Nicolas.df
[Combattre ne peux, céder ne veux]
Réalité, ou nouveau songe ? Il l'ignore. La douleur plaide pour la première option, mais le monde n'était pas si flou dans ses souvenirs. Il voudrait l'observer plus en détail, toutefois faire bouger ses yeux dans leurs orbites lui semble trop compliqué pour l'instant, aussi se contente-t-il de ce qui lui fait face. Qu'est-ce qui lui fait face, au juste ? Une silhouette, qui semble trop fragile pour être celle d'un être humain. Un squelette, sûrement... son esprit est donc toujours égaré dans les brumes, quelque part à l'intérieur de sa tête. Il s'agit de quitter ces limbes. Nicolas ferme les paupières un bref instant.. Lentement, très lentement, il projette sa conscience engourdie dans chacune des parties de son être. Son épaule le fait souffrir, mais pas autant que sa cheville, dont les nerfs concourent probablement pour le titre de la douleur la plus intense. Souffrir autant suffirait à tirer l'ivrogne le plus saoul du cauchemar le plus profond... peut-être est-il dans le vrai monde, tout compte fait.
Ses yeux s'ouvrent à nouveau, sur un environnement inchangé. Le squelette, qui n'en est pas un, s'est rapproché. Sa vision n'est pas encore complètement accommodée, mais c'est elle, il en est certain. Les pensées du jeune homme s'arrachent de leur cours lénifiant, et se hissent petit à petit sur l'îlot de sa colère. Elle n'a pas le droit. Elle va payer. Mantra rassurant plus qu'autre chose, pour le moment du moins. Dans un effort lui paraissant surhumain, il se redresse sur les coudes. Le cisaillement de la corde autour de ses poignets est presque négligeable à côté des hurlements de sa cheville -faut-il avoir mal pour imaginer une cheville hurlante- qui remontent chaque seconde son mollet, sa cuisse et sa colonne vertébrale et prolongent une migraine lancinante. Une bordée d'injures lui chatouille un instant la langue, mais il la ravale, autant à cause de son orgueil qui lui suggère plutôt un mépris froid, que du bâillon qui lui entrave la bouche. Une bouche tellement pâteuse... tout son être est-il donc englué ?
Non, pas ses pensées. Quoique moins rapides qu'à l'accoutumée, celles-ci sont aiguillonnées par le caractère inédit de la situation. L'une lui chuchote que ses armes sont encore à leur place, elle vient de les sentir sous son aisselle... l'autre qu'il peut les atteindre s'il arrive à détourner l'attention de sa geôlière suffisamment longtemps... une autre encore, que cela serait folie et qu'il faut marchander, tout homme ayant son prix et à plus forte raison, tout brigand ! Mais chacune est balayée par une pensée inquiète, qui s'interroge quant à l'instrument s'approchant de son visage. Un rasoir ! Cette gueuse s'apprête à le taillader ! Le bleu des yeux se transforme en glace, un grondement sourd monte du fond de sa gorge sèche. Le spectacle pourrait être amusant, si seulement une haine aussi pure que du cristallo vénitien ne sourdait pas par tous les pores de la peau de Nicolas. Qu'elle le touche, qu'elle l'effleure, qu'elle s'avise de s'approcher d'avantage... et un jour, il la retrouvera. Il ne peut pas prononcer ces paroles, aussi les lui envoie-t-il dans un regard aussi aiguisé qu'une lame. Malheureusement pas aussi meurtrier, cependant.
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Réalité, ou nouveau songe ? Il l'ignore. La douleur plaide pour la première option, mais le monde n'était pas si flou dans ses souvenirs. Il voudrait l'observer plus en détail, toutefois faire bouger ses yeux dans leurs orbites lui semble trop compliqué pour l'instant, aussi se contente-t-il de ce qui lui fait face. Qu'est-ce qui lui fait face, au juste ? Une silhouette, qui semble trop fragile pour être celle d'un être humain. Un squelette, sûrement... son esprit est donc toujours égaré dans les brumes, quelque part à l'intérieur de sa tête. Il s'agit de quitter ces limbes. Nicolas ferme les paupières un bref instant.. Lentement, très lentement, il projette sa conscience engourdie dans chacune des parties de son être. Son épaule le fait souffrir, mais pas autant que sa cheville, dont les nerfs concourent probablement pour le titre de la douleur la plus intense. Souffrir autant suffirait à tirer l'ivrogne le plus saoul du cauchemar le plus profond... peut-être est-il dans le vrai monde, tout compte fait.
Ses yeux s'ouvrent à nouveau, sur un environnement inchangé. Le squelette, qui n'en est pas un, s'est rapproché. Sa vision n'est pas encore complètement accommodée, mais c'est elle, il en est certain. Les pensées du jeune homme s'arrachent de leur cours lénifiant, et se hissent petit à petit sur l'îlot de sa colère. Elle n'a pas le droit. Elle va payer. Mantra rassurant plus qu'autre chose, pour le moment du moins. Dans un effort lui paraissant surhumain, il se redresse sur les coudes. Le cisaillement de la corde autour de ses poignets est presque négligeable à côté des hurlements de sa cheville -faut-il avoir mal pour imaginer une cheville hurlante- qui remontent chaque seconde son mollet, sa cuisse et sa colonne vertébrale et prolongent une migraine lancinante. Une bordée d'injures lui chatouille un instant la langue, mais il la ravale, autant à cause de son orgueil qui lui suggère plutôt un mépris froid, que du bâillon qui lui entrave la bouche. Une bouche tellement pâteuse... tout son être est-il donc englué ?
Non, pas ses pensées. Quoique moins rapides qu'à l'accoutumée, celles-ci sont aiguillonnées par le caractère inédit de la situation. L'une lui chuchote que ses armes sont encore à leur place, elle vient de les sentir sous son aisselle... l'autre qu'il peut les atteindre s'il arrive à détourner l'attention de sa geôlière suffisamment longtemps... une autre encore, que cela serait folie et qu'il faut marchander, tout homme ayant son prix et à plus forte raison, tout brigand ! Mais chacune est balayée par une pensée inquiète, qui s'interroge quant à l'instrument s'approchant de son visage. Un rasoir ! Cette gueuse s'apprête à le taillader ! Le bleu des yeux se transforme en glace, un grondement sourd monte du fond de sa gorge sèche. Le spectacle pourrait être amusant, si seulement une haine aussi pure que du cristallo vénitien ne sourdait pas par tous les pores de la peau de Nicolas. Qu'elle le touche, qu'elle l'effleure, qu'elle s'avise de s'approcher d'avantage... et un jour, il la retrouvera. Il ne peut pas prononcer ces paroles, aussi les lui envoie-t-il dans un regard aussi aiguisé qu'une lame. Malheureusement pas aussi meurtrier, cependant.
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