Afficher le menu
Information and comments (1)

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

[RP] Pair...

Mariealice
[... et passe?]

Pourquoi avait-elle décidé de s'éloigner seule du campement ce jour-là? Elle l'ignorait. Juste un besoin impérieux de prendre l'air, de trouver un peu de solitude et de calme au milieu de l'effervescence et des bruits habituels de ce genre de lieu de vie.

Flaiche était arrivé quelques jours auparavant pour les rejoindre, pour la rejoindre et elle avait été heureuse de le voir, heureuse de pouvoir se reposer un peu sur lui, de souffler et de cesser en sa seule présence d'être la femme forte qu'elle présentait à tout un chacun chaque jour. Fatiguée, bien plus qu'elle ne voulait le laisser paraître ni l'admettre, épuisée même serait plus juste. La grossesse l'arrangeait bien pour justifier la mine qu'elle avait tout autant que le fait qu'on la voyait peu en dehors du campement à moins qu'elle ne prenne la direction du chemin de ronde ou qu'elle en revienne. Silencieuse, grattant les vélins une bonne partie de la journée pour faire son travail de Pair, le reste se passant bien souvent à montrer quelques exercices à Minouche. Maeve enfin avait rejoint le reste de la famille à qui il ne manquait qu'Aleanore mais la brune craignait la prochaine rencontre ainée époux. Voilà qu'enfin Gaspard avait fait sa demande aussi. Et Flaiche avait réussi à la faire sourire, et même rire, en testant ce futur gendre à la façon Gardon. Allant jusqu'à le menacer de l'épiler.

La cire. Bien des souvenirs étaient remontés à la surface tandis qu'elle observait la scène aux côtés de sa cadette, lui faisant de temps à autre un clin d'oeil pour la rassurer. Le Limousin et la COLM, l'infirmerie où s'entassaient les souvenirs des visites médicales des soldats mâles des garnisons du comté. Montmirail où Caturix avait eu droit à ce traitement et Guillaume... Guillaume y avait échappé de justesse. Tant de noms et de visages avaient alors défilé en quelques instants devant ses yeux et un pincement au coeur était venu lui serré la poitrine. Un soupir, un geste de la main et elle avait repris pied dans le présent. Assez pour avoir envie d'étrangler Gaspard qui lui annonçait prévoir le mariage au plus tard dans un mois et le faire au Maine. Ne savait-il donc pas que c'était aux parents de se charger de cela? Qu'avaient-ils donc tous? Déjà qu'elle avait été surprise d'apprendre qu'ils avaient fait demande à la Licorne et s'étaient rendus à Ryes sans même s'enquérir de leurs présences à Flaiche et à elle, que le peu qu'elle apprenait d'Aleanore lui donnait envie d'aller botter l'arrière train de sa fille parce que signer une telle déclaration alors qu'elle criait depuis longtemps son amour du très Haut, qu'elle avait mal digéré le fait que Gaspard lui reproche de ne pas avoir été prévenu qu'elle s'occupait de Minouche et le prenait pour écuyer, que Cassian et ses frasques et mensonges la mettaient en fureur, là, la vicomtesse devait bien reconnaître qu'elle avait une forte envie d'hurler. Elle l'avait un peu fait d'ailleurs. Faudrait voir à ne pas pousser la mère dans le fossé en voulant aller trop vite.

Trop de choses, trop de poids, qu'elle s'imposait souvent bien plus qu'on lui posait sur les épaules. Depuis tout ce temps, depuis l'éloignement de Jacques de ses enfants, de l'enlèvement d'Arthur et elle, depuis Montmirail et les morts qui s'étaient égrenées, Marie avait peu à peu changé. Elle qui avait été si gaie, non pas insouciante mais une certaine forme de légèreté. Lentement, insidieusement, la lumière en elle avait faiblit pour laisser la part belle à une ombre grandissante, opaque. Et parfois les noisettes pourtant si expressives se trouvaient ternies. Après tout, toutes ces raisons étaient suffisantes pour qu'elle ait besoin de souffler et de se retrouver seule.

