Istanga
Le Palais de la Découverte
Plantée devant la bâtisse, j'attends le verdict d'Ubik. La caravane est arrivée ce matin, précédée par deux gardes de Vitrolles. Je les avais complètement oubliés, ceux-là! Et, forcément, ça m'énerve et quand je suis énervée, je me débarrasse de la cause. Pas manu militari mais presque, je boute les deux oiseaux vers la Gascogne, où se trouve leur maître, mon cousin Samuel.
Nous sommes maintenant entre nous, et je regarde avec fierté tout mon petit monde, prêt à obéir au claquement de mes mains qui sont, au demeurant, très belles. Longues et fines, elles manient le rasoir avec élégance et douceur. Mais cela fait longtemps que je n'ai rasé quiconque. Il faut que je me refasse la main sur Robert Arctor ou bien sur Thot ou bien sur.....
Malédiction!
D'un seul homme, quatre têtes masculines se tournent vers moi, pétrifiées. D'un geste explicite de la main, je les délivre de leur peur et leur signifie d'aller voir ailleurs si j'y suis. Ils se retournent, ne me laissant que la vision de leurs dos obéissants.
Je viens de me rendre compte que je suis l'unique représentante de la gent féminine dans cette maisonnée et ça, ça ne va pas. Il me faut du froufrou et de la gaieté, des rires de gorge ridicules qui me permettent de me sentir supérieure. Pour le coup, je suis énervée et pas qu'un peu. Mais là, il m'est difficile de me débarrasser de la cause. Il me faut une péronnelle vive mais polie, qui sache coudre, cuisiner, faire le ménage, mais surtout, ouvrir la porte et supporter mon caractère. Il me faut une portière. Je note pour plus tard : mettre une annonce à la mairie. Mon aparté terminé, un claquement sec des mains ramène l'attention des quatre hommes sur moi.
Arctor, je vous verrai plus tard pour les travaux. Pour le moment, débrouillez-vous, et déballez tout à votre idée. J'ai des lettres à écrire.
Sans plus attendre, je traverse la maison et entre dans le jardin en friche, découvre un banc de pierre moussu et m'y installe avec mon écritoire portatif, cadeau de ma soeur. C'est d'ailleurs à elle que je vais adresser la première de mes lettres de Guyenne. Auparavant, je sors celle que j'ai reçue ce matin et la relis en souriant.
Plantée devant la bâtisse, j'attends le verdict d'Ubik. La caravane est arrivée ce matin, précédée par deux gardes de Vitrolles. Je les avais complètement oubliés, ceux-là! Et, forcément, ça m'énerve et quand je suis énervée, je me débarrasse de la cause. Pas manu militari mais presque, je boute les deux oiseaux vers la Gascogne, où se trouve leur maître, mon cousin Samuel.
Nous sommes maintenant entre nous, et je regarde avec fierté tout mon petit monde, prêt à obéir au claquement de mes mains qui sont, au demeurant, très belles. Longues et fines, elles manient le rasoir avec élégance et douceur. Mais cela fait longtemps que je n'ai rasé quiconque. Il faut que je me refasse la main sur Robert Arctor ou bien sur Thot ou bien sur.....
Malédiction!
D'un seul homme, quatre têtes masculines se tournent vers moi, pétrifiées. D'un geste explicite de la main, je les délivre de leur peur et leur signifie d'aller voir ailleurs si j'y suis. Ils se retournent, ne me laissant que la vision de leurs dos obéissants.
Je viens de me rendre compte que je suis l'unique représentante de la gent féminine dans cette maisonnée et ça, ça ne va pas. Il me faut du froufrou et de la gaieté, des rires de gorge ridicules qui me permettent de me sentir supérieure. Pour le coup, je suis énervée et pas qu'un peu. Mais là, il m'est difficile de me débarrasser de la cause. Il me faut une péronnelle vive mais polie, qui sache coudre, cuisiner, faire le ménage, mais surtout, ouvrir la porte et supporter mon caractère. Il me faut une portière. Je note pour plus tard : mettre une annonce à la mairie. Mon aparté terminé, un claquement sec des mains ramène l'attention des quatre hommes sur moi.
Arctor, je vous verrai plus tard pour les travaux. Pour le moment, débrouillez-vous, et déballez tout à votre idée. J'ai des lettres à écrire.
Sans plus attendre, je traverse la maison et entre dans le jardin en friche, découvre un banc de pierre moussu et m'y installe avec mon écritoire portatif, cadeau de ma soeur. C'est d'ailleurs à elle que je vais adresser la première de mes lettres de Guyenne. Auparavant, je sors celle que j'ai reçue ce matin et la relis en souriant.
Citation:
Mimizan, en face du port, le 11 juin au soir
Istanga,
Nous sommes bien arrivés à destination.
Ce matin, Enored nous a présenté notre future demeure. Au rez-de-chaussée, son auberge irlandaise dont je n'ai point encore retenu le nom. La batisse permet de loger toute la famille et nos alliés aux étages. Il va de soi qu'une place vous y est reservée pour toi et Darius lors de votre prochaine visite.
