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La chasse aux esclaves, pour les nuls.

[RP] Viens au troc, que j'te croque.

Ozomatli

Nuit tombée — Le Temple.

°°°

L'éphèbe avait préparé tout son attirail, comme à chaque fois qu'il partait en chasse. Assis sur la dernière marche du temple, il grattait la terre sèche avec son bâton, une besace était posée sur son épaule, pleine de bijoux grossiers en fausses pierres, de cordelettes en tissus de maguey, de colliers de bois mystérieux dont l'usage était connu des gens du milieu. Les esclavagistes.

Il avait laissé dans une hutte pour les voyageurs, l'esclave qui l'accompagnait ainsi que son lama blanc, Saphi. Ce soir, il fallait qu'il aie les mains libres pour agir...

Un peu plus tôt dans la soirée, il avait embobiné une jeune sauvage visiblement nouvelle dans le clan, lui donnant un rendez-vous au clair de lune que toute femme d'expérience aurait décliné vivement. Il avait baragouiné une histoire de marchandises à lui vendre, de beaux colliers et des tissus précieux... L'habituel blabla pour attirer les êtres naïfs dans son filet.

Elle ne devait plus tarder...

Patient, il continua d'attendre, tandis que des arabesques pensives se dessinaient dans le sol, à la pointe de son bâton.
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Mutine_

Une sauvageonne, cheveux courts coupés presque à ras, la peau basanée par le soleil découvrait le clan, se prélassant jambes fuselées, croisées dans une pulqueria, elle vit un homme qui ne se disait pas guerrier ce qui l'intriguait fortement. Peu loquace, il a parlé affaires, elle qui cherchait à investir ses cinquante quachtlis autrement que dans les terres, il tombait presque à pic encore faut il que sa marchandise en vaille le coup.
Une part en elle méfiante essaye de le renifler comme on lui apprit à renifler un élement de la nature pour en deviner l'essence, les traces de la peur, une possible nuisance, un possible poison, un danger.
Son flair hors de la forêt lui était que peu utile, ses repères n'étaient plus les mêmes, elle devait tout reconstruire, en trouver d'autre, découvrir d'autres moyens que humer la peau.

[A la nuit tombante]

Elle se dirige comme convenu au pied du temple, une ombre lui apparut, il l'attendait elle, il était de parole, mais cela supposait aussi qu'il allait tirer bénéfice de leur rendez-vous pour se donner autant de peine. Restait pour la jeune sauvage de deviner lequel.
La démarche féline, pieds nus, tête haute et fière ancrée sur un corps de muscles sculptés et souple, elle s'approchait de lui avant de jeter un oeil en silence sur le bric à brac à ses pieds.

-hum..les bijoux ne me plaisent pas vus d'ici, peut être les étoffes, qu'as tu à me proposer pour 50 quachtlis.

Lançant sa petite bourse, elle planta l'onyx de ses pupilles dans les siennes, déterminée.

Ozomatli

Le marchand fait glisser une pièce de tissu hors de sa besace, dont la teinture rouge sang ressort à la lueur des étoiles naissantes. Agile, il présente la draperie sous les yeux de la gamine. Il lui prend mécaniquement la main pour lui faire tâter la fibre, qui n'est pas de mauvaise qualité. La pénombre sait si bien mettre les choses en valeurs : elle fait disparaître les erreurs de tissage et les traces du repas des mites. Ce rouleau-là est malencontreusement tombé d'un étal sur le marché d'Ixtenco. Ce que les vendeurs sont maladroits, parfois...

Pour un beau pagne.

En moins de temps qu'il n'en faut pour inspirer, il s'est campé derrière elle pour lui passer l'étoffe autour des hanches. Ses poings resserrent leur étreinte pour ajuster la ceinture. Les haillons passent en coulisses, ils disparaissent sous l'élégant rideau et voilà la vagabonde vêtue comme toute villageoise.

Pendant l'opération, il peut juger des formes de la bestiole. Cette brève analyse lui semble concluante, aussi laisse-t'il un quartier de sourire se ficher au coin de sa bouche.
D'un ton nonchalant :

Tu prends ? Tu prends pas ?

Tandis qu'elle a le dos tourné, il ouvre discrètement une fiole dissimulée dans sa paume. Il ne lui reste plus que quelques goûtes de narcotique, faudra aller faire les courses...
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Mutine_

L'étoffe déployée sous ses yeux finit par évincer ses doutes, ne regrettant plus sa venue elle n'était pas de qualité irréprochable, ça la jeune femme pouvait le sentir de la pulpe de ses doigts, grognant imperceptiblement quand il lui prit la main, elle exécrait qu'on la touche sans son consentement, mais ses sens étant plus développés qu'ils l'étaient pour ceux qui vivaient hors de la rudesse de la forêt, elle put finir par un grognement de satisfaction dès qu l'étoffe enroulée autour de ses hanches prit la forme d'un pagne épousant ses formes à la perfection.

