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[RP] Orphelinat Sainte Clothilde

--Torak



[Dans la Cour de Cunégonde]

Mais qu'est-ce qu'il veut dire le matou ? Le voilà qui se met à gesticuler bizarrement en regardant le chiot, incrédule. Effectivement au début il ne bougea pas, préférant admirer le spectacle ridicule du félin qui continuait encore et encore. Mais vint le moment où Torak se leva et lui suivit, bien plus curieux cette fois-ci. Et les voilà partis en grande vadrouille tous les deux comme deux grands équipiers !

Torak ne connaissait pas beaucoup la voisine d'en face, pour être arrivé il y a peu et suivait le chat sans se soucier de ce qu'ils faisaient. Et voilà le chat en train de faire ses besoins dans les plantes de la voisine... Le chiot s'assit alors, regardant l'animal, avant d'avoir lui aussi envie de faire pipi. Oh pis pourquoi pas hein ?! Torak se redressa et choisit le meilleur plant de framboise afin de faire pipi dessus.

Finalement, il était drôle ce chat. Une fois terminé, le chiot revint vers le félin et commis l'irréparable : il aboya...
--La_cunegonde


Mais ! Qu’est c’est’ y que ce raffut ? Cunégonde ouvre la porte de sa maison en grand et sort avec précipitation dans son jardin.

V’la t’y pas que le monstre noir, les deux pattes allongées en avant sur le sol, et le derrière en l’air, et sa queue qui remue bêtement, aboie furieusement après le matou du vieux cinglé !

Mais ?? Y Font quoi là ? V’la qui m’pissent sur mes framboises, et ce démon de chat qui veut parfumer mes fraises avec ses crottes puantes !


Relevant sa jupaille pour aller plus vite, la vieille court dans sa remise et prend la fourche appuyée contre le vieux mur chaulé.

M’en vais vous réchauffer les côtelettes, mes gaillards ! Envoyés de Satan ! Que même ce chien y ressemble plus à un ours qu’a un chien, et ce chat ! Pfffffff, aussi prétentieux que l’Vicomte ! Et même pas capable de se nourrir de souris, sa Majesté!


Mais le temps qu’elle ressorte les deux « monstres » ont disparu comme par enchantement …

Cré vaindiou ! Et pourquoi qu’y croient que j’les cultive mes bons légumes, et mes jolis petits fruits rouges ? Pour qu’y s’soulagent dessus ? Pour qu’ils s’en servent de lieu d’aisance ? Non mais !

M’en vais aller voir c’te Rodrielle moi ! J’va y dire c’que j’en pense moi de ses manigances…ferait mieux de surveiller ce monstre et d’s’occuper de ses marmousets.
Chui sûre que derrière sa fenêtre elle se moque de mes misères avec ces bestiaux ! Et même qu’ça la fait rire !

Et pis ! L’vieux barbon j’l’ai ben vu rentrer mwè ? Mais j’l’ai pas vu ressortir ! Et qu’y va faire bientôt noir, y va pas dormir là quand même, avec toutes ces femelles !

C’est t’y qui y’aurait anguille sous roche avec la Rodrielle? L’est bien capab’ ce vieux grigou !

Et moi qui voulais lui porter des fraises et des framboises pour ses loupiots, à la Rodrielle ! Ben j’va y porter comme ça, voilà !
--Elouan.


[Seul dans l’écurie…]

Le calme semblait être revenu dans la cours de l’orphelinat. Perché sur son tonneau, Elouan n’entendait plus le brouhaha des autres enfants et des dames qui les accompagnait…
Plus un bruit si ce n’est la boule de poil qui aboyait au loin.
Seul restait le bruit des oiseaux et celui des chevaux dans l'écurie... Un peu de calme, pour se remettre de cette drôle de journée... Cela ne faisait pas de mal après tout...

Qu'aurait-il fait habituellement, s'il avait été dans la rue ? Sans doute en train de glané un morceau de pain ou quelque sous... ou peut être en train de courir pour échapper a quelconque gendarme... Tandis que là... Il était tranquille, seul, dans un endroit ou personne ne viendrait l'embêter...

