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[RP] Un campement en Bourgogne (Flashback)

--Aengus_osullivan
Citation:

HRP :
Pour des raisons IRL, un RP entamé il y a plus d'un an a été interrompu sans pouvoir le conclure.
Les protagonistes de l'époque peuvent y participer, bien évidemment. En dehors d'eux, nous ne souhaitons pas d'autres intervenants, excepté s'ils en font la demande par MP en justifiant leur intervention. Ceci par souci de cohérence.
L'un des personnages principaux (Aengus O'Sullivan) sera joué par un PNJ puisque ce personnage n'a plus d'existence IG et que ce RP est aussi destiné à créer une jonction entre le RP inachevé d' il y a un an et un RP en cours actuellement reprenant une partie des protagonistes de l'époque.
Pour ceux que cela intéresse, un lien leur permettant de 'recoller" les morceaux sera publié en cours de RP.





Les oiseaux se cachent pour mourir.


Ce soir là, ma douce Sirène devait prendre sa garde. Les ordres avaient été donnés la veille et nous passâmes la journée à échafauder des projets pour l'après... Cette guerre semblait toucher à sa fin et bientôt, nous allions pouvoir reprendre la route de Mimizan.

Journée de repos pour ma Blanche précédant une longue nuit de veille sans doute prolongée dans la journée par les rapports à la Capitaine et le briefing destiné à planifier les actions des jours suivants.
Cela me laissait au bas mot 24 heures pour me permettre de mettre un projet à exécution à l'insu d'Azzera.
Depuis quelques jours - suite à ce banal entraînement au combat au bâton durant lequel Fildaïs, sans le vouloir, me toucha sévèrement - ma blessure au flanc gauche me faisait atrocement souffrir. Il me fallait toute ma volonté et ma concentration pour n'en rien laisser paraître.
Même nos ébats amoureux en devenaient une réelle souffrance.

J'avais réussi jusque là à cacher cette douleur à ma Sirène, mais il me semblait que je ne pourrais continuer ce jeu longtemps, la douleur étant chaque jour plus présente. Au point que, lorsque j'étais certain que nul ne pouvait me voir, je me tenais légèrement courbé.
Chaque respiration devenait un calvaire.
Mais, je ne voulais inquiéter ma douce amante.
Le campement manquait cruellement de médicastre ou de barbier efficace et il faut dire que, par fierté, je répugnais à me plaindre ou à demander des solins plus intensifs ce qui m'eût inévitablement mis sur la touche, m'écartant ainsi d'une action militaire éventuelle.

Je m'étais donc enquis discrètement de la présence d'un monastère aux alentours car je savais que ces installations recelaient certainement des hommes de médecine et des remèdes appropriés. Il me suffirait, profitant d'une garde de ma Blanche compagne, d'y faire une courte escapade, pensai-je, de me faire examiner et de repartir de là avec le remède idoine... ni vu ni connu.

Ce soir donc, après une courte mais intense étreinte, je la regardai se rhabiller et ceindre ses armes pour prendre sa garde. Je m'approchai d'elle et mû par je ne sais quelle sinistre prémonition, je la pris dans mes bras avec fièvre et l'embrassai passionnément... comme si c' eût été la dernière fois.
Nos regards se croisèrent avec cette même fièvre, cette même passion qui nous unissait depuis le premier regard à Mimizan...

- Azz, mon doux amour, quoi qu'il arrive, sache que jamais, jamais, je n'ai aimé avec autant de force que je t'aime et que jamais plus je n'aimerai... dussé-je vivre une éternité de souffrance et de réclusion. Dussé-je vivre mille ans loin de toi.


Puis, desserrant quelque peu mon étreinte, j'ajoutai d'un ton, que je voulus léger :

- Ne t'inquiètes pas si tu ne me vois pas à ton retour, j'ai prévu, profitant de mon jour de repos de demain, d'aller faire une promenade dans la campagne, derrière nos lignes évidemment. Nous avons besoin de nous dégourdir les jambes, mon étalon et moi. Je laisserai ma selle ici, tu sais combien j'aime monter à cru.


Je lui souris avec une tendresse infinie et posai un dernier baiser sur ses douces lèvres puis, d'une tape coquine sur les fesses :

- Allez, zou, Ecuyère... au boulot... Je t'aime...



Azzera
[Juillet il y a longtemps, pas de répit... Jamais!]

Ils avaient quitté Orléans, Kali, Jades, Bitterly, Mel, Andaine, Fildaïs et bien d'autres sœurs, fin juin, bien sur il ne faisait aucun doute que la mission continuait ailleurs...
Ailleurs c'était la bourgogne! Du moins pour cette fois.

Après avoir installé le campement ils vaquèrent tout les deux à leurs occupations, et n'en déplaise à certains, Aengus se démenait pour être prêt en toutes circonstances.

Il aurait juste suffit de le voir se dépenser sans compter pour être certain que cet homme était un brave.

Mais l'écuyère n'en avait jamais douté, jamais!

Faim de tendres baisers, rassasiée par un O'Sullivan avide de lui apporter tout ce qu'elle demande. Étreinte ardente. Conquête passionnée qui ne s'éteindra jamais...
Pourtant, Azz sent un trouble dans les gestes d'Aengus, sans doute est-ce dû à ce qu'ils vivent en l'instant.
Ne rien dire, profiter de chaque seconde, ne rien dire... ne rien dire...

Du coup, quand il lui annonça devoir/vouloir/désirer se dégourdir les jambes, pas un mot de reproche ne sortit de sa bouche, au contraire, elle l'encourageât

Amour, je vous attendrai...


Ne comprenait-elle pas la douleur qu'il ressentait? Bien sur que si, la blanche n'était pas dupe, mais son Irlandais lui semblait immortel, tellement fort que rien ne pouvait lui arriver.
Grave erreur, elle ne se doute pas de ce qu'il va se passer dans les jours qui suivent.

