore tout à fait rentré en sa demeure, divers sujets d'inquiétude tentaient de le détourner ce dette Idylle naissante... Mais, non... Le plus clair de ses pensées allaient vers l'ouest.... rien que vers elle :*

Juste quelques mots de vous et plus rien n'a d'importance. Je rêve de toucher votre peau comme un archange frôle l'esprit du divin...
Je ne sais ce que vous me fîtes, mais vous le fîtes si bien !
L'espoir d'être de nouveau avec toi, avec vous me permets de voir l'avenir comme un filtre dans une potion d'amour : rien n'est de trop, rien n'est assez...

Erik.

PS : acceptez cette bague d'émeraude que je vous trouverez à l'autre patte de mon plus fidèle serviteur ailé...

*Tu n'en peux plus, gentil ramier, tu n'en peux plus, mais pour ma vie, file vers elle ! *


*Le pigeon revient une dernière fois, elle ne s'y attendait... Elle se préparait déjà à aller se coucher. Elle enfile son mantel sur sa robe de nuit, et ouvre au pauvre volatile. Elle lit le mot.... Un bijou... Il lui a fait parvenir un bijou de toute beauté. Interdite, elle contemple son scintillement à la lumière des flammes de l'âtre, le souffle coupé.
Elle n'a pas de mot pour exprimer sa gratitude... Conquise, elle répond juste*

Je la porterais, et ainsi, vous serez toujours à mes cotés... Veuillez acceptez en retour ce modeste foulard que j'aime à porter, bien pâle présent en comparaison, mais qui j'espère vous plaira... Je pense à vous et vous emmène dans mes songes...

Fitzounette

*Puis le pigeon repart, avec cette jolie traine aux couleurs de l'Anjou. Elle passe la bague à son doigt, toute tourneboulée, se glisse dans ses draps, et la contemple, jusqu'à ce que Morphée l'attire à lui*


*Émotion pure... Que sait-elle des cadeaux qui amènent plus de douceur que les plus belles des bagues, fussent elles offertes avec la plus grande sincérité...? Tout ou rien peut être...
Loncourié n'en peut plus, le pair le remarque bien. Et puis, sa soirée fut assez mouvementée, lui, le vieux duc inutile, pour se douter qu'une duchesse a fort besoin de sommeil, si elle veut être la bonne gouvernante. Erik ne peux que respecter cela. Respecter aussi sa pauvre bête.
Mais qu'il lui tarde de la prendre à nouveau dans ses bras, sentir sa fougueuse chaleur contre sa poitrine, avoir ses yeux collés au plus profond de son âme, presser contre son corps la finesse de ce cœur empli d'émois invraisemblables. Corbigny songe à envoyer une fois encore son volatile supernovesque. Il hésite, contemple cette plume qui l'appelle de toutes ses forces vers son bureau, hésite un moment... respire à nouveau le parfum de la Grâce... se laisse porter par le doux envoutement... Décide, à contre cœur, de laisser la belle reposer un instant, ou qu'elle se trouve, quoi qu'elle fisse. *


*Songe à haute voix*

M'eusses-tu fait parvenir un pauvre torchon... Pourvu qu'il t'ait touché, pourvu que ta bouche l'ait effleuré... Il aurait pour moi la bénédiction des saints...

*Pour ceux qui connaissent le duc, ceux qui l'auraient aperçu en ce moment solitaire ne l'eussent point reconnu...*


Ndlr :

* Pigeon Totalement Cramé
** Roucoulement Anti Boulets
*** Échanges De Fariboles
**** N'Arrive ! Ne M' Emmer* * *, Hein Oh !

_________________
--Joffrey_de_beaufort
Autre temps, autres lieux ou quand les buses , pigeons et autres volatiles se croisent , se mêlent, s’emmêlent et se démènent dans un ciel qui hésite entre le bleu azur et le noir d’orage.

Le cavalier arriva enfin en vue du Manoir.

Il monta les escaliers , cogna à la porte et attendit avec impatience qu'on lui ouvre .

Sa mission était importante , secrète et urgente.

Enfin la porte béa et il put pénétrer dans la bâtisse:

-Je suis porteur d'une missive urgente pour la Vicomtesse Joffrey.

Annoncez moi au plus vite .
déclara t il d'un voix sèche et forte.

Le vieux Bertrame le toisa avant de le reprendre.

- J'avions vu que vous portez couleur d'Anjou, mais l'jeunot , c'est y pas pour ça qu'y faut vous donnez de l'importance... j'avions porté même tenue que vous et z'ètiez certainement pas né en ce temps.