Un petit sourire passa sur le visage de l'enfant qui pour la première fois de sa petite vie, se dit qu'il pouvait enfin dormir sur ses deux oreilles...
Son regard se posa sur l'écurie qu'il n'avait pas regardé attentivement jusque là. La paille fraiche des boxes, vident pour la plupart, lui rappelèrent celle de son tonneau. Sa petite maison, bien froide et humide... La paille y était toute souillée, souvent remplis de puce et de rat, mais pourtant il aimait y vivre. C'était le seul endroit où il s'était senti en sécurité...

Mais là... L'écurie était bien grande, il devait y faire nettement plus chaud que dans son tonneau... Et puis cette paille bien fraiche, elle devait certainement être plus agréable que celle qu'il avait dans sa couche.

Ni une ni deux, voulant "tester" ce lit improvisé, le gamin sauta de son perchoir et grimpa dans le grenier de l'écurie...

C’était douillé, c’était chaud, et cela sentait bon… Bon la liberté, la sécurité aussi… et la chaleur… Douce chaleur…
Elouan se laissa tomber de bonheur dans cette paille si moelleuse et douillette. Confort Ô combien agréable. Mais qui pourrait le comprendre ?
Qu’importe, de toute façon, peu de gens pouvait savoir ce que cela était, hormis peut être ceux qui avait vécu comme lui dans la rue…
Et puis quand on se retrouvait seul au monde… Le plaisirs venait des moindres petites choses… Et lui, petite chose perdu, venait de trouver son petit coin de bonheur de ce coin de grange.

A plat ventre dans la paille, la tête sur ses bras replier, Elouan regarder les chevaux en dessous, s’imaginant les chevaucher, galoper dans le vent… Et puis doucement, et parce que même quand on est un caïd, a 8 ans on reste tout de même un petit enfant, vaincu par les émotions, les efforts de la journée, le garçonnet se laissa tombé dans un sommeil sans crainte…

Et tant pis si on le chercherait, le gamin n’en avait cure, happé par les bras de Morphée, bercé par le chuchotement des animaux, entouré de la douce chaleur de son lit de fortune, Elouan se reposait loin des bruits de orphelinat…


--Sethh




C’est bien ce que je pensais ! Mon jeune ami a encore beaucoup à apprendre ! Quelle idée saugrenue d’aboyer de la sorte et d’attirer la pisse-vinaigre dans son jardinet. Trop tard pour rattraper la gaffe. Pas le temps non plus de reboucher le joli trou encore fumant dans lequel j’ai déposé mes … heu … oui, celui-là, au milieu des fraisiers.

Par bonheur, l’épouvantable gorgone doit faire un détour par son cabanon pour s’armer de son trident, ce qui nous laisse le temps de prendre la poudre d’escampette et de nous réfugier de l’autre côté de la haie. J’entends la diablesse qui jacasse comme une pie en constatant les dégâts, ce qui m’amuse beaucoup. Mais, de toute évidence, le courtil de la fée Carabosse sera désormais un terrain dangereux pendant quelques semaines, car la harpie est rancunière. Méfiance. Je l’imagine en train de surveiller son potager, ces jours prochains, accroupie derrière ses framboisiers, prête à jaillir pour nous faire la peau. Brrrrr, cette pensée me donne froid dans le dos. J’espère que mon copain Patapouf a bien retenu la leçon également.

Nous reprenons côte à côte la direction de l’orphelinat. Toutes ces émotions m’ont épuisé, je pense qu’une petite sieste s’impose. D’ailleurs, je ne serai pas le seul à roupiller un peu, j’entends un ronflement caractéristique que je reconnaîtrais entre mille. Comme toujours, mon vicomte fait preuve d’une activité débordante. Il dormirait au milieu d’un champ de bataille, lui, rien ne l’arrête.

Je le vois par la fenêtre, affalé dans les coussins d’un fauteuil, la bouche tellement grande ouverte qu’on dirait un puits sans fond, trois mèches blanches en bataille, le monocle de travers. Hop, pourquoi me gêner ? Je m’introduis en douce dans la pièce, et, d’un bond léger, je m’installe sur les genoux de la marmotte en hibernation, et je me roule en boule en ronronnant de plaisir.

