Edern
Dans les prisons du Maine, y'avait un prisonnier...
Alors qu'on bavarde à l'étage, le Fou fredonne un petit air pour lui-même. Trois jours, trois nuits, qu'importe. Il n'a pas dormi encore, d'où ces rides légères qui ceignent ses paupières. Le regard dans le feu, il ne voit pas les pierres qui tentent de le retenir prisonnier, ne ressent même pas ses propres gestes pour porter des miettes de pain et des gouttes d'eau à sa bouche. Il est dehors. Loin des extases sereines, il parcourt des chemins douteux. Où les lignes se croisent et se mêlent... perdre le fil ? Cela mécontenterait Ariane... mais... pourquoi sortir ? Pourquoi ne pas rester ? Ah, ce pourquoi...
Elle est là.
Il détache ses prunelles de la lueur de la torche. Elles en gardent une trace brûlante qui colore la pièce de rouge avant de disparaître dans l'ombre.
Personne ne le vint voir, que la fille folle à lier...
Viens... viens que je te lie. Que nous nous liions. Rugis tant que tu veux contre ces filets que tu as aimé tisser. Tous les nuds ne se tranchent pas.
Viens... viens que je te lie comme dans un livre ouvert. Laisse-toi l'espérance des pages blanches, laisse-moi les tourner et dans leur ancre me fixer.
Il y a quelque chose entre nous...
Si peu, si peu...
Tu en as trop dit, ou pas assez...
Que furent ces trois cent mille secondes pour toi, Pivoine ?
Le calvaire de l'absence, la joie de la présence, oui, que dit ton cur ? Bonheur ou malheur ?
Le Fou plonge ses yeux dans le vert océan qui s'offre héroïquement à eux. Glaz...
Tout ce que les mots ont fait de poèmes,
Rien que les vents de folie ne maîtrisent,
Car ils brisent...
Car ils sèment...
Penchement de tête d'un côté, puis de l'autre. Il tend la main droite jusqu'aux tiges de métal qui retiennent leurs deux corps, en caresse la verticalité d'un doigt.
Les baisers traversent-ils l'acier ?
Amusant... il y a aussi ces barreaux... pour votre sécurité, probablement... la mienne... la leur...
Ses lèvres s'étirent en un sourire teinté de malice alors qu'il tend lentement la main gauche vers le parchemin et l'encre qu'elle a déposés sur ses genoux. Elle ne rencontre pas de résistance autre que les frottements engendrés par l'exiguïté du passage entre les barreaux. Il installe l'ensemble devant lui, débouche le flacon d'encre avec une dextérité qui lui est depuis longtemps coutumière. Mais... n'oublie-t-il pas le plus important ?
Une seule plume vous manque, et tout est dé... plumé. Tsss.
Alors il lui demande...
Le regard brun quitte les émeraudes pour vagabonder le long de l'habit qui recouvre la chair d'une licorne meurtrie, s'attardant ici sur une poche, là sur un doublet. Pivoine, je ne la reprends pas... prête-la-moi le temps d'une lettre. Elle sait, elle comprend, elle accepte et bientôt les doigts du Fou se parent d'une plume noire. Ainsi armé, il semble se concentrer un instant. Un furtif froncement de sourcils, et la plume s'agite en une gigue endiablée. De haut en bas, et de droite à gauche...
Je sais que vous préférez marchander ce qui compte, pourtant...
Il inscrit un point final en une impertinente goutte d'encre dont le récipient est refermé et rendu à sa temporaire propriétaire.
... j'aimerais pouvoir vous faire confiance pour envoyer ce message...
Il jette la plume dans les airs, souffle pour la faire monter, monter, jusqu'à ce qu'entre les troncs métalliques elle se pose sur une fleur aux pétales de sang.
... au petit village de...
Il passe une dernière fois en revue les lignes encore fraîches, roule le parchemin et le tend à sa bienfaitrice. Il n'est pas scellé, évidemment...
Alors qu'on bavarde à l'étage, le Fou fredonne un petit air pour lui-même. Trois jours, trois nuits, qu'importe. Il n'a pas dormi encore, d'où ces rides légères qui ceignent ses paupières. Le regard dans le feu, il ne voit pas les pierres qui tentent de le retenir prisonnier, ne ressent même pas ses propres gestes pour porter des miettes de pain et des gouttes d'eau à sa bouche. Il est dehors. Loin des extases sereines, il parcourt des chemins douteux. Où les lignes se croisent et se mêlent... perdre le fil ? Cela mécontenterait Ariane... mais... pourquoi sortir ? Pourquoi ne pas rester ? Ah, ce pourquoi...