Donc vous avez une missive pour Ma Dame.. Donnez que je lui porte..

Et si une réponse il doit y avoir , passez donc en cuisine l'attendre. on vous y servira un repas pour vous requinquer.


Bertrame prit la missive scellée de rouge et l'amena à la vicomtesse sans laisser le temps au cavalier de réagir. Ce dernier ne put que se résigner à rejoindre la cuisine.

Jo se trouvait au petit salon lorsque son intendant lui remit la missive.

Elle en prit connaissance de suite et après première lecture, ce fut d'abord la stupéfaction qui l’envahit, ainsi que l'effroi puis l'incompréhension. Ce qui l'amena à relire, et surtout à répondre.

A la suite de cela, un échange ininterrompu de missive s'engagea.


Voici les dernières d’importance, sans conteste, qui vont influer sur l’avenir de biens des personnes.

Citation:
Voici ma proposition pour votre duel :

Veuillez, tous deux, me remettre un document signé mentionnant vos noms et titres, le fait que vous désireriez vous affronter en duel d’honneur, le nom d'un témoin pour chacun et le lieu ou se déroulera le duel et le fait que vous vous en remettez à mon arbitrage quel qu'en soit le résultat.

Veuillez, également, demander aux deux témoins de me signer un document qui atteste de leur présence en tant que témoin et qu'ils acceptent également mon arbitrage quel qu'en soit le résultat.

Joffrey de Beaufort-Dénéré
Vicomtesse de Beaufort en Anjou
Baronne de Segré



*--Quelle idée Erik avait-il eut...! Non point de proposer réparation du drame passé à la presque-mère de SA Fitzounette, non point de préférer agir dans l'honneur -celui du premier sang versé- que sous une forme quelconque tel qu'un vil procès, qu'il eut d'ailleurs certainement gagné à tout coup en Bourgogne, et son inverse exact en Anjou. Noble, Erik l'était de coeur avant que de titres et jadis, déjà, avant que d'obtenir fief, il eut préféré agir ainsi.

Or, le destin en avait ainsi décidé : le Champion de Kilia serait donc Fitzounette... SA Fitzounette... La damoiselle au regard de Saphir, son petit coridon si précieux, sa cavalière du soir, sa gemme magnifique !!! Bien que l'ancien Duc n'était point bien fier de certains actes accomplis, même au nom d'un vague, fluctuant intérêt supérieur, s'il se fut agit du Tithieu, par exemple, il eut clairement et chèrement défendu sa peau et la rouge liqueur qui coulait en ses veines...

Mais risquer de blesser, de seulement même égratigner l'angevine de ses pensées vespérales -et pas que, d'ailleurs : la jeune Duchesse occupait le plus clair de songes de l'autunois, même éveillé-, voila bien une idée digne d'icelle, mais un véritable drame pour l'homme... Inconcevable. C'était tout simplement inconcevable, et tant pis si une certain sens de l'honneur devait s'en trouver quelque peu éreinté, pourvu qu'elle n'en sache jamais rien.

Son calame reprit, une fois encore, la direction des événements de même que celui des explications :

Citation:
Dame Joffrey,

Vous avez donc eu la grace d'accepter de diriger ce duel au premier sang entre la Duchesse de Dénéré-Penthièvre et moi-même dans l'affaire qui oppose ma dignité à celle, baffouée, de Dame Kilia. De cela, je vous remercie.

Cependant, et sans vouloir entrer en maints détails, il faut que vous sachiez, d'une part, que Damoiselle Fitzounette est la Dame que mon coeur s'est choisi -ainsi qu'il en est, je crois, reciproquement de son coté-. D'autre part, qu'il m'est AB-SO-LU-MENT impossible d'abimer, pour quelque raison impérieuse que ce soit, une seule parcelle de sa peau si bellement diaphane et soyeuse.

J'ai, il me faut bien vous l'avouer, quelques cotés "vieux royaumes", parmi lesquels il me révulse toujours un rien de voir femme se battre en lices pour quelque joute ou autre duel. Mon appartenance à l'Ordre Royal de la Licorne n'y ont jamais rien changé, tout juste mis dans la tête de bien devoir accepter ce genre de faiblesse de nos temps.

Aussi, ma Dame, j'ai une demande bien particuliere à implorer, bien que je gage que cela vous surprenne et vous désagrée tant on me parle de vous comme modèle d'intégrité.