Enfin seule.. Dans son état c'était vite dit et surtout une vue de l'esprit. Parce que depuis neuf mois elle ne l'était jamais, à aucun moment et dans nul lieu. Et d'ailleurs, elle supportait très difficilement cette fin de grossesse, cet enfant qui la vampirisait totalement, lui ôtait le peu d'énergie qu'elle avait encore. Il devrait être là. Bon soit, peut-être avait-il décidé d'attendre son père. Une de ses soeurs même. Mais bon sang là il attendait quoi?! Qu'elle ne puisse plus se trainer et s'effondre? Bonne question....

La licorneuse s'était enfoncée petit à petit sous les frondaisons, n'arrêtant pas de penser mais profitant sans s'en rendre compte du calme autour d'elle. Une inspiration et soudain une douleur qui la plia en deux tandis qu'une humidité révélatrice de cette délivrance tant attendue était arrivée. Pas du tout au meilleur moment ni au meilleur endroit et là était un problème qu'elle n'avait pas envisagé une seule seconde en entreprenant cette promenade. Surtout qu'elle n'avait prévenu personne.

Une nouvelle contraction la força à prendre appui sur l'arbre le plus proche tandis qu'elle retenait difficilement un grognement et évacuait sa frustration et son angoisse par une phrase à l'attention de celui qui avait décidé de venir voir le monde.


Franchement, tu crois pas que tu aurais pu attendre ce soir non! Ah ça promet!

Après quelques regards à droite et à gauche, elle dût se rendre à l'évidence, seule elle avait voulu être, seule elle était et seule elle devrait accoucher. Incapable d'aller plus loin vu la violence et le rythme rapide des contractions, il n'y avait aucun doute sur le fait qu'il ou elle ne comptait plus attendre et donc lui laisser le temps de se rapprocher du camp ou d'une quelconque présence humaine. La brune se laissa donc couler au sol, entre deux grosses racines sur lesquelles elle pouvait prendre appui, remonta ses jupons remerciant l'idée qu'elle avait eu de ne pas s'être engoncée dans ses braies ce matin-là et prit une profonde inspiration. Après tout ce n'était pas son premier enfant et elle avait même aidé à en mettre quelques uns au monde en sus des siens, elle devait donc pouvoir faire de même avec celui-ci.

Inspirer, expirer et pousser jusqu'à hurler tellement elle avait mal, prier quelque part au milieu de tout ceci pour que tout se passe bien, qu'elle soit assez forte malgré sa fatigue récurrente pour supporter cela et la suite, et, enfin, que l'enfant se porte bien. Ses doigts s'étaient fichés dans le bois, les jointures blanchies à force de crispation, la douleur lui vrillait les reins, le ventre, lui semblait l'envahir complétement. Elle aurait volontiers crier pour appeler à l'aide mais savait que personne ne l'entendrait et préférait concentrer ses forces sur le travail. Plus tard, une fois né, elle tenterait de voir s'il y avait âme qui vive à portée de voix, occultant, peut-être pour se rassurer, que s'il y avait, au vu de ses hurlements, il ou elle serait déjà là.

Les minutes s'égrenaient, lui paraissaient devenir des heures, s'étirant à l'infini tandis que petit à petit elle s'épuisait et poussait toujours. L'enfant, obstinément, cognait à la porte mais ne parvenait pas à la passer. Jusqu'au moment où, sans qu'elle sache pourquoi, il finit par passer la tête puis le reste du corps. En peu de temps, il était sorti. Avant de perdre conscience, elle eut le réflexe de le prendre contre elle, au chaud et à l'abri, son premier cri du bébé étant la dernière chose qu'elle entendit avant de sombrer, épuisée, la secondine toujours à l'abri de son ventre alors qu'il aurait fallu la sortir aussi, le cordon les reliant toujours tous les deux, mais là, elle ne pouvait rien, partie ailleurs, s'enfonçant dans le noir, si lasse....

_________________
See the RP information
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)