- Allez, zou, Ecuyère... au boulot... Je t'aime...
Impassible contrôle de ses sentiments, c'est sans mot dire qu'elle rejoignit ses sœurs. Devoir ôter son habit d'amante heureuse pour retrouver celui d'écuyère habile.
La nuit fut d'un modérément sereine.... étrange... le calme avant la tempête?

Au petit matin, lorsqu'elle retrouva sa couche, il n'était pas là.
Pas de panique, il l'avait prévenue.
Apres quelque heures de repos, elle s'éveilla enfin, cherchant d'une main fébrile le corps de son amant lové contre elle, Aengus aurait du la rejoindre...
Rien!
Soupirant de ne pas le retrouver à ses côtés, Azz, après s'être vêtue d'une chemise légère, de braies sombre et de chausses confortables se contenta d'attendre... Ne rien faire sauf attendre, attendre et attendre encore.

Affolement exacerbé par un étrange pressentiment. Anxiété mouvementée trahie par l'entortillement de ses doigts. Rester là, assise sur la couche, sans penser à boire, ni à manger. Attendre, attendre et attendre encore.
Combien de temps?
Nul ne le sait, mais le soleil ne brillait plus depuis longtemps.

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En construction.
Gil et Eamon, mes deux hommes.
Écuyère de l'ordre royal de la dame blanche à l'écu vert.
--Aengus_osullivan


A peine eut-elle le dos tourné qu'une douleur lancinante me plia littéralement en deux. Comme si cette gueuse avait attendu le moment où ma tendre Sirène s'éclipsait pour me rappeler à l'ordre.

Mortecouille !... cela ne pouvait plus durer.

Avec peine, je drapai mon tartan et ceignis mes arme, les laisser sous la tente aurait éveillé ses soupçons. Je ne me séparais jamais de mes lames, et elle le savait.
J'émergeai de la tente, une grimace de douleur déformant mes traits... avant de m'avancer, je m'assurai qu'il n'y avait aucun visage connu dans les parages et, légèrement courbé, je me dirigeai vers l'enclos où paissaient nos chevaux.
Je sifflai et mon étalon trottina vers moi en poussant des petits hennissements de contentement... le vieux brigand savait ce que j'attendais de lui.
Je lui passai la bride et le fis sortir de l'enclos.
Délaissant la selle, je pris mon élan pour l'enfourcher à cru comme à l'accoutumée.
Las... une douleur fulgurante me vrilla le côté au moment où je prenais mon élan et je retombai de tout mon long entre les jambes de l'animal qui, heureusement docile ne broncha pas.
Le souffle coupé, les tempes battantes, je restai allongé... incapable de me redresser.

Combien de temps restai-je dans cette position ?... Je ne le sais... une éternité... quelques secondes qui me parurent interminables avec au ventre la hantise que quelqu'un me voie dans cet état.
Au prix d'un effort surhumain, je parvins enfin à me relever, accroché à la crinière de ma monture... respiration sifflante, des myriades d'étoiles devant les yeux me brouillant la vue...

Eblouissement, vertige, douleur... tout tournait autour de moi.

Des silhouettes armées se déplaçaient à proximité... je les distinguais dans le brouillard grisâtre qui voilaient mon regard.
On allait me voir... NON... jamais... pas maintenant.

M'accrochant à l'encolure de mon cheval, je l'entraînai vers un coffre bardé de métal, puis, péniblement, je grimpai dessus. Je parvins enfin à enfourcher l'étalon avec mille difficultés.
Je me redressai et saisis les rênes, dirigeant les pas de mon cheval vers la route menant au Monastère.

Galoper était hors de question, quant à trotter, c'eut été pire encore. C'est donc au pas que nous prîmes la route. Et même à cette allure, des élancements violents secouaient mon flanc gauche tandis qu'une tache jaunâtre s'élargissait sur ma chemise à l'endroit de cette maudite plaie que je pensais en voie de guérison.
Tout au long du chemin, je fermai les yeux. La route menait droit au Monastère je n'avais pas à guider ma monture.
Le doux visage d'Azzera emplissait mes pensées... ses immenses yeux si tendres semblaient me regarder avec une douceur infinie... je pouvais y lire un amour éperdu... Elle semblait m'implorer, me supplier de revenir très vite...

- a bhaint amach mé mo ghrá ... Níl an-fhada ... Fan dom.*

Je maudissais intérieurement ma folie d'avoir voulu affronter la laie à mains nues, ou presque... mais plus encore, je me maudissais, moi et mon outrecuidante fierté qui m'avait poussé à négliger des soins plus approfondis et plus efficace que cette rudimentaire suture de la plaie, sans même avoir pris la peine de la nettoyer correctement.
Instinctivement, je savais que ces douleurs n'étaient provoquées que par des soins trop sommaires et non pas par la blessure elle-même... J'en avais connu d'autres et j'étais toujours là.
Mais la hantise de voir mon écuyère anxieuse, craignant pour moi, m'avait poussé à me conduire comme un "green horn"... un jeune benêt inexpérimenté.
Un sombre pressentiment me chuchotait insidieusement que je n'étais pas tiré d'affaire aussi facilement.

Bientôt, nous arrivâmes en vue du Monastère. Il ma faudrait descendre de cheval pour frapper à l'huis imposant et c'est avec grand-peine que j'y parvins.

Je dus m'y reprendre à plusieurs fois avant qu'un pas feutré se fasse entendre derrière le lourd battant et qu'un judas s'ouvrit sur la face austère d'un moine méfiant.
Son regard se posa sur moi à travers la grille du judas et je me sentis examiné des pieds à la tête. Mais lorsque le moine croisa mon regard, il comprit qu'il avait devant lui un homme en détresse.

- Que puis-je pour vous, mon fils ?

J'avalai péniblement ma salive et réussis à articuler :

- Un médicastre, mon Père... j'ai besoin de...


Je n'eus pas le temps d'achever ma phrase... Un voile noir tomba devant mes yeux et je m'écroulai... évanoui.



