Milo
- Bon, alors, l'attend où, ton « Vaxou » ?
Avec la voix haut perchée s'il vous plaît.
Quoi de plus normal, quand on a une voix grave de basse, d'essayer de prendre la voix la plus aiguë possible, afin d'imiter sa moitié, toutes proportions revisitées, bien évidemment. Aussi, juché sur leur nouvelle acquisition, il attendait, plutôt avec une impatience qu'il ne cachait pas - en massant sa senestre - que le duc daigne se montrer. Mais, pour comprendre pourquoi le blond en était à jouer les cochers, il faut revenir de longs mois en arrière.
La petite n'était pas encore née. La rouquine n'avait pas encore fini son premier mandat, on en était seulement à la moitié. Et déjà, les routes reprenaient vie dans les Azurs impatientes, qui rongeaient leur frein silencieusement. Il n'avait rien dit, au tout début. Et puis, à mesure que le temps passait, qu'il s'enracinait dans ce duché, il avait parlé.
L'envie de revoir la blonde, tout d'abord. Les Emeraudes lui manquait, plus qu'il ne voulait bien l'avouer en public. Retrouver la frêle jeune femme pour discuter de tout et de rien au coin du feu, rire parce qu'elle voulait lui apprendre à aimer le vin, liquide gorgé de soleil, rougir parce qu'il avait enfin trouvé une femme, non pas juste pour baiser et se détendre*, mais bien pour refaire sa vie.
Le désir d'être à nouveau sur les routes, aussi. Etre libre, ne pas savoir où aller, rester à un endroit quelques jours pour repartir plus loin par la suite. Tout cela lui manquait. S'engueuler avec les autochtones, se faire traiter de rustre et de gueux, ça lui manquerait presque. Peut-être même se prendre un ou deux procès, histoire de renouer avec le bon vieux temps.
Et puis, un mandat était passé. Pas l'ombre d'un nouvel horizon à l'ouest. Un second mandat était entamé, en même temps qu'un ventre rond se formait. L'obligation de repousser une fois de plus son voyage, sa vision s'effritant à mesure que s'égrainait le temps. Il aurait pu partir seul, comme le lui avait suggéré plusieurs fois la rouquine. Mais à quoi bon passer de longs mois en solitaire, sans rien à partager, peut-être même courir après le vide, tant la blonde était de plus en plus fatiguée.
Elin était née et avec elle, ses projets de voyage. Faire découvrir à la rouquine ce qu'elle n'avait jamais pu ou voulu voir. Et puis, un miracle, inespéré, peut-être même un prodige. Rien de moins qu'une invitation à escorter un ducaillon qui partait pour une histoire louche en Béarn. Pas qu'il aimait la région, il la détestait même, mais au moins cela sonnerait-il comme le début de leur aventure. Pour la rouquine qui n'avait quitté - son couvent son duché, c'était une belle occasion que de découvrir le reste du pays.
Ni une, ni deux, le géant avait sauté sur l'occasion pas Vaxou, rassurez-vous pour prévoir sa ballade. Au petit bonheur la chance, comme de coutume. Sauf que la tâche risquait d'être plus compliquée que d'habitude, mais cela il ne le savait pas encore. Il n'était guère habitué à traîner femme, enfant, beau-fils et nobliau derrière lui. Son cheval par contre, si. Même s'il était plutôt dessus qu'à côté, mais là... Attelage oblige.
Peut-être même pour lui prouver sa bonne volonté, la rouquine avait commandé une roulotte chez un quelconque charpentier, roulotte dont il n'avait pu voir grand-chose durant la nuit et qui accueillait son séant. Cela lui suffisait, même s'il n'avait osé avoué qu'il ne savait pas du tout conduire ce genre d'engin. Mais l'aventure, c'est l'aventure, et il avait appris, après plusieurs cahots, à maitriser la bête d'une main sinon sûre, au moins ferme.
- Faut p'tet aller l'chercher au bordel ?
*Phrase qu'Ilmarin a balancé un jour au blond, à propos d'une possible aventure entre lui et la Comtesse Daresha de Jeneffe Riddermark : "On te demande pas de tomber amoureux, mais de baiser pour te détendre !"
