Umiko
La fin du banquet, le début de la première nuit quelle partagerait avec son époux. Arrivée dans la chambre, Umiko ne put sempêcher de penser que cétait là, le lieu où
Alors quelle suivait la camériste, Phelipe à sa suite, elle navait pas prononcé un mot. Fatiguée, sa voix laurait certainement trahie et, si elle était seulement amenée à évoquer ce qui la préoccupait, elle préférait que ce soit le cas en comité très restreint, juste elle et son époux. Une fois arrivée dans la chambre, elle se rendit dans une pièce attenante à la chambre, où la camériste défit les tresses et les maints lacets de la robe de mariée dUmiko. Lorsquelle considéra quelle naurait plus besoin daide pour finir de se dévêtir, Umiko remercia la camériste et lautorisa à aller se reposer.
Une fois seule, elle eut un petit soupir en regardant la baignoire remplie deau tiède préparée à son intention, y entra doucement et effaça les traces de ce qui sétait passé quelques heures auparavant. Si son corps était tout à cette tâche puis à celle de se sécher et de passer sa chemise de nuit, son esprit lui se remémorait certains passages à propos du mariage.
Citation:Le mariage est indispensable à l'amour incarné, car il fonde une communauté de vie qui débouchera sur la mise au monde d'enfants et la fondation d'une famille, afin de rendre présente la fécondité de l'amour. C'est un engagement ferme et fort, dans lequel les époux se promettent de lutter ensemble contre les germes de haine et de désordre, par delà les difficultés de la vie quotidienne.
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La sexualité est le moyen choisi par Dieu pour rendre présente sur terre la fécondité de l'amour, pour assurer la fondation d'une famille unie et pour souder par les gestes intimes l'affection des époux.
Cette sexualité ordonnée ne doit pas aboutir à des dérèglements ou la satisfaction bestiale des sens prendrait le pas sur la volonté d'exprimer l'amour commun et de le transmettre à une possible descendance. Le premier but du mariage reste donc de participer à la création divine par la mise au monde d'enfants. Contrevenir à cela serait saper les fondements mêmes de l'amitié aristotélicienne dans le mariage.
Il leur fallait désormais, à Phelipe et elle, concevoir un enfant (au moins). Nétait-ce pas le plus grand devoir dune épouse ? Mais
serait-ce toujours ainsi ? Des sensations plaisantes suivies dune autre
beaucoup moins plaisante ? Que ne sétait-elle renseignée avant... Mais si les femmes pouvaient également tomber dans la luxure, cest quil devait bien être possible déprouver du plaisir à un point que cela rendait la douleur négligeable, non ? Hum
pas forcément très réconfortante comme pensée.
Et il y avait ce silence pesant qui les avait accompagnés jusquà la chambre. Avant ce jour, elle navait pas souvenir dune fois où le silence avait été pesant en présence de lhomme qui était désormais son époux. Cela resterait-il ainsi ? Si elle avait accepté en son âme et conscience dépouser Phelipe, ce nétait certes pas pour que leur mariage et les devoirs qui laccompagnaient fassent obstacle à lamitié et la complicité quils avaient développée ces derniers temps. Une petite voix dans son esprit lui disait quelle devait être au moins en partie (si ce nétait totalement) responsable dudit silence. A force dêtre troublée par ce qui était arrivé, Phelipe avait certainement ressenti quelle nétait présentement pas vraiment dans son état normal
Gifle mentale, sursaut de conscience : « Voyons Umiko, ressaisis-toi un peu. Vas-tu rester passive face à la situation présente ? Bon, tout ne sest pas passé comme tu pouvais lespérer, et alors ? Est-ce une raison pour laisser sinstaller un certain malaise entre toi et Phelipe ? Non ? Alors agis en conséquence. »
Cette pensée simposa à son esprit alors quelle finissait de brosser sa longue chevelure miel qui gardait par-ci par-là quelques mèches plus ondulées que dautres, traces des tresses qui les avaient maintenus ensembles la journée durant. Respirer profondément
Un coup dil dans un petit miroir, le soulagement de voir le reflet dun regard qui lui correspondait plus que celui quelle devait avoir lorsquelle était entrée dans la pièce, il était grand temps daller retrouver Phelipe.