* J'arrive mon amour... Il n'y en a pas pour très longtemps... Attends moi.
Azzera
[Début juillet... quand l'annonce devient déchirure]

Une autre nuit sans lui.
La seconde depuis qu'il l'avait enlevée dans une forge mimizannaise.

Jamais il ne l'avait laissée seule, mais que faire en l'instant?

D'un instant à l'autre, il va franchir la toile qui sert de porte à la tente, il va sans doute se moquer d'elle, la voir ainsi, teint livide, préoccupée par une absence plus longue que prévu, tourmentée par l'exigence de connaitre sa position actuelle ... Oui, à n'en point douter, elle en fait trop!

Pourtant, l'inquiétude vive ne la quitte pas.
Se lever, faire quelques pas...
Regarder au dehors de la tente, le campement est de moins en moins animé...
S'assoir sur le bord de la paillasse, regard dans le vide.
La faim ne se fait pas sentir, l'écuyère passe outre les exigences de son organisme.

Une seule question lui laboure la tête: "pourquoi n'est-il pas rentré?"
C'est vrai, après tout, les chemins ne sont pas surs... et puis... et si...
Non, il ne se peut pas qu'il soit tombé dans une embuscade. Pas lui!
Bon, en même temps, il n'est pas surhomme, mais elle ne le sait pas.

Alors?
Que faire?
Si ses soeurs avaient remarqué quoi que ce soit pendant leur garde, elles seraient venues en avertir Azz, à n'en point douter.

Alors?
Que faire?
C'est l'esprit torturé qu'elle s'écroula de fatigue, au petit matin, anéantie par l'angoisse qui ne lui laisse pas de répit.

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En construction.
Gil et Eamon, mes deux hommes.
Écuyère de l'ordre royal de la dame blanche à l'écu vert.
Pluie

Cancans et ragots sont la pire des infections. Ils m’ont toujours hérissé le poil, autant que la mauvaise foi et la stupidité. Sachez le, pipelettes du monde entier, appuyées négligemment sur votre brosse de rue préférée, je vous déteste toutes ! Un jour prochain, je vous couperai la langue, foi de moi.

Aristote en est le témoin. Avec Cori ma doudou d’amour, nous en avons entendu des calomnies et des potins, des affabulations et des mensonges, surtout lorsque nous tenions notre charmante auberge de Montargis. Etait-ce dû à l’hypocras de notre amie Nimounette, qui montait au cerveau en un temps record ? Ou bien à ce petit rosé gouleyant qui faisait des trous dans les nappes brodées quand on en renversait trois gouttes ? Qu’importe ! Nos clients affichaient toujours une imagination débordante, quelle que soit la couleur du contenu du flacon.

Cependant, de temps en temps, un renseignement précieux émerge de ce fatras, de ce ramassis de bobards et d’anecdotes foireuses entendus ça-et-là.

Et, sur cette route encombrée menant notre roulotte grinçante de Trifouillis-les-Canards à Perpette-les-Andouillettes, si je ne m’abuse, une phrase saisie au vol attire soudain mon attention, alors que nous tentons de dépasser un troupeau d’hommes d’armes en guenilles, jurant, geignant et suant le long du fossé boueux. Cori, ma douce colombe, occupée à dépiauter un lapin de garenne de ses petits doigts habiles, sursaute également, et pose aussitôt sur moi un regard interrogateur. Avons-nous bien entendu ? Oui, sans doute. Et la nouvelle est préoccupante.

Notre ami Aengus l’irlandais, le roi de la cornemuse, compagnon de la belle Azzera, serait introuvable ! Et le campement des Blanches serait en émoi ! Diantre ! Ces renseignements sont-ils crédibles ? Mystère … Mais nous voulons en avoir le cœur net !

En échange d’un bol d’une odorante soupe aux choux, le plus débrouillard de ces gueux nous explique l’emplacement du bivouac. Quelques lieues plus au nord. Ou bien est-ce vers le sud ? Qu’importe, c’est tout droit, nous ne pouvons pas nous tromper, affirme le bougre. Même un aveugle irait les yeux fermés ! Je ne relève pas son affirmation. Le temps presse et le cas semble désespéré.

Avec ma blondissime et sculpturale sylphide, nous décidons d’abandonner dare-dare notre roulotte face à l’église de Saint-Omer-les-Aqueducs, sous la garde de nos quatre chiens, qui sont un moyen de dissuasion particulièrement efficace. Notre véhicule est vraiment trop encombrant en cette circonstance particulière. Il nous ralentirait trop. Hop ! Un écu glissé dans la main du brave curé nous assure d’une surveillance supplémentaire.

En route ! Après une bénédiction de la part du saint homme, qui reluque beaucoup dans le décolleté vertigineux de ma doudou d’amour, nous enfourchons nos montures et galopons vers le campement des Blanches. La matinée est bien avancée lorsque nous atteignons les tentes à l’endroit indiqué. Ma biquette et moi-même sommes blonds comme les blés mûrs, mais nous avons malgré tout un sens de l’orientation exceptionnel. Enfin, parfois …

Avec ma discrétion et mon savoir-vivre légendaires, je me mets aussitôt à hurler. Pas envie de chercher, surtout que notre amie n’est pas bien grande.

Azzera ! Azzera ! C’est Cori et Pluie. T’es là ? T’es dans quelle tente ?


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Azzera
Sommeil: état dans lequel se trouve un être vivant qui dort...
Oui, mais non! Elle ne dort pas la Azz, tout au plus est-elle inerte, engourdie, inactive.
Mais son esprit est avec lui, où qu'il soit, elle se trouve auprès de...


Azzera !
Sursaut!
Aengus... Pourquoi la nomme-t-il par son prénom? Ce n'est pas son gen...


Azzera !
Cette voix?
Secouer la tête afin de reconnecter quelques neurones.


C’est Cori et Pluie.
Oui, en même temps, ça lui aurait fait plaisir de les voir... en d'autres circonstances.