IL NE FAUT PAS QUE JE REMPORTE CE DUEL !

Je ne vous demande point de rien truquer, entendons-nous bien. Il est évident que je ne donnerai à aucun moment le sentiment à mon angevine tant chérie que je me rends sans combattre, sans résister, sans relever les coups ni les affrontements, sans parer, sans répondre de quelque tierce, de quelque coup de taille ni d'estoc.

J'ai beau savoir qu'un duelliste pourtant réputé bien plus doué et aguerri que son contradicteur peut, si Aristote le veut, perdre tandis que la raison le donnait d'avance vainqueur. Or, je ne parviens pas à m'oter de l'idée que ce duel est dores et déjà fort mal engagé pour ma belle, laquelle n'a ni ma conformation ni mon expérience des joutes, arme à la main.

Aussi, pourriez-vous me trouver quelque mauvaise bastarde eu fil élimé, à la pointe émoussée (la mienne est de premiere force, hélas), des bottes trops lourdes, ralentissant à suffisance la célérité de mes mouvements, un casque aux oeilleres légèrement obturées, que sais-je encore... Mais, je vous en conjure, faites moi perdre de mon flagrant avantage... Faites en sorte que je puisse me défendre mais sans savoir toucher ma Farouche ou que nulle plaie ne puisse se former en tel cas impossible...

Bien cordialement,
Erik de Josseliniere,
Duc de Corbigny,
Pair de France.


Post-Scriptum : Il va sans dire que ceci doit rester, et jusqu'à ce que l'inhumain Aristote nous rappelle à lui, à jamais notre secret. Je compte sur votre indéfectible loyauté. Je vous fait parvenir en un courrier annexe les renseignements que vous me mandâtes pour la bonne tenue de l'ensemble.


Et maintenant, un peu de paperasse administrative :

Citation:
Dame Joffrey,

Salutations et respects.

Vous trouverez ci après les quelques renseignements dont vous me fîtes demande.

Je me nomme donc Erik de Josseliniere, Duc de Corbigny en belle Bourgogne, Pair de France -bien que ceci, je le sais, n'est point titre mais charge, je me permets de le préciser à toutes fins utiles- .

Je reconnois par la présente avoir accepté, en pleine possession de mes moyens tant physiques que d'humeurs, les termes de ce duel pour l'honneur, lequel se verra parachevé au premier sang versé. Je reconnois Sa Grâce Damoiselle Fitzounette de dénéré-Penthièvre, ci-devant Duchesse d'Anjou, pour ma concurrente et champion de Dame Kilia, sa parente.

J'aurai pour seul témoin Sa Grace Gaborn de Louhans, Baron de Chateau-Chinon, lequel m'accompagnera en Lices de St Antoine à la date par nous tous convenue.

Je vous reconnois, ma Dame, pour notre unique et impartial arbitre, que Christos vous suggère acuite vision et bonne intelligence en cette pénible affaire, étant entendu que ne remettrais en doute votre juste sentence, quelle qu'elle soit !

Fait à Dijon, le 5 Février du Mois de Février 1457,
Erik de Josseliniere,
Duc de Corbigny.



Encore du travail pour Loncourié, ça. N'en pouvait mais, le piaf, l'en avait marre de ces sucroits d'heure supp', pas prévu par les conventions colombophiles, l'allait finir par entamer une grêve sur le foin, l'allait pas se laisser faire par le Grand Ducanat, l'était, depuis peu, affilié à la Confédération des Gallinacés Tyrannisés, l'allait plus rigoler le Pair, oxydé du bulbe ! Mais lorsque le plumifié compris qu'il revérait peut etre une certaine Buse tout prochainement, notre révolutionnaire à ailettes se laissa faire, une fois encore...

Tandis que le volatile doublement alourdi prenait envol, Erik reprit plume afin de se conformer aux demandes expresses de dame Joffrey auprès de son vieil ami Gaborn et néammoins témoin complice en cette délicate histoire...


*
Citation:
Nous, Fitzounette de Dénéré Penthièvre, Duchesse d'Anjou, Damoiselle de la Croixille,
actons désirer affronter en duel d'honneur Erik de Josselinière, Pair de France, Duc de Corbigny,
en présence de nostre témoin, Kilia Chandos de Penthièvre, Duchesse de Chasteau en Anjou, en lieu et place de la Lice Sainct Antoine.
Nous nous en remettons à l'arbitrage de la Vicomtesse Joffrey de Beaufort Dénéré, quelque soit le résultat.