Avec la voix haut perchée s'il vous plaît.
Quoi de plus normal, quand on a une voix grave de basse, d'essayer de prendre la voix la plus aiguë possible, afin d'imiter sa moitié, toutes proportions revisitées, bien évidemment. Aussi, juché sur leur nouvelle acquisition, il attendait, plutôt avec une impatience qu'il ne cachait pas - en massant sa senestre - que le duc daigne se montrer. Mais, pour comprendre pourquoi le blond en était à jouer les cochers, il faut revenir de longs mois en arrière.
La petite n'était pas encore née. La rouquine n'avait pas encore fini son premier mandat, on en était seulement à la moitié. Et déjà, les routes reprenaient vie dans les Azurs impatientes, qui rongeaient leur frein silencieusement. Il n'avait rien dit, au tout début. Et puis, à mesure que le temps passait, qu'il s'enracinait dans ce duché, il avait parlé.
L'envie de revoir la blonde, tout d'abord. Les Emeraudes lui manquait, plus qu'il ne voulait bien l'avouer en public. Retrouver la frêle jeune femme pour discuter de tout et de rien au coin du feu, rire parce qu'elle voulait lui apprendre à aimer le vin, liquide gorgé de soleil, rougir parce qu'il avait enfin trouvé une femme, non pas juste pour baiser et se détendre*, mais bien pour refaire sa vie.
Le désir d'être à nouveau sur les routes, aussi. Etre libre, ne pas savoir où aller, rester à un endroit quelques jours pour repartir plus loin par la suite. Tout cela lui manquait. S'engueuler avec les autochtones, se faire traiter de rustre et de gueux, ça lui manquerait presque. Peut-être même se prendre un ou deux procès, histoire de renouer avec le bon vieux temps.
Et puis, un mandat était passé. Pas l'ombre d'un nouvel horizon à l'ouest. Un second mandat était entamé, en même temps qu'un ventre rond se formait. L'obligation de repousser une fois de plus son voyage, sa vision s'effritant à mesure que s'égrainait le temps. Il aurait pu partir seul, comme le lui avait suggéré plusieurs fois la rouquine. Mais à quoi bon passer de longs mois en solitaire, sans rien à partager, peut-être même courir après le vide, tant la blonde était de plus en plus fatiguée.
Elin était née et avec elle, ses projets de voyage. Faire découvrir à la rouquine ce qu'elle n'avait jamais pu ou voulu voir. Et puis, un miracle, inespéré, peut-être même un prodige. Rien de moins qu'une invitation à escorter un ducaillon qui partait pour une histoire louche en Béarn. Pas qu'il aimait la région, il la détestait même, mais au moins cela sonnerait-il comme le début de leur aventure. Pour la rouquine qui n'avait quitté - son couvent son duché, c'était une belle occasion que de découvrir le reste du pays.
Ni une, ni deux, le géant avait sauté sur l'occasion pas Vaxou, rassurez-vous pour prévoir sa ballade. Au petit bonheur la chance, comme de coutume. Sauf que la tâche risquait d'être plus compliquée que d'habitude, mais cela il ne le savait pas encore. Il n'était guère habitué à traîner femme, enfant, beau-fils et nobliau derrière lui. Son cheval par contre, si. Même s'il était plutôt dessus qu'à côté, mais là... Attelage oblige.
Peut-être même pour lui prouver sa bonne volonté, la rouquine avait commandé une roulotte chez un quelconque charpentier, roulotte dont il n'avait pu voir grand-chose durant la nuit et qui accueillait son séant. Cela lui suffisait, même s'il n'avait osé avoué qu'il ne savait pas du tout conduire ce genre d'engin. Mais l'aventure, c'est l'aventure, et il avait appris, après plusieurs cahots, à maitriser la bête d'une main sinon sûre, au moins ferme.
- Faut p'tet aller l'chercher au bordel ?
*Phrase qu'Ilmarin a balancé un jour au blond, à propos d'une possible aventure entre lui et la Comtesse Daresha de Jeneffe Riddermark : "On te demande pas de tomber amoureux, mais de baiser pour te détendre !"