T’es là ?
Ben, heu, oui, une blanche, dans le campement des blanches... quoi de plus normal...
Se lever prestement, sortir de la tente pour apercevoir...


T’es dans quelle tente ?

Ici!
Geste de la main, comme une invitation à entrer, rassurer ses soeurs présentes.
Puis, ce qui ne lui arrivait que rarement, s'écrouler dans les bras de Cori... à moins que ce ne soient ceux de Pluie, avec ces deux-là, allez savoir, toujours l'un avec l'autre, du coup, on pense parler à l'un, et c'est l'autre qui répond, un couple fusionnel en quelque sorte!


Il n'est pas revenu!
Furent ses seules paroles. Comme s'ils pouvaient savoir de quoi elle parlait... décidément, la raison s'échappait de son corps.
Pas un "bonjour", pas un "oh, c'est gentil d'être passé", pas un 'ben, qu'est-ce que vous faite en Bourgogne?"

Non, rien qu'une affirmation incohérente.
Visage blême, traits marqués par une nuit sans sommeil réparateur, corps d'une mollesse non réactive... Elle n'était que l'ombre d'elle même.

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En construction.
Gil et Eamon, mes deux hommes.
Écuyère de l'ordre royal de la dame blanche à l'écu vert.
Pluie

Nul besoin d’être devin pour comprendre ce qui se passe. Nul besoin de longs discours, l’angoisse est palpable, les traits défaits de notre Azzera sont suffisamment éloquents. Son désespoir est touchant. Elle s’effondre dans les bras de Cori, totalement incapable de prononcer plus de quatre mots.

Mais ses rares paroles suffisent hélas à nous apporter la confirmation de ce que nous avons entendu chemin faisant. De ce que nous redoutions. Quelqu’un a bel et bien disparu, et, de toute évidence, il ne peut s’agir que de notre ami d’outre-Manche.

Ma doudou et moi nous accompagnons Azzera à l’intérieur de la tente, et je pose mon séant poussiéreux sur un coin de la couche rudimentaire.

Regard ému et interrogateur à l’intention de ma blondinette qui, tout comme moi, attend des explications supplémentaires, mais l’esprit de la Blanche chevauche à mille lieues de cette tente désertée par son occupant principal. Et un silence oppressant s’installe, lourd comme un ciel d’orage. L’inquiétude et l’impatience bouillonnent en moi comme le magma d’un volcan sur le point d’exploser. Je dois savoir. Je ne puis me résoudre à rester là, les bras ballants. Azzera dispose peut-être d’un indice qui pourrait éclaircir la situation, résoudre cette énigme.

Impossible de me taire plus longtemps ! Je me redresse nerveusement et enlace mon amour et mon amie, toujours blotties l’une contre l’autre. Je cherche le regard mouillé de la Blanche.

Azzera, ma mie, explique-nous les circonstances de sa disparition. Tu n’as pas la moindre idée d’où il peut être ? Il ne t’a rien dit récemment qui pourrait nous mettre sur une piste ? Depuis quand est-il absent ?

Oui, je sais, toutes mes questions risquent de raviver la blessure, mais j’ai hâte de me rendre utile.


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Azzera
Sangloter... voila tout ce qu'elle pouvait faire, oh, elle ne serait pas fière d'elle, la Cap' si...
Sangloter... telle une enfant qui a peur que son jouet préféré ne soit définitivement cassé.
Sangloter... Sans doute, si elle avait été seule en l'instant, ne se serait-elle pas laissé aller, mais il est des moments, où la compassion ressentie exacerbe les émotions.

Alors, elle se laisse bercer par les bras de Cori...
Mal de tête, douleur qui irradie tout son corps, plus de force.

Azzera, ma mie, explique-nous les circonstances de sa disparition.
Ne pas répondre... Quand bien même en aurait-elle eu envie, elle n'en avait pas encore la volonté, tout s'embrouillait dans son esprit.
Tu n’as pas la moindre idée d’où il peut être ?
Négation de la tête à peine perceptible.
Pourtant, à ce moment précis, la blanche lève les yeux vers Cori, dans les yeux de la blonde, elle puise un certain courage et d'un coup, tout change.
Son corps se raidit, les mâchoires se serrent, les poings se referment sur eux même jusqu'à s'enfoncer les ongles dans les paumes.


Il ne t’a rien dit récemment qui pourrait nous mettre sur une piste ?

Mirettes fixant Pluie, puis Cori, puis Pluie et ainsi de suite.

Il voulait se dégourdir les jambes.
Il est à cheval... à cru... comme il aime... je... heu... je...
Se reprendre, il n'était plus temps de tergiverser!

Depuis quand est-il absent ?
Fixer la pseudo porte en espérant qu'elle s'ouvre sur un Aengus souriant.
Deux nuits.
Jamais il n'est resté deux nuits loin de moi, JAMAIS


Bon, alors, la phase pleureuse était terminée.
Pluie, tu l'as vu comme moi, il y a peu... toi aussi Cori... Il va bien, rien ne peut le... le... Vague frissonnante lui parcourant l'échine!
Pluie... Il m'a sauvé la vie, une laie me chargeait lors d'une partie de chasse improvisée.

Comme devinant que ce qu'elle va raconter est important la blanche n'omet aucun détail, terminant son long monologue par un timide:
mais, jusque là, tout allait bien...

Se lever prestement.

Il nous faut faire quelque chose.
Mais toi? enfin, vous... que faites vous ici?
La réponse n'allait pas lui plaire, elle en était certaine!
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En construction.
Gil et Eamon, mes deux hommes.
Écuyère de l'ordre royal de la dame blanche à l'écu vert.
--Aengus_osullivan


Dans un Monastère, en Bourgogne

Un long tunnel... Une lueur au bout... Est-ce cela la Mort ?
Cette impression de flotter, de n'être nulle part... de ne plus exister, presque.