Le Très-Haut nous garde et ait pitié de notre adversaire.




*
Citation:
En ce jour du Cinq Janvier de l'an 1456,
Moi Kilia Chandos Penthièvre , Duchesse de Chateau-En-Anjou, déclare désirer être le témoin du duel entre ma niece Fitzounette de Dénéré Penthièvre, Duchesse d'Anjou, et Erik de Josseliniere, Duc de Corbigny, Pair de France.
Devant le Très-Haut je promets de respecter les règles, et l'arbitrage.

Kilia Chandos Penthièvre,
Duchesse de Chateau-En-Anjou,


Il ne manquait qu’une seule missive, mais malheureusement, Jo se doutait qu’elle lui parviendrait dans les temps et que rien ne viendrait perturber le destin en marche.

Elle reprit donc la première missive de sa Grâsce ErikdeJosselinière.

Elle demandait réponse, mais Jo ne savait quoi dire.

Ce n’était point elle qui allait se retrouver l’épée à la main….
Son rôle se résumait à acter du respect des règles, usages et conformités de la loi tacite sur le duel.

Citation:
Votre Grâsce,

Suite à votre demande, je ne puis que vous donner quelques pistes.

Il est certain que je ne pourrais point accepter une épée émoussée mais je vous jette ici sur velin , quelques rumeurs qui pourraient faire votre bonheur.

Comprenez que je ne fais que vous informer, et non, vous influencer dans vos choix

J’ai ouie dire que des mains adoucies par un onguent à base huile peut rendre le maniement de l’épée plus difficile, celle-ci aurait tendance à s’échapper de la poigne.

Il m’a été aussi rapporté qu’une certaine potion d’endormissement prise à faible dose, amoindrissait les réflexes.

Prenez garde aux projections de liquide qui pourraient vous troubler la vue.

Veillez aussi à ce que vos poignets ne perdent pas de leur flexibilité et surtout ne portez point de bracelet trop lourd.

Il me semble que vous avez, vous aussi, émis quelques idées à retenir.

Je ne puis vous aider plus .

Joffrey de Beaufort-Dénéré
Vicomtesse de Beaufort-en-Anjou
Baronne de Segré
Fitzounette
[Où l'on invente le Flash-Back, parce que, des fois, c'est bien pratique...]

Alors qu’elle était en train de se préparer, alors qu’elle s’était promis de ne pas penser à lui pour ne pas craquer, son regard se posa sur la pierre aux reflets scintillants et profonds. Et elle se souvint. Tout lui revint en une bouffée brûlante et impitoyable.
La première rencontre, et l’intérêt qu’il lui avait porté. Puis cette sensation qu’il voyait en elle plus qu’un visage croisé et vite oublié.
Quelque chose s’était passé. Quel sortilège, quelle subtile alchimie avait pu les lier si puissamment l’un à l’autre ?
Et elle allait devoir se battre contre lui, à l’épée. Elle allait devoir y mettre toute sa rage, toute sa volonté.
Cherchait-elle à se punir ? En aurait elle seulement le courage, alors qu’encore le jour précédent, il s’écrivaient amoureusement ?


*Pauvre, pauvre Loncourié... Lui qui pensait pouvoir profiter d'une retraite bien méritée -Déjà que ce bougre d'homme avait eu la glorieuse idée de rempiler trois fois de suite, là où la plupart des gens sains d'esprit s'arrêtent à un, parfois deux mandats-, faire le tour des arbres de la propriété de Corbigny, flirter avec les colombes, dragouiller la ramière pucelle, séduire la voyageuse en mal de sensation, que sais-je ? Non ! Cet homme-là avait décidé de sa mort prochaine et c'est donc pour la énième fois -arrivé à un certain point d'abus abusif et sans rire, on n'essaye plus de compter- que le Pair tranquille le fit partir, papier au patte (bien que ce ne soit pas une maladie des nerfs), vers le lointain Anjou :

Ma bien, ma si précieuse Grace,

Je ne vais point abuser de votre temps, lequel, je me doute, ne peux pas trop se consacrer à ma seule insigne personne. Je tenais seulement à vous écrire que cette fameuse lettre que je vous ai promise, je l'ai enfin rédigée et envoyée.
Je suis, de tout mon cœur, de toute ma foi en vous, à vos cotés, malgré cette affreuse distance qui nous sépare !

Votre,
Envouté,
Erik.

