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[RP] D'Azur et d'Argent : cérémonie d'intronisation

Ewaele
Ewaele s'était levée très tôt le matin, après avoir contemplé Maëlya encore assoupie. Le souffle léger et paisible, elle dormait sur le côté, tournée vers elle, une main posée sur son ventre. Un sourire tendre étira ses lèvres lorsqu'une petite moue se dessina sur la bouche de l’enfant. Un pâle rayon de soleil filtra à travers les lattes du volet, annonçant l'aube, et vint chatouiller le visage de celle sur qui elle veillait depuis sa naissance maintenant. Elle cligna des yeux et soupira. Le rousse ne put résister à l'envie de déposer un doux baiser sur son front puis se redressa. La petite laissa échapper un petit gémissement et elle lui murmura doucement à son oreille:

- Rendors-toi, mon ange! Il est très tôt encore… Tu dois te reposer…

Elle émit un petit bougonnement qui se voulait une protestation mais Ewa l'étouffa d'un second baiser. L’enfant soupira de nouveau, une moue ravissante sur les lèvres…

La journée s’était écoulée simplement, entre va et vient à l’auberge, elle s’était octroyée cette journée auprès de la petite, qu’elle avait du abandonner pendant quelques jours pour se rendre à Paris… Notre Dame, elle s’en souviendrait toute sa vie. Le dernier au revoir, le dernier regard posé sur lui… Tourner la page, elle l’avait fait depuis quelques temps déjà, mais cela n’empêchait pas de revenir en arrière et de se souvenir. Heureusement depuis son retour sur Le Mans, Maëlya avait été un rayon de soleil et pas qu’elle. Ewa avait prit le temps aussi d’écrire à sa vassale, il était plus que temps de prendre des décisions pour cette petite qui grandissait plus vite que la rousse ne l’aurait souhaité. Le fait qu’elle l’appelle maman à son retour, l’avait un peu secoué, et finalement fait prendre un parchemin pour coucher les mots nécessaires. Mais il n’était plus l’heure de penser à tout cela. Une cérémonie l’attendait, elle avait demandé à la nourrice de coucher la petite comme bien souvent depuis qu’elle était dans la capitale du Maine.

Rejoindre ses sœurs et frères de la Licorne pour cette soirée si différente de ce qu’elle avait pu connaître des intronisations. Pourquoi? Elle les avait toujours vécues à Ryes, la forteresse des licorneux. Un renouveau, une ouverture de ce qu’ils vivaient au sein de la salle du chapître à ceux qui, curieux allaient venir voir de quoi il retournait dans cette cérémonie. Observateurs des gestes, des paroles dites, peut-être pourraient-ils palper les ressentis des cornus lors de ces moments là. Entre participants et intronisés, entre haut conseil, grand maitre et les autres… Entendre les différents serments prononcés, peser les mots prononcés et la valeur que cela pouvait représenter pour ceux qui allaient les répéter. Sensation bizarre alors qu’elle avançait, suivant de loin ceux qui se trouvaient sur Le Mans avec elle, talonnant son équidé pour qu’il suive le groupe. Arrêt… Ils venaient d’arriver. Regarder en plissant des yeux ce qui était visible, scruter le tout et puis commencer à détailler, chercher des visages, savoir qui sera là ou pas… Descendre et attacher son cheval, laissant les autres prendre toujours les devant. Un visage… Marie. Un sourire, enfin. Mais ses traits reprirent très vite une façade nécessaire dans ces moments là. Avancer… Faire fi du monde qui les entouraient. Se rendre à l’entrée et aller rejoindre le banc des écuyers comme si c’était une cérémonie ‘normale’.

Pourtant elle cherchait parmi la foule un regard, peut être deux… Elle avança encore et se retrouva devant l’entrée, salua d’un signe de tête ceux qui étaient devant pour surveiller, s’arrêta afin de regarder ce lieu hors du commun, lieu qui ce soir allait accueillir un des moments fort qui rythmait la vie d’un licorneux. Sa tête allait de gauche à droite et de droite à gauche, admirant le travail effectué. Repèrer les bancs, sa place du moins celle des écuyers… L’estrade qui accueillerait les membres du haut conseil. Avancer, encore. Voilà, il ne lui restait plus qu’à prendre place et attendre, écouter et vivre l'instant.

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Fauconnier
Musica !

C'était un soir comme beaucoup d'autres. Un soir comme des dizaines de milliers sur une poussière d'étoile, perdue dans une immensité laiteuse aux confins de l'univers, en équilibre précaire et instable entre le chaud et le froid, la vie et la mort... L'animal et Dieu.

C'était une clairière dégagée, aux abords du Mans. Une jolie petite prairie bucolique débroussaillée par la hache et par la sueur. C'était un soir de début d'été. L'un de ces soirs où le banquet tend les bras, où la fête revêt des habits de sainteté, pour se parer de la nécessité. Ils étaient là ; les flambeaux flambaient ; les piliers renvoyaient la lumière des torches, créant une lumière mi brunâtre mi orangée dans le soleil couchant. Le ciel avait des teintes violacées et rôsatre. C'était un ciel de peintre ; un ciel d'impressionniste. L'un de ces ciels où l'homme devenait poète ; où les destins trouvaient leur voie.

Adrian était là, ce fameux soir. Il avait revêtu la tunique blanche de l'intronisé, et s'était préparé à la cérémonie. Les cheveux tirés en arrière, il arborait des braies noires brodées d'entrelacs floraux incrustés de perles noires. Ses bottes étaient brunes, le revers passé juste sous le genou. Sa tunique blanche était du plus simple appareil, arborant sur le coeur une licorne d'azur et d'argent, ainsi que sur le dos.
Adrian était là, et il éprouvait peut-être la plus grande peur de sa vie.

Bien des années auparavant, tel une fusée, les anciens de l'Ordre parmi lesquels l'Ecossais fameux, le Capitaine-Maître de Guerre premier du nom, Erwyn of Kylebonhamm, avaient assistés à l'intronisation en leur sein de l'un des plus valeureux chevaliers de ce temps ; un Bayard ; un Barbazan. Son père, Bralic Fauconnier, avait été respecté comme l'un des grands chevaliers qui avaient créés cet Ordre, et l'avaient fait grandir. Et se doutait-il un jour, le brun ténébreux adolescent qui, ce soir-là, avait été intronisé dans la salle du Chapitre de Ryes, que son fils prendrait sa succession ? Probablement seuls les Dieux pourraient le dire ; et ils étaient ce soir-là bien trop occupés à s'abreuver de Telenn Du, en mastiquant du pop-corn sucré en dévorant une bonne vieille galette-saucisse. Superposition des époques ; superposition des personnes ; Tu étais désormais là, Adrian ; en passe d'effectuer l'un des plus grands pas de ta vie ; tu avais gagné le droit d'effectuer ta renaissance parmi les frères ; plus qu'un homme ; plus qu'un roi ; tu devenais ce soir l'un des leurs ; l'un de ceux qui, peut-être, deviendraient Chevaliers ; l'incarnation humaine des anges.
La boule était au creux de ton ventre ; la nausée ne partait pas. Etais-tu conscient d'à quel point l'angoisse ou le plaisir pouvaient être liés ? Tu sautillais ; tu transpirais ; tu te rongeais les ongles. Tout était au plus haut de tes attentes et de tes espérances ; ta vie s'ouvrait devant toi. Et pourtant, tu avais peur et tu suais. L'annonce de la mort de ta mère à la fin de la punition appliquée par ton Maitre à ses deux écuyers(1) t'avait bloquée une bonne semaine, où tu étais resté faiblard et aigri, nauséeux de n'avoir pu la revoir une dernière fois. Cette mère que tu adorais tant, qui avait été la première à t'aimer, celle qui t'avait confié l'épée de ton père, celle qui t'avait pris dans ses bras, choyé, adoré elle aussi... N'était plus. Et Daresha de Riddermark s'était éteinte à Condé, emmurée dans une folie que tu avais fui pour venir à Ryes. La raison de ta venue à Ryes s'en était allée. Et tu pénétrais quelques jours plus tard dans l'arène de la chevalerie ; dans l'arène de la fraternité.
Tu t'en rappelais comme si c'était hier, de cette première rencontre avec Ryes. Car le jeune Faucon était venu de Franche-Comté en Normandie, accompagné de sa soeur, n'ayant plus que l'Ordre sur lequel se reposer. Tu te rappelais de tout ; du vieux François que tes hommes avaient failli molester(2) ; de l'intervention des deux capitaines de l'époque, les Chevaliers Zalina de Montmorency et Enguerrand de Lazare ; de la prise en charge de Marchiennes par Zalina, et la tienne par l'Ordre ; de ta rencontre avec ton Maitre, et de ton ressentiment d'alors ; de la correction qui s'en était suivi(3) et de ton honneur et ton égo balayé aux pieds. Et tu la voyais aujourd'hui, ce bourreau impitoyable et sans aucune clémence alors, qui t'avait détruit la machoire, qui t'avait amené la face dans la boue ; tu la voyais avec son bras en écharpe et ses cicatrices. Et l'amour avait succédé à la haine ; et le respect à la défiance.

