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Dehors il s'est mis à pleuvoir des cordes. Mendiants, brigands et crasseux en tous genres, qui constituent le gros de la Cour des Miracles, forment un étrange corps de ballet dont la danse consiste à courir dans tous les sens en jurant après Aristote et ses intempéries.
Pour ceux qui passent leur vie à l'air libre, la pluie est une véritable malédiction. Tous, du plus loqueteux au plus puissant, se cherchent donc un abri, se disputant un coin au sec ou un morceau de couverture miteuse. Tous sauf une jolie jeune femme, qui, singulièrement, ne prend pas part à la chorégraphie. Line du Petit Jour adore la pluie, qui teinte si merveilleusement sur le parvis et la rend folle d'ivresse. Elle bascule sa tête vers le Ciel, non pas pour maudire Aristote dont elle se fiche éperdument, mais pour recueillir quelques délicieuses gouttes sur sa langue. Saveur de la pluie ! Folie des gouttes qui vous glissent partout sur la peau ! Vivifiée par cette eau qui ruisselle sur son visage, Line se met à danser en chantant à tue-tête. Ce soir, se joue son destin ! Ce soir elle est joyeuse et folle, et la tête lui tourne à mourir ! Line éclate de rire, et on dirait un clair ruisseau heureux de devenir torrent.
Cette pluie ! Line est née dans le ruisseau, a vécu sur les berges de la Seine et rêve d'un départ ivre vers la mer, qu'elle n'a jamais vue. Elle sait pourtant que ce voyage sera le dernier, que son aventure se terminera là-bas, au bord de l'océan, dans lequel elle aussi finira par se jeter. En attendant, la folie, la légèreté du ruisseau et les délices dangereusement marins ! Vite, tous les verres, les boire et les briser !Qu'ils viennent, les hommes et les femmes, et elle leur révèlera la subtilité des amours aquatiques et sauvages ! Plaisirs légers et insouciants de la surface, voluptés dangereuses des profondeurs...
Car Line a longuement contemplé les reflets de la Seine cet après-midi, et elle a décidé de ne plus mendier. Elle a rangé sa flûte dans sa besace, a réservé sa musique, chant des rivières, pour d'autres fêtes, et a décidé de vivre de plaisir et d'eau fraîche. Sous la pluie, elle a dévalé toutes les rues qui la séparaient de son destin :
« La Rose Pourpre » : n'est-il pas vrai qu'une rose a besoin d'eau pour s'épanouir ? Line sort un morceau de miroir brisé, volé à la Seine. Sous la pluie, ses cheveux châtain, naturellement ondulés, ont frisé, son teint s'est vivifié, ses yeux qu'elle a bleus sont plus brillants, plus transparents aussi, bleus de pluie. Qu'elle est belle ! Une ondine chuchotante et presque malade de joie.
A qui confier ce trop-plein d'excitation ? Line parle à la porte du bordel : « ma petite porte, je t'aime », lui sussure-t-elle en grimaçant. Elle s'apprête à y frapper trois coups légers, quand, comme par magie, la porte s'ouvre d'elle-même. Line du Petit Jour se retrouve nez à nez avec une femme partiellement masquée. Celle qui grogne et celle qui rit.
Pour ceux qui passent leur vie à l'air libre, la pluie est une véritable malédiction. Tous, du plus loqueteux au plus puissant, se cherchent donc un abri, se disputant un coin au sec ou un morceau de couverture miteuse. Tous sauf une jolie jeune femme, qui, singulièrement, ne prend pas part à la chorégraphie. Line du Petit Jour adore la pluie, qui teinte si merveilleusement sur le parvis et la rend folle d'ivresse. Elle bascule sa tête vers le Ciel, non pas pour maudire Aristote dont elle se fiche éperdument, mais pour recueillir quelques délicieuses gouttes sur sa langue. Saveur de la pluie ! Folie des gouttes qui vous glissent partout sur la peau ! Vivifiée par cette eau qui ruisselle sur son visage, Line se met à danser en chantant à tue-tête. Ce soir, se joue son destin ! Ce soir elle est joyeuse et folle, et la tête lui tourne à mourir ! Line éclate de rire, et on dirait un clair ruisseau heureux de devenir torrent.
Cette pluie ! Line est née dans le ruisseau, a vécu sur les berges de la Seine et rêve d'un départ ivre vers la mer, qu'elle n'a jamais vue. Elle sait pourtant que ce voyage sera le dernier, que son aventure se terminera là-bas, au bord de l'océan, dans lequel elle aussi finira par se jeter. En attendant, la folie, la légèreté du ruisseau et les délices dangereusement marins ! Vite, tous les verres, les boire et les briser !Qu'ils viennent, les hommes et les femmes, et elle leur révèlera la subtilité des amours aquatiques et sauvages ! Plaisirs légers et insouciants de la surface, voluptés dangereuses des profondeurs...
Car Line a longuement contemplé les reflets de la Seine cet après-midi, et elle a décidé de ne plus mendier. Elle a rangé sa flûte dans sa besace, a réservé sa musique, chant des rivières, pour d'autres fêtes, et a décidé de vivre de plaisir et d'eau fraîche. Sous la pluie, elle a dévalé toutes les rues qui la séparaient de son destin :
« La Rose Pourpre » : n'est-il pas vrai qu'une rose a besoin d'eau pour s'épanouir ? Line sort un morceau de miroir brisé, volé à la Seine. Sous la pluie, ses cheveux châtain, naturellement ondulés, ont frisé, son teint s'est vivifié, ses yeux qu'elle a bleus sont plus brillants, plus transparents aussi, bleus de pluie. Qu'elle est belle ! Une ondine chuchotante et presque malade de joie.
A qui confier ce trop-plein d'excitation ? Line parle à la porte du bordel : « ma petite porte, je t'aime », lui sussure-t-elle en grimaçant. Elle s'apprête à y frapper trois coups légers, quand, comme par magie, la porte s'ouvre d'elle-même. Line du Petit Jour se retrouve nez à nez avec une femme partiellement masquée. Celle qui grogne et celle qui rit.