*Papier écrit, papier parti !*


*Elle était à la fenêtre, retenant à grand peine ses larmes de fatigue et d'angoisse. Quand le gentil pigeon vint à elle. Un présage... Avait-il entendu son désespoir ?
Il se posa doucement, la roucoulade séductrice extirpant à Mabuse un petit cri de contentement. Celle ci se mit à sautiller à sa rencontre, arrachant un sourire à la petite Duchesse, bien malgré elle. Elle prit le pli, et le lu. Un frisson parcouru ses muscles endoloris par la tension. Elle prit la plume, main tremblante, penchée sur le vélin, peinant à rassembler ses esprits. Puis elle écrit*


Mon Duc, mon tendre et aimé Duc... Vous me manquez particulièrement en ces temps difficiles. Que ne ferais-je point pour me reposer un instant dans vos bras, et oublier... Oublier les responsabilités et tout ce qu'elles m'imposent. Vous me manquez, vous me manquez trop... J'aimerais juste poser ma tête sur votre épaule, et vous laisser vous occuper de moi, me choyer... Cela peut vous paraitre égoiste, mais je rêve d'être une poupée dans vos mains habiles et de me laisser aller à vostre volonté.

Vostre, dévouée, petite Reyne*

*Et elle sépara Mabuse et Loncourié, tout à leurs jeux et conversations, renvoyant le pigeon chez son maistre, sous le regard plein de reproches, si l'on peut attribuer caractères humains à ces volatiles, de Mabuse*


* Le lendemain*

*Prend sa plume une nouvelle fois, il lui manque décidément, et elle n'arrive pas à se concentrer sur ses devoirs. Faisant mine de rien devant son secrétaire, genre "M'enfin, je travaille à la défense civile", elle rédige un petit mot au Duc*

Juste une pensée qui va vers vous, pour vous souhaiter une bonne journée.

*et hop elle le refile a Mabuse en douce*


*Un pigeon qui tourne en rond dans sa cage, un bec qui l'ouvre de plus en plus fort, des ailes qui s'esbaudissent d'un plaisir impossible à comprendre ni même à ressentir pour tout être de l'humaine engeance normalement constituée : Loncourié se pâme ! *

Et bien, ma petite boule de plume ! Te voila bien énervée ce matin ! Allons, du calme, je m'en vais te chercher ta D.O.P.E. -Douce et Onctueuse Portion Energisante- m'en voudrait que tu meurs de faim, mon fidèle volatile inter-ducal !

*C'est sur ces entrefaites qu'une buse toute en nage (enfin, dans l'idée, parce qu'avec les plumes, difficile d'en rien savoir) se posa pile à coté de la cage du bourguignon plumitif. Lesquels, contre toute attente et à rebours de toutes les fumeuses théories qui ne verront jour que dans quelques siècles -en même temps, avec les angloys, on peut s'attendre à toutes les fariboles évolutionnistes- semblaient s'apprécier de plus en plus et de mieux en mieux !
Le duc remarqua de suite le petit vélin accroché à la patte du rapace, lui fit apporter un bon morceau de chair rassie à point et lu, avec ce bonheur toujours renouvelé lorsque cela venait d'ELLE, le dit message. Réponse à suivre : *


Ma Damoiselle,
Votre Grace,

Petite Reyne qui a depuis peu pris gouvernance de mon cœur de vieux bougre,
Fitzounette aux mille éclats de braise et de ciels purs,
Je vous envoie ce petit mot, gage que toutes mes pensées les plus extrêmes de passion et de désir de vous, sont tournées vers l'ouest, vers VOUS.
Je vous embrasse avec fougue et tendresse tout à la fois,

Votre,
Erik.

* Départ un peu repoussé de la buse, le duc n'ayant cœur de séparer trop vite les deux aviaires amis... Mais quand faut y aller, faut y aller, et l'oiselle finit tout de même par sa maitresse *

_________________
Erik, incarné par Fitzounette


[Y a des lettres, des fois, on ne sait si elle doivent arriver ou jamais.]