Puis, cette lueur devient lumière, éblouissante agresse la rétine, devient à la limite du soutenable... Mais les yeux s'ouvrent... inexorablement attirés par elle... tel un papillon enflamme ses ailes à la flamme de la chandelle... curieuse image... étrangement prémonitoire.

Clignement des paupières... la brume s'estompe... celle qui entoure l'esprit aussi... lucidité qui revient peu à peu... réalité qui s'impose... Non... ce n'est pas encore l'heure.

Puis, LA douleur... grimace... paupières qui se referment... Eveil !

Enfin, j'ouvre les yeux sur ce qui m'entoure et avec ce réveil, le souvenir... la mémoire.
Je sais où je suis... ce que je vois me le confirme.

Une chambre, austère sobrement meublée mais dans laquelle la lumière entre à flots.
Je suis nu, la poitrine bandée, dans un lit aux draps immaculés parfumés à la lavande sauvage.

Le Monastère !... le Salut.

Mes pensées soudain se portent vers ma douce... Azzera !
Depuis combien de temps suis-je parti du camp... Elle va mourir d'inquiétude... moi qui pensais n'en avoir que pour quelques heures...

Me lever ... Sur un coffre, mes effets...

Tentative ...

- Aaah...

Douleur atroce... je serre les dents au point que mes mâchoires en deviennent douloureuses.
Que m'importe.
Je DOIS me lever... rentrer au camp... Idée fixe... obsession... Azz... Ma Sirène... Sortir d'ici... à tout prix...

Le front ruisselant, au prix de je ne sais quel effort, je parviens à me redresser, à m'asseoir et sortir les jambes du lit... Pieds nus qui entrent en contact avec les dalles glacées... sensation de fraîcheur réconfortante.
Grimacer un sourire. Respirer, lentement... se calmer. Maîtriser le mal.
Se lever... doucement.
Vertige... Je ferme les yeux un instant. Les rouvre. Tout se stabilise.

Un pas... une douleur... un nouveau pas... nouvelle douleur...Arrêt... respire Aengus... doucement car chaque respiration est aussi une douleur.

Reprendre la progression... pieds qui glissent prudemment sur les dalles... Encore un pas... puis deux... le bahut est là... à deux pas.
Regard vrillé sur mon but...
Encore un pas... puis, le dernier... Enfin !

Je pose la main sur mes effets... mes lames et mon baudrier sont posés sur mon tartan... Bon sang ! J'ai besoin de mes deux mains... l'autre était posée sur ma plaie, dans l'espoir d'atténuer la douleur.

Je me penche pour saisir mon tartan. Les lames glissent.... tombent sur le sol dans un tintamarre encore accentué par la quiétude des lieux.

Mortecouille ! Je vais ameuter tout le monde ! Bravo pour la discrétion Aengus !

Je tends l'oreille... rien.

Je saisis enfin mon vêtement, je me retourne afin de l'étaler pour m'en vêtir... et me prends les pieds dans le baudrier de ma bâtarde... Je perds l'équilibre... Oh NON !!

Un cri s'échappe de ma gorge... Douleur vrillante, brutale qui me laisse sans souffle quand, dans ma chute, j'essaie de me retenir aux tentures.
Je les arrache, je renverse un candélabre qui s'abat dans un bruit d'enfer sur le carrelage. Et, je me retrouve gisant au milieu de mes armes et de mes effets... tordu par une douleur atroce.

Brusquement, la porte s'ouvre... Deux moines font irruption dans la chambre, l'air catastrophé...
En une fraction de seconde, ils ont jugé la situation. Ils se précipitent, me soulèvent délicatement et me posent avec précaution sur ma couche.

- Par le Ciel, mon fils... que faisiez vous donc debout ? me dit l'un d'eux d'un ton de reproche teinté d'inquiétude.

Je le regarde, suppliant.

- Mon Père... ma compagne... doit être morte... d'inquiétude... Je... Elle ignore ma présence ici...

Je me tais, essoufflé.

Il me passe un linge frais sur le front ruisselant, m'installe confortablement tandis que son compagnon répare les dégâts causés par ma maladresse.

- Calmez-vous mon fils, vous n'êtes pas en état de vous lever... votre blessure est plus grave que vous ne le pensez.


Je lui agrippe la manche, le regard éperdu... Reprends mon souffle et plus posément :

- Mon Père, il faut que je retourne auprès d'elle... Il le faut. Soignez-moi, je vous en conjure... Elle a besoin de moi et...


Ma voix se brise soudain, ma gorge se noue et mes yeux s'emplissent de larmes :

- ... et j'ai besoin d'elle... tellement besoin...

Le moine me regarde avec compassion, sourit, sans doute attendri par ma supplique et c'est d'une voix douce qu'il reprend en serrant ma main avec douceur.

- Je suis le Frère Ignace... et toi, comment t'appelles-tu mon fils ?

- Aengus... Aengus O'Sullivan mon Père.

Sourire du moine. légère pression de la main.

- Tu es Irlandais, n'est-ce pas... Ton nom et ton accent me le confirment. Je fus autrefois en mission dans ton merveilleux pays.

Ce disant, il désigne mes effets à nouveau rangés sur le bahut.

- Que fais-tu donc si loin de chez toi ?

Reprendre ses esprits... tenter une réponse courte... chaque parole est une douleur.

- Une longue histoire mon Père... Pas la force de vous la conter...

Signe de tête du Moine.

- Je m'en doute, fils... mais dis moi... cette blessure... un coup d'épée ?

- Non... une laie... elle chargeait ma compagne... me suis interposé... je...

- Chut. Je comprends... Dis moi seulement qui elle est... et où elle se trouve.

- Azzera... Ecuyère... Dame Blanche... au camp... là bas... vers le sud...