Tu avais changé, petit. Elle t'avait façonné comme une lame, comme une épée ; elle t'avait forcé à l'abnégation de tous les jours, qui forge le corps autant que l'esprit.
Tu avais connu la pluie ; tu avais connu le vent ; tu avais connu la neige, la grêle, et l'inconfort. Tu avais connu les entrainements au petit matin sur les remparts, à faire des pompes et à détruire des épées émoussées. Tu avais connu les nuits froides et glacées de la forteresse, où la solitude était ton fardeau. Tu avais connu le désespoir, et la détresse ; tu y avais aussi connu la joie. Et les muscles de ton corps se souvenaient des épreuves ; et tes os se souvenaient des charges à porter. Les repas avaient succédés aux repas ; les entrainements aux entrainements ; les leçons aux leçons. Tu avais grandi ; forci ; épaissi ; désormais, c'était un homme de dix-huit ans qui se tenait face à son destin. Bien différent de l'enfant de onze ans qui était parvenu à Ryes, un froid matin d'hiver. Et ainsi avaient passés les jours, les semaines ; les mois. Et s'était renforcée détermination, acharnement, volonté ; et s'était amoindrie la haute idée que tu te faisais de toi-même ; et tes idéaux sur le monde ; et toutes tes illusions. Elle t'avait fait adulte ; elle t'avait découvert à toi-même.

Et aujourd'hui que tu étais Comte de Scye, Vicomte d'Isle et de Montbarrey, Baron de Saint-Laurent, et que tes deux parents te regardaient de Paradis passer cette étape, une larme roulait sur ta joue. Une larme à la fois de nostalgie, de douleur et de gratitude pour là où tu étais aujourd'hui. Les hommes, parfois, ne se rendent pas bien compte de ce que leurs actes ont pu créés comme conséquences positives ou négatives.
Aujourd'hui, tu n'étais plus seul, fils ; tu avais des frères ; tu t'en étais d'ailleurs trouvé un ; un Gaspard qui valait bien que tu te démènes pour lui ; car là aussi, de l'inimitié avait pue naitre la camaraderie.

Les premières fois sont toujours une épreuve initiatique. Il y a la peur, bien sûr ; il y a l'appréhension ; et la curiosité. L'intronisation de l'Ordre Royal de la Licorne n'avait rien d'anodin ; c'était un acte symbolique ; un acte sacré , un acte porteur de tout ce que l'être humain pouvait avoir de potentiel. Ce soir, de simples hommes, on allait façonner des êtres humains, par le jugement de leurs pairs, par l'accolade et le serment ; par le passage à travers la noirceur du champ originel, pour déboucher dans la lumière qui côtoierait le maitre de cérémonie. Là, un genou en terre, les formules rituelles seraient prononcées ; et tu serais un écuyer, Adrian ; un véritable écuyer.

De quoi avais-tu le plus peur ? Etait-ce de parvenir à une condition plus haute ? Une condition que tu avais atteinte parce que tu le méritais, et non pour laquelle tu étais né ? Ou bien était-ce de quitter le giron de ton Maitre, et de devoir bientôt voler de tes propres ailes ? Tout était nouveau ce soir. L'odeur des fleurs sur le sol et dans les arbres ; le son du vent dans les feuilles, avec la vision de la lumière et de l'ombre mêlées, derrière l'entrée.

Etais-tu éveillé ? Ou tout cela n'était-il qu'un rêve ? Et si la vie était une farce ? Une farce dans laquelle tu te trouvais alors, et où tu ne pouvais avancer sans faire rire ou pleurer ? Et si nous étions tous des acteurs ? Et si, au-delà des frères d'armes, il y avait des saltimbanques ?

Ainsi était, en ce temps, la Divine Comédie(4). Pour le meilleur et pour le pire.

Et alors que le champ se remplissait, et alors que l'heure approchait, alors que tout était prêt, et que tout était bon, Adrian parvint peut-être à l'état rêvé de tout homme.

Il cessa tout bonnement de penser à quoi que ce soit. Pas pour un instant ; pour toute la soirée. Il parvint à ce détachement de l'esprit qui précède les implications de tout un être ; au Vide intérieur qui précède la renaissance.

"In fields of sacrifice
Heroes paid the price
Young men who died for old men's wars
Gone to paradise"(5)


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(1) : Voir le RP "A malins, sadique et demie", sur les aRPenteurs.

(2) : Se référer au RP d'arrivée d'Adrian et Bérénice à Ryes, sur RPartage ou le forum de la forteresse.

(3) : Cf le RP "Sangre y furia"', lui aussi sur RPartage (comment ça fait dix fois que je le cite ?)

(4) : Référence à la Divine comédie de Dante (l'enfer, la référence aux parents, et etc.)

(5) : Paroles extraites de "Requiem for a Soldier", de Katherine Jenkins.

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Lysesl


Une invitation d’accompagner deux amis, et voilà qu’elle se retrouvait assise dans une voiture avec Rheanne et Anorion. Elle savait que son amie n’affectionnait pas particulièrement la race équine, et qu’il était probablement plus convenant que la Comtesse du Maine voyage en voiture, mais elle n’aurait pas refusé de faire la chevauchée. Il y avait un moment déjà qu’elle n’avait pu le faire, retenue par ses obligations, manquant cruellement de temps.

La couronne comtale avait été laissée au castel, et ses longs cheveux bouclés retombaient sur ses épaules. D’un brun-roux à l’origine, ils étaient maintenant parsemés de mèches blanches. Le bleu de sa robe faisait ressortir le bleu de ses yeux. Un peu de dentelle blanche au col et aux manches empêchait la robe de paraître sévère. Une longue cape blanche complétait sa tenue.

Le voyage se déroula sans encombres, et elle en profita pour prendre un peu de repos. L’endroit désigné pour la cérémonie n’était pas très éloigné de Mayenne, d’où ils étaient partis, et rapidement, trop rapidement même, ils furent arrivés.
Anorion aida Rhéanne à descendre, puis fit de même pour elle.

Le site était impressionnant, et si Anorion ne l’avait incité à le suivre, elle serait restée là, à le regarder. Mais elle suivit son ami à l’intérieur, alors que Rheanne se séparait d’eux.
Au delà des rangées de bancs réservés aux Licornes, un espace libre destiné à accueillir les visiteurs. C’est là qu’elle attendit, ayant appris que son mari escorterait Irella jusqu’ici.

Elle surveillait les arrivées, puis elle le vit. Il y avait déjà un bon moment qu’ils étaient séparés par la force des choses. Un trop long moment.
Elle laissa Anorion à sa fiancée, et s’avança vers Tak d’un pas rapide. Arrivé près de lui, elle se blottit rapidement dans ses bras, ses lèvres effleurant les siennes.
Nul besoin de paroles, un regard et tout était dit.
Elle resta debout tout contre lui, attendant, avec les autres, le début de la cérémonie.

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Rheanne
Le grand jour était enfin arrivé. Depuis qu‘elle avait reçu la deuxième missive du Grand Maistre de la Licorne l’informant de la date de la cérémonie d’intronisation, il ne s’était pas passé une journée sans qu’elle pense à ce moment. Elle avait tant et tant bassiné Anorion avec l’événement à venir qu’il n’eut pas d’autre choix que de proposer de faire la route ensemble puisqu‘ils se trouvaient tous deux sur Mayenne.

Ce début d’après midi, elle rejoignit Anorion dans la grand salle de l’auberge. Elle lui laissa le soin de la logistique, trop excitée qu’elle était pour s’occuper de quoi que ce soit, à part sa petite personne, et encore. Donc après avoir supplié son ami de préférer une voiture, prétextant que le mode à califourchon sur un canasson n’était décidément pas bienséant quand on est accompagné de la Comtesse. Et Anorion de céder. Comme chaque fois. Encore un repas qui pourra tranquillement continuer sa digestion en son estomac.

Ce n’était pas la journée pour que ses entrailles la cherchent. Déjà que celles-ci semblaient se tordre dans tous les sens à mesure que les minutes s’égrainaient. Donc, la question logique laissée au soin d’Anorion, elle remonta à sa chambre. Il lui fallait maintenant penser à la tenue qu’elle allait porter pour l’occasion. Pour cette grande occasion. Elle s’assit sur le lit pour réfléchir quelques instants. Pour sûr, la cérémonie ne devait pas ressembler à une réception diplomatique. Du beau monde, il y aurait cela était certain mais ce n’était pas une réunion de gentils hommes et de péronnelles endimanchées. Non, là il s’agissait de son entrée dans un Ordre Royal de Chevalerie. Alors les robes et autres fanfreluches ne seraient certainement pas au goût du Haut Conseil. Sa tenue de voyage ? Bien trop abimée pour l’événement. Elle n’allait quand même pas se vêtir de ces haillons ?! Soudain, il lui revint à l’idée de son voyage vers Ryes accompagné d’Anorion. Pressée qu’elle avait été, comme souvent, elle n’avait emmené aucun effet personnel et Irella la compagne de son ami lui avait gentiment prêté quelques effets dont une tenue de voyage. Et Rheanne à son retour de la forteresse n’avait pas pu rendre la tenue à la jeune femme, elle avait donc pris soin de la nettoyer et de l’empaqueter pensant la lui rendre au plus vite.

