Jehanne_elissa

- « Je comprends pourquoi la Souveraine de Bolchen est si riche… Regarde tous ces tissus bleus !
Petite main pâle de la Vicomtesse miniature qui caresse du taffetas bleu. Un petit soupir file entre ses lèvres et elle se retourne pour surveiller Eilinn. En posant son regard vert sur la jeune Melani elle se demande si elle a réellement bien fait de l’entrainer ici. Mais elles n’étaient pas si loin de Paris toutes les deux… Et avant de rentrer en Languedoc il fallait bien venir chercher sa commande… Et c’était si rare de pouvoir faire quelques emplettes avec son amie dans la capitale, tellement rare que c’était même la première fois ! Or, au-delà de ceci, elles avaient presque passé le mois dernier sur les routes, étaient restées assises les trois quarts du temps alors il fallait bien se dégourdir les jambes un peu. Non ? Un nouveau soupir et elle va lui prendre la main en lui adressant un sourire plein de douceur, presque le sourire qu’aurait pu adresser une tante à sa nièce, ou même une mère à sa fille ; mais la douceur était ici toute enfantine, toute amicale. C’est quelle se sent coupable un peu, la Goupil, de traîner son amie dans sa vie de jeune fille qui n’est pas en deuil…
Après les festivités de Bolchen les deux pucelles avaient repris la route et même pas sorties de l’Empire que la Vicomtesse demandait le cap sur Paris. Elle avait quelques affaires à régler au Secrétariat et cette fameuse commande à aller chercher, et payer entre autres. Arrivées à Paris, les deux jeunes filles avaient pris possession d’un appartement dans une auberge connue de la rousse et elles s’étaient reposées, avaient mangé (plein plein) et surtout s’étaient fait le nécessaire de toilette. Les premiers jours la jeune Vicomtesse avait quelque peu laissée son amie pour aller à la Curia, puis le jour J était venu, le jour prévu dans le calendrier avant la fin du mois, le jour ou une fille est proche de l’extase : celui du shopping. Alors les voila allant de tisserand en tisserand, oui, deux jeunes filles avec une bien mince escorte composée seulement d’un homme armée jusqu’aux dents, un un peu moins et deux dames pour porter les emplettes. Mais la première boutique n’est pas la plus convaincante. Qu’à cela ne tienne, c’est journée futile ! Menton qui se relève, lèvres qui se plissent.
- « Allons à côté, ici c’est décidément bien trop vulgaire.
Petite Vicomtesse qui aurait pu piquer une mimique pincée à la Baronne de Rothschild qui serre à nouveau la pression sur la main de son amie et s’engouffre dans Paris la sale-crade-puante avant d’entrer à nouveau dans un magasin. Et là c’est un peu mieux, ne serait-ce qu’à la vue des tissus. Mieux est bien évidemment synonyme de plus cher mais lorsqu’on a jamais vécu dans le besoin et qu’une des plus grandes terres du Sud du Royaume nous appartient, on n’y prête pas trop garde. Depuis quelques mois maintenant alors qu’avant c’était le dernier de ses soucis, l’héritière Volpilhat se découvrait un réel intérêt pour les robes, capes, bijoux et autres accessoires nécessaires à un être de sexe féminin normalement constitué. Attention, elle n’allait pas non plus dans l’excès car elle avait été élevée dans la joie des plaisirs simples, mais son œil s’aiguisait de plus en plus à juger un tissus, sa main se faisait de plus en plus connaisseuse et son goût s’affinait sans aucun doute. Aujourd’hui il n’allait pas être question de dévaliser le quartier mais de s'emparer de ses achats, lentement, et joyeusement, profitant de leur escapade parisienne. Il faut être jeune et insouciante pour aborder une journée au cœur de Paris avec pour objectif de flâner !