Le moine me regarde avec intérêt, éponge à nouveau mon front brûlant, semble réfléchir un court instant. Puis plus gravement :

- Fils, ta blessure est plus grave que tu l'imagines, je le répète. Tu as besoin de soins. Notre Supérieur a fait mander un médicastre de notre Ordre pour venir t'examiner et te soigner. En attendant, il faut absolument que tu te reposes. Je t'apporterai tout à l'heure un remède qui apaisera quelque peu tes douleurs.

- Mon Père... Azzera...

- Rassures-toi... Nous allons tenter de la contacter... la rassurer. Essaie de dormir.

La porte s'ouvre à nouveau sur le compagnon du Frère Ignace qui était discrètement sorti de la pièce. Il tient un bol à la main et me le tend.

- Eh bien... voici le remède dont je te parlais... Bois.

Un rapide regard aux deux hommes qui m'observent... il me semble lire une lueur d'inquiétude dans leur yeux, mais, obnubilé par la douleur et le désir d'y échapper un peu, je n'y prête pas plus d'attention et d'une traite j'avale le remède au goût douceâtre.

Je tend le bol, mais curieusement, mon bras refuse de se lever... ma vue s'obscurcit... les visages des Moines s'estompent... celui de ma Sirène apparaît en surimpression.

- Azz... Azzzzzzz...


Chute dans un gouffre de ténèbres... aspiré par les prunelles sombres de ma bien-aimée...

Néant.


Pluie

Deux nuits déjà ! Pour le commun des mortels, messire Jean le Gland ou dame Duduche la Greluche, ce ne sont que quelques heures dans une existence. Un laps de temps insignifiant. Mais pour des couples qui s’aiment avec une telle passion, ça représente une éternité. La vie s’arrête lorsque l’autre moitié de soi-même disparaît aussi mystérieusement. On envisage alors le pire. On est incapable de penser à autre chose qu’à ce manque qui ronge les entrailles, de vaquer simplement à ses occupations habituelles. L’angoisse brouille le bel agencement du quotidien.

J’ai vécu autrefois la même détresse épouvantable, lorsque ma doudou d’amour a été enlevée par ce monstre de Clifton et son âme damnée la cruelle Rebecca, en représailles à mes erreurs de jeunesse dont Cori était pourtant totalement étrangère. Je comprends donc parfaitement ce que ressent la Blanche aujourd’hui.

Mais non ! Nous n’allons pas rester là les bras croisés en attendant un miracle ! Secouons-nous, bon sang ! Désolé ma p’tite Azzera, nous devons nous bouger le popotin sans tergiverser davantage. Chaque minute compte !

Voilà où j’en suis lorsque la Blanche s’étonne de notre présence en terres bourguignonnes. En dépit de mon impatience à remuer ciel et terre, je lui explique succinctement que notre auberge était une réussite, au-delà de nos espérances les plus folles, mais que Cori et moi avions au fond de nous le même désir de connaître autre chose, que l’odeur sauvage des grands espaces nous manquait, et que nous avons très vite mis la clef sous le paillasson, sans doute définitivement.

Mais c’est plus fort que moi ! Je reprends mon interrogatoire tout en me triturant les méninges pour entrevoir un début de solution. Et je n’y vais pas par quatre chemins ! Mon bon sens paysan me pousse à retenir toutes les hypothèses, même les plus horribles.

Azz ! Etre ainsi encorné par un animal sauvage peut occasionner de sévères séquelles ! Aengus s’est-il soigné convenablement ? Il faut voir les choses en face ! Il est peut-être immobilisé quelque part par sa blessure, par la douleur ! Oui, il faut faire quelque chose, et sans tarder !


J’adresse un regard soucieux à ma princesse Boucles d’or. Une idée vient de naître en moi et j’aimerais qu’elle me soutienne. Je reprends d’un ton décidé.

Louve, la vieille chienne de Cori, dispose d’un flair ahurissant. Et mes trois molosses se débrouillent également. Nous leur avons confié la garde de notre roulotte dans le village voisin. Allons rapidement les chercher, laissons-les s’imprégner de l’odeur d’Aengus grâce à ses vêtements, et peut-être nous mèneront-ils à lui ? Qu’en penses-tu, Azzera ? De toute manière, nous n’avons rien à perdre !

Ne suis-je pas futé ? L’homme des brillantes stratégies, c’est bien moi, non ?


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Azzera
En d'autres temps, elle aurait papoter gentiment de la taverne plus longuement.
Rien, juste écouter distraitement.
Et puis:


Azz !
Le regarder dans les yeux.


Etre ainsi encorné par un animal sauvage peut occasionner de sévères séquelles !
Mais enfin, que racontes-tu?
Il allait très ...
Suspendre ses mots! Réfléchir aux signes qu'elle ne voulait pas voir tant elle le pensait éternel.

Aengus s’est-il soigné convenablement ?
Oui, il a été soigné par Pherea, une de mes soeurs d'arme, et puis... par moi aussi... et par l'amour que l'on se porte...
Ne pas penser qu'elle l'a vu, de temps à autres, alors qu'il se pensait seul, se tordre de douleur en se tenant le coté.

Il faut voir les choses en face ! Il est peut-être immobilisé quelque part par sa blessure, par la douleur !
S'adresser au couple :
Pensez-vous que je ne suis pas la mieux placée pour... Être coupée par la fougue de Pluie

Oui, il faut faire quelque chose, et sans tarder !Bien! Que proposes-tu?
Ne plus avoir d'idée, se sentir fragile tout à coup.


Qu’en penses-tu, Azzera ? De toute manière, nous n’avons rien à perdre !
Rien à perdre?
Cette phrase résonnait à ses oreilles. Passage en boucle, elle se lève, telle une automate, en écoutant le blond attentivement.

Tu as raison!
Venez!

Prévenir prestement ses soeurs de son départ... Rechercher Aengus... sa seule priorité à l'heure actuelle, de toute façon, elle ne sera d'aucune utilité ici, tant qu'elle est dans le doute. La blanche doit savoir.

Prendre une besace, la remplir de différentes choses, dont quelques fioles, plume et parchemins...
Ceindre ses armes pour être enfin prête!