Une hésitation… Qu’avait-elle bien pu en faire ? Elle se mit à fouiller l’armoire de la chambrée, les vêtements la remplissant volant de plus en plus dans la pièce. Une robe rose, une autre violine, la pelisse de Mary, une paire de chausses neuves… Mais rien qui ressembla à ce qu’elle cherchait. Elle se releva et passa un regard circulaire aux alentours. Le coffre ! Mais c’est bien sûr. Ni une ni deux, nouvelle exploration et enfin elle trouva son bonheur.

Une paire de braies de couleur marron et une chemise en lin beige. Elle s’équipa de la paire de chausses neuves trouvées dans l’armoire. Une main passa dans ses cheveux, il lui fallait aussi s’occuper de l’épaisse tignasse brune. Comme toujours un simple ruban ferait l’affaire. Elle ouvrit une petite caissette dans laquelle elle rangeait ses rubans et quelques rares bijoux. Une couleur attira son regard. Un bleu profond. Elle prit le ruban entre ses mains le délivrant minutieusement des autres couleurs l’enchevêtrant. Les yeux s’embrumèrent légèrement. Ce ruban n’était pas n’importe lequel. Il était de cette teinte si chère à la Licorne, un bleu azur profond. Elle noya ses pensées tout en regardant le mince morceau d’étoffe…

Retour furtif au passé interrompu par quelques coups à la porte. Anorion donnait le signal du départ. Rheanne serra le ruban dans son poing droit, prit sa besace, son épée à l’abri dans son fourreau et suivit Anorion après avoir refermé la porte derrière elle.

Tout d‘abord encore sous le coup de ses souvenirs, elle se dirigea vers la voiture et y monta. Elle salua d’un sourire encore crispé la Comtesse qui se trouvait déjà là. Anorion prit place ensuite et les trois amis prirent la route vers la capitale.

A mesure que les lieues étaient dévorées par l‘équipée, Rheanne se détachait de ses brumes. Le grand événement se rappela à elle. Et la naturel de la brune souvent impatiente revint au galop. Et ce fut ainsi qu‘à mi route, elle commença à tanner Anorion et Lysesl sur la lenteur du cocher, les assénant toutes les 5 lieues d’un puéril « Quand est-ce qu‘on arrive ? ». Elle parlait vite et presque toute seule, ne laissant que peu de temps de réponse ni de répit à ses accompagnateurs.

La voiture s‘arrêta enfin et le flot de la brune par la même occasion. Anorion ouvrit la porte et en éternelle impatiente, Rheanne le pressa.


Alors ? Vas-tu enfin me proposer ton aide ?

Ce n’était pas son genre de demander assistance pour descendre d’une voiture mais comme le Prévôt se trouvait là sur son chemin, autant s’en servir. Et puis en présence d’une Comtesse même si c’était une amie, la bienséance était de rigueur.

Donc elle descendit de voiture avec l’aide d’Anorion et elle stoppa net arrivée sur la terre ferme. Une palissade de bois se dressait devant eux. Même si elle ne connaissait pas l’endroit, elle doutait que tel lieu avait existé avant ce jour. Il lui sembla que l’endroit avait été spécialement apprêté et aménagé pour l’occasion. Et les Licorneux semblaient ne pas lésiner sur les moyens.

D’un seul coup, la brune devint silencieuse au possible. Rien que le bruit de sa respiration semblait lui être insupportable. Le lieu en lui-même, vu de l’extérieur imposait le respect et le silence. Et cela fonctionna très bien sur la jeune et toute fraîche cuillère.

Et Anorion de lui faire ses dernières recommandations avant de pénétrer dans l’enceinte. Lui avait autorisation d’entrer parce qu’il était Homme d’Armes. Mais pas elle. Non parce qu’elle avait été choisie pour devenir Ecuyère. Et alors qu’à Ryes, ils avaient tous deux faits leur entrée en la forteresse, là en cet instant ils étaient séparés.
Elle hocha de la tête pour lui signifier qu’elle avait compris et articula avec quelques difficulté.


Oui entendu, je le leur dirai.

Et Rheanne de rester plantée là où il l’avait laissée. Devant l’unique entrée qu’elle voyait. De son poste, elle distinguait quelques bans latéralement et dans le fond une estrade. Des couleurs, de l’argenté et du bleu. Non pas du bleu. De l’azur. Celui-là même qu’elle tenait en son poing.

Elle baissa le regard sur la main droite s’ouvrant sur le ruban. Si la teinte était exactement la même, ce n’était pas un hasard.


Ada, j’espère que vous seriez fier de moi.

Alors qu’elle avait, sans remord, balayer de sa vie ce qui avait pu le rappeler à elle, la brune ne savait pas pourquoi elle avait gardé ce ruban ci. C’était un présent de son ancien compagnon qui avait lui-même un jour rejoint les rangs de cet Ordre Royal. Curieux destin qui, aujourd’hui, l’amenait elle-même devant cette famille. Adanedel, ancien compagnon parti sans se retourner lorsque la brune avec qui il partageait sa vie depuis presque deux ans lui avait annoncé qu’elle sentait ses sentiments faillir.
Et comme l’un avait remplacé l’autre dans le cœur de la brune, il se passa en cet instant la même chose dans les pensées de la brune. L’image du blond docile se modifia peu à peu pour montrer à Rheanne le jeune brun impétueux et plus que déterminé. Inconsciemment, son visage s‘éclaira d‘un sourire, de celui qui habille toute femme amoureuse pensant à l‘élu de son cœur, air légèrement bêta.


Toi aussi, Guilhem, j’espère que tu seras fier de moi ce jour.

Quelques mots légèrement soufflés pour n’être entendu de personne. Ce n’était pas le moment que les Licorneux apprennent la relation qu’elle entretenait avec le De Vergy. Pas que cela soit un secret mais depuis l’arrivée en masse de l’Ordre Royal, les deux jeunes amants n’avaient pas eu l’occasion de se revoir et quelques rares billets avaient échangés, le hasard des affectations ne leur ayant pas été favorables. Et Rheanne avait pris soin de ne jamais mentionner ses sentiments envers le jeune Comte surtout en présence de Licorneux. Fâcheuse tendance de la brune à cultiver l’ombre alors même qu’il lui offrait la lumière.

Tout en gardant bien sa place et regardant les membres ou invités de la Licorne passés devant elle, elle lissa avec les doigts ses cheveux comme pour s’occuper. Tout en jouant avec les mèches, elle finit par former une tresse tombante sur son épaule gauche. Elle noua l’extrémité de la tresse avec le ruban azur pour qu’il soit visible de tous.

Et Irella de faire son arrivée. Elle surprit Rheanne de sa voix claire. Mais les retrouvailles furent sincères bien que de courte durée. Un simple geste de la brune et la promise d’Anorion s’éclipsa dans un sourire…

Le soleil déclinait de plus en plus et Rheanne remarqua que de la lumière provenant de l’intérieur de l’enceinte, ombres dansantes sur le sol et à travers des piliers formant la palissade.

Il lui tardait de pouvoir enfin recevoir le signal pour pénétrer dans les lieux et se laisser imprégner de la magie du décor. Elle sentait que les instants suivants seraient déterminants pour elle. C’était son acceptation à la Licorne en tant qu’Ecuyère. Son entrée dans cet Ordre Royal.

Elle se concentra sur ses respirations tout en fermant les yeux. Puis les rouvrant, elle scrutait le moindre mouvement pouvant provenir de l’intérieur faisant fi des passants.
Gaspard.
[entré Nord, le chemin des écureuils]

Le jeune Gaspard faisait le pied de grue depuis le début de la matinée maintenant. Tout de bleu vêtu, d'un tissus léger, presque aérien, le Nerra observait le chemin qui s'ouvrait devant lui avec un air farouche inscrit sur le visage. La main sur la garde de son épée il ne se sentait pas des plus a l'aise pour remplir sa mission ainsi affublé, mais Cerridween avait été très claire et il devait être bien habillé et propre, aussi avait il troqué son éternelle tunique rapiécée pour lui faire honneur en cette soirée particulière. D'ailleurs, bien que Gaspard n'était pas a proprement parlé un Licorneux, il portait les armes du son chevalier sur son pourpoint, affichant ostensiblement son attachement a son maitre ainsi qu'a l'ordre. Et nul de ceux qu'ils croisaient n'avait posé une question en le voyant déambuler joyeusement, le blason bien connu en évidence.
Cerrid l'avait affecté a la surveillance du chemin nord, ou seul quelques animaux semblaient prendre un malin plaisir a passer, faisant presque sursauter le Nerra a chaque fois, mais les solides gardes d'Isle avec leur air professionnel formaient une force d'appoint tout a fait respectable et impressionnante qui rassurait le jeune Gaspard.

D'un mensonge éhonté il s'était proclamé chef du petit groupe d'hommes, en mentionnant que la consigne venait de Cerrid pour mettre un terme a toute objection, sachant pertinemment que tout le monde serait bien trop occupé pour venir lui contester ce titre. Un demi sourire flottait donc sur les lèvres du Gardien en chef du chemin des écureuils.
En regardant a se droite il pouvait voire le jeune Karyl, la même détermination sur le visage et la main toujours prête a dégainer au cas ou un chevreuil rebelle aurait décidé de forcer le barrage constitué des 5 gardes, de l'aventurier et de l'ours d'Ambert. Un telle force aurait sans doute stoppée a elle seule des armées franc-comtoise mais bien sur personne ne leur avait demandé.