-Mouais, y'a mieux, ça doit être dans mes capacités pécuniaires ça..

Ne pas montrer son vif intérêt pour la marchandise et en dénigrer les qualités injustement était la base de tout marchandage, en attendant il était derrière elle, et sentait un mouvement étrange dans son dos, curieuse, elle tourne la tête, et des vapeurs aux essences inconnues parvinrent furtivement jusqu'à sa narine.

-Tu vends des essences de plantes aussi?

Elle s'était retournée à moitié tenant encore le pagne de ses doigts, essayant de découvrir la source de ces émanations, la nuit hélas rendait la tâche ardue si étoilée était elle.

Ozomatli

Son sourcil tique avant qu'il ne reprenne le pagne des mains de l'indigène, posément.

Je vais te faire un bon prix.

Les mots sont soufflés à son côté, accompagnés d'une mimique de connivence typique d'un vendeur à l'étalage qui agace la plupart des clients. Mais quand le singe fait la grimace d'un côté, sa main malavisée s'occupe d'autre part : l'ampoule de drogue se renverse dans son poing, enturbanné par l'étoffe. Ne comptez pas plus d'une seconde pour que les mailles s'imbibent du liquide.

Si tu ne te débats pas, je te l'offre.

Son bras s'est avancé autour de ses épaules, le cri de stupeur s'est étouffé dans le moelleux du tissu. La poitrine paniquée exécute des soubresauts, sortent les griffes, claquent les coups de coude et de jambes. Qu'importe, l'esclavagiste ne desserrera pas l'emprise de ses doigts sur le museau de son gibier. Elle rue, il tient bon. Les cailloux crissent sous leurs pas trébuchants et le long pan d'étoffe se déchire dans la bataille.

Quel gâchis !
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Mutine_

Tout s'est passé si vite.. trop vite pour que son instinct soit suffisamment en alerte. Sa phrase au sens douteux résonne dans sa tête, lui faisant arquer un sourcil et le mouvement vif de son visage pour lui faire face fut contré par la fermeté de son avant bras qui vient immobiliser son crâne contre son épaule tandis que des vapeurs étranges engourdissaient ses membres pourtant animés d'un élan de survie qui leur insuffle une étonnante vigueur alors qu'elle lance un coude, ou s'agrippe de ses ongles à ce tout ce qu'ils croisent comme chair, jusqu'à en garder trace de sang sous ses ongles.

Combien de temps a-t-elle lutté avant de sombrer dans cette torpeur qui lui ôte soudain toute faculté de combat, elle perdit vite la notion du temps, sa bouche ouverte pour respirer laissait s'infiltrer quelques gravillons qui se logeront sur ses dents, elle eut une pensée brumeuse pour un visage inconnu avant de sombrer dans la léthargie en gémissant

-je..veux m'en aller

Et tandis qu'elle l'entendait parler de gâchis, elle s'en alla ailleurs effectivement, dans un monde onirique que la drogue nourrissait de créatures absurdes.

Ozomatli

Dans ses bras, le corps se fait lourd. Il accompagne sa chute au sol pour ne pas l'égratigner. Non qu'il craigne quelle se blesse, mais il porte un grand soin à ne pas abîmer ses spécimens. Toute marque visible est un défaut potentiel que l'acheteur ne manquera pas de remarquer.

Une fois déposée pêle-mêle sur la terre, il prend le temps de reprendre son souffle puis constate qu'elle lui a écharpé l'oreille, la joue, et qu'il aura sûrement un bleu sur l'épaule. Il râle tandis qu'un vent frais vient souffler sur ces blessures de guerre, à lui qui a la peau si douillette.

Ô mon beau Slogantzeo. En voilà un qui va me trouver viril...

Cependant, il s'affaire à détailler sa prise. Deux doigts viennent écarter les lèvres poussiéreuses de la ronfleuse, il trouve un bon compte de dents qui scintillent, sa patte écarte les pans de ses haillons pour évaluer les proportions de la poitrine. Il ne trouve pas de cicatrice ou de tatouage de famille sur le reste du corps, s'en réjouit, et commence à la ficeler.

°°°

Un moment plus tard, l'éphèbe s'éloigne en boitillant, le dos chargé par son précieux paquet dont il a passé les bras autour de son cou, et dont les fesses reposent en balançoire sur la hampe de son bâton. Dans sa poche tintent les quachtlis qu'il a gagné ce soir, une cinquantaine d'écus.

Elle pionce. Et lui il marche.
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