J’espère que Patapouf ne m’en voudra pas de le planter là, mais il y a des priorités dans l’existence, et le sommeil en fait partie, non ?

Rodrielle
[Ici et là, du couloir à l’extérieur]

La visite était faite, les enfants étaient couchés et avaient eu une histoire avant de dormir. Enfin presque tous… Le petit Elouan avait manqué à l’appel et était aux abonnés absents depuis une bonne heure. Mais Rodrielle ne s’inquiétait pas pour lui, le supposant à la belle étoile comme à son habitude lorsqu’il était dans la rue. Après tout, on ne peut pas changer du jour au lendemain !
Ainsi, tout le monde était dans les bras de Morphée : de Nestor qui ne s’était pas fait prié à Célestin qui ronflait à en faire vibrer toute la maisonnée, Sethh sur ses genoux. Seul Torak restait avec elle et vadrouillait en attendant le moment pour aller se coucher avec sa maîtresse. Mais pour l’instant Rodrielle n’avait pas envie de dormir…

La lune était pleine, les étoiles brillaient dans le ciel et tout était calme. La nuit rêvée pour se perdre dans ses pensées… La journée fut longue et mouvementée, avec tous ces allers-retours et ces rencontres, la tatouée en avait plein la tête et ne savait plus que penser. Elle les aimait déjà ces petits même s’ils venaient d’arriver, et ne souhaitait pas les voir partir tout de suite. Ainsi, sa plus grande « perturbation mentale » était la venue de la maman adoptive, qui voulait déjà embarquer l’une des petites. Qui serait donc l’élu ? Elouan, Sha ou un autre ? Elle n’arrivait pas à les imaginer déjà disparaitre au bout de deux ou trois jours… C’était déjà difficile.

Ainsi, Rodrielle pensait à tout cela lorsqu’elle arriva aux écuries. Elle s’arrêta quelques instants pour écouter les différents bruits, mais c’est Torak qui l’incita à regarder à l’étage, l’animal ayant ses deux pattes avant sur l’échelle. Ni une ni deux la jeune femme grimpa et sourit à la vue du petit garçon endormi. Lui caressant quelques secondes les cheveux, elle le regarda avec attendrissement. Quels malheurs avait-il pu vivre ?

Bonne nuit, petit ange…

Puis soupirant cette fois ci, la jeune femme descendit et aida le chiot à grimper au grenier pour qu’il dorme avec lui. C’était à son tour de dormir à présent. De retour au domaine, la jeune femme gagna directement sa chambre en éteignant les bougies sur son passage, puis tomba rapidement dans les bras de Morphée. Ses rêves allaient être très beaux, ce soir là…

_________________
--Nestor



Du repos, encore du repos et toujours du repos !

Enfin, presque. Même pas l’temps d’finir mon rêve que l’coq se met déjà à chanter ! Enfin non, il braille plutôt qu’il chante ce bestiau… J’devrais d’mander à la Cunégonde de l’égorger et de le faire au vin plutôt que d’le laisser percer nos oreilles ! Pis en plus mon rêve était si beau… Des mômes apeurés par ma grandeur et des femmes qui m’adulaient. Dans c’rêve j’avais ‘cor mes deux yeux d’ailleurs ! C’était l’bon vieux temps, lorsque toutes les donzelles étaient encore à mes pieds.

Enfin ! J’finis quand même par me lever, puisque de toute façon c’est à moi d’préparer à manger pour les mioches. Bon, je prends quand même le temps de prendre un bon bain chaud, histoire de reposer mes vieux os, et je ne descends qu’ensuite. Sont pas pressés non plus, namého ! Une fois arrivé en cuisine, j’me mets à la popote : brioche, confiture, miel, lait, thé… Tout pour un r’pas de roi ! Moi j’commence par un bon verre de vin. Connaissez pas l’expression « mieux vaut aller au vin qu’au médecin » ? Ben maint’nant vous l’savez ! Et ca marche d’ailleurs, r’gardez comment j’me porte ! Un vrai coq en patte.


DEBOUT LA D’DANS ! C’EST L’HEURE DU P’TIT DEJEUNER !!! ON S’LEVE LES MOMES !