Un duc plein d'amertume, un duel tout aussi vrai qu'il est presque impossible, un tonnelet de vin aigre... En Corbigny, ce n'est pas la joie, c'est le moins qu'on puisse en dire. Et pourtant, le duc écrit, il écrit, il écrit, il écrit... Seulement, le poids des fautes dont il se sent coupable, couplées à celle de boire cette affreuse vinasse -faute de gout s'il en est, lorsque l'on est bourguignon de sang et de coeur- ont tard fait de mettre notre ducaillon en de bien mauvais rivages. Une lettre, point achevée, ni plus qu'envoyée en est l'usage, une lettre qui dit tout, qui ne dit rien, puisqu'elle ne trouvera son parage, une lettre, de celles qu'on n'envoie jamais :

Citation:
Vous,
Tu,

En être a ce point de ne savoir comment te nommer... Votre... Ma... Ce soir, je bois, je bois, tu ne peux imaginer ce que c'est, pour un bourguignon de boire cette piquette infâme... Je bois... Je bois parce que je veux pourtant me battre et perdre à la fois... Je bois... Si seulement tu pouvais savoir comme je te vois partout... Je bois... Ta petite frimousse de Penthièvre, partout je la vois... Je bois, je bois pour ne pas pouvoir te blesser ma fée, je bois... J'ai demandé que l'on m'apporte le plus mauvais vin de ma cave, celui à tourner vinaigre, celui que nul ne boit... Je le bois... Tu n'en sais rien, n'en sauras jamais rien, mais laisse moi en boire plus que mon saoul, à en rejoindre ton âme malgré toi, ma belle, sans que rien n'en sache. Laisse moi un peu de toi, laisse pénétrer mon souffle...

Je sais si peu de toi, je sais si peu de toi, que ton nom ! Je sais si peu de toi que ton minois, je sais si peu de toi que tes lèvres éperdues sur ma bouche, je sais si peu de toi que ta folie vagabonde.

Tu n'en sais guère plus de moi, que ce masque de Pair, de Duc de Bourguignon : je te vis, je t'ai aimée, que dire de plus ?

Il y a longtemps déjà, une femme, la plus pure des femmes, eut fatale tendance pour moi. Sache que sans elle, simple paysanne, tu ne saurais même pas que j'existe. Xénica est son nom. Un jour je te conterai ce qu'elle fit pour moi. C'est immense, tandis qu'elle songe que c'est si peu, ma 'Iubita"... Depuis, elle vagabonde.

Il y eut... Cette dame que je ne puis nommer, son veuf est un sot qui n'y comprendrait rien... Mais aussi brève que le fut cette passion, cette unique nuit sublimante, elle ne fut point vaine.

Il y eut Sybille, aussi, dont il me semble t'avoir entretenue... Sybille... Elle cherchait mari pour plaire à son père, je cherchais, je crois, épouse, afin d'avoir engeance. Nous nous aimâmes, avec la pureté simple de qui à l'âge d'être père de sa belle et fille de son amant. Je ne regrette rien... Damoiselle van Frayner d'Azayes a tous les attributs nécessaires aux gouts des hommes. Je la sais, depuis, de mes amis sincères. Malgré notre rupture.

Fitz... Fitz... Fitz... Mes mots se perdent sur ce vélin. Mes mots... Quels mots ? Ces mots : à quoi bon ? Demain, nous devrons nous battre... Vanitas vanitatum... L'amour doit-il, toujours, être bataille ?

Ma Grâce, mon émeraude, ma gemme... Je vais tant user de tous les qualificatifs qu'à force, il me sera impossible d'en trouver de nouveaux. Et tu les mérites tous.

Demain... Tu ne le sauras jamais ma Petite Reyne, tu me tueras, demain tu me tueras, demain par amour pour toi, mon honneur sera mort, demain, tu me tueras. Tu ne le sauras jamais, ma Petite Reyne, le vin mauvais m'en aura empeché... Demain, quoi que je fasse, je serai mort.

As-tu jamais aimé à ce point, petite dame de ma mort, as-tu jamais éprouvé à tel point l'idée que Diane Chasseresse était cette vierge mortifère... Sais-tu que, si tu m'otes vie, tu seras jusqu'au bout cette déesse ? Sans m'oter vie, je suis déjà sous tes rêts...

Ma duchesse de mille feux, ma grace de folle infâmie, ma Penthièvre que par fol espoir j'aime de toute envie, Dénérée de mes rêves inaboutis : marions -nous, si tu le veux...

J'ai bu un si mauvais vin... J'ai bu pour vous... J'ai bu, -que n'aurais-je fait pour toi ?- je fais et ferai ce que veut Destinée. Je, j'ai, enfin... Rêve incroyable...Vous fûtes, vous étiez, vous êtes... Saurais-je jamais vous dire ? Perle, ma perle peux-tu...

Toi, tu, vous... Petite Reyne indomptable...


Ainsi s'achève cette lettre inachevée... Une masse s'aboutissant de tout son poid en le cabinet de travail ducal...
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