A moins que ce ne soit moi qui vienne en premier.
J'oscille toujours entre plusieurs idées entre lesquelles il me faudra faire un choix.
La Gascogne est une terre prometteuse. Les possibilités sont légion. Dois-je m'engager dans la vie publique ou est-ce le temps pour moi de me cantonner à la simplicité ? Cette dernière alternative m'ouvre la porte de la liberté et de la tranquillité d'esprit. Je laisserai le destin en décider, c'est à dire que je m'en remets entièrement à la succession des événements sans tenter d'en influencer le cours.
Cette option fataliste devrait plaire à Darius. Comment va-t-il au fait ?
Est- ce que votre installation à Montauban se déroule bien ? Que se passe-t-il dans ce duché qui t'a décidé à t'y établir ?
Je me réjouis d'avoir de tes nouvelles. Les autres aussi bien sûr mais je déplore de voir peu Samuel et notre irlandaise a son humeur des grands jours ... tous les jours.
Je mets ça sur le compte des effets de cette satanée guerre.
N'oublie pas que j'ai chez moi des denrées et des écus qui te reviennent de plein droit. je les garde dans un coffre sécurisé le temps que tu voudras.
A bientôt,
Flore
Mimizan, en face du port, le 11 juin au soir
Istanga,
Nous sommes bien arrivés à destination.
Ce matin, Enored nous a présenté notre future demeure. Au rez-de-chaussée, son auberge irlandaise dont je n'ai point encore retenu le nom. La batisse permet de loger toute la famille et nos alliés aux étages. Il va de soi qu'une place vous y est reservée pour toi et Darius lors de votre prochaine visite.
A moins que ce ne soit moi qui vienne en premier.
J'oscille toujours entre plusieurs idées entre lesquelles il me faudra faire un choix.
La Gascogne est une terre prometteuse. Les possibilités sont légion. Dois-je m'engager dans la vie publique ou est-ce le temps pour moi de me cantonner à la simplicité ? Cette dernière alternative m'ouvre la porte de la liberté et de la tranquillité d'esprit. Je laisserai le destin en décider, c'est à dire que je m'en remets entièrement à la succession des événements sans tenter d'en influencer le cours.
Cette option fataliste devrait plaire à Darius. Comment va-t-il au fait ?
Est- ce que votre installation à Montauban se déroule bien ? Que se passe-t-il dans ce duché qui t'a décidé à t'y établir ?
Je me réjouis d'avoir de tes nouvelles. Les autres aussi bien sûr mais je déplore de voir peu Samuel et notre irlandaise a son humeur des grands jours ... tous les jours.
Je mets ça sur le compte des effets de cette satanée guerre.
N'oublie pas que j'ai chez moi des denrées et des écus qui te reviennent de plein droit. je les garde dans un coffre sécurisé le temps que tu voudras.
A bientôt,
Flore
Je n'ai plus de parchemin, mais j'ai patiemment gratté l'encre de ceux sans intérêt, que je gardais par avarice sans doute, et je puis ainsi rétutiliser à loisir la peau, en développant mes arabesques qui recouvrent la médiocrité des mots écrits par des médiocres, de ceux que j'ai bannis de mes souvenirs.
Citation:
Le 15 juin à Montauban, de bon matin,
Sur un banc moussu, non loin de ceux qui ont accepté la mort.
Ma Flore, ma Gol,
Il faudra qu'un jour je te parle des pigeons. Mais un autre jour...
Je suis heureuse que tous soyez arrivés à bon port et prêts à vous lancer dans la Gasconnattitude. Même si tu t'encroûtes en te laissant vivre, je viendrai un jour t'y chatouiller les pieds.
Pour Darius et moi, tout roule comme je l'aime. Je vais de découverte en découverte.
En parlant de découverte, j'ai trouvé une grosse bâtisse, dont le responsable du Cadastre m'a accordé l'usufruit. Ubik est arrivé avec mes malles et mon mobilier, sans oublier Anahita et Mithra que j'ai retrouvées avec un plaisir mitigé. Donc cette demeure est apte à accueillir mon petit monde, et je laisserai une chambre à ta disposition.
J'ai choisi un endroit relativement cossu mais surtout très calme, sans voisins susceptibles d'être gênés par la vue des panthères ou la musique.
Eh oui! la musique! J'ai en effet décidé d'ouvrir un conservatoire de musique orientale. Ce n'est qu'un prétexte, tu t'en doutes, mais je t'exposerai mes projets de vive voix. Car nous nous verrons bientôt, n'est-ce pas?
Au fait, tant que j'y pense! J'ai décidé de confier Darius à un précepteur, Zarathoustra. Je l'ai rencontré à l'église de Montauban, alors que nous consultions un placard annonçant l'excommunication de Sancte. Tu t'en doutes, Darius m'a assaillie de questions, l'homme a entendu et nous en sommes venus à discuter. Je l'ai invité à passer chez moi.
Sinon, que dire ? J'ai un peu fouiné, tu me connais... et leur concordat est tout aussi inacceptable que celui de Provence. Quand même, ne trouves-tu pas abusif ce poids de l'église sur les affaires politiques? En tout cas, moi je dis non, non et non au Service du Baptême Obligatoire qui me renvoie l'image d'un Dieu aux yeux bandés qui accepterait en son sein une armée d'hypocrites en mal de pouvoir. C'est pas beau la vie?
Et aussi... il faut que je te dise... Sancte se présente à la mairie de Montauban. A cette annonce, je me suis fendue d'un large sourire, tu peux me croire! Je ne puis m'empêcher de faire la relation entre la mystérieuse fleur que nous avons découverte, mon désir soudain de m'établir en Guyenne et cette candidature. Ne dirait-on pas que le destin a guidé mes pas en ces lieux?
Je vais m'arrêter là pour le moment, mais ne t'inquiète pas : rien au monde ne pourrait m'empêcher de donner de mes nouvelles à ma petite soeur.
Si j'avais du gruau sous la main, j'inaugurerais le lancer de gruau par pigeon, mais ... je crois qu'ça va pas être possible. Mais je te promets de dédier une pièce de la maison à la bataille de gruau.
Haut les coeurs! Je t'embrasse.
Istanga
Oh! j'avais oublié les denrées et les écus! Quand je pense que certains me disent vénale... Garde les donc pour moi et si tu en as besoin, n'hésite pas à te servir.
Le 15 juin à Montauban, de bon matin,
Sur un banc moussu, non loin de ceux qui ont accepté la mort.
Ma Flore, ma Gol,
Il faudra qu'un jour je te parle des pigeons. Mais un autre jour...
Je suis heureuse que tous soyez arrivés à bon port et prêts à vous lancer dans la Gasconnattitude. Même si tu t'encroûtes en te laissant vivre, je viendrai un jour t'y chatouiller les pieds.
Pour Darius et moi, tout roule comme je l'aime. Je vais de découverte en découverte.
En parlant de découverte, j'ai trouvé une grosse bâtisse, dont le responsable du Cadastre m'a accordé l'usufruit. Ubik est arrivé avec mes malles et mon mobilier, sans oublier Anahita et Mithra que j'ai retrouvées avec un plaisir mitigé. Donc cette demeure est apte à accueillir mon petit monde, et je laisserai une chambre à ta disposition.
J'ai choisi un endroit relativement cossu mais surtout très calme, sans voisins susceptibles d'être gênés par la vue des panthères ou la musique.
Eh oui! la musique! J'ai en effet décidé d'ouvrir un conservatoire de musique orientale. Ce n'est qu'un prétexte, tu t'en doutes, mais je t'exposerai mes projets de vive voix. Car nous nous verrons bientôt, n'est-ce pas?
Au fait, tant que j'y pense! J'ai décidé de confier Darius à un précepteur, Zarathoustra. Je l'ai rencontré à l'église de Montauban, alors que nous consultions un placard annonçant l'excommunication de Sancte. Tu t'en doutes, Darius m'a assaillie de questions, l'homme a entendu et nous en sommes venus à discuter. Je l'ai invité à passer chez moi.
Sinon, que dire ? J'ai un peu fouiné, tu me connais... et leur concordat est tout aussi inacceptable que celui de Provence. Quand même, ne trouves-tu pas abusif ce poids de l'église sur les affaires politiques? En tout cas, moi je dis non, non et non au Service du Baptême Obligatoire qui me renvoie l'image d'un Dieu aux yeux bandés qui accepterait en son sein une armée d'hypocrites en mal de pouvoir. C'est pas beau la vie?
Et aussi... il faut que je te dise... Sancte se présente à la mairie de Montauban. A cette annonce, je me suis fendue d'un large sourire, tu peux me croire! Je ne puis m'empêcher de faire la relation entre la mystérieuse fleur que nous avons découverte, mon désir soudain de m'établir en Guyenne et cette candidature. Ne dirait-on pas que le destin a guidé mes pas en ces lieux?
Je vais m'arrêter là pour le moment, mais ne t'inquiète pas : rien au monde ne pourrait m'empêcher de donner de mes nouvelles à ma petite soeur.
Si j'avais du gruau sous la main, j'inaugurerais le lancer de gruau par pigeon, mais ... je crois qu'ça va pas être possible. Mais je te promets de dédier une pièce de la maison à la bataille de gruau.
Haut les coeurs! Je t'embrasse.
Istanga
Oh! j'avais oublié les denrées et les écus! Quand je pense que certains me disent vénale... Garde les donc pour moi et si tu en as besoin, n'hésite pas à te servir.
La lettre n'est pas urgente : un pigeon normal suffira. Il n'est point besoin d'user la patience de Dieu en abusant de ces pigeons nourris au Super-son. De plus, cela m'évite de perdre mon temps en recherches infructueuses pour trouver un prêtre acceptant de bénir un pigeon supersonique.
Le banal emplumé lesté envolé, ne me reste plus qu'à rédiger une annonce, écrire à Alexandra, à.....
On verra plus tard. Je suis bien, là.
_________________
C'est toute l'histoire de ma vie.