Le jeune Nerra avait suivit tout les préparatifs et avait aidé son chevalier autant qu'il le pouvait mais il s'était bien vite rendu compte que rien n'avait été prévu pour égayer l'après cérémonie de quelques notes de musique. Inconcevable pour le jeune Nerra qui avait tôt fait de glisser quelques mots a Adam de la Halle, un joyeux luron troubadour dégoté en taverne, qui ferait son arrivée surprise une fois la cérémonie terminée avec quelques uns de ses amis musiciens. Plan machiavélique s'il en était, il fallait prier pour que ce bougre d'âne se souvienne qu'il fallait passer par le chemin Nord sans quoi jamais une note de musique ne viendrait effleurer les oreilles des Licorneux rassemblés en ce jour festif... Enfin que Gaspard trouvait festif car pour le moment seul lui se promenait en sifflotant en attendant le banquet.

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Mariealice
[Qu'allait-elle faire dans cette galère..]

Oui galère. Parfaitement. Non le mot n'était pas trop faible au vu de son état qui ne pouvait absolument plus être ignoré.Ventre en avant, les mains bien souvent sur ses reins qui lui faisaient souffrir le martyr, la vicomtesse montait sur les remparts, faisait ses tours de ronde et redescendait au pas de l'escargot croisé avec une tortue. Et le premier qui s'amusait à lui faire la moindre remarque se manger littéralement une pluie de coups de chausse accompagnée d'une bordée de jurons assortie d'une menace de larguer son colis - comprenez pondre son lardon - dans la minute qui suivait. Ce qui en général faisait taire toute velléité de continuer la plaisanterie. Etrange non?

Bref. L'arme ultime faisait donc ce qu'elle avait à faire, avec de plus en plus de mal mais avant qu'elle se soustrait à son devoir, il allait falloir plus qu'un ventre de presque 9 mois de grossesse pour l'arrêter. Plutôt le fait de voir le tas de vêtements mettables diminués face à celui des immettables qui formaient une pile impressionnante. Sans compter que pour arriver à faire tenir son épée à sa taille, fallait déjà la trouver. Pas l'épée, la taille! Et là encore si on lui faisait la moindre remarque, la personne se mangeait etc....

Bien. L'humeur s'était encore assombrie lorsque le jeune Paon n'avait rien trouvé de mieux que de lui mentir sur sa situation. La brune avait horreur qu'on se fiche de sa fiole et là, il avait fait dans les grandes largeurs. Un vrai bonheur. La discussion qui s'en était suivie lors de leurs retrouvailles lui avait valu quelques coups sur la tête, Marie se disant que de toute façon vu le vide qui y résidait, il ne risquait rien du tout et qu'elle pouvait donc taper tout à loisir.

L'arrivée de Flaiche rendit à la licorneuse un sourire dont Karyl lui répétait assez qu'il avait disparu les rares fois où on la voyait venir boire un verre dans une des tavernes de la capitale. Mais elle restait impatiente, la fatigue et la lassitude sans compter les hormones, régissant de façon plus qu'anarchique son humeur. Sans compter qu'il fallait se rendre à une cérémonie de la Licorne. Dans son état.... Ils voulaient l'achever, c'était un complot! Déjà qu'en temps normal, les cérémonies l'agaçaient, alors là, c'était le pompom, la cerise sur le gâteau. Oh ce n'était pas qu'elle n'accordait aucun poids au serment prêté, loin de là. Qui la connaissait savait qu'à ses yeux à parole donnée on ne revenait pas en arrière. Non mais elle était juste, là encore, lasse de devoir y assister. Oui bien sûr qu'il y avait une part de magie, que c'était impressionnant. Quand on était novice. Pour sa part elle en avait trop vu, entendu et trop de fois répéter ce même serment pour arriver à ne pas y assister uniquement parce qu'elle le devait. En plus elle ne pourrait se faire porter pâle à cause de la distance puisque c'était au Mans. Long soupir. Oh mais... Peut-être qu'elle pourrait y être sans y être... Large sourire alors qu'elle allait se renseigner plus avant et que le résultat de ses investigations n'élargit encore, si cela était possible, ce sourire.

Elle était arrivée par l'entrée nord, en profitant pour vérifier mien de rien que Gaspard se tenait comme il fallait. Normalement il y aurait là peu de passages et puis les deux garçons n'étaient pas seuls. Pas de baiser cette fois, juste une rapide inspection et un sourire. Puis elle avait rejoint sa place.

Et c'était pour cela qu'elle se trouvait assise à la plus grande entrée de cette cérémonie, flanquée de quelques gardes et des écuyers Alfgard et Rems, pour surveiller la dite entrée et empêcher tout importun de venir semer le
boxon.Petite signe de tête à chaque frère et soeur ainsi qu'aux visiteurs pouvant passer, sourires aux plus proches, clins d'oeil à Bessou pour lui dire qu'elle veillerait du coin de l'oeil sur son Loup ainsi qu'à Ewa et réponse à Alfgard.

Ne t'inquiète pas, tout va bien.

Avant de reporter son regard sur les derniers arrivants et de sourire encore aux hommes d'armes et aux impétrants qui se demandaient qui seraient appelés.
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Aldraien


Renaissance et absence, Laval avant le départ.

Elle avait reçu la missive quelques jours auparavant, lui annonçant qu’un Chapitre allait se tenir en Maine. Cérémonie importante pour chaque Licorne, où tous se réunissaient pour ne former qu’un seul élément, qu’une seule entité portant comme bannière les trois fameuses valeurs : Justice, Honneur et Bravoure. Le moment tombait moyennement bien, elle aurait, et de très loin, préféré que la Cérémonie arrive après qu’elle ait vengé Antlia, après qu’elle n’ait plus ce poids à porter sur ses épaules.
Mais seulement les choses, depuis quelques temps, avaient décidé de jouer les capricieuses et ne pas se passer telles que l’Ecuyère le souhaitait et, au contraire, prenaient exactement le chemin inverse de ses désirs. Oui, Antlia était vivante, mais ce n’était pas grâce à elle. Elle, elle n’avait été capable que d’assister au terrible spectacle, aux recherches où elle arrivait toujours trop tard, à la renaissance de la folie à laquelle elle n’avait même pas tenté de résister…
Aujourd’hui, elle n’était pas tout à fait Ald. Elle était en partie cette autre qui hurlait à la vengeance, qui hurlait à la torture et au meurtre de sang froid sans prendre garde aux conséquences d’un tel acte. Juste tuer pour enlever ce poids de ses épaules.

Dans la chambre de l’auberge, l’Ecuyère se préparait. Sur son lit, un paquet couleur azur sur lequel elle jetait fréquemment des coups d’œil, et cela à chaque fois faisait remonter les souvenirs macabres, celui de la découverte de cette cape ensanglantée…Elle l’avait fait nettoyer bien sûr, du mieux possible. Hors de question de rendre la cape à sa suzeraine en laissant sur elle une trace du calvaire qu’elle a vécu. L’Ecuyère se préparait dans une semi-torpeur, comme aspirée par le reflet que le miroir renvoyait d’elle, cruel, réaliste : elle avait vieilli.
Les derniers mois avaient visiblement causé bien des ravages sur le corps de la rousse. Oh, bien sûr, elle gardait cette silhouette élancée et musclée, forgée par des années d’entrainements, mais marquée par les enfantements et le temps, par les trois enfants qu’elle avait mis au monde et par les trente ans qu’elle avait passé sur cette terre. La chevelure de feu, jadis flamboyante, commençait à se strier ça et là de mèches blanches, et des rides apparaissaient aux coins de ses lèvres et de ses yeux. Son visage était creusé par le souci causé par les événements récents mais également par le fait qu’elle avait perdu l’appétit et ne mangeait presque rien. A chaque fois qu’un aliment venait près d’elle, c’était les images de tout ce sang qui revenaient inexorablement hanter son esprit. Le sang de sa sœur.

Sa tenue, noire, était colorée par le blason frappé sur sa chemise : Chamaret. D’or et gueule, il enlevait un peu de noirceur à l’humeur de l’Ecuyère. La bastarde était à sa place, sur son côté, et le mantel gris des Ecuyers, sur ses épaules. Silhouette qui sort ensuite de l’auberge pour retrouver sa jument aux écuries avant de prendre le chemin du couvent. Chemin qu’elle connaissait par cœur à présent, elle y était allée tous les jours pour tenir compagnie Tlia. Oh, elles ne parlaient pas beaucoup durant ces visites, non…mais en tout cas elle montrait à sa suzeraine qu’elle serait là en cas de besoin, comme pour exorciser le fait qu’elle n’était pas là lorsque de sa présence dépendait la vie ou la mort de sa sœur…
L’Ecuyère se hissa alors sur Destinée en fermant les yeux, même être sur sa jument lui rappelait des souvenirs douloureux, ne serait-ce que l’épuisement qu’elle avait ressenti après la funèbre découverte. Paquet azur sous le bras, elle prit la route avant d’arriver quelques minutes plus tard à la résidence de repos de son amie. Elle l’attendrait, et elle irait avec elle. Elle lui devait au moins ça.
Presque aussitôt, la Blonde fit son apparition. Salutations d’usage. Pas envie d’en dire plus, pas la tête à ça. Elle lui tend le paquet…prends le Tlia, c’est à toi. Il n’a pas détruit ça. Tu es encore une Licorne, plus que jamais tu mérites de porter cette cape. Un sourire qui réchauffe un peu le cœur de l’Ecuyère qui incline légèrement la tête devant son remerciement, et elles se mirent en route lentement, au pas. Peu importe si elles arrivaient un peu après les autres, elle ne voulait en aucun cas brusquer sa sœur.