Elle est là.
Il détache ses prunelles de la lueur de la torche. Elles en gardent une trace brûlante qui colore la pièce de rouge avant de disparaître dans l'ombre.
Personne ne le vint voir, que la fille folle à lier...
Viens... viens que je te lie. Que nous nous liions. Rugis tant que tu veux contre ces filets que tu as aimé tisser. Tous les nuds ne se tranchent pas.
Viens... viens que je te lie comme dans un livre ouvert. Laisse-toi l'espérance des pages blanches, laisse-moi les tourner et dans leur ancre me fixer.
Il y a quelque chose entre nous...
Si peu, si peu...
Tu en as trop dit, ou pas assez...
Que furent ces trois cent mille secondes pour toi, Pivoine ?
Le calvaire de l'absence, la joie de la présence, oui, que dit ton cur ? Bonheur ou malheur ?
Le Fou plonge ses yeux dans le vert océan qui s'offre héroïquement à eux. Glaz...
Tout ce que les mots ont fait de poèmes,
Rien que les vents de folie ne maîtrisent,
Car ils brisent...
Car ils sèment...
Penchement de tête d'un côté, puis de l'autre. Il tend la main droite jusqu'aux tiges de métal qui retiennent leurs deux corps, en caresse la verticalité d'un doigt.
Les baisers traversent-ils l'acier ?
Amusant... il y a aussi ces barreaux... pour votre sécurité, probablement... la mienne... la leur...
Ses lèvres s'étirent en un sourire teinté de malice alors qu'il tend lentement la main gauche vers le parchemin et l'encre qu'elle a déposés sur ses genoux. Elle ne rencontre pas de résistance autre que les frottements engendrés par l'exiguïté du passage entre les barreaux. Il installe l'ensemble devant lui, débouche le flacon d'encre avec une dextérité qui lui est depuis longtemps coutumière. Mais... n'oublie-t-il pas le plus important ?
Une seule plume vous manque, et tout est dé... plumé. Tsss.
Alors il lui demande...
Le regard brun quitte les émeraudes pour vagabonder le long de l'habit qui recouvre la chair d'une licorne meurtrie, s'attardant ici sur une poche, là sur un doublet. Pivoine, je ne la reprends pas... prête-la-moi le temps d'une lettre. Elle sait, elle comprend, elle accepte et bientôt les doigts du Fou se parent d'une plume noire. Ainsi armé, il semble se concentrer un instant. Un furtif froncement de sourcils, et la plume s'agite en une gigue endiablée. De haut en bas, et de droite à gauche...
Je sais que vous préférez marchander ce qui compte, pourtant...
Il inscrit un point final en une impertinente goutte d'encre dont le récipient est refermé et rendu à sa temporaire propriétaire.
... j'aimerais pouvoir vous faire confiance pour envoyer ce message...
Il jette la plume dans les airs, souffle pour la faire monter, monter, jusqu'à ce qu'entre les troncs métalliques elle se pose sur une fleur aux pétales de sang.
... au petit village de...
Il passe une dernière fois en revue les lignes encore fraîches, roule le parchemin et le tend à sa bienfaitrice. Il n'est pas scellé, évidemment...
Le Fou a écrit:
Manif rueisnom rehc,
Xuellievrem sap li-tse'n ednom el. Elbuod el siamroséd tnos sli'uq erdnerppa'd ivar zeres suov ; sénnortsalp snitnap siort étpomc zeiva suov, rum ud deip ua. Sioniam sima son ed setrom selullec sel snad euqsuj egnolorp es ecnadnopserroc erton, eiruengies enivegna ertov à simorp emmoc.
Siof eniahcorp al...
Uof El.
Xuellievrem sap li-tse'n ednom el. Elbuod el siamroséd tnos sli'uq erdnerppa'd ivar zeres suov ; sénnortsalp snitnap siort étpomc zeiva suov, rum ud deip ua. Sioniam sima son ed setrom selullec sel snad euqsuj egnolorp es ecnadnopserroc erton, eiruengies enivegna ertov à simorp emmoc.
Siof eniahcorp al...
Uof El.
... Gennes.
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