Alors que je m’fais les cordes vocales, je fais retentir la cloche de l’entrée pendant 5 minutes histoire de vraiment les réveiller. A l’armée c’était comme ca : la cloche et on s’pointait ! La Discipline, y’a que ca d’vrai, et ca commence par le réveil ! Pis une fois que j’ai terminé de m’amuser avec la cloche, je file apporter toute la nourriture au réfectoire, pas question que les mômes reviennent tous dans la cuisine, s’t’un lieu privé !
Blanche30
La visite de Sainte Clothilde en compagnie des enfants fut rapidement faite.
Coucher les enfants fut aisé, ils étaient épuisés après cette longue journée et toutes ces émotions.
Elle aussi il faut dire. Elle souhaita la bonne nuit à ses compagnons puis partit se coucher.

La jeune fille se réveilla en sursaut en entendant Nestor crier. Mmh il faudrait changer certaines choses ici, ce n'était pas l'ost !
Elle se leva rapidement et après une petite toilette, partit dans les chambres, voir comment c'était déroulée la première nuit des enfants à l'orphelinat.
Mais elle bifurqua rapidement en direction de Nestor.


- Excusez moi Nestor, mais à l'avenir, je pourrais peut-être me charger du réveil. Nous ne sommes pas à l'armée, ce ne sont que des enfants, en très bas âge pour la plupart. De plus ça vous fera du travail en moins. Qu'en pensez-vous ?
--Elouan.


[Au petit matin d’une nouvelle journée pour une nouvelle vie]

Les premières lueurs de l’aube pointaient son nez sur l’orphelinat, baignant le bâtiment d’une douce lumière. Dans son perchoir, bien au chaud dans la paille, le chiot blotti contre lui, Elouan commençait a remuer doucement.
La rue apprend pas mal de choses et la première est que les nuits étaient courtes. Dans son petit tonneau coincé dans une ruelle, les journées commençait toujours par les hurlements des chiens errant, suivis des grognements des derniers ivrognes regagnant leur chaumières. Venait ensuite le boulanger et la douloureuse torture de l’odeur du pain frais qui réveillait instantanément les estomacs vides.
La nuit était vite terminé et le réveil toujours douloureux…. Mais bizarrement ce matin là, Elouan se réveilla plus par habitude que par tout ce qu’il avait l’habitude d’entendre dehors…

Sentant une langue rugueuse et chaude lui léchouiller le visage, Elouan finit par ouvrir complètement les yeux et découvrit, surpris, la petite boule de poil à coté de lui.


-S’lut toi ! T’as bien dormi ? T’es v’nu m’chercher ? T’sais, ou j’étais avant y’avait t’jours un clébard dix fois plus gros qu’toi qui m’cassais les pieds sans arrêt.. Pas moyen d’dormir. Pfff, m’enfin toi, t’m’as pas réveillé c’est d’jà ça !

Le gamin passa sa main affectueusement dans la douce fourrure de l’animal et tendit l’oreille. C’était étrange de ne rien entendre que le bruit des oiseaux. C’était comme si la ville était loin… Très loin. Comme si cet endroit se trouvait coupé du monde…
C’était étrange mais tellement agréable… Finalement le juge qui l’avait envoyé ici, n’avait peut être pas tord…
Peut etre pourrait-il enfin vivre… Comme tout les enfants…

Soudain, au milieu du silence et du calme de ce début de mâtinée, une voix, ou plutôt un cri se fit entendre provenant de la cuisine.


Citation:
DEBOUT LA D’DANS ! C’EST L’HEURE DU P’TIT DEJEUNER !!! ON S’LEVE LES MOMES !


Elouan sursauta et regarda Torak en ouvrant les yeux en grand.

-Et bennnn z’ont d’drôle de manière d’réveiller les gens ici ! D’la chance qu’j’dort plus !

Le gamin haussa les épaules. Apres tout ce devait être une de leur coutume de réveiller les mômes commença.. Il faudrait s’y faire… Et puis après tout, il y avait quand même la possibilité de mangé. Et si lui pouvait dormir dans cette grange alors que demander de mieux.
Son ventre se mit à gronder dans un bruit qui fit même peur au petit chien. Elouan se tint alors le ventre en grimaçant…
Son dernier repas commençait à dater… Du moins… si un bout de pain pouvait s’appeler un repas.