Arrivée sur le lieu de la cérémonie.

Les autres étaient arrivés avant elles mais elles n’avaient pas pressé le pas pour autant. La clairière se présentait devant eux et l’Ecuyère ne pouvait qu’admirer les lieux même si elle ne s’y attarda pas, elle avait du mal à trouver les choses belles depuis qu’elle avait assisté aux atrocités dont était capable un être humain envers un autre être humain. Leste, elle mit pied à terre avant de regarder Antlia, ne sachant si elle avait besoin d’aide ou non, mais sa sœur était fière, elle refuserait de montrer quoi que ce soit de sa faiblesse. Elle la laisse donc descendre seule puis se mit à ses côtés pour pénétrer dans l’espace à ciel ouvert spécialement préparé pour cette cérémonie, pour les Licornes. Elle passe l’entrée, salutation d’usage pour ses frères et sœurs déjà présents à l’entrée, ceux qui s’occupaient de vérifier que ceux qui pénétraient dans le sanctuaire licorne n’étaient pas menaçants. Regard émeraude qui se pose ensuite sur les bancs : déjà du monde. Du monde du côté des Errants, surtout…Elle accompagne Antlia jusqu’au banc des Errants, inclinant la tête devant Bess et Akane de qui elle était proche, puis les abandonna pour se rendre à l’emplacement réservé aux Ecuyers. La brune était là…Sinda. Elle s’assoit à côté d’elle, pose sa main sur son bras. Un regard. Tout est dit. Elles savent toutes deux ce qui se passera après la cérémonie. Elles vont réclamer vengeance. L’adversité les a rapproché.
La suite maintenant, attendre que le rideau se lève, que les trois coups sonnant le début de la pièce qui va se jouer devant eux résonnent dans la clairière. Les Licornes entrent en scène mesdames et messieurs…attention les yeux.

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Ciaram
[jour J]

C'est dommage , elle avait dit , vraiment dommage même , il aurait fallu ......vous auriez du ......Ciaram ressassait ......il faut faire des choix ....mais la mission touche à sa fin !!!!!!!! Elle adorait tout particulièrement les gens qui venaient après coup vous dire qu'il aurait été des plus judicieux de faire autrement mais cela lui arrivait tout le temps alors elle évitait généralement de trop y penser

Elle soupira et accéléra le pas car elle avait reçu une missive importante de l'Ordre ce qui signifiait un rendez-vous incontournable avec les autres membres de la Licorne , enfin avec les membres serait plus juste en fait

Elle ne connaissait pas bien la région mais ils avaient dit près du Mans , dans le Maine là où de valeureux Licorneux étaient venus prêter main forte , elle suivit donc scrupuleusement le chemin qui lui avait été indiqué dans le dernier village rencontré , l'homme paraissait honnête , elle n'avait pas mis sa parole en doute et fort heureusement d'ailleurs car elle se trouva bientôt devant une forêt luxuriante et centenaire

La clairière fut par contre , plus malaisée à trouver mais il y avait des traces de pas nombreuses au sol et elle n'eut plus qu'à les suivre en espérant simplement qu'elle ne se dirigeait pas vers une festnoz ou une cérémonie druidique mais pour cela il aurait fallu se diriger encore plus au sud et à l'ouest si elle s'en référait aux récits qui lui avaient été contés en son pays

Elle arriva en fin à l'endroit indiqué , des pieux serrés délimitaient un espace clôt, il y avait deux entrées , elle choisit celle du Sud ......des gardes en faction lui rappelaient sa semaine passée entre les herses de la forteresse , elle leur sourit.....

Bonsoir Frères ,je suis Ciaram , Femme d'armes .......Puis-je entrer ???
Ciaram ?? connais pas !
Bon , c'est pas gagné Ciaram réfléchissait à vitesse grand V
J'arrive de Ryes où j'ai été conviée à cette cérémonie
Ah oui , conviée vraiment ??? Regard en coin du Garde qui perdait patience , elle ne trouva plus qu'une solution et sortit de sa poche la missive de convocation
Peut-être avec ceci ????
Eh ben voilà , fallait commencer comme ça ......Allez vous placer au fond avec les autres hommes d'armes !!

Ciaram ne se fit pas prier , elle dépassa vite fait les gardes et se retrouva face à une estrade envahie alternativement d'ombres vacillantes et de clartés blafardes , des licornes cabrées sur fond bleu paraient le tout .......elle oublia d'un coup ses pensées et préoccupations pour profiter tout simplement du spectacle, fière de pouvoir participer à cette cérémonie !

Elle aperçut Sindanarie , sa responsable aux écuries et se préparait à aller la saluer quand elle se rendit compte de la disposition des lieux , l'ordre semblait des plus hiérarchiques , elle chercha alors d'autres femmes ou hommes d'armes ............et entraperçut finalement Frère Boucanier qui attendait près d'une entrée son cheval toujours bridé, elle attendit donc que d'autres viennent la rejoindre et elle alla prendre place sur le dernier banc le plus loin de l'estrade pour être sûre d'être bien à sa place
Phil1
[A l’aube, du haut des remparts, Le Mans]

L’aurore pointait, la nuit s’éloignait cédant la place au soleil étincelant.
Retirant son heaume, après sa nuit de garde, il sentit la chaleur douce de ses rayons sur son visage.
Sa tâche étant terminée, il gagna la salle des gardes où il avait l’habitude de se reposer.

Il relu la missive que lui avait adressé le grand Maistre ; missive qui le laissait perplexe quant’ à la cérémonie d’intronisation. Il en avait eu quelques échos, certes, mais cela l’intriguait au plus haut point.
Enfin, cela lui permettrait de revoir ses frères et sœurs.

Ne souhaitant point être en retard à la cérémonie, il se contenta d’un repas frugal et inspecta son armure qui était en piteux état. Elle avait subi de nombreuses guerres.
Il pesta car il n’avait pris aucun autre vêtement hormis ses habits de guerre.
Tant pis, guerrier il était, guerrier il resterait.
Il entreprit, donc, de lui donner un meilleur aspect afin de ne point arriver trop cabossé à cette intronisation.

Puis il alla voir son cheval. Après s’être assuré que son frison avait eu assez à manger, il le prit par la bride et sorti de l’écurie.
Il alla s’enquérir du chemin à suivre pour arriver à cette fameuse clairière dans une petite auberge qu’il connaissait bien car le vin y était fameux puis il sorti de la ville.


[La clairière]

Chevauchant à travers la forêt, moments privilégiés de liberté totale avec sa monture, il entrevu la lumières de torches. Ralentissant l’allure, il s’approcha au pas.

Il se remit à penser à la cérémonie, non sans appréhension, n’ayant jamais assisté à une cérémonie de l’Ordre. il est vrai que cela faisait peu de temps qu'il était HA.

Il vit des piquets serrés les uns contre les autres qui délimitaient un périmètre , deux torches éclairant l’entrée ; il fit avancer sa monture et vu le monde se trouvant déjà sur place, décida qu’il était plus sage de finir à pied.
Attachant son destrier à un arbre, il ne tenta pas d’entrer dans l’enceinte car s’étant approché des gardes qui surveillaient l’entrée, ceux-ci avaient croisé leur lance et il avait vite compris qu’il lui fallait attendre.

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Phil1 de Valois
Seigneur de L'Agord
Le plus vieil homme d'armes de la forteresse
Ex Escuyer de feu Deny du lavoir de Murat (pour info...)
Shiska
[Laval - un peu plus tôt]

Une longue nuit passée à arpenter les murailles de Laval, encore… Une longue nuit ponctuée de petits regards succincts entre loups qui se croisent, entrecoupés de longs moments d’attente interminables à ne rien voir venir à l’horizon. Le retour c’était fait dans le calme et les loups s’étaient attelés aux préparatifs pour le trajet. Car oui les loups étaient en partance. En partance pour où… un coin paumé en plein milieu des bois en compagnie de toute la cohorte de cornus.