Et il était là, son ami, son époux, désormais son amant. Lui aussi avait apparemment quelque chose qui lui occupait lesprit et le fait quil ne la regarda pas dans les yeux lorsquelle entra dans la chambre
-« Mon ami, si vous le voulez bien, jaimerais que nous discutions un moment
sans artifices ni pudeur. Nous avons uni nos vies aujourdhui alors oui notre relation devra évoluer en conséquence, mais je refuse quun quelconque malaise sinstalle entre nous ou que nous cessions de deviser comme avant, en toute franchise. Aussi, je vous propose de me dire ce qui vous préoccupe ou me demander ce que vous voulez et jen ferai de même. Quen pensez-vous ? »Alors quelle parlait, elle sétait approchée de lui, rivant son regard dans le sien et attendant sa réponse._________________
Phelipe
Elle était partie prendre un bain dans une pièce voisine. A cette époque de lannée, lhumidité dégagée par les bacs deau chaude était néfaste à la santé. Lair se chargeait de vapeur pour ensuite se loger dans les tissus et les matelas de la chambre. Aussi encore pour quelques mois, se lavait-on dans la salle exposée plein sud, au premier étage du château. Lui sétait contenté de se nettoyer rapidement, à leau juste tiède, et il flânait maintenant autour de la couche conjugale, laissant ses gestes lents et mous lui faire gagner du temps, patientant pour le retour de sa femme. Il sétait mit en tenue de nuit, mais ne voulait se coucher avant quelle ne revienne. Sil sallongeait maintenant, il noserait plus faire un mouvement en sa direction. Sil restait debout, elle pourrait prendre peur, se sentant tel une proie piégée par son prédateur jamais rassasié.
Non, la meilleure solution était encore de faire mine dêtre tout juste prêt à se coucher au moment où elle franchirait le seuil de la chambre. Cest tandis quil sarrangeait machinalement les boutons de la manche de son chemisier quil revint enfin. Elle semblait un peu plus vivante que lheure passée. Leau avait ce pouvoir de purifier tant le corps que le cur.
Mais il neut pas le loisir de disserter plus longtemps sur les vertus thérapeutique des liquides sur lorganisme. Umiko avait déjà entamé la conversation.
Citation: -« Mon ami, si vous le voulez bien, jaimerais que nous discutions un moment
sans artifices ni pudeur. Nous avons uni nos vies aujourdhui alors oui notre relation devra évoluer en conséquence, mais je refuse quun quelconque malaise sinstalle entre nous ou que nous cessions de deviser comme avant, en toute franchise. Aussi, je vous propose de me dire ce qui vous préoccupe ou me demander ce que vous voulez et jen ferai de même. Quen pensez-vous ? »
Sans artifice ni pudeur ? Les mots étaient justes.-« Lesprit contrôle-t-il toujours le corps ? Suis-je habité du péché ? Ou nos religieux sont-ils juste méconnaissant, frustrés et inapte à comprendre certaines choses ? Vous fait-je peur ? »Sa voix était mal assurée, et il s'assit, afin que nul ne voit ses articulations trembler. Un vieux démon du passé s'était réveillé aujourd'hui, un démon qui sentait l'alcool et les femmes. _________________
Umiko
Citation:-« Lesprit contrôle-t-il toujours le corps ? Suis-je habité du péché ? Ou nos religieux sont-ils juste méconnaissant, frustrés et inapte à comprendre certaines choses ? Vous fait-je peur ? »
Peur ? Non, elle navait pas eu peur
Elle sen voulait plutôt à elle-même.