Je suis prête Pluie.
Espérer en silence le retour souriant de son Irlandais...
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En construction.
Gil et Eamon, mes deux hommes.
Écuyère de l'ordre royal de la dame blanche à l'écu vert.
Fabien74
La fougue politique auvergnate et son mandat de Duc avaient eu raison de Fabien, qui se sentait las, las des mondanités, las des combats politiques de toutes sortes, et de ces ignares qui pensent tout savoir et se posent en défenseur du peuple. Le peuple! Lui qui ne demandait souvent pas plus qu'une bonne terre à cultiver et des impôts pas trop élevés, ils étaient nombreux à se nommer défenseurs du peuple, pouah, pacotilles! Tout ce monde là était bien loin de l'ancien Duc désormais. Ce dernier avait exprimé son besoin de se recueillir quelques temps, loin du monde, loin des hommes, ce que son épouse avait parfaitement compris: elle prendrait soin de leur maisonnée et de leurs deux enfants en son absence. On pouvait dire que Fabien était chanceux d'avoir trouvé pareille perle.

Pourquoi la Bourgogne?

Et pourquoi pas? Ici comme ailleurs, la vie dans les monastères s'écoulait paisiblement, au rythme des prières, de la copie et des travaux des champs. En tant que Diacre, l'Abbé lui avait ouvert grand les portes de sa confrérie, et avait fait preuve d'une hospitalité sans bornes, pour peu que le Vicomte d'Hérisson y mette du sien. Et ça, il ne rechignait pas à la tâche, méritant d'heure en heure son pain quotidien.

L'après-midi s'écoulait paisiblement à la bibliothèque, Fabien effectuait quelques copies, sous les ordres de l'Abbé, et tentait de s'appliquer du mieux qu'il le pouvait: former de belles lettres était plus difficile qu'il n'y paraissait. Son visage affichait un rictus de concentration lorsque Frère Ignace lui posa une main sur l'épaule, il venait le chercher pour une affaire qui requérait qu'on lui adjoigne un responsable, ce qui entrait tout à fait dans ses attributions. Mais ça pour l'instant, il n'en savait rien. Ils sortirent de la pièce, et le Diacre questionna Ignace:


Mon frère, que puis-je faire pour votre service?

Son visage se barra d'un sourire sincère, lorsqu'Ignace lui répondait.

Une affaire requiert vos services, à l'infirmerie. Un homme est arrivé tantôt au monastère, en un très mauvais état. Nous craignons fort pour ses jours, et son rétablissement semble compromis, cet homme manque de sagesse, et a besoin d'une surveillance accrue. Vous serez, Frère Fabien, celui qui veillera sur cet homme. Tâchez de rendre compte à l'Abbé de l'évolution de la situation. Pour les jours à venir vous serez l'ombre de ce pauvre homme.

L'on chargeait l'ancien Duc d'une mission d'importance, que celui-ci s'empressa d'accepter.

Je tâcherai de me montrer digne de la confiance que vous m'octroyez.

Ils prirent congé, puis Fabien prit la direction de l'infirmerie. En trois enjambées il y était, et poussa doucement la porte de bois. L'homme dormait sur une paillasse, il semblait avoir le sommeil agité, la sueur perlait sur son front, et son bandage était souillé. Délicatement, le Diacre entreprit de changer ce dernier, il apposa un linge propre sur la plaie, après l'avoir enduite d'une huile médicinale connue du seul monastère bourguignon. Fabien passa un linge imbibé d'eau froide sur le front de l'irlandais, puisque c'était là son origine, tentant de faire baiser la fièvre. L'homme s'éveilla en un sursaut, il lui dit:

Bonjour, l'on m'appelle Frère Fabien, je suis celui qui s'occupera de vous désormais, tâchez de vous reposer, vous en avez grand besoin.
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Corisande
Sous la tente de la Blanche, la lumière diffuse du soleil naissant éclaire d’une douce clarté le visage défait d’Azzera, ravagé par le chagrin et l’inquiétude.

Après avoir longuement pleuré dans mes bras, la jolie brune se reprend. Non, il ne peut rien arriver de grave à Aengus ! C’est un colosse, bien entraîné par de nombreux combats, et la blessure que la laie en furie lui a infligée a été soignée.
Même amoindri, les paysans du coin l’auraient retrouvé, surtout qu’il est disparu depuis deux jours déjà. Ca ne ressemble pas à Aengus, qu’a t-il pu se passer ? A t-il perdu la mémoire ?

Nous n’avons rien à perdre, affirme Pluie.

Phrase sensée de mon homme, qui parait souvent dans la lune mais est parfois d’une grande sagesse lorsqu’il maîtrise ses sentiments et ne fonce pas tête baissée dans les ennuis.
Idée lumineuse de mon tendre échalas, les chiens. Louve, bien que vieillissante, a gardé un flair assez rare.

Tu as raison mon cœur, allons les chercher ! Il vaut mieux s’activer que de se désespérer à attendre.

Azz a vite fait de remplir une besace, de se harnacher comme si elle partait au combat.
En silence, je regarde ses armes rutilantes et ouvragées. Je repense à mon père, le forgeron du village, et une soudaine nostalgie m’étreint.

J’écarte la toile qui sert à fermer la tente, et, sans ajouter un mot, je sors, laissant Pluie et Azzera échanger leurs idées à propos des recherches que nous allons mener.

Au dehors, le camp est déjà en grande effervescence, le pays est en guerre et les Blanches semblent se préparer à livrer bataille. Rêveuse et un brin mélancolique, je me promène dans le camp, et je les observe avec une envie équivoque.

Avant de croiser la vie de Pluie, je voulais m’engager comme cadette dans l’ordre des Dames à l’écu vert, mais la vie en a décidé autrement. Si les hommes y avaient été admis, peut-être que les choses auraient été différentes.Nous serions partis tous les deux quand Azz et Aengus ont quitté l’auberge.