-T’as pas faim toi ? Moi j’mange’rais bien un tit que’que chose… Allez ! tu viens !

Et aussi vite que ses petites jambes le lui permettait, le petit garçon se précipita au bas de l’échelle et courut jusqu’au réfectoire.

Une chance pour lui, il n’y avait pas beaucoup de chemin à parcourir. Du moins s’il se rappelait bien le chemin. Et puis a cette heure ci, il n’y aurait certainement pas encore grand monde dans le réfectoire.

Mais quand un jeune arbre grandi sans eau et livrer à lui-même, il finit par tomber, et le petit corps de l’enfant, soumis à la rudesse de la vie des adultes, privée de nourriture et de soin commença lui aussi à se révolter contre l’effort qu’Elouan lui demandait.
Il sentit bizarrement ses jambes devenir lourdes, bien trop lourdes pour le porter. Et sans comprendre ce qu’il lui arrivait, le gamin s’arrêta et posa se main contre le mur pour ne pas tomber.
Sa tête tournait… Vite… Bien trop vite…
Et avant qu’il n’ait eut le temps d’atteindre la porte, son petit corps s’affaissa sous les aboiements du petit chien…


--Sethh




Douce nuit pour le chat-pacha, boule de tendresse ronronnante et chaude sur les genoux de son vicomte. Mais l’aube radieuse vient me titiller les sens. D’abord l’ouïe. Le fichu coq de la fichue sorcière d’en face entame très tôt son récital matinal. Sale bête, mais ennemi redoutable. Je me suis déjà frotté à lui plus d’une fois, mais ce satané Chanteclair, la sentinelle de la basse-cour, a le bec aussi tranchant qu’un rasoir, et mon royal pelage en porte encore de vilaines séquelles.

Un second animal pousse ensuite d’incroyables rugissements. C’est Nestor, l'autre sentinelle, celle de l’orphelinat. Nestor et sa cloche magique. Mais ses hurlements sont dignes d’intérêt, car ils coïncident avec d’exquises odeurs qui envahissent toute la demeure. Mmmmm, ça sent le pain, la confiture, le lait. Bon, il est évident que mes rapports avec ce vieil enquiquineur sont peu cordiaux, mais je suis un estomac sur papattes, un gouffre à bouffe, et je ne peux résister plus longtemps. D’ailleurs, j’ai confiance en moi, en mon pouvoir de persuasion, j’arriverai bien à le dompter également, le borgne du manoir, et je lui permettrai de me servir abondamment.

Je m’étire avec volupté, je jette un œil sur mon Célestin qui voyage toujours au pays des rêves, et je bondis en direction de la cuisine. Peut-être y rencontrerais-je mon ami Patapouf, et m’aidera t-il à jouer un de ces jours un mauvais tour à Chanteclair.

J’y suis. Vous autres les humains, vous pensez que la vie d’un matou est d’une simplicité enfantine, eh bien non, détrompez-vous, nous devons ruser à tout instant.

Je me faufile avec prudence entre les grands pieds de Nestor, songeant qu’une entrecôte qui aurait la taille de ses arpions nourrirait aisément la moitié du village. Bien. Je lui concède quelques ronrons amicaux, puis je saute sur une chaise posée contre la table, et je fixe intensément la nourriture amoncelée dans des corbeilles, du moins ce qui n’a pas encore été amené au réfectoire pour les gamins.

L’opération séduction a commencé.

Rodrielle
Ô quel doux réveil... Ou pas.
La voix de Nestor lui vrilla les tympans et la fit même sursauter. Elle qui dormait si bien et, pour une fois, sans cauchemarder. Mais elle ne pouvait pas réellement en vouloir au garde du domaine, c’était un ancien soldat après-tout ! Il faudrait juste lui rappeler qu’ici ce ne sont ni des soldats ni des animaux mais des enfants…

Rodrielle se leva donc et se prépara, passant une dizaine de minutes dans une bonne bassine d’eau chaude et une autre dizaine à s’habiller et se coiffer, jusqu’à ce que l’odeur de la brioche chaude vienne lui titiller les narines. Souriante donc, la tatouée sortit de sa chambre au premier étage et alla rejoindre la petite troupe pour l’instant encore dans le hall.

