[RP] Orphelinat Sainte Clothilde

[Quelque part, non loin de l'orphelinat]


Le monde des grands était cruel. Marie-Victoire en savait quelque chose. Enlevée à ses parents il y a bien un ou peut-être deux ans, la petite avait passé son temps brinqueballée par ses ravisseurs de bateaux en bateaux. Elle ne savait plus comment étaient ses parents. Pas faute pourtant d'essayer de se souvenir de leurs visages. Mais elle pouvait forcer sa mémoire autant qu'elle le voulait, tout était devenu vague. Elle n'était plus très sûr de la couleur des yeux de sa maman. Parfois, elle croyait entendre sa voix mais ce n'était que songes.

Du haut de ses cinq ans, la gamine avait réussi à s'échapper lors d'une escale un peu trop arrosée. Descendant l'échelle de corde jusqu'au quai pendant que ses ravisseurs cuvaient, elle n'avait eu aucune conscience du danger. Tout ce qu'elle voulait, c'était s'enfuir. Parce que les gros messieurs ne sentaient pas bon et aussi parce qu'elle les avait entendu parler. Ils voulaient la vendre, elle ! Marie-Victoire, fille de .... de ..... Elle ne savait plus mais il était hors de question qu'elle soit encore ballotée à droite ou à gauche.

Elle avait longtemps marché. Elle ne savait même pas où elle se trouvait. Elle portait une robe trop petite pour elle et toute lacérée au bas. Ses souliers étaient béants. La jolie petite fille avait l'air misérable et quand elle essayait de parler aux grands, ils la repoussaient, ne lui répondaient pas, l'ignoraient totalement. Alors elle avait encore marché. Mais elle était épuisée. Si seulement elle pouvait trouver un endroit pour se reposer et manger un peu .... Enfin quelques personnes daignèrent la regarder. Une vieille femme lui donna un bout de pain et lui indiqua un chemin à suivre, disant qu'il s'y trouvait plus loin une maison qui accueillait tous les enfants perdus. Alors elle suivit ce chemin, grignotant son pain.


[Devant la grille]

Elle arriva devant une grille, tard le soir. La lune heureusement baignait le paysage de sa douce lumière. Une pancarte se trouvait sur la grille, mais la gosse ne savait pas lire, sinon elle aurait su qu'il s'agissait de l'orphelinat Sainte Clotilde. Sa petite menotte se posa sur le métal gelé et poussa pour entrer dans la cour. Une bâtisse se dressait devant elle. Il y avait de la lumière aux fenêtres, preuve que tout le monde ne dormait pas encore. Elle avança timidement jusqu'à la porte, grelottant de froid. Une petite corde pendait, au bout de laquelle se trouvait une cloche. Malheureusement, elle était trop haute pour que la petite puisse l'attraper et la faire sonner. Elle s'avança alors encore un peu et tapa de ses maigres forces sur la porte de bois. Trois coups qui semblèrent résonner.