Mais je ne voulais à aucun prix me séparer de mon doux rêveur, et j’ai choisi l’auberge plutôt que l’aventure pour rester auprès de lui.
Je comprenais d’autant mieux la détresse d’Azz.

Je me rafraîchis avec de l’eau glacée d’un baquet, attache mes cheveux indisciplinés avec un lien de cuir, et enfile rapidement une veste de laine sur ma chemise claire.

Azzera et Pluie me rejoignent. La Blanche adresse quelques recommandations à ses sœurs, échange quelques embrassades et quelques sourires tristounets.

Les sœurs d’Azzera ont pris soin des chevaux, ils sont reposés, et nous avons tôt fait de les enfourcher. Notre amie emporte un sac de toile grise contenant quelques vêtements d’Aengus.

Il sera peut-être inutile de repasser par le campement si les chiens trouvent rapidement une piste. Notre meute aura de quoi s’occuper. Pourvu que ma vieille Louve soit à la hauteur de sa réputation.
Pluie

Et hop, c’est parti pour une nouvelle chevauchée endiablée, en sens inverse, cette fois. L’espoir nous donne des ailes, l’imminence de l’action nous survolte, et nous poussons nos montures au maximum. La vie d’Aengus dépend peut-être de notre promptitude à réagir. Nous traversons au galop le hameau tranquille de Sainte-Michelle-les-Vignes, dans un triple nuage de poussière, semant soudain la panique et une belle pagaille au cœur d’une lente procession de poules et de canards picorant au milieu du sentier. Les bestioles s’encourent vers le fossé et vers les champs en agitant frénétiquement les ailes, poussant des gloussements indignés et des caquètements affolés. Nous sommes déjà très loin lorsque retombent en pluie les dernières plumes multicolores.

Et là, entre les cimes des arbres les plus hauts, surgit déjà le clocher de l’église de Saint-Omer-les-Aqueducs, la flèche pointée droit vers une kyrielle de nuages noirs et menaçants. Crotte ! Voilà que je sens les premières gouttes ricocher sur ma tignasse blonde. La pluie ! Misère, il ne manquait plus qu’elle ! Cela risque de compliquer la tâche de nos molosses, ça, non ? Quoi qu’il en soit, il est préférable de ne pas musarder en chemin, et nous débouchons sur la place comme trois furies, comme si la mort était à nos trousses. Les quatre chiens émergent d’en dessous de la roulotte, et nous accueillent par mille jappements joyeux. Nous dégringolons de nos montures et nous nous précipitons vers eux. Le raffut est tel que notre brave curé montre rapidement le bout de son nez, qu’il plonge aussitôt dans le ravissant décolleté de ma doudou, agissant sur lui comme un aimant puissant.

Deux signes de croix et trois bénédictions plus tard, le saint homme nous assure qu’il va continuer à surveiller la roulotte avec autant d’attention que s’il s’agissait d’un précieux ciboire en or. Il faut bien avouer que ma blondinette préférée dispose de deux arguments auquel nul ne peut résister.

Voilà ! D’un même élan nous déballons les vêtements d’Aengus et nous les glissons sous le museau des chiens. C’est l’instant décisif. Vont-ils comprendre ce que nous attendons d’eux ? Katya, la plus turbulente de la meute, semble se désintéresser complètement de l’écharpe que j’agite sous sa truffe. Mouais. Peu d’espoir de ce côté. Je me résigne et j’esquisse une grimace de contrariété, puis je me tourne vers Azz et Cori. Comment se débrouillent-elles ? Ma princesse blonde caresse affectueusement Louve et lui parle à l’oreille. La belle et la bête se comprennent visiblement. Leur complicité me fait sourire malgré l’importance de l’enjeu. Louve a plongé le museau dans la laine épaisse d’un bonnet de notre irlandais. Elle remue la queue à chaque chuchotement de ma compagne.

Et soudain, ses pavillons pâles et soyeux se dressent. La vieille chienne de Cori hume le vent frais, porteur de nos espoirs. La pluie redouble et dégouline sur nos visages, mais nous n’y prenons pas garde, guettant avec anxiété le moindre geste de l’animal. Louve hésite encore un instant, puis échappe aux bras de Cori et se lance vers les bois bordant le village. Je hurle.

Vite, elle a trouvé une piste ! Suivez-la, les filles, remontons en selle sinon nous allons la perdre de vue !

Louve n’attend pas. Elle trottine déjà dans le sentier que nous avons emprunté pour parvenir sur cette place tranquille.


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Azzera
C'est ainsi que, sous une pluie battante, Cori, son double et Azz s'élancent vers une vaste étendue d'arbres.
Comment savoir où ils se dirigent?
Impossible à dire, leur seul souci, en l'instant, est de ne pas perdre de vue la "Louve" du regard. Elle, elle semble le savoir, pour preuve? Elle n'hésite pas une seconde.
Rapidement, le village s'éloigne et ils galopent maintenant dans les bois. Chose délicate s'il en est... ne fut-ce par la foret qui est de plus en plus dense. Ne pas se déconcentrer, ne pas lâcher l'animal du regard, même si, parfois, ils sont obligés d'éviter une branche en se couchant sur l'encolure de leur monture.
Puis soudain, la chienne de Cori s'arrête net.
Louve tourne en reniflant le sol avidement, comme pour retrouver ce qui l'avait menée jusque là.
Rien.
Azz n'en croyait pas ses yeux. Rien? Elle ne pouvait s'y résigner, et pourtant, les jappements de la chienne confirmait qu'elle avait perdu la trace.

Yeux éplorés lancé au couple, visage mouillé par un savant mélange de pluie et de larmes


Et maintenant?

Murmure à peine audible, on la reconnaissait à peine, la fière blanche n'était plus qu'angoisse, crainte et inquiétude.

Elle ne l'a pas vu, mais une solide bâtisse se trouve à quelques mètres, Louve n'a sans doute pas raté sa mission

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