Le Shiska attendait debout, non loin de la couche, scrutant la pièce pour la énième fois tout en se triturant les doigts. Doigts qui commençaient à saigner tant ils étaient harcelés par le loup… Oui le loup était stressé, et c’était assez rare pour être souligné. Il avait toujours eu un certain besoin de tout maitriser, ce qui impliquait qu’il était rarement pris de court et encore moins anxieux. En fait il arrivait à anticiper les choses et à relativiser assez bien pour ne pas avoir à se soucier de leurs venues opportunes. Mais aujourd’hui c’était différent. Lui-même n’arrivait pas vraiment à dire pourquoi. Tout ce qu’il savait c’était qu’il ne savait pas où il allait mètre les pieds (ironique non ?). Pour lui c’était un peu comme si il s’apprêtait à plonger dans une rivière dont il ne connaissait pas la direction. Et quiconque connaissait le loup savait que lui et l’eau…

Son regard se posa sur le dos de sa louve (oui bon d’accord il ne visait pas le dos en premier lieu) qui arborait sa nouvelle cape. L’animal à corne qui y était flanqué le toisait avec arrogance et défi, le faisant plonger dans sa mémoire. Sa louve était allongée sur leur couche, exténuée et dans les bras de Morphée (toujours le beau rôle lui quand même…). Lui, assis au bord de la couche la regardait s’endormir, la câlinant du bout des doigts. Son regard se posa sur les affaires disséminées à terre et commença à les plier soigneusement. Un des petits tics qui l’habitaient. Soudain sa main effleura le tissu d’une cape. Il tira l’objet vers lui, déployant l’animal difforme sur le sol de la pièce. Ce fier et noble animal, cousin du cheval avec lequel il avait si peu d’affinité, le narguait en silence. « Il a peut être une corne mais ça reste un stupide cheval… » . « Alors c’est pour cela qu’elle part à l’autre bout du royaume ? Ouai ben y’a pas de quoi en faire une histoire… ». Et pourtant, ses doigts vinrent caresser subrepticement l’animal sur le tissu. Une sorte d’attirance/répulsion qui le fit lâcher la cape lorsqu’il s’en rendit compte. Il ramassa le tissu pour le poser rapidement sur une chaise, laissant au loin ces pensées pour rejoindre sa louve.

Malgré le désintérêt nonchalant qu’il avait toujours affiché devant sa louve, il avait depuis ce jour entretenu une certaine curiosité pour l’ordre qui lui prenait tant de temps et d’énergie. Il l’avait suivi dans ses missions, gardant jalousement le corps de sa louve, jusqu'à ce qu’on lui propose de rentrer dans l’ordre… Ce soir allait être le moment qui scellerait à jamais sa nouvelle vie, sa nouvelle identité et ses nouveaux devoirs.

Ses pensées s'envolèrent lorsque sa louve lui déposa un fugace baiser sur les lèvres avant de le tirer vers la sortie. Ils rejoignirent ensuite la bande de licorneux Lavalois avant de prendre la route, dans le calme. Le chemin c'était fait cours, les discutions relativement peu nombreuses même si le petit groupe semblait s'entendre plutôt bien.

[La clairière]

Arrivés au lieu de la cérémonie, le loup fut étonné de trouver une enceinte fermée et gardée. Apparemment seul les membres de l'ordre avaient le droit de passage, ce qui faisait que lui même allait devoir patienter encore dehors et se séparer de sa louve, son soutien... murmures d'encouragement, bref baiser et la voilà qui s'engouffre au cœur de la place forte, le laissant seul en arrière. La longue cape noire qui recouvrait entièrement le loup s'abaissa alors, à mesure que celui ci s'accroupissait. Il passa sa capuche pour cacher son visage avant de frôler le sol terreux de ses doigts, prenant un peu de terre et la faisant rouler entre ses paumes. Il se serait bien défoulé sur ses lames s'il les avait eu à porté de mains... malheureusement elles avaient été laissés à Laval sous conseil de sa louve...

L'ombre au sol se frottait les mains machinalement, essayant de trouver un peu de calme et de paix intérieur avant d'entrer dans l'arène...
Eragon.
[A dada sur mon ... ben euh..rien.]

Oui pasque l’Era il avait dû partir précipitamment du Poitou, quittant la cérémonie d'allégeance à peine après que le dernier noble eut fait l’hommage au Comte. Le timing était super serré, quelle idée aussi de faire une cérémonie d’intronisation au Maine j’vous jure, ou au moins ils auraient pu le faire quand le Héraut avait fait sa petite visite au Mans, les économies de temps ils connaissent pas ?
Enfin bref il avait donc préparé minutieusement son paquetage le matin même et bourré tout le matériel dont il allait avoir besoin dans une besace lourde comme pas possible. Il restait la partie la plus importante à déterminer.. pasqu’en fait le problème du Poitevin c’est qu’il avait préféré dépenser ses sous pour s’acheter une armure de joutes plutôt que d’acquérir un joli canasson pour voyager. Chacun ses priorités.

Donc il savait qu’il devait aller au Maine, dans une clairière mais vu qu’il connaissait pas trop le Maine et encore moins les clairières du Maine et qu’à l’heure actuelle il avait pas de moyen de transport... Ben il était plutôt dans … oui on peut le dire.. Dans la défection jusqu’au cou. Et comme il est assez grand le Era, ben jusqu’au cou ça fait quand même pas mal.
Mais jusqu’à présent il s’en était bien tiré, il piquait les canassons de l’écurie de Ryes quand il en avait besoin à la forteresse, pratique dont il avait usé et abusé notamment lors de l’incendie du petit patelin. A paris, des voitures étaient mises à disposition des Hérauts et donc il n’avait pas à s’en soucier.

Bref, il devait trouver un moyen et vite, il était sorti de Poitiers et parcourait un bout de la campagne à pied cherchant un pagu riche qui aurait en sa possession un canasson non boiteux de préférence pour lui emprunter à très long terme le fameux équidé mais malheureusement pas de ça dans les marais Poitevins.
Par contre du baudet ça y’avait, du vrai baudet Poitevin avec des touffes qui ressemblerait à un lépreux et pis du qui pu sec en plus.
La négociation fût ardue avec un fermier du coin pour qu’il lui cède un âne un peu vieux mais encore vigoureux, le poil luisant un corps d’athlète et l’œil vif.. nan j’déconne. Il était plutôt du genre niais.. Un vrai Jason ce baudet. Ainsi ce fût le sacre de l’âne Jason.


[A dada sur mon baudet]

Autant vous dire que ce fût long, très long. Les méthodes employées furent nombreuses très nombreuses.. Notons par ailleurs que le mythe du bâton et de la carotte ben c’est un mythe justement. Aucun effet sur un Jason c’est moi qui vous l’dis.

Le Maine ahh le maine, bizarrement le Jason avait l’air de se sentir bien dans ce Comté puisqu’il avait accéléré le pas comme s’il était sûr de trouver un ami à lui dans le coin. Il restait donc à trouver la clairière ou était censée se passer la cérémonie d’intronisation, clairière qui avait dû être éclairée car la nuit tombait et on n’allait plus rien y voir dans quelques heures.
L’écuyer avait croisé du monde sur les chemins avironnant, s’étonnant de voir un licorneux au mantel gris, tirant une gueule d’enterrement vu qu’il venait de passer une bonne semaine à se péter l’cul sur un baudet qui se décidait seulement à se le bouger (son cul) une fois qu’ils étaient presque arrivés.
Pis faut dire, un écuyer sur un âne, son espadon dans le dos, devant lui un énorme sac en toile aux formes plutôt étranges du fait de ce qu’il contenait et bouffant une carotte dont l’âne n’avait pas voulu ça doit laisser perplexe.
Mais bon il avait eu les indications qu’il voulait, la clairière se trouvait un peu plus loin et il pouvait déjà voir d’ici que les feuillages au loin laissaient apparaitre un peu de bleu du ciel, signe qui en prouvait l'existence.
Bien entendu cela ne semblait pas être la direction souhaitée par le baudet qui faisait des siennes, à croire que son ami imaginaire (ou pas) ne se trouvait pas en direction du campement. Eragon sauta à terre et se plaça devant l’animal avec un air sévère et leva les mains au ciel.


Mais p***** t’es con mon Jason nom de nom !

Il tira donc le baudet par une corde improvisé lors de l’une des nombreuses fois ou l’animal n’avait pas voulu avancer jusqu’à l’entrée du campement ou quelques gardes et membres de la Licorne contrôlaient les arrivées.

Il attacha Jason près des autres avec un regard de désolation en voyant qu’il n’y avait que des équidés.


Ben mon vieux ya pas un seul baudet, t'auras pas de potes.. t'façon pas de regrets c'est que des têtes de mules.. Rohh ça va le jeu de mot était pourri je sais..

Il profita de l’ombre qu’il lui apportait pour se dévêtir de ses habits de voyage, il se devait de bien présenter pour cette cérémonie un peu spéciale. Il enfile des braies marrons en laine, en chemise de même, remit les mêmes bottes et enfonça enfin son chapeau sur la tête. Nul besoin de doublet, il avait tout ce qu’il fallait dans son sac, qu’il prit à la main. Enfin il passa le baudrier qui tenait son espadon dont il s’était fait au poids et un peu au maniement depuis sa propre intronisation.
Il était prêt, et passa donc sans problème l’entrée éclairée par quelques torches.. signe de tête d’usage pour ses frères et sœurs qui étaient de garde, ce qui changeait de Ryes ou s’était lui qui tenait ce rôle en général.

Et là il entra.

