~Jeudi 21 mai, tôt le matin.~
Douze ans tous mouillés, gavroche vissé sur le crâne, braies reprises des vieilles nippes de son père, et idem de la chmise. Toinou se faufile dans lintérieur de la Dame Fouleuse. Le bout de papier est bien sur la table où lavait dit quil y serait. Lil averti sattarde sur le reste, mais rien à faire, tout est nettoyé, à savoir quy a rien à y grapiller. Boarf, après tout, lest bien assez payé pour cquil a à faire cmatin. Car à côté de la lettre, il naura pas raté la ptite bourse, que la main soupèse déjà. Une bonne douzaine décus, au moins, lavait pas menti la Dame.
Bon, cpas ltout, mais doit y avoir un bourricot dans lcoin
Et donc, au gamin de sortir, de faire le tour de la masure, et daviser lânesse. Belle bête. Ca srevendrait bien.
Mais chuis pas comme ça, moi. Lboulot est honnête, jle fais honnêt'ment.
Faustynn la fouleuse a écrit:Tu trouveras quinze écus et une missive. Les premiers sont pour toi, fais-en ce que tu veux.
Tu porteras la seconde au tribun, Messer Yves Land. Cependant, tu ne te rendras pas chez lui sans Lina, que voici. Elle aura déjà sa longe, tu nauras quà la détacher et la mener. Demain matin, à la première heure. Ne fais parvenir lanimal et la lette quau tribun en personne. Des questions ?
Bah ça, sil en avait des questions. Qui létait, cette dame débarquée dà peine une semaine, quenvoie des ânes aux tribuns et qui défonce ses portes
Menfin, pour quinze écus, il pouvait bien ravaler ses points dinterrogation.
Et voilà donc Toinou, qui mène bravement Lina lânesse à travers la ville, jusquau 137 Quartier Nord. Incroyable, comme une fois, il se sent fier de gagner son argent, pour cette fois où il nest pas à galoper dans les mauvais quartiers, où sur le marché, où les bourses ségarent si facilement. Il fanfaronnerait presque, le papier dans une main et la longe de lautre. Et il en prend soin, de la douce bête aux longues oreilles.
Vlà la maison du tribun. Len serait presque impressionné. Mouarf
Lva même lui parler, à cbonhomme. Lui et sa fiancée, paraît qules nîmois les aimaient bien. Dommage quelle soit morte et qului nait plus lenvie. Toinou hésite un peu. Quest-cdoit dire déjà ? Boarf. Limprovisera. Trois coups de marteaux ; la porte souvre, vite, il se défait de son couvre-chef. Il est si fébrile de bien remplir sa mission que le regard vissé sulpavé, y nvoit pas qui cest.
Bonjorn. Cest Toinou, dla part dla Faustynn. Cpour messer le Tribun, le papier et lanimal ; mais que pour lui et personne dautre. Elle ma dit dattendre quil y soit pour lui rendre. Vlà
Heureusement, les gens de cette maison ne sont pas de ceux sui vous claquent la porte au nez dès que vous êtes mioche aux manches sales. Lorsque Toinou fut certain dêtre en présence du Tribun, il lui tendit la lettre et la longe.
Ben msieur dame, si zavez bsoin
à vot service !
Il salua dune courbette bien à sa manière, franche et roublarde, puis séclipsa en sautillant.