Actarius
Deux âmes égarées ou presque demeurèrent dans cette pièce où régnait en maîtresse la mort, le silence parfois entrecoupé de quelques éclats étouffés de voix. Ce fut dans cet ambiance particulière que le Magnifique porta sa petite étoile jusqu'au siège où il la déposa. Il se baissa pour lui faire face tandis que l'ocre brûlé de ses yeux plongea dans le regard de la demoiselle.
Ma douce Elissa, commença-t-il. La mort est partout autour de nous, elle nous enlève parfois ceux qui nous sont le plus cher. Il n'est pas de mot pour décrire la douleur d'une perte. Je ne puis vous décrire ce que je ressens.
Il prit alors les petites mains de l'héritière dans les siennes. Son visage, lui, se décomposa en un triste sourire qui se voulait rassurant-
Je n'ai plus revu ma fille depuis des mois et voilà que je sais désormais que je ne la reverrai jamais en ce monde. Mais je ne peux m'abandonner à la douleur, au contraire je dois m'accrocher à l'idée que je la retrouverai bientôt dans le Royaume du Très-Haut. Là où elle est, il n'y a que plénitude et sérénité, le bonheur de vivre éternellement dans la paix de l'âme et du coeur.
Sans qu'il en prit conscience, ses doigts caressaient tendrement les mains blanches et frêles d'Elissa.
Elle veille sur moi désormais, comme tous les êtres qui m'ont été cher et qui ne sont plus. C'est pour eux que je dois continuer de vivre dans l'honneur et la vertu, pour ne pas qu'ils aient un jour à rougir de l'homme que je suis...
Le Vicomte se releva et poursuivit d'une voix tendre.
Vous devriez rentrer ma jeune amie, ma place est au chevet de mon épouse. Et je crains que la vue d'une fille si pleine de vie lui causera plus de troubles que de bien.
Il posa un doux baiser sur le front de sa suzeraine et s'en alla là où il devait. Dans l'embrasure de la porte, il se retourna et plein d'une inaliénable affection jeta un dernier regard à sa petite étoile.
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