Et ici, dans cette boutique qui ne possédait certes pas la renommée de ces couturières en vogue dont en entend rabâcher le nom ces temps ci – que les gens sont grégaires !- , elle était sûre de ne trouver que des connaisseurs. Il s’agissait de la boutique d’une italienne ayant fait ses armes dans la couture dans le sud du Royaume et qui gagnait de jours en jours ses lettres de noblesse au cœur de la capitale. Elle avait d’abord travaillé le bleu qui rendait si riche la Castelmaure puis s’était diversifiée vers toutes les couleurs possible. Et pourquoi venait-elle ici ? Non seulement car elle tissait de tout, des robes, des capes, des manchons, des braies, des chemises mais surtout, surtout quelle avait entendu que cette femme avait voulu, une fois, habiller sa mère, la Dame Blanche, la fleur d’Oc si souvent en deuil. De surcroît la maîtresse des lieux avait le bon goût de travailler avec des petits orfèvres de Province talentueux ainsi que quelques cordonniers de son Italie natale. Et lorsque Jehanne, grandissante, avait besoin de robes les mesures étaient prises dans le Languedoc et remontaient, à force de coursier grassement payé – cachons à son âme naïve que cet argent filait surement dans le premier bordel trouvé dans la capitale…-, vers cette boutique. Ainsi, la dame la connaissait même si on la voyait rarement en magasin tellement elle était laide : la seule qualité, élégance toute sobre de ses créations faisait bonne presse. Et heureusement, quand on a les genoux cagneux à force d’avoir passé trop de temps à faire des ourlets, ce n’est pas la meilleure chose pour l’image de marque. Regard vert qui croise celui d’une jeune fille habillée bien modestement, sûrement une petite main, et elle lui adresse un sourire, un de ces sourires qui laissent découvrir ses dents du bonheur. C’est que ce magasin, preuve flagrante de la réussite d’une femme du sud au vu de la taille de l’échoppe et de la qualité de l’entretien du lieu, sait mettre en joie la sudiste Volpilhat.
- « Bonjorn donasièla. Je suis Jehanne Elissa de Volpilhat et j’ai une commande prête semble t-il. Et transmettez mes amitiés à votre maîtresse.
Et de se tourner vers Eilinn, toujours le même sourire aux lèvres.
- « La Cagneuse, on l’appelle ainsi au vu de ses genoux, a commencé à travailler en Languedoc. Elle me connaît. Ensuite nous irons ou tu voudras Eilinn. Peut-être manger, j'ai faim. Oh ! Tu vois ce collier ? »
La main encore une fois prise et elle entraîne son amie vers une vitrine, alors que deux autres personnes entrent dans la boutique. Là, sous leurs yeux, une belle émeraude taillée en poire et à côté, à côté, cette bague… !
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Petite main pâle de la Vicomtesse miniature qui caresse du taffetas bleu. Un petit soupir file entre ses lèvres et elle se retourne pour surveiller Eilinn. En posant son regard vert sur la jeune Melani elle se demande si elle a réellement bien fait de l’entrainer ici. Mais elles n’étaient pas si loin de Paris toutes les deux… Et avant de rentrer en Languedoc il fallait bien venir chercher sa commande… Et c’était si rare de pouvoir faire quelques emplettes avec son amie dans la capitale, tellement rare que c’était même la première fois ! Or, au-delà de ceci, elles avaient presque passé le mois dernier sur les routes, étaient restées assises les trois quarts du temps alors il fallait bien se dégourdir les jambes un peu. Non ? Un nouveau soupir et elle va lui prendre la main en lui adressant un sourire plein de douceur, presque le sourire qu’aurait pu adresser une tante à sa nièce, ou même une mère à sa fille ; mais la douceur était ici toute enfantine, toute amicale. C’est quelle se sent coupable un peu, la Goupil, de traîner son amie dans sa vie de jeune fille qui n’est pas en deuil…
Après les festivités de Bolchen les deux pucelles avaient repris la route et même pas sorties de l’Empire que la Vicomtesse demandait le cap sur Paris. Elle avait quelques affaires à régler au Secrétariat et cette fameuse commande à aller chercher, et payer entre autres. Arrivées à Paris, les deux jeunes filles avaient pris possession d’un appartement dans une auberge connue de la rousse et elles s’étaient reposées, avaient mangé (plein plein) et surtout s’étaient fait le nécessaire de toilette. Les premiers jours la jeune Vicomtesse avait quelque peu laissée son amie pour aller à la Curia, puis le jour J était venu, le jour prévu dans le calendrier avant la fin du mois, le jour ou une fille est proche de l’extase : celui du shopping. Alors les voila allant de tisserand en tisserand, oui, deux jeunes filles avec une bien mince escorte composée seulement d’un homme armée jusqu’aux dents, un un peu moins et deux dames pour porter les emplettes. Mais la première boutique n’est pas la plus convaincante. Qu’à cela ne tienne, c’est journée futile ! Menton qui se relève, lèvres qui se plissent.
- « Allons à côté, ici c’est décidément bien trop vulgaire.
Petite Vicomtesse qui aurait pu piquer une mimique pincée à la Baronne de Rothschild qui serre à nouveau la pression sur la main de son amie et s’engouffre dans Paris la sale-crade-puante avant d’entrer à nouveau dans un magasin. Et là c’est un peu mieux, ne serait-ce qu’à la vue des tissus. Mieux est bien évidemment synonyme de plus cher mais lorsqu’on a jamais vécu dans le besoin et qu’une des plus grandes terres du Sud du Royaume nous appartient, on n’y prête pas trop garde. Depuis quelques mois maintenant alors qu’avant c’était le dernier de ses soucis, l’héritière Volpilhat se découvrait un réel intérêt pour les robes, capes, bijoux et autres accessoires nécessaires à un être de sexe féminin normalement constitué. Attention, elle n’allait pas non plus dans l’excès car elle avait été élevée dans la joie des plaisirs simples, mais son œil s’aiguisait de plus en plus à juger un tissus, sa main se faisait de plus en plus connaisseuse et son goût s’affinait sans aucun doute. Aujourd’hui il n’allait pas être question de dévaliser le quartier mais de s'emparer de ses achats, lentement, et joyeusement, profitant de leur escapade parisienne. Il faut être jeune et insouciante pour aborder une journée au cœur de Paris avec pour objectif de flâner !
Et ici, dans cette boutique qui ne possédait certes pas la renommée de ces couturières en vogue dont en entend rabâcher le nom ces temps ci – que les gens sont grégaires !- , elle était sûre de ne trouver que des connaisseurs. Il s’agissait de la boutique d’une italienne ayant fait ses armes dans la couture dans le sud du Royaume et qui gagnait de jours en jours ses lettres de noblesse au cœur de la capitale. Elle avait d’abord travaillé le bleu qui rendait si riche la Castelmaure puis s’était diversifiée vers toutes les couleurs possible. Et pourquoi venait-elle ici ? Non seulement car elle tissait de tout, des robes, des capes, des manchons, des braies, des chemises mais surtout, surtout quelle avait entendu que cette femme avait voulu, une fois, habiller sa mère, la Dame Blanche, la fleur d’Oc si souvent en deuil. De surcroît la maîtresse des lieux avait le bon goût de travailler avec des petits orfèvres de Province talentueux ainsi que quelques cordonniers de son Italie natale. Et lorsque Jehanne, grandissante, avait besoin de robes les mesures étaient prises dans le Languedoc et remontaient, à force de coursier grassement payé – cachons à son âme naïve que cet argent filait surement dans le premier bordel trouvé dans la capitale…-, vers cette boutique. Ainsi, la dame la connaissait même si on la voyait rarement en magasin tellement elle était laide : la seule qualité, élégance toute sobre de ses créations faisait bonne presse. Et heureusement, quand on a les genoux cagneux à force d’avoir passé trop de temps à faire des ourlets, ce n’est pas la meilleure chose pour l’image de marque. Regard vert qui croise celui d’une jeune fille habillée bien modestement, sûrement une petite main, et elle lui adresse un sourire, un de ces sourires qui laissent découvrir ses dents du bonheur. C’est que ce magasin, preuve flagrante de la réussite d’une femme du sud au vu de la taille de l’échoppe et de la qualité de l’entretien du lieu, sait mettre en joie la sudiste Volpilhat.
- « Bonjorn donasièla. Je suis Jehanne Elissa de Volpilhat et j’ai une commande prête semble t-il. Et transmettez mes amitiés à votre maîtresse.
Et de se tourner vers Eilinn, toujours le même sourire aux lèvres.
- « La Cagneuse, on l’appelle ainsi au vu de ses genoux, a commencé à travailler en Languedoc. Elle me connaît. Ensuite nous irons ou tu voudras Eilinn. Peut-être manger, j'ai faim. Oh ! Tu vois ce collier ? »
La main encore une fois prise et elle entraîne son amie vers une vitrine, alors que deux autres personnes entrent dans la boutique. Là, sous leurs yeux, une belle émeraude taillée en poire et à côté, à côté, cette bague… !
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