Et il se montrait galant... Décidément c'était un autre monde. Si elle était gênée ou intimidée elle ne le montra pas, après tout, les mondanités faisaient partie de sa vie hors l'abbaye.
J'ai toujours aimé passer du temps dans les cuisines de mon beau-père, et voir les cuisinières et marmitons s'occuper des plats, sentir les épices, chiper des gâteaux tout juste sortis du four...
Un sourire amusé flotta sur les lèvres de la jeune fille à l'idée de ces gourmandises passées. On lui avait volontiers pardonné ces chapardages parce qu'elle était enfant, mais plus elle grandissant, plus la tolérance s'amoindrissait à son encontre.
Ici j'apprends donc à parfaire les gestes que j'ai vu tant de fois, et je ne désespère pas de devenir une grande cuisinière, comme Taillevent !
Un enflammement soudain se fit entendre à ces paroles, la jeune fille évoquant un de ses rêves les plus secrets. Et parce que maintenant Lyes était un ami, c'était un jeune garçon après tout, puis les compagnons de jeu manquaient à Noirlac, elle lui saisit les mains avec empressement pour lui expliquer qui était ce fameux Taillevent, comme si elle lui contait une histoire fabuleuse et réclamait son attention.
C'était le cuisinier de Charles VI ! Oh il a écrit un livre magnifique, le Viandier, avec toutes ses recettes qu'il faisait à la cour du Roy pour les repas normaux comme les réceptions ! Il servait des oies parées de leurs plumes, des sangliers entiers !
Et de lacher les mains du jeune homme aussi vite qu'elle les avait prises pour faire de grands gestes mimant les plats fabuleux que le Roy avait du goûter, virevoltant presque. Puis sentant que son emportement n'était pas vraiment pertinent, elle s'arrêta aussitôt.
Pardon je m'emporte !
Puis le jeune homme proposa un casse-croute. Mais Eilinn avait mieux que ça en réserve.
J'ai fait des darioles*, pour m'entrainer, tu me diras ce que tu en penses !
Adieu vouvoyement, alors que Lyes connaissait maintenant un des secrets les plus chers d'Eilinn. La jeune fille allait chercher un plat non loin de là sur lequels se trouvaient des tartelettes dorées. Elle les amena sur la table, ainsi qu'un broc de lait frais, et deux timbales qu'elle disposa.
C'est composé d'amandes broyées et d'épices, notamment cannelle et gingembre, un peu d'anis également.
Et Eilinn de verser aussitôt du lait dans les timbales et de se choisir une tartelette.
NdlA : Tartelettes de pâte brisée sur laquelle on a versé un mélange d'amandes en poudre, de sucre, farine, ufs, et épices au choix du cuistot, le tout cuit au four. La croute extérieure est croustillante, et l'intérieur fondant, rappelant de façon lointaine la frangipane, mais c'est meilleur ^^.
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