Alycianne
Elle était contente, l'Alycianne.
Elle avait retrouvé son grand frère -et quel grand frère !-, s'apprêtait à rejoindre ses amis, avec la bigre de mission d'éviter que le courroux de Marie ne tombe sur Cassian, ou elle, par la même occasion. Elle avait un but, une destination, on lui avait dit "On va là, on fait ça, ce sera bien" alors elle ne se posait aucune question, si Cassian l'avait dit, c'était donc forcément ainsi.
Tout s'accordait donc à dire qu'elle allait passer une rudement bonne journée. Tôt le matin, elle avait attaché ses cheveux qui lui chatouillaient maintenant les épaules d'un ruban rouge. Mabourik n'avait pas fait de scène et avait consenti à porter ses bagages tout en avançant (et croyez moi, ça tenait de l'exceptionnel), et ils s'étaient donc mis en route vers l'Ouest. Il paraissait même que quelqu'un avait un cadeau pour elle, et un coin de sa caboche travaillait dur à trouver rapidement à rendre la pareille à son ami. Un bouquet de fleurs ? Il y avait les marguerites, mais ce n'était pas assez joli, les coquelicots se fanent vite tout le monde le sait, et puis elle craignait que des fleurs ne ravissent réellement le petit écuyer. Elle demanderait -mais cela était devenu une habitude- aux gens qu'elle croiserait bonbons, gourmandises et autres choses sucrées afin de lui en donner. Ou sinon lui écrire un joli poème. C'est ce que font les chevaliers, dans les contes.
- Karyl je suis contente de te voir
A cause que...
Rime en "oâr". Il me faut de la rime en "oâr". Noir ? Boire ? Croire ? Voir ? Ah oui, voir c'est bien... A cause que je veux te voir.
Quelques minutes plus tard, elle lance :
Elle est belle ma poésie, non ? Ça lui plaira tu penses ?
Karyl je suis contente de te voir.
A cause que je veux te voir.
Et puis avant je voulais te voir.
Sauf que je pouvais pas te voir.
Maintenant on peut se voir.
Et même que on va tous les jours se voir.
Parce que j'ai envie de te voir.
Alycianne a certaines qualités, mais en poésie, elle n'est pas douée. Aussi faudrait-il lui dire clairement, maintenant, que sa vocation de troubadour-dame-chevalier est à oublier. La gamine se voit déjà déclamant ses vers devant une assemblée ébahie de ce nouveau "pur style" qu'est la rime parfaite : même mot à chaque fin de vers. Invention qu'elle trouve digne d'un chevalier confirmé, et la gamine en est plutôt-vraiment fière d'elle.
- Cassian ?
Elle se redresse, cherche du regard par dessus les grandes herbes, avant de sourire tendrement. Le garçon, le ventre plein de leur pose déjeuner, s'est octroyé un petit somme. L'occasion rêvée pour Alycianne d'aller trouver s'il existe de jolies fleurs dans le coin. Elle se lève aussitôt, tout en prenant garde de ne pas réveiller son frère, tapote sa cape à laquelle se sont accrochées diverses brindilles et poussières, avant de commencer à s'éloigner. Rapidement, la cape lui tient trop chaud, elle s'en défait donc et la porte au bras. Une fleur par-ci, une fleur par-là, elle avance, tout droit, sans se soucier encore de pouvoir retrouver l'emplacement où ils se sont arrêtés.
D'ici quelques instants, elle fera demi-tour, se dit-elle. Les minutes passent, mais les instants restent inchangés. Encore un peu, juste trouver une fleur, encore.
Ses yeux sont soudain attirés par de la poussière, au loin.
Une menotte en visière, elle mire l'horizon où apparaissent des silhouettes. Nombreuses. Quelques instants plus tard, on distingue des épées, des boucliers.
- C'est de l'armée ! Peut-être on pourra s'entraîner à faire de l'épée avec eux. Froncement de sourcil, signe d'une intense réflexion. Ils ont des bons becs peut-être ?
Ils semblent l'avoir aperçue, elle en est ravie. Se rappelle le blondinet, l'appelle alors :
- Cassian ! Cassian, il y a de l'armée ! L'a-t-il entendue ? Elle ne sait plus bien s'il est loin, ou si c'est derrière ce bosquet qu'ils ont déjeuné. L'arrivée de l'armée a tout effacé.
Drôlement chouette ! La minette adore les les armées, l'ambiance entre les soldats, toujours chaleureuse, parfois chahuteuse à cause des "blagues pas drôles", mais avec, souvent, un esprit de cohésion qui lui sied particulièrement. On suit ce qu'a dit le chef, on ne remet pas en question.
Les soldats se déplacent vite, décidément vite.
Elle, les attend, un grand sourire aux lèvres.
