Altaiir
Ding ! Ding ! Ding !... (x 12)
Paupière qui s'ouvre, pupille qui se dilate légèrement, patrouillant le long des bords parsemés de cils, la vivacité était toujours présente même après un sommeil. Comme un dangereux prédateur, les sens sont toujours aux aguets, conscient ou inconscient, c'est l'instinct qui nous habite tous... Malgré les ténèbres engloutissant chaque infime parcelle de vie, l'acuité visuelle est toujours aussi forte derrière ces cristalins azuréens brillants. Qu'est-ce qui l'avait réveillé... Ah oui, ce fameux cloché pour les légendaires 12 coups de minuit.
Etendu dans un tas de paille à côté du majestueux édifice religieux, l'animal, vêtu d'un poil blanc jusqu'à la tête sauf le visage, se redressa lentement sur ses pattes arrières, prenant une position assise. Tel un chat venant de finir une sieste, le félin réveillé s'étira les membres dans tous les sens, laissant apercevoir ses canines aiguisées après avoir retroussé ses babines dans un petit baillement. Mais à en voir son articulation et l'anatomie visible sous les torches encore flamboyantes, on pouvait non pas discerner un tigre blanc, mais un homme vêtu d'une capuche, et sans moustache... Quoi que, la pilosité habillant le complexe mâchoire-gorge-menton-tour de bouche était fraîchement rasée d'un jour ou deux, n'étant pas tout à fait lisse au toucher.
La ville dormait paisiblement, sous le balayement d'une légère brise adoucie, pas un individu dans les environs... En même temps, normal me direz-vous, vu l'heure. D'un geste habile, l'homme voilé de l'étoffe blanchâtre se retrouva debout sur le paver de l'aller, se déplaçant dans les rues désertes. Peu à peu qu'il traversait les lieux, devant les entêtes des échoppes il se remémorait la journée passer. Que dire de ce bourg ? Ba, c'est un peu partout pareil, le même rituel concernant les tavernes, remixées à leur sauce, les femmes sont tout aussi charmantes et le soleil rayonnait de tout son plein. Une particularité malgré tout qui a marqué le sans-visage, le forgeron de ce coin de ruelle exposait des armes assez variées et dont la forme des lames ainsi que leur pommeaux attiraient la fascination, il lui avait passé une belle commande. Faudra retenir le nom de cette cité...
Alors que les bottes d'un cuir brun foncé menaient jusqu'à la sortie de la ville, la démarche lente et originale de ce mystérieux voyageur, et son intriguant regard au mille saphirs, scintillant d'une clarté sans égal lui donnaient un aspect sauvage. Une paire d'yeux dans l'obscurité qui pouvait soit se montrer charmante et envoutante, soit froide et effrayante, gare aux manières des cotoyeurs qui oseront lui adresser la parole. C'est qu'il était de mauvais poil ce soir, valait mieux ne pas le déranger, et ça c'était plus que conseiller.
Sous le ciel étoilé, cet étrange garnement inconnu au pays suivait le sentier arpenté de fougères et de bois, laissant une ambiance des plus naturelles avec l'odeur de pin : la forêt... Mais un bout seulement, pour être vraiment dedans suffisait de traverser une bonne vingtaine de mètres sur l'ouest et vous étiez bon pour servir de repas aux bestiaux affamés et carnassiers. Symphonie des "coyotes" pour couronner le tout, ça ne dérangeait pourtant pas le moins du monde l'homme aux nobles habits.
Quelle chaleur... Même en pleine nuit, l'air était encore torride, incitant bien sur l'ouverture des pores sudoripares et laisser de belles auréoles sous les bras et au niveau du torse. Il avait horreur de sentir mauvais, toujours prendre soin de son physique. C'est en décalant son regard sur la gauche qu'il aperçut le lac. Hmm... Et pourquoi pas, après tout... pensa-t-il, l'eau devait être à bonne température, et le coin était tranquille, parfait pour une petite évasion.
Après avoir laissé tous ses effets sur le bord de rive, dévoilant ainsi ses épaules bien bâties, et le tronc architectural bien sculpté sous les formes musculaires bien en évidence sous la douce lune qui se gênait pas pour le mater. Pour l'instant je ne vous laisserai le plaisir que d'avoir un seul côté, le dorsal. Mesdames, vous allez devoir attendre pour ce qui concerne le devant, et bien sur je ne m'attarderai pas sur des détails croustillants !
Partons tout d'abord des pieds, c'est pas des pieds de géant ni de nain, pas de malformation au niveau des orteils il les a tous pas d'inquiétude. Chevilles un peu plus gonflées, témoignant d'une habitude à cavaler et de l'adaptation à tous les supports qui inclineront d'un certain degré la plante du pied. Ascension le long des mollets, bien fermes, texture soyeuse et rigide hum je m'égare... Remarque observée sur le corps en général : peu poilu naturellement. Censure bien sur de la partie scindée en deux morceaux sphériques sur le centre au niveau du bassin, la visite se poursuit le long d'une colonne vertébrale bien droite, aboutissant vers deux omoplates bien visibles et ancrées sur ce dos légèrement voûté, zébré de quelques estafilades par-ci par-là. Petit soucis pour poursuivre l'analyse : chevelure ténébreuse descendant en queue jusqu'au niveau des omoplates cache la nuque... Ah ! Veuillez m'excuser, un coup de vent a ébourriffé la crinière sombre,dégageant tout le tour du cou légèrement plus épaissi et étiré.
Bref, notre jeune homme aux apparences félines trempa un pied, poils prêts à s'hérisser dès la moindre sensation de froid, ce qui ne fit pas vu la température. Dernier coup d'oeil sur ses affaires, principalement ses armes et sa bourse, il avança petit à petit dans les profondeurs aquatiques, baignant tout son corps une fois assez éloigné. Quel soulagement pour lui de se sentir purifier, se baptisant le trogne entre ses mains pour rafraîchir le haut, laissant goûter ses mèches raidies qui retombaient devant ses yeux océaniques. Une envie de ne plus réfléchir le tenaillait, fallait profiter de toute cette quiétude, ce qu'il fit fermant les yeux en sondant autour de lui grâce à son ouïe fine. Il n'aurait pas l'air fin n'empêche si on lui piquait ses fringues ou que des yeux innocents le surprenaient. Il reprit tout de même la vision pour admirer les astres, se rappelant ce que signifiait son nom devant le triangle d'été, l'étoile la plus brillante étant lié à lui. C'est ainsi qu'il resta à contempler le plafond céleste, pendant un long moment ressassant de vieux souvenirs, certains encore incompréhensibles et flous.
_________________