Bien le bonjour tout le monde ! Comment s’est passé votre nuit ?

Elle amena les petits jusqu’au réfectoire, leur demandant de se servir alors que blanche sermonnait Nestor (ce qui l’amusait d’ailleurs) sur son réveil un peu brutal. Puis, une fois les enfants installés, Rodrielle fronça un sourcil ne voyant pas Elouan. Mais les aboiements de Torak lui firent comprendre qu’il y avait un problème. Retournant dehors, dans la cours, Rodrielle remarqua le petit tombé par terre, inanimé.

Quelqu’un sait-il soigner ?! A l’infirmerie, vite !

Elle courut alors vers le petit, l’attrapa dans ses bras et l’amena dans l’infirmerie où elle l’allongea. Torak l’avait suivit et grimpa sur un tabouret pour être à la hauteur d’Elouan et ainsi lui lécher la joue. Rodrielle, paniquée mais tentant de garder son calme au mieux, tapota la joue de l’enfant. Pourquoi n’avaient-ils toujours pas de médicastre, bon sang ?!

Elouan, réveilles-toi ! Par pitié, réveilles-toi...

Ne sachant que faire, elle attrapa un verre d’eau et en fit boire tant bien que mal à l’enfant. Sourcils froncés, elle attendit qu’il réagisse, se réveille ou que quelqu’un vienne l’aider.

_________________
--Vicomte_celestin_moumoute




A l’infirmerie, vite !

Mmmmppfff ? Egaré dans les méandres d’un sommeil profond, le vicomte sursaute en entendant ce cri de détresse. Son réveil est laborieux. Un court instant, des bribes d’images défilent dans son esprit, vestiges douloureux d’un passé très lointain. Des canons crachent la mort, des corps vomissent leurs entrailles, un sabre est planté dans une poitrine, et l’arme reste figée, dressée vers l’azur. L’odeur de la poudre et de la chair brûlée, que le vent porte à des lieues de la bataille, le poursuit encore, alors qu’un demi-siècle s’est écoulé depuis ces combats sanglants.

Celestin se revoit. Il a vingt ans. Il court sous la mitraille avec les autres infirmiers, transportant sur son épaule un blessé à l’agonie, le ramenant au plus vite dans la tente réservée aux médicastres.

Soudain les appels au secours se rapprochent et redoublent. Le présent revient au galop et submerge le souvenir. Debout, Celestin, un malheur a dû se produire ! Le vicomte met quelques instants à reconnaître le décor qui l’entoure. Oui, l’orphelinat, la bibliothèque, c’est ça ! Il a passé la nuit dans ce fauteuil.

Celestin se redresse, mais son corps encore engourdi peine à suivre les instructions. Au ralenti, il récupère sa canne, rajuste son col, redresse son lorgnon, et boitille vers l’origine des hurlements.

« Toc toc toc » fait la canne.
« Whaaouuuu » fait le chien.
« Par pitié ! » fait Rodrielle.
« J’arrive ! » fait l’ancêtre.

Rodrielle est penchée sur un des gamins, qui est tombé dans les pommes. A toute vitesse, c’est-à-dire très lentement, le vicomte s’agenouille aussi au chevet du gosse. Pas de sang, pas de blessure apparente. Il tâte le petit corps inanimé, qui est d’une maigreur effrayante.

Je ne suis point médicastre, hélas, mais j’ai un peu d’expérience. Je pense qu’il s’agit simplement des effets de la fatigue et de la malnutrition, mais je peux me tromper. Laissons le dans ce canapé, il va retrouver ses esprits dans quelques instants, j’en suis persuadé. Apportez vite un verre de lait tiède avec du miel pour quand il se réveillera ! Euhh, et moi je prendrais bien un cognac. Saperlipopette, il faut que je me remette de ces émotions matinales, moi.