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Elle avait retrouvé son grand frère -et quel grand frère !-, s'apprêtait à rejoindre ses amis, avec la bigre de mission d'éviter que le courroux de Marie ne tombe sur Cassian, ou elle, par la même occasion. Elle avait un but, une destination, on lui avait dit "On va là, on fait ça, ce sera bien" alors elle ne se posait aucune question, si Cassian l'avait dit, c'était donc forcément ainsi.
Tout s'accordait donc à dire qu'elle allait passer une rudement bonne journée. Tôt le matin, elle avait attaché ses cheveux qui lui chatouillaient maintenant les épaules d'un ruban rouge. Mabourik n'avait pas fait de scène et avait consenti à porter ses bagages tout en avançant (et croyez moi, ça tenait de l'exceptionnel), et ils s'étaient donc mis en route vers l'Ouest. Il paraissait même que quelqu'un avait un cadeau pour elle, et un coin de sa caboche travaillait dur à trouver rapidement à rendre la pareille à son ami. Un bouquet de fleurs ? Il y avait les marguerites, mais ce n'était pas assez joli, les coquelicots se fanent vite tout le monde le sait, et puis elle craignait que des fleurs ne ravissent réellement le petit écuyer. Elle demanderait -mais cela était devenu une habitude- aux gens qu'elle croiserait bonbons, gourmandises et autres choses sucrées afin de lui en donner. Ou sinon lui écrire un joli poème. C'est ce que font les chevaliers, dans les contes.
- Karyl je suis contente de te voir
A cause que...
Rime en "oâr". Il me faut de la rime en "oâr". Noir ? Boire ? Croire ? Voir ? Ah oui, voir c'est bien... A cause que je veux te voir.
Quelques minutes plus tard, elle lance :
Elle est belle ma poésie, non ? Ça lui plaira tu penses ?
Karyl je suis contente de te voir.
A cause que je veux te voir.
Et puis avant je voulais te voir.
Sauf que je pouvais pas te voir.
Maintenant on peut se voir.
Et même que on va tous les jours se voir.
Parce que j'ai envie de te voir.
Alycianne a certaines qualités, mais en poésie, elle n'est pas douée. Aussi faudrait-il lui dire clairement, maintenant, que sa vocation de troubadour-dame-chevalier est à oublier. La gamine se voit déjà déclamant ses vers devant une assemblée ébahie de ce nouveau "pur style" qu'est la rime parfaite : même mot à chaque fin de vers. Invention qu'elle trouve digne d'un chevalier confirmé, et la gamine en est plutôt-vraiment fière d'elle.
- Cassian ?
Elle se redresse, cherche du regard par dessus les grandes herbes, avant de sourire tendrement. Le garçon, le ventre plein de leur pose déjeuner, s'est octroyé un petit somme. L'occasion rêvée pour Alycianne d'aller trouver s'il existe de jolies fleurs dans le coin. Elle se lève aussitôt, tout en prenant garde de ne pas réveiller son frère, tapote sa cape à laquelle se sont accrochées diverses brindilles et poussières, avant de commencer à s'éloigner. Rapidement, la cape lui tient trop chaud, elle s'en défait donc et la porte au bras. Une fleur par-ci, une fleur par-là, elle avance, tout droit, sans se soucier encore de pouvoir retrouver l'emplacement où ils se sont arrêtés.
D'ici quelques instants, elle fera demi-tour, se dit-elle. Les minutes passent, mais les instants restent inchangés. Encore un peu, juste trouver une fleur, encore.
Ses yeux sont soudain attirés par de la poussière, au loin.
Une menotte en visière, elle mire l'horizon où apparaissent des silhouettes. Nombreuses. Quelques instants plus tard, on distingue des épées, des boucliers.
- C'est de l'armée ! Peut-être on pourra s'entraîner à faire de l'épée avec eux. Froncement de sourcil, signe d'une intense réflexion. Ils ont des bons becs peut-être ?
Ils semblent l'avoir aperçue, elle en est ravie. Se rappelle le blondinet, l'appelle alors :
- Cassian ! Cassian, il y a de l'armée ! L'a-t-il entendue ? Elle ne sait plus bien s'il est loin, ou si c'est derrière ce bosquet qu'ils ont déjeuné. L'arrivée de l'armée a tout effacé.
Drôlement chouette ! La minette adore les les armées, l'ambiance entre les soldats, toujours chaleureuse, parfois chahuteuse à cause des "blagues pas drôles", mais avec, souvent, un esprit de cohésion qui lui sied particulièrement. On suit ce qu'a dit le chef, on ne remet pas en question.
Les soldats se déplacent vite, décidément vite.
Elle, les attend, un grand sourire aux lèvres.
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