Habité du péché ? Comment pourrait-elle le juger ? Elle ne lavait pas connu pendant la période où il avait goûté à la chair et au vin, apparemment plus que de raison. Lhomme quelle avait appris à connaître et à apprécier nétait en rien habité du péché pour elle. Et puis ils navaient pas abordé cet aspect du passé de Phelipe pendant leurs discussions passées. Cétait un pan de sa vie quil avait choisi de tourner aussi avait-elle fait le choix de respecter sa volonté et de ne pas remuer les démons du passé.
Umiko nétait pas habituée à entendre une voix mal assurée sortir de la bouche de son époux. Le sujet quil venait daborder avait certainement de limportance pour lui, peut-être quil navait pas encore réussi à tourner totalement la page finalement
-« Si vous me faites peur ? Non, ce n'est pas le cas. Devrais-je craindre quoi que ce soit ? »
Elle sassit alors à côté de lui et posa une de ses mains sur les siennes tandis que son regard ne lâchait pas le sien. La vérité, voilà tout ce quelle pouvait lui donner, et peut-être quexprimer ce quelle ressentait à voix haute laiderait elle aussi à y voir plus clair.
-«Mais je ne vous mentirai pas en vous disant que lalcôve dans laquelle nous a enfermé votre mère était lendroit auquel je rêvais
Elle a sciemment réuni des tentations de votre passé et je ne puis me mettre à votre place et comprendre ce que vous ressentiez alors. Toutefois il est certain que jai ma part de responsabilité. »
Elle ajouta plus bas, presque dans un murmure.
-« Auriez-vous préféré que je vous repousse ? Vous me demandez si lesprit contrôle toujours le corps ? Mais si lesprit est indécis ? Une partie de moi aurait préféré attendre le moment que nous vivons actuellement, seuls dans notre chambre, mais une autre partie
*elle rougit alors et détourna un instant son regard* souhaitait que vous continuiez. Cest pour cela que jétais troublée, je
*Elle prit une inspiration et le regarda alors de nouveau.* Vous mavez fait découvrir des sensations qui métaient jusque là inconnues et mon indécision ainsi que... ma réaction ensuite mont surprise. Je ne me connaissais pas ainsi. Et puis
(sur la fin
), elle baissa alors le regard, je ne peux mempêcher de penser que vous avez certainement été déçu et que jai dû vous sembler bien maladroite. »
Elle se tut alors, un peu gênée par ce qu'elle venait de dire.
Umiko
Phelipe a écrit:-« Je crois que nos enfants gagnerons à naître dun plaisir plus que dun moyen, et certainement que notre relation conjugale ny sera point perdante
Mais nayez crainte Umiko, le temps ne nous fait défaut.»
Ainsi elle ne sétait pas trompée, son époux avait connu
mieux comme relation. Cela nétait pas très étonnant aussi, considérant la sulfureuse réputation quil sétait forgé par le passé. Et de toute façon, elle, à côté, totalement inexpérimentée, comment, par Aristote, aurait-elle pu le combler tout en lui offrant sa défloraison ? Et puis
-« Mon cher et tendre époux, il est peut-être un peu tôt pour me qualifier dépouse exemplaire alors que cela fait moins dune journée que nous sommes unis, » dit-elle avec un petit rire. « Non, je ne suis quune simple femme qui pense que si la relation quelle partage avec lhomme qui est devenu son époux peut sépanouir jusque dans les moments les plus intimes quils partageront, cela ne pourrait être que bénéfique. Nous avons bien évidemment des devoirs à remplir, aussi, autant le faire de bon gré et avec plaisir si cela est possible, vous nêtes pas daccord ? »
Elle se leva alors, fit face à Phelipe et ajouta, sur un ton taquin :
-« Désormais, mon doux seigneur, je men remets entièrement entre vos mains
expertes. Si vous daignez menseigner votre art, ne doutez pas que je serai votre élève la plus assidue. »
Sur ces paroles, elle lui fit une révérence moqueuse, sans le lâcher des yeux.