Matouminou
Matou se pressa vers la place. Elle avait attendu ce jour avec impatience..Voir le Roy...La foule se massait autour de l'estrade et elle dut jouer des coudes pour se rapprocher le plus possible. Son époux Horloger lui avait dit qu'il ferait son possible pour venir écouter le discours du Roy mais la douane lui prenait beaucoup de temps. Il faut dire que le Roy et son cortège suscitaient une vive émotion et les douaniers étaient en alerte. De loin, elle vit un vieil ami, Bourgmitre mais il ne la vit pas. Elle s'immobilisa au milieu de la foule. Soudain un grand silence se fit et dans un grand fracas de sabots, l'escorte apparut entourant le Roy. Matou l'observa: qu'il avait fier allure sur son cheval! Elle sentit l'émotion la gagner. Ce n'était pas tous les jours qu'elle vivait un tel évènement. Quelques applaudissements se firent entendre.
Puis le souverain descendit de son cheval et gravit prestement les marches de l'estrade. Matou vit le regard de l'homme passer sur la foule, puis il prit la parole. Elle reteint son souffle. et l'écouta. Sa voix était ferme et bien posée. Il avait cette assurance innée de ceux qui connaissent leur force et leur charisme. Il parla de la peste en Artois. Puis , avec une émotion non feinte, il dit son inquiétude pour l'enlèvement de Muad Dib. Matou sentit son coeur se serrer. Dire que c'était le grand Aumonier en personne qui l'avait pour la dernière fois confessée. Elle l'avait rencontré à plusieurs reprises en taverne et avait su apprécier sa grande générosité et son humour. Elle adressa une prière muette pour cet homme.
Puis son regard se posa sur la Princesse Armoria qu'elle avait eu le grand honneur de rencontrer à Fécamp. Rencontre un peu ternie par la présence de Marcella qui avait mis en exergue sans vergogne, ses pensées anti royalistes. Matou avait pu admirer l'aisance et la maitrise avec lesquelles la Princesse avait su le remettre à sa place. La foule se mit à applaudir et elle se joignit à ce mouvement de sympathie.