Lucile.
Cath partit de bon matin de l'auberge, elle prit un morceau de pain qu'elle mangerai en marchant et se mit en route vers l'orphelinat. Elle avait hâte de revoir tout les enfants de l'orphelinat. Elle arriva rapidement à l'orphelinat, tout était calme de l'extérieur. Elle entendit une voie inquiète : "Elouan, réveilles-toi ! Par pitié, réveilles-toi..." Inquiète, elle se précipita vers le lieu où Elouan était allongé par terre. Elle vit un homme proche de lui, il avait les choses en mains. Elle s'approcha rapidement, restant tout de même inquiète.

Vous pensez qu'il faut que j'aille au village chercher une infirmière ?
--Elouan.

Des voix…
Du bruit…
Et la nuit…
Pour sûr Elouan était en train de rêver… Enfin plutôt en train de cauchemarder… Les voix lui donnait mal à la tête et cette sensation d’être balloter a droite et a gauche lui donnait encore plus mal au ventre. Mais pourquoi ne le laissait-on pas dormir en paix.
Il n’avait rien fait pour une fois. Enfin pas encore…

Des voix encore…
On le trimballe et on l’installe…
C’est marrant cette sensation de vouloir ouvrir les yeux sans y arriver, d’entendre tout ce qui se passe sans pouvoir bouger… C’était bien la première fois que cela lui arrivait. Lui qui n’avait jamais été malade de sa petite vie ne comprenait pas trop ce qu’il se passait.

Une langue chaude et humide qui passe sur sa joue, une truffe froide qui le pousse légèrement, Elouan aurait bien aimait repousser la salle bête qui était en train de le nettoyer, mais rien…
Pas moyen de bouger…

Et voila maintenant qu’on lui tapotait les joues, et qu’on voulait le faire boire… Mais pourquoi on ne le laissait pas tranquille… Il était bien lui entre rêve et réalité…


Quelqu'un lui demanda de se reveiller, mais... Se réveiller ? Quel drôle d’idée… Il ne dormait pas le môme… Si seulement il arrivait à leur dire qu’il ne dormait pas ! Si seulement il arrivait à bouger et à ouvrir les yeux… Un instant, juste un instant.

Et voila qu’un drôle de bonhomme pose ses mains pour lui. Pour sur, c’est fini, ils vont découvrir qu’il est mort et le remettre à la rue ou dans ces boites où l’on met les morts...
Mais pourtant, il n’est pas mort !
Ah non ! Non ! Pas du tout même !

Nouvelle léchouille bien placé sur la joue et le nez. Elouan commença à gémir et bouger.
Les brumes autour de lui, la nuit si noir commençaient à s’éclairer un peu


-Mmmmmm….

Le gamin se mit a gémir une nouvelle fois en essayant d’ouvrir les yeux. Un œil et puis un autre…
La lumière jour l’aveugla un instant, Elouan dut cligner des yeux à plusieurs reprise avant de réussir à distinguer les visages autour de lui.
Des visages grave, inquiet qui lui firent peut un instant.


-Mmmmm…
Nouveaux gémissement. Dur… trop dur… trop mal aussi… SA fierté prenait un coup soudainement. Le petit dur, l’intrépide, le sale gosse ne ressemblait plus à rien… Juste un petit garçon, affamé et affaiblis.

-c’pas ma faute… murmura-t-il faiblement en levant les bras pour se cacher le visage.J'veux pas... j'suis pas malade...
Décidément cette journée avait si bien commencer…


Rodrielle
[Dans l’inquiétude et dans l’amour]

La peur avait envahit ses entrailles. Rodrielle restait à côté de l’enfant inanimé sans cesser de lui parler et sans le quitter des yeux. Elle attendait juste un signe, une réaction pour lui prouver qu’il allait bien, que ce n’était rien. Même les remarques de Célestin ne la rassurait pas le moins du monde. Malnutrition ? Surement. Le laisser ? Surement pas ! Rodrielle, redevenue Ombre à l’idée de perdre cet enfant, n’écoutait plus rien et n’avait plus conscience des personnes présentes dans la salle. Catherine était revenue, mais la tatouée ne l’entendait que de loin. Jusqu’à ce que…

Soupire de soulagement. Elouan réagissait. Rodrielle, rassurée, reprit petit à petit conscience de ce qu’il se passait autour d’elle, bien qu’encore à ce moment là seul Elouan importait. Elle se tourna donc vers Nestor –qui avait suivit comme tout le monde- et lui demanda de ramener ce que Célestin avait demandé, et rapidement. Puis, se tournant vers Catherine :

Merci mais je pense que ca ira maintenant… Navrée de vous faire subir cela, Dame. Mais vous pouvez à présent retourner au réfectoire avec les autres enfants, vous pourrez comme cela commencer à les rencontrer.

Nouvelles excuses auprès de la mère adoptive puis retour sur le petit gars qui ouvrit les yeux. Rodrielle, à coté de lui, écouta ses paroles et ne put que sourire tendrement. Elle passa sa main avec douceur sur la joue de l’enfant et l’empêcha de se cacher.

Non, tu n’es pas malade. Tout va bien, trésor… Tu as juste faim. Il faut que tu manges.

C’est à cet instant que Nestor revint, grinchant comme toujours, puis tendit à Célestin le Cognac et le verre de lait tiède à Rodrielle. Celle-ci se tourna alors vers l’enfant qu’elle laissa se redresser et lui donna le verre de lait.

Tiens, bois cela et après tu viendras petit-déjeuner avec nous. Et ne me fais plus jamais peur comme cela, d’accord ? Si tu veux partir un jour à l’aventure –avec ou sans moi- va falloir que tu te nourrisses mieux que cela !

Elle lui caressa alors les cheveux et lui fit un clin d’œil pour le rassurer, se doutant de ce qu’il se passait dans la tête de l’enfant. Voilà des émotions qu’elle n’avait connues depuis bien longtemps. Mais tous ces sentiments, de peur et de soulagement ensuite, lui rappelèrent les doux moments que pouvait avoir une mère avec un enfant. Comme cela lui manquait !

C’est bon, on va au réfectoire ?

_________________
--Vicomte_celestin_moumoute




Coude levé. Tête inclinée vers l'arrière. Hop ! Cul sec. Langue qui claque avec satisfaction au fond du palais. Regard qui cherche inconsciemment si la bouteille traînaille dans les parages. Non, apparemment.

Le gamin sort peu à peu de sa torpeur. Il esquisse un geste de protection touchant, mais inutile. Personne ne lui fera de mal ici. Il le comprendra petit à petit. La patience et l’affection viendront à bout de ses démons. D’ailleurs, sous les yeux attendris de la p’tite dame qui ne demande qu’à partager son univers avec un mioche, ainsi que des deux patriarches, le borgne et le boiteux, Rodrielle le réconforte avec une douceur toute maternelle. Le vicomte en est tout ému. C’est une leçon pour lui toute cette tendresse qui ne réclame rien en échange. Pour lui qui se contentait jusqu’à présent de sa petite vie tranquille, voire égoïste. Oui, ce gosse a déjà visité l’enfer, ça semble évident. Il faudra maintenant qu’il s’ouvre au monde qui l’entoure, qu’il comprenne qu’en effectuant un pas vers les autres il fera également un pas vers le bonheur.

Rodrielle a parfaitement résumé la situation. Inutile d’en rajouter davantage. Inutile d’en faire tout un plat. Le vicomte hoche la tête puis se redresse en s’appuyant sur le pommeau de sa canne. Direction, le réfectoire.

« Toc toc toc » répète la canne en glissant sur le parquet.

Entre deux bouchées, après un clin d’œil à l’intention de Rodrielle, Celestin s’adresse aux enfants avec un petit sourire en coin.

Dites-moi, jeunes gens, j’envisageais de vous donner une première leçon cet après-midi. Cachez votre joie … Nous débuterons par un peu de calcul. Donc je vous attendrai dans la classe après le déjeuner de midi, du moins si dame Rodrielle n’a pas d’autre projet pour aujourd’hui. Soyez à l’heure. En attendant, je vais regagner mon domicile pour une heure ou deux, j’ai du courrier à terminer. Saperlipopette, j’allais oublier d’écrire au baron Jean Bonneau et à la comtesse Aude Javel.

Le vicomte se tourne vers la porte de la cuisine.

Sethh … Sethh … Viens vite mon gamin, nous rentrons un peu à la maison.

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