Un majestueux paysage s’offrait à lui. La clairière de forme circulaire était entourée de torche qui faisait qu’on se croyait emprisonné par un cercle de feu.. Le cercle de la Licorne. Une estrade avait été mise en place, là ou trônait le Haut Conseil et ou déjà Nith et la Maitre de Guerre étaient présents. Déjà beaucoup de ses frères et sœurs étaient arrivés et les bancs se garnissaient au fur et à mesure. La disposition était similaire à celle de sa propre intronisation puisque des bancs étaient installés respectivement pour chaque grade, les plus éloignés étant les Hommes d’Armes et les plus proches les Chevaliers non membres du Haut Conseil.

Signe de tête a Boucanier et Ciaram quand il passa devant eux, ils se débrouillaient très bien au poste de garde et Eragon était fier d’eux.

Bon, mais dans tout ça il était heureux puisqu’une certaine Errante devait être présente dans l’assemblée, il jeta un regard au rang de ceux-ci et ne fût pas long à reconnaitre son chignon significatif. Il avait retrouvé son sourire et était maintenant plutôt d’humeur à titiller le sérieux de la belle. Il s’enfila donc dans la rangée correspondante aux écuyers et se plaça juste derrière la brune (si tu te reconnais pas c’est que c’est pas derrière toi) en veillant à être le plus discret possible. Il posa lourdement son sac au sol sans en dévoiler le contenu et s’installa confortablement.

Il était maintenant prêt à l’embêter, il chercha quelques instants un moyen de le faire ce qui ne fût pas long et mit son plan a exécution. Il donna un léger coup de botte dans les pieds de l’errante de devant et prit un air désolé, se penchant vers l’avant en s’excusant.


Désolé Sœur Alethea, je ne voulais pas vous importuner. Ma botte a glissé, je m’en excuse.

Il s’était suffisamment excusé, l’avait vouvoyée.. Il était plutôt satisfait de son coup.
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Guilhem_de_vergy
[Beaumont]

Allez grouille-toi, j'suis attendu!

Le regard noir du jeune Comte vers le palefrenier qui traine par la longe le cheval comtale... Ce dernier refusant visiblement de le suivre... Profond soupire de Guilhem qui s'avance vers eux et se saisit des rennes...D'un signe de tête il congédie l'incapable, de la main ordonne à un serviteur de l'aider à monter sur le canasson... Seul c'est un poil difficile de grimper avec tout un armement sur soit... Bah ouais... Avec ce qu'il avait vécu dans sa jeunesse, il ne voyageait jamais sans au moins deux ou trois armes dissimulé sur lui... Enfin...

Le jeune comte sort de son castel, partant à la rencontre de la silhouette qui semble l'attendre... Alethea... Ils s'étaient croisé furtivement dans le grand château du conseil... Cette dernière faisant part au premier qu'elle se posait encore des questions sur le lieux exact où on leurs avait tous demandé de venir... Guilhem répondant du tac au tac en bombant le torse qu'étant né dans la région, il connaissait celle-ci comme sa poche... Mauvaise idée de sa part, cela faisait une quinzaine d'année qu'il n'avais pas parcouru les contrées Mainoise comme il l'avais fait dans sa jeunesse avec sa demi-soeur... Enfin le mal était fait, et les Vergy n'ont qu'une seule parole...

Indiquant de la main la direction que semblait prendre la seule route face à eux, il talonna son cheval, faisant signe à l'Errante de le suivre...


Par là... Et tâche de ne pas t'éloigner de moi, ou tu risquerais de te perdre...



[Promenons-nous dans les bois, pendant que le HC n'y est pas...]

Et voilà... Il aurait mieux fait de se la fermer une fois de plus... Fait gaffe de pas te perdre qu'il lui avais dit... Tu parles... C'était à lui qu'il fallait qu'il le dise... Légère moue en direction d'Alethea complètement dépitée d'avoir suivit le De Vergy... Regard de ce dernier tout autour de lui, cherchant un moyen de se situer dans cette maudite foret... Mais nan, rien... Il avait fallut qu'il sorte des sentiers battus... Ouais par là... Y'a un raccourci... Ouais... Un raccourci vers une mort certaine... Fallait bien qu'il se fasse une raison... Le Maine a changé depuis son départ... Et pas forcement en bien au vue des ronces qui poussent de tout les côtés...

Bon...J'ai une idée... On vas se poser là... Attendre un peu le temps que de la mousse nous pousse sur un coté de nos jambes... Ça nous indiquera le nord, et à partir de là on pourra retrouver notre chemin...

Visiblement l'idée n'a pas l'air de plaire à l'Errante... Qui viens se cogner la tête sur l'encolure du cheval... Ouais là, la pauvre, elle touche le fond... Elle aurait vraiment mieux fait de se péter un bras le jour où elle avais demandé à Guilhem de la guider... Ou alors mieux fait de choisir l'aveugle qui faisait l'aumône à l'entrée du château... Au moins lui se serais peut-être mieux débrouillé...

Chut!

Le mot avait été lancé comme ça, sans aucune raison puisque personne hormis lui ne parlais... Les yeux du jeune Comte scrutent les buissons droit devant lui, cherchant d'où pouvais bien venir le bruit que lui seul avait entendu... D'un coup il tourne la tête sur sa dextre, lançant aussi fort qu'il le pouvais un...

Ecureuil!

Et le voilà qu'il talonne son cheval pour qu'il prenne la direction de ce soit-disant écureuil... Pourquoi? Aucune idée... Faudrait que quelqu'un se dévoue pour demander ça au principal intéressé... Parce que là...Moi... J'suis largué...

Et c'est donc la petite troupe (oui à deux c'est une petite troupe... A un c'est une mini troupe...) qui galope tant bien que mal au milieu des arbres, des fougères et des... Ah tiens c'était quoi ce truc? *Haussement du sourcil du narrateur* T'façon on s'en fout et j'suis pas botaniste... Donc par chance, et on ne sais comment, il finisse par retomber sur le chemin tout tracé, qui partait en direction de la clairière... Qui soit-disant était bien indiqué, avec tous les flambeaux qu'on pouvais y trouver... Enfin on va dire pour la défense de Guilhem que la végétation elle est dense (et non pas elle danche...)...

Au fur et à mesure que les deux compères se rapproche de la clairière, le sourire sur le visage du Comte se fait de plus en plus grand... Ce dernier ne pouvant s'empêcher de lâcher un beau...


Tu vois, j't'avais bien dit que je connaissait un raccourci...

Grognement d'Alethea qui s'éloigne de lui, lui jetant un dernier regard avant qu'elle ne prenne place dans les rangs... Guilhem l'imitant une fois le canasson solidement attaché pour éviter toute fuite... Hésitant à prendre place à coté de l'Errante,puis y renonçant finalement pour s'asseoir quelques places plus loin, au moins ça évitera toute les baffes qui s'étaient perdues en route...

Signe de tête aux présents... Il tente de passer entre les rangs à coup de « Poussez vous, excusez moi... Poussez-moi, excusez-vous... »... Et une fois assis, part dans sa torpeur habituelle, au moins comme ça, ça lui évitais de devoir discuter de tout et n'importe quoi, avec n'importe qui...

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Fool.deboishardy
Lodève plusieurs jours avant

Fool était allongé sur le lit de l'hospital de campagne. Sous les bandages, la douleur lancinante et les démangeaisons, ainsi que les râles de ses camarades blessés étaient ses compagnes. Du seul œil émergeant des chiffons faisant office de compresse, il fixait le plafond. C’était la première fois qu’il se retrouvait blessé. Durant toutes ses campagnes, il lui avait été épargné cette épreuve. Et plus que la douleur barrant son visage, sa fierté mise à mal était la perte qu’il percevait au plus profond de soi. Il fallait bien ça, se disait-il, dans ses moments de lucidité pour réapprendre l’humilité.

De plus en plus l’ambiance lui pesait. Il fallait qu’il quitte cet endroit où il risquait de perdre la tête à se morfondre sans cesse. Il se sentait assez valide et contre l’avis du médecin chef, il quitta l’hospital de campagne. Il fallait s’éloigner de la ville, il réfléchit à la longueur du voyage et à ses risques. Mais il décida malgré tout de braver sa volonté et les brigands pour monter dans le maine pour faire honneur à la cérémonie qui s’y déroulerait dans quelques semaines.

Encore faible mais voyageant à cheval, parfois accompagné de compagnons de fortune trouvés à l’auberge précédente, mais souvent seul, il réduisit les lieux le séparant de son but. La douleur était moins présente les démangeaisons d’abord intenables s’atténuèrent à leur tour. Il savait qu’il avait certainement perdu son jeune visage mais son second œil était sauf, c’est qui importait.
Il n’avait pas osé se mirer pour regarder les ravages de la lame qui avait labouré son visage. Pourtant parfois sur sa monture, perdu dans ses pensées il se surprenait à caresser la cicatrice.


Le maine le jour J

Enfin il approcha de la clairière désignée, il croisa certaines têtes connues à la forteresse de Ryes. Et un peu abruti par ce long voyage, il se laissa guider par la foule présente. Apercevant le groupe des hommes d’armes de l’ordre, il se dirigea vers eux pour prendre sa place silencieusement.
Rems
[A l'entrée Principale, au sud]

Foutredieu, ma Louve, il y a plus de monde céans que pour envahir Le Mans... souffla Rems à Alfgard qui rajustait son mantel après que Soeur Marie en ait poliment refusé l'usage pour son séant soumis à rude épreuve.

Le Nîmois était fort satisfait de ce poste de factionnaire. En moins de temps qu'il ne faut pour en réver, il avait vu la fine fleur de l'Ordre s'approcher de l'estrade et une bonne partie de ses herbes vives se disposer en un parterre au pied d'icelle.

Trève d'images fleuries, il ne fallait pas relâcher son attention. Tout faciès inconnu devait faire l'objet d'un questionnement sommaire, courtois et précis, en un mot comme en cent, efficace :


Puis-je m'enquérir de votre nom ?

Lequel nom était, à portée de voix de l'entrant, immédiatement et discrètement recherché par Alfie dans la liste des foutriquets indésirables qu'elle remisait par devers elle. D'une moue rassurante, parfois assortie d'un clin d'oeil délicatement appuyé d'un sourire - Rems se merveillait sans cesse de la souplesse de Son visage - Alfgard lui signifiait que l'entrant pouvait entrer.

La bienveillance de Saint Peaurtique semblait sans limite car aucun trouble-fête ne s'était présenté. L'écrin de verdure apprêté pour la cérémonie s'emplissait progressivement dans le faux calme du bruissement de la vie humaine sobrement étouffé par la forêt, celle-ci tentant sans doute de donner aux hommes ce supplément de sagesse qui leur fait souvent défaut.

Après l'arrivée de la lance Lavaloise, avaient paru moults Hommes d'Armes, permettant à Rems de mettre une tête sur des noms qu'il n'avait que lus auparavant.
Puisse Saint Tibéhaime m'aider à me rappeler de tous ces patronymes, pensait-il, lorsque, il en fut accertené, la lumière des chandelles qui illuminaient la clairière brilla un instant plus fort. Rems se retourna pour vérifier ce dont il se doutait déja : Il était arrivé. Incandescent de sagesse et de bonté, mais en mieux, Il avançait vers l'entrée, aidé en celà par Sa démarche, miracle de rotules hors du commun, à la fois souple, puissante et tranquille. Lui rendant son sourire, Rems s'effaça et Le Sublissime s'en alla incandescendre parmi ses pairs.

Le Nîmois se remit difficilement de cette apparition et reprit sa tâche tout en se demandant : mais combien va-t-il encore en arriver ?

Devant la force simple et dense qui se dégageait de la clairière au fur et à mesure de son peuplement, Rems, pourtant naturellement peu enclin à jouer les falourdeurs, bomba un brin le torse, fier d'appartenir - et le mot prenait tout son sens - à la Licorne.
Berenice_de_jeneffe
Dans la clairière - vers l'entrée sud

Il y a des moments où la raison cède à l'imagination et où l'esprit s'envole dans des rêves utopiques qui vous bercent malgré tout le coeur, même s'ils devraient être eux-mêmes bercés de raillerie. Parce que chacun comble sa solitude à sa manière et parce qu'on a tellement peur de la réaction des autres, qu'on ose aller les voir et confier ce qu'on a sur le palpitant. Elle n'échappe pas à la règle, la demoiselle de Jeneffe, d'autant que l'atmosphère, sobre, solennelle et tellement mystérieuse des lieux encourage l'évasion mentale.
C'est alors une petite main toute frêle et tremblante qui s'accroche à une plus large, plus rassurante. Plus paternelle. Poigne virile et ferme qui entoure pourtant avec une douceur incomparable sa benjamine et qui partage avec elle une partie de son sang. C'est alors aussi une fine silhouette encore infantile qui cherche à se blottir et à se cacher contre une masse imposante, vêtue de ses plus beaux atours, ceux rappelant son attachement à cet Ordre, qui offrira sous peu, une cérémonie d'intronisation, non seulement aux siens, mais également à ceux qui lui sont extérieurs. L'homme et l'enfant. L'homme et cette enfant issue de lui-même qu'il ne pensait pas avoir un jour, reflet de lui-même en plus petit, en plus beaucoup plus fragile aussi, nouvelle responsabilité non négligeable s'ajoutant aux nombreuses qui pèsent déjà sur ses larges épaules. Enfin, c'est un regard à la fois bleu et vert, piqué de timidité et d'admiration sans borne qui se lève à la recherche d'un regard azur flamboyant et qui s'égare un instant sur son collier si brillant. « Ne me laisse pas, s'il te plait, Père. Pas encore. Tu iras après. Explique moi tout ça, explique moi la Licorne. Est-ce que moi aussi je deviendrais comme toi un jour? Tu m'apprendras, dis? S'il te plait... ». Les promesses silencieuses planent dans l'air intime qui les entoure. Mais il n'y a pas de réponse qui sorte de ces lèvres entourées d'une moustache et d'une barbe soignées, lèvres arborant un sourire à la fois figé et bienveillant, lèvres d'un fantôme du passé qui n'a que peu de chance de revenir un jour. Elle s'efface d'ailleurs, l'apparition mentale du géniteur manquant, doucement, lentement, processus n'ayant pour autre but que de se moquer d'elle.


- Père...
Sursaut de surprise. A-t-elle parlé tout haut? Et est-ce elle qui a parlé? De peur, elle se retourne, examine les alentours et les gens déjà présents. Appréhension d'avoir été entendue, si tant est qu'elle ai vraiment appelé le Chevalier de Jeneffe. Angoisse de devoir être jugée. La folie était l'apanage de la Rose. Mais la jeune fille est encore loin de se poser la question de savoir si là aussi, l'aliénation sera un héritage maternel au même titre que les deux couronnes qui constitueront sa dote maritale. Machinalement, elle se détourne encore, s'isolant un peu plus, volontairement. Peut-être pour pouvoir s'immerger, à l'ombre d'une torche vacillante, de nouveau dans des limbes fantomatiques sécurisantes? Il y a tant de questions qui se bousculent, tant d'envies aussi, pour la plupart frustrées par un vieux précepteur coincé. Elle veut. Elle voudrait. Est-ce possible? Impossible? Et si... et si... et si... Tant d'éléments sont déjà posés, fixés telles les grandes pierres sans âge de la forteresse licorneuse qui n'ont pas bougé depuis, des années? Des siècles? Bref, depuis tant de temps et qui, imperturbables, le seront peut-être encore pour autant de temps, si ce n'est plus. Il y a des choses qu'on ne peut changer, malgré toute sa bonne volonté. Pourtant, on s'évertue à croire le contraire, parce que souvent, ce sont les aspirations, même les plus irréalisables, qui vous poussent en avant. Et on garde tout cela pour soi, par peur d'oser affronter le regard d'autrui. Une partie de son histoire est déjà écrite, du moins dans ses plus grandes lignes, tant une jeune servante dévouée s'évertue à la maintenir au plus loin de la réalité de certaines choses qui auraient de quoi effrayer une jeune lionne qui l'est déjà de toute façon même si elle refusera de le reconnaître expressément.

Étrange chemin que celui qu'elle a décidé d'emprunter, envers et contre tous, car là n'est pas vraiment la place d'une jeune fille bien née et destinée à servir des intérêts familiaux. Mais ne peut-on pas tout concilier? Ce n'est pas ce dernier point qu'elle escompte prouver, mais plutôt le fait qu'elle puisse se passer de tout et de tout le monde. Ou presque, car on ne peut pas vraiment se passer du reste de l'humanité. L'être humain n'est pas fait pour être seul et ne peut se construire seul, même enfermé dans la cellule d'un monastère renfermé pour la gloire d'un dieu que personne ne verra, accessoirement... jamais. Fin, chacun son truc. Mais il n'est pas si facile de se faire une place parmi les autres, surtout lorsqu'on ose les aborder. Elle a appris à paraître, la jeune héritière puisque la société n'est fondée que sur des apparences, donc ça ne devrait pas être difficile. Mais c'est fatigant de toujours paraître, surtout lorsqu'il reste encore au fond d'elle, cette part enfantine qui pétille de naturel et qui ne se pose pas de question. Elle est à la fois adulte et encore terriblement enfant, voguant entre l'un et l'autre sans s'en rendre compte. Envie d'être le premier, mais se plaire dans le second. C'est bien dur de grandir, mais c'est en grandissant que l'on peut espérer réaliser certaines de ses aspirations. C'est qu'un chevalier en couche culotte, il ne doit pas vraiment y en avoir des masses, voire même pas du tout. Ah ce qu'il ne faut donc pas faire pour espérer devenir un Chevalier à l'image de son paternel! Et encore, la donzelle n'a pas pris totalement conscience de son engagement en tant qu'écuyer personnel. Nul doute qu'un Perplexe, qui aurait mieux fait de jouer à la tarentelle avec un mur, saura lui ouvrir les yeux. Mais en cela, c'est de bien toutes autres histoires quoiqu'il en soit.

Alors en attendant, on reste dans son coin, emmitouflée dans une cape raisonnablement épaisse pour la saison et on attend. Sagement...

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Bérénice Elisae Albane de Jeneffe Riddermark
Baronne de Calmont de Plancatge
